Category: Politique belge

  • Un dangereux précédent: 17 syndicalistes liégeois de la FGTB traduits en justice

    Le droit démocratique à l’action collective est encore une fois compromis. Le parquet de Liège veut traduire en justice 17 syndicalistes de la FGTB, parmi lesquels le secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la FGTB Thierry Bodson, pour un blocage routier effectué dans le cadre de la grève du 19 octobre 2015. A l’époque, les événements avaient donné lieu à une monumentale vague de propagande anti-grève dans les médias dominants.

    L’hôpital de Hermalle­sous­Argenteau (CHC, Centre Hospitalier Chrétien) avait déposé plainte pour homicide involontaire d’une touriste danoise qui n’avait pas survécu à une opération tardive, prétendument suite au blocage organisé par des militants de la FGTB. A l’époque, très peu de monde a attiré l’attention sur le fait que l’hôpital n’avait pas jugé utile de prendre des mesures à l’occasion de la grève, en s’appuyant sur le fait que la CSC ne faisait pas grève. Les médias n’ont bien entendu pas saisi cette occasion pour alimenter le débat sur la médecine par prestation, qui entrave pourtant ouvertement la collaboration entre divers hôpitaux et médecins spécialistes. N’y avait-il pas d’autre médecin disponible dans la région ? D’autre part, les embouteillages sont quotidiens, tout particulièrement à cet endroit à l’époque, mais personne n’a jugé bon de condamné les autorités et leur politique de mobilité catastrophique…

    Cette attaque menée contre des grévistes à titre individuel et contre des dirigeants syndicaux est une attaque menée contre les droits démocratiques de chacun. Le droit européen confirme le droit à l’action collective, ce qui comprend le droit d’instaurer des piquets de grève et même des barrages routiers.

    L’objectif suivi par cette action en justice est de limiter les possibilités des travailleurs de se défendre. Mais n’entretenons aucune illusion, même si la contestation ne s’exprimait plus que de manière à n’être plus visible par personne, cela n’empêcherait pas les médias de poursuivre leur campagne de propagande antisociale. Charles Michel et sa bande veulent brimer toute forme d’opposition à leur politique antisociale sous prétexte qu’ils disposent d’une majorité parlementaire. Comme si la démocratie pouvait être réduite à un bulletin de vote tous les quatre ans ! Ce n’est pas la première fois que des syndicalistes sont traînés devant les tribunaux de cette manière : ce fut aussi le cas d’un groupe de travailleurs des Forges de Clagbecq à la fin des années 1990. Ces derniers ont finalement été relaxés après une longue campagne (malheureusement sans le soutien de la direction de la FGTB).

    Cette poursuite judiciaire entamée contre 17 syndicalistes est un précédent dangereux auquel doit s’opposer l’ensemble du mouvement des travailleurs. Ce n’est pas seulement de ce cas précis dont il est question, il s’agit de la défense du droit à l’action collective de manière générale. Il nous faut une campagne nationale sérieuse contre ce procès politique qui vise à imposer le silence à la résistance sociale. De cette manière, il nous serait possible de repousser les arguments de la droite et de remettre à l’avant plan l’opposition à ce gouvernement raciste et austéritaire.

    Voici ci-dessous l’article que nous avions publié à l’époque des faits.

    L’establishment essaye de criminaliser le mouvement syndical

    Avec 100.000 personnes, la manifestation du 7 octobre fut un succès. Pareil pour la grève lancée par la FGTB Liège-Huy-Waremme et la FGTB-Verviers le 19 octobre. Tout comme l’attention médiatique s’était concentrée sur les troubles en marge de la manifestation des 150.000 du 6 novembre 2014, le blocage spontané de l’autoroute E40 a reçu les qualificatifs ‘‘d’apocalypse’’ (Sudpresse) ou encore de ‘‘délinquance en vareuse rouge’’ (La Libre).

    Par Fabian et Nico (octobre 2015)

    La criminalisation du mouvement social est une pratique bien rodée pour discréditer la lutte. Ceux qui viennent manifester pour la première fois sont souvent marqués par la brutalité policière. Les manières de faire dégénérer une manifestation ne manquent pas en instrumentalisant la frustration de certains militants, si nécessaire avec l’aide de provocateurs. Il suffit de penser aux arrestations du 7 octobre, notamment commises par des agents portant foulards et autres insignes syndicaux.

    Avec la grève du 19 octobre à Liège, il était clair à l’avance que le moindre prétexte soit utilisé pour taper sur l’ensemble du mouvement des travailleurs et insister sur la division du front commun. Le blocage de l’autoroute E40 a ainsi été utilisé pour criminaliser les grévistes. Et les choses ont encore empiré lorsque l’on a appris le décès d’une patiente au CHC (Centre Hospitalier Chrétien) d’Hermalle. Le CHC a porté plainte contre X pour homicide involontaire, se basant sur le fait que le chirurgien qui devait l’opérer avait été bloqué un moment par le barrage. Qu’il n’y ait eu qu’un seul médecin disponible, cela montre la gravité des pénuries dans les soins de santé. Et cela clarifie aussi que la médecine par prestation entrave la collaboration entre les divers hôpitaux et les médecins spécialistes. Evidemment, ce n’est pas ce qui est retenu à droite. Le député libéral David Clarinval a même reproché aux élus du PTB d’avoir du sang sur leurs mains!

    Le syndicat des employés de la FGTB, le SETCa, a tenu à préciser divers points dans une lettre envoyée à ses affiliés. Premièrement, le CHC est justement le commanditaire d’un chantier où, tôt le matin du 19 octobre, les grévistes avaient découvert des travailleurs indiens exploités et vivant dans des containers. Les médias ont été quasiment muets sur ce point pourtant des plus scandaleux et l’attention a ensuite été déviée sur le blocage, à quelques centaines de mètres de là. La lettre rappelle aussi que ‘‘les coupes drastiques dans le financement des soins de santé de ces dernières années (…) poussent les différents acteurs à faire des économies constantes dans un univers de plus en plus concurrentiel. Combien de décès dus à ce sous-financement et à ses économies décidées par le politique ?’’ L’hôpital avait aussi refusé d’établir un service minimum, considérant qu’il ne subirait aucune perturbation, du fait que la CSC n’était pas en grève.

    Ensuite, le CHC a reconnu dans la presse ne pas prétendre qu’il y a eu un lien de cause à effet entre le blocage et la mort de la patiente mais qu’il voulait ‘‘ouvrir un débat sur les limites du droit de grève’’. Donc après avoir porté des accusations très graves envers les militants syndicaux, le CHC dévoile sa véritable intention… à savoir limiter le droit de grève. On peut difficilement être plus clair.

    Quelques jours plus tard, la députée N-VA Zuhal Demir a déclaré en ‘‘avoir soupé des syndicats’’ et a saisi l’occasion pour demander de ‘‘repréciser le droit de grève dans la loi’’ et… de soumettre les syndicats à ‘‘la responsabilité juridique’’! Cette revendication n’était défendue que par l’extrême droite par le passé, avec l’idée de briser les syndicats en les rendant juridiquement responsables des actes de chacun de leurs affiliés et en les obligeants à dévoiler leurs comptes et plus précisément les montants de leurs caisses de grève. Philippe Godfroid, président de l’Union des classes moyennes (UCM) a abondé dans le même sens.

    Ce blocage spontané s’explique car ‘‘les travailleurs sont exaspérés parce qu’ils ne sont pas entendus, ni par le gouvernement ni par le patronat’’, a déclaré Marc Goblet, le secrétaire général de la FGTB. C’est vrai. Mais bon nombre sont aussi exaspérés par le temps qui a été perdu après la grève générale nationale du 15 décembre. Nous avions l’occasion de faire chuter ce gouvernement des riches et l’occasion a été gâchée. Encore aujourd’hui, rien de précis n’émerge quant à la stratégie syndicale suivie pour balayer l’austérité. Si la colère justifiée des travailleurs ne peut s’exprimer dans un plan d’action sérieux et crescendo, avec des objectifs clairs, jusqu’à la chute du gouvernement, alors celle-ci s’exprimera autrement. A partir de maintenant, il ne faut pas faiblir face à l’offensive de la droite sur l’opinion publique, mais au contraire serrer les rangs et riposter de manière organisée et sérieuse.

     

     

     

  • La solidarité avec le soulèvement populaire au Maroc s’organise et manifeste à Bruxelles

    Photo : Liesbeth

    Ce samedi 8 juillet, plusieurs centaines de personnes se sont réunies à Bruxelles-Nord afin de démontrer leur solidarité avec le soulèvement populaire actuellement en cours au Maroc. Cette initiative fut l’oeuvre de diverses organisations, parmi lesquelles le PSL et la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité). Nous étions donc présents avec une bonne délégation. Ce type d’action de solidarité est d’une grande importance, non seulement de la part de la diaspora, mais aussi de la part du mouvement des travailleurs en Belgique. La police est toutefois revenue sur l’accord qui avait été conclu et a refusé au cortège de manifester au-delà d’un rassemblement. Quelque 300 personnes ne sont visiblement pas suffisantes pour bloquer la rue. L’événement à la gare du Nord fut donc un meeting combatif où se sont succédé slogans et prises de paroles.

    Parmi les orateurs figurait Oumayma, une jeune Bruxelloise originaire du Rif qui a représenté le PSL et la campagne ROSA. “Il n’y a aucune raison que le Maroc soit un pays pauvre. Il y existe suffisamment de matières premières et de richesses pour assurer à chacun un niveau de vie décent. Il s’agit notamment du plus grand pays exportateur de poissons. Pourquoi donc un jeune doit-il se jeter dans une benne à ordures pour sauver ses moyens de subsistances?” Elle a souligné que la région du Rif est négligée depuis longtemps par le régime, y compris lors de périodes de croissance économique. “Ces neuf derniers mois, la population a occupé les rues pour revendiquer le respect de leurs droits légitimes. Le gouvernement a accusé les activistes de toutes sortes de choses. Mais le mouvement s’est renforcé et a franchi les frontières du Rif ! Les différences culturelles ont été surmontées. Les revendications défendues par le mouvement sont légitimes : la construction d’hôpitaux et l’extension des soins de santé, la construction de centres culturels et de bibliothèques, du travail pour tous, la dignité, un pays fait de justice et de démocratie. Ces revendications ne peuvent être concrétisées que par la lutte.” Elle a également exigé la libération des prisonniers politiques. Oumayma a encore souligné l’importance pour la communauté marocaine de s’organiser et de tisser des liens avec le mouvement des travailleurs en Belgique. “Les impérialistes et les capitalistes se trouvent partout, tant au Maroc qu’en Europe. Ils ne connaissent pas de frontières, mis à part celles de leurs intérêts. Nous devons nous organiser en tant que classe, la classe ouvrière.”

    Divers activistes d’origine marocaine ont également pris la parole, de même que des représentants de VZW Vrede, du CADTM, de la LCT, de la LCR/SAP et du Vonk. Un des éléments positifs de ce rassemblement fut la participation de de manifestants amazighs et d’autres manifestants et sympathisants marocains de diverses origines, tant des hommes que des femmes combatives. Un appel a été lancé pour participer aux actions à venir, notamment en Allemagne. La lutte continue, la solidarité doit se structurer. Quant à nous, nous défendons une alternative socialiste contre la faillite du capitalisme et ses pénuries sociales, sa répression et les tensions qui lui sont inhérentes. L’organisation de comités de lutte visant à structurer le mouvement et en tant qu’instruments pour affiner le programme de revendications à défendre est essentiel. Lors de cette action, nous avons pu constater une grande ouverture pour ces discussions. Notre mensuel, Lutte Socialiste, a été fort bien accueilli : nous avons pu en vendre 34 exemplaires et avons également eu un abonnement supplémentaire.

    Photos de Liesbeth:
    Solidariteit met beweging in Marokko // Foto's: Liesbeth

  • Réaction d’un pompier face à l’incendie de la tour de Grenfell à Londres

    “Le Royaume Uni n’a pas le monopole de ce genre de sinistre”

    Des dizaines de personnes ont perdu la vie dans le terrible incendie de la tour Grenfell. Les résidents, locataires de logements sociaux pour la plupart, avaient depuis longtemps mis en garde contre les risques d’incendie. La municipalité et l’agence de location ont fait la sourde oreille, seul comptait le profit. Des rénovations avaient bien eu lieu récemment, mais uniquement pour améliorer la façade et rendre la vue plus belle pour les quartiers riches des environs. Un pompier belge réagit.

    “Ma première réaction en voyant les images de l’incendie a été de penser qu’il y a eu une défaillance grave dans la structure du bâtiment. En effet, comme les auto-échelles ne peuvent atteindre les étages supérieurs, les grands bâtiments sont prévus pour être plus résistants au feu. Ça explique aussi pourquoi le premier mot d’ordre des pompiers aux habitants a été de rester calmement chez eux. Ils auraient normalement dû avoir tout le temps d’éteindre l’incendie. Il apparaît maintenant que la cause de la gravité du sinistre provient de rénovation récente de l’immeuble avec des panneaux de revêtements non résistants au feu pour des raisons d’économie (8% moins chers que ceux résistants au feu). De plus, des riverains s’étaient plaints il y a peu de temps au sujet des conditions de sécurité incendie défaillantes. Bref, nous sommes probablement face à une combinaison de mesures d’économies et de délaissements criminels des pouvoirs publics.

    ‘‘Cela fait froid dans le dos de penser que mes collègues et moi pourrions être envoyés dans ce type d’intervention… Pourtant, je ne pense pas que le Royaume-Uni a et aura le monopole de ce genre de sinistre. En 2003 est survenu l’incendie des Mésanges qui tua 7 personnes à Mons. Il s’agissait aussi d’une tour d’habitation à loyers modérés et sa sécurité incendie avait aussi été sérieusement compromise.

    ‘‘Je n’arrive pas à me faire à l’idée que la crise et les mesures néolibérales qui la suivent vont permettre des incendies d’une ampleur inédite depuis des dizaines d’années. Pourtant, nous avançons résolument vers cela et ce sont toujours les mêmes qui vont en être affectés : les travailleurs et leurs familles.’’

    Le capitalisme tue

    • Lors de la rénovation de la tour, des matériaux d’isolation moins chers ont été utilisés, au risque qu’un incendie puisse se développer plus rapidement. Il a également été décidé d’économiser sur l’installation d’extincteurs, ce qui a permis aux propriétaires de sauver 200.000 livres sterlings.
    • La tour Grenfell est une propriété conjointe de la municipalité locale et d’une agence de location. Le District Royal de Kensington et Chelsea réalise annuellement un profit de 15 millions de livres sur les logements.
    • Après la catastrophe, les premiers secours ont été coordonnés par les résidents eux-mêmes. En effet, durant l’entièreté la première journée, la municipalité était absente. La Première ministre Theresa May s’est également tenue à l’écart des victimes.
    • Ces derniers mois, 550 postes ont été supprimés parmi les pompiers de la London Fire Brigade et 10 casernes ont été fermées. L’ancien maire de Londres, le conservateur Boris Johnson, avait réagi avec condescendance aux manifestations opposées à cette politique: “Allez vous faire voir!”, leur avait-il alors rétorqué.
    • Les soins de santé ont souffert d’une politique d’austérité brutale au Royaume-Uni. L’hôpital de Charing Cross, où les survivants de la catastrophe ont été soignés, devrait perdre 13% de son budget actuel.

  • Des socialistes qui se remplissent les poches renforcent la droite

    De vrais socialistes luttent pour un autre système !

    La longue suite de scandales sur la cupidité des politiciens a durement frappé le PS. Rien d’étonnant : certains ont été jusqu’à arrondir leurs fins de mois au détriment des plus faibles comme les sans-abris ! Pire encore, les responsables se disent ‘‘socialistes’’. Si le PS subit une sévère punition électorale, ce n’est pas parce qu’il se réclame du socialisme, mais parce qu’il n’a plus rien à voir avec cela.

    La logique néolibérale de rentabilité et de salaires de haut vol a contaminé le secteur public. Rien d’étonnant non plus : tous les partis traditionnels – dont les sociaux-démocrates – ont adopté et appliqué le néo-libéralisme. Les services publics étaient des entreprises publiques: le service a cédé la place à la chasse aux profits. Les politiciens traditionnels se sont comparés aux managers du secteur privé pour qui le moindre souffle de vent est prétexte à une augmentation.

    La colère contre toutes ces rémunérations exagérées est d’autant plus grande qu’elles sont dévoilées à la suite d’années d’austérité qui ont vu fondre les conditions de vie des travailleurs et de nos services publiques. Alors que ces derniers ployaient sous le manque de moyens, des politiciens ont continué à se servir dans les caisses. La manœuvre est connue, c’est une étape vers la privatisation complète qui verra les profits et les salaires démesurés aller vers les grandes entreprises. Nous exagérons ? Pensons à la N-VA qui, à Anvers, souhaitait transférer la gestion des personnes sans-abri à la société G4S… La menace est pour l’instant écartée, mais l’accueil des personnes sans-abri en a néanmoins souffert (voir en page 5). Que cela soit au profit de politiciens du PS ou d’actionnaires, cet enrichissement au détriment des plus démunis nous semble tout aussi scandaleux.

    Les choses ne se résument pas à quelques personnalités aux mains sales. C’est tout le système qui est problématique, son fonctionnement garantit la croissance des inégalités et les excès de toutes sortes.
    Cette colère a soutenu l’envol de la popularité de ‘‘vieux socialistes’’ tels que Bernie Sanders, Jean-Luc Mélenchon et Jeremy Corbyn. Le PS et le SP.a peuvent bien théoriquement être ‘‘socialistes», ils ont cependant depuis longtemps vidé le terme de son contenu. Si Sanders, Corbyn et Mélenchon ont pu bénéficier d’un aussi formidable écho, c’est parce qu’ils ont très clairement pris les intérêts de la majorité de la population comme point de départ de leur approche politique. Il peut paraitre contradictoire au premier abord que le socialisme connaisse un renouveau au moment même où le PS s’effondre. Mais la social-démocratie ne sait plus depuis longtemps ce que signifie le socialisme.

    Pour leurs opposants, le programme de Corbyn, Sanders ou Mélenchon est ‘‘impayable’’ et ‘‘irréaliste’’. Cet ‘‘argument’’ est devenu le dernier rempart des partisans sociaux-démocrates du néolibéralisme. Ces derniers n’ont en revanche jamais considéré que les innombrables diminutions d’impôts pour les grandes sociétés ou les régimes fiscaux favorables aux plus riches fussent inestimables. Visiblement, disposer d’un enseignement de qualité et accessible, d’un bon logement, de transports en commun pleinement opérationnels, etc., tout cela est accessoire.

    Cela fait des décennies que l’on nous martèle que tout fonctionnerait tellement mieux une fois intégrée la logique de rentabilité et de profit. L’horrible réalité a été dévoilée lors du drame de l’incendie de la tour Grenfell à Londres : soumettre les logements sociaux à cette approche équivaut à considérer les mesures de sécurité comme des dépenses de trop. Cette catastrophe n’a pas été causée parce que des règles ont été violées ou que différentes normes de sécurité existent au Royaume-Uni, mais parce que les autorités néolibérales payent les régimes fiscaux favorables aux plus nantis (comme les promoteurs immobiliers) en allant puiser dans les fonds publics au détriment de la sécurité ou des investissements d’entretien nécessaires.

    Nous n’en sommes encore qu’au début du renouveau des idées socialistes. Toutes ces revendications ‘‘old school’’ tout au plus considérées jusqu’il y a peu comme pittoresques suscitent un grand enthousiasme. La (re)nationalisation d’industries ou de services, l’enseignement gratuit, etc. font appel à l’imagination. Mais tout cela reste conditionné à la stratégie à adopter pour en faire une réalité. Corbyn défend la renationalisation du rail, mais uniquement à mesure de l’expiration des licences d’exploitation accordées au privé. Son passage à l’énergie renouvelable passerait par une expansion progressive du contrôle public sur l’énergie au côté des géants du privé actuels. Mélenchon fait essentiellement reposer son projet sur l’argument selon lequel des salaires plus élevés pourraient parvenir à stimuler l’économie et sur des dispositions légales pour contrôler les entreprises.
    Ces revendications représentent un bon début, mais l’enthousiasme pour de tels programmes existe en raison de l’aperçu qu’il donne pour une rupture complète et immédiate avec la casse sociale et l’exploitation capitaliste. Faire face aux changements climatiques, pour ne prendre qu’un exemple, exige de ne pas s’en remettre au ‘‘marché libre’’ pour assurer une transition énergétique rapide. En effet, cela nécessite des investissements publics massifs.

    Riposter au chantage et au sabotage du capitalisme exige d’adopter une position ferme. Nous ne pourrons pas passer à côté de la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. Les gains de ces secteurs pourraient alors être utilisés pour réaliser les investissements cruciaux nécessaires dans les services publics et la recherche scientifique, tandis que le contrôle démocratique des travailleurs est essentiel pour protéger les secteurs nationalisés du sous-financement et de la corruption. Les véritables socialistes ne se remplissent pas les poches, ils luttent activement pour une société socialiste ! Rejoignez le PSL !

  • Manifestation de solidarité avec les soulèvements populaires au Maroc

    Dans la soirée du 28 octobre 2016, un marchand de poisson, Mohsen Fikri, fut assassiné à Al Hoceima (dans la région du Rif, au Nord du Maroc) à la suite d’un contrôle policier. Les effroyables images de sa mort diffusées avaient provoqué une grande colère et lancé l’un des plus vastes mouvements de protestation au Maroc depuis le Mouvement du 20 Février 2011. Les mobilisations se sont succédé depuis lors et n’ont pas faibli en dépit de la répression. Plusieurs actions de solidarité ont déjà été organisées en Belgique, une manifestation est maintenant prévue le 8 juillet prochain à Bruxelles autour des revendications suivantes :

    • Pour la libération des prisonniers politiques. Stop à la répression des manifestants. Pour la démilitarisation du Rif.
    • Toute la lumière sur les assassinats politiques.
    • Stop à l’exploitation : contre le pillage des richesses par le régime et les entreprises étrangères. Pour le partage des richesses.
    • Soutien aux revendications du mouvement : emplois, droits sociaux, services publics, libertés, droits culturels, justice !
    • Pour la défense par l’Etat belge de ses ressortissants belgo-marocains.
      Solidarité internationale !

    La manifestation se déroulera samedi 08 Juillet à partir de 14H30 à Bruxelles selon un parcours de la gare du Nord à la gare du Midi.

    Appel soutenu par : Vrede vzw, EODP – European Observatory for Democracy and Peace asbl, PSL-LSP, ROSA, Vonk-Révolution, Voie Démocratique Bruxelles, LCR-SAP, CPM, PSU – Parti Socialiste unifié Belgique, LCT, Le hirak chahbi de Bruxelles, Les progressistes musulmans, Comite Mohsin Fikri Belgique

  • Crise politique: Vers des gouvernements de droite en Wallonie et à Bruxelles?

    L’Élysette, le siège de la présidence du Gouvernement wallon. Photo: Flickr, Myben.be

    Benoit Lutgen, président du Cdh, a sonné le glas des coalitions avec le PS en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles, ouvrant ainsi la voie pour la constitution de gouvernements de droite dans les entités fédérées avec le MR. Pour y parvenir, ils devront en payer le prix afin d’embarquer à bord Défi, incontournable à Bruxelles, et éventuellement Ecolo.

    Edito, par Boris (Bruxelles)

    Les nombreuses affaires Publifin, Kazakhgate, Samusocial,… ont remis à l’avant plan ce secret de polichinelle : les politiciens du PS, MR et CDH sont rongés par le carriérisme et la cupidité. L’avalanche de révélations ne semble plus s’arrêter. L’affaire du Samusocial à Bruxelles-Ville, où des mandataires PS se servent dans les caisses destinées aux plus démunis, a provoqué un profond dégoût. L’instrumentalisation de ce sentiment par le CDH pour tirer la prise des gouvernements des entités fédérées est d’une hypocrisie crasse, ce parti étant lui-même mouillé dans plusieurs affaires. Mais avec des sondages toujours plus mauvais faisant poindre la menace d’une 5e place en Wallonie et d’une 6e à Bruxelles, il fallait probablement faire quelque chose pour tenter de sauver la peau du CDH.

    La bourgeoisification de la social-démocratie et son adhésion à la logique de casse sociale néolibérale ont favorisé l’arrivée de politiciens qui veulent se remplir les poches à la hauteur des cadres de haut vol du privé même dans des anciens partis ouvriers. A la différence des scandales qui ont frappé le PS de plain fouet au milieu des années 90 (INUSOP, Agusta,…) et au milieu des années 2000 (La Carolo), cette fois-ci, la grande récession de 2008 est passée par là. Elle a ouvert un processus de crise profonde pour la social-démocratie à travers l’Europe. En Grèce, en France, aux Pays-bas,… les partis-frères du PS ont été dépassés sur leur gauche. Chez nous, le PS avait encore pu tenir le coup auparavant, grâce à l’absence d’un concurrent de la gauche conséquente et en parvenant à se présenter comme une sorte d’opposition à l’intérieur des gouvernements nécessaire pour adoucir les mesures de casse sociale. Mais, depuis, il y a eu le gouvernement Di Rupo en charge d’éponger les dettes privées sur le dos de la collectivité, qui a ouvert la voie à un gouvernement thatchérien au fédéral.

    Après les révélations du scandale Publifin, le PTB est passé pour la première fois devant le PS dans un sondage en Wallonie, laissant présager une prochaine percée électorale historique. Ce climat de scandales à répétition a donné tout son sens à la pratique d’élus rémunérés à hauteur du salaire moyen des travailleurs. Des élus exigent forcément des rémunérations correspondantes à la classe sociale qu’ils défendent. Mais la crise de la social-démocratie ne fait pas sentir ses effets qu’à gauche, tel que nous avons pu le voir avec l’émergence de La République en marche ! d’Emmanuel Macron en France, dont tente de s’inspirer Lutgen.

    Dans les rangs patronaux, la crise politique en Wallonie et à Bruxelles est considérée comme une opportunité de renforcer le gouvernement Michel. Ainsi, pour l’Union Wallonne des Entreprises : ‘‘Cela rétablirait une certaine symétrie. Et ce serait a priori une bonne chose, car les mesures que prend le fédéral pour réduire le coût du travail et son projet de réforme de l’impôt des sociétés sont d’une grande importance pour les entreprises.’’ Au sein du MR, certain ironisent aujourd’hui sur le terme de ‘‘gouvernement kamikaze’’ qui avait été collé au gouvernement fédéral à ses débuts. Pourtant, à l’automne 2014, le mouvement de grèves l’avait bel et bien mis à genou. Mais l’occasion de lui porter le coup de grâce a été manquée.

    S’en remettre à l’espoir que les élections de 2019 puissent délivrer un tout autre gouvernement est une illusion. Le gouvernement Michel reste fragile, mais sa plus grande force est la faiblesse de son opposition, avec en premier lieu un PS discrédité. Aujourd’hui, l’idée d’une opposition PS-CDH via les entités fédérées a volé en éclat. Cela conforte la possibilité de l’arrivée du CDH au fédéral après les élections de 2019 en cas de besoin pour reconduire un nouveau gouvernement de droite dure. L’avertissement est sérieux pour le mouvement des travailleurs. Nous avons besoin de mesures concernant la transparence de la vie publique mais elles ne sont en soi pas suffisantes. Il nous faut également, et surtout, un programme de lutte pour construire un rapport de force favorable aux travailleurs et à leurs familles. Mais aussi des élus qui vivent d’un salaire similaire au nôtre pour défendre un tel programme de changement social. C’est dans cette optique que le PSL, malgré ses forces modestes, tend la main au PTB pour l’aider à saisir au maximum les opportunités actuellement présentes.

  • Bruxelles. Rassemblement de solidarité avec la contestation du Rif

    La colère contre le régime est croissante au Maroc. Les mobilisations se renforcent dans les différentes villes du pays, y compris dans le Sud. Ce dimanche 11 juin, des dizaines de milliers de personnes ont envahi le centre de la capitale marocaine en soutien à la contestation qui se développe au Nord du pays depuis des mois et afin d’exiger la libération des leaders du mouvement récemment arrêtés. Ce vendredi soir, un rassemblement a également eu lieu en Belgique, à Molenbeek. Plus de 200 personnes se sont rassemblées au cri de « Vive le peuple marocain ».

    Par Julien (Bruxelles)

    Debut de semaine dernière, le porte-parole du Hirak, Nasser Zefzafi a été incarcéré, ainsi que d’autres représentants de ce mouvement né fin 2016. Mais la répression, plutôt que de calmer les masses, a jeté de l’huile sur le feu. Une pancartes du rassemblement bruxellois déclarait ainsi “Nous sommes tous des Zafzafis”, et ce malgré la terrible répression qui caractérise le régime.

    A Al Hoceima, épicentre de la lutte, au Nord du pays, un appel à une grève générale de 3 jours a été lancée et largement suivie ce jeudi 1er juin. Cet appel, lancé par un dirigeant du Hirak, permet de renforcer le rapport de force. Elle a été suivie dans plusieurs villes voisines et accompagnées de sit-in et de manifestations dans le reste du pays. (1)

    Tout comme lors du mouvement de 2011 en Tunisie, la jeunesse a joué un rôle moteur pour initier le mouvement, la colère contre le manque d’emplois et de perspectives d’avenir étant énorme. C’est maintenant au tour des travailleurs d’entrer résolument en action en bloquant les responsables de la misère : les capitalistes. Assurer la poursuite de l’extension du mouvement sera primordial pour empêcher le royaume de réprimer les manifestations. Les principales revendications : pour des emplois, pour des droits démocratiques pour tous et contre la répression permettent d’impliquer chacun dans la lutte.

    Concernant l’élargissement de la lutte, la nouvelle porte-parole du Hirak depuis l’arrestation de Zefzafi, Nawal Ben Aissa, explique que «[les femmes] ont vraiment pris leur place à partir du 8 mars. On a manifesté, pas pour célébrer cette journée, mais pour dénoncer notre situation». (2) « Après les arrestations de militants, les femmes n’avaient plus le choix. Elles devaient sortir dans la rue pour soutenir leur mari et leurs enfants. »

    L’entrée en scène du mouvement ouvrier et du mouvement des femmes au travers de méthode d’actions collectives constitue une excellente nouvelle. Une prochaine étape pourrait être l’établissement de comités de luttes locaux dans les entreprises et les quartiers afin de discuter les revendications et la suite du mouvement.

    => Supplément de Lutte Socialiste diffusé lors de ce rassemblement

    Bruxelles. Rassemblement de solidarité avec la contestation du Rif

    (1) http://www.france24.com/fr/20170602-maroc-rif-al-hoceima-toujours-mobilise-greve-generale-manifestations-zefzafi
    (2) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/02/nawal-ben-aissa-figure-montante-de-la-contestation-dans-le-rif-marocain_5137774_3212.html

  • Résistance internationale contre Trump & son monde

    La cote de popularité de Donald a déjà atteint le plus bas niveau depuis 1945 pour un président américain au cours de sa première année de mandat. Son administration est instable, les postes vacants sont nombreux et les changements brusques en son sein ne manquent pas. Trump se met en difficulté même auprès de ses partisans car, alors qu’il avait déclaré que les 100 premiers jours de son administration seraient un exemple d’efficacité, aucune de ses promesses de campagne n’a pu être tenue malgré la rapidité à laquelle il signe des décrets.

    Par Ben (Charleroi)

    Face à l’extrême instabilité que Trump attise dans la politique tant américaine qu’internationale, l’establishment lui-même est divisé, y compris chez les Républicains aux USA. Une bonne partie de la classe dominante est d’ailleurs effrayée par le risque de soulèvements sociaux massifs qui pourraient se développer en réaction à sa politique aventurière.

    Alors que Clinton et Obama voulaient d’abord ‘‘laisser sa chance’’ à Trump, ils commencent à se sentir obligés de parler de résistance. Mais soyons clairs, le Parti démocrate est incapable d’être celui de la résistance sociale, son appareil est directement responsable de la victoire de Trump pour avoir écarté le seul candidat capable de réellement lui couper l’herbe sous le pied : Bernie Sanders.
    Il existe une force plus colossale que celle de l’administration Trump. Plus puissante que celle de l’appareil pro-business des partis républicain et démocrate. C’est celle de la masse des travailleurs et des jeunes lorsqu’ils luttent de façon coordonnée, qu’ils organisent des actions de désobéissance civile, des manifestations et des grèves. Des éléments de cette force potentielle avaient déjà émergé avec le mouvement Occupy en 2011. Dès le lendemain de l’investiture de Trump, ce potentiel a encore été confirmé avec les mobilisations de masse de la Women’s march.

    Depuis, de nombreuses poches de résistance se sont manifestées, à l’image des actions ayant fait suite au décret anti-immigration (le ‘‘muslimban’’), de la marche pour la science ou encore des actions, manifestations et grèves à l’occasion du 1er mai.

    De la défensive à l’offensive !

    À l’époque de l’administration de droite dure du républicain Richard Nixon (1969-74), les mobilisations sociales étaient telles qu’elles ont participé à mettre un terme à la guerre du Vietnam et que toutes sortes de réformes progressistes ont dû être mises en place, comme des lois anti-discrimination, sur la sécurité sur les lieux de travail, la protection de l’environnement ou encore le droit à l’avortement. Il n’y a donc rien de nouveau dans l’idée que des mobilisations de masses peuvent non seulement faire reculer une administration, même fortement ancrée à droite, mais aussi lui imposer un agenda progressiste.

    Même s’il est vrai que, ces dernières décennies, les mouvements de masse étaient plutôt sur la défensive, le potentiel pour reconstruire des mouvements sociaux capables d’arracher de nouvelles conquêtes existe bel et bien. Les luttes qui prennent place aux États-Unis constituent une base apte à stimuler la construction d’une nouvelle organisation qui rassemblerait les travailleurs et les jeunes de manière indépendante par rapport au big-business pour défendre des politiques qui leur soient propres.

    Mais pour cela, il faut s’armer d’un programme mobilisateur et ambitieux, qui permet de ne pas se limiter à une opposition aux mesures de Trump, mais qui propose des alternatives : un salaire minimum de 15$ de l’heure (contre 7,5$ actuellement), une assurance-maladie pour tous, la suppression de la dette étudiante, la fin des politiques racistes d’incarcération, etc.

    Au sein de ces mouvements et organisations de masses de travailleurs et de jeunes, un courant révolutionnaire devra clarifier patiemment que le capitalisme en crise ne permet pas d’obtenir la réalisation de réformes ambitieuses et que, même lorsque c’est le cas, elles ne sont que temporaires. Seules la sortie du capitalisme et une transformation socialiste de la société peuvent répondre à l’urgence sociale et en finir avec l’injustice et l’inégalité tout en ouvrant la voie à la construction d’une société basée sur la solidarité. Le potentiel de l’Humanité pourrait ainsi pleinement se développer en faveur de toutes et tous et non plus être bloqué pour satisfaire l’avidité d’une infime minorité.

    Aidez-nous à construire ce courant révolutionnaire au niveau mondial en rejoignant notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, et sa section belge, le PSL.

  • Faisons de nos villes des ‘‘Villes refuges’’

    A la fin du mois d’avril a eu lieu à Liège une soirée consacrée à la discussion sur les villes-refuges pour les personnes migrantes, un phénomène qui se développe en Amérique et en Europe. Depuis quelques mois en effet, les autorités de localités américaines parfois importantes, comme Los Angeles ou New York, ont déclaré qu’elles s’opposaient à la politique de chasse aux immigrés voulue par Donald Trump et qu’elles refuseraient de coopérer avec les autorités fédérales pour faciliter les expulsions.

    Par Simon (Liège)

    Le concept a essaimé un peu partout en Europe et en Amérique du nord, des villes se constituant en ‘‘villes refuges’’ et s’employant à élargir les droits dont bénéficient les sans-papiers au niveau local. Loin d’être tombée du ciel, cette situation est le fruit de la mobilisation des organisations de sans-papiers et de leur ancrage dans le mouvement social local. L’étendue des droits concrets concédés dépend bien sûr des contextes locaux et de la nature du rapport de force que le mouvement a su construire.

    La soirée, co-organisée par les Etudiants de Gauche (EGA) et les Jeunes Organisés et Combatifs (JOC), avait pour objectif de réfléchir à la mise en place d’une campagne de ce type à Liège. Des introductions de qualité (notamment François Grenade du CNCD, Amélie Feye de l’asbl point d’appui et Pietro Tosi du MOC) et la présence de militants de divers horizons ont permis des échanges fructueux et l’émergence d’une dynamique prometteuse.

    Le mouvement des sans-papiers en repli

    La répression du gouvernement Michel contre les sans-papiers s’est amplifiée ces derniers mois avec la multiplication, à Bruxelles, des interventions policières dans les lieux d’occupation. Le gouvernement profite ainsi de l’absence de mouvement social d’ampleur pour accentuer la répression sur les catégories les plus faibles.

    Même si des démonstrations de solidarité importantes ont eu lieu ces dernières années (on se rappelle notamment de l’énorme mobilisation en faveur des réfugiés au parc Maximilien à Bruxelles) et même si le mouvement des sans-papiers est loin d’être resté inactif, force est de constater pourtant que mouvement est fragilisé et en recul. La revendication principale d’une nouvelle régularisation massive et totale des sans-papiers apparaît inatteignable aujourd’hui à beaucoup de militants du mouvement.
    Comment repartir à l’offensive ?

    Le mouvement a besoin de revendications intermédiaires qui permettent de remobiliser plus largement un soutien dans la population, d’engranger des victoires partielles et ainsi servir de tremplin pour revenir à l’offensive avec les revendications principales du mouvement.

    Construire des campagnes locales pour exiger des autorités communales une politique en faveur des sans-papiers permettrait à la fois de répondre aux besoins les plus pressants des personnes sans-papiers et de remobiliser largement autour de revendications concrètes et immédiates. Des exemples existent où des mobilisations ont pu contraindre les autorités à assurer à leurs concitoyens sans-papiers l’accès aux services communaux de base, leur permettre de faire appel à la police sans crainte d’expulsion ou faire de la rétention d’information pour empêcher des retours à la frontière. On a même pu voir les autorités de Palerme (Sicile) délivrer des documents identité (certes non valables en dehors de la ville) à sa population démunie de titre de séjour.

    Ne faisons confiance qu’à nos luttes

    En Belgique, la ville de Liège est reconnue comme une commune, sinon hospitalière, du moins tolérante à l’égard des sans-papiers. Le bourgmestre invite par exemple sa police à ne pas être systématique dans le contrôle des titres de séjour. Certains y voient la conséquence des qualités humaines des dirigeants communaux liégeois. Nous serions plutôt enclins à y voir une conséquence du large tissu associatif et syndical ainsi que du travail acharné d’organisations locales dont le collectif ‘‘La Voix des Sans Papiers’’ et le comité de soutien à leur occupation de bâtiments communaux ou encore le Collectif de Résistance au Centres pour Étrangers (CRACPE) qui contribue à maintenir une pression sur les autorités communales, notamment en organisant la manifestation annuelle contre le centre fermé de Vottem.

    Leur travail, comme celui d’autres acteurs du mouvement, montre qu’il existe partout un espace pour élargir les droits des personnes sans-papiers au niveau local pour peu que s’organise une campagne de soutien sur la question. C’est ce que propose de faire actuellement le CNCD et d’autres organisations dans le cadre d’une campagne pour la justice migratoire qui comporte un volet appelant les autorités communales à se constituer en ‘‘communes hospitalières’’ en conviant les réseaux locaux à construire des plateformes de mobilisation sur cette question.

    L’intérêt réel de cette campagne dépendra bien entendu des dynamiques locales qui pourront se développer et de leur orientation stratégique. S’en tenir par exemple à des campagnes de sensibilisation pures sans réfléchir à la construction d’une mobilisation large mettant la pression sur les autorités serait, à notre sens, une erreur. Néanmoins, la mise sur pied d’une campagne de ce type constitue un pas extrêmement positif pour renforcer la lutte des personnes migrantes et sans-papiers.
    Les militants du PSL et d’EGA suivront avec intérêt le développement de cette initiative et viendront renforcer les mobilisations qui pourraient en découler.

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