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Category: Flandres
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Les antifascistes deux fois plus nombreux que l’extrême droite à Anvers
L’Association des étudiants nationalistes (NSV), l’aile étudiante du Vlaams Belang, s’est sentie confortée par les sondages en Flandre et a organisé une nouvelle marche de la haine après cinq ans d’absence. Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, et son allié, Dries Van Langenhove, avaient appelé à se rendre à Anvers renforcer le cortège. En cette année électorale, les candidats du VB étaient désireux de s’afficher, d’autant plus qu’une mobilisation internationale avait également ramené des délégations des Pays-Bas, de France et même d’Autriche. En vain. Sous le slogan “La jeunesse flamande se soulève”, moins de 200 personnes ont manifesté, une bonne partie d’entre elles pouvait d’ailleurs très difficilement être qualifiée de “jeunesse” et, vu la mobilisation internationale, elle n’était pas non plus très “flamande”. Au pas cadencé rythmé par des tambours menaçants, la haine est toutefois bel et bien descendue dans la rue.

Bruno Verlaeckt, président de la section d’Anvers de la FGTB. Situation différente Dageraadplaats. A partir de là, une mobilisation antifasciste très diversifiée, vivante et dynamique a défilé dans les rues d’Anvers et du quartier de Borgerhout, sous les chaleureux encouragements des habitant.e.s. Le chiffre donné par la police juste avant le départ était une sous-estimation, nous étions un bon paquet au-delà des 250. Nous sommes partis à plus de 400 et la manifestation s’est encore agrandie en cours de route. Dans les discours prononcés au point d’arrivée, le président de la FGTB d’Anvers, Bruno Verlaeckt, a exprimé sa solidarité explicite envers les manifestant.e.s, jeunes pour la plupart, et a parlé à juste titre de 500 antifascistes. Son discours a souligné que l’extrême droite se trouve toujours de l’autre côté des barricades dans la lutte pour le progrès social. Le soutien du mouvement ouvrier organisé à la manifestation était très positif : l’extrême droite représente il est vrai une menace pour l’ensemble de nos droits sociaux, y compris nos droits syndicaux. Il est également excessivement positif que les jeunes activistes antifascistes, en tant que futurs syndicalistes, adoptent immédiatement cette approche à l’agard du mouvement ouvrier.
La manifestation antifasciste a réuni des groupes et des participant.e.s de nombreuses organisations. On retrouvé mélangés nombre d’activistes queer, un groupe de la Coordination Antifasciste de Belgique (CAB) où se trouvaient des antifascistes francophones et néerlandophones, une forte délégation de la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) et des Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA), divers groupes et individus anarchistes, des membres de Comac et du PTB, des membres d’Anvers pour la Palestine, des syndicalistes principalement issus de la FGTB (parmi lesquel.le.s des délégations du chemin de fer et de la société flamande de transports en commun De Lijn, des syndicalistes locaux et des activistes de Syndicalistes contre le Fascisme), Femmes contre le Fascisme et le Racisme… VegAnarchy était également présent et s’est chargé de fournir un bar à soupe pour les manifestant.e.s. A cela s’ajoutent encore bon nombre d’antifascistes inorganisé.e.s qui ont rejoint la mobilisation grâce à la campagne qui a été menée en amont de la manifestation.
L’atmosphère était combative et inclusive, avec un message sans équivoque : il nous faut une politique sociale qui s’en prend aux conséquences de la faillite du capitalisme. Les pénuries sociales en matière d’emploi, de logement décent et accessible, d’accès aux soins de santé,… nourrissent les divisions et la haine.
La différence entre l’extrême droite et les antifascistes était évidente dès les premières prises de parole aux deux manifestations. Alors que l’extrême droite a commencé par une tirade transphobe, les antifascistes ont entendu une personne transgenre appeler à la solidarité contre la haine.

D’autres orateur.trice.s de la manifestation antifasciste ont également dénoncé toutes les formes d’oppression et les ont liées au capitalisme. Par exemple, Nicky, de la Campagne ROSA et du PSL, a expliqué : “Tous nos problèmes sont censés être la faute des personnes homosexuelles, des personnes trans, des réfugié.e.s ou des musulman.ne.s… Il s’agit toujours d’une distraction par rapport à la véritable cause de nos problèmes. Les inégalités et les oppressions sont enracinées dans le système capitaliste. Il n’y a pas de capitalisme sans exploitation. Tout le monde est pointé du doigt, sauf la riche élite capitaliste qui détient le pouvoir.”
Dans notre tract, nous ajoutions: “Pour stopper l’extrême droite, nous devons nous attaquer au terreau qui le nourrit. Cela implique de défendre des investissements massifs dans le logement social afin d’éliminer les listes d’attente ; un financement public beaucoup plus important pour des services publics accessibles tels que l’éducation, les soins de santé et les transports publics ; une formation pour les enseignant.e.s afin qu’iels puissent s’opposer au sexisme, au racisme et à la LGBTQIA+phobie dans la salle de classe, ainsi qu’une éducation sexuelle axée sur l’égalité des genres ; une augmentation du salaire minimum à au moins 17 euros de l’heure ; un impôt sur la fortune pour les super-riches afin de libérer des ressources pour l’expropriation en cas de fuite des capitaux ; la nationalisation des secteurs centraux de l’économie afin que nous puissions en planifier démocratiquement le fonctionnement pour répondre aux besoins de la société.”
Ce n’est que le dernier jour que le NSV s’est montré à Anvers avec des affiches sur les campus et dans les quartiers étudiants. La tâche était cependant désespérée : l’espace public du quartier étudiant était dominé par des affiches et des autocollants appelant à la manifestation antifasciste. L’extrême droite espérait trouver se connecter aux étudiant.e.s anversois.es avec le soutien d’anciens membres du NSV aujourd’hui au Vlaams Belang (certains ayant un passé au cercle catholique d’extrême droite KVHV à Gand). Cela ne s’est pas concrétisé. La campagne antifasciste a joué un rôle crucial à cet égard.
Nous évaluons cette manifestation ainsi que la coopération pour l’organiser comme extrêmement positives. Nous continuerons bien sûr à nous organiser et nous espérons que les lecteur.trice.s de cet article voudront également s’impliquer.
Le 11 mai, par exemple, nous organiserons à Anvers un après-midi thématique sur l’antifascisme, suivi d’un quiz.
Le 18 mai, nous participerons à la Brussels Pride, un jour plus tard il y aura la manifestation contre le massacre génocidaire à Gaza.
Le 16 juin, la Coordination Antifasciste de Belgique organisera une manifestation nationale à Bruxelles, une semaine après la tenue des élections.
Le 30 juin, la Campagne ROSA organise une manifestation “Pride is a Protest” à Gand : trois semaines après le “dimanche noir”, un dimanche arc-en-ciel !
Un week-end antifasciste suivra les 6 et 7 juillet.
Le 10 août, nous participerons avec une délégation militante à la Pride d’Anvers et, le 24 août, à la Pride de Liège.






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Entretien des écoles communales à Gand, NON aux coupes budgétaires !
Fin 2022, le conseil communal « progressiste » de Gand s’est félicité d’avoir annoncé une nouvelle série de restrictions budgétaires de 21,5 millions d’euros, tout en précisant qu’il ne réduirait pas les budgets consacrés à la jeunesse, à l’éducation, à la petite enfance et à la culture. Mensonge !
Par Emilie (Gand)
Les coupes budgétaires sont entrées par la petite porte. La ville a appliqué une formule bien connue du monde de l’entreprise et a réalisé des économies substantielles sur ses sous-traitants. Depuis le 1er septembre 2023, Gand dépense 20 % de moins auprès des entreprises ISS et Atalian. Il s’agit de deux grandes entreprises qui fournissent au total quelque 250 membres du personnel d’entretien pour environ 70 écoles et musées de la ville. L’une des entreprises a procédé à des licenciements secs, l’autre a réduit le nombre d’heures de travail.
La fréquence des nettoyages a été ramenée de trois fois par semaine à une seule fois. Au cours de cette seule séance de nettoyage, les salles de classe, les couloirs, les réfectoires, les espaces sportifs et extérieurs ainsi que les installations sanitaires doivent être nettoyées. C’est tout bonnement impossible !
Les couloirs sont sales, surtout en hiver. Dans les salles de classe, les poubelles débordent. Les toilettes doivent être nettoyées tous les jours, mais le temps manque. Les coupes budgétaires de la ville de Gand affectent à la fois le personnel d’entretien, les enseignants et les élèves.
Beaucoup d’agents d’entretien ne supportent pas de laisser l’école sale et font des heures supplémentaires non rémunérées pour continuer à travailler. En raison des économies réalisées, ils et elles travaillent souvent dans différentes écoles, ce qui accroît le temps de déplacement. De plus, les contrôles sur le nettoyage sont toujours aussi stricts. La charge de travail et le stress sont très élevés. La plupart des employé.e.s sont de langue étrangère, n’osent pas se manifester et ont peur de perdre leur emploi.
Dans de nombreuses écoles, on demande aux enseignant.e.s de vider les poubelles et de contribuer à l’entretien des salles de classe et des couloirs. Après l’énorme pénurie d’enseignant.e.s, les heures de remplacement des collègues absents qui l’accompagnent et la forte pression administrative dans l’enseignement, on leur demande maintenant de compenser les réductions de personnel d’entretien !
Les élèves témoignent qu’ils attendent d’être rentrés chez eux pour aller aux toilettes parce que les installations sanitaires sont trop sales et qu’il n’y a pas de papier hygiénique. Eux aussi sont parfois appelés à nettoyer, que ce soit à titre de punition ou non. Il est logique que les élèves apprennent à nettoyer et à prendre soin de leur environnement, mais il est inacceptable qu’ils soient obligés de prendre en charge les tâches des agents d’entretien par souci d’économie.
Par conséquent, la Campagne ROSA soutient les actions du personnel d’entretien, de la SAAMO et des syndicats pour l’annulation des coupes budgétaires.
Le personnel d’entretien doit redevenir du personnel communal à part entière. Pour la réintégration immédiate du service donné aux sous-traitants dès maintenant !
- Annulation du paquet d’économies budgétaires de septembre 2023 !
- Augmentation de la fréquence de nettoyage des salles de classe et autres espaces dans les écoles !
- Garantie, grâce à du personnel supplémentaire, d’une charge de travail viable pour les agents de nettoyage dans les écoles, les musées et les autres bâtiments de la ville !
- Un salaire minimum de 17 €/heure !
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Action antifasciste contre les mensonges du Vlaams Belang, la haine et les politiques antisociales
Le dimanche 24 septembre, le Vlaams Belang tiendra un congrès socio-économique à Affligem. Un appel a été lancé pour mener une action antifasciste dans la ville voisine d’Alost, devant la statue de Daens, figure de premier plan de l’histoire ouvrier de Belgique, suivie d’un rassemblement à la Maison du Peuple. Trois syndicalistes de Flandre orientale ont lancé cet appel à manifester contre le « Vals belang » (jeu de mots qui souligne les mensonges du Vlaams Belang), la haine et les politiques antisociales.
Notre société est malade. Nous trébuchons d’une crise à l’autre. Le nombre de personnes qui décrochent augmente. Parallèlement, l’establishment politique continue de s’entêter à sauvegarder un système profondément inégalitaire où les richesses sont de plus en plus concentrées dans un très petit nombre de mains. Alors que les besoins sociaux ne cessent de grandir, les riches continuent de s’accaparer les richesses. Le « Vals belang » ne pointe jamais la responsabilité des grandes fortunes, des actionnaires ou des patrons. Il ne fait que semer la haine et la discorde au sein de la classe travailleuse.
Le Vlaams Belang tente de se profiler comme l’ami de celles et ceux qui tombent hors du chemin ou menacent de le faire. Le 24 septembre, il tiendra son congrès socio-économique à Affligem. Derrière le masque d’un parti prétendument populaire se cache un parti qui veut mettre les riches et les profiteurs capitalistes à l’abri du vent de la colère. Jamais il ne parle des capitalistes comme des responsables de la crise. Il botte en touche dès qu’il s’agit de s’en prendre à l’élite. C’est parfaitement délibéré. Le parti d’extrême droite affirme que la crise de notre société est causée par les personnes qui sont elles-mêmes victimes de ce système, comme les réfugiés par exemple. Le « Vals belang » veut monter les différents groupes de victimes de ce système antisocial les uns contre les autres. « Diviser pour mieux régner » : voilà le crédo que sert le Vlaams Belang à la faveur de la classe dominante.
Lors d’un précédent congrès socio-économique, le parti a déjà tenté de se donner une image « sociale ». Mais son programme de même que son activité dans les parlements ces dernières années ne mentent pas.
Le « Vals belang » :
- A voté à plusieurs reprises contre l’introduction d’un salaire minimum européen qui protégerait mieux les plus faibles et pourrait contrer le dumping social.
- Se dit favorable à une pension minimum de 1500 euros, mais seulement pour celles et ceux qui peuvent justifier 40 ans de carrière, en excluant donc la grande majorité des femmes.
- Préconise l’abolition de notre système d’indexation des salaires et des allocations sociales.
- A voté en faveur de la flexibilisation et de la précarisation de l’emploi, pour plus d’heures supplémentaires, moins de primes d’équipe ainsi que pour la limitation des allocations de chômage dans le temps.
- Veut que les syndicats soient tenus en laisse pour laisser plus de liberté aux patrons.
Lors de son congrès à Affligem, le Vals Belang veut jouer un tour aux électeurs et électrices. Il veut se présenter comme l’ami politique de la classe travailleuse. Il cherche à instrumentaliser le mécontentement justifié de la population à l’égard de la politique antisociale des partis traditionnels. Mais le Vals Belang ment.
Nous ne voulons pas laisser ce tour de passe-passe se produire sans réaction. Nous manifesterons à Alost le dimanche 24 septembre à 15 heures devant la statue du prêtre Daens sur la Werfplein.
- Nous défendrons une alternative sociale cohérente à l’exact opposé des politiques antisociales. Il faut répartir les richesses, pas diviser les travailleuses et travailleurs.
- Nous défendrons des salaires minimums plus élevés et des pensions pour toutes et tous.
- Nous exigerons plus de moyens pour nos services publics.
- Nous exigerons moins de charge de travail, plus de moyens et de collègues dans les soins de santé et l’enseignement.
- Nous voulons des investissements publics massifs pour des logements abordables, de bons transports publics et une production d’énergie respectueuse de l’environnement.
- Nous voulons une réduction collective du temps de travail, un enseignement gratuit et plus de congés payés, plus de repos et de détente pour les jeunes et les personnes âgées.
- Nous voulons mettre fin au racisme, au sexisme et à la LGBTQIA+phobie. Nous voulons une société reposant sur la solidarité, ce qui ne pourra exister que lorsque la richesse et la prospérité servira la majorité de la population.
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Plus de 800 manifestants à Gand contre l’austérité budgétaire à L’UGent

Plus de 800 membres du personnel, sympathisants et étudiants solidaires ont manifesté à Gand, ce mercredi 23 février, afin de dénoncer le plan d’économies à l’université. Après des années de coupes budgétaires imposées par le gouvernement flamand, l’administration de l’UGent s’attaque au personnel et donc, en fin de compte, aux étudiants. Les membres du personnel les plus durement touchés sont les héros mêmes qui ont permis à l’université de fonctionner pendant la crise sanitaire, par exemple dans les services de garderie.
- [INTERVIEW] La résistance contre le plan d’austérité s’organise à l’université de Gand
- UGent : Non aux coupes budgétaires ! Supérieur francophone solidaire
Ces attaques s’inscrivent dans le cadre d’une offensive politique plus large. Si ce projet passe à l’UGent, d’autres mesures suivront, là-bas et plus généralement dans l’enseignement flamand. L’augmentation des frais d’inscription pour les doctorants, par exemple, pourrait constituer un tremplin vers une augmentation générale des minervals des étudiants en communauté flamande. L’augmentation des tarifs pour le personnel dans les restaurants universitaires pourrait être un tremplin vers la suppression complète de ces restaurants en utilisant le prétexte de la baisse de la fréquentation consécutive à l’augmentation des prix. Des mesures similaires seront à l’ordre du jour dans d’autres universités et hautes écoles. La résistance du personnel et des étudiants est donc de première importance.
La manifestation de ce 23 février représentait une étape importante dans la construction de celle-ci. Cette mobilisation a exprimé le manque de soutien pour les projets du conseil d’administration. Avec plus de 800 participants, il s’agissait de la plus grande manifestation du personnel universitaire depuis longtemps. Le personnel de la garderie était au premier rang, mais d’autres services concernés, comme le restaurant ‘t Pand, étaient également présents.
Des militants syndicaux d’autres universités et hautes écoles étaient présents, mais également d’autres secteurs. Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) avaient réuni une belle délégation de jeunes après avoir mené campagne dans la communauté étudiante pour faire connaître l’existence de ce plan de coupes budgétaires et organiser la solidarité. Cet aspect est bien entendu essentiel : ensemble, nous sommes plus forts comme le dit le slogan de la FGTB.

A la fin de la manifestation, des représentants des trois syndicats et des organisations sympathisantes telles que la Campagne ROSA et Women’s Strike UGent ont pris la parole. Une attention particulière a été accordée aux membres du personnel les plus touchés, avec un beau discours d’une représentante du personnel de la garderie, rejointe par de nombreux collègues sur le podium. Tout d’abord, Tim Joosen (délégué principal CGSP/ACOD UGent) a pris la parole. Il a remercié les participants et a déclaré que la poursuite de leur engagement dans cette lutte est nécessaire. L’organisation de cette manifestation entendait forcer le recteur à recommence à négocier, y compris au sujet des alternatives proposées par les syndicats. Les actions vont se poursuivre et s’intensifier, les prochaines dates étant le 8 mars (Journée internationale de lutte pour les droits des femmes) et le 18 mars (Dies Natalis, date anniversaire de la fondation de l’université). Si l’administration s’en tient à ses projets antisociaux, les actions deviendront des journées de grève.
Cette lutte à l’UGent exige la solidarité la plus large possible. L’enjeu n’est pas des moindres : repousser la politique du gouvernement flamand du ministre de l’éducation Ben Weyts (N-VA) et du premier ministre Jan Jambon (N-VA). Seule la lutte permettra de vaincre cette offensive de droite.
Photos de Liesbeth
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Non à la privatisation de la Compagnie anversoise des soins

Le Covid-19 a frappé particulièrement fort dans les centres de soins résidentiels, notamment là où il y avait trop peu de personnel. Le gouvernement flamand dispose d’une « liste noire » de 13 maisons de repos et groupes d’appartements de service présentant des problèmes récurrents. Douze d’entre eux dépendent du privé. Les centres de soins résidentiels aux mains du secteur privé reposent sur leur rentabilité, ce qui est désastreux pour les résidents et pour le personnel.
Le conseil communal d’Anvers veut maintenant privatiser la Compagnie anversoise des soins (Zorgbedrijf Antwerpen). Il s’agit d’une organisation faîtière qui, tout comme le Réseau des hôpitaux d’Anvers, est issue des anciens services du CPAS. La Compagnie anversoise des soins emploie 4.000 personnes et gère 45 centres de services, des services à domicile tels que le nettoyage, 3.750 appartements de service et 18 centres de soins résidentiels. La privatisation a pour but d’attirer des capitaux supplémentaires, de bénéficier d’avantages fiscaux et de préparer une extension vers le reste de la Flandre. Des capitaux privés sont attendus de la part de groupes immobiliers, d’acteurs majeurs du « marché » des centres de soins résidentiels et de la Participatiemaatschappij Vlaanderen (PMV), présidée par le conseiller communal anversois Koen Kennis (N-VA).
La Compagnie anversoise des soins sera scindée en une ASBL pour les soins et le personnel, une société privée pour la restauration, une société privée pour les services facilitaires et une société anonyme pour les biens immobiliers. Les syndicats ont dénoncé le bradage des soins dans une lettre ouverte contre la modification du décret du Parlement flamand, qui devrait rendre légalement possible la division déjà annoncée et votée de la société en question.
La vente de celle-ci est la prochaine étape de la commercialisation des soins. Il y a quelques années, le conseil communal avait déjà tenté de confier la prise en charge des sans-abri à une multinationale. Alors que la pandémie qui sévit depuis un an et demi a démontré l’importance de soins de santé publics axés sur les besoins des personnes âgées, le conseil communal d’Anvers regarde dans l’autre direction. Vooruit (ex-SP.a), partenaire de coalition de la N-VA, a déclaré qu’un bon système de soins de santé « ne peut se passer d’un soupçon de capitalisme ».
Selon Vooruit, le secteur privé gère également mieux l’immobilier que le gouvernement. Les liens étroits entre le conseil communal et le lobby de l’immobilier sont connus depuis un certain temps. Ils permettent non seulement aux grandes sociétés immobilières de réaliser des transactions très lucratives, mais ils signifient également qu’il n’y a pas d’investissement dans le logement social. En 2020, un total de seulement 29 logements sociaux ont été achevés, et le nombre total de logements sociaux a diminué pour la deuxième année consécutive. Quelle différence Vooruit fait-il dans la gestion d’Anvers ?Les soins de santé devraient entièrement être aux mains du public. Mais pas pour que les gestionnaires publics puissent mener la même politique que dans le secteur privé, c’est-à-dire proposer les services les plus chers possibles avec un personnel réduit à peau de chagrin. La Compagnie anversoise des soins est déjà l’acteur public le plus cher sur le marché des « soins résidentiels ». La prise en charge publique est nécessaire si l’on veut qu’elle soit humaine et chaleureuse : permettre aux personnes âgées de profiter de leur vieillesse dans des conditions optimales, avec un personnel suffisant, respecté et assurant un service de qualité.
Stopper ce projet de privatisation exige de se battre. Ce sont les actions soutenues des travailleurs sociaux, des bénéficiaires du service, des étudiants et de toutes celles et ceux qui ont un faible pour le secteur social qui ont finalement empêché que la multinationale G4S ne touche pas au foyer pour sans-abri d’Anvers. Maintenant qu’il existe une large sensibilité sociale concernant le secteur des soins et les centres de soins résidentiels en particulier, il faut lancer une nouvelle campagne de masse avec un bon plan de bataille.
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Gand. Grève réussie à l’université pour de meilleures conditions de salaire et de travail
A l’UGent, une grève remarquable a eu lieu hier en faveur d’un salaire minimum plus élevé d’au moins 14 euros de l’heure, de la nomination statutaire du personnel et de l’internalisation du service de nettoyage. Les membres du personnel d’UGent et du sous-traitant ISS sont partis en grève à l’initiative de la CGSP et de la Centrale Générale de la FGTB. Ils ont reçu le soutien de Women’s Strike UGent et de nombreux étudiantes et étudiants. Le piquet de grève fut particulièrement impressionnant au bureau du recteur durant l’après-midi.- Lire notre article : L’université de Gand se prépare pour sa plus grande grève depuis des décennies
La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) et les Etudiants de Gauche Actifs avaient organisé la solidarité avec les grévistes en partant en manifestation avec un groupe d’étudiantes et d’étudiants de l’auditoire Blandijn au bureau du recteur.
La journée était également un moment de mobilisation pour la quatrième Marche de Gand contre le sexisme, samedi prochain, dans le cadre de la Journée de l’égalité salariale.
Le bureau du recteur a tenté de minimiser l’effet de la grève et a déclaré qu’il y avait peu de participation à la grève. La délégation syndicale de la CGSP-UGent a répondu :
“L’UGent affirme que seul un quart du personnel des établissements étudiants est en grève, et que “6 des 8 restos” sont ouverts. Nous ne savons pas sur quoi le conseil de direction se base pour de tels chiffres. Tout d’abord, il y a 13 restaurants et cafétérias à l’UGent, et non 8. L’un d’eux est le Resto Sint-Jansvest, qui n’est plus en activité. Sur les 12 restants, 8 sont fermés en raison de la grève. 4 resto’s ont ouvert, mais tournent au ralenti. L’un d’entre eux a ouvert plus tard, après que des non-grévistes d’autres endroits y aient été amenés. Apparemment, la direction voudrait également ouvrir un autre le soir, après la grève. Même alors, nous ne comprenons pas comment obtenir les chiffres donnés à la presse. Peut-être que l’UGent devrait expliquer où sont passées les restos qu’ils ont “oubliés” et comment il se fait qu’avec seulement 25% de grévistes, il a été possible de fermer la grande majorité des restos ? Il faut aussi remarquer que de nombreux travailleurs soutiennent l’action, mais n’ont pas fait grève pour des raisons personnelles…
“L’UGent affirme que seulement 15 personnes sur 190 ont fait grève dans le nettoyage. Deux fois plus de personnes de l’ISS étaient cependant présentes à l’action au bureau du recteur. Il est vrai qu’une campagne d’intimidation très intense a eu lieu ces derniers jours à destination du personnel de l’ISS: des personnes ont été appelées à plusieurs reprises et menacées. On leur a raconté des mensonges, et il a été clairement établi que quiconque ferait grève en subirait les conséquences (employés à temps partiel voulant un contrat à plein temps, priorité pour les remplacements, etc.) Nous savions que cela aurait un effet, et que cela réduirait la participation à la grève parmi les travailleuses et travailleurs de l’ISS. Apparemment, l’UGent est fière de ce genre de pratique et l’utilise maintenant comme argument contre la grève : est-ce vraiment ce genre d’employeur que veut être l’UGent ? Soyons clairs : le soutien est énorme parmi le personnel de l’ISS pour les revendications de la grève, la non-participation de la grande majorité était due à la peur, et pas au rejet de la grève.
“Si cela avait été un examen, nous aurions dit : “revenez en septembre”. Il est dommage qu’une université en soit réduite à diffuser délibérément de fausses informations”.
L’UGent avait également lancé un appel de dernière minute pour recruter des étudiants supplémentaires afin de maintenir un restaurant étudiant ouvert. Si la participation à la grève avait été aussi faible que ce que prétend l’UGent, cela n’aurait bien sûr pas été nécessaire.
Reportage-photos de Jean-Marie:
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Enseignement néerlandophone : Non à l’élitisme, pour un enseignement de qualité pour tous !

Un travail de qualité = un renforcement de de l’enseignement. Plus de moyens pour l’enseignement ! Lorsqu’il est entré en fonction, le gouvernement flamand a fait part d’ambitieux objectifs pour l’enseignement : éliminer la pénurie d’enseignants, construire de nouvelles écoles et allouer des moyens supplémentaires à l’enseignement fondamental. Ces mesures sont nécessaires, c’est vrai. Mais comment tout cela sera-t-il concrétisé ? L’enseignement souffre de sous-financement chronique et cela va continuer. Seul le primaire a reçu un montant net plus élevé, mais la somme ne dépasse pas la goutte d’eau dans l’océan au vu des problèmes qui se sont accumulés au fil des ans.
Par Thomas (Gand)
Les enseignants savent très bien ce qui est nécessaire pour enseigner. Le 20 mars, une journée de grève a été organisée avec succès sous le slogan : ‘‘’Pourquoi ? Voilà pourquoi ! Même un enfant sait ce dont l’enseignement a besoin.’ La grève fut un succès auprès des enseignants qui ont spontanément organisé des actions sur le modèle de ce que leurs élèves faisaient autour de la crise climatique.
Le baromètre flamand de l’aptitude au travail de 2019 a montré une fois de plus que l’enseignement obtient de très mauvais résultats. Pour 46,3 % des répondants, il y a un problème de fatigue mentale, pour 19 %, ce problème est même aigu. Cela fait de l’éducation le secteur qui obtient les plus mauvais résultats. L’équilibre entre travail et vie privée est problématique pour 23,7 % des répondants, dont 7,2 % affirment même qu’il est aigu. Encore une fois, c’est l’enseignement qui a le plus mauvais score. Les enseignants travaillent en moyenne 41 heures par semaine sur sur une année complète, vacances comprises. L’argument récurrent selon lequel les enseignants ont beaucoup de vacances ne dit rien du tout sur la pression du travail. Pendant une semaine de cours, le temps de travail moyen passe à pas moins de 49 heures ! Ce ne sont là que quelques-unes des raisons pour lesquelles beaucoup abandonnent le rêve de devenir enseignant. Un enseignant sur cinq démissionne en Belgique au cours des cinq premières années.
Les profs ne sont pas seuls à souffrir des économies réalisées, les élèves et leurs parents en ressentent aussi les conséquences. Dans les tests PISA, notre pays s’enfonce de plus en plus loin. Toutes les études indiquent que l’enseignement confirme et renforce l’inégalité sociale en Belgique plus qu’ailleurs. Et les parents ont de plus en plus de choses à payer. En Flandre, il existe ainsi la ”taxe sandwiche” pour la simple utilisation du réfectoire. A Aalter, il y a même une ”taxe de sieste”: un jardin d’enfants facture la sieste 1 euro par jour et par enfant en bas âge.
Pour compenser la pénurie d’enseignants, on recourt aux volontaires. Les écoles doivent organiser des événements et des soupers-spaghetti pour collecter des fonds. Et on attend bien entendu des enseignants qu’ils mettent la main à la pâte de leur plein gré. Certains enseignants retroussent leurs manches pendant les vacances pour rafraîchir leurs classes. Cela illustre le degré d’engagement et d’implication, mais ce n’est pas normal. Cela renforce les inégalités : les écoles où les parents sont plus à l’aise peuvent davantage investir dans les activités scolaires ou extra-scolaires.
Il faut davantage de moyens publics pour l’enseignement, revenir aux 7 % du PIB comme c’était le cas au début des années 1980 serait un premier pas pour améliorer les cours, mais aussi pour que les écoles puissent disposer d’initiatives de soutien : des conseillers d’orientation à temps plein, des psychologues, des experts sociaux, des travailleurs sociaux,… Les enseignants pourraient alors se concentrer sur leur tâche principale : donner des leçons dynamiques qui impliquent les jeunes et leur permettent de développer leur potentiel.
Ce gouvernement et ses prédécesseurs ont refusé de s’engager sur cette voie. Il va falloir les y forcer. La grève du 20 mars 2019 a démontré que de nombreux enseignants sont prêts à se battre. Mais nous devrons reconstruire les sections syndicales dans de nombreuses écoles. Cela ne se fera pas en mettant en œuvre les économies de manière contrôlée, mais en élaborant un plan alternatif qui réponde à ce dont l’enseignement a réellement besoin et en organisant des moments d’information et de discussion dans chaque école pour structurer la résistance aux économies et lutter pour un enseignement de qualité pour tous.
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Le gouvernement flamand veut faire de la région un cimetière social

‘‘Ce sont des barbares qui économisent sur les gens sans défense !!!’’ Les nombreux petits services du secteur social flamand ont évolué ces dernières décennies vers des organisations plus grandes et centralisées. En raison des tâches supplémentaires et de la pénurie de travailleurs sociaux, la charge de travail a explosé. Jusqu’à il y a quelques années, l’augmentation régulière des moyens ne répondait pas à la croissance des besoins, mais elle permettait tout de même de soulager quelques souffrances. Si les besoins augmentaient, le nombre total de travailleurs sociaux augmentait lui aussi, même faiblement. Le vent a maintenant tourné : après les restrictions subtiles du gouvernement précédent (ne pas tenir compte de l’ancienneté croissante du personnel dans le budget par exemple), le nouveau gouvernement a décidé d’attaquer le travail social à la hache.
Par un travailleur du secteur
De petites économies sur les services sensibles à l’opinion publique, tels que le Suicide Line et les Child Abuse Confidence Centres, sont combinées à des coupes massives sur l’aide aux personnes déjà exclues de la société, comme les sans-abris. L’aide aux sans-abris avait déjà besoin d’être réorganisée en raison de récentes coupes budgétaires qui ont par exemple conduit à la fermeture de trois centres de nuit et un centre de jour en Flandre orientale. Fin janvier, de nouvelles mesures seront annoncées dans toute la Flandre. Des centaines de personnes seront littéralement laissées à leur sort, certains problèmes ne bénéficieront plus d’aide appropriée et 75 personnes perdront leur emploi dans les structures d’accueil.
Ce gouvernement flamand n’a cependant pas hésité à accorder des millions de subsides à des multinationales telles que le groupe chimique britannique Ineos pour soi-disant produire de manière écologique alors que cette société va commencer par abattre une forêt pour produire des particules de plastique à partir d’énergie fournie par du gaz de schiste américain… Dans le genre, difficile de faire mieux ! Les actionnaires s’enrichissent et les pauvres restent à la rue ! De plus les coupes budgétaires facilitent le contrôle rapproché des organisations du secteur et les poussent à accorder l’aide aux personnes avec restriction et condescendance au lieu de l’accorder comme un droit qui est dû.
En décembre, une large opposition s’est développée en Flandre contre ces coupes budgétaires et contre les attaques visant le travail social. Le 3 décembre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Bruxelles, tous les centres d’aide ont fermé leurs portes et les slogans portaient sur la chute du gouvernement flamand ! La solidarité entre les différents secteurs s’est renforcée. Pourtant, il n’y a pas de force motrice dans ce mouvement pour défendre l’élaboration d’un plan d’action ambitieux. Ni les syndicats ni le Réseau d’action pour le travail social (SWAN) n’ont assumé ce rôle. De nombreux travailleurs sociaux sont passés à l’action pour la première fois et veulent aller plus loin. Il est temps de nous organiser en tant que travailleurs sociaux en relation avec les travailleurs des autres secteurs afin de lutter et d’arracher des résultats !
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Le gouvernement flamand défend le travail forcé pour les chômeurs
Où en sommes-nous aujourd’hui en ce qui concerne le service communautaire obligatoire pour les chômeurs en Flandre ? Partout et nulle part. L’accord de coalition flamand le mentionne explicitement, mais reste vague. Il n’y a pas de date concrète pour son introduction. Il n’y a pas non plus d’indication claire de la durée de travail hebdomadaire. A l’époque du gouvernement Michel I, on parlait de ‘‘deux demi-journées par semaine’’. Mais à peu près à la même époque, De Wever lâchait : ‘‘À toutes fins utiles, cinq jours complets par semaine.’’ Nous avons donc été prévenus !Par Wilfried
Nous ne devons pas nous laisser berner par cette description floue. Ce gouvernement flamand a déjà suffisamment prouvé qu’il dissimule la mise en œuvre concrète, le temps et (surtout) les chiffres concrets le plus longtemps possible et qu’il frappe soudainement pour faire taire toute opposition. Les économies réalisées dans le secteur culturel en constituent l’exemple typique. La résistance est invariablement ‘‘trop tard’’, alors que juste avant l’événement, ‘‘les actions n’ont aucun soutien parce qu’il n’y a rien de concret’’.
La mise en œuvre du service communautaire obligatoire pour les chômeurs pose de nombreux problèmes juridiques. Un spécialiste du droit du travail de l’Université d’Anvers, Daniël Cuypers, a déclaré en septembre 2019 qu’il ne peut être mis en œuvre que par un accord fédéral. Il a ajouté qu’il s’agit d’un ‘‘champ de mines’’ juridique. Il n’y a toujours pas de gouvernement fédéral et la possibilité d’un gouvernement fédéral sans la N-VA entre progressivement en ligne de compte.En fait, lors de la dernière législature fédérale, tout aurait déjà dû être en place. Mais le ministre qui devait s’en occuper, Kris Peeters, n’était pas très enthousiaste. Cela a causé beaucoup de troubles parmi les partenaires de la coalition. Le 12 août 2015, on pouvait lire dans De Tijd : ‘‘Le retard de Peeters pour réformer le marché du travail est source de désagrément’’. Les syndicats ont alors déclaré à juste titre que le travail d’intérêt général obligatoire pour les chômeurs était inacceptable. Il s’agit de travailler pour obtenir une allocation plutôt qu’un salaire. Cela exerce une pression à la baisse sur l’ensemble des salaires et des conditions de travail. Pourquoi, par exemple, les communes embaucheraient-elles encore des jardiniers si des chômeurs peuvent être forcés à faire ce travail ? S’il y a tant de travail à effectuer, que cela soit avec de vrais emplois et de vrais salaires !
Comment la question du service communautaire obligatoire va-t-elle se poser maintenant ? Peeters est parti, Charles Michel est parti. Ils ne se saliront plus les mains. Si la mesure est adoptée, la ministre flamande Hilde Crevits devra la mettre en œuvre. Elle ne s’en réjouit pas ça. Mais la mesure figure dans l’accord de coalition flamand, avec l’approbation du CD&V. C’est bien joué de la part de la N-VA et de Jan Jambon, qui essaient également par ailleurs de monter les acteurs du secteur culturel les uns contre les autres.
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Sexisme à l’Université de Gand : Lettre ouverte de la Campagne ROSA

La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) a distribué ce matin la lettre ouverte suivante au Conseil d’administration de l’UGent, l’Université de Gand, tandis que plus de 250 étudiantes, étudiants et membres du personnel manifestaient pour exiger de l’université l’exclusion du cercle d’extrême droite KVHV et l’adoption de mesures conséquentes contre le sexisme.
Vidéos:
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Lettre ouverte aux étudiantes et étudiants, au personnel de l’UGent et au conseil d’administration
Le KVHV banalise le sexisme
Le mercredi 4 décembre, un Jeff Hoeyberghs rugissant était l’invité de l’association étudiante réactionnaire KVHV. Jeff Hoeyberghs est venu confirmer ses déclarations sexistes et racistes antérieures. La Campagne ROSA avait organisé une action de protestation sur place et a ensuite décidé de partager en, ligne une sélection de ses déclarations les plus horribles pour souligner la nécessité d’entrer en action. Un tel sexisme ne devrait pas être autorisé, ni à l’université, ni dans la société.
Ce n’est pas un débat
Jeff Hoeyberghs et le KVHV prétendent qu’ils veulent simplement profiter d’un débat libre. Ce n’est pas vrai bien entendu. Ils tentent de banaliser un discours et une vision des choses où les femmes sont soumises quand elles ne sont pas simplement de vulgaires objets. Pour eux, les femmes ne sont que des personnes de deuxième ordre dans la société. Ce discours entraine des rapports de domination qui conduisent aux violences envers les femmes et qui alimentent la culture du viol. Selon une étude de l’UE datant de 2016, en Belgique, plus de 40% de la population considère le viol comme acceptable “dans certains cas”. Heureusement, sous la pression de #Metoo et des actions de masse en faveurs de l’émancipation des femmes à travers le monde, nous assistons à un changement d’opinion spectaculaire dans ce domaine. Ce qui était encore toléré il y a quelques décennies est aujourd’hui inacceptable.
Exclusion du KVHV ! Aucun subside pour la discrimination !
Le KVHV n’en est pas à son coup d’essais. Il n’y a pas si longtemps, ce cercle s’est fait connaître pour avoir été le berceau du groupe Schild & Vrienden à l’UGent. Depuis des années, le KVHV répand le racisme, le sexisme et l’homophobie à l’UGent. Des événements tels que ceux don til est question aujourd’hui ne constituent que la pointe de l’iceberg.
Le fait que le KVHV puisse encore organiser de telles réunions en profitant des subsides et de l’infrastructure de l’UGent est inacceptable. L’université dispose d’une charte anti-discrimination dans laquelle elle condamne toute forme de discrimination. Nous voulons une université qui lutte activement contre toutes les formes de discrimination ! Un établissement comme l’UGent a un rôle d’exemple à jouer dans la lutte contre le sexisme ; l’université ne peut se limiter à prendre ses distances ou à imposer des sanctions administratives.
Insécurité et incertitude pour les femmes
La lutte contre le sexisme va bien au-delà de la dénonciation du harcèlement sexuel ou de cas concrets de discrimination. La précarité et l’insécurité sociale sont encore plus élevées pour les femmes que pour les hommes. Les secteurs et les emplois où prédominent les femmes sont les moins bien rémunérés. Plus de 70% des personnes employées dans le groupe des 10% des salaires les plus bas sont des femmes. Les femmes qui dépendent de leur mari (ou de leur père) sont beaucoup plus susceptibles de se retrouver coincées dans des situations de violence et/ou d’abus.
Prendre soin de ses enfants, cela détruit rapidement la carrière académique de nombreuses femmes talentueuses, en particulier celles qui se trouvent dans des situations socio-économiques difficiles. Plus de cent employés de l’UGent et deux cents employés qui travaillent sur les sites de l’UGent par l’intermédiaire de sous-traitants gagnent encore moins de 14€ brut/heure.
Lutter pour l’indépendance économique des femmes
Trois années de suite, une grève féministe a eu lieu à l’UGent le 8 mars : un arrêt de travail pour précisément aborder ces problèmes. Pour la quatrième édition, en 2020, la grève féministe se concentrera sur la lutte pour les 14 € et exigera, avec le syndicat CGSP, un salaire minimum de 14 €/h pour tous les employés de l’UGent ! La CGSP défend, à juste titre, que chacun devrait pouvoir gagner sa vie indépendamment de son partenaire, avec ou sans enfants, dans un emploi à temps partiel ou à temps plein. Lutter contre le sexisme, c’est aussi se battre pour l’indépendance financière des femmes.
Il faut lancer un vaste débat sur la lutte contre le sexisme
La campagne ROSA veut profiter de cette occasion pour lancer une vaste discussion dans toutes les sections de l’université, une discussion sur les formes structurelles de sexisme et de discrimination présentes dans notre société et donc également dans l’enseignement supérieur.
Les établissements d’enseignement ont un rôle d’exemple à jouer. Beaucoup peut être fait au niveau universitaire et de bonnes initiatives contre le sexisme peuvent aussi inspirer d’autres organisations et institutions à faire de même. Cela signifie que toutes les formes de discrimination doivent être combattues.
Cette proposition peut servir de base à une déclaration d’engagement ou à une charte contre le sexisme.
– Ne donnons aucune place à l’UGent aux groupes qui font la promotion de la haine (le sexisme, le racisme, etc.).
– Créons un environnement qui s’oppose à l’objectivation du corps féminin et aux stéréotypes de genre.
– Garantissons l’accès démocratique et social à l’enseignement supérieur aux étudiants de toutes origines et de toute situation familiale ou financière.
– Veillons à éliminer la position économique et académique secondaire des femmes à l’université.
– Mettons en place une politique proactive qui garantisse la santé sexuelle et reproductive des étudiants et de tout le personnel.
– Développons une aide pour éliminer autant que possible la double tâche quotidienne des femmes.
– Garantissons un fonctionnement ouvert et démocratique de l’université pour étouffer les abus de pouvoir dans l’œuf.La Campagne ROSA veut participer à ce défi avec des propositions et des mesures qui peuvent concrétiser une telle déclaration d’intention.
– Lançons un débat sur le rôle des femmes dans l’histoire et aujourd’hui dans les programmes scolaires.
– Garantissons aux doctorants et aux chercheurs un congé de maternité complet et une crèche à l’université. De cette façon, nous évitons que la double tâche quotidienne soit un obstacle aux études universitaires ou à la carrière académique. Il faut également revenir sur la récente suppression du remboursement de l’avortement et de la contraception de l’assurance hospitalisation de l’UGent.
– Augmentons le salaire minimum à l’UGent à 14 €/h ou 2 300 €/mois pour l’ensemble du personnel. Une grande majorité des membres du personnel dont le salaire brut est inférieur à 14 €/h sont des femmes.
– De plus en plus d’étudiants sont poussés vers la prostitution. Les établissements d’enseignement supérieur, de plus en plus chers, en sont les principaux responsables. Luttons pour plus de moyens publics pour l’enseignement : 7% du PIB pour l’enseignement !
– Il faut fournir des logements sociaux étudiants de qualité en nombre suffisant pour mettre un terme aux logements de plus en plus chers.
– Instaurons une politique de sensibilisation active sur les contraceptifs et les MST avec accès à des contraceptifs gratuits.
– Assurons qu’il y ait un nombre suffisant de toilettes non sexistes. Des serviettes hygiéniques et des tampons hygiéniques doivent être fournis gratuitement afin de garantir le droit à l’hygiène.
– Investissons dans le soutien psychosocial. Les étudiants en psychologie travaillent déjà avec des listes d’attente : dégageons du temps pour assister les victimes du sexisme et d’autres formes de discrimination.