Category: Politique belge

  • Gand. Manifestation en faveur de transports publics plus nombreux et moins chers

    Ce samedi 23 septembre, des manifestants vont défiler dans les rues de Gand sous le slogan ‘‘Gand, prends l’initiative. Pour des transports publics plus nombreux et moins chers.’’ Cette manifestation se place dans le cadre d’une campagne menée par le PSL. Nous en avons discuté avec l’organisateur, Bart Vandersteene.

    Interview réalisée par Koerian

    Que veut défendre le PSL en menant campagne en faveur des transports publics ?

    ‘‘Se déplacer efficacement est un besoin fondamental. Tout le monde se déplace quotidiennement : pour se rendre à l’école, au travail, au supermarché, dans la famille ou pour voyager. En moyenne, une famille dépense 11% de son budget en transport en Belgique. Toutefois, 19% des Belges sont freinés dans leurs déplacements par manque de budget. Cela handicape bien entendu leur vie sociale, mais aussi leurs perspectives de trouver un emploi par exemple.

    ‘‘Dans la société actuelle, l’accent est systématiquement mis sur les moyens de transport individuels. Les puissantes industries automobiles et pétrolières déterminent en grande partie la façon dont notre mobilité est organisée. À grands renforts de publicités, elles essayent de nous faire croire que la voiture est une extension de notre identité. Parallèlement à cela, les alternatives collectives – les transports en commun – sont dégradées et privatisées. Résultat, les routes sont engorgées. En Belgique, les automobilistes accumulent ensemble 111.465 heures d’embouteillages chaque jour en moyenne. De plus, l’organisation actuelle de notre mobilité exerce une énorme pression sur l’environnement et l’espace public.

    ‘‘Selon nous, la meilleure manière de garantir les besoins de base en termes de mobilité, ce sont les transports en publics : un réseau diversifié et gratuits de trains, de métros, de trams, de bus, de taxis et un système publics de voitures partagées. Cela nécessite des investissements de grande envergure. Mais l’effet de retour social serait énorme.’’

    Les transports en commun sont-ils si mauvais à Gand?

    ‘‘Cela fait des années que les investissements se font attendre dans les transports en commun à Gand. Ces derniers temps, il y a même eu des réductions budgétaires. Les trams et les bus se trainent : 10 à 13 km/h seulement dans le centre-ville. Il n’y a pratiquement pas des transports publics vers les zones périphériques telles que le port où travaillent pourtant 60.000 personnes. Pendant les heures de pointe, les trams et bus sont bondés. De plus, les tarifs ont augmenté en février 2014 et 2016. Aujourd’hui, le trajet simple revient à trois euros. Les transports publics sont trop chers et ne correspondent pas à la manière dont les gens se déplacent.

    ‘‘Des transports publics plus nombreux et moins chers permettraient le déplacement des travailleurs vers leur lieu de travail, garantirait que les jeunes puissent rentrer en sécurité après une soirée, que les personnes âgées puissent aller visiter leurs amis sans entrave, etc. Un système de park & ride (pour se garer en périphérie des villes et rejoindre le centre en transports en commun) peut aussi convaincre les visiteurs de ne plus conduire au centre-ville.’’

    Pourquoi avoir choisi la date du 23 septembre ?

    ‘‘La date est symbolique. Ce week-end là aurait eu lieu le référendum sur le plan de mobilité de la ville si la demande avait atteint le nombre suffisamment de signataires. La mobilité est un thème très important dans chaque ville, mais, à Gand, l’attention dont bénéficie la thématique est plus grande en raison du débat sur le plan de mobilité.

    ‘‘Dans les débats, le plan de mobilité de la ville a souvent été réduit à un plan de circulation permettant de réduire considérablement le trafic dans le centre-ville. Mais le plan porte sur une vision complète de la mobilité à moyen terme. Il ne prévoit aucune expansion des transports en commun. Le plan de stationnement est restreint et il se limite aux zones les plus densément peuplées. Le centre historique est devenu plus calme, mais au-delà, les problèmes subsistent : les files, le manque de places de stationnement, la pollution de l’air, etc. Jusqu’à ce qu’une alternative crédible soit fournie, la grande majorité des personnes resteront dépendantes de leur voiture.

    ‘‘Si l’on a à cœur la qualité de vie en ville, la première étape doit être une extension des transports publics.’’

    D’où vient le slogan : ‘‘Gand, prends l’initiative’’ ?

    ‘‘Le Conseil communal gantois accuse le gouvernement flamand d’être responsable du manque d’investissements dans les transports en commun. Nous condamnons naturellement les économies réalisées au niveau de la Région flamande. Ces dernières ne sont toutefois pas neuves, elles avaient déjà cours lorsque le SP.a était au gouvernement. Les autorités locales peuvent prendre des initiatives. La ville offre déjà des abonnements gratuits aux enfants de moins de 14 ans, pourquoi ce système ne se développe-t-il pas pour tous les Gantois? La ville de Hasselt a assuré la gratuité des transports en commun pendant seize ans, ce qui a entraîné une augmentation sensible du nombre de passagers. Nous demandons au Conseil communal de faire en sorte que la mobilité soit accessible à tous. Le budget communal manque de moyens ? Mobilisons-nous pour aller chercher l’argent là où il est.

    ‘‘Le bourgmestre Termont (SP.a) a expliqué lors de la réception du Nouvel An de la Ville que l’avenir reposait sur les routes suspendues. Que fait-on de la concentration de particules fines dans l’aire et de la pollution ? Une entreprise de Gand est déjà responsable d’environ 1,5% du total des émissions européennes de particules fines et de 5,8% des métaux lourds européens.

    ‘‘Au cours des semaines à venir, nous mobiliserons les habitants autour de ce thème aux arrêts de bus, aux écoles, dans les quartiers, etc. Nous leur demanderons de soutenir notre campagne bien entendu, mais nous voulons aborder des discussions plus fondamentales. Si nous voulons créer des villes habitables et assurer une mobilité efficace et sûre pour tous, nous avons besoin d’une vision des choses et d’une organisation différentes de celles de la société actuelle. Il nous faut une société où les bénéfices ne seraient pas centraux, mais bien les besoins de la majorité de la population.’’

  • Crise migratoire. Le gouvernement s’enfonce dans le racisme d’Etat

    Le 10 août dernier, le cabinet britannique de gestion de risques Verisk Maplecroft a publié un rapport préoccupant au sujet de l’augmentation du risque d’esclavage moderne. Aujourd’hui, 46 millions de personnes à travers le monde seraient touchées par la ‘‘traite des êtres humains et les formes d’exploitation inhérentes’’(1). Selon l’agence britannique, et sans surprise, le risque d’esclavage moderne aurait explosé dans les trois-quarts des pays de l’Union européenne. Notamment en Belgique.

    Par Cathy (Liège), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Pour Francken, chaque demandeur d’asile est suspect

    La refonte des droits des étrangers votée par la Commission de l’Intérieur de la Chambre en juillet dernier est-elle de nature à diminuer ce risque ? Bien au contraire. Comme le dénonce notamment le CIRÉ (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), la méthode utilisée par le gouvernement est scandaleuse (un vote intervenant 17 jours à peine après la présentation d’un texte de 400 pages préparé par les autorités durant 4 ans) et les modifications de fond font ‘‘froid dans le dos’’.

    Dans son communiqué de presse, le Ciré explique : ‘‘60 à 70% des demandeurs d’asile mentiraient au cours de leur procédure d’après le Secrétaire d’État… et c’est sur cette estimation ni vérifiée, ni vérifiable qu’est basé tout l’esprit du projet de loi : sanctionner la fraude, enfermer à tour de bras. Même s’il s’en défend, cela pourrait aboutir à un enfermement quasi-systématique des demandeurs d’asile (…). Cela reflète une connaissance très faible de la réalité du calvaire enduré par ceux qui atteignent la Belgique, ayant appris à se méfier, à ne pas tout dire, à cacher leurs documents tout au long du parcours migratoire, pour simplement survivre. Cela en dit long sur la volonté d’instrumentaliser le droit d’asile pour faire valoir une vision purement et simplement xénophobe (…).’’(2)

    Le nombre de morts ne cesse d’augmenter en Méditerranée (3800 en 2016 selon le Haut-Commissariat des Réfugiés de l’ONU) et l’année 2017 est en passe d’être la plus meurtrière. La route des Balkans est déjà bloquée, amenant hommes et familles à emprunter des trajets toujours plus dangereux. Le blocage de la route libyenne est considéré par Francken comme une solution face aux décès de la Méditerrannée. Mais il s’effectue par le biais de bandes de bandits et ne fait que déplacer le problème vers la Libye. Pendant ce temps, les différentes puissances impérialistes continuent d’entretenir conflits armés et exploitation partout dans le monde. La Belgique, elle, ‘‘emboite le pas des pays les plus répressifs en légiférant sur base de craintes, de stigmatisations et d’estimations’’.(3)

    La situation préoccupante des MENA

    Le secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations Théo Francken (N-VA) a récemment proposé de doubler la capacité des Centres fermés (où sont détenus les personnes en situation irrégulière avant leur expulsion) afin de pouvoir à nouveau placer des familles, ce qui sous-entend d’y enfermer des enfants, un dramatique retour en arrière puisque cette pratique avait disparu depuis 2008. Le Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe avait pourtant exhorté le gouvernement belge ‘‘à ne pas renouer avec la pratique consistant à détenir des familles avec enfants’’ lors d’une visite en 2015. Francken veut également tenter de faire passer une série de mesures en octobre-novembre 2017 afin de directement envoyer tout demandeur d’asile arrivant en Belgique en Centre fermé le temps de sa procédure.
    Les MENA (mineurs non accompagnés) n’échappent évidemment pas à la chasse aux sorcières, dont ils sont déjà les victimes depuis plusieurs mois. Myria, le Centre fédéral Migration, défend que ‘‘lorsqu’il existe un doute sur la minorité, le MENA devrait être traité comme s’il était mineur, jusqu’à preuve du contraire’’. La réalité est toute autre. Car l’âge du jeune est déterminé non pas par le discours de son vécu mais par un triple test osseux de la mâchoire, de la clavicule et du poignet, une méthode remise en question quant à sa fiabilité, la marge d’erreur étant de 2 à 5 ans…

    Les situations kafkaïennes vécues tant par les assistants sociaux que par les psychologues se multiplient.

    Une jeune fille de 16 ans a ainsi vu sa date de naissance reculée de 4 ans. Elle a ainsi non seulement été privée de ses droits à suivre une scolarité mais a aussi automatiquement été mise en échec dans les formations suivies au vu des évidentes carences de son apprentissage de base. La perte du statut de MENA signifie aussi perdre le droit de disposer d’un tuteur pour jouir d’un accompagnement dans les différentes démarches.

    Comme remède à la chasse aux sorcières, la solidarité !

    Théo Franken n’a jamais fait mystère de ses opinions réactionnaires dans ce domaine. Déjà en mars dernier , il écrivait des tweets acerbes contre Médecins sans Frontières en accusant l’organisation de contribuer à la traite des êtres humains et d’encourager l’immigration illégale avec ses actions de sauvetage en mer. ‘‘Par vos actions de sauvetage juste devant les côtes, vous créez un effet d’aspiration et donc plus de morts’’, avait-il écrit, ajoutant : ‘‘Ils font de la traite d’êtres humains. Cela n’a plus rien à voir avec les réfugiés. Migration illégale.’’

    Charles Michel a eu beau reprendre Francken sur certains propos, il n’en suit pas moins sa logique perverse. Ces derniers mois, les lieux d’occupations collectives d’organisations de sans-papiers à Bruxelles ont subi une répression systématique : les évacuations successives visant à rendre l’organisation du mouvement encore plus difficile. Divers dirigeants du mouvement ont été arrêtés, diverses arrestations s’effectuent par ailleurs hors balises légales et avec violation de domicile (la Police ne peut normalement pénétrer chez un individu qu’avec un mandat délivré par un juge). Les contrôles effectués par les forces de police ont été accrus dans les transports en commun, des convocations mensongères ont été envoyées à des fins d’arrestation. Etc.

    Si la politique migratoire du gouvernement Michel a pu se durcir dans des proportions aussi dramatiques, c’est parce que suffisamment d’espace lui a été laissé de poursuivre ses ravages. Le puissant mouvement de grèves contre le gouvernement de l’automne 2014, auquel avaient participé les organisations de sans-papiers, avait fait vaciller ce dernier. Mais l’absence de suite sérieuse a ouvert la voie à la poursuite d’une politique brutale d’austérité à laquelle s’est couplée une politique migratoire réactionnaire.

    Opposons la solidarité et la lutte collective à cette approche qui s’en prend aux victimes du système ! La défense de la régularisation des sans-papiers est dans l’intérêt de tous les travailleurs, car la répression qu’ils subissent les maintient dans des conditions d’exploitation extrême qui constituent une pression à la baisse sur les conditions de travail et de salaire de tous. Nous devons également nous opposer à ce système qui repose sur la guerre et le pillage néocolonial, qui pousse tant de personnes à fuir leur région au péril de leur vie.

    (1) Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Walk Free
    (2) https://www.cire.be/presse/communiques-de-presse/refonte-du-droit-des-etrangers-de-la-democratie-a-la-theo-cratie-communique-de-presse-du-cire-12-juillet-2017
    (3) Ibidem

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    Le parcours du combattant des demandeurs d’asile

    Lorsqu’une personne en situation irrégulière arrive sur le territoire belge, elle doit déclarer son existence à l’Office des Etrangers. On lui accorde alors une place dans un Centre Croix-Rouge ou un Centre Fédasil où elle vivra le temps de sa procédure (de 4 mois à deux ans) dans une chambre dans laquelle les conditions de logement sont extrêmement difficiles (6 à 8 personnes dans une chambre confinée) et auxquelles s’ajoutent encore la barrière de la langue et les chocs culturels.

    Les demandeurs d’asile ont droit à 7 euros par semaine, voire quelques euros supplémentaires pour des petits ‘‘contrats’’ pour effectuer le ménage ou des travaux dans le centre. Avec ce mince apport, ils doivent effectuer des démarches demandées par le CGRA (Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides), telles qu’obtenir des preuves administratives de leur origine ou des preuves du calvaire qu’ils ont fréquemment vécu au pays, des démarches qu’ils ne peuvent donc souvent pas réaliser, faute d’argent ou compte tenu de la situation politique ou du niveau de développement du village duquel ils proviennent.

    Dans cet intervalle, ils sont convoqués au CGRA où ils passeront une audition de 3 à 6h en trois étapes : déterminer s’ils viennent bien du pays qu’ils déclarent, fournir les détails de leur famille proche et entourage communautaire et les raisons de leur départ ainsi que les conditions de leur voyage. Les conditions de l’interview sont extrêmement pénibles pour ces gens déracinés, traumatisés et anxieux de cet examen qui déterminera s’ils seront expulsés ou non vers les situations dramatiques qu’ils ont fui, quelles qu’en soient les raisons.

    Si la réponse est positive, le demandeur d’asile reçoit un accord de rester en Belgique, sinon, il peut introduire un recours devant le Tribunal des Contentieux, ce qui lui coûte 50 euros et, s’il a l’accord, repasser devant le CGRA. Si la réponse est négative, il reçoit un ordre de quitter le territoire et devra quitter le Centre dans les plus brefs délais. Une deuxième demande pourra être introduite mais il n’aura plus alors droit qu’à l’aide médicale urgente.

    Depuis 1988, il existe également en Belgique la détention administrative dans les Centres fermés. Lorsque la procédure aboutit à un avis négatif ou que les papiers accordés sont retirés car la personne perd son travail, que la femme arrivée par regroupement familial mais souffrant de violences conjugales se sépare de son mari (liste non-exhaustive), la personne peut alors être arrêtée et enfermée dans des conditions carcérales identiques à quelqu’un condamné pour avoir transgressé la Loi.

     

  • Le PTB face à de grands défis : Transformer de bons sondages en véritables changements.

    Une percée historique du PTB

    Cette huitième édition de Manifiesta sera marquée par l’enthousiasme que suscitent les récents sondages favorables au PTB. Ces derniers mois, la résistance sociale contre le gouvernement de droite semblait bloquée. Un élan de gauche s’est développé sur le terrain politique. Que signifiera cette percée historique ? Les élections communales verraient l’arrivée de centaines d’élus. L’année suivante, le PTB obtiendrait potentiellement beaucoup de parlementaires supplémentaires. Ceux-ci feront entendre la voix des personnes ordinaires, non seulement dans les parlements mais également en dehors. Cela poussera fortement vers la gauche l’ensemble des débats.

    Cela place le PTB devant des défis considérables. C’est vrai, ce serait une erreur de faire n’importe quoi pour des succès superficiels. Mais laisser passer le moment en serait une autre. Il faut au contraire de l’initiative pour le saisir au maximum, non seulement électoralement mais aussi afin de dynamiser la résistance contre la casse sociale. La grève du 10 octobre qui ripostera aux provocations de Michel dans les entreprises et dans la rue pourrait ainsi être accompagnée d’une force de contre-attaque sur les plateaux et dans la presse.

    Les partis traditionnels sont frappés d’un discrédit croissant. Le PS a finalement rejoint le processus de crise profonde de la social-démocratie en Europe. Le récent virage à gauche du PS – par crainte de devenir ‘obsolète’ à l’instar de son confrère social-démocrate grec – n’a ni le caractère, ni la crédibilité du mouvement autour de Jeremy Corbyn en Angleterre. D’une part, Di Rupo a lui-même dirigé un gouvernement d’austérité. Il existe d’autre part une alternative électorale à gauche avec le PTB et ses élus qui touchent l’équivalent du salaire moyen d’un travailleur.

    S’inspirer des dynamiques Sanders, Corbyn, Podemos & Mélenchon

    Le PTB a lancé l’appel #JoinTheWave. Les campagnes de gauche qui ont connu les plus grands succès électoraux sont celles qui ont su susciter l’enthousiasme et la participation massive, en reposant sur des campagnes larges et inclusives basées sur l’action. Dans l’Etat espagnol, Podemos a bénéficié du mouvement des Indignés. Aux Etats-Unis, il y a eu le mouvement Occupy avant Sanders. Ou encore les meetings et manifestations de masse autour de Corbyn en Angleterre et de Mélenchon en France.

    Podemos a réussi à remporter ses premières mairies avec des listes de confluence de gauche. Celles-ci rassemblaient différents partis de gauche mais aussi des activistes des mouvements sociaux à l’instar de l’actuelle maire de Barcelone, Ada Colau, ancienne porte-parole de la PAH (Plate-forme des Victimes du Crédit Hypothécaire). La dynamique de la France Insoumise a atteint le demi-million d’adhérent et compte des centaines de groupes d’appui locaux où chaque personne soutenant la candidature de Mélenchon a pu s’impliquer.

    Peter Mertens appelle à ne pas seulement voter PTB mais aussi à s’organiser. Au-delà de la répartition de tâches pratiques auprès des bénévoles pour les campagnes électorales, l’appel #JoinTheWave pourrait opter pour cette approche large et inclusive basée sur l’action.

    Cela pourrait permettre un engagement actif de dizaines de milliers de personnes impliquées dans les mouvements syndicaux, de jeunesse, féministes, écologistes, antiracistes, pacifistes,… autour du PTB. Le lancement d’une telle campagne pourrait débuter par une large mobilisation vers des débats publics dans toutes les villes, ouverts à toute personne désireuse de rejoindre ‘‘the wave’’, à titre individuel ou avec son parti, sa délégation syndicale, son association,… La création de groupes d’appui pourrait y être proposée, à l’instar de ceux de la France Insoumise qui ont largement contribué au succès des meetings de masse de Paris, Marseille, Toulouse et Lille.

    Ces groupes d’appui se construiraient tout d’abord via les campagnes électorales, qui sont en ligne de mire, mais ne se cantonneraient pas qu’à cet aspect. Benoit Lutgen a repositionné le CDH dans la perspective d’un deuxième gouvernement de droite dure après 2019. Les nouvelles attaques comprises dans l’accord d’été du fédéral ont démontré qu’un gouvernement thatchérien ne cessera son offensive que si nous l’arrêtons nous-mêmes. Cela exigerait de transformer l’essai des succès électoraux en large mouvement de résistance, à l’image de la France Insoumise. A côté de son travail parlementaire, ses groupes d’appui portent aujourd’hui l’appel pour la manifestation du 23 septembre contre le ‘‘coup d’Etat social’’ de Macron. Une initiative audacieuse tombée à point nommé pour renforcer la grève nationale de la CGT du 12 septembre et celle du 21 septembre.

    Briser la camisole de force financière des autorités

    Il est vrai que le PTB n’est pas encore en mesure de ‘‘former un gouvernement qui entrera en collision avec les principes actuels de concurrence et de déséquilibre’’ et qui ‘‘à cette fin demandera le soutien actif de la population’’, comme l’a écrit Peter Mertens. Mais si le PTB confirme les résultats des sondages en octobre 2018, la question de majorités progressistes au niveau local peut être rapidement posée.

    Cela exige que ces majorités locales précisent qu’elles ont l’ambition d’appliquer une politique fondamentalement différente. L’introduction immédiate pour tous les employés communaux d’une semaine de 30 heures de travail sans perte de salaire avec embauches compensatoires, le remplacement des contrats précaires par des statuts de fonctionnaire ou, au moins, des contrats à durée indéterminée, un programme massif d’investissements publics pour davantage de logements sociaux, de qualité et énergétiquement neutres et, entretemps, assurer l’accueil pour tous les sans-abris ou ceux qui vivent dans la pauvreté, etc.
    Il y a un énorme contraste entre ce qu’a pu réaliser la mairie de gauche à Barcelone et les majorités précédentes, surtout pour les plus fragilisés par l’impact de la crise : accès garantit aux cantines scolaires, aides aux familles monoparentales, diminution des coûts des crèches, nouveaux logements sociaux. Mais pour la PAH, c’est insuffisant : il est nécessaire de construire 120.000 logements sociaux. Le plan contre la pauvreté énergétique a été boycotté par les fournisseurs privé et la création d’une entreprise publique d’énergie se heurte à la loi de libre concurrence. Ada Colau se heurte aux limites budgétaires et légales pour appliquer l’ensemble de son programme.

    Le PTB et les majorités progressistes entreront en collision avec la camisole financière dans laquelle les gouvernements régionaux et le fédéral maintiennent les communes. Dans les années 80’, le conseil municipal de Liverpool, en Angleterre, a trouvé la parade pour lancer son vaste programme d’investissements publics. Il a construit un front de résistance d’une vingtaine de municipalités de gauche. Et, via des grèves et des manifestations de masse, il a forcé le gouvernement Thatcher à céder un refinancement de la ville.

    Une initiative inclusive basée sur l’action peut permettre une préparation politique via des discussions ouvertes et démocratiques, mais aussi la défense et la popularisation d’un programme qui rend possible de parvenir à la victoire. Des propositions et mesures concrètes sont indispensables, mais également un projet pour ce qu’il conviendra de faire si l’establishment essaie de nous étouffer ; un projet qui ne peut être que celui du véritable socialisme démocratique car les marges pour changer la politique n’existent pas sous le capitalisme.

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  • Vers une recomposition du paysage politique en 2019

    Photo de Liesbeth

    Les résultats du sondage Dedicated Research, réalisé du 23 au 27 juin, ont été accueillis avec enthousiasme par de nombreux travailleurs et jeunes, y compris au camp d’été d’EGA et du PSL début juillet. Selon ce sondage, le PTB deviendrait le plus grand parti de Wallonie, progresserait fortement à Bruxelles et franchirait le seuil électoral en Flandre. Le PTB/PVDA deviendrait le plus grand groupe au Parlement fédéral avec 26 sièges, à pied d’égalité avec la N-VA. Cette recomposition du paysage politique pourra enflammer le parlement, orienter les débats politiques dans une direction différente et faire entendre la voix du mouvement des travailleurs bien au-delà du parlement.

    Par Eric Byl, édito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Ce n’était pas l’intention du MR quand il a commandé ce sondage. Il voulait mesurer l’impact électoral des scandales autour de Publifin et Samusocial, en espérant qu’il serait particulièrement mauvais pour le PS. C’est le cas, il plonge à 16%, la moitié de son résultat déjà médiocre de 2014. Mais ce n’est ni le MR (-2,6%) ni le CDH (-4,2%), dans les scandales jusqu’au cou, qui en bénéficient. Ecolo (+ 3,1%) et Défi vont de l’avant, mais c’est surtout le PTB et ses parlementaires au salaire d’un travailleur qui confirme et renforce la percée observée dans les sondages antérieurs.

    La fin de la stabilité

    Nous voyons ici encore que la conscience est habituellement en retard sur la réalité, qui ne progresse pas de manière linéaire mais par chocs, que l’histoire n’est pas le produit de l’évolution mais de la révolution en d’autres termes. L’époque où il était possible de masquer les contradictions de classe sur base de la croissance d’après-guerre est déjà loin. À cette époque, le parti interclassiste CVP pouvait encore se présenter comme l’architecte de la reconstruction, mais c’est devenu intenable au début des crises économiques en 1974-75 et cela explique les divisions politiques en Flandre. A la même période, la social-démocratie revendiquait la paternité de l’État-providence.

    Pendant longtemps, le PS semblait immunisé à la crise internationale de la social-démocratie. Il pouvait compter sur un réservoir de travailleurs combatifs qui étaient envoyés vers le PS par les dirigeants syndicaux et, en même temps, se profiler dans les gouvernements de coalition comme une opposition interne à la majorité flamande de droite. Il n’a pas été puni pour le clientélisme et l’enrichissement personnel, jusqu’à ce que Di Rupo dirige un gouvernement austéritaire et que le PTB, avec ses premiers élus, fournisse une alternative électorale à gauche.

    Ce sondage gêne également l’illusion développée par les dirigeants syndicaux selon laquelle le gouvernement Michel I serait presque automatiquement électoralement punis en 2019, après quoi la situation se ‘‘normaliserait’’ avec un gouvernement de centre-gauche. Au lieu de s’appuyer sur la force du mouvement des travailleurs, ils ont placé tous leurs espoirs dans leurs partenaires politiques traditionnels. Mais la N-VA prospère justement sur les frustrations créées par sa casse sociale. La repousser exige une force qui repose sur le mouvement unifié des travailleurs. Avec sa percée électorale, le PTB peut jouer un rôle important dans les deux régions du pays.

    Que Lutgen attendait son moment pour envoyer le cdH vers la droite, ce n’était pas vraiment une surprise. Le PS lui a offert cette opportunité sur un plateau d’argent. Avec la formation d’une majorité alternative de centre-droit en Wallonie, la reconduction du centre-droite au niveau fédéral est également plus palpable. C’est en soi une petite révolution que Michel ne doit pas à ses propres forces, mais à la faiblesse de l’opposition politique et sociale.

    Percée du PTB

    Mais, avec la progression du PTB, cette révolution est immédiatement éclipsée par une plus grande encore. Michel peut s’imaginer être premier ministre, peut prétendre que lui et son gouvernement ont créé des emplois et peut parler d’un printemps économique, tout cela est très fragile. La grande majorité de la population ne remarque rien, ou si peu, et croit que le gouvernement sert les riches et les classes moyennes supérieures. Le gouvernement a reporté l’équilibre budgétaire, mais il nous fera encore subir des économies considérables et une ‘‘réforme fiscale’’ favorable aux entreprises. Si à cela s’ajoute une nouvelle crise financière internationale, le ralentissement de la croissance européenne et, par conséquent, la baisse des exportations, ou encore une augmentation des taux d’intérêt sur la dette publique, cela causera des problèmes et le PTB pourrait encore accroitre son score électoral.

    Que le PTB mette en garde contre des attentes excessives est compréhensible. Mais une chance telle que celle-ci se présente rarement et si le PTB ne fait aucun effort pour la maximiser, l’élan peut passer. Les formules les plus réussies à l’étranger sont celles qui ont reposé sur des actions concrètes : Podemos en Espagne avec les Indignados, Sanders avec Occupy, Corbyn et Mélenchon avec des manifestations et meetings de masse. Ils ont généralement dû lutter contre la résistance des dirigeants syndicaux conservateurs qui ont soutenu Clinton, le PSOE espagnol et les adversaire de droite de Corbyn. Ce ne sera pas différent en Belgique.

    Chacun d’entre eux a opté, non pas sans opposition, pour une approche inclusive. La France Insoumise de Mélenchon a mis en place des groupes de soutien dans tout le pays, Podemos a participé à des listes de convergence de gauche aux élections locales, etc. Une approche tout aussi axée sur l’action et inclusive aidera le PTB à maximiser le potentiel présent. Le PSL a d’ailleurs soumis par écrit une proposition au PTB pour voir comment nous pouvons y aider, y compris en offrant des candidats au PTB pour les élections communales de 2018.

    Vers des majorités progressistes ?

    Il est vrai que le PTB n’est pas encore en mesure de ‘‘former un gouvernement qui entrera en collision avec les principes actuels de concurrence et de déséquilibre’’ et qui ‘‘à cette fin demandera le soutien actif de la population’’, comme l’écrit Peter Mertens. Mais si le PTB confirme les résultats des sondages en octobre 2018, la question de majorités progressistes au niveau local peut être rapidement posée. Elles pourraient servir de levier en faveur de l’idée d’un gouvernement majoritaire de gauche, un gouvernement des travailleurs, d’abord au niveau régional.

    Cela exige que ces majorités locales précisent qu’elles ont l’ambition d’appliquer une politique fondamentalement différente. L’introduction immédiate d’une semaine de 30 heures sans perte de salaire pour tous les employés communaux avec embauches compensatoires, le remplacement des contrats précaires par des statuts de fonctionnaire ou au moins des contrats à durée indéterminée, un programme massif d’investissements publics pour plus de logements sociaux, de qualité et énergétiquement neutres, et entre-temps assurer l’accueil pour tous les sans-abris ou ceux qui vivent dans la pauvreté, etc. Cela et bien d’autres mesures concrètes pourraient poser les bases d’une mobilisation massive de la population.

    Le PTB et les majorités progressistes entreront en collision avec la crise financière dans laquelle les gouvernements régionaux et le fédéral maintiennent les communes. La mobilisation et l’organisation autour d’une lutte pour exiger plus de moyens seront nécessaires, ainsi qu’une préparation politique via des discussions ouvertes et démocratiques, mais aussi la défense et la popularisation d’un programme qui rend possible de parvenir à la victoire. Des propositions et mesures concrètes sont indispensables, mais également un projet pour ce qu’il conviendra de faire si l’establishment essaie de se nous étouffer, un projet qui ne peut être que celui du véritable socialisme démocratique car sinon ‘‘les marges pour changer la politique’’ n’existe pas.

  • Les paradis fiscaux prospèrent… mais le gouvernement va dans nos poches!

    Après un accord d’été glacial, organiser un automne chaud

    “Tu ne peux dépenser plus que ce que tu as” est une des expressions préférées de Bart De Wever. Mais ça ne s’applique pas à tout le monde. Alors qu’on va chercher des milliards dans les soins de santé, la sécurité sociale, les pensions et les services publics, 853 entreprises belges ont parqué 221 milliards d’euros dans les paradis fiscaux en 2016 seulement !

    Par Michael Bouchez

    Le montant exact est ouvert à interprétation. La liste des paradis fiscaux est adaptée chaque année. On ne sait pas non plus très bien combien d’argent est déclaré au fisc et quelle partie est considérée comme frauduleuse. Mais nous savons depuis longtemps que la lutte contre la fraude fiscale manque de moyens et est tout sauf une priorité pour notre gouvernement. A titre de comparaison, la lutte contre la fraude sociale aurait rapporté 180 millions en 2016, c’est-à-dire 1200 fois moins que ce qui a été envoyé dans les paradis fiscaux la même année.

    Malgré cela, l’accord d’été de 2017 met de nouveau la priorité sur la chasse aux allocataires, tout particulièrement les invalides et les étudiants qui perçoivent une aide. Le gouvernement veut tout savoir des allocataires sociaux afin d’être sûr qu’ils ne touchent pas ‘‘trop’’ d’argent. De qui parle-t-on ? D’un invalide qui indique qu’il vit seul, alors qu’en réalité il vit avec d’autres personnes par exemple. Alors que nos politiciens cumulent les mandats et vont même jusqu’à toucher une pension alors qu’ils travaillent encore, ceux qui doivent lutter tous les jours pour nouer les deux bouts sont traités de profiteurs et rejetés.

    Ces mesures contre la fraude sociale devraient dégager 52,7 millions d’euros. Pour cela, des inspecteurs supplémentaires seront recrutés. A côté de ça, la ‘‘lutte’’ contre la fraude fiscale devrait rapporter 50 millions. Il est particulièrement choquant de voir qu’un montant quasiment identique doit être récolté dans la ‘‘fraude sociale’’ et la fraude fiscale. Avec la même énergie et les mêmes moyens qui sont déployés pour la fraude sociale, on pourrait récolter beaucoup plus en luttant contre la fraude fiscale.

    En un an, les 853 entreprises ont pu mettre de côté le montant d’austérité que nous avons dû avaler en 4 ans. 221 milliards, cela représente 245 fois les économies opérées dans les soins de santé (900 millions). La lutte contre la fraude sociale aurait rapporté 180 millions en 2016 : 1200 fois moins que ce qui se trouvait dans les paradis fiscaux cette année-là. C’est aussi 440 fois les nouvelles économies dans la sécurité sociale (502 millions) prévues dans l’accord d’été de 2017. Pour équilibrer le budget de 2019, il faudrait encore trouver 8 milliards. Nous savons déjà où le gouvernement n’ira pas les chercher …

    Les seuls qui gagnent deux fois sont les grandes entreprises. Elles verront encore grandir leur capital offshore, car les impôts des sociétés vont diminuer de 34% à 25% en 2020. De cette façon, les moyens deviendront encore plus rares. Ce que De Wever et son gouvernement veulent dire par “ne pas dépenser plus que ce que tu as” c’est faire contribuer les travailleurs encore davantage à l’engraissement des capitalistes.

    Un véritable gouvernement de gauche – qui déploierait autant d’efforts pour la population ordinaire que le gouvernement actuel pour les capitalistes – utiliserait ces milliards pour stimuler les infrastructures, l’enseignement, les logements sociaux et les énergies renouvelables par des investissements publics. De cette manière, la richesse produite ne profiterait pas uniquement à une petite minorité, mais à toute la société.

    Une politique contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux et un véritable impôt sur la fortune seraient des bons pas en avant. D’un autre côté, nous savons que cela ne se fera pas avec l’approbation des grands actionnaires. Ils menaceront de délocaliser et de fuir avec leurs capitaux. C’est pourquoi un gouvernement de gauche doit se baser sur l’organisation, la mobilisation et la participation de la population pour arrêter la fuite des capitaux par la nationalisation du secteur financier sous le contrôle et la gestion démocratique. On ne contrôle vraiment que ce que l’on possède.

    Rompre avec la politique d’austérité est nécessaire, mais cela nécessitera aussi une rupture avec le système. Organisons-nous afin de le rendre possible par notre lutte!

  • Non à la privatisation ! Les services publics sont à nous !

    “La privatisation de la SNCB n’est pas exclue’’, a déclaré Johan Van Overtveldt, ministre N-VA des Finances. Le gouvernement a décidé d’examiner toutes les participations de l’État fédéral dans les entreprises et Van Overtveldt a tenu à directement donner le ton.

    Charles Michel l’a rappelé à l’ordre: une privatisation de l’ensemble de la SNCB ne serait pas encore à l’ordre du jour. Peut-être le gouvernement envisage-t-il de tout d’abord diviser l’entreprise pour en vendre les parties rentables non endettées à prix d’ami… Pendant ce temps, le statut du personnel du secteur public est également progressivement éliminé pour faciliter les privatisations futures. Une privatisation immédiate de la SNCB n’est pas discutée, la vente complète de Bpost et Proximus, elle, oui !

    La privatisation revient à s’attaquer aux services publics, au personnel et aux usagers. L’argument de la réduction de la dette publique par la vente de sociétés publiques ne tient pas debout : les dividendes de Bpost, Proximus, Belfius et BNP Paribas ont rapporté 890 millions d’euros au gouvernement l’année dernière. Cependant, la diminution de la dette générée par leur vente ne permettrait d’économiser que 600 millions d’intérêts. L’édito du Soir des 26 et 27 août résumait : ‘‘Quel bon père de famille vendrait dès maintenant un appartement lui rapportant 900 euros par mois au seul motif d’en économiser 600 par ailleurs?’’ Il s’agit d’un choix politique conscient visant à en finir avec les participations d’État.

    Les entreprises publiques ont le potentiel de permettre à la collectivité de financer ‘‘les PME s’agissant de Belfius, les investissements dans les infrastructures s’agissant de Proximus ou le service au citoyen s’agissant de Bpost’’ (Le Soir, même édition). Mais le service aux travailleurs et à la collectivité en général n’est pas ce que le gouvernement a à cœur. Alexander De Croo (Open VLD) n’a que le mot ‘‘efficacité’’ à la bouche, dans l’esprit des libéraux c’est synonyme de rentabilité financière. Entre 2008 et 2015, 7.000 emplois sur 30.000 ont été perdus chez Bpost. Sur cette même période, la moitié des 1300 bureaux de poste a disparu. Le prix du timbre a augmenté de 0,46 à 0,79 euro depuis 2006. ‘‘Efficacité’’? Pour les actionnaires et leurs représentants politiques, certainement. Mais pas pour le personnel, les usagers et la collectivité.

    Lorsque la possible privatisation totale de Bpost et de Proximus a été discutée plus tôt cette année, De Croo proposait alors d’épargner la SNCB en raison des troubles sociaux que cela causerait. Pour la droite, s’en prendre au secteur public, c’est aussi un bon moyen de s’en prendre au mouvement organisé des travailleurs. En abandonnant les cheminots à leur sort lors des actions de grève spontanées du printemps 2016, seuls et divisés sur base communautaire, les dirigeants syndicaux ont perdu une bonne partie de la confiance de la base. La droite veut saisir l’occasion pour remettre sur table le service minimum et la privatisation.

    La résistance s’impose. Il faut entrer en action non seulement de manière défensive contre le manque d’investissement qui prépare la voie vers la privatisation, mais aussi de manière offensive. Les transports publics sont d’une importance cruciale contre les embouteillages et afin de disposer d’une politique de mobilité écologique. Au lieu de sacrifier tout cela pour satisfaire la soif de profits du secteur privé, il faut au contraire augmenter les moyens du secteur public. Cela exige de se battre et de défendre une alternative politique qui se base sur les intérêts de la majorité de la population et qui vise à changer de société.

  • Après un accord d’été glacial, vers un automne chaud ?

    Quelle réaction face aux menaces austéritaires du fédéral ?

    Fin juillet, Charles Michel et sa bande se sont entendus au sujet d’une batterie de mesures destinées à être votées en octobre et novembre. Plusieurs responsables syndicaux ont directement réagi en annonçant un ‘‘automne chaud’’. Peu de temps après, le ministre des Finances a évoqué dans une interview à L’Echo que ‘‘toutes les participations de l’Etat fédéral’’ allaient être examinées dans Proximus ou encore la SNCB. Au paquet de mesures antisociales de juillet s’ajoute donc la menace de la privatisation du rail ou des télécoms !

    Au CD&V, on espérait que l’accord gouvernemental de juillet serait de nature à attendrir les relations tendues entre le parti chrétien-démocrate flamand et Beweging.net (anciennement ACW, équivalent flamand du Mouvement Ouvrier Chrétien) à l’aide d’une taxation sur la fortune et d’une solution pour les coopérants du holding financier Arco dans lequel était impliqué l’ACW. L’optimisme du CD&V a subi une belle douche froide. Beweging.net et ses organisations, parmi lesquelles la CSC flamande, lui ont fait savoir qu’ils n’en pouvaient plus. Divers responsables du CD&V se sont plaints de ces critiques en faisant mine de ne pas comprendre pourquoi le Mouvement ouvrier chrétien s’accrochait tellement aux intérêts des travailleurs et des défavorisés.

    Dans son communiqué de presse au lendemain de la conclusion de l’accord d’été, la FGTB a dénoncé à juste titre que ‘‘les cadeaux fiscaux octroyés aux grosses fortunes et aux grandes entreprises sont toujours la priorité des priorités pour l’équipe Michel.’’ Jusqu’ici, la perspective partagée par une bonne partie des dirigeants syndicaux était d’attendre les prochaines élections en espérant l’arrivée d’une équipe gouvernementale moins à droite. Cette approche, irresponsable dès le début, a encore pris un coup dans l’aile depuis la constitution d’un gouvernement MR-cdH en Wallonie.

    Le mouvement de 2014 – Un plan d’action illustratif de la force potentielle du mouvement des travailleur

    La grève générale de 24 heures du 15 décembre 2014 fut elle la plus grande de l’histoire sociale du pays en termes de nombre de participants ? Les données précises sont inconnues, mais si ce n’est pas le cas, il s’en sera fallu de peu. Nous avons en tout cas encore tous en tête à quel point cette journée fut une éclatante démonstration de force. Cela n’est pas tombé du ciel.

    Le plan d’action qui a conduit à la grève générale nationale du 15 décembre fut annoncé lors du meeting syndical du 23 septembre. Les syndicalistes étaient retournés vers leurs collègues avec de quoi gonfler leur enthousiasme : une date de manifestation nationale le 6 novembre comme tremplin vers une tournée de grèves régionales trois lundis d’affilée fin novembre et début décembre, étapes servant d’appui vers la puissante grève générale nationale du 15 décembre.

    Peu de temps avant cette date, un sondage La Libre/RTBF/Dedicated dévoilait que seuls 20% des sondés avaient une opinion favorable du gouvernement Michel. Un score aussi pitoyable était une première dans les annales des sondages en Belgique. 42% des personnes interrogées estimaient mauvaise son action. En Flandre, le gouvernement recueillait à peine 26% d’opinions positives, pour 12% en Wallonie. Si un deuxième plan d’action aussi ambitieux avait suivi après le Nouvel An, le gouvernement n’aurait pas pu se relever. Mais les directions syndicales ont eu le vertige face au géant social qui s’était relevé et qui n’avait pourtant encore fait qu’étirer ses muscles.

    Une expérience sur laquelle s’appuyer

    A l’époque, les assemblées générales du personnel avaient refait surface et joué un rôle crucial en de nombreux endroits, rôle confirmé lors des grèves des agents pénitentiaires, des cheminots ou encore de la CGSP-Admi à Liège qui eurent lieu par la suite. Elles seront d’autant plus importantes aujourd’hui afin de de remobiliser les déçus du manque de suites sérieuses au plan d’action de l’automne 2014, de décider des actions à mener, de la manière de les mener,… Tout comme à l’époque, il est possible de totalement bouleverser l’opinion publique et de replacer au centre du débat les thèmes chers aux travailleurs et qui peuvent nous unir par-delà les langues et les origines.

  • Crise politique francophone: aux travailleurs de faire entendre leur voix

    Lorsque, le 19 juin dernier, le président du cdH Benoît Lutgen a retiré sa confiance aux gouvernements bruxellois, wallon et de la fédération Wallonie-Bruxelles (ex-Communauté française), il a justifié son geste en dénonçant les écœurants scandales à répétition qui ont frappé le PS. L’hypocrisie avait de suite sauté aux yeux (le parti ‘‘humaniste’’ ayant lui aussi été mouillé), elle fut encore illustrée à la mi-août, quand le site Cumuleo dévoila que pas moins de six des sept ministres du nouveau gouvernement wallon MR-cdH avaient ‘‘oublié’’ de déclarer certains de leurs mandats, fonctions ou professions…

    Que la collaboration avec le PS dérangeait Lutgen, issu de l’aile droite du cdH, ce n’était un secret pour personne. Ajoutez à cela les sirènes d’une participation éventuelle à une potentielle reconduction du gouvernement Michel au fédéral après 2019 et la chute du parti dans les sondages et vous aurez les principales données derrière le coup de poker de Lutgen. Sauf que, à la fin du mois d’août, il apparaissait prématuré d’avoir annoncé des majorités alternatives à tous les niveaux. Un accord se faisait toujours attendre à la région bruxelloise et à la Fédération WB et les sondages laissaient penser que Lutgen & Co passaient essentiellement pour d’opportunistes aventuriers fauteur de trouble.

    Panique généralisée

    Pas de quoi pavoiser au PS pour autant. Les sondages se suivent et confirment la chute de l’ancien géant, jusqu’à le reléguer en Wallonie en troisième position avec 16% derrière le MR et… le PTB. La colère gronde et a été illustrée par un sondage iVOX réalisé pour Sudpresse, dévoilé le 24 août. Ainsi, pour 2019 : ‘‘(…) c’est à des alliances de gauche que les électeurs PS appellent massivement, en ce compris avec… le PTB. (…) 57,5 % soutiennent une alliance avec Ecolo et 44 % avec le PTB. Toute union avec le MR est massivement rejetée. Mais une réconciliation avec le cdH l’est tout autant.’’

    Peu avant, Elio Di Rupo avait fait la une de la presse en essayant de se parer d’habits de gauche avec la sortie de son livre Nouvelles conquêtes mais le sondage susmentionné était sans appel : un tiers des électeurs du PS ne lui font tout simplement plus confiance, la moitié d’entre eux déclare vouloir modifier son vote s’il se maintient à la tête du parti et 35% assurent qu’ils ne voteront tout simplement plus pour le PS… L’avantage de ces propositions est toutefois qu’elles aideront à populariser certaines revendications essentielles pour répondre à la situation dramatique dans laquelle se trouve une certaine couche de la population.

    Le petit frère du fédéral

    L’Union Wallonne des entreprises (UEW), l’Union des classes moyennes (UCM) et la Confédération de la construction wallonne (CCW) n’ont pas masqué leur joie. Olivier Chastel leur a fait écho en expliquant ‘‘Notre priorité absolue c’est l’emploi’’, sur base de la promotion des flexi-jobs (lisez : précaires), du travail de nuit et autres e-commerce. Il n’a pas fallu longtemps pour que transparaissent dans les médias des appels à ‘‘modérer la taxation des entreprises’’, à limiter les dépenses des communes, ainsi qu’à instaurer un service minimum dans les transports en commun.

    Parmi la base syndicale et auprès d’une large couche de la population, l’inquiétude prévaut face à ce gouvernement régional qui promet les mêmes recettes indigestes qu’au fédéral. Elle doit devenir résistance. Dans celle-ci, le PTB pourrait jouer un rôle moteur. D’énormes possibilités s’ouvrent pour les travailleurs et la jeunesse pour autant qu’ils soient réunis et organisés autour d’une alternative politique combative large, ouverte et démocratique. Celle-ci devra activement mobiliser dans les quartiers, sur les lieux de travail et ailleurs afin de renforcer les syndicalistes les plus audacieux et désireux de ne laisser aucun répit aux partisans de l’austérité, d’où que viennent ces derniers. Le PSL soutiendra toute initiative allant dans cette direction.

  • Namur : la majorité communale sous pression populaire après l’interdiction de la mendicité

    mendicité Namur

    A la surprise générale, un règlement communal interdisant la mendicité dans le centre-ville de Namur pendant les mois d’été a été approuvé au Conseil communal du 29 juin dernier. En 2014 déjà, un premier texte avait fait scandale avant d’être recalé par le Conseil d’Etat. Trois ans plus tard, la majorité continue dans sa volonté de criminaliser la pauvreté, mais la mobilisation populaire a repris de plus belle.

    Rapport d’action par AOD, un sympathisant

    Suite au odieux règlement (voté à 25 voix contre 15, CHD-MR contre ECOLO-PS) abrogeant les derniers droits des mendiants pour subvenir à leurs besoins par l’aumône, une mobilisation populaire a ébranlé la ville de Namur ce 7 juillet 2017, poussant les représentants de la majorité à une rencontre ce lundi 10 juillet dès 9h30.

    Bien qu’ayant tenté de limiter l’accès de la salle aux seuls portes paroles, citoyens et membres d’une kyrielle d’organisations combattives (Lutte solidarité travail, Nuit debout Namur, Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, …) se sont frayés un chemin pour assister au débat, au côté de journalistes déjà sur place.

    Les silencieux Anne Barzin (MR-Echevine faisant fonction), Stéphanie Scailquin (CDH-Echevine de la cohésion sociale) et François Noël (ECOLO-Président du CPAS), au côté du volubile Maxime Prévot (CDH-Bourgmestre empêché et ministre wallon du budget) ont défendu leur règlement en avançant différents arguments relevant plus de la cosmétique que de la politique de fond :

    Premièrement, M. Prévot avance que le règlement permettrait soi-disant de combattre les comportements agressifs de certains mendiants. Ce constat est avancé par des rapports de police suite aux plaintes de certains commerçants. Cet argument tombe à l’eau dès lors que les comportements agressifs et l’état d’ébriété sur la voie publique sont déjà réglementés et prohibés. De plus, le risque d’actes violents monte en flèche lorsque que les dernières ressources d’un être humain lui sont enlevées. Le règlement risque donc d’induire plus de violence qu’il n’en évitera.

    Deuxièmement, toujours selon M. Prévot, le règlement viserait à combattre les réseaux de mendicité sévissant à Namur. Une judicieuse interpellation citoyenne durant le débat fit remarquer au bourgmestre empêché qu’aucune arrestation dans ce sens n’avait été faite à Namur. M. Prévot s’est contredit en rétorquant que la lutte contre les réseaux ne relevait pas de ses attributions et que, de surcroît, il n’avait pas accès aux bases de données de la police traitant ce genre d’information. Ainsi, M. Prévot s’arroge une compétence qui ne lui est pas attribuée et prend des dispositions sécuritaires sans même avoir d’informations pertinentes ! De plus, les mesures visant à criminaliser les premières victimes de ces réseaux sont inopérantes : interdire la mendicité ne permet pas de lutter contre la traite des êtres humains et contre les réseaux mafieux qui spéculent sur la dignité humaine.

    Troisièmement, CDH et MR assure que le règlement est issu d’un processus démocratique. Or, ils reconnaissent que le public cible directement concerné par la mesure, les mendiants, n’a pas été associé aux discussions. En fin de rencontre, la création d’un nouveau groupe de travail, incluant des mendiants, reconnaît implicitement que le premier groupe était illégitime et insuffisamment représenté.

    Outre le règlement, le débat a tourné autour de la fermeture annuelle des abris de nuit durant un mois, du 22 juillet au 22 août, à Namur. Soutenant que la fermeture annuelle de l’abri était due aux vacances annuelles de ses employés, M. Prévot s’est retrouvé face à ses contradictions lorsque que la foule lui rappela qu’il y avait bien assez de citoyens qualifiés ou non au chômage afin de pallier au manque d’effectifs. Une nouvelle fois, les politiques traditionnelles montrent leur complète incapacité à anticiper un problème récurrent : la fermeture annuelle d’un abri.

    Le débat s’est pourtant terminé sur quelques avancées mineures. Dorénavant, l’abri de nuit sera ouvert deux semaines durant son mois de fermeture. Sur proposition de la salle, un nouveau groupe de travail, augmenté de quatre nouvelles personnes, représentants citoyens et mendiants, sera constitué afin de rédiger un nouveau règlement. Enfin, le règlement sera assoupli durant un mois, permettant la mendicité dans certains endroits, durant la période de fermeture de l’abris.

    Malgré ces petites avancées obtenues à l’arrachée, un gel ou l’abrogation du règlement n’est hélas pas à l’ordre du jour. Pas plus que la réouverture d’un débat public par la convocation d’un Conseil communal extraordinaire.  Afin d’obtenir l’abrogation, de nouvelles actions ont eu lieu devant le parlement wallon le mardi 11 juillet ainsi que rue général Michel ce mercredi 12 juillet. Une nouvelle action prendra place ce samedi 15 juillet au marché de Namur.

    « Poor washing »

    Il n’est pas surprenant de constater que ce règlement hypocrite couvre la période du 1er juillet au 30 septembre, soit durant la période des soldes et des vacances. L’objectif est simple, masquer la pauvreté afin de ne pas effrayer les touristes. La volonté de la majorité de transformer Namur en centre touristique n’est plus à démontrer. Outre un centre commercial abritant des grandes marques qui ne payent pas leurs taxes, un funiculaire de 10 millions d’euro, sans compter l’entretien annuel de 3 millions, seront construits sans consultation populaire. Ces constructions de prestige ne résolvent pas les problèmes de fond et captent des fonds importants qui pourraient être réinvestis dans l’emploi et la construction de logements publics.

    La pauvreté est un problème global !

    La pauvreté n’est pas un délit. La mendicité est un symptôme des politiques néo-libérales promues depuis des décennies par les différentes coalitions gouvernementales qui ne cessent de ronger les acquis des citoyens par des politiques d’austérité. L’existence de la mendicité dénonce un capitalisme en désagrégation et des politiques destructrices.

    pauvretéSeule une politique socialiste prenant en compte les besoins de la population, et non pas ceux des banques et des marges de profit, permettra de faire disparaître la pauvreté et avec elle la mendicité. Seule l’action concertée et organisée de tous les citoyens, dans la rue, permettra de faire plier des institutions antidémocratique où les décideurs se réunissent en petits comités. Alors que des mesures hypocrites criminalisant la pauvreté sont mises en place, 20% des belges les plus riches détiennent 60% du patrimoine national contre 20% des plus pauvres qui n’en détiennent que 0,2%.

    Pendant que certains grands propriétaires ne savent plus quoi faire de leur argent et accumulent toujours plus de richesses, gaspillant les ressources et l’effort des travailleurs, le plan d’austérité communal reste d’application et frappe de plein fouet le travailleur moyen. Rappelons les grandes lignes du plan d’austérité annoncé par la majorité CDH-MR-ECOLO au début de leur législature :

    • Diminution de 14,5 % des dépenses de fonctionnement.
    • Non-remplacement des agents communaux, soit 123 emplois perdus.
    • Diminution de la marge de croissance et de la dotation des CPAS.
    • Diminution de la dotation de la zone NAGE et de la zone de police.
    • Diminution de 10% des subsides dévolus aux ASBL.
    • Augmentation de l’additionnel à l’IPP (impôt communal qui s’ajoute à l’impôt sur les personnes physiques) qui va atteindre les 8,5%.
    • Augmentation de la taxe sur les égouts.

    Combattons ensemble !

    Citoyens, soyez partisans ! Il temps de descendre dans la rue pour arrêter ces politiques destructrices. La section namuroise du Parti Socialiste de Lutte est prête à soutenir tout mouvement populaire en lutte contre l’austérité et la discrimination faite aux pauvres. Organisons des comités anti austérité ainsi que des manifestations pour arrêter la casse sociale. Ensemble nous sommes plus forts. Organisons-nous !

  • Le PTB, futur moteur de mouvements de masse ?

    Peter Mertens, président du PTB

    Même s’il ne s’agit encore que de sondages, le PTB/PvdA se trouve à l’aube d’une percée électorale historique. Un nouveau vent de gauche conséquente souffle enfin sur la Belgique. A l’échelle internationale, ce vent nouveau prend de l’ampleur depuis la grande récession de 2008, le détricotage de nos conquêtes sociales par les partis traditionnels ainsi que l’incapacité du capitalisme à promettre autre chose que des crises économiques, sociales, environnementales et humanitaires.

    Par Ben (Charleroi), article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Avec une approche large et ouverte, et sur base d’un programme réformiste de gauche radicale peut-être parmi les plus aboutis du moment, le mouvement qu’est la France Insoumise s’est rapidement construit un soutien, atteignant les 540.000 adhérents en un peu plus d’un an. Le Labour britannique, suite à l’élection de Jeremy Corbyn à sa direction sur base d’un programme anti-austérité, a été complètement transformé dans sa composition sociale. De moins de 200.000 membres en 2015, il est passé à 800.000 membres aujourd’hui de par l’afflux massif de gens ordinaires, principalement issus de la jeunesse, qui ont vu une opportunité de se débarrasser des blairistes (les partisans de Tony Blair) et de lutter pour un programme de gauche véritable. A l’échelle de la Belgique, une progression comparable équivaudrait à rassembler 90.000 personnes. Dans le contexte politique favorable au renouveau politique de gauche, il est tout à fait possible de construire une telle organisation/mouvement de masse voire d’aller beaucoup plus loin quand on sait l’implantation populaire qu’ont les syndicats dans notre pays.

    Le PTB pourrait jouer ce rôle moteur de reconstruction de la gauche politique. Mais pour atteindre un décuplement des forces militantes de gauche véritable, une dynamique plus ouverte sera nécessaire, faite de campagnes ciblées mais aussi de débats larges et publics sur le programme, les stratégies et les tactiques. De tels débats pourraient préparer les électeurs, électeurs potentiels, sympathisants et la population en général à la question de la prise du pouvoir, à comment y parvenir, à la riposte de l’establishment à laquelle il faut s’attendre et à la façon dont nous aurons à répliquer. Pour devenir massive, une telle dynamique nécessite peut-être de lâcher prise, de perdre un peu de contrôle au profit d’initiatives spontanées.

    En France, nous avons activement contribué à la campagne de la France Insoumise. Au Royaume-Uni, nous avons défendu le programme de gauche de Jeremy Corbyn. Nous avons fait de même dans de nombreux pays où s’est levé un nouveau vent de gauche, comme aux Etats-Unis avec Bernie Sanders. Nous comptons faire de même en Belgique avec le PTB. De nouvelles victoires pour le PTB seraient des victoires pour l’ensemble de la gauche en Belgique.

    Mais tout en soutenant ces dynamiques, nous continuerons d’avertir des dangers d’un programme qui laisse la gestion et le contrôle des secteurs clés de l’économie au secteur privé et à la logique de concurrence. L’histoire ancienne comme récente des gouvernements réformistes de gauche a systématiquement montré que ceux-ci sont très vite placés devant le choix de plier face aux attaques de la classe capitaliste ou d’adopter des mesures de plus en plus considérables. S’y préparer n’est pas un luxe, mais une nécessité.

    Le seul chemin permettant de s’assurer que l’économie ne fait pas face à une grève du capital, à de la spéculation boursière et monétaire, ou même à d’autres actes encore plus directs de sabotage et de déstabilisation économiques, ce serait qu’un gouvernement socialiste reprenne sous propriété collective les principaux moyens de production, de distribution et d’échange. Rien qu’en débutant avec l’ensemble des plus grandes entreprises du pays et en établissant un monopole sur le commerce extérieur, un gouvernement socialiste pourrait commencer à organiser l’économie de manière planifiée sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs.

    Nos tâches immédiates

    Bien sûr, un gouvernement des travailleurs n’est pas encore d’actualité en Belgique, il reste encore du chemin à parcourir. Ce chemin ne sera pas linéaire, les hauts et les bas, ainsi que les divers scénarios possibles dépendront de nombreux facteurs, comme par exemple le PS, qui bien qu’en pleine crise ne s’avoue pas encore vaincu. Cela dépendra aussi de l’attitude des syndicats et de l’ampleur de la pression de leur base pour couper les liens avec les partis traditionnels.

    Mais cela dépendra beaucoup de l’attitude du PTB lui-même. C’est une nouvelle période qui s’ouvre avec d’énormes possibilités pour les classes populaires et le PTB sera mis sous pression pour participer au pouvoir. Si la pire erreur serait de vouloir collaborer avec des partis qui appliquent l’austérité, il ne faudrait pas non plus que le PTB soit jugé responsable de l’instauration de coalitions de droite après les prochaines élections, qu’elles soient communales ou régionales.

    Une bonne partie de l’immense potentiel dont dispose le PTB et l’ensemble de la gauche politique, syndicale et associative dépendra de la manière dont le PTB acceptera d’être le moteur d’un mouvement de classe large, ouvert et démocratique – une sorte de front unique regroupant les membres du PTB et des non-membres autour d’objectifs communs – ou s’il préférera garder son attitude de contrôle strict qui risque de jouer un rôle de frein. Tout dépendra aussi de l’approche politique du PTB. Le parti s’efforcera-t-il essentiellement de devenir acceptable face aux partenaires de coalition à venir ou alors décidera-t-il de défendre avec audace une alternative combative reposant sur les intérêts de la majorité de la population en expliquant clairement que cette alternative s’appelle le socialisme ?

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