Your cart is currently empty!
Category: Jeunes
-
27 mars : manifestation antifasciste à Gand. Votre place est à nos côtés !
Le 27 mars, l’association d’extrême droite NSV (Nationalistische Studentenvereniging, association des étudiants nationalistes) prévoit une marche à Gand sur le thème de la « remigration ». L’organisation prévoit de rassembler des centaines de fascistes et de néo-nazis qui crieront des slogans racistes et sexistes dans les rues. L’appel du NSV témoigne du regain de confiance en soi de l’extrême droite. Il s’agit de l’appel fasciste le plus flagrant depuis des années.
par Kenzo (Gand)
Des théories du complot à la violence
Le Vlaams Belang et ses associations étudiantes néo-fascistes diffusent depuis un certain temps déjà la théorie du complot du « grand remplacement ». Il y a quelques années, la figure de proue du Vlaams Belang Filip Dewinter (ancien membre du NSV) a publié un livre sur ce « grand remplacement ». Le KVHV (association cercle des étudiants catholiques), une autre organisation d’étudiants d’extrême droite qui sera également présente à la marche du NSV, a ensuite organisé une conférence au cours de laquelle Dewinter a été invité à parler de son livre.
Lorsque le KVHV a voulu organiser cette conférence dans le Blandijn, la faculté des langues et de philosophie, un appel a immédiatement été lancé pour bloquer le campus et empêcher la tenue de telles conférences haineuses. Le KVHV a été contraint de déplacer sa conférence vers un autre lieu.
La théorie du complot sur le « grand remplacement » affirme que la population « flamande » est remplacée par des personnes migrantes et que ce phénomène ne peut être arrêté que par des déportations massives. C’est ce qu’ils appellent la « remigration ». Lorsque l’AfD allemande et des néo-nazis comme l’Autrichien Martin Sellner ont organisé un meeting pour discuter de leur projet d’expulsion de millions de personnes, des manifestations de masse ont eu lieu. Sellner n’est plus autorisé à entrer en Allemagne, mais il a déjà été invité à une réunion du NSV.
Aujourd’hui, le NSV organise une manifestation en faveur de la « remigration ». Cette théorie constitue la base idéologique sur laquelle l’extrême droite s’appuie pour conclure que toutes les personnes migrantes devraient être expulsées. Il s’agit d’une incitation à la violence raciste.
Trump et la dictature des milliardaires
L’élection de Trump marque un nouveau tournant dans la position de l’extrême droite à l’échelle internationale. Trump souhaite mettre fin à la « citoyenneté de naissance ». Les enfants de millions de personnes migrantes seraient ainsi criminalisés. En outre, il a annoncé vouloir en expulser 11 millions. Les personnes sans-papiers vivent désormais dans la peur. À tout moment de la journée, avec leurs familles, ils et elles peuvent être rassemblé.es et expulsé.es. De cette façon, on les a complètement exclu.es de la vie publique aux États-Unis, dans l’illégalité et la clandestinité totales. Cela revient à les avoir poussé.es dans la dépendance totale des personnes qui les emploient de façon non déclarée. Les plus riches qui profitent de ce travail au noir se frottent les mains face à ce travail incroyablement bon marché, où la personne qui travaille n’a aucun droit et est prête à tout accepter, car la menace d’expulsion plane constamment au-dessus de sa tête.
Trump inscrit le déni de la non-binarité dans la loi et refuse aux individus l’accès à des soins pour l’affirmation du genre. Il a promis de « tenir les hommes à l’écart des sports féminins » et de refuser les fonds de Medicare et de Medicaid aux hôpitaux qui fournissent des soins pour l’affirmation du genre aux mineurs. Les écoles perdront leurs subventions si elles sont accusées de « promouvoir l’idéologie du genre », et les enseignant.es seront pénalisés.
Ces mesures discriminatoires sont exactement ce dont la droite a besoin pour créer un bouc émissaire. Pour eux, ce sont les « woke » qui sont responsables de la dégradation du monde. Pendant ce temps, Trump lance des attaques sévères contre la classe travailleuse. Il le fait avec son cabinet de milliardaires. Elon « salut hitlérien » Musk, ainsi que d’autres milliardaires, veulent mettre en œuvre des réductions de 2000 milliards de dollars. Où pensent-ils trouver cette somme ? Principalement dans la sécurité sociale, Medicare et Medicaid.
L’Arizona dans le sillage du trumpisme
Certaines des mesures antisociales que Trump veut mettre en place sont similaires à celles du nouveau gouvernement belge. La coalition Arizona dirigée par Bart De Wever veut principalement réaliser des économies dans la sécurité sociale, notamment en augmentant l’âge réel de la retraite, en réduisant les pensions et en pénalisant les malades de longue durée et les chômeurs.
Ce n’est pas un hasard si Bart De Wever a écrit, il y a quelques années, le livre « On Woke ». Le Premier ministre y affirme que le terme « woke » est synonyme d’« autodestruction irrationnelle du système économique et de la science de l’Occident ». En bref, ce n’est pas la soif de profit des super-riches et l’inégalité croissante qui en découle qui mènent aux problèmes économiques, mais le fait qu’il y ait des personnes qui s’opposent activement au racisme, au sexisme et à tout ce qui nous divise. Soupçonner toute opposition à l’oppression ne fait qu’entretenir l’inégalité.
Quels sont les objectifs du NSV ?
Le NSV affirme vouloir mobiliser principalement des étudiant.es. Il cherche à faire croire que ses idées bénéficient d’un large soutien. Cela devient bien sûr plus facile grâce aux scores élevés du Vlaams Belang lors des dernières élections.
De telles manifestations constituent toujours un test pour l’extrême droite. Outre une stratégie électorale, l’extrême droite cherche également à constituer des forces dans les rues. Celles-ci servent de troupes de choc pour renforcer la politique de haine et de division et faire taire toute opposition. Les manifestations du NSV servent toujours à tester jusqu’où l’extrême droite peut aller, à évaluer l’opposition et à renforcer la confiance en soi de ses partisans. Cela devrait conduire à ce que les paroles soient suivies d’actes (violents).
En outre, la manifestation du NSV poursuit trois objectifs directs : (1) orienter le débat public sur la remigration, (2) donner l’impression que la population étudiante gantoise soutient la remigration, et (3) provoquer et démontrer sa force dans le quartier étudiant et l’Overpoort en particulier, comme prélude à une future agression.
Si le NSV peut simplement manifester et descendre ensuite dans les cafés de l’Overpoort, cela pourrait amener les médias à présenter l’événement comme une manifestation « étudiante » en faveur de la remigration, légitimant ainsi les raisons invoquées par l’extrême droite. Une telle présence dans le quartier étudiant fait que de nombreux jeunes ne se sentent pas en sécurité lorsque des fascistes ivres portant des drapeaux flamands hurlent des slogans racistes et sexistes dans l’Overpoort. Si les organisations et individus d’extrême droite se sentent renforcés, ils n’hésiteront pas à transformer leur haine en violence physique.
No Pasaran !
Une manifestation dynamique pour la solidarité et contre le fascisme est la seule chose qui puisse stopper cela. En manifestant avec les antifascistes, le NSV ne pourra pas s’approprier toute l’attention des médias pour diffuser un appel à des déportations massives. De plus, une manifestation antifasciste garantit une mobilisation active, surtout parmi les étudiant.e.s, pour répondre à la haine et à la division. Il est crucial que la manifestation antifasciste traverse le quartier étudiant pour empêcher l’extrême droite de prétendre représenter les étudiant.e.s, mais aussi pour empêcher les fascistes d’y pénétrer.
Certains événements récents, survenus à la suite de plusieurs marches fascistes au niveau international, montrent qu’une augmentation de la violence n’est pas simplement un « scénario catastrophe », mais bien un effet immédiat de la normalisation de l’extrême droite, de son influence politique croissante et de sa plus grande confiance en soi. À Paris, 20 néonazis ont attaqué des militant.e.s dans un centre culturel kurde, utilisant des bouteilles et des couteaux. Ils ont ensuite défilé dans les rues en criant « Paris est nazi ».
La montée de l’AfD en Allemagne a été accompagnée d’actions d’extrême droite de plus grande ampleur, suscitant à chaque fois des contre-manifestations de plus en plus importantes. Juste avant les élections, 300 000 personnes ont manifesté dans la seule ville de Berlin contre les marches de haine fasciste et la montée de l’AfD. Sur la base de la protestation antifasciste, Die Linke a d’ailleurs connu une croissance remarquable.
Ces dernières années, nous avons enchaîné les crises, passant d’une catastrophe politique à une autre catastrophe humanitaire. Le génocide impuni des Palestinien.ne.s se poursuit, inspirant Trump à vouloir transformer Gaza en un projet immobilier. Les victoires électorales de l’extrême droite aux États-Unis, en France et en Allemagne normalisent le racisme, le sexisme et la queerphobie dans la société, entraînant une augmentation de la violence et de la haine. Les héritiers du fascisme sont de retour. En Belgique, le cordon sanitaire a été brisé et le Vlaams Belang a pris le pouvoir au niveau local pour la première fois. Aujourd’hui, les combattants de rue du NSV tentent d’envahir les rues de Gand. Nous disons : No Pasarán !
Le 27 mars, manifestez avec nous contre les fascistes ! 18h30 Rabotpark Gent
https://www.facebook.com/events/1467999690827559

-
8 mars : lutter en tant que jeunes
Avec des discours alimentant les stéréotypes de genre, accompagnés d’une radicalisation des jeunes, souvent influencés par des figures politiques et médiatiques qui minimisent ou banalisent les inégalités de genre et les discriminations, les jeunes sont les premières cibles du backlash présent sur les réseaux sociaux.
par Laurine (Liège)
Particulièrement sur TikTok, réseau social le plus à la mode aujourd’hui, la « trend » des tradwives a pris une grande place dans nos pages d’accueil : des femmes au foyer, qui se filment en train de faire le ménage, de cuisiner, de s’occuper des enfants, racontent leur journée, sur un fond musical attrayant.
Ce mouvement vend aux jeunes un mode de vie plus sain, sans prise de tête, en trouvant source dans la pseudo-nostalgie du « c’était mieux avant ». Malheureusement, celui-ci n’est pas aussi beau qu’il ne veut le faire croire. Ces fameuses tradwives sont anti-féministes, lgbtqia+phobes et anti-avortement. Pour celles-ci, le féminisme ne fait qu’alourdir la charge mentale des femmes. Ce n’est qu’en se concentrant sur leur foyer qu’elles pourraient s’épanouir.
Un exemple frappant est celui de l’influenceuse Hanéia Maurer. D’abord participante d’une émission de télé-réalité, la jeune femme a décidé de partir aux États-Unis, afin de « retrouver le droit chemin », dans la secte des Mormons. Dans ses vidéos, elle affirme avoir trouvé un foyer simple, un retour aux sources, loin d’un milieu capitaliste dans lequel elle était aliénée. Sous ses vidéos, les commentaires font froid dans le dos : souvent des jeunes, de 13-14 ans en majorité, écrivent leur envie d’elleux aussi, changer de vie et retrouver cette simplicité, et insistent sur le fait qu’être dans une secte, ne pourrait être « pas si mal que ça ».
En parallèle, la recrudescence de propos masculinistes sur les plateformes est tout aussi inquiétante. Avec Andrew Tate comme figure de proue, nombreux sont les influenceurs mettant en avant le mythe du « mâle alpha » et du « self made man », prônant un mode de vie capitaliste et misogyne. Ces hommes se basent sur des faits historiques fallacieux, afin rendre nécessaire un besoin de retour aux valeurs traditionnelles du foyer et de la femme soumise. Beaucoup ont recours à des micros-trottoirs, en abordant la question du « body- count » (nombre de partenaires sexuels) des femmes, de leur poids et de leur physique, dénigrant celles ne rentrant pas dans leurs critères de perfection. Ce phénomène venu des États-Unis s’implante de plus en plus chez les jeunes hommes en quête d’identité, assommés par des tutoriels ou des guides.
L’essor de ces deux pôles prenant le contrôle des réseaux sociaux témoigne d’une extrême droitisation inquiétante des jeunes générations. Ces courants, qui prônent des idéaux conservateurs et misogynes, véhiculent l’idée que le capitalisme pourrait être un refuge face à une société jugée trop complexe ou aliénante. Les influenceurs qui véhiculent ces messages séduisent souvent les jeunes en leur proposant une vision simplifiée et idéalisée du retour à des rôles traditionnels. Cependant, derrière cette façade, ces discours alimentent une vision dégradante des femmes et contribuent à la radicalisation des jeunes hommes vers des valeurs de domination et de soumission.
Face à cette dérive idéologique, il est capital de mettre en avant le fait qu’il est nécessaire de repenser en profondeur les fondements de notre société. Le 8 mars est un jour essentiel pour montrer notre unité face à l’injustice et aux inégalités persistantes. Loin des pièges idéologiques d’un capitalisme qui nourrit ces discours destructeurs, une transformation sociale plus profonde est la seule voie vers un avenir véritablement égalitaire.
-
Solidarité dans l’action contre l’épidémie de soumission chimique et de violence sexuelle !
Le 14 novembre, il a été révélé que sept femmes ont été victimes de “spiking” à Courtrai, c’est-à-dire l’administration délibérée de substances sans consentement. À chaque fois, les sept victimes ont commandé une boisson, après quoi elles ne se souviennent de rien. Le lendemain, à leur réveil, elles ont constaté des preuves d’agression sexuelle. Le nombre connu de victimes dans le quartier festif de Courtrai s’élève entre-temps déjà à 16.
Réaction d’une conseillère de victimes de traite des êtres humains
De manière absolument choquante, au moins une victime a été détenue par la police pour “ivresse sur la voie publique” après avoir été retrouvée par la police après son viol ! C’est parfaitement illustratif de la façon dont les surivivantes de violences sexuelles doivent faire face non seulement aux auteurs, mais aussi à la police, qui suit une logique sexiste et répressive. Le parquet de Courtrai, relayé par divers médias, a déclaré : “Les filles devraient faire plus attention à leur consommation d’alcool si elles veulent éviter les rapports sexuels non désirés.” Nous demandons justice pour toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles et la fin de la normalisation de la violence sexuelle perpétuée par cette société capitaliste !
Dans ses recherches sur le phénomène de la soumission chimique, l’Institut National de Criminalistique et de Criminologie (INCC) indique que l’alcool est la drogue la plus répandue dans les cas de soumission chimique. Le plus souvent, les victimes sont délibérément rendues ivres avant d’être agressées ou violées. L’administration de stupéfiants peut se faire par l’intermédiaire d’une boisson, d’une aiguille ou même par inhalation à l’aide d’un ballon, d’un vaporisateur, d’une cigarette ou d’aliments. Au cours des deux dernières années, par exemple, des dizaines de cas de “needle spiking” (soumission chimique par aiguille) ont été signalés: lors d’événements publics, y compris la Pride, les victimes ont soudainement ressenti une piqûre.
Étant donné que les substances telles que le GHB, la kétamine et le rohypnol ne sont détectables que pendant 24 heures ou quelques jours tout au plus, et que les victimes n’osent souvent pas porter plainte ou seulement plus tard, les traces sont presque toujours perdues. Le gaz hilarant n’est même pas détectable. Après plusieurs jours, un échantillon de cheveux est le seul moyen de détecter les drogues, mais cela ne peut se faire que sur ordre d’un juge d’instruction dans le cadre d’une enquête criminelle.
Par la suite, les victimes peuvent encore être ignorées par les autorités censées les protéger. Je connais par exemple le cas d’un juge d’instruction qui a classé l’affaire d’une mineure placée sur une plateforme de travail sexuel par des “loverboys”, en déclarant que la jeune fille de 15 ans “est de toute façon une pute” parce qu’elle s’est offerte en ligne. Le fait que cette mineure ne se souvenait pas des photos prises d’elle a été écarté, tout comme le fait qu’un.e mineur.e de 15 ans ne peut pas légalement consentir à la prostitution.
Le “spiking” est le moyen ultime pour priver les victimes de violences sexuelles de leur autodétermination. L’absence de souvenirs engendre alors beaucoup de peur, de honte et de culpabilité. En cas de procès, la défense de l’agresseur pourra même profiter de ces trous de mémoire et tenter de mettre en doute la crédibilité de la victime.
Ces expériences négatives et traumatisantes répétées avec des institutions qui devraient protéger les victimes augmentent la probabilité d’un SSPT (syndrome de stress post-traumatique). L’État de droit dans une société capitaliste ne fonctionne pas pour protéger les victimes, il s’agit d’un système bourré de sexisme et consitué d’obstacles bureaucratiques et de décisions arbitraires. Le verdict dépend essentiellement des croyances personnelles des flics, des juges et des procureurs. C’est un juge qui décide si un incident est considéré comme une soumission chimique et non la victime ou le consultant médico-légal et l’institut de toxicologie. Je connais au cas d’un policier qui avait trouvé une jeune fille mineure au lit avec un adulte et n’ait pas signalé de crime sexuel. Quand il a été interrogé à ce sujet par des travailleurs sociaux, il a répondu : “La fille avait l’air mature avec ses cils et son maquillage; je ne peux rien reprocher à Monsieur”.
L’existence de la violence sexiste et sexuelle dans la société est indéniable et omniprésente. Un échantillon national représentatif de la population de 2021 montre que près de 80% des femmes sont victimes de violences sexistes et sexuelles au cours de leur vie. Les victimes de viols représentent 16%. Le risque est environ deux fois plus élevé chez les non-hétérosexuels que chez les personnes qui s’identifient comme hétérosexuelles. Parmi les homosexuels, 48% sont victimes de violences sexuelles, dont 5% de viols. Ce n’est pas pour rien que presque toutes les jeunes filles sont aujourd’hui mises en garde contre le danger de la soumission chimique. Alors que tout le monde semble connaître le problème, le parquet de Courtrai déclare que c’est “la première fois” qu’il “traite le phénomène de la soumission chimique à une si grande échelle”.
Il est temps de mettre fin à ce cercle vicieux de la culpabilisation des victimes et de la violence: dans la société, dans les tribunaux, dans les communautés et les familles. Nous exigeons davantage de ressources pour le conseil et la prévention des victimes de violences sexistes et sexuelles. Ainsi, nous défendons un investissement public important dans les refuges, les Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) et les lignes téléphoniques d’urgence pour soutenir chaque victime. En tant que féministes socialistes, nous luttons pour une société qui mette fin à l’exploitation, y compris l’exloitation sexuelle, de l’ensemble de la classe travailleuse et où le racisme, le sexisme et l’oppression appartiendront au passé.
-
Cordon sanitaire rompu à Ranst: le Vlaams Belang au secours de la vieille culture politique
À Ranst (province d’Anvers), la vieille culture politique a repris la main après avoir été sanctionnée pour conflit d’intérêts en 2018. Pour continuer à dérouler le tapis rouge aux promoteurs immobiliers, les forces politiques sanctionnées n’ont pas hésité à ouvrir la porte au Vlaams Belang. Selon le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, mettre en difficulté les arrivistes et opportunistes accrochés au pouvoir serait la raison d’être de sa carrière politique. Anti-établissement ? Anti-corruption ? Ce sont des slogans bons pour les élections, rien de plus. Une fois les élections passées et sans imposer la moindre condition, le VB se retrouve à visage découvert face à l’establishment précédemment soupçonné de corruption.
Article extrait de blokbuster.be
La politique de clocher
En 2018, la coalition Open VLD / CD&V avait été rejetée par les électeurs de Ranst. Des rumeurs persistantes de conflits d’intérêts avaient tué l’ancienne administration. L’ancien bourgmestre Lode Hofmans, par ailleurs homme d’affaires actif dans l’immobilier et les assurances, a pris ses distances avec son parti, l’Open VLD, en 2019 en raison des nombreuses accusations.
C’est son opposition à l’ancienne administration qui a valu à la N-VA de remporter les élections de 2018. Le parti avait notamment souligné qu’au cours de la législature 2012 / 2018, l’échevin Vermeesch (Open VLD) a dû quitter 192 des 223 sessions du conseil communal en raison d’un conflit d’intérêts ! Le bourgmestre Hofmans avait dû faire de même pour 52 séances.
Ces liens assez étroits entre le secteur immobilier et l’administration communale ne sont pas une exception à la règle. Actuellement, cette question fait également l’objet de nombreuses discussions dans la commune de Boechout. Dans la périphérie d’Anvers, la pression pour la construction d’appartements supplémentaires est très forte. La population vieillit, les centres-villes offrent des possibilités d’appartements coûteux et le secteur immobilier cherche à faire des bénéfices.
Mais que la N-VA se permette de dénoncer ça, c’est tout de même très hypocrite. A Anvers, l’empereur de la N-VA Bart De Wever ne cache pas sa fierté d’entretenir d’excellentes relations avec ce secteur. Après tout, les constructions à faire ne manquent pas, selon lui. A Boechout, la N-VA est intervenue depuis Anvers pour faire taire la section locale qui s’opposait à trop de projets.
Cette atmosphère d’entre-soi a alimenté un mécontentement qui a profité à la N-VA et surtout à Groen en 2018. Ils ont ensuite formé une coalition ensemble. Le véritable changement espéré n’a pas eu lieu, ce qui a donné l’occasion aux vieux crocodiles de revenir.
L’ancienne administration composée d’anciens libéraux et du CD&V s’est métamorphosée. Les anciens noms de partis ont disparu et un nouveau projet a été lancé : PIT. Le fait que quelques membres de l’Open VLD se soient présentés avec leur propre liste sous le nom de « Vrij Ranst » n’a pas empêché cette liste de devenir la première force électorale avec 34%. C’est à peu près la même chose que l’Open VLD et le CD&V combinés en 2018, mais un siège supplémentaire, car les grands partis ont un avantage avec le système électoral communal. En outre, Vrij Ranst a gagné 3 sièges. La coalition communale N-VA / Groen a perdu respectivement 3 et 2 sièges.
Une coalition entre PIT et la N-VA était l’option la plus logique au vu des résultats. Cependant, les querelles personnelles ont pesé lourd. Pour garantir les bénéfices des sociétés immobilières amies, les élus locaux libéraux et démocrates-chrétiens n’hésitent pas à faire de Ranst la première commune où le cordon sanitaire est rompu. Peut-être comptent-ils sur Christel Engelen, échevine du Vlaams Belang, pour être suffisamment docile pour ne pas se mettre en travers du chemin.
Le VB se débarrasse de son masque anti-establishment
Parler, lors des campagnes électorales, de lutte contre la corruption et se présenter comme un outsider s’opposant à l’establishment est une chose. La réalité est bien différente. La position du Vlaams Belang à Ranst le démontre une fois de plus. Puisque la propagande sur la rupture du cordon sanitaire est plus importante pour ce parti, aucune condition n’est fixée pour former une majorité. En ce qui concerne la répartition des postes, le fait que le VB ne dispose que d’une seule échevine n’est pas important, il est cependant vrai qu’un vrai candidat pour un deuxième poste d’échevin n’existait pas vraiment à Ranst. Soutenir de vieux crocodiles libéraux et démocrates-chrétiens – qui étaient même incapables de se présenter sous le nom de leur propre parti en raison de leur passé – ne pose aucun problème à la bande de Van Grieken. Ils en sont même fiers.
Le VB critiquera-t-il les « amis de l’immobilier » ? Il y a peu de chances. Des journalistes du site d’information Apache ont clairement démontré où se situe le VB. Le promoteur immobilier anversois Erik Van der Paal a invité De Wever au restaurant étoilé ‘t Fornuis. Apache avait alors filmé leur arrivée au restaurant et les images avaient ensuite été publiées quelques semaines plus tard sous le dossier “Le promoteur immobilier préféré de Bart De Wever”. Mais Van der Paal est tout aussi à l’aise avec le Vlaams Belang. L’épouse de Gerolf Annemans a travaillé comme secrétaire à ses côtés. Lors du vote sur l’immunité parlementaire d’Alain Mathot (PS), un important partenaire commercial de Van der Paal, en 2016, Dewinter et son assistant anversois de l’époque, Penris, ont soudainement dû faire une pause pipi urgente, ce qui les a empêchés de voter. Le Vlaams Belang n’avait même pas beoin d’être au pouvoir quelque part pour soutenir ceux qui y sont.
Un danger pour la population
Beaucoup d’habitants de Ranst estiment que la participation du Vlaams Belang à l’administration locale ne sera pas très remarquée. Avec 3 sièges au conseil communal et bientôt une échevine, son poids est en effet limité. Mais imaginez que vous soyez un demandeur d’asile et que vous vous retrouviez dans le centre d’hébergement de Fedasil à Broechem (un quartier de Ranst) avec un conseil communal hostile. La section locale du VB n’est cependant pas opposée aux personnes migrantes en toutes circonstances : elles sont les bienvenues pour travailler dans les fermes et exploitations fruitières pour des salaires de misère. Mais soyons clairs : le VB au pouvoir signifie la normalisation de l’extrême droite et du profond racisme qui est dans son ADN.
Le soutien du VB aux décideurs politiques de l’ancienne administration agravera l’impact des promoteurs privés et des sociétés immobilières qui font grimper les prix. Le nouveau conseil communal veut déjà supprimer un projet de logements sociaux à Emblem « parce qu’il est trop grand ». L’ancien bourgmestre Lode Hofmans s’est personnellement rendu à une réunion de quartier pour mener l’opposition à ce projet. Lorsqu’ils étaient au pouvoir, ces politiciens prenaient rarement des initiatives en faveur du logement social, ce qui leur a même valu des remarques de la part du gouvernement flamand, qui est loin d’être champion en la matière. Pour les libéraux, les chrétiens-démocrates et maintenant l’extrême droite, faire baisser les loyers par ce biais n’est tout simplement pas une option.
Cette immonde coalition illustre jusqu’où sont capables d’aller les vieux politiciens, mais aussi à quel point le Vlaams Belang est capable de se mettre à plat ventre. La nouvelle administration communale sera faite d’un mélange d’extrême bienveillance envers les promoteurs immobiliers et de racisme exacerbé pour les personnes du centre d’asile de Ranst.
Dans les semaines et les mois à venir, la situation à Ranst sera suivie de près, y compris par nous. Nous nous préoccupons du sort des personnes hébergées dans le centre d’asile, des jeunes qui ne trouvent pas de logement abordable, des personnes victimes de racisme, du manque de services de proximité pour la population et nous nous opposons à l’impact du secteur immobilier. Vous habitez à Ranst ou dans ses environs et vous voulez agir ? Commencez par porter le triangle rouge, symbole de la résistance au racisme et au fascisme. Commencez à parler aux gens de votre quartier. Suivez la politique locale à Ranst. Participez aux actions nationales contre les politiques antisociales qui nous sont proposées. Nous sommes prêts à soutenir les actions et les campagnes antifascistes dans la région à la mesure de nos moyens.
-
La solidarité, pas la haine. Manifestation antifasciste contre Voorpost
Samedi 21 septembre. 14h De Coninckplein Anvers
Contre qui manifestons-nous?
Le 21 septembre, Voorpost manifestera à Anvers pour de la « remigration » (=déportations de masse) et contre le « grand remplacement » (une théorie de conspiration des nazis).
Voorpost est le « service d’ordre » du Vlaams Belang. Il veut importer ici les émeutes racistes de cet été en Grande-Bretagne. Le 30 juin, ils ont fait une descente dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Zutendaal (Limbourg). Ils ont intimidé les familles (des enfants inclus) présentes à l’aide de fusées éclairantes et de bombes fumigènes.
Un incendie a effectivement été déclenché dans un futur centre d’asile à Bilzen en 2019. L’homme arrêté, soupçonné d’incendie criminel, était un dirigeant local du Voorpost et actif au sein du Vlaams Belang à Zutendaal au moins jusqu’en 2006.
Pourquoi protestons-nous?
Contre la haine de l’extrême droite, nous lançons un message fort de solidarité. Ce faisant, nous nous opposons également au terreau du VB.
La solidarité signifie aller à l’encontre du système qui accroît les inégalités et les problèmes sociaux. Nous nous organisons pour protester en faveur d’une société qui ne laisse personne de côté.
Nous sommes solidaires des réfugiés, des migrants, de tous ceux qui subissent le racisme, et de la protestation contre le génocide à Gaza.
Nous sommes favorables à un investissement massif dans les ressources publiques : logements sociaux, services publics (tels que l’éducation, les soins de santé, les transports publics) et formation des enseignants (pour lutter contre le sexisme, le racisme et la LGBTQIA+phobie et mettre l’accent sur l’inclusion du genre), ainsi qu’à une augmentation du salaire minimum à au moins €17 de l’heure.
Qui organise cette manifestation?
Nous sommes des antifascistes (bien ou non) associés à diverses organisations. Le 25 avril, nous avions organisé ensemble une manifestation à Anvers contre une marche du club étudiant d’extrême droite NSV.
Nous sommes ouverts à tous ceux qui reconnaissent notre approche.
-
Le progrès s’arrache par la lutte! Rapport des occupations de campus
Ce n’est qu’en nous mobilisant que nous pouvons stopper le génocide en Palestine !
Lorsque les universités les plus importantes du pays ont été occupées au début du mois de mai, peu de gens auraient imaginé que les actions allaient durer jusqu’à la fin du mois de juin. Mais ce fut le cas. Avec des victoires non négligeables en bout de course. Ce dossier regroupe les témoignages de plusieurs occupant⸱es, la manière dont iels ont vécu ces dernières semaines et les leçons qu’iels en ont tirées. Une chose est d’ores et déjà acquise : le combat continue. C’est malheureusement nécessaire.
Par Arne Lepoutre
Comment tout a commencé
C’est à la mi-avril que Johnny ( “nom d’activiste” de l’un⸱e des occupant⸱es) a reçu sa première notification sur son smartphone concernant les manifestations étudiantes aux États-Unis. “Des dizaines d’étudiants américains ont été arrêtés lors de manifestations pro-palestiniennes. Plusieurs centaines d’étudiants campent depuis plusieurs jours à l’université Columbia à New York. Ils exigent que leur université prenne ses distances avec les entreprises ayant des liens avec l’État israélien.” À l’époque déjà, une occupation était aussi prévue à Gand par “Gent Students for Palestine” et “End Fossil”. Le fait que cela devienne soudainement un mouvement international était une bonne surprise! Le mouvement aux États-Unis montrait tout le potentiel de telles initiatives.
En quelques jours, “comment arrêter le génocide” devint le sujet central de l’actualité mondiale. Moins de trois semaines plus tard, malgré les brutalités policières, des manifestations étudiantes étaient en cours dans 45 des 50 États américains ! Des occupations, des camps de tentes, des débrayages et des sit-in ont lieu sur 140 campus. Malgré la criminalisation de la protestation, ces actions constituaient une véritable démonstration de force, avec des victoires à la clé. L’université d’État de Portland (PSU) a ainsi annoncé le 28 avril qu’elle rompait ses liens avec Boeing en raison des relations de cette entreprise avec l’État d’Israël.
Une génération internationale
L’extension des occupations de campus hors des États-Unis à la fin du mois d’avril fut une victoire au moins aussi importante. Le phénomène est désormais bien connu. Que des jeunes manifestent quelque part dans le monde et d’autres leur emboitent le pas spontanément ailleurs. Constantin, l’un des occupants liégeois, espère que dans la période à venir, le plus grand nombre d’occupant⸱es possible, y compris au niveau international, se mettront en contact les un⸱es avec les autres. “Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de la solidarité internationale. Elle renforce la lutte pour la libération de la Palestine, mais elle est aussi indispensable pour lutter contre d’autres injustices.”
Constantin et d’autres jeunes membres du PSL ont pris l’initiative, à plusieurs reprises au cours du mouvement, de se réunir entre occupant⸱es de différentes universités. Cela leur a permis de discuter des développements sur chaque campus, mais aussi de réfléchir à l’action commune à mener, un aspect parfois resté absent dans le mouvement. Lors de l’une de ces réunions en ligne, iels ont entendu les expériences de Daragh, un étudiant irlandais de Belfast, qui a parlé des actions menées dans son université ainsi que de l’occupation de l’université Trinity à Dublin, où une victoire a été remportée le 6 mai. Cette université a décidé de ne plus investir dans les entreprises israéliennes figurant sur la “liste noire” du Conseil des Droits Humains des Nations unies. Arracher une victoire est donc bien possible! Cela a immédiatement déclenché une vive discussion sur la manière de franchir cette étape en Belgique également.
L’État et la révolution
Mardi 7 mai. La police fait une descente à l’université d’Amsterdam. La colère est grande dans les différentes occupations, mais aussi le questionnement. “Qu’est-ce qu’on fait quand la police envahit tout d’un coup l’université?” Jonas, un occupant de Liège, explique comment lui et d’autres occupant⸱es ont défendu le fait que “plus nous sommes nombreux⸱ses, plus il devient difficile pour l’État d’utiliser son appareil de répression.” C’est une autre raison pour laquelle les groupes de travail “Recherche” de chaque faculté sont essentiels : ils permettent de persuader d’autres étudiant⸱es de rejoindre la lutte, de tisser des liens avec le personnel, mais aussi de construire un réseau à l’extérieur des universités, qui peut être déployé pour augmenter le rapport de force.
La répression est un sujet qui est souvent revenu sur table. C’est intimidant, et c’est précisément la raison pour laquelle les discussions de groupe à ce sujet sont si essentielles. “Pourquoi la police fait-elle toujours littéralement face aux activistes ?” La brutalité policière rappelle à certains ce que plusieurs occupants anversois ont vécu quelques mois plus tôt lors des actions de Code Rouge. Les policiers s’étaient alors déchaînés sur des militant⸱es pacifiques qui voulaient occuper l’aéroport de Deurne pour dénoncer la pollution des ultra-riches et de leurs jets privés. C’est le genre d’expériences que l’on préférerait ne pas vivre, mais qui façonnent notre vision du monde. Milan, l’un des occupants d’Anvers, raconte : “Voir les brutalités policières vous amène à des conclusions comme celle que Lénine a tirée dans son célèbre livre L’État et la révolution. À savoir que l’État est en fin de compte un groupe d’hommes armés qui protège la classe dirigeante de la classe opprimée lorsque celle-ci se rebelle.”
Beaucoup de répression, pas de justice
La répression a également été utilisée en Belgique, moins brutalement qu’ailleurs toutefois en raison du large soutien de l’opinion publique. L’un des occupants de Gand raconte: “Après la victoire historique, le recteur s’est rendu au tribunal avec une requête unilatérale d’expulsion. Celle-ci a été refusée par un juge de paix au motif que les étudiant⸱es avaient le droit de manifester et qu’ils et elles n’avaient pas perturbé les activités d’enseignement dans le bâtiment Refaat AlAreer (le nouveau nom que les activistes ont donné au Forum universitaire UFO) par leur action de protestation. Malheureusement, ce verdict a été annulé par la Cour d’appel sur la base de mensonges. Des mythes islamophobes et racistes ont été créés pour discréditer l’occupation. Sans aucune preuve, on a prétendu que l’occupation avait provoqué une augmentation des comportements transgressifs et des vols.”
L’université et les tribunaux se sont discrédités en utilisant le racisme et le mensonge pour refuser aux étudiant⸱es et au personnel le droit de manifester. Le recteur et la direction ont intimidé le personnel et les représentant⸱es du personnel en les menaçant de sanctions. Emilie, occupante et membre du personnel de l’UGent, pense qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence. “La victoire des étudiant.es et du personnel est historique et montre que la lutte offensive est payante. C’est pourquoi le recteur tente maintenant de lancer la contre-offensive. Il s’agit d’effrayer les futurs militant⸱es pour qu’iels ne suivent pas les traces de cette lutte historique.”
Personnel et étudiant⸱es: plus fort⸱es ensemble
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce mouvement est historique. Il suffit de regarder les dizaines de victoires qui ont été remportées. Dans presque toutes les universités, comme la VUB et l’ULB, des mesures de boycott académique ont été prises. À l’U-Antwerpen, deux facultés ont mis fin à toutes leurs collaborations et à leurs investissements dans des entreprises israéliennes. Dans d’autres facultés, les collaborations doivent passer par un comité d’éthique. L’ULiège a annoncé qu’elle ne maintiendrait pas ses partenariats bilatéraux avec des universités israéliennes et s’est engagée à ne pas conclure de nouvelles collaborations tant qu’il y aura des violations du droit international. Elle suspendra également la coopération avec les partenaires qui contribuent aux crimes israéliens contre la population de Gaza ou qui soutiennent les actions militaires du gouvernement Netanyahou. Et puis, bien sûr, il y a Gand, où une victoire historique a été remportée avec, entre autres, le retrait de l’université du prestigieux projet Europe Horizon.
Les universités ont l’image d’institutions progressistes, mais nous devons sérieusement remettre cela en question. Le livre de Maya Wind “Towers of ivory steel”, que de nombreux⸱ses occupant⸱es ont lu ces derniers mois, révèle comment les universités jouent un rôle central dans la production de connaissances de l’impérialisme et la production d’idées coloniales. C’est également la raison pour laquelle les activistes appellent à un boycott académique complet et non pas sélectif, comme les recteurs et rectrices le préféraient. Les occupant⸱es sont clairs : “Notre objectif est de boycotter les universités israéliennes en tant qu’institutions, et pas seulement les collaborations de recherche spécifiques. Ces universités en tant qu’institutions sont complices du génocide, de la répression contre les étudiant⸱es et les travailleur⸱euses palestinien⸱nes, du silence imposé aux voix progressistes israéliennes… Les universités sont des instruments idéologiques de l’élite dirigeante, c’est vrai pour certaines facultés comme pour d’autres, et c’est aussi le cas de nos propres universités, soit dit en passant.”
Le recteur de l’U-Gent, Van de Walle, a affirmé qu’un boycott isolerait les voix progressistes en Israël. Pendant ce temps, le personnel de l’UGent qui a participé aux actions de boycott a reçu plusieurs lettres de soutien de la part de collègues israélien⸱nes. Une de ces lettres disait : “Aujourd’hui, tous les membres du personnel, à l’exception de quelques-uns, ont peur d’exprimer leurs opinions, car nous sommes immédiatement accusé⸱es de saper l’effort de guerre. (…) Par conséquent, même les universitaires opposé⸱es à la politique du gouvernement sont extrêmement prudents dans ce qu’ils et elles disent et écrivent, d’autant plus que cette semaine, une loi a été soumise au Parlement israélien (la Knesset) selon laquelle les institutions universitaires qui ne suivent pas “la ligne patriotique” subiront des coupes budgétaires. Sous le gouvernement actuel, qui dispose d’une solide majorité au Parlement et qui n’a aucune chance d’être contesté à l’intérieur du pays, la seule chose qui pourrait changer la politique est une pression extérieure, telle que la mesure prise par votre université. (…) Comme de plus en plus d’institutions académiques prennent de telles mesures, la pression interne est également susceptible d’augmenter, et bien qu’il soit peu probable que cela change la politique actuelle du gouvernement, il semble que ce soit la seule chose qui puisse être faite.”
Ce sont des paroles encourageantes, mais la lettre souligne également les limites d’un boycott académique à lui seul. Les occupant⸱es en sont également conscient⸱es. A Liège, certain⸱es avaient participé à des actions contre l’entreprise Challenge, qui transporte de l’armement pour l’armée israélienne. Leurs actions et les enquêtes précises de journalistes sur les détails des livraisons d’armes ont permis d’obtenir une interdiction politique des livraisons d’armes. Les militants comme Constantin et Jonas se félicitent de cette décision, mais ne font pas confiance au gouvernement pour l’appliquer. “Nous ne pouvons compter que sur le mouvement. C’est pourquoi nos tactiques doivent être basées sur le mouvement. Nous appelons à poursuivre le développement d’un boycott de la classe ouvrière sur les livraisons d’armes à Israël, entre autres. Les travailleur⸱euses sont les mieux placé⸱es pour mener la lutte contre les livraisons d’armes et le régime israélien.” C’est non seulement la seule garantie d’un boycott réel, mais aussi une source d’inspiration pour les travailleur⸱euses du monde entier. Si un tel mouvement prenait la forme d’actions étudiantes, même en Israël, beaucoup plus de travailleur⸱euses opposé⸱es au massacre auraient le courage de descendre dans la rue et de rejoindre le mouvement de lutte international. Surtout si ce mouvement est également lié à la lutte contre l’ensemble du système impérialiste et l’exploitation de la classe travailleuse qui l’accompagne.
Une source d’inspiration
La vie sur l’occupation est une source d’inspiration. Les discussions y sont quotidiennes. Cela contraste fortement avec les mouvements précédents, où il n’y avait souvent pas de discussion collective. Cette fois-ci, un consensus s’est rapidement dégagé sur la nécessité de mettre en place des conseils de porte-parole, des assemblées générales, des groupes de travail et d’autres méthodes d’organisation collective de la démocratie sur l’occupation. Cette expérience portera ses fruits pendant longtemps. Des centaines d’étudiant⸱es sont désormais impliqué⸱es dans des discussions politiques. Même si ces discussions ne se sont pas toujours déroulées sans heurts et que le rythme des réunions était souvent très élevé pour des étudiant⸱es dont le programme d’examens est chargé, il s’agit d’une expérience que l’on emporte avec soi dans toutes les luttes ultérieures.
Il y a eu des discussions sur la manière de lutter pour la paix dans tout le Moyen-Orient, sur l’histoire de la Palestine et sur la complicité de l’État belge. Les commentateurs arrogants qui prétendent que les étudiant⸱es ne savent pas de quoi iels parlent n’ont manifestement jamais mis les pieds dans les occupations. En l’espace de quelques semaines, les occupations se sont transformées de petits camps de tentes en véritables villages politiques. Caractérisées par une énorme volonté de sacrifice et une discipline de travail, les tâches étaient effectuées par roulement tout au long de la journée. On cuisinait, on étudiait, on nettoyait, on travaillait sur des banderoles et des pancartes, et à l’université de Gand, il y avait même un service de coiffure. Même la nuit, les étudiant⸱es restaient éveillé⸱es pour assurer la sécurité. Ce n’était pas un luxe. Dans plusieurs universités, des provocateurs sionistes sont venus défier les occupant⸱es.
La discipline et le dévouement dont ont fait preuve les militant⸱es pour mener à bien leurs actions pendant des semaines sont une source d’inspiration considérable pour toutes celles et ceux qui luttent contre l’injustice. Leurs actions symbolisent la détermination qui caractérise l’ensemble du mouvement pour la libération de la Palestine.
“Nous reviendrons : vous ne pouvez pas arrêter la révolution.”
La question qui se pose maintenant est la suivante : quelle est la prochaine étape ? Des actions sont prévues contre la répression, des manifestations contre le génocide en cours, mais aussi lors d’autres manifestations comme les Prides cet été à Gand, Liège et Anvers, les occupant⸱es propageront la lutte pour la libération de la Palestine.
Rassembler les occupant⸱es lors d’une journée d’action nationale et d’une conférence pourrait constituer une étape importante pour préparer la nouvelle année académique. Milan, l’un des occupants d’Anvers, souhaite également concentrer les flèches du mouvement sur le financement de l’éducation et pense que cela aiderait également la lutte palestinienne. “La leçon principale est que tout le système est coupable. Comment est-il possible que nos universités dépendent d’un argent privé sanglant ? Il est urgent de mettre fin aux investissements privés et d’investir massivement dans l’enseignement supérieur. Tant que les universités dépendront d’investisseurs capitalistes, elles resteront des instruments capitalistes. Si nous pouvions gagner une telle bataille, cela montrerait à quel point la lutte pour la libération palestinienne et la justice au Moyen-Orient est inextricablement liée à la lutte contre le capitalisme. Cela nous apprendrait pourquoi la classe travailleuse du monde entier bénéficierait de la libération des peuples opprimés.”
Nous ne devons donc avoir aucun doute : les dernières paroles des occupant⸱es de Gand se réaliseront. “Nous revenons. Vous n’arrêterez pas la révolution.”
-
L’ère du désordre fait le bonheur des monstres d’extrême droite
L’extrême droite est sortie gagnante des élections européennes. Sa participation au pouvoir est une question toujours plus concrète. Aux Pays-Bas, Geert Wilders rejoint le gouvernement après une longue crise de formation, sans toutefois beaucoup d’espoirs de stabilité. Ce gouvernement ne tient qu’à un fil, mais il est uni dans son aversion pour les personnes migrantes et les politiques antisociales. Mais ses rêves de stabilités ne sont que nostalgie d’une époque révolue. Bien entendu, il n’est pas question de la moindre mesure sociale. Le patronat s’attend par contre à une nouvelle avalanche de cadeaux.
Par Geert Cool
Le 18 mai, le président argentin Milei était l’orateur central d’une rencontre d’extrême droite à Madrid à l’intiative du parti d’extrême droite espagnol Vox, avec le soutien de partisans de Trump. Orban a envoyé une vidéo de soutien et Marine Le Pen avait fait le déplacement en personne. Mais la grande star, c’était Milei. En Argentine, sa politique massacre la protection sociale des travailleur.euse.s ou encore les droits des locataires. Il a annoncé la suppression de 5.000 postes de fonctionnaires et prévoit des coupes budgétaires inédites dans l’enseignement et ailleurs.
Voilà ce qui fait les choux gras de l’extrême droite. Comment est-ce possible d’attirer autant de voix avec de tels projets ? Le soutien dont bénéficie l’extrême droite illustre à la fois le rejet des partis traditionnels et toute la force du discours dominant qui rejette la responsabilité des problèmes sociaux sur les victimes de la politique menée. À cela s’ajoute l’écho renforcé du nationalisme dans un contexte de démondialisation croissante, de nouvelle guerre froide, de conflits et de guerres, de protectionnisme et de distorsion du commerce mondial, de bulles économiques et de spéculation. L’extrême droite parvient à se présenter comme une alternative différente des autres, tout en suivant le courant dominant.
Les partis traditionnels n’ont pas de réponse à offrir face aux problèmes sociaux ; ils sont minés par le discrédit. Pour tenter de s’accrocher au pouvoir, ils essayent de semer la division et individualisent la responsabilité de problèmes sociaux. À travers l’histoire, les exemples les plus marquants de la politique de diviser pour mieux régner ont souvent été liés à des régimes à l’étroite base sociale à partir de laquelle ils ont imposé leur autorité. Le colonialisme britannique a par exemple dominé le monde avec un appareil militaire et administratif très limité, mais reposant sur l’alimentation de divisions diverses.
Le virage à droite de nombreux partis traditionnels n’arrêtera pas l’extrême droite. Cette banalisation élargit au contraire sa marge de manoeuvre. Mais l’extrême droite elle aussi est dépourvue de réponse face aux problèmes sociaux. Ce n’est pas en mettant l’éducation au régime sec, en liquidant le secteur culturel à coups de bélier ou en renforçant la répression que la classe travailleuse accédera à des logements abordables et à davantage de services publics. Il ne fait aucun doute que cette faiblesse joue un rôle prépondérant dans la nature largement passive du soutien à l’extrême droite. Ne nous endormons pas pour autant. Chaque pas en avant de l’extrême droite donne de l’assurance aux groupes plus radicaux en son sein et rend le racisme, le sexisme et la LGBTQIA+phobie plus acceptables.
L’ère du désordre que nous connaissons est faite de contradictions, d’instabilité et de tensions. Cela engendre insécurité et peur. L’extrême droite tente de tirer les marrons du feu sur cette base en se présentant comme une force politique défenseuse d’un puissant sentiment d’identité et de fierté. Ce que cela signifie est modulé en fonction des destinataires du message. Si la nostalgie d’un passé qui n’a jamais vraiment existé ne conduit qu’à un cul-de-sac, c’est en même temps une réaction logique face aux incertitudes de l’époque actuelle. Comme le faisait remarquer le révolutionnaire italien Antonio Gramsci, “L’ancien monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans ce crépuscule naissent des monstres.”
Les marxistes cherchent à entretenir une approche plus large de l’évolution historique et tentent de la traduire en mesures concrètes pour mettre fin au capitalisme et à toutes les formes d’exploitation et d’oppression, grâce à l’action de la classe travailleuse dans toute sa diversité. Nous constatons la popularité des monstres d’extrême droite, mais nous remarquons également la décomposition sous-jacente du capitalisme ainsi que la radicalisation à l’oeuvre parmi la jeunesse et la classe travailleuse dans la recherche d’une issue et d’un changement de société. C’est là le coeur de notre activité : la défense d’une alternative socialiste démocratique.
-
Les antifascistes deux fois plus nombreux que l’extrême droite à Anvers
L’Association des étudiants nationalistes (NSV), l’aile étudiante du Vlaams Belang, s’est sentie confortée par les sondages en Flandre et a organisé une nouvelle marche de la haine après cinq ans d’absence. Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, et son allié, Dries Van Langenhove, avaient appelé à se rendre à Anvers renforcer le cortège. En cette année électorale, les candidats du VB étaient désireux de s’afficher, d’autant plus qu’une mobilisation internationale avait également ramené des délégations des Pays-Bas, de France et même d’Autriche. En vain. Sous le slogan “La jeunesse flamande se soulève”, moins de 200 personnes ont manifesté, une bonne partie d’entre elles pouvait d’ailleurs très difficilement être qualifiée de “jeunesse” et, vu la mobilisation internationale, elle n’était pas non plus très “flamande”. Au pas cadencé rythmé par des tambours menaçants, la haine est toutefois bel et bien descendue dans la rue.

Bruno Verlaeckt, président de la section d’Anvers de la FGTB. Situation différente Dageraadplaats. A partir de là, une mobilisation antifasciste très diversifiée, vivante et dynamique a défilé dans les rues d’Anvers et du quartier de Borgerhout, sous les chaleureux encouragements des habitant.e.s. Le chiffre donné par la police juste avant le départ était une sous-estimation, nous étions un bon paquet au-delà des 250. Nous sommes partis à plus de 400 et la manifestation s’est encore agrandie en cours de route. Dans les discours prononcés au point d’arrivée, le président de la FGTB d’Anvers, Bruno Verlaeckt, a exprimé sa solidarité explicite envers les manifestant.e.s, jeunes pour la plupart, et a parlé à juste titre de 500 antifascistes. Son discours a souligné que l’extrême droite se trouve toujours de l’autre côté des barricades dans la lutte pour le progrès social. Le soutien du mouvement ouvrier organisé à la manifestation était très positif : l’extrême droite représente il est vrai une menace pour l’ensemble de nos droits sociaux, y compris nos droits syndicaux. Il est également excessivement positif que les jeunes activistes antifascistes, en tant que futurs syndicalistes, adoptent immédiatement cette approche à l’agard du mouvement ouvrier.
La manifestation antifasciste a réuni des groupes et des participant.e.s de nombreuses organisations. On retrouvé mélangés nombre d’activistes queer, un groupe de la Coordination Antifasciste de Belgique (CAB) où se trouvaient des antifascistes francophones et néerlandophones, une forte délégation de la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) et des Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA), divers groupes et individus anarchistes, des membres de Comac et du PTB, des membres d’Anvers pour la Palestine, des syndicalistes principalement issus de la FGTB (parmi lesquel.le.s des délégations du chemin de fer et de la société flamande de transports en commun De Lijn, des syndicalistes locaux et des activistes de Syndicalistes contre le Fascisme), Femmes contre le Fascisme et le Racisme… VegAnarchy était également présent et s’est chargé de fournir un bar à soupe pour les manifestant.e.s. A cela s’ajoutent encore bon nombre d’antifascistes inorganisé.e.s qui ont rejoint la mobilisation grâce à la campagne qui a été menée en amont de la manifestation.
L’atmosphère était combative et inclusive, avec un message sans équivoque : il nous faut une politique sociale qui s’en prend aux conséquences de la faillite du capitalisme. Les pénuries sociales en matière d’emploi, de logement décent et accessible, d’accès aux soins de santé,… nourrissent les divisions et la haine.
La différence entre l’extrême droite et les antifascistes était évidente dès les premières prises de parole aux deux manifestations. Alors que l’extrême droite a commencé par une tirade transphobe, les antifascistes ont entendu une personne transgenre appeler à la solidarité contre la haine.

D’autres orateur.trice.s de la manifestation antifasciste ont également dénoncé toutes les formes d’oppression et les ont liées au capitalisme. Par exemple, Nicky, de la Campagne ROSA et du PSL, a expliqué : “Tous nos problèmes sont censés être la faute des personnes homosexuelles, des personnes trans, des réfugié.e.s ou des musulman.ne.s… Il s’agit toujours d’une distraction par rapport à la véritable cause de nos problèmes. Les inégalités et les oppressions sont enracinées dans le système capitaliste. Il n’y a pas de capitalisme sans exploitation. Tout le monde est pointé du doigt, sauf la riche élite capitaliste qui détient le pouvoir.”
Dans notre tract, nous ajoutions: “Pour stopper l’extrême droite, nous devons nous attaquer au terreau qui le nourrit. Cela implique de défendre des investissements massifs dans le logement social afin d’éliminer les listes d’attente ; un financement public beaucoup plus important pour des services publics accessibles tels que l’éducation, les soins de santé et les transports publics ; une formation pour les enseignant.e.s afin qu’iels puissent s’opposer au sexisme, au racisme et à la LGBTQIA+phobie dans la salle de classe, ainsi qu’une éducation sexuelle axée sur l’égalité des genres ; une augmentation du salaire minimum à au moins 17 euros de l’heure ; un impôt sur la fortune pour les super-riches afin de libérer des ressources pour l’expropriation en cas de fuite des capitaux ; la nationalisation des secteurs centraux de l’économie afin que nous puissions en planifier démocratiquement le fonctionnement pour répondre aux besoins de la société.”
Ce n’est que le dernier jour que le NSV s’est montré à Anvers avec des affiches sur les campus et dans les quartiers étudiants. La tâche était cependant désespérée : l’espace public du quartier étudiant était dominé par des affiches et des autocollants appelant à la manifestation antifasciste. L’extrême droite espérait trouver se connecter aux étudiant.e.s anversois.es avec le soutien d’anciens membres du NSV aujourd’hui au Vlaams Belang (certains ayant un passé au cercle catholique d’extrême droite KVHV à Gand). Cela ne s’est pas concrétisé. La campagne antifasciste a joué un rôle crucial à cet égard.
Nous évaluons cette manifestation ainsi que la coopération pour l’organiser comme extrêmement positives. Nous continuerons bien sûr à nous organiser et nous espérons que les lecteur.trice.s de cet article voudront également s’impliquer.
Le 11 mai, par exemple, nous organiserons à Anvers un après-midi thématique sur l’antifascisme, suivi d’un quiz.
Le 18 mai, nous participerons à la Brussels Pride, un jour plus tard il y aura la manifestation contre le massacre génocidaire à Gaza.
Le 16 juin, la Coordination Antifasciste de Belgique organisera une manifestation nationale à Bruxelles, une semaine après la tenue des élections.
Le 30 juin, la Campagne ROSA organise une manifestation “Pride is a Protest” à Gand : trois semaines après le “dimanche noir”, un dimanche arc-en-ciel !
Un week-end antifasciste suivra les 6 et 7 juillet.
Le 10 août, nous participerons avec une délégation militante à la Pride d’Anvers et, le 24 août, à la Pride de Liège.






-
Contre l’extrême droite : la lutte et la solidarité ! Manifestation antifasciste à Anvers le 25 avril
Crise du logement et des loyers, manque de moyens dans les transports en commun, listes d’attente à rallonge pour les soins de santé, un enseignement qui craque de partout, charge de travail insoutenable et aucune marge de manœuvre pour des augmentations de salaire. On serait furieux pour moins ! Les décideurs et décideuses politiques responsables de ces politiques ainsi que leurs institutions méritent une laque !
Mais ne nous trompons pas de colère. Le pouvoir aujourd’hui n’est pas du côté des réfugiés, des personnes LGBTQIA+, des syndicalistes ou des féministes, mais du côté des actionnaires et des profiteurs capitalistes. La poignée de personnes qui s’enrichissent parce que nous travaillons dur : les 500 plus riches qui se sont enrichis de 1.358 milliards d’euros supplémentaires en 2023. C’est leur système capitaliste d’exploitation et d’oppression qui est le problème, et non les victimes de ce système comme les réfugiés ou les demandeurs d’emploi.
La précarité d’existence et le malaise social permettent à l’extrême droite de remporter des victoires électorales. Quel sera l’effet si le Vlaams Belang atteint 30 % en Flandre ? Il ne mettra pas fin à la misère sociale infligée par les capitalistes, dont une part croissante se tourne d’ailleurs précisément vers l’extrême droite. Il n’apportera pas de réponse aux drames sociaux comme les centaines d’emplois menacés chez Van Hool. Ceux qui menacent notre avenir ne traversent pas la Méditerranée sur des bateaux de fortunes, mais dans des limousines et des jets privés. Ceux qui osent protester contre ces jets privés, comme l’a fait Code Rouge en décembre, sont accueillis par les matraques de l’appareil d’État. La N-VA et le VB ont tous deux salué cette violence étatique.
La croissance de l’extrême droite donne parallèlement de l’oxygène au renforcement des préjugés et des discriminations. Certains groupes d’extrême droite se sentent renforcés et encouragés à imposer leur sexisme, leur racisme et leur queerphobie par la force. Le cercle étudiant catholique d’extrême droite flamand KVHV a perdu sa reconnaissance de cercle à Gand parce qu’il a refusé de prendre ses distances avec les déclarations sexistes et racistes de Jeff Hoeyberghs en 2019. Le NSV (groupe étudiant officieux du Vlaams Belang) à Leuven n’est plus officiellement reconnu par l’université après avoir organisé une réunion raciste avec Dries Van Langenhove (fondateur de Schild & Vrienden) fin février. Ce dernier a notamment déclaré que « les classes avec beaucoup d’enfants africains réussissent moins bien » et que les préjugés sont « utiles et vitaux ».
Heureusement, les réunions avec Hoeyberghs et Van Langenhove ont à chaque fois fait l’objet d’une mobilisation antifasciste. Si nous ne nous organisons pas pour lutter, l’extrême droite peut dominer les débats publics, puis associer de plus en plus les paroles aux actes de violence.
Le VB rigole de la faillite de la politique traditionnelle, mais il défend des politiques encore plus antisociales. Il prétend s’opposer à l’élite, mais ses propres étudiants, vêtus de costumes sur mesure, méprisent la classe travailleuse et prônent, entre autres, l’augmentation des frais d’inscription. L’image sociale du VB est un écran de fumée pour imposer plus durement le racisme, le sexisme, la queerphobie, etc. Le VB s’attaque aux réfugiés, mais il soutient la guerre génocidaire contre la population palestinienne de Gaza. Dewinter et d’autres pontes du parti ne cachent pas leur bienveillance envers des dictateurs comme Assad et Poutine.
La menace d’un « dimanche noir » favorable à l’extrême droite en juin est très concrète pour tous ceux qui ne rentrent pas dans leur moule : les migrants, les féministes, les personnes LGBTQIA+, les syndicalistes… Sous couvert de « guerres culturelles », la politique de « diviser pour mieux régner » redouble d’intensité tandis que l’extrême droite cherche à enrayer les luttes contre l’oppression et, en fait, contre le système capitaliste lui-même. Elle présente le combat contre les oppressions comme « polarisant », alors que bien à l’inverse, se battre pour une société qui ne laisse personne de côté nous unit.
Nous pouvons limiter l’espace de l’extrême droite en nous organisant et en agissant. Le 25 avril, l’association des étudiants nationalistes (le NSV) organise une manifestation à Anvers. Ce n’était plus arrivé depuis la pandémie. À l’époque, la manifestation annuelle du NSV était toujours une marche de la haine dans laquelle les mandataires du Vlaams Belang défilaient fraternellement aux côtés de néo-nazis condamnés. Heureusement, il y a toujours eu une contre-manifestation antifasciste plus importante. Nous voulons perpétuer cette tradition et faire en sorte que l’extrême droite ne puisse pas poursuivre ses activités à Anvers le 25 avril.
Le NSV manifeste sous le slogan « État flamand, la jeunesse est prête ». Ces dernières années, les jeunes sont descendus dans la rue à plusieurs reprises pour défendre leur avenir. Ils ont manifesté pour une planète vivable et contre l’oppression. Ces revendications sont diamétralement opposées à celles du NSV. En protestant contre l’extrême droite et contre toutes les formes de division et d’oppression, nous pouvons renforcer la lutte pour une transformation fondamentale de société où les richesses et les ressources disponibles seront utilisées pour nos besoins en termes d’enseignement, de soins de santé, de logements abordables, d’emplois décents, de planète vivable… La classe travailleuse dans toute sa diversité fait tourner le monde et peut arracher le changement par la lutte et la solidarité.
Manifestation anti-NSV à Anvers le 25 avril, 19h, Dageraadplaats.
Départs Collectifs: rendez-vous à Bruxelles : 17h30, hall de la Gare Centrale // A Liège : 16h45, face à la gare des Guillemins.
Dimanche 30 juin : trois semaines après le “dimanche noir”, Pride is a Protest avec un “dimanche arc-en-ciel” à Gand.
6-7 juillet : week-end antifasciste

-
La mobilisation conduit au retrait de la reconnaissance officielle du NSV-Leuven.
Prochaine étape, la manifestation anti-NSV à Anvers
Ces dernières années, les jeunes d’extrême droite se sont sentis inaccessibles. Il y a eu des incidents violents, racistes, sexistes, LGBTQIA+phobes… La progression du Vlaams Belang aux élections et dans les sondages a rendu les étudiants d’extrême droite très confiants.
L’association des étudiants nationalistes (NSV), qui est historiquement un vivier de nouveaux parlementaires du VB, a récemment organisé une réunion à Louvain avec Martin Sellner, l’”identitaire” autrichien dont les déclarations sur les déportations à grande échelle ont entraîné des manifestations antifascistes massives en Allemagne.
Heureusement, une contre-manifestation antifasciste a eu lieu, réunissant plus de 100 personnes. La ville de Louvain n’a pas autorisé de manifestation, mais seulement une action debout. Néanmoins, la manifestation s’est transformée en un rassemblement combatif avec des activistes de divers horizons politiques. Le soutien des syndicats de la KU Leuven a également été positif : des représentants de la FGTB et de la CSC ont pris la parole. Lutter contre tout ce qui nous divise est également dans l’intérêt de la sécurité du personnel. Cette pression a conduit au retrait de la reconnaissance à la KU Leuven.
Il est préférable de ne pas confier notre stratégie antifasciste à des juges ou à des politiciens traditionnels. La protestation et la mobilisation dans la rue sont la meilleure réponse. L’occasion se présente avec la manifestation anti-NSV à Anvers le 25 avril, qui se trouve être le 50ᵉ anniversaire de la révolution portugaise qui a mis fin au régime fasciste de Caetano.
Avant la pandémie, le NSV avait pour tradition de manifester chaque année dans une ville étudiante flamande différente, ce à quoi répondait à chaque fois une contre-manifestation plus importante. Ne permettons pas à ces derniers de descendre dans la rue et de rendre le quartier étudiant dangereux ! Rejoignez-nous !