Category: Syndical

  • La politique de démantèlement menace le rail – seule la lutte peut l’arrêter !

    Pourquoi la colère du personnel ferroviaire est-elle à son comble ?

    La tension est à son comble entre le personnel ferroviaire et le gouvernement. Les attaques contre le personnel ne sont pas négligeables. Tout est sous le feu des critiques. Travailler plus longtemps pour une pension moindre est inacceptable, mais cela va plus loin que cela. À un moment où la crise de la mobilité et le climat exigent des transports publics plus nombreux et de meilleure qualité, l’Arizona propose une politique de démantèlement. Nous donnons la parole à celles et ceux qui sont rarement entendus dans les médias traditionnels, à savoir le personnel ferroviaire. Nous avons discuté avec un accompagnateur de train.

    Pourquoi le personnel ferroviaire est-il si en colère ?

    « Les pensions sont le point le plus sensible. L’âge de la retraite pour le personnel roulant est porté à 67 ans, avec une année supplémentaire chaque année. Celles et ceux qui auront moins de 55 ans l’année prochaine devront travailler beaucoup plus longtemps. Seules celles et ceux qui auront déjà 55 ans, mais qui n’auront atteint les trente années de service requis que quelques années plus tard, échapperont à l’augmentation de l’âge de la retraite. Le personnel non conducteur devra également rester plus longtemps, mais la différence est un peu moins importante. »

    « En outre, le calcul sera moins avantageux. Les tantièmes, qui déterminent notamment le pourcentage du salaire de référence que vous percevrez sous forme de pension, seront fixés à 1/60 pour tout le monde. Vous devrez donc travailler 45 ans pour atteindre le maximum de 75 %, contre 36 ans actuellement pour le personnel roulant et 41,3 ans pour le personnel sédentaire. Actuellement, le montant de la pension est calculé sur la base de la moyenne des quatre derniers salaires annuels, qui est ensuite étendue à l’ensemble de la carrière. Au début de votre carrière, le salaire est moins élevé, le montant de la pension diminuera donc considérablement. Travailler plus longtemps pour une pension moins élevée, c’est inacceptable ! »

    « Un contre-argument revient invariablement : les autres doivent aussi travailler jusqu’à 67 ans. C’est effectivement un problème, surtout pour les professions pénibles. Mais le problème des infirmier·ères qui doivent travailler jusqu’à 67 ans ne sera pas résolu si nous travaillons plus longtemps. Il faut une baisse de l’âge de la pension pour tout le monde et un régime spécial pour toutes les professions pénibles. Nous ne devons pas nous laisser diviser sur cette question. »

    « L’inquiétude du personnel porte également sur les salaires actuels. Il y a des inquiétudes concernant les primes maintenant que le repos dominical obligatoire et l’interdiction du travail de nuit ont été supprimés. La suppression des primes de nuit commence dans certains secteurs, comme la logistique, mais nous pouvons parier que cela sera ensuite généralisé. Nous le voyons aujourd’hui avec les possibilités de départ anticipé pour les travailleur·ses exerçant une profession pénible. Le travail dominical peut être imposé unilatéralement et la compensation est remise en question. Nous travaillons souvent le week-end et à des heures impossibles pendant la nuit. Les primes pour ces heures constituent une part importante de notre rémunération. »

    « Il y a aussi, entre autres, la modification proposée dans le cadre de la concertation sociale. La majorité des deux tiers au sein de la Commission paritaire nationale est remise en cause, ce qui signifie, par exemple, que pour modifier les temps de conduite et de repos, il ne sera plus nécessaire qu’au moins un·e grand·e syndicat·e donne son accord à la direction. Cela pourrait ouvrir la voie à une remise en cause du paiement des pauses entre deux trajets. L’affaiblissement de HR Rail, notre véritable employeur, pourrait conduire à ce que les futur·es employé·es de la SNCB ou d’Infrabel ne soient plus statutaires et que tout le monde n’ait plus le même employeur. »

    Et puis, il y a bien sûr les coupes budgétaires : le gouvernement veut économiser 675 millions sur la SNCB, l’opérateur. La N-VA veut privatiser la SNCB ou en vendre 49 %, ce qui revient au même : l’objectif est de gérer encore davantage la SNCB comme une entreprise privée. Infrabel n’est pas dans le collimateur. L’expérience britannique a conduit à des catastrophes ferroviaires et l’infrastructure est considérée comme stratégique, ce qui n’est pas négligeable dans le contexte actuel de rhétorique guerrière.

    Nous en sommes désormais à plus de 20 jours de grève, tous suivis de manière significative. Pour la première fois, les grands et petits syndicats ont formé un front commun. Mais existe-t-il un véritable plan d’action ?

    « Tout a commencé par la manifestation du 13 janvier, qui a suscité beaucoup de colère. L’impact sur le trafic ferroviaire a été important : moins d’un quart des trains circulaient. La manifestation a rassemblé de nombreux·ses collègues, au moins 500. »

    « Elle a été suivie par la grève de neuf jours de l’OVS et de l’ASTB. Il s’agissait de grèves tournantes par catégorie professionnelle. L’impact variait d’un jour à l’autre, mais les jours où les accompagnateur·rice·s et les conducteur·rice·s de train étaient appelé·e·s à la grève, le mouvement était très important. Le poste d’aiguillage de Namur a été complètement paralysé pendant deux jours, ce qui a rendu tout trafic impossible dans cette région. Les deux syndicats ont joué dans la cour des grands. »

    « Une grève de neuf jours met le service minimum sous forte pression. Ce service est prévu pour des grèves de 24 heures. Une grève plus longue, au cours de laquelle différents groupes professionnels se relaient, met toute la chaîne sous pression. Si, par exemple, le personnel chargé de mettre en place le service de remplacement se met en grève, il devient très difficile d’organiser le service pour les deux jours suivants. En effet, tout doit être parfaitement coordonné : le matériel doit être planifié, il faut des chauffeur·e·s et des accompagnateur·rice·s… Tout est lié. Cette tactique est intéressante car elle permet d’obtenir un effet maximal pendant un plus grand nombre de jours avec un minimum de jours de grève par membre du personnel. »

    « La semaine précédant le 31 mars, Metisp, un petit syndicat, avait appelé à la grève. Cet appel a été moins suivi, mais il y a tout de même eu beaucoup de grévistes. Cela montre la colère du personnel. Il est d’ailleurs remarquable que la plupart des jours de grève aient été effectués sans indemnité : la CGSP et la CSC ne paient que les jours qu’elles reconnaissent, le SACT ne verse aucune indemnité, le SIC ne peut verser qu’une petite indemnité pour un nombre limité de jours. Quand autant de collègues font grève sans indemnité, c’est que le personnel est vraiment en colère. »

    « Il est positif qu’un front ait été formé pour la première fois par cinq syndicats : le SIC et le SACT d’une part, et les syndicats classiques CGSP, CSC et SLFP d’autre part. Le SACT et le SIC ont suspendu leur semaine de grève prévue en avril et se sont rallié·e·s, tout comme le SLFP, au plan de la CGSP et de la CSC qui prévoit une grève générale le 31 mars, suivie de grèves régionales les 8, 15 et 22 avril, puis d’une grève générale le 29 avril. L’impact reste très important, avec parfois moins de la moitié des trains en circulation et une forte participation dans les ateliers, par exemple. Ce front commun est sans précédent et important : il renforce notre pouvoir de négociation et traduit la demande d’un plan d’action clair soutenu par tou·te·s.

    Une partie des collègues veut vraiment s’engager et faire grève avec détermination. Pour d’autres, les conséquences financières commencent à se faire sentir. De plus, les situations varient considérablement d’un·e collègue à l’autre, selon qu’iels sont statutaires ou non, qu’iels sont conducteurs·rices ou sédentaires, leur âge ou s’ils travaillent uniquement à temps partiel. La propagande du gouvernement, qui tourne à plein régime, sème la confusion. Certain·e·s collègues ne voient pas d’autre solution que de faire des économies. Les syndicats apportent des réponses, mais à trop petite échelle. Les réunions du personnel restent trop limitées et des campagnes d’information plus larges sont nécessaires à l’intention des voyageur·euse·s et de l’opinion publique. »

    Il y a encore des incertitudes quant à ce qui se passera en mai et juin. Certain·e·s plaident pour attendre après l’été. Cela n’arrêtera pas la propagande et la confusion. D’autres plaident pour des actions isolées, comme de nouvelles grèves régionales. Une autre possibilité serait de développer davantage la tactique du SIC et du SACT et, par exemple, de faire grève pendant 5 à 6 jours avec un roulement par groupe professionnel.

    « Il va sans dire que d’autres actions suivront. Jambon ne veut parler que de mesures transitoires. Le ministre compétent, Crucke, est disposé à discuter, mais de quoi ? La CGSP a déjà posé comme conditions que HR Rail reste l’unique employeur de tout le personnel et que les recrutements statutaires soient maintenus. »

    Les médias parlent surtout des « désagréments » pour les voyageur·euse·s. Existe-t-il une stratégie pour répondre à cette propagande ?

    « L’offensive médiatique est plus importante et plus large, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Les réponses sont pour le moins maigres. Concernant la possibilité de prendre sa retraite à 55 ans après 30 ans de service, on ne dit pas qu’il s’agit uniquement du personnel roulant et on ne dit rien sur les heures auxquelles nous travaillons. On ne précise pas qu’il n’y a pratiquement aucun·e collègue qui remplit les conditions pour partir à 55 ans. L’argument selon lequel nous vivons tou·te·s plus longtemps et devons donc travailler plus longtemps est injuste. Il existe de grandes différences selon le travail que l’on effectue. Il existe également la notion d’espérance de vie en bonne santé. Je travaille depuis plusieurs années dans le secteur ferroviaire et j’ai déjà assisté à trop d’enterrements de collègues qui venaient de prendre leur pension alors qu’iels n’avaient qu’une soixantaine d’années. »

    « Il est ridicule que le gouvernement et les médias prétendent que nous prenons les voyageur·euse·s en otage, alors que le gouvernement veut économiser près de 700 millions d’euros sur la SNCB. Le mythe des investissements supplémentaires pour attirer plus de voyageur·euse·s sonne creux et se limite aux lignes entre les grandes villes. Les arrêts peu fréquentés sont supprimés, comme si les habitant·e·s des banlieues ne payaient pas d’impôts et n’avaient pas droit aux transports publics. L’argument selon lequel il n’y a pas d’argent pour améliorer les services est absurde, il suffit de regarder les cadeaux faits aux employeurs. Ce sont les politicien·ne·s traditionnel·le·s qui ont eux·elles-mêmes créé les déficits. »

    « Certains médias affirment que nous abuserions de notre droit de grève. Comment peut-on abuser du droit de retirer son travail ? Il y a des tentatives pour limiter davantage le droit de grève et aller vers des réquisitions de personnel. Le ministre Crucke veut examiner juridiquement si les préavis de grève peuvent être refusés. Au lieu de s’attaquer aux raisons de notre mécontentement, iels veulent limiter notre protestation. »

    « Si on nous présente comme des profiteur·euse·s paresseux·ses, cela ne fait qu’alimenter la colère. Ces politicien·ne·s et commentateur·rice·s qui savent tout mieux que tout le monde devraient passer un mois à travailler avec nos horaires impossibles et à faire face à des voyageur·euse·s agressif·ve·s. Mais nous ne devons pas compter sur iels pour changer d’avis, nous devons construire nous-mêmes un rapport de force. Nous devons continuer à y travailler, tant parmi nos collègues que parmi les voyageur·euse·s, avec un plan d’action clair et en allant crescendo. »

  • Comment continuer la lutte dans l’enseignement pour les élèves, les profs et tout le personnel ?

    Depuis le mois de septembre, on assiste à un mouvement qui va crescendo dans l’enseignement francophone. La manifestation de 35 000 enseignant.e.s le 27 janvier à Bruxelles et la forte participation des enseignant.e.s à la grève et à la manifestation contre l’Arizona du 13 février ont montré que le mouvement était loin de s’essouffler. Et les attaques continuent avec les coupes budgétaires annoncées par l’Arizona dans tous les services publics et les attaques sur les pensions. Les élèves du qualifiant qui sont sortis dans les rues donnent le ton : « De cette société-là, on n’en veut pas ! ».

    par Elise, enseignante à Soignies

    Un mouvement inédit qui rappelle 1996

    C’est du jamais vu depuis plus de 20 ans dans l’enseignement francophone. Le mouvement qui a pris place depuis septembre a mobilisé toute une nouvelle couche d’enseignant.e.s, dont certain.e.s qui ont fait grève pour la première fois. Lors de la journée de grève du 7 novembre, quasi toutes les écoles étaient bloquées par des piquets, et ce malgré la réaction très tardive des directions syndicales (rappelons que les attaques avaient été annoncées dès le mois de juin par le nouveau gouvernement MR-Engagés…).

    La grève de 48h des 27 et 28 janvier était un pari risqué car il est toujours plus difficile de se mobiliser pendant deux jours, et pourtant pas moins de 35.000 enseignant.e.s se sont rendu.e.s à Bruxelles pour manifester. Outre le fait que beaucoup de profs ont fait grève pour la première fois, les travailleur.euse.s des secteurs périphériques se mobilisent également, comme le personnel des académies de musique et des écoles des arts qui se voit également menacé par les nouvelles mesures. Les élèves du qualifiant, directement attaqués et provenant souvent de famille moins aisées, n’ont pas hésité à descendre dans les rues : on a vu des manifestations spontanées devant les écoles, et même des élèves accompagner leurs profs lors des actions des 27 et 28 janvier.

    C’est bien plus que des profs qui se battent pour leurs conditions de travail : c’est un véritable mouvement de société qui se préoccupe de l’avenir de nos élèves. La comparaison avec les luttes des années 1990 vient immédiatement à l’esprit lorsque l’on voit l’ampleur de la mobilisation et l’implication des élèves dans la lutte. Mais le spectre de 1996 est aussi un poids, beaucoup d’ancien.ne.s se rappelant avec déception comment leur salaire a été perdu sans avoir été entendus, les directions syndicales ayant mis fin au mouvement sans que les mesures d’économie ne soient retirées. Par exemple, des enseignantes qui sont aussi mères célibataires se demandent si elles pourront tenir sur la distance avec les multiples jours de grève et les pertes de salaire qui vont avec.

    Jusqu’ici, les actions n’ont pas donné de résultat direct. Au contraire, les pensions des fonctionnaires sont maintenant attaquées, le régime des DPPR est mis à mal et la ministre Glatigny semble vouloir revenir sur le tronc commun, une mesure qui devait amener plus d’égalité sociale.

    Une mobilisation par en bas pour répondre aux défis du mouvement

    Pour éviter un découragement et une perte de repères, il est essentiel d’avoir des perspectives plus claires sur la suite du plan d’action. Les directions syndicales ont évoqué des actions en avril, sans toutefois préciser de quoi il s’agira. L’organisation d’assemblées générales régulières dans les écoles par les équipes syndicales sur le terrain peut être une bonne manière d’endiguer le sentiment de flou pour l’avenir du mouvement. On peut parler ensemble des projets d’actions qui sont sur la table, mais aussi de l’actualité et des réels besoins dans chaque école pour construire par en bas des revendications qui parlent à tout le personnel et aux élèves. C’est seulement en mettant la pression sur les directions syndicales et en montrant aux collègues que nous pouvons donner le ton dans les mobilisations que l’on pourra maintenir l’enthousiasme.

    Un autre défi du mouvement est celui de construire des ponts avec les mobilisations des élèves qui sont sorti.e.s spontanément pour défendre leur avenir. Des obstacles très terre-à-terre compliquent la solidarité : les enseignant.e.s ont un devoir de « neutralité » qui peut se retourner contre eux s’ils essayent de mobiliser les élèves, et les éducateur.trice.s doivent parfois sanctionner les élèves qui sont partis en grève lorsque la direction de l’établissement ne soutient pas le mouvement. Utiliser les groupes jeunes des syndicats pour offrir un soutien à l’organisation des luttes des élèves pourrait être une piste.

    Elargir la lutte pour un refinancement de l’enseignement et de tous les services publics

    Le gouvernement MR-Engagés de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’est pas prêt à entrer en négociation et à revenir sur les mesures d’économie : c’est un gouvernement de confrontation, tout comme le gouvernement fédéral. Les attaques contre l’enseignement ne sont pas isolées et font partie d’une vague de mesures d’économie dans les services publics qui touchent toute la classe des travailleur.se.s. Utilisons cette situation à notre avantage : ne nous limitons pas à une lutte sectorielle mais construisons l’unité avec toutes les luttes contre le gouvernement Arizona ! La manifestation du 13 février était une bonne première étape pour construire un rapport de force suffisant pour faire plier ces gouvernements de droite.

    Pour quoi luttons-nous aujourd’hui? Est-ce uniquement une lutte défensive contre les attaques dans l’enseignement qualifiant, dans le spécialisé, sur nos pensions ? Ou bien voulons-nous autre chose pour nos élèves : des classes à taille humaine, des locaux rénovés, du personnel disponible (et donc en suffisance et pas surchargé) ? Nous ne nous battons pas pour supprimer les mesures, ou bien pour que les économies soient faites dans d’autres services publics à la place de l’enseignement : les besoins sont criants dans tous les secteurs, et l’argent existe dans la société (n’oublions pas qu’en Belgique, les multinationales ne payent quasiment pas d’impôts…). En clarifiant de la sorte pour quoi nous luttons, en mettant en avant les besoins de notre enseignement, nous pouvons également assurer la solidarité des élèves, des parents, et enfin de toutes les couches de la société !  

  • Construisons un plan d’action vers la chute du gouvernement !

    Ça chauffe sur le rail. Il faut dire que la réforme des pensions qui se prépare est un véritable cataclysme : avec un calcul prenant en compte l’ensemble de la carrière et la suppression du régime préférentiel, le montant de nos pensions serait raboté de plus de 20 %. Pour le personnel roulant (conducteur·trice·s et accompagnateur·trice·s de train), la fin de la possibilité de partir en pension anticipée signifierait pour certain·es 12 années de travail supplémentaires ! Sans compter les menaces qui pèsent sur le statut, sur notre mutuelle et sur l’avenir de toutes celles et ceux qui font les chemins de fer. L’Arizona s’attaque aussi directement aux voyageurs et prévoit notamment la suppression de certains points d’arrêt.

    par un cheminot

    Deux syndicats minoritaires indépendants, le SIC et le SACT, ont organisé avec succès une grève de 9 jours entre la fin février et début mars. Ils ont devancé le front commun des syndicats traditionnels CGSP et CSC, qui avait annoncé plus tard son propre plan. Celui-ci consiste en quelques jours de grève chaque mois jusqu’au mois de juillet, en y incluant les dates d’actions intersectorielles et interprofessionnelles. A leur base qui réclamait un plan d’action encore plus dur, les dirigeants des syndicats traditionnels répondent : “nous sommes dans un marathon, pas dans un sprint !”.

    La crainte de partir en grève “trop tôt, trop vite, trop fort” est légitime. Le gouvernement pourrait parier sur un essoufflement rapide des secteurs les plus à la pointe de la contestation, puis profiter du début de l’été pour faire voter ses pires réformes. Il est donc vrai que nous avons besoin d’un plan qui tienne dans la durée. Mais cela ne doit pas servir d’excuse pour ralentir les luttes ou se limiter à revendiquer de la “concertation”. Même amputé de moitié, le programme de l’Arizona serait inacceptable : il n’y a donc rien à négocier !

    Construire notre solidarité

    Nous sommes déterminé·e·s, mais ne nous voilons pas la face : ce gouvernement l’est aussi. De Wever et ses amis patrons sont prêts à supporter quelques journées d’actions syndicales si ça leur permet d’assurer plus de profits à long terme. Un plan d’action dur et bien conçu va donc être indispensable pour les faire plier. Il ne s’agit pas seulement de multiplier les jours de grève, mais aussi de construire un mouvement de solidarité avec toutes celles et ceux que l’Arizona met en danger.

    On connaît la petite musique de la droite: faire croire que les contestataires ne sont qu’une “petite minorité”, qu’ils défendent “leurs privilèges”. Monter les salarié·es les un·es contre les autres. Le nouveau ministre de la mobilité Jean-Luc Crucke déplore que sur le rail, “ce sont deux petits syndicats qui représentent 5% du personnel qui décident de tout bloquer”. Mais monsieur le ministre, si seuls des responsables syndicaux étaient en grève, 99% des trains rouleraient… Si le rail est bloqué, c’est parce que des milliers de cheminot·es ont décidé de participer à l’action, certainement pas 5% !

    La solidarité est notre meilleure arme pour répondre à la rhétorique de division. La solidarité sur nos lieux de travail, la solidarité entre secteurs, la solidarité avec toutes les couches de la population qui vont souffrir si l’Arizona est capable de mettre ses plans à exécution.

    Un vrai plan d’action

    Les réunions du personnel sur les lieux de travail sont indispensables pour informer tous nos collègues des enjeux et discuter démocratiquement des actions. Ce gouvernement s’attaque à nos conditions de travail, notre sécurité sociale, nos pensions, nos services publics. Mais il va aussi plonger un peu plus dans la galère celles et ceux qui l’étaient déjà : les parents solos, les allocataires sociaux, les minorités, les migrant·es. Les travailleur·euses les mieux organisé·es pourraient organiser des actions de solidarité avec les autres secteurs en lutte. Par exemple en publiant des messages de solidarité sur les réseaux sociaux, en organisant des visites sur les piquets de grève des autres, ou en tenant des assemblées en commun.

    La grève générale du 31 mars est à mettre dans tous les agendas. Cette journée a le potentiel pour devenir une démonstration de force : en mettant l’économie du pays tout entier à l’arrêt, en s’attaquant à leurs profits, nous parlerons le seul langage que les puissants comprennent. D’autres actions doivent être organisées avant cela : une grève des services publics, des grèves tournantes, une participation massive à la journée internationale des droits des femmes du 8 mars … sont utiles pour construire progressivement la mobilisation.

    Il faut aussi planifier l’après 31 mars. Nous ne voulons pas revivre les mêmes erreurs qu’en 2014, ou après une mobilisation extraordinaire, les dirigeants syndicaux avaient progressivement abandonné les actions. En construisant patiemment un plan d’action qui avance crescendo, en mobilisant le plus largement possible, nous pouvons gagner.

    S’informer et s’organiser !

    Il est essentiel d’informer et d’organiser les collègues, les amis et les voisins. La droite, les « experts » en tout genre et les médias de masse nous inondent quotidiennement de mensonges et de propagande. Notre meilleur antidote repose sur la réaction la plus collective possible. Quelques suggestions.

    • En prenant connaissance de ce que les mesures de l’Arizona signifient concrètement, on ne peut être qu’en colère. Nous pouvons encourager ce sentiment de rébellion avec des journaux d’information, à l’image des éditions du « Journal des pensions » publiées par le front commun syndical en 2014 et 2018. Bien entendu, des versions numériques de ces journaux sont également nécessaires.
    • L’organisation de séances d’information sur chaque lieu de travail permet d’entrer en contact avec les collègues et d’expliquer les mesures prévues.
    • L’organisation d’assemblées militantes par secteur et par région permet de prendre le pouls des syndicalistes, d’affiner les revendications et de préparer les prochaines étapes du plan d’action.
    • Définir des manifestations et des journées de grève par secteur ou par région sont utiles pour accompagner des campagnes ciblées sur ce secteur ou cette région.
    • Des actions nationales de grève générale sont bien entendu nécessaires. Faute de réponse satisfaisante, après une première grève de 24 heures, une prochaine grève plus importante et de plus longue durée peut être annoncée, par exemple de 48 heures. Des actions intermédiaires (par secteur, par région, etc.) peuvent servir d’élan vers celle-ci.
    • Il nous faut des assemblées du personnel régulières et démocratiques afin de construire une implication solide et l’engagement le plus large possible. C’est la meilleure façon d’organiser le mouvement de lutte et de faire barrage à la propagande mensongère de la classe dominante.
    • L’auto-organisation est cruciale. Les initiatives qui réunissent des activistes de divers horizons, comme Commune Colère, renforcent cette approche.
    • Cette auto-organisation doit aussi nous permettre d’oser parler sans entrave du type de société que nous voulons et de la manière d’imposer notre alternative collective.

    Nous renforcer en étant conscient.es des pièges

    La faiblesse incite à l’agression. Tout mouvement de lutte a donc intérêt à se prémunir contre d’éventuelles faiblesses. Trois points essentiels.

    1/ Préserver notre unité. Toutes les formes possibles de division vont être attisées. La droite raconte que les fonctionnaires sont des privilégié.es parce que certain.es ont une pension qui leur permet de payer une maison de retraite ? Ce n’est pas un privilège, ça devrait être un droit pour tout le monde. Les divisions communautaires seront aussi ravivées tandis que le racisme est la donnée constante d’un agenda de droite. La campagne « anti-woke » vise de la même manière à semer la discorde. Ce ne sont pas les personnes transgenres qui attaquent nos pensions, c’est le boys club capitaliste représenté par l’Arizona qui s’en charge.

    2/ Une stratégie pour gagner. Un plan, ce n’est pas simplement une suite d’actions. La force d’un plan d’action réside dans sa capacité d’escalade, chaque action construisant consciemment l’élan vers la suivante. L’avertissement selon lequel nous devrons courir un marathon et non un sprint ne doit pas servir d’excuse pour faire du sur-place. Sans une lutte sérieusement organisée, la colère conduit à la frustration et au cynisme. De toute façon, même un marathon exige beaucoup d’efforts et un entraînement régulier pour franchir la ligne d’arrivée. Il ne doit pas non plus y avoir d’excuses pour laisser planer une quelconque ambiguïté quant à notre objectif : la chute du gouvernement. Pas en 2029, mais le plus tôt possible ! Attendre les élections ne nous a jamais menés nulle part, c’est par nos propres actions que nous forçons les choses à se produire.

    3/ La clarté sur ce que nous voulons. En 2014, l’écho a été grandissant en faveur d’un impôt sur les fortunes, mais cette revendication a été déviée vers un « tax shift », un transfert fiscal qui, au final, n’était pas du tout dans notre intérêt. Des revendications clairement exprimées consolident le mouvement de lutte et réduisent la possibilité de nous emmener dans une voie de garage. Nous voulons un véritable impôt sur la fortune, des investissements massifs dans les services publics, la réduction collective du temps de travail, la pension à 60 ans, la préservation de la retraite anticipée… Nous lions tout cela à la nécessité d’une société où la majorité sociale décide réellement de tout, y compris de ce qui est produit et de quelle manière, afin de satisfaire les besoins sociaux.

  • Faire contribuer « toutes les épaules » ? Non, l’Arizona accroît les inégalités 

    La coalition fédérale dit vouloir faire contribuer toutes les épaules, y compris « les plus larges », à l’effort budgétaire. En réalité, il y en a pour qui ce n’est qu’à peine le cas, tandis que d’autres en supportent tout le poids. Les chiffres sont éloquents : les plus riches paient à peine 4 % au titre de l’impôt sur les plus-values (une partie sera payée par la classe moyenne et il est déjà question d’échappatoires), alors que le reste de la population va devoir casquer pour les 96 % restants. Rien à voir, donc, avec un effort équilibré. La stratégie est claire : perpétuer et approfondir les inégalités structurelles dans la société.

    par Nick (Anvers)

    Travailler plus dur et plus longtemps

    La flexibilisation du travail de nuit, des heures supplémentaires et du rythme de travail sont des exemples douloureux de cette politique de classe. Les travailleur.euses en paient le prix sur le plan de la santé : troubles du sommeil, maladies cardiovasculaires et augmentation du risque de mortalité ne sont que quelques-unes des conséquences. Les études qui ont démontré que le travail de nuit structurel augmente le risque de maladies chroniques ne manquent pas. Pourtant, ce ne sont pas les entreprises qui encouragent le travail de nuit qui en supportent le coût, ni même le gouvernement qui facilite cette flexibilisation. La facture est répercutée sur les travailleur.euses concerné.es ainsi que sur le système de soins de santé. Il s’agit d’une pure externalisation des charges : les entreprises récoltent les bénéfices, les travailleur.euses subissent les risques.

    La réforme des pensions constitue une nouvelle étape dans le démantèlement de la sécurité sociale. Les femmes, qui accumulent souvent moins de droits à pension en raison du travail à temps partiel et des responsabilités familiales, sont particulièrement touchées. L’écart entre les genres sur le marché du travail ne fera donc que se creuser. Parallèlement, le nouveau système porte atteinte au droit à une pension décente pour les personnes confrontées à une maladie ou à des problèmes psychologiques au cours de leur carrière.

    Le système de bonus-malus oblige les travailleur.euses à travailler plus longtemps, sans prendre en compte le poids physique d’une carrière de longue durée. Les pensions sont ainsi transformées un instrument de punition pour les plus vulnérables au lieu d’un filet de sécurité sociale. Le gouvernement fait tout son possible pour que chacun travaille à temps plein jusqu’à 67 ans, ouvrant la porte à des pressions pour rester au travail au-delà de l’âge légal de la retraite.

    Un exemple flagrant du manque de fiabilité de cette politique est l’introduction du malus sur les pensions. Le ministre des pensions, Jan Jambon (N-VA), a d’abord affirmé que les périodes de maladie seraient comptabilisées comme des périodes travaillées et a accusé le PTB de « mensonges » lorsqu’il a remis cela en question. Moins de 36 heures plus tard, il a dû s’excuser : en réalité, la maladie n’est pas assimilée à un travail effectif, de sorte que les travailleurs qui sont malades ne serait-ce qu’un jour au cours d’un emploi à mi-temps perdent une année entière dans leur compteur de carrière. Les femmes et les travailleur.euses exerçant des professions pénibles sont particulièrement touché.es.

    L’attaque contre les retraites accroît les inégalités

    Le gouvernement justifie la réforme en affirmant qu’en l’absence de mesures drastiques, une part croissante des recettes publiques ira aux pensions. Mais en réalité, ces déficits budgétaires proviennent de choix politiques.

    Sous couvert d’« harmonisation », les droits à la pension sont démantelés. L’introduction du malus de pension touche particulièrement les personnes exerçant un travail physiquement pénible. Les maladies de longue durée et la retraite anticipée sont de plus en plus souvent exclues du calcul de la pension, ce qui oblige de nombreuses personnes à travailler plus longtemps. Même la garantie de revenus pour les personnes âgées se durcit, frappant encore plus durement les personnes âgées vulnérables.

    Pendant ce temps, des milliards d’euros disparaissent dans les poches des grandes entreprises par le biais de l’évasion fiscale, de la spéculation et des investissements subventionnés. Les chômeurs et les allocataires sociaux sont présentés comme des profiteurs, alors que les vrais parasites sont les élites financières. La stratégie consiste à diviser pour mieux régner : les salarié.es et les allocataires sociaux sont montés les un.es contre les autres pour masquer le fait que les vrais profiteurs ne sont pas touchés.

    Le gouvernement présente les déficits budgétaires comme une fatalité, alors qu’ils résultent de choix politiques délibérés. La réduction de l’impôt sur les sociétés de 33,99 % à 25 % sous le gouvernement Michel s’est traduite par une perte de recettes annuelles de 8 milliards d’euros à elle seule. Un déficit a été délibérément créé avec l’idée que la classe travailleuse pourra ensuite le combler avec une pluies d’économies budgétaires et d’augmentations d’impôts.

    Les pensions ne sont pas une faveur, mais un droit que les travailleur.euses accumulent tout au long de leur carrière. Les réformes actuelles remettent en cause ce principe et accroissent les inégalités sociales. C’est pourquoi la lutte est nécessaire : pour une répartition équitable des richesses, des salaires plus élevés et une pension décente. Seul un mouvement de masse peut mettre fin à aux attaques de la droite !

  • Lutter comme en 2014… et aller au bout

    Les militant.es syndicaux qui ont déjà une certaine expérience font souvent référence aux luttes de 2014 comme un modèle du type de lutte qui s’impose aujourd’hui. S’y attarder un moment est bien utile, histoire de rafraîchir les mémoires et de présenter aux jeunes militant.e.s la lutte qui a connu la plus grande journée de grève générale de l’histoire de Belgique.

    Par un délégué de la FGTB en Flandre 

    Le contexte de la Coalition suédoise

    Le combat de 2014 était mené contre la coalition « suédoise » composée des libéraux, de la N-VA et du CD&V. Ce gouvernement de droite dure dirigé par Charles Michel (MR) et Bart De Wever en tant que Premier ministre fantôme a marqué une rupture avec les gouvernements précédents dirigés par Di Rupo, Leterme ou encore Van Rompuy, chacun d’eux étant issu de familles politiques traditionnelles. Suite à la crise financière de 2008, les banques ont été renflouées grâce à des fonds publics, une sorte de «socialisme pour les riches». La crise économique qui a suivi a entraîné une augmentation de la dette publique et des déficits budgétaires.

    Le gouvernement Di Rupo (2011-2014) a ouvert la voie aux premières mesures d’austérité. L’allocation d’insertion destinée aux jeunes ayant quitté l’école a été limitée dans le temps, constituant ainsi une nouvelle attaque contre les chômeur.euses. Face à la perspective d’une série d’attaques antisociales, une manifestation de masse rassemblant entre 60.000 et 80.000 personnes a eu lieu avant même l’entrée en fonction du gouvernement, en décembre 2011. La FGTB a brandi la menace d’une grève générale, qui a effectivement eu lieu en janvier 2012. Mais quelques concessions limitées de la part du PS ont suffi pour que la direction syndicale ne donne pas suite au mouvement.

    En 2014, la N-VA a remporté les élections avec 32% des voix tandis que, du côté francophone, le MR a gagné du terrain vis-à-vis du PS. De Wever a saisi l’occasion de former un gouvernement d’austérité brutale. La chose ne manquait pas d’intérêt pour la classe dominante qui pouvait ainsi toujours avoir en réserve une nouvelle coalition tripartite traditionnelle et, entre-temps, ramasser tout ce que De Wever, Michel et leur bande pouvait voler de nos conquêtes sociales.

    Au nom de la nécessité de «mettre de l’ordre» et de «s’attaquer au déficit budgétaire», une attaque en règle contre la classe travailleuse a été lancée. Au programme: relèvement de l’âge de la pension de 65 à 67 ans, accélération de la diminution des allocations de chômage, saut d’index contre les salaires… Imaginez qu’un.e travailleur.euse commençant à l’époque à travailler pour un salaire moyen, ce saut d’index signifie jusqu’à 30.000 euros de moins sur l’ensemble de sa carrière !

    Si le déficit budgétaire a diminué, c’est d’ailleurs uniquement en raison de la croissance économique. Ce qui a été volé aux salarié.es est allé directement dans les poches du patronat, qui ont reçu une pluie de cadeaux fiscaux.

    L’idée d’un plan d’action se concrétise

    L’objectif du gouvernement était également d’affaiblir fondamentalement la force de frappe des syndicats. Les dirigeants syndicaux l’avaient bien compris, ce qui a conduit à une situation exceptionnelle où un plan d’action clair, simple et solide a été annoncé en front commun. Avant même la formation du gouvernement fédéral, une concentration militante a regroupé entre 6.000 et 7.000 personnes.

    Auparavant, un «plan d’action» était un concept défendu par les organisations et activistes de gauche. L’idée est qu’un plan permet d’intensifier les actions, en utilisant chaque étape comme tremplin vers la prochaine jusqu’à atteindre la grève générale.

    Lors de réunions interprofessionnelles dans les grandes villes, des délégué.es de tous les secteurs se sont réuni.es pour harmoniser leurs positions. Une campagne d’information, présentée sous la forme d’un « journal des pensions », a été tirée à un million d’exemplaires avec une foule d’arguments en béton et une série de revendications claires. Ce fut d’une grande aide pour mobiliser parmi les collègues.

    Une manifestation de masse réunissant jusqu’à 150.000 participants le 6 novembre, la plus grande manifestation syndicale depuis 1986, a marqué le coup d’envoi de la campagne. La colère était aussi alimentée par les révélations concernant les fraudes commises par les super-riches, telles que les «Luxleaks», ainsi que par la manière dont Marc Coucke avait vendu sa société Omega Pharma pour 1,4 milliard d’euros sans payer un seul centime d’impôt. Cette manifestation a été le point de départ de trois journées de grèves provinciales tournantes, chaque semaine dans deux provinces à la fois, en préparation d’une grève générale nationale le 15 décembre.

    Impliquer plus largement

    Une dynamique d’action sérieuse attire directement d’autres groupes dans son orbite. Cela a été particulièrement évident lors de la manifestation du 6 novembre 2014, à laquelle ont également pris part des artistes, des jeunes, des travailleur.euses indépendants, etc. Des études ont montré que 16% des manifestant.es n’étaient pas syndiqués.

    Par ailleurs, la jeunesse était passée à l’action en Flandre contre l’augmentation du minerval. Le PSL a joué un rôle actif dans le développement de groupes d’action au sein de diverses écoles à Gand, qui ont organisé des sit-ins et des manifestations, suivis d’assemblées générales. La mobilisation de la jeunesse a fait partie intégrante du mouvement, notamment lors de la manifestation du 6 novembre, où un important contingent de jeunes était présent, certain.es se rendant par la suite à bicyclette faire la tournée des piquets de grève en solidarité.

    L’extension de la mobilisation s’est toutefois principalement manifestée sur le lieu de travail, grâce à une campagne d’information accessible, mais aussi aux assemblées du personnel. Grâce à cela, tous les collègues ont été touché.es et les réunions ont permis de répondre à leurs questions et de discuter des prochaines étapes des actions à entreprendre. En 2014, tout comme aujourd’hui, la pratique des réunions du personnel avait été mise en veilleuse par les appareils syndicaux, mais elle a repris de la vigueur sur base du plan d’action. Cela s’est traduit, entre autres, par le nombre record de 132.750 candidat.es aux élections sociales de 2016.

    Un mouvement de masse permet d’arracher des choses impossibles en temps normal. La popularité du gouvernement de droite a fondu comme neige au soleil en 2014. Rétrospectivement, De Wever a reconnu ce que les marxistes avaient déjà observé en décembre 2014, à savoir que le «gouvernement des riches» était en train de vaciller. En même temps, la popularité de revendications telles que l’impôt sur la fortune des super-riches a augmenté: une majorité se dégageait en sa faveur jusque dans l’électorat de la N-VA et du MR! Ce large soutien a permis l’adoption de méthodes d’action audacieuses. Des zones industrielles entières ont été bloquées, y compris l’ensemble de la zone industrielle autour de l’Escaut à Anvers.

    Le patronat contre-attaque

    Le patronat a immédiatement tenté de créer la division chez les travailleur.euses, notamment en accordant des primes au travail volontaire. Patronat et gouvernement ont intensifié la pression sur les directions syndicales, notamment dans le cadre de l’accord interprofessionnel qui devait être conclu au début de 2015, avec la promesse d’un transfert fiscal du capital vers le travail. Ils ont également su utiliser le contexte des attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015 pour détourner l’attention des enjeux sociaux.

    Des doutes sont donc apparus quant à la possibilité de poursuivre le mouvement en le faisant grandir. À ce stade, l’idéal aurait été d’évaluer la situation en réunions du personnel sur chaque lieu de travail, avec ensuite une grande réunion nationale en janvier au cours de laquelle un deuxième plan d’action aurait pu être annoncé. Ce plan aurait pu inclure, par exemple, des grèves provinciales de 48 heures, menant à une grève générale nationale de 48 heures, puis de 72 heures.

    Attendre les élections n’est pas la bonne idée

    Les directions syndicales n’avaient aucun projet en ce sens et se sont, à quelques exceptions près, concentrées sur la manière de faire atterrir le mouvement. Les appels en faveur d’une fiscalité plus équitable ont commencé à occuper le devant de la scène, mais sont restés vagues. Cela a permis au gouvernement de proposer un «tax shift», mais qui fut finalement un virage fiscal adapté aux exigences des grandes entreprises. Un accord interprofessionnel prévoyant une norme salariale de 0,8%, bien que très modeste, a obtenu une courte majorité au sein du conseil de la CSC, grâce à diverses manoeuvres.

    Des actions ont encore eu lieu dans certains secteurs tandis qu’en guise de nouveau « plan d’action », une série d’actions modestes et symboliques a été proposée. Cela a fait le lit d’une large démoralisation, qui a permis au gouvernement de se redresser. Le potentiel de combativité n’a pas été éliminé pour autant: en octobre de la même année, une manifestation organisée à l’occasion du premier anniversaire du gouvernement Michel a encore rassemblé entre 80.000 et 100.000 personnes. Sans mots d’ordre clairs malheureusement. En 2018, la tentative d’imposer un système de pension à points a directement été enterrée grâce à un sursaut de nouvelles protestations syndicales.

    Entre-temps, les directions syndicales ont de plus en plus soutenu qu’il était nécessaire d’attendre les prochaines élections pour présenter la note aux partis de la coalition suédoise. Ces derniers ont effectivement été sanctionnés en 2019. Les thèmes sociaux étaient présents lors des élections, ce qui a conduit à la première percée nationale du PTB. Cependant, le recul du mouvement a particulièrement permis à l’extrême droite de capitaliser sur le mécontentement en Flandre, entraînant un retour spectaculaire du Vlaams Belang.

    Leçons d’hier pour aujourd’hui

    Malgré les attaques visant le droit à l’action collective, y compris le droit de grève, ainsi que les défaites subies, comme chez Delhaize ou Audi Brussels, la force organisationnelle des syndicats demeure intacte. Les manifestations du 13 janvier et du 7 novembre (dans les secteurs public et non-marchand) ont révélé le potentiel d’un nouvel élan de la lutte. Un plan d’action est essentiel et pourrait également engendrer d’autres dynamiques, le lien avec la protestation contre le génocide en Palestine étant ici manifeste.

    Des assemblées du personnel et des réunions militantes sont indispensables pour permettre à la base de contrôler la manière dont les actions se poursuivent, y compris comment et quand elles sont arrêtées. L’engagement actif constitue également la meilleure réponse aux tentatives de division. En affinant et en précisant nos revendications, nous pouvons éviter que nos préoccupations ne soient placées sur une voie de garage comme cela s’est produit avec le «tax shift» de 2015.

    Le mouvement de 2014 n’a pas réussi à mettre fin aux attaques, mais il a réussi à ébranler un gouvernement de droite provocateur. Cela offre un aperçu de ce qui est possible pour une classe travailleuse en mouvement. 

  • Les salaires dans le collimateur… Il est temps de riposter !

    L’action syndicale réussie du 13 janvier a montré qu’il y a une grande volonté de stopper l’agenda de droite de la coalition Arizona. Dans les services publics en particulier, l’enseignement néerlandophone et les transports publics en tête, un signal fort a été envoyé à l’élite politique: ses politiques de démolition se heurteront à une forte résistance. Pour les dirigeants syndicaux, cela devrait être le signal du lancement d’un plan d’action sérieux unissant l’ensemble de la classe ouvrière de notre pays dans sa lutte contre les intérêts du capital.

    Par Frederik De Groeve, délégué syndical et co-initiateur du comité de grève de Gand-Sud en 2014

    L’organisation patronale Flamand Voka, avec d’innombrables commentateurs dans son sillage, a crié son incompréhension à l’annonce de cette grève «prématurée ». Après tout, aucun gouvernement n’a encore été formé, alors, selon le raisonnement, pourquoi se mettre en grève? L’objectif du Voka & co est de jeter du sable dans les yeux des travailleurs et de discréditer les syndicats autant que possible. Après tout, la liste des attaques de la droite contre la classe ouvrière est connue depuis longtemps et la meilleure réponse est d’impliquer le plus grand nombre possible de personnes dans la résistance. La journée d’action du 13 janvier était donc une étape indispensable dans la construction d’un mouvement capable d’arrêter ce gouvernement avant même qu’il n’ait eu la chance d’atteindre sa vitesse de croisière.

    Qu’est-ce que De Wever & co nous réservent? Un petit échantillon de la liste des horreurs.

    Malgré une augmentation considérable des marges des profits, De Wever veut continuer à interdire les négociations salariales libres, comme le prévoit la détestable loi sur les normes salariales. Ce transfert de plusieurs milliards d’euros n’est toutefois pas suffisant (il ne le sera jamais !) pour le patronat. C’est pourquoi le prochain gouvernement veut à nouveau grignoter l’index santé déjà limité en le calculant sur une moyenne de 12 mois au lieu des 4 mois actuels. Concrètement, il veut nous faire payer les hausses de prix à la caisse pendant une année entière sans adapter nos salaires ou nos avantages en conséquence. De plus, en cas de forte inflation (+4%), c’est-à-dire lorsque nous avons le plus besoin de l’index, une restriction supplémentaire serait introduite pour les salaires supérieurs à la moyenne (c’est-à-dire pour la moitié des travailleurs !), tandis que les bénéfices des actionnaires et les dividendes ne seraient pas touchés.

    Le travail de nuit ne commencera à l’avenir qu’à partir de minuit au lieu de 20 heures, ce qui entraînera d’importantes pertes de salaire. La semaine de travail pourra être portée à 48h sans que les syndicats puissent y veiller. Retour progressif à l’époque de Daens?

    La coalition Arizona veut nous faire avaler cette pilule amère en mettant en œuvre une réforme fiscale qui nous permettrait d’augmenter notre salaire net. Cependant, lorsqu’on commence à regarder qui paiera pour ce transfert fiscal, la tromperie de De Wever devient vite évidente. En effet, outre les attaques contre l’index, ils veulent faire passer le taux de TVA de 6 à 9% et augmenter les accises sur les carburants. De plus, ces augmentations de taxes seraient exclues du calcul de l’index! Ce que nous obtenons en plus en termes nets, nous le perdrons doublement sous la forme d’autres taxes.

    De plus, le tax shift représente une nouvelle attaque contre les moyens des services publics et de la sécurité sociale, déjà sous-financés. La part indirecte de nos salaires, qui est utilisée pour les hôpitaux, les garderies, les écoles, les pensions et autres prestations, diminue encore. Les listes d’attente déjà scandaleusement longues pour les soins de santé et les services publics vont tout simplement s’allonger sous ce gouvernement. C’est le terreau idéal pour renforcer la haine et la division au sein de la société. Le Vlaams Belang du côté néerlandophone n’a plus qu’à récolter les fruits pourris de cette coalition lors des prochaines élections.

    Organiser la résistance

    Les syndicalistes combatifs ont aujourd’hui la responsabilité d’organiser la résistance contre ce gouvernement de droite et de former ainsi l’épine dorsale d’un mouvement social plus large prônant un modèle de société différent et socialiste. La lutte à venir ne doit pas seulement viser à jeter cette coalition de droite à la poubelle. Nous devons également avoir l’ambition de construire une alternative. Un premier pas nécessaire pour cela est de renforcer les liens entre les syndicalistes combatifs en mettant en place des comités de grève, au-delà des frontières de son lieu de travail. Nous devons tirer les leçons du mouvement de 2014 et oser aller de l’avant là où nous nous sommes arrêtés. Si nous restons les bras croisés, nous avons perdu d’avance. Si nous nous battons, nous pouvons gagner !

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  • Plus de militarisation, moins de droit de résistance et d’organisation

    L’Arizona veut mener une politique de droite dure. Les mesures vont encore plus loin que celles du précédent gouvernement de droite, Michel I (2014-2018). La liste complète du Voka et de la FEB est sur la table: des attaques voraces contre l’indexation et les pensions, des impôts moins progressifs, des coupes dans à peu près tous les services publics.

    Par une militante de la CSC

    Plus de militarisation

    Selon Theo Francken, la sécurité «douce» et la sécurité «dure» doivent être mieux équilibrées. Il entend par là que la sécurité sociale, les pensions, les soins de santé, les allocations de chômage …. devraient être progressivement supprimés, tandis que davantage de ressources seraient consacrées aux dépenses militaires. Les services publics qui ont déjà été réduits à néant seront encore esquintés par le gouvernement Arizona, notamment par la poursuite de la privatisation et de la commercialisation. Tous les postes de dépenses seront réduits, à l’exception des dépenses militaires.

    On parle de 4 milliards d’euros supplémentaires par an pour la défense, notamment pour les drones de bombardement et les nouveaux avions de chasse F-35. Des investissements qui profitent essentiellement à l’industrie privée de l’armement. On peut également se demander ce que l’on fera de toutes ces armes de haute technologie extrêmement coûteuses qui ont principalement des applications offensives et n’ont donc pas grand-chose à voir avec la « défense nationale ».

    Attaques contre les syndicats

    L’affaiblissement des syndicats et de la concertation sociale est un élément clé de la liste de souhaits de la coalition Arizona. Lors des élections sociales, plus de 60 000 travailleurs se présentent chaque fois aux conseils d’entreprise (CE) et aux comités pour la prévention et la protection au travail (CPPT) pour représenter et défendre leurs collègues.

    Grâce à l’organisation et à la lutte collectives, il est souvent possible d’obtenir de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail que si c’était chacun pour soi. Lorsque le syndicat est fort, les salaires sont plus élevés et les conditions de travail sont plus favorables et plus praticables. Les patrons préfèrent donc généralement se débarrasser des syndicats. La lutte syndicale reste le moyen le plus positif pour les travailleurs de s’organiser et de réclamer leur part du gâteau.

    Les délégués et les candidats aux élections sociales bénéficient aujourd’hui d’une protection contre le licenciement. L’«amende» pour non-respect de cette protection s’élève aujourd’hui à au moins deux ans et demi de salaire. Les grandes multinationales, en particulier, paient parfois cette amende pour empêcher le développement d’une équipe syndicale militante. En fin de compte, cela leur coûte moins cher qu’une convention collective négociée de manière militante ou qu’un investissement pour améliorer les conditions de travail. En particulier dans la période précédant les élections sociales – connue dans les cercles syndicaux sous le nom de « soldes » – il apparaît que même les protections actuelles sont inadéquates.

    L’Arizona prévoit de réduire considérablement les protections des délégués et des candidats aux élections sociales, ce qui les mettait dans des « supersoldes» permanentes, avec des conséquences désastreuses. Il s’agit d’un tremplin pour réduire ensuite les indemnités de licenciement pour tous : la supernote évoque un maximum d’un an !

    De plus, De Wever et Bouchez veulent ouvrir des discussions sur le droit de grève, et le droit à la protestation collective sera également remis en question. Enfin, il est toujours question d’introduire la personnalité juridique pour les syndicats.

    Moins d’allocations de chômage

    L’Arizona remet en cause le paiement des allocations de chômage par les syndicats. C’est un moyen d’affaiblir les syndicats, même s’il ne s’agit pas d’une mesure d’économie – cela coûterait plus cher au gouvernement. À court terme, il entraînerait des licenciements collectifs au sein des syndicats  tout le personnel administratif chargé de gérer les allocations de chômage se retrouverait au chômage. À plus long terme, elle affaiblirait en partie la plus force des syndicats, à savoir le nombre d’affilié.es.

    De nouvelles restrictions des allocations de chômage sont également bénéfiques du point de vue du clientélisme : elles exercent une pression à la baisse sur les salaires (les chômeurs sont contraints d’accepter de mauvais emplois) ET elles affaiblissent indirectement les syndicats.

    Des partis hypocrites

    CD&V, Les Engagés et surtout Vooruit ne manqueront pas de se féliciter bientôt en affirmant que, grâce à eux, «le pire a été évité». Au lieu des 10 pas en arrière prévus, il n’y en aura que cinq (et quatre autres ont été quelque peu reportés). Le fait est que, ce faisant, ils favorisent la régression. Ils parlent de « prendre leurs responsabilités », c’est-à-dire qu’ils préfèrent s’emparer de quelques postes ministériels plutôt que de tirer un trait sur la situation.

    Les syndicalistes ne doivent pas se faire d’illusions sur les partis qui ont été considérés comme des partenaires politiques de la lutte syndicale dans le passé. Au contraire, il faut rompre tous les liens qui subsistent avec ces partis afin que la lutte pour la justice sociale et économique puisse être menée à partir d’une position politiquement indépendante. Ce faisant, il faut concevoir un plan d’action qui ne se contente pas de renverser le gouvernement et qui ne se contente pas de mener une lutte défensive pour freiner le déclin, mais qui propose également des revendications offensives permettant de faire des pas en avant !

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  • L’enseignement au bord de l’effondrement…

    … le gouvernement donne un coup de pouce supplémentaire

    Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles dirigé par le MR et Les Engagés met en oeuvre une attaque Trumpiste contre l’enseignement. Suppression de 24 millions d’euros dans l’enseignement qualifiant, abolition des nominations de personnel permanent, réduction des investissements dans les infrastructures. L’enseignement, comme beaucoup de classes dans lesquelles les cours sont données, est une structure délabrée à laquelle il ne manque pas grand-chose pour s’effondrer complètement. Le gouvernement ne se contente pas d’observer l’effondrement, il l’accélère. La grève de 48 heures des 27 et 28 janvier n’est pas seulement l’expression d’un mécontentement, c’est un véritable appel à l’aide.

    La liste des mesures et des propositions est effroyable. Pour les élèves de l’enseignement qualifiant, le financement est réduit de 24 millions. Les 7èmes techniques de qualification et de certaines 7èmes professionnelles seront supprimée. Les élèves qui effectuent une 7e année n’obtiendront plus de diplôme leur permettant d’accéder à l’enseignement supérieur. Le fonds d’infrastructure devra se contenter de 2% de moins. Le minerval dans l’enseignement supérieur pour les étudiants étrangers va doubler. Nous savons tous que de telles augmentations sont généralement un tremplin vers des augmentations générales des minervals.

    Le personnel se heurte à la suppression de la nomination, dont seuls les personnes déjà nommées peuvent encore bénéficier. Il sera remplacé par un contrat de travail à durée indéterminée, avec une augmentation du temps de travail de 2 heures par semaine. Beaucoup d’enseignants devront travailler 2 heures de plus par semaine pour ce gouvernement, alors que la charge de travail est déjà insoutenable. Le personnel enseignant serait autorisé à travailler au-delà de 65 ans dans tous les postes. Le gouvernement veut chercher du personnel dans d’autres secteurs, comme dans l’enseignement néerlandophone, sans imposer de conditions de formation. Enfin, les stagiaires seront davantage utilisés pour combler les pénuries. La main-d’œuvre gratuite est toujours la bienvenue, estiment les ministres.

    Comme si cela ne suffisait pas, les mêmes partis poussent à la formation d’un gouvernement d’austérité au niveau fédéral. L’Arizona signifie une attaque frontale contre les pensions dans l’enseignement. Les pensions statutaires ne seraient plus calculées sur la moyenne des dix dernières années de carrière. Cette durée serait prolongée d’un an chaque année à partir de 2027, jusqu’à ce qu’elle atteigne 45 ans en 2062. L’ajustement du tantième, la fraction utilisée pour calculer la pension des enseignants, de 1/55 à 1/60 signifie un montant de pension plus faible (-5,6 %) et une pression plus forte pour rester plus longtemps dans l’emploi. L’objectif est une carrière de 45 ans. Le syndicat néerlandophone de l’enseignement COC a calculé qu’un enseignant modal ayant une carrière complète de 40 ans perdrait environ 15 % de sa pension nette.

    Il s’agit d’une attaque contre l’ensemble de l’enseignement. Il est nécessaire de construire la résistance dans l’éducation, en la liant à la lutte des collègues néerlandophones et aux actions syndicales générales. Cela nécessite de continuer et d’élargir la politique d’assemblées générales pour garder les collègues en l’action, leur permettre de discuter les propositions et le programme, ainsi que la stratégie pour gagner. Un enseignement de qualité signifie des classes plus petites (15 élèves maximum), un engagement massif de personnel, des infrastructures de qualité et salubres et la gratuité scolaire totale.

    Après la manifestation du 27 janvier et la grève du 28 janvier, la grande manifestation contre Arizona aura lieu le 13 février. Le 13 janvier, le personnel néerlandophone de l’enseignement est descendu en masse dans la rue, le 13 février nous pourrons manifester ensemble et préparer les prochaines étapes de nos actions. Cette lutte est existentielle pour l’enseignement, nous devons donc la mener avec le plus de force possible.

    Pour que ce combat soit victorieux, il faudra y lier des revendications offensives qui clarifient qu’il s’agit avant tout de l’avenir des jeunes générations et de l’enseignement émancipateur qu’elles méritent: avec des classes plus petites (dans lesquelles il ne pleut pas…) et suffisamment d’encadrement pédagogique avec des conditions de travail propices à accompagner l’épanouissement des élèves. Ne nous laissons pas prendre au piège : repoussons les attaques et arrachons plus de moyens, notamment pour plus de collègues!

    https://fr.socialisme.be/98213/enseignant-oui-en-saignant-non
  • Sur le rail : « la plus grande grève depuis l’introduction du service minimum »

    La manifestation et les actions de grève de lundi ont été remarquables. Dans le secteur de l’enseignement néerlandophone, la participation a été phénoménale. Aux chemins de fer aussi, la grève a été très suivie, et beaucoup sont venus manifester. Cela montre la colère que suscite les attaques que l’Arizona veut mettre en œuvre. Nous en avons discuté avec un accompagnateur de train.

    La journée d’action a-t-elle été un succès sur votre lieu de travail ?

    “Oui, sur de nombreux lieux de travail, en particulier dans les services opérationnels, nous avons des taux de grévistes compris entre 75 et 100 %”.

    “En termes d’impact sur le trafic ferroviaire, il s’agit de la plus forte grève depuis l’introduction du service minimum. Moins d’un quart seulement du nombre normal de trains a circulé. Sans que les blocs de signalisation ne soient fermés. Sur certaines lignes, il n’y a tout simplement eu aucun train. La couverture dans la presse bourgeoise est trompeuse ou mensongère”.

    “Nous avons été d’une certaine manière victimes de notre propre succès. De nombreux manifestants n’ont pas pu se rendre place de l’Albertine parce qu’ils n’avaient pas de moyen de transport ou parce que leurs enfants étaient à la maison en raison de la fermeture de l’école ou de la crèche. Cela souligne une fois de plus l’importance des services publics”.

    “La grève a tout de même renforcé la manifestation. J’estime qu’environ 500 cheminots ont participé à la manifestation. Ca s’est déjà produit au début de ma carrière. Plus de 10 % de mon dépôt s’est également rendu à Bruxelles. D’habitude, seuls quelques militants le font. Beaucoup étaient en grève ou manifestaient pour la première fois. Dans mon dépôt, même la moitié des nouveaux collègues ont fait grève. C’est rare”.

    Que signifie l’Arizona pour vous et vos collègues ? S’agit-il uniquement des pensions ?

    “Il y a trop de choses à énumérer. Cela signifie travailler plus longtemps pour des centaines d’euros de pensions en moins. Dans le cas du personnel roulant, jusqu’à 12 ans de plus ! La suppression de l’interdiction du travail du dimanche et du travail de nuit à partir de minuit au lieu de 20 heures mettra en danger les primes. En net, pour les accompagnateurs de train par exemple, ce sont des centaines d’euros qui sont dans le collimateur chaque mois. Aujourd’hui, nous conservons 100 % de notre prime forfaitaire pendant les six premiers mois de maladie. L’Arizona veut faire passer ce pourcentage à 60 % après un mois seulement. Il suffit d’avoir subi une intervention chirurgicale importante ou d’être gravement malade. Cela pousse les gens dans la pauvreté !”

    “Notre employeur juridique est HR Rail. L’Arizona veut le supprimer. La SNCB et Infrabel vont-elles reprendre notre statut ? Ou est-ce qu’on va nous mettre sous le nez un contrat encore plus mauvais ? Qu’en est-il de l’assurance hospitalisation pour les cheminots actifs et retraités ? On veut supprimer notre mutualité. Le gouvernement a l’argent de notre caisse de solidarité sociale dans le viseur. Et pour affaiblir l’arme qu’est la grève, il veut introduire la réquisition des grévistes”.

    Cette manifestation a été une réussite, qu’est-ce qu’il faudrait construire maintenant ?

    “Avec le plan de départ, nous aurions probablement été à la tour des pensions avec quelques milliers de militants. La pression de la base pour aller de l’avant était forte. Des préavis de grève ont été déposés aux chemins de fer, à la STIB et dans le secteur de l’enseignement néerlandophone. Cela s’est traduit non seulement par une forte participation dans ces secteurs, mais aussi par leur fermeture en grande partie. La concentration s’est transformée en manifestation. Peu à peu, des préavis de grève ont été déposés, par exemple, à la poste et dans les prisons. Le potentiel de croissance du mouvement est énorme”.

    “Dans tous les secteurs nous avons besoin de tracts expliquant concrètement les attaques prévues, de réunions du personnel avec des arrêts de travail pour parler du type d’actions dont nous avons besoin et des exigences que nous formulons à l’égard de l’Arizona. Des grèves mensuelles de 24 heures ne suffiront pas.”

    “L’âge légal de la pension est déjà trop élevé. La plupart des pensions sont trop faibles. De nombreux métiers sont pénibles sans possibilité de pension anticipée. Il faut répondre au soi-disant besoin d’austérité budgétaire. Par exemple en pointant du doigt les réductions de l’impôt sur les sociétés qui nous privent de 16 milliards d’euros par an. Et en surmontant les divisions entre les fonctionnaires, les petits indépendants et les employés du privé.”

  • “Accusations graves et non fondées contre nos pompiers”

    Réaction de la délégation CGSP aux allégations d’une attaque des services de police par les pompiers

    Les récents communiqués de presse accusant nos pompiers d’avoir attaqué la police avec du gaz lacrymogène et causé des blessures à plusieurs agents sont d’une extrême gravité. Ces allégations, relayées rapidement portent atteinte à l’honneur et à l’intégrité de notre profession. Des images ont été diffusées.

    Nos collègues pompiers ne sont ni armés, ni équipés de casques ou d’équipements similaires à ceux des forces de l’ordre. Les faits dont nous avons pris connaissance par les vidéos diffusées montrent clairement un pompier isolé projeté au sol puis durement immobilisé par plusieurs policiers. Des collègues inquiets de l’état de l’homme au sol ont tenté de lui porter assistance.

    Nous dénonçons fermement ces accusations visiblement non fondées et déplorons une vision unilatérale, sans interroger la réaction policière. Un pompier (qui avait peut-être dépassé le cordon policier de quelques centimètres ?) a, d’après les images mises en ligne, été frappé et projeté au sol.

    L’usage d’un « peper-spray » est attesté également, mais il est dans les mains d’un policier. Les policiers ne portent pas de masque et l’estimation raisonnable est que le spray qui a incommodé ses collègues était tenu par un policier.

    Une fois ces faits confirmés, il conviendrait de :

    1. La Police diffuse un rectificatif adéquat

    2. La direction diffuse un rectificatif adéquat.

    La délégation interroge la direction sur la façon dont elle aborde « l’information » reçue. Est-il adéquat de réagir très rapidement alors qu’une situation peut demander la prise de connaissance de quelques informations. Le sentiment transmis par l’ensemble de nos collègues est que vos agents opérationnels sont considérés en tort par défaut. « On verra bien s’ils peuvent prouver qu’ils sont innocents ! »

    On peut pourtant se poser la question d’emblée. On communique que 3 ou 4 Pompiers fous (armés de peper sprays, mais sans aucunes protections) ont décidé de charger seuls des policiers casqués, équipés de matraques, de boucliers, de peper sprays et présents en surnombre. A l’issue de cette attaque, quatre policiers sont blessés ! C’est surprenant déjà à la lecture.

    Si nous nous limitons à l’information du communiqué, on peut supposer qu’aucun pompier n’a subi la moindre lésion… C’est plus que surprenant au vu du rapport de force établi et de la projection à laquelle nous assistons.

    Il est urgent d’entamer un dialogue respectueux et constructif pour restaurer un climat serein. Si dépasser la zone de manifestation prévue n’est pas autorisé (à condition que ce soit le cas), il nous parait difficilement concevable que cette situation justifie la projection spectaculaire au sol à laquelle nous avons assisté. Les autres collègues présents ont les mains ouvertes, devant eux pour éviter un mauvais coup et tente de relever leur collègue pour lui venir en aide. Ils sont visiblement stressés mais sans gestes agressifs. Le pompier projeté est probablement la seule personne chez qui on puisse spontanément craindre des blessures lorsqu’on visionne les images diffusées.

    Nous attendons une réaction de la part de la direction,

    La délégation CGSP-ACOD du Siamu

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