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André Henry (1938-2023)
Le camarade André Henry vient de décéder à l’âge de 85 ans. Né en 1938 à Gilly, à une période où les militants trotskystes de l’époque (Léon Lesoil, Jules Henin) avaient une audience de masse dans le bassin minier et une influence décisive à la Maison du Peuple de Gilly. André a donc passé sa jeunesse dans un milieu ouvrier pétri par la lutte de classes, d’autant plus que son père était lui-même militant trotskyste et que les discussions se déroulaient souvent à la maison.
Par Guy Van Sinoy
A 15 ans il entre comme gamin à la verrerie où il apprendra progressivement le métier de coupeur de verre. A 17 ans il rejoint les Jeunes Gardes Socialistes. A l’époque, en verrerie, il existait encore des syndicats corporatistes peu favorables à la grève de 60-61. En janvier 1961, un syndicat corporatiste (UVMB) décide l’arrêt du four à la suite d’un incident technique. Il s’ensuivra 4 mois de chômage partiel et lors de la reprise de l’usine par Glaverbel une baisse des salaires de 3% pendant 5 ans comme dédommagement à la réparation du four et une clause de paix sociale d’un an.
En 1964 André adhère à la 4e Internationale. La même année, avec quelques camarades verriers opposés au syndicalisme corporatif, il lance La Nouvelle Défense, un bulletin syndical en faveur d’un syndicalisme de lutte. Stencilé et édité à 1.000 exemplaires ce bulletin dépasse largement l’audience de l’usine de Gilly et se fait connaître auprès des travailleurs du verre de la région. En 1967 la Nouvelle Défense revendique le remboursement des retenues sur salaire imposées en 1961. Les syndicats corporatistes sont obligés de suivre, la CSC et la FGTB l’appuient et cela fait l’objet d’une convention collective en 1967. Mais au lieu de reverser individuellement à chaque travailleur le montant retenu, La Nouvelle Défense propose que Glaverbel verse l’argent à un fonds de garantie permettant de payer un complément aux travailleurs qui partent en prépension. Ce mode de distribution est acquis en 1968. Il permet le départ en prépension à 60 ans avec une allocation assurant un revenu à 85 % du salaire net et la garantie d’une pension complète à 65 ans.
A partir de cette grande victoire, les choses vont s’accélérer. En mai 1970, après deux assemblées générales tenues à la Ruche verrière (1) avec les travailleurs verriers de Gilly, de Lodelinsart, de Roux et de Splintex, ceux-ci décident d’adhérer à la Centrale générale FGTB et d’abandonner les syndicats corporatistes. En juin 1970 tous les verriers de la région de Charleroi arrêtent le travail en solidarité avec les délégués syndicaux de Caterpillar traînés en justice après que la centrale des métallos FGTB leur ait ôté leur mandat syndical. En 1971, après des assemblées générales dans toutes les sections de l’usine, André Henry est élu délégué principal de la Centrale générale. La direction de Glaverbel ne veut pas reconnaître cette élection, mais devra l’accepter après deux jours de grève.
En février 1973, à la suite d’une altercation entre André et un contremaître, la direction interdit à André Henry de remettre encore les pieds dans l’usine et lui retire sa carte de pointage. C’était quasiment un licenciement sur le champ ! En riposte, une assemblée générale des travailleurs décide immédiatement (à 100%!) la grève avec occupation de l’usine et l’élection d’un comité de grève au sein duquel la délégation syndicale est minoritaire (20 travailleurs de base et 6 délégués). L’usine tourne alors sous le contrôle du comité de grève, et pour ne pas éteindre les fours, la production de feuilles de verre continue mais dans des dimensions hors standard impossibles à vendre. Devant la détermination des travailleurs la direction doit céder et retire toutes les mesures prises contre le délégué principal.
Il serait trop long de raconter en détail tous les épisodes de la lutte des ouvriers de Glaverbel. Notons, par exemple, en mai 1974 une grève nationale des 12.000 travailleurs du verre – avec élection d’un comité régional de grève pour exiger la réintégration d’un délégué syndical arbitrairement licencié chez Multipane, une entreprise dépendant du groupe BSN.
En janvier 1975 BSN annonce la fermeture prochaine du four de Glaverbel Gilly. Les travailleurs de Gilly montent en autocar à Bruxelles pour occuper le siège de Glaverbel à Boitsfort. Le 17 février 1975, 700 travailleurs de Glaverbel-Gilly prennent le train (2) pour Paris et occupent le siège de BSN. Ils délogent Antoine Riboud, le patron de la multinationale (qui s’était réfugié dans les toilettes) pour qu’il vienne s’expliquer devant les travailleurs. En 1979,une bataille est lancée pour la nationalisation de Glaverbel sous contrôle ouvrier. Un accord est signé par BSN le gouvernement et les syndicats pour que 270 travailleurs « excédentaires » reçoivent une formation de reconversion avec maintien du salaire à 100 %.
Bref, un court article ne peut résumer les nombreux combats menés par le camarade André Henry.
- La Ruche verrière : bâtiment situé à Lodelinsart qui servait de Maison du Peuple pour les assemblées des ouvriers verriers.
- A l’époque il fallait 6 heures de train aller-retour entre Bruxelles et Paris !
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Après le 20 juin, en route vers un automne chaud !

Nous étions 80.000 ce 20 juin dans les rues de Bruxelles. Il faut remonter au 16 mai 2018 pour une manifestation d’une telle ampleur, celle-là enterrant le très néfaste projet de pension à points du gouvernement Michel. Cette fois-ci, il s’agissait du pouvoir d’achat, d’abord, mais aussi du manque de moyens dans les services publics ou encore de la défense des libertés syndicales.
Évidemment, les patrons n’ont pas tardé à crier au scandale. À l’UCM (Union des classes moyennes), on disait dès la veille que les syndicats avaient établi leur « quartier général sur la lune ». Il ne faut vraiment pas avoir les pieds sur terre pour dire ça… La Fédération patronale de l’industrie technologique Agoria a estimé que la mobilisation équivalait à une perte de production de 80 millions d’euros dans ce secteur, soit un quart de la production quotidienne normale. Elle reconnaît ainsi implicitement que ce sont les travailleuses et travailleurs qui produisent les richesses…
Bien plus qu’une loi
Ce fut une belle démonstration de force, survenant après plus de 2 ans d’une pandémie qui a souvent isolé physiquement les collègues. Dans les médias et chez certains dirigeants syndicaux, on accentue essentiellement la réforme de la Loi du 26 juillet 1996 sur les salaires et l’expression de «marge maximale disponible» introduite en 2017 sous le gouvernement Michel par le ministre CD&V Kris Peeters. L’idée étant d’interpréter cette norme salariale comme une norme indicative et non plus impérative, c’est-à-dire qui plafonne les rémunérations dans tous les secteurs privés. C’est oublier un peu vite qu’il faut remonter avant 2007 et la crise économique pour trouver des normes salariales un minimum correctes dans le privé.
Il est vrai que les provocations patronales viennent de tous côtés, à l’image du Bureau du Plan qui propose une marge salariale de 0 % pour les 6 années à venir. Mais limiter notre combat à cette interprétation de la norme est en dessous des défis actuels, avec une inflation inédite en Belgique depuis 40 ans enchaînant sur deux ans de pandémie. La triple mobilisation réussie des métiers de l’enseignement francophone (qui se poursuivra à la rentrée) et la grève réussie des services publics du 31 mai l’ont démontré de manière éclatante.
Passons à l’offensive !
L’atmosphère générale dans la société pousse les partis du gouvernement à la prudence et à la défensive. La baisse du taux de TVA sur l’énergie à 6% et le tarif social élargi ont été prolongés jusqu’à la fin de l’année. C’est largement insuffisant, mais c’est une indication de la faiblesse du gouvernement.
La dirigeante de la FGTB Miranda Ulens a brandi la menace d’un « automne chaud » lors de la manifestation. L’idée d’actions régionales en septembre et nationales en octobre a circulé à la bande. Il aurait été bien plus préférable de ne pas cadenasser cette proposition de plan d’action aux couloirs de la manifestation, mais de lui donner un contenu concret et public dès maintenant – avec des tracts et du matériel pour les militants dans les entreprises – afin de pouvoir faire de cet été un été de mobilisation.
Comme nous l’avons écrit dans le tract que nous avons distribué : « Nous avons besoin d’un plan d’action qui montre à tous que nous sommes sérieux. Avec des dates connues à l’avance, comme ce qui avait été prévu à l’automne 2014, lorsque la force de la classe ouvrière organisée avait fait vaciller le gouvernement Michel. Le gouvernement a alors survécu parce qu’un deuxième plan d’action n’a pas été lancé, avec, par exemple, une série de grèves générales de 24, 48 et 72 heures.»
Une campagne de meetings publics et d’assemblées générales du personnel dans les entreprises permettrait de développer et de populariser l’esprit de lutte. Car nous savons tout ce qui ne va pas et que notre pouvoir d’achat ne peut pas continuer à baisser. Faire payer les riches est une bonne idée. Mais il faut concrétiser cela. Comment appliquer un impôt sur la fortune ? Comment faire en sorte que la classe ouvrière prenne le contrôle de la valeur qu’elle produit ? Comment parvenir à une planification rationnelle de la richesse disponible dans l’intérêt des gens et de la planète ? Si l’ensemble du système est dans l’impasse pour la majorité de la population, nous devons oser intégrer la transformation socialiste de la société dans notre combat quotidien pour un changement. C’est l’objectif que doit viser un véritable syndicalisme de combat.
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Nous étions 80.000 à Bruxelles : en route vers la grève pour le pouvoir d’achat à l’automne !

La colère à l’égard des porte-monnaie vides est profonde et se renforce à chaque fois que l’on fait des courses ou des achats. Tout devient plus cher et nos revenus ne suivent pas. Ça ne peut pas continuer comme ça ! Tel était le message de 80 000 manifestants à Bruxelles aujourd’hui. Il s’agissait de la plus grande manifestation syndicale depuis la protestation contre le gouvernement de droite de Michel et contre les tentatives de contre-réforme des retraites.

Le PSL/LSP était bien entendu présent avec différents stands le long du parcours. Une fois encore, les médias établis se sont principalement concentrés sur les “nuisances” causées par la journée d’action. Les patrons ont eu droit à une tribune dans presque tous les médias pour dénoncer ces actions. A Agoria, il a été rapporté qu’il y avait une perte de production de 80 millions d’euros dans l’industrie manufacturière technologique, soit un quart de la production quotidienne normale. Les patrons d’Agoria ont ainsi indirectement confirmé le constat fait par beaucoup pendant la pandémie : c’est nous, les travailleurs, qui faisons tout fonctionner et qui créons la valeur. Les patrons ont essayé de présenter la situation comme si les entreprises fournissaient le pouvoir d’achat et que les actions ne touchaient que les entreprises. Comme si les patrons n’étaient pas responsables des politiques que leurs amis politiciens mettent en œuvre pour eux. C’est à leur demande que nos salaires et conquêtes sociales sont réduits.
La manifestation a été un succès avec de nombreuses personnes venues de tout le pays. La norme salariale précédente de 0,4% n’a pas encore été digérée que déjà une autre gifle au visage des travailleurs est en route. Une nouvelle norme salariale doit être fixée cet automne. Avec la loi actuelle sur les salaires, il n’y aura pas de marge. Est-ce là notre remerciement après que le travail acharné ait assuré des bénéfices records et une marge bénéficiaire supérieure à celle des pays voisins ? Le président de la CSC, Leemans, a raison lorsqu’il affirme que “la loi sur les normes salariales est erronée”. La tête de la FGTB, Miranda Ulens, a menacé d’un “automne chaud”. Il est effectivement clair que des actions seront encore nécessaires. L’idée d’actions régionales en septembre et nationales en octobre a circulé aujourd’hui. Il aurait été préférable de ne pas limiter cette proposition de plan d’action aux couloirs de la manifestation, mais de l’expliciter dès maintenant, dans des tracts et du matériel pour les militants dans les entreprises, afin de pouvoir utiliser tout l’été pour la mobilisation.
Comme nous l’avons écrit dans notre tract : “Les patrons mentent. Ils parlent d’une spirale salaires-prix. Nos salaires seraient la cause de l’inflation. C’est faux. Il existe bien par contre une spirale bénéfices-prix. Avec une vaste campagne “Opération vérité”, nous pouvons donner à la classe ouvrière des arguments qui réfutent les mensonges du patronat ! Une telle campagne d’information a précédé la “grève du siècle” de l’hiver 1960-61. Une campagne de réunions publiques et de réunions du personnel pourrait s’accompagner d’actions sur les lieux de travail, dans les quartiers et sur les marchés. Pourquoi ne pas produire un “journal du pouvoir d’achat” similaire au “journal des pensions” du front commun syndical de 2018, au moment de la mobilisation – réussie – contre le système de pension à points ? Nous avons besoin d’un plan d’action qui montre à tous que nous sommes sérieux. Avec des dates connues suffisamment à l’avance, à l’image de ce qui avait été prévu à l’automne 2014, lorsque la force de la classe ouvrière organisée avait fait vaciller le gouvernement Michel. Le gouvernement a alors survécu parce qu’un deuxième plan d’action plus fort n’a pas été lancé, avec, par exemple, une série de grèves générales de 24, 48 et 72 heures. »
« Pour s’assurer qu’un élan ne soit pas stoppé d’en haut, l’organisation à la base est essentielle. Les assemblées du personnel, même dans les endroits où les jeunes travailleurs ont peu ou pas d’expérience de ce type d’organisation, sont des moments cruciaux pour communiquer des arguments, diffuser des informations, susciter l’implication. Mais ils peuvent aussi être l’occasion de créer des bannières et des slogans pour éviter que les revendications vagues ne dominent les actions. Ces réunions peuvent également voter démocratiquement des motions concernant les prochaines étapes à suivre, etc. »
Une campagne de réunions publiques et de réunions du personnel serait également utile pour développer et populariser nos alternatives. En attendant, nous savons tous ce qui ne va pas et que notre pouvoir d’achat ne peut pas continuer ainsi. La réponse consistant à faire payer les super-riches est correcte mais doit être concrétisée : comment appliquer un impôt sur la fortune, comment faire en sorte que la classe ouvrière prenne le contrôle de la valeur qu’elle produit, comment parvenir à une planification rationnelle de la richesse disponible dans l’intérêt des gens et de la planète ? Si l’ensemble du système est dans l’impasse pour la majorité de la population, nous devons oser mettre le changement social socialiste à l’ordre du jour dans le cadre de notre lutte quotidienne pour l’amélioration.
Un programme qui repose sur ce qui est nécessaire
- Payer pour se rendre au travail ? Pas question ! Remboursement intégral des frais de transport.
- Restauration complète de l’index avec un contrôle de la classe travailleuse sur son calcul et sa composition. Chaque fois que l’indice est dépassé, tous les salaires et allocations doivent augmenter immédiatement.
- Brisons la loi sur les salaires ! Augmentons tous les salaires de 2 euros par heure !
- Augmentons le salaire minimum à 15 euros de l’heure ou 2470 euros bruts par mois et de la pension minimale à 1700 euros.
- Contre la charge de travail intenable et pour l’emploi : la semaine des 30 heures, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires.
- Il nous faut un plan d’investissements publics massifs visant à étendre et à rendre gratuits les services publics tels que les transports publics, les garderies, l’enseignement, les soins de santé …
- Pour notre porte-monnaie et pour une transition verte : nationalisation de l’ensemble du secteur énergétique !
- Gel de tous les loyers. Pour la construction massive de logements sociaux afin que le marché immobilier ne soit pas laissé aux caprices des propriétaires et des spéculateurs.
- Plaçons le secteur financier entre les mains du public afin que la collectivité ait un aperçu de tous les flux financiers et que les ressources disponibles soient investies dans ce qui est socialement nécessaire.
- Pour une économie démocratiquement planifiée, le socialisme démocratique.
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Stop à la guerre de Poutine ! Pour un mouvement de masse contre la guerre et l’impérialisme !

Rejoignez le bloc EGA-ROSA à la manifestation nationale “Europe for Peace”, à Bruxelles le 27/03 (13h, Bruxelles Nord)
Le 24 février, l’Europe s’est réveillée avec une guerre au cœur de l’Europe de l’Est, qui risque de plonger toute la région et le monde dans une confrontation militaire ouverte. L’invasion criminelle de l’Ukraine par le régime russe a constitué un choc dont les répercussions se font sentir dans le monde entier. Elle est synonyme d’abominables souffrances pour les populations d’Ukraine, de Russie et de toute la région. Les travailleurs et les pauvres du monde entier en font les au travers de leurs factures d’énergie et des prix de leur alimentation, tandis que les gouvernements détournent l’argent public vers des augmentations de budgets militaires. Des mobilisations de masse comme celles que nous avons vues en Allemagne sont nécessaires pour exprimer notre opposition à ces politiques et défendre une véritable alternative.
Des dizaines de milliers de personnes ont déjà été tuées. Plus de 1,5 million de personnes ont fui le pays pour se réfugier en Pologne ou encore en Roumanie, et près de 2 millions d’autres ont été déplacées à l’intérieur du pays. Une énorme vague de solidarité a accueilli ces réfugiés, presque exclusivement des femmes et des enfants, tandis que les décideurs politiques sont restés à la traîne. Des décennies de politiques néolibérales dans l’UE ont rendu les autorités publiques incapables de fournir des logements et des revenus adéquats aux réfugiés fuyant l’Ukraine et d’autres conflits. Cette situation est exacerbée par les politiques migratoires antisociales de l’Europe forteresse, qui favorisent une discrimination manifeste aux frontières.
Les femmes ont été particulièrement touchées par la guerre. Nombre de celles qui fuient ou qui restent sont exposées à toutes sortes d’abus physiques et psychologiques. Pendant ce temps, les fabricants d’armes se remplissent les poches avec les énormes profits générés par l’augmentation des dépenses militaires. L’équilibre des pouvoirs en Europe et dans le monde est profondément ébranlé et ce sont les pauvres et les opprimés qui en paient le prix. Les travailleurs et les jeunes n’ont rien à gagner de cette guerre et doivent s’organiser collectivement pour proposer une véritable alternative basée sur la solidarité internationale.
Cette guerre est principalement menée dans l’intérêt de l’impérialisme russe, mais elle implique toutes les puissances impérialistes. Les États-Unis et l’OTAN ont joué un rôle clé dans l’augmentation des tensions en Europe de l’Est et ont agi uniquement dans leur propre intérêt géopolitique, sans se soucier du bien-être des populations en Ukraine. La concurrence entre les États-Unis et la Chine pour un nouveau partage du marché mondial entraînera une escalade des confrontations militaires. La menace d’une guerre totale entre les superpuissances nucléaires du monde est plus réelle que jamais et ni les traités vides ni la « diplomatie de la canonnière » ne pourra résoudre ce problème. Nous avons besoin d’un mouvement de masse international capable de remettre en question les racines de cette compétition et les souffrances qu’elles entraînent.
Partout en Ukraine, en Russie et au Belarus, des jeunes et des travailleurs ont organisé des actions pour s’opposer à l’invasion criminelle de Poutine et exiger la fin des combats. Et ce, malgré une répression croissante, puisque plus de 14.000 manifestants ont été arrêtés en Russie au cours des deux dernières semaines. Nous devons soutenir le mouvement anti-guerre en Russie, car il a un rôle crucial à jouer pour arrêter Poutine sans causer de souffrances supplémentaires aux travailleurs et aux opprimés. Grâce à une action de masse coordonnée au niveau international contre la guerre et tous les impérialistes qui en profitent, nous pouvons nous attaquer aux racines systémiques de cette tragédie et poser les bases d’une société sans exploitation, sans guerre et sans oppression. Si vous êtes d’accord, rejoignez le bloc EGA-ROSA contre la guerre et l’impérialisme lors de la manifestation nationale “Europe for Peace” ce 27 mars à Bruxelles et luttons ensemble pour que nos besoins passent avant les profits des capitalistes.
Vous voulez nous aider à construire ce mouvement ? Aidez-nous à organiser des actions dans votre école, université ou lieu de travail !
– Stop à la guerre en Ukraine ! Retrait immédiat des troupes russes !
– Pour le droit des Ukrainiens à décider de leur propre avenir, y compris le droit à l’autodétermination des minorités !
– Aucune confiance dans l’impérialisme et la course aux armements des États-Unis et de l’OTAN.
– Non à la politique raciste de l’UE en matière de réfugiés ! Ouverture de voies sûres et légales pour tous les réfugiés. Accès à un logement décent, aux soins de santé et au travail ou aux allocations pour tous !
– Aucune illusion envers la diplomatie des fauteurs de guerre ! Pour un mouvement de masse international contre la guerre et l’impérialisme !
– Soutien aux mobilisations russes contre la guerre et le régime de Poutine !
– Pour une alternative socialiste et internationaliste aux conflits capitalistes qui conduisent à la guerre et à la destruction ! -
Condamnation de Jeff Hoeyberghs : un encouragement à poursuivre le combat antisexiste

Le juge a condamné Jeff Hoeyberghs à une lourde peine (10 mois de prison et de 8000 euros d’amende) pour la haine sexiste dont il était si fier lors d’un meeting organisé à l’Université de Gand (UGent) par le cercle catholique d’extrême droite KVHV. Le juge a estimé à juste titre qu’il s’agissait d’une incitation à la haine et à la discrimination.
Le jugement rendu contre Jeff Hoeyberghs ainsi que la récente condamnation de l’animateur et producteur vedette de la VRT Bart De Pauw indiquent clairement que le sexisme est de moins en moins toléré dans la société et que la lutte doit se poursuivre. Sans le tollé général qui avait suivi ce meeting, grâce à la mobilisation de la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) et à notre vidéo devenue virale (plusieurs centaines de milliers de vues sur Facebook), cette condamnation n’aurait jamais eu lieu. Oui, la lutte paye !
Le cercle étudiant d’extrême droite KVHV, qui avait organisé la fameuse conférence avec Hoeyberghs à l’Ugent il y a deux ans, n’a malheureusement pas encore subi pareil revers. Le KVHV s’en est sorti avec une suspension bien légère et est encore aujourd’hui une association étudiante reconnue par les autorités universitaires. La haine sexiste de Jeff Hoeyberghs a beau avoir été condamnée, les marchands de haine sexiste restent pratiquement intacts.

Alors que Jeff Hoeyberghs appelait à la haine et à la discrimination dans une salle de l’UGent, la Campagne ROSA menait une action aux portes de l’université. La Campagne ROSA exige que le KVHV ne soit plus reconnu comme cercle étudiant. Aucune subvention des autorités ne doit aller à une organisation qui répand la haine sexiste et raciste ! Ce cercle ne doit pas pouvoir utiliser l’infrastructure universitaire pour répandre son racisme, son sexisme et sa logique de discrimination !
Si les membres du KVHV pensent de la sorte, ce n’est pas par manque d’information. C’est un choix politique conscient qui provient d’une idéologie spécifique, qui n’est qu’une variante extrême de la propagande reposant sur la logique de « diviser pour mieux régner » des différents partis politiques traditionnels. Tant que notre bien-être ne sera pas prioritaire par rapport aux profits de l’élite capitaliste, cette dernière se servira du racisme, du sexisme, de la LGBTQIA+phobie,… pour détourner l’attention de ses propres politiques antisociales.
Si Jeff Hoeyberghs est condamné aujourd’hui, c’est aussi le résultat d’un combat déterminé de la Campagne ROSA. De l’action de protestation à l’entrée du meeting en question aux actions menées par la suite pour dénoncer le sexisme de Hoeyberghs et du KVHV : la Campagne ROSA a été essentielle pour attirer l’attention sur ce scandale.
Naturellement, nous n’allons pas nous arrêter là. Le prochain rendez-vous d’importance est le 8 mars : Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Ce jour-là, nous voulons manifester dans plusieurs villes. Permettez-nous de pouvoir le faire de la meilleure manière qui soit et soutenez-nous financièrement par le biais du concours que nous organisons actuellement ! Rejoignez la Campagne ROSA et luttez contre le sexisme, la discrimination et le système capitaliste !

Action au rectorat de l’UGent au lendemain du meeting. -
Nos projets lors des mobilisations pour le climat autour de la COP26 en Écosse

Le 10 octobre, la colère climatique a fait son retour dans nos rues. Et comment ! 70.000 personnes à Bruxelles! Les Etudiants de Gauche Actifs et la Campagne ROSA ont constitué un bloc combatif pour souligner la nécessité d’une transformation socialiste de la société. D’autres actions ont suivi, mais le prochain grand défi est la manifestation internationale lors de la COP26 à Glasgow, en Écosse. Nous en avons discuté avec Arne, responsable de notre travail-jeunes.
Qu’allez-vous faire en Écosse ?
« Nous allons en Écosse parce que nous ne pouvons pas laisser les responsables politiques traditionnels s’en tirer avec leurs promesses sans lendemain. Ils défendent le capitalisme, le système à l’origine de la crise climatique et d’autres menaces planétaires. La COP26 sera le festival des belles paroles. Nous n’avons rien à attendre de leur part comme véritable action.
« Le sommet sur le climat est une excellente occasion de manifester. Nous rejoindrons une délégation internationale d’Alternative Socialiste Internationale (ASI). Le capitalisme est organisé à l’échelle mondiale, notre lutte pour le renverser doit l’être également. Le bloc d’ASI comprendra environ 300 manifestants issus de différents pays, principalement d’Europe, mais aussi quelques militants des États-Unis et de pays néocoloniaux.
« Nous partirons de Belgique avec 80 militants, essentiellement des jeunes puisque 51 participants ont moins de 25 ans. Nous partons le mercredi 3 novembre au soir pour arriver à Édimbourg le jeudi après-midi, d’où nous participerons aux diverses actions. A Édimbourg, une auberge a été louée par ASI. Nous y rencontrerons des militants du monde entier le jeudi soir. Le vendredi, nous participerons à des actions de jeunes pour lesquelles nous mobilisons déjà en Écosse. Fridays for Future a lancé un appel international pour des grèves scolaires ce jour-là. Le samedi, une grande manifestation pour le climat aura lieu à l’initiative de la Coalition COP26, dont ASI fait partie. Nous y constituerons un bloc rouge combatif. Ensuite, nous tiendrons un meeting d’ASI. Nous reviendrons à Bruxelles le dimanche soir. »
Que cherche à atteindre ASI avec ces interventions ?
« Nous avons discuté et collaboré avec des militants du monde entier pour faire ensemble des affiches, des banderoles et une brochure également disponible en français et en néerlandais. Nous n’allons pas en Écosse en tant que touristes, mais pour renforcer le mouvement à la fois avec nos propositions – comme celle d’organiser démocratiquement le mouvement avec des comités d’action – et avec la défense d’une perspective anticapitaliste de transformation socialiste de la société en réponse au chaos capitaliste.
« De plus en plus de gens tirent la conclusion que le problème, c’est le capitalisme. Mais une société radicalement différente ne tombera pas du ciel. Nous devons nous organiser et construire un rapport de force. Nous insisterons sur ce point en Écosse. Nous cherchons aussi à récolter un soutien financier pour rendre la participation possible à un maximum de jeunes et aussi pour soutenir la participation de militants venant des pays néo-coloniaux. Le fonds Glasgow a déjà récolté des milliers d’euros, mais il continuera à fonctionner pendant la COP26. De toute façon, notre combat ne sera pas terminé une fois de retour à Bruxelles le dimanche 7 novembre, épuisés par le long voyage en bus ! Nous espérons que notre campagne internationale incitera les participants et d’autres personnes à nous rejoindre pour relever le défi d’un renversement socialiste de la société. »
Pourquoi nos lecteurs devraient-ils lire la brochure d’ASI sur le climat ?
« La brochure « Le capitalisme assassine la planète – Réponses socialistes au désastre climatique capitaliste » contient huit articles qui expliquent de manière exhaustive la gravité et l’ampleur de la crise climatique et proposent des alternatives et des méthodes de lutte. Cette brochure est le résultat d’une discussion collective principalement entre jeunes militants. C’est plus qu’une belle brochure : c’est une arme politique pour celles et ceux qui veulent le changement. »
– Vous étiez dans l’impossibilité d’aller manifester à Glasgow ? Alors soutenez le Fonds de Glasgow !
[button link=”https://www.gauche.be/fondsglasgow?fbclid=IwAR1l4n4WqQLqpK-04TUFeF-Mopc2hS2X8-SGAGWArLUAJ3TTOLGXY1kvPag” type=”big” color=”red”] Participez au fonds Glasgow[/button]
– Notre brochure « Le Capitalisme assassine la Planète » (36 pages) est disponible auprès de notre rédaction et sur notre boutique en ligne (ajouter les frais de port).
– Vous pouvez aussi suivre les manifestations pour le climat en Écosse sur nos médias sociaux.
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8 mars. La Campagne ROSA organise des actions dans 10 villes du pays

Des rassemblements dans le respect des mesures sanitaires organisées à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes
La pandémie et la crise économique font peser le risque d’un recul pour les droits des femmes, la seule issue, c’est de lutter !- Des actions seront organisées par la Campagne ROSA ce 8 mars à Alost, Anvers, Bruges, Bruxelles, Gand, Courtrai, Louvain, Liège, Termonde et Torhout.
- La Campagne ROSA soulignera tout particulièrement l’importance de la revendication féministe du salaire minimum à 14 euros de l’heure, une victoire récemment obtenue à l’Université de Gand (UGent).
Le 25 novembre dernier, pour la Journée internationale contre les violences envers les femmes, la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) avait déjà organisé des actions dans 12 villes. Ce sera à nouveau le cas ce lundi.
Elise Craeghs, de la Campagne ROSA – Louvain : « Depuis la crise sanitaire, les femmes souffrent en moyenne d’une perte de revenus deux fois plus importante que les hommes. Le travail domestique non rémunéré est à nouveau largement effectué par les femmes. Les victimes de violence domestique sont littéralement enfermées avec leurs agresseurs. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés ! La Campagne ROSA réclame l’augmentation du salaire minimum jusqu’à 14 euros de l’heure, des allocations sociales individualisées (et donc la suppression du statut de cohabitant) qui dépassent le seuil de pauvreté, des investissements dans des refuges et des logements sociaux de qualité,… »
La seule solution, c’est d’entrer en action ! La Campagne ROSA s’est notamment fortement impliquée dans la campagne de la CGSP à l’Université de Gand, où une campagne de longue haleine a été menée autour du salaire minimum à 14 euros, une revendication qui concernait tout particulièrement les travailleuses des restaurants universitaires. Une grève avait notamment été organisée le 9 mars dernier, non pas une grève décrétée d’en haut, mais une grève préparée longtemps à l’avance depuis la base et sur le terrain. Non pas une action symbolique, mais le fruit de la construction d’une relation de force autour d’une revendication concrète. Une grève dans le but d’arracher une victoire et pas seulement de marquer le coup.
La Campagne ROSA s’était également faite connaître avec ses actions et sa vidéo devenue virale contre le meeting d’extrême droite organisé à Gand avec le chirurgien sexiste Jeff Hoeyberghs. Jeff Hoeyberghs a porté plainte contre 2 organisatrices de la Campagne ROSA. Mais il fait aujourd’hui l’objet de 1.500 plaintes déposées auprès de l’institut pour l’égalité des femmes et des hommes !
Emily Burns, l’une des organisatrices de la Campagne ROSA visées par cette plainte, explique : « Nous ne nous laisserons pas intimider, nous continuerons notre combat ! Plus que jamais, il est crucial de rentrer en résistance et de nous engager dans les luttes de masse à travers le monde pour la défense de nos droits et pour en arracher de nouveaux ! C’est ce que nous faisons au niveau international avec le réseau ROSA – International qui dispose de groupes locaux en Allemagne, en Pologne, en Irlande,… et qui se bat pour en finir avec cette société qui repose sur l’exploitation et les discriminations ».
- Bruxelles. RDV 17h30 Gare centrale. Evénement Facebook.
- Liège. RDV 17h30 Gare des Guillemins. Evénement Facebook.
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RCEP : le combat commence maintenant contre cet accord de libre-échange anti-travailleurs
Le 15 novembre, le partenariat régional économique global (en anglais : Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) a été lancé par quinze gouvernements de la région Asie-Pacifique. L’intention claire des négociateurs était de lancer un accord commercial typiquement néolibéral qui, s’il est pleinement mis en œuvre, réduira les droits de douane et les barrières non tarifaires entre les dix membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et cinq économies non membres de l’ANASE. L’ANASE est composée du Brunei, du Cambodge, de l’Indonésie, du Laos, de la Malaisie, du Myanmar, des Philippines, de Singapour, de la Thaïlande et du Vietnam. Les cinq “étrangers” sont l’Australie, le Japon, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande et la superpuissance régionale, la Chine.Par des reporters de chinaworker.info. Cet article est l’éditorial du numéro de décembre du magazine socialiste (社会主义者) de la section Chine-Hong Kong-Taïwan d’Alternative Socialiste Internationale
Le RCEP est considéré comme le plus grand bloc commercial au monde, regroupant 2,2 milliards de personnes (dont 63 % pour la Chine) et environ 30 % du PIB mondial (dont plus de la moitié pour la Chine). L’accord risque de se heurter à une résistance massive des organisations de travailleurs et des mouvements sociaux dans toute la région, et les fortes contradictions entre les gouvernements signataires soulèvent de nombreuses questions quant à sa viabilité.
Le site chinaworker.info propose ici quatre idées à retenir au sujet du lancement du RCEP.
Le RCEP représente une énorme attaque contre les travailleurs, les agriculteurs et la nature
Le RCEP représente un crime gigantesque perpétré par une clique secrète de politiciens et de magnats du monde des affaires capitalistes contre la grande majorité des habitants de la région Asie-Pacifique.
“Cela va encore saper les moyens de subsistance des agriculteurs, des pêcheurs, des peuples indigènes et des paysannes, et menacer les emplois des travailleurs”, déclare le groupe Trade Justice Pilipinas. “Le RCEP ne fera qu’aggraver les inégalités qui existent déjà et qui ont été exacerbées par la pandémie”, prévient le groupe basé aux Philippines.
Sept syndicats répartis dans plusieurs pays de la région ont qualifié le moment de l’accord d’”épouvantable”, survenant au milieu de la pire pandémie depuis un siècle, avec des systèmes de santé débordés et un chômage en forte hausse. Ils avertissent que le RCEP menace d’aggraver ce que les Nations unies prédisent comme la pire crise alimentaire mondiale depuis 50 ans.
L’économie de l’Asie dans son ensemble va se contracter de 2,2 % cette année, selon la dernière enquête du FMI, la première contraction de ce type depuis les années 1960. Même lors de la crise financière asiatique dévastatrice de 1997, l’économie de toute la région a enregistré une croissance positive de 1,3 %. L’accord du RCEP montre plus que tout autre chose le désespoir des quinze gouvernements ; la nécessité d’un discours positif pour apaiser les nerfs des entreprises et relancer les investissements étrangers.
Le RCEP va accroître l’exploitation des travailleurs et de l’environnement. La réorganisation et la régionalisation des chaînes d’approvisionnement, envisagées dans le cadre du RCEP, entraîneront des licenciements massifs, des fermetures d’entreprises, des réductions de salaires et une augmentation des niveaux déjà inacceptables d’emplois précaires. L’Organisation internationale du travail (OIT) rapporte que 68 % de la main-d’œuvre de la région Asie-Pacifique se trouve dans le secteur informel, les jeunes travailleurs de 15 à 24 ans étant les plus touchés. Dans ces emplois, il n’existe pratiquement aucune protection sociale, aucun droit à la retraite ni aucun droit syndical. Au Laos et au Cambodge, deux États membres du RCEP, le secteur informel représente plus de 93 % de l’emploi, mais même au Japon, pays riche, cela représente 20 % de l’emploi.
L’accaparement des terres, les défrichements forcés et l’appauvrissement des petits agriculteurs de subsistance vont augmenter. Le RCEP demande à ses membres d’adhérer au traité de Budapest, qui impose le contrôle monopolistique des semences et des micro-organismes par de grandes entreprises agrochimiques comme Monsanto et la société chinoise Syngenta, affaiblissant encore la position des petits agriculteurs. Les professionnels de la santé avertissent que les règles du RCEP sur les médicaments génériques, si elles sont adoptées, entraîneront une hausse vertigineuse des prix des médicaments dans de nombreux pays de l’ANASE.
Les écosystèmes déjà dégradés seront encore davantage mis à mal. En Indonésie, une zone de forêt de la taille de Brunei est perdue chaque année au profit de grandes entreprises de plantation, d’exploitation forestière et minière. Des batailles de masse ont éclaté ces dernières années impliquant des activistes environnementaux et des peuples indigènes – de la Papouasie occidentale à la Mongolie intérieure – pour bloquer l’exploitation minière et d’autres projets d’entreprises écologiquement destructeurs. Cela inclut des protestations contre des entreprises chinoises et des projets d’infrastructure en Indonésie, en Thaïlande, au Myanmar et dans d’autres États du RCEP, y compris des projets dans le cadre de l’initiative géante chinoise “Belt and Road Initiative” (BRI, également appelé « les nouvelles routes de la soie » en français).
Le RCEP ne contient aucune disposition environnementale. La lutte pour désamorcer la bombe à retardement écologique et climatique et améliorer les conditions de vie des populations rurales pauvres d’Asie ne peut pas reposer sur un lobbying visant à “améliorer” le RCEP, mais sur la revendication de l’abandon pur et simple de cet accord. Des organisations de travailleurs fortes, qui se lient aux masses rurales et leur donnent une impulsion, sont la seule façon de vaincre cet assaut capitaliste. L’internationalisme des travailleurs et leur lutte commune pour mettre fin au système de profit capitaliste et placer toutes les ressources économiques sous le contrôle démocratique de la majorité est la seule réponse, plutôt que l’illusion du capitalisme “national” et du protectionnisme.
Le RCEP est synonyme de nouvelles attaques contre les droits démocratiques
Le RCEP est un “affront à la démocratie”, selon la députée philippine de gauche Sarah Elago. “Les gouvernements ont donné des positions privilégiées aux grands groupes de pression des entreprises au détriment des principes démocratiques de base”, souligne-t-elle. Les négociations du RCEP ont été menées dans le plus grand secret, à l’exclusion des parlementaires élus (lorsqu’ils existent), sans parler des syndicats, des organisations de jeunesse ou des militants ruraux. Le document final de 510 pages, avec des milliers de pages de documents associés, n’a été publié qu’après la signature de l’accord. Pourtant, de puissantes associations capitalistes comme le East Asia Business Council, le Keidanren du Japon et le Minerals Council d’Australie se sont même vu attribuer un rôle officiel dans le processus du RCEP.
L’accélération de l’accaparement des terres et de la saisie des ressources naturelles par les entreprises entraînera une militarisation accrue et une terreur soutenue par l’État dans les régions rurales et les régions où vivent des minorités ethniques. Les protestations de masse des travailleurs et des jeunes en Indonésie, en Thaïlande et à Hong Kong au cours de l’année écoulée ont été sévèrement réprimées. Dans toute la région, les dépenses militaires ont augmenté de 52 % depuis 2018, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.
Le processus du RCEP montre que lorsque des accords visant à augmenter les profits des grandes entreprises sont sur la table, il n’y a pas de différences fondamentales entre les dictatures directes comme la Chine, le Brunei et le Laos, et les gouvernements capitalistes “démocratiques” en Australie, au Japon et en Nouvelle-Zélande.
RCEP : Qui gagne, qui perd ?
Le RCEP et d’autres accords de libre-échange sont des manifestations de l’impérialisme moderne, qui permettent aux classes capitalistes d’exploiter plus efficacement le travail, tant au niveau national que mondial.
Selon l’économiste Michael Plummer, trois pays – la Chine, le Japon et la Corée du Sud – récolteront 90 % des gains de revenus et 88 % des gains commerciaux du RCEP. Les douze autres membres du RCEP devront se chamailler pour les miettes.
Tous les accords capitalistes tentent de duper les gens avec des phrases sucrées sur la “coopération win-win” où tout le monde est gagnant. Mais pour les économies de l’ANASE, pour la plupart “en développement”, le RCEP va renforcer un processus de dépendance économique – en tant que marchés, sources de main-d’œuvre bon marché et de ressources naturelles – vis-à-vis du capitalisme chinois et d’autres grandes économies.
Au cours des dix dernières années, la moitié des membres de l’ANASE ont enregistré un déficit commercial (Cambodge, Indonésie, Laos, Myanmar et surtout les Philippines). Trade Justice Pilipinas avertit que l’adhésion au RCEP augmentera la facture des importations du pays de 908 millions de dollars US mais n’ajoutera que 4,4 millions de dollars US à la valeur des exportations.
Le caractère impérialiste de la Chine sous le règne du Parti soi-disant communiste (PCC) est pleinement révélé par son rôle instrumental dans le déclenchement de ce projet néo-libéral sur les peuples de la région. Les ambitions économiques et géopolitiques du PCC, qui, à l’époque de Xi Jinping, sont de plus en plus poursuivies par la coercition et les menaces, ne sont pas fondamentalement différentes de celles de puissances impérialistes plus établies comme les États-Unis.
La nécessité pour la Chine de consolider sa domination sur l’Asie de l’Est, en tant que contrepoids aux politiques de “découplage” économique et diplomatique des Etats-Unis, est un facteur essentiel qui a motivé le lancement du RCEP. Il s’agit d’une nouvelle escalade significative de la guerre froide, plutôt que d’une quelconque réduction d’échelle. Le régime de Xi sait que lorsque Biden prêtera serment, les politiques anti-Chine de Washington se poursuivront, “bien qu’avec moins de caractéristiques trumpiennes” comme l’a noté Al Jazeera.
Le RCEP représente une victoire diplomatique majeure pour la Chine aux dépens des Etats-Unis, mais une réalisation bien plus limitée en termes économiques. Comme le soulignent les analystes de City Research, “le message diplomatique du RCEP peut être tout aussi important que l’économie – un jolie coup pour la Chine”.
En fait, malgré la fanfare entourant le RCEP, cela ne signifiera que des “gains marginaux” pour l’économie chinoise selon le South China Morning Post de Hong Kong. Si le RCEP devrait apporter un modeste coup de pouce au PIB chinois, “il ne suffira pas à annuler les dommages de la guerre commerciale avec les États-Unis”, a déclaré le journal. Le Petersen Institute of International Economics a prédit en juin 2020 que le RCEP, une fois terminé, ajoutera 0,4 % au PIB chinois d’ici 2030, tandis que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, si elle devait persister (nous pensons que c’est très probable), réduirait le PIB de 1,1 %. Paradoxalement, la suppression des barrières commerciales entre la Corée du Sud, le Japon et les pays de l’ANASE peut conduire à un accroissement des échanges entre ces pays plutôt qu’avec la Chine, sur la base des symétries de ces économies respectives.
Pour combattre efficacement le RCEP, le mouvement ouvrier a besoin d’une évaluation sobre de ce qu’il représente, et non de prendre pour argent comptant la propagande vantarde des différents gouvernements et groupes d’entreprises du RCEP.
Le magazine The Economist a décrit l’accord du RCEP de novembre comme “peu ambitieux”, un point de vue partagé par de nombreux commentateurs capitalistes. Afin d’aller de l’avant, les gouvernements signataires ont été contraints de diluer leurs ambitions et d’adopter un accord nettement plus faible par rapport à de nombreux autres ALE capitalistes. Le RCEP est assez vague sur le commerce des services et contient très peu sur l’agriculture par exemple.
Ces lacunes et insuffisances sont une bonne nouvelle du point de vue de la classe ouvrière. Nous ne devons pas sous-estimer la menace économique très réelle que représente le RCEP, mais sa nature instable et les nombreux conflits entre les États membres font qu’une lutte réussie pour enterrer le RCEP est une possibilité réelle.
Le RCEP va-t-il décoller ?
A ce stade, le RCEP est plus lourd de symbolisme que de substance. Il faudra au moins dix ans, et dans certains cas vingt ans, pour que les objectifs de réduction tarifaire du bloc soient atteints. D’autres parties de l’accord pourraient s’enliser dans des négociations sans fin. L’Inde a participé à 28 des 31 cycles de négociations du RCEP, mais elle s’est retirée du processus en 2019, principalement en raison du défi économique lancé par la Chine.
Les commentateurs soulignent la “voie de l’ANASE”, qui consiste à progresser lentement, progressivement et de façon presque glaciale. C’est le mode de fonctionnement du groupe depuis un demi-siècle, en raison du caractère extrêmement divers et désuni de ses dix États membres. Le RCEP est encore plus diversifié et désuni.
La guerre froide va se jouer autour et aussi à l’intérieur du RCEP avec l’impérialisme américain déterminé à priver la Chine de tout avantage. La polarisation entre les factions pro-américaines et pro-chinoises des élites dirigeantes dans toute la région va probablement s’accentuer. La lutte féroce entre la Chine et l’Australie, cette dernière étant fermement ancrée dans le camp américain, est une indication de ce qui nous attend. Le Japon et la Corée du Sud, tous deux alliés des États-Unis, ont de sérieux différends entre eux. Ceux-ci, comme les tensions ailleurs, peuvent déborder sur les prochains cycles de négociations du RCEP.
Ce différend – avec le charbon australien, le bœuf, l’orge, le vin et d’autres marchandises bloquées par la Chine – a atteint de nouveaux sommets quelques jours seulement après que les deux gouvernements ont signé l’accord du RCEP. Leurs différends économiques sont dans une certaine mesure éclipsés par le clivage diplomatique et politique, la Chine présentant une liste de “quatorze griefs” qui comprennent une couverture médiatique négative, et le gouvernement australien exigeant des excuses pour un tweet provocateur du ministère des affaires étrangères de Pékin, qui a attiré l’attention sur les crimes de guerre commis par le personnel militaire australien en Afghanistan.
Il est peu probable que le RCEP commence avant janvier 2022 car il doit être ratifié par des “parlements” (dont certains ne sont pas élus) dans au moins neuf pays. Bien qu’il soit peu probable qu’il échoue, même le processus de ratification pourrait se heurter à une résistance farouche. Au cours des deux prochaines années, avant que le RCEP puisse être mis en œuvre dans son intégralité, la route sera longue et ardue – un chemin de boue sinueux plutôt qu’une autoroute.
Nous assistons également à la plus importante lutte de pouvoir au sein de l’État PCC depuis trois décennies, incarnée par les signaux très différents émis par le président Xi Jinping et le premier ministre Li Keqiang. Comme Li est le responsable officiel du RCEP, ce projet fera inévitablement partie de la lutte pour le pouvoir. Xi est en général favorable à un programme économique plus nationaliste, avec une plus grande dépendance du capitalisme d’État, tandis que Li représente la couche des capitalistes chinois qui sont favorables à des liens économiques plus étroits avec l’étranger. Bien que Xi ne soit pas fondamentalement opposé au RCEP, sa priorité est la “stratégie de double circulation” pour développer l’économie intérieure chinoise, ce qui signifie que le RCEP pourrait être mis de côté dans la pratique, devenant un accord vide de sens.
La tâche du mouvement ouvrier, des socialistes, du mouvement pour le climat, des étudiants et des militants ruraux est de s’assurer que la résistance de masse nécessaire est mise en place. Le capitalisme est incapable d’”unifier” l’Asie-Pacifique, notamment parce qu’il s’agit d’un système basé sur des États-nations, qui, surtout en période de crise, développent des antagonismes fondamentaux lorsque chaque groupe dirigeant tente de se sauver.
Les socialistes croient en une véritable coopération internationale et en une intégration économique fondée sur les intérêts communs des travailleurs au-delà des frontières nationales. Cela n’est possible qu’en renversant le capitalisme – dans ses deux variantes “nationaliste” et “mondialiste” – et en établissant des économies planifiées, socialistes et publiques sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière et des masses opprimées.
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Nouvelles du PSL/LSP, un parti pour changer de société
Meeting international sur les élections aux Etats-Unis
Comme vous le savez déjà très certainement, le PSL/LSP est la section belge d’Alternative Socialiste Internationale, un parti mondial présent dans une trentaine de pays. Chaque dimanche, une émission en ligne est assurée : World to Win. L’édition de cette semaine est consacrée aux élections américaines, avec des interviews d’activistes de Socialist Alternative. L’émission, en anglais, commencera à 20h et durera environ une heure. A suivre via YouTube ou Facebook.
Des actions sont prévues autour du 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes
La crise sanitaire n’a fait que souligner et aggraver la violence que subissent les femmes et les personnes LGBTQI+. Les féminicides ont augmenté, mais aussi la violence domestique et sexiste de même que les agressions physiques ou verbales contre les personnes LGBTQI+. A cela s’ajoute encore la violence économique.
Il est clair qu’enter en action est plus nécessaire que jamais. C’est pourquoi le mercredi 25/11, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences envers les femmes, la Campagne ROSA mènera des actions dans plusieurs villes, dans le respect de la distanciation sociale et des mesures sanitaires.
[button link=”https://fr.campagnerosa.be/actions/15323-25-novembre-construis-ta-propre-action-contre-les-violences-sexistes-et-lgbtqiphobes” type=”big” color=”red”] => Plus d’infos sur le site de la Campagne ROSA[/button]

En préparation de cette journée d’action, une rencontre en ligne est organisée ce mardi.
- Mardi 10 novembre, de 19h à 21h meeting en ligne : Comment s’organiser contre le sexisme et la violence sexiste ? => Plus d’infos. => Liens zoom vers la réunion : https://us02web.zoom.us/j/86269006477

Congrès régionaux du PSL/LSP
Tous les deux ans, entre deux Congrès nationaux, le PSL /LSP organise des Congrès régionaux dans ses 6 districts avec pour tâche de préparer politiquement l’organisation pour les prochains mois, qui promettent d’être explosifs. Cette année, ils auront exceptionnellement lieu en ligne, fin novembre et début décembre.
Nous vivons une année particulière à plus d’un titre. La crise du Covid-19 frappe durement la classe ouvrière et accentue les inégalités déjà présentes. Cela a limité la lutte sociale et nos traditions militantes. Mais cette crise sanitaire, couplée à la crise économique, a aussi mené à une plus grande prise de conscience des limites et des contradictions du système capitaliste. Cela a révélé au grand jour les pénuries et amélioré la compréhension du rôle joué dans la société par la classe dominante et celui que joue la classe des travailleurs.
C’est pourquoi ce n’est pas une coïncidence si, malgré toutes les limites dans lesquelles nous place cette crise sanitaire, nous ayons cette année recruté davantage de nouveaux membres que les années précédentes. Nous avons pu faire des pas importants dans la reconstruction du travail jeunes dans certaines villes, et également recruté une série de jeunes travailleurs. Jusqu’à présent, nous avons utilisé chaque occasion pour stimuler la lutte de classe et mettre les jeunes en action. C’était et cela reste très important, car cette crise sanitaire est utilisée pour nous imposer une paix sociale, justement au moment où la bataille est tellement nécessaire pour faire respecter le moindre petit acquis social. Les petites actions de protestation et les interventions dans les actions ou manifs, comme celle de La Santé en Lutte, ont aidé à profiler le parti en tant que parti de lutte.Même dans une période compliquée comme celle-ci, nous devons continuer à exploiter chaque possibilité que la situation offre. En parallèle, nous avons pu aussi développer notre activité en ligne (on-line) via les médias sociaux ; nous avions du retard sur cet aspect et il nous reste bien sûr du travail. À nous d’utiliser au maximum ces périodes plus ‘‘fermées’’ dans la société pour continuer collectivement à augmenter notre profil on-line et la professionnalisation de cet aspect de notre travail.
Chaque congrès constitue toujours un exercice de discussion des perspectives et du projet du parti avec chaque membre, pour sortir de ce congrès avec un parti renforcé, unifié, armé de buts et de perspectives collectives. En cette année particulière, les congrès de district seront importants pour discuter des perspectives politiques, internationales et belges, bien sûr, mais aussi régionales et locales. Ils seront aussi l’occasion d’évaluer notre travail, aussi local, durant la période précédente, et de tracer les grandes lignes de notre construction pour les 2 années à venir. À côté des textes régionaux écrits dans les différents districts, un texte national de discussion consacré aux perspectives internationales et belges sert de base pour la préparation d’une partie des discussions.
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On ne peut plus attendre davantage : sur la nécessité de mesures anticapitalistes immédiates

La triple crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons n’en finit plus de démontrer l’impuissance du mode de production capitaliste. Une impuissance mainte fois documentée ici même. Mais pour pouvoir juger réellement de la responsabilité du capitalisme, il est nécessaire de pousser l’analyse un peu plus loin : non seulement le capitalisme n’offre pas de solution, mais il est également un frein, un boulet encombrant pour toute tentative de résoudre la situation.
Par Jérémy (Namur)
Même les politiciens les plus libéraux ont du se rendre à l’évidence et mettre en place des mesures exceptionnelles que ces mêmes idéologues qualifiaient encore d’irréalistes il y a à peine 8 mois : extension du droit au chômage, refinancement — hélas trop léger et tardif ! – de la santé publique, droit passerelle pour les indépendants… Toutes ces mesures, et bien d’autres, sont une tentative de stabiliser le système capitaliste secoué par la crise. Néanmoins, il faut soulever un paradoxe et souligner à quel point ces mesures vont à l’encontre de la logique du capital : l’assurance chômage est une des conquêtes du mouvement ouvrier, tout comme la sécurité sociale qui assure le financement public et la (quasi) gratuité des soins de santé. Et que dire de la tentative de sauvetage des travailleurs indépendants qui s’oppose à la logique du laissez-faire qui tient la libre concurrence pour le moyen de déterminer quel commerce doit survivre ou périr ?
Tout ça illustre bien l’instabilité intrinsèque du mode de production capitaliste, pétri de contradictions, et qu’il faut sans cesse sauver contre lui-même !
Mais il est possible d’aller encore plus loin. Un confinement généralisé, en étant une entrave à la liberté individuelle de chacun, serait également un obstacle à la valorisation du capital (par la réduction du travail) et à la réalisation du profit (par la diminution de la consommation). Le positionnement de la FEB est très clair à ce sujet. Mais la FEB ne conçoit l’économie que comme la poursuite de l’enrichissement de la minorité d’actionnaires. Elle ne s’intéresse pas à la vie des millions de gens qui créent les richesses. Sinon elle s’opposerait aussi à la vague de licenciements en cours dans le pays. Elle réduirait les dividendes pour investir dans la production utile pour solutionner la crise. C’est pour cette raison qu’alors même que les chiffres des contaminations s’envolent et en dépit des cris d’alerte de tous les experts compétents et des travailleurs de la santé à bout de souffle, les dirigeants politiques rechignent à y avoir recours. Notons au passage que l’extrémité d’un nouveau confinement aurait certainement pu être évitée si des mesures sérieuses avaient été prises plus tôt. Ce qui met une nouvelle fois en lumière l’enseignement trop bien connu du mouvement ouvrier, à savoir que les capitalistes n’agissent que s’ils y sont absolument contraints.
Lors du dernier Conseil National de Sécurité, le gouvernement s’est une nouvelle fois dédouané sur la responsabilité individuelle. C’est la musique qu’ils chantent depuis 40 ans : « l’individualisme méthodologique », « il n’y a pas de société que des individus et leur famille ». C’est oublier que, contrairement au fantasme des « élites néolibérales », la société réelle est structurée en classes sociales. Et cette structure limite de fait la liberté individuelle des travailleuses et des travailleurs qui ne subsistent que grâce à leurs salaires. Or, combien d’endroits manquent encore des dispositions essentielles garantissant la santé de ceux qui y travaillent ! La grève des travailleurs de Jupille est exemplaire à cet égard. Elle illustre le rôle que les syndicats ont à jouer dans la défense de la santé de toutes et tous.
Notre force, nous la tirons de notre solidarité. C’est pourquoi il est impératif de soutenir le personnel de santé en lutte. À la fois dans la rue, comme nous l’avons fait en manifestant à leur côté cet été. Mais également en faisant tout ce qui est possible pour ne pas saturer les hôpitaux. Les Comités pour la Prévention et la Protection du Travail (CPPT) doivent avoir toute latitude pour évaluer les conditions sanitaires sur les lieux de travail et pour décider de la suspension du travail sans perte de salaire partout où ces conditions sont insuffisantes pour éviter la propagation du virus.
À plus large échelle, il reste à traiter la question de l’allocation des moyens pour la production du matériel de soin et de prévention nécessaire. Nous avons déjà décrit le gaspillage de ressources que constitue la chasse gardée et la mise en compétition des firmes pharmaceutiques pour obtenir les brevets de vaccin avant leurs concurrentes. Il faut également évoquer la vaste capacité de tests inutilisée sous le contrôle de capitaux privés alors que le nombre de tests sous contrôle public est saturé. Le refus de les réquisitionner relève du choix politique de faire passer le droit de propriété privée capitaliste avant les intérêts de la majorité de la population. Or nous avons déjà illustré plus haut comment toutes les mesures prises contre la crise sont anticapitalistes. Nous réclamons simplement de pousser cette logique jusqu’au bout !
La réquisition des ressources nécessaires, la réallocation des moyens vers la production utile et l’arrêt des secteurs non essentiels auraient des conséquences catastrophiques pour les profits des groupes privés. Cependant, la recherche de leur maximisation est la condition sine qua non du mode de production capitaliste. Une contestation sérieuse du principe de rentabilité qui étouffe les capacités productives de la société devra donc, nécessairement, s’accompagner d’une lutte politique déterminée pour la sauvegarde de nos emplois par la nationalisation des secteurs clés de l’économie comme la production pharmaceutique.