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Category: International
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Stopper le trumpisme par la lutte
Un raciste imprévisible, condamné pour sexisme, narcissique et queerphobe trône à la Maison Blanche. L’avenir s’annonce de plus en plus effrayant. Trump veut faire de Gaza un projet immobilier expurgé des masses palestiniennes, un appel du pied évident au régime sioniste pour qu’il intensifie le génocide. Pour être plus fort face au régime chinois, il cherche à se rapprocher de Poutine, ce qui ne fait qu’augmenter le danger de guerres. Aux États-Unis, les réfugié.es et les personnes dont l’expression de genre ne correspond pas aux normes traditionnelles sont en ligne de mire. Elon Musk sort sa tronçonneuse pour s’attaquer aux fonctionnaires fédéraux. La crise climatique est niée et un complotiste anti-vaccin se retrouve ministre de la Santé. La situation pourrait-elle être encore pire ?
Le fait de se voir refuser le droit d’être soi-même ou de craindre les rafles suivies d’expulsions humiliantes est très concret, les victimes ressentent l’attaque au plus profond de leur chair. La peur est loin d’être abstraite, elle est existentielle. Elle entraîne une certaine paralysie, tout particulièrement dans un contexte international où l’extrême droite semble progresser partout et remet en cause toutes les conquêtes sociales et toutes les certitudes. Nous n’avons pas le choix. Il faut mener le combat.
L’extrême droite au pouvoir fait inévitablement penser aux années 1930. Mais cette décennie était aussi une période de résistance et de luttes qui avaient le potentiel de vaincre le fascisme. De la révolution espagnole à la grève générale en Belgique en 1936, en passant par le potentiel révolutionnaire en France en 1936, de grandes opportunités se sont présentées. Si nous assistons aujourd’hui à une offensive réactionnaire de grande ampleur, soyons assuré.es qu’il y aura une riposte. Des activistes courageux.euses prennent déjà les devants. Il est essentiel d’organiser une résistance de masse en visant l’objectif d’une transformation totale de la société.
Le trumpisme fait des émules en Belgique. Le gouvernement De Wever, par exemple, représente une attaque sans précédent contre les réfugié.es. Le gouvernement Arizona prend des mesures pour criminaliser l’opposition au génocide à Gaza. Les attaques contre les droits à la retraite et les conditions de travail puent la tronçonneuse d’Elon Musk.
Ne nous y trompons pas : cette tendance réactionnaire ne sert que les intérêts d’une petite minorité, celle des super-riches. C’est pourquoi tous les grands patrons de la big tech aux États-Unis s’en remettent à Trump. Il s’agit en partie d’ouvrir toutes les vannes par lesquelles la propagande de haine et de division peut avoir un impact.
Tout ce qui divise la classe travailleuse dans toute sa diversité l’affaiblit. C’est l’objectif explicite du trumpisme, y compris ses variantes belges dans les figures de De Wever et Bouchez. Trump s’attaque aussi directement à la classe travailleuse. Par exemple, le National Labor Relations Board, qui veille au respect du droit d’organisation des travailleur.euse.s, a été immédiatement mis sur la sellette. Que ce conseil soit intervenu contre des licenciements abusifs chez SpaceX, l’entreprise spatiale de Musk, n’est pas étranger à la décision de Trump.
La résistance à l’extrême droite est nécessaire et possible. Il est crucial que nous partions d’une approche de solidarité qui reconnaisse et inclue toutes les victimes des politiques d’extrême droite dans cette résistance. Nous devons lutter activement contre les préjugés qui sèment la discorde, y compris au sein du mouvement des travailleur.euses dans son ensemble. À partir d’une solidarité active, nous pouvons construire la résistance, créer des liens entre activistes et être plus fort.es ensemble. Cela peut jeter les bases non seulement pour repousser l’extrême droite, mais aussi pour lutter en faveur d’une rupture avec le capitalisme et pour une société socialiste qui élimine l’exploitation et toutes les formes d’oppression une fois pour toutes. C’est ce que nous, marxistes révolutionnaires, défendons !
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Davantage de génocide et de Trump ? La résistance et la lutte sont nécessaires !
La première phase du cessez-le-feu à Gaza expire le 1er mars. Entre-temps, des négociations ont commencé sur la deuxième phase, qui viserait à libérer les derniers otages israélien.ne.s et prisonnier.e.s de guerre en échange d’otages palestinien.ne.s, d’aide humanitaire, du retrait de tou.te.s les soldat.e.s israélien.ne.s de Gaza et d’un cessez-le-feu permanent.
Article par Thomas en Suheil (Bruxelles)
La troisième phase comprendrait le retour des corps des personnes décédées et le début de la reconstruction de Gaza sous la supervision de l’Égypte, du Qatar, des Nations unies et des États-Unis. Mais avant même que les fragiles négociations sur la deuxième phase n’aient commencé (qui portent également sur la gouvernance et la reconstruction de la bande de Gaza d’après-guerre), Trump était déjà là avec une proposition visant à accroître le chaos et la misère. Cela a éclipsé le soulagement suscité par le cessez-le-feu dans le mouvement de solidarité internationale. La lutte pour la libération de la Palestine est loin d’être terminée.
Le « plan » de Trump et de Netanyahou : nettoyage ethnique et projet immobilier
La proposition de Trump est révoltante : placer Gaza sous le contrôle des États-Unis pour la nettoyer et la transformer en « Riviera du Moyen-Orient ». En attendant, les habitant.e.s devraient déménager ailleurs, ce qui équivaudrait à un nettoyage ethnique de Gaza et donc une poursuite du génocide du peuple palestinien.
La proposition a été immédiatement rejetée par les gouvernements arabes et les alliés occidentaux, mais Trump continue de la répéter sous les applaudissements de Netanyahou et des ministres de l’État sioniste.
En outre, le ministre de la Défense, Katz, a déjà commencé à mettre en place une nouvelle unité chargée de reloger les habitant.e.s de Gaza dans un autre pays, et le ministre des Finances, Smotrich, a annoncé que la relocalisation pourrait commencer dans les semaines à venir.
La question de savoir si les États-Unis prendront effectivement le contrôle de Gaza n’a plus d’importance. Netanyahou saisit ce moment pour atteindre son objectif initial : une « victoire complète » sur la résistance palestinienne, ce qui est directement conforme à l’objectif initial de l’État sioniste : l’accomplissement de la Nakba. En d’autres termes, la survie de la résistance palestinienne est en jeu et, avec elle, la survie du peuple palestinien.
La proposition de Trump ne sort pas de nulle part. Dès son premier mandat, Trump a lancé le « Deal du siècle » avec Netanyahou. Ce plan a été conçu sous la direction de son gendre et ancien investisseur immobilier Jared Kushner, mais n’a jamais été mis en œuvre, malgré son accueil positif par les chefs de gouvernement arabes (à quelques réserves ou exceptions près). Le plan comprend une partie économique visant à investir dans les infrastructures et le tourisme par les États arabes et les entrepreneurs privés, et une partie politique visant à créer un État palestinien qui serait complètement dépouillé de sa souveraineté et de sa dignité nationales. Les représentants palestiniens n’ayant pas été consultés, ils ont unanimement rejeté le plan (même l’Autorité palestinienne, qui danse habituellement au diapason des États-Unis et d’Israël). En revanche, le président égyptien El-Sisi a été impliqué dans la préparation du plan, qui prévoit une infrastructure logistique stratégique entre les mains des Égyptiens et des Israéliens pour développer les activités économiques dans la région.
Il est clair que la violence coloniale en Palestine est tout à fait conforme à la folie capitaliste de l’impérialisme américain et de ses alliés sionistes.
Le mouvement de protestation rend le plan inacceptable pour les dirigeants de la région
Cette fois-ci, la violence coloniale a complètement déraillé, entraînant une colère et une protestation de masse. Les dirigeants des gouvernements arabes doivent en tenir compte, même si c’est par souci d’autopréservation.
Le roi Abdallah II de Jordanie a dû se taire devant les caméras à Washington et avaler l’humiliation, mais selon les autorités égyptiennes, le roi aurait pu s’insurger contre Trump. Auparavant, El-Sisi avait organisé une grande manifestation contre la proposition de Trump à la frontière palestinienne près de Rafah, qui a été retransmise à la télévision nationale : une démonstration remarquable de soutien nationaliste à un président corrompu.
D’une part, Abdallah et El-Sisi ne peuvent pas se permettre de soutenir ouvertement Trump étant donné la colère et l’indignation des masses jordaniennes et égyptiennes, mais d’autre part, ils sont parmi les principaux bénéficiaires de l’aide étrangère américaine, tant sur le plan économique que politique. Après tout, tous deux refusent une nouvelle vague de migration palestinienne dans leur pays qui mettrait en péril le traité de Camp David et la stabilité nationale et régionale.
En bref, les dirigeants égyptiens et jordaniens tentent de se tenir la main alors qu’ils sont eux-mêmes pris en tenaille entre les sponsors impérialistes, les populations nationales et les voisins régionaux. Les contradictions ne s’expliquent pas simplement par les intérêts économiques occidentaux, mais impliquent une dynamique complexe de forces matérielles et de relations sociales à différents niveaux. Alors que la machine à tuer sioniste poursuit ses aventures militaires au Liban, en Syrie et en Cisjordanie, l’Arabie saoudite prend l’initiative d’élaborer la réponse de l’unité arabe à Trump avec l’Égypte, la Jordanie et les États du Golfe. La situation est unique, mais les perspectives sont extrêmement désespérées. Une approche différente est nécessaire !
Les manifestations de masse se poursuivent
Des actions de solidarité se poursuivent dans le monde entier et des manifestations de masse ont eu lieu à plusieurs endroits pour protester contre la proposition de Trump. Au Maroc, une grande manifestation a eu lieu à Rabat la même semaine et quelques jours plus tard, plus de 100 manifestations ont eu lieu dans tout le pays. À Ankara et à Istanbul, des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade des États-Unis et les Trump Towers. Dans la capitale jordanienne, des dizaines de milliers de personnes ont marché jusqu’à l’aéroport pour soutenir leur roi après l’humiliation subie à Washington, etc. Londres a également connu des manifestations de masse contre la proposition de Trump.
Les milliers de manifestant.e.s ont exprimé leur solidarité avec la résistance palestinienne, exigé un embargo sur les armes et rappelé la complicité de leur gouvernement avec la politique génocidaire d’Israël. Iels ont exigé, par exemple, que le mandat d’arrêt international contre Netanyahou soit suivi sans équivoque, ce qui n’est actuellement pas le cas au Royaume-Uni, mais aussi en France, en Italie ou en Allemagne. L’Europe est manifestement incapable de reconnaître ses liens historiques avec le sionisme et l’impérialisme américain, en particulier maintenant que l’extrême droite est au pouvoir ou sur le point de l’être dans de nombreux pays.
Il est nécessaire de rassembler systématiquement la lutte pour la libération de la Palestine et la lutte contre les gouvernements (d’extrême droite), car l’impérialisme n’est pas un système local, mais un système mondial qui exploite et opprime les peuples du monde entier. De nombreuses personnes comprennent spontanément que des politiques socio-économiques dures favorisent immédiatement des idéologies racistes et coloniales qui, à leur tour, justifient ces politiques.
Solidarité dans les luttes communes
Les possibilités de lutte commune sont nombreuses : le mouvement de libération palestinien peut considérer le mouvement anti-Arizona comme une occasion de maintenir la cause palestinienne parmi les priorités de la lutte en Belgique et de se mobiliser autour d’actions concrètes contre les sionistes de l’Arizona. Inversement, les syndicats peuvent inclure des revendications claires en solidarité avec la Palestine (comme les féministes le font pour le 8 mars) et contre les plans militaires visant à la confrontation impérialiste.
L’accord du gouvernement cherche explicitement à créer un cadre juridique pour interdire des organisations comme Samidoun. Cette organisation lutte au niveau international pour la libération des prisonnier.e.s palestinien.ne.s. Une telle interdiction représente une atteinte à la solidarité avec la résistance palestinienne et s’inscrit dans la campagne internationale visant à qualifier d’antisémite toute opposition au génocide et plus généralement au sionisme. Elle s’inscrit également dans les attaques de l’Arizona contre le droit d’action des opprimé.e.s et des exploité.e.s.
Enfin, les différents mouvements peuvent organiser des boycotts et des grèves contre les entreprises qui facilitent la politique de Trump et de ses alliés (d’extrême droite) : fabricants d’armes, promoteurs de construction, entreprises de transport, investisseurs dans la misère en Palestine, en Belgique et au niveau international.
Personne n’est libre tant que tout le monde ne l’est pas
Le capitalisme est dans son élément impérialiste ultime alors que les capitalistes se réorganisent avec empressement sous Trump et sentent de nouvelles opportunités d’investissement : les profits via l’industrie de la guerre et ses copains financiers sont convertis en nouveau capital qui exploite davantage le travail des populations opprimées jusqu’à ce que le temps soit à nouveau à la guerre et au génocide et à l’exploitation de nouvelles opportunités d’investissement et de profit. Un cycle infernal !
Pendant ce temps, les dirigeants du Sud font savoir qu’ils n’accepteront pas un monde unipolaire ou bipolaire où Trump distribuerait les cartes. Soyons clairs : nous n’acceptons pas un monde capitaliste, bipolaire ou multipolaire ! Depuis les différentes régions du monde, un mouvement révolutionnaire internationaliste est possible et nécessaire.
Pour la Palestine, cela signifie que ce mouvement doit se concentrer sur les masses et la classe ouvrière du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Des syndicats combatifs et des organisations politiques doivent être créés ou renforcés afin que les populations soient prêtes à rompre avec leurs dirigeants corrompus. Il faut créer les conditions et formuler les bonnes revendications pour qu’une vague révolutionnaire, comme les soulèvements de 2011 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, puisse s’étendre à la libération de la Palestine et au socialisme démocratique, ce qui signifie une véritable liberté de la rivière à la mer dans toute la région et dans le monde entier. Une seule lutte, une solidarité internationale !
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Appel à l’action : portons plainte contre Challenge Airlines pour complicité de génocide
Depuis octobre 2023, au sein du collectif Solidarité Liège-Palestine, le PSL s’est mobilisé au cours de 3 actions devant l’entreprise israélienne. Ces actions, conjuguant rassemblement de protestation devant Challenge et tractages auprès des travailleur.euse.s, ont eu un rôle significatif dans la décision du gouvernement wallon de retirer les permis de transport d’armes vers Israël. C’est le signe que depuis la Belgique, nous ne sommes pas impuissant.e.s pour manifester concrètement notre solidarité avec le peuple palestinien. Mais le combat continue, et si les travailleur.euse.s de Challenge rejoignaient la lutte contre ces livraisons d’armes en exigeant le contrôle ouvrier de l’outil de distribution, iels porteraient un coup sévère à l’impérialisme sioniste.




Challenge Airlines est une compagnie aérienne belgo-israélienne étroitement impliquée dans l’exportation de produits issus des colonies israéliennes et dans l’acheminement de matériel militaire en Israël. La compagnie opère à partir de l’aéroport de Bierset à Liège et fait partie d’une chaîne logistique plus large qui soutient l’occupation israélienne, la colonisation et le régime d’apartheid. Elle contribue ainsi à l’oppression et aux violations des droits humains dont la population palestinienne souffre quotidiennement depuis des décennies.
appel de l’association Vrede
Pour maintenir son régime d’occupation, Israël s’appuie sur une violence structurelle et réelle, soutenue par une suprématie militaire qui nécessite un approvisionnement constant en armes. Israël possède sa propre industrie militaire, mais est également très dépendant des importations d’armes et de munitions, principalement en provenance des États-Unis (qui représentent 80 % des importations d’équipements militaires d’Israël).
L’acheminement de ces biens militaires en Israël est une tâche logistique dans laquelle plusieurs entreprises civiles jouent un rôle. Une grande partie des marchandises est acheminée par voie maritime, notamment par les compagnies maritimes ZIM et Maersk. Le transport aérien représente également une part importante du transport de matériel militaire vers Israël. C’est là que Challenge Airlines entre en scène.
Une enquête de Vredesactie montre que les opérations de cette compagnie aérienne ont fortement augmenté depuis octobre 2023. Jusqu’en juin 2024, date à laquelle le gouvernement wallon l’a explicitement interdit, les marchandises militaires – pièces d’armes et munitions – transitaient vers Israël via Bierset, l’aéroport liégeois.
Cependant, l’interdiction wallonne absolument nécessaire du transit d’armes vers Israël n’a pas bloqué la chaîne d’approvisionnement militaire, mais seulement déplacée. Bierset ne peut plus être utilisé comme point d’escale de transit, mais depuis la Belgique, Challenge Airlines continue d’organiser l’approvisionnement en armes avec des vols directs entre les États-Unis et Israël. Depuis octobre 2023 déjà, de tels vols directs sont fréquemment déployés. La plupart d’entre eux ont lieu entre des bases aériennes aux États-Unis et la base de Nevatim en Israël. Suite à l’interdiction du transit d’armes, les vols directs entre New York et Tel Aviv ont également augmenté de manière remarquable, ce qui suggère que les livraisons d’armes qui passaient auparavant par Liège sont désormais acheminées par cette route.
En tout état de cause, Challenge Airlines reste un contributeur central à l’occupation israélienne et à la violence, dont l’opération génocidaire à Gaza. De plus, la compagnie est parfaitement consciente que les fournitures militaires débarquées sont utilisées pour violer les droits humains et commettre des crimes de guerre génocidaires.
Le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité sont répertoriés dans le code pénal belge. En outre, « le transport d’un outil, d’un dispositif ou d’un objet, en sachant qu’il est destiné à la commission de l’un de ces crimes ou qu’il en facilite la commission », est punissable en tant que crime indépendant. Les activités logistiques passées et présentes de Challenge Airlines peuvent être qualifiées de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Une action de plainte massive sera organisée le 5 mars 2025. Ce jour-là, dans les villes d’Anvers, Gand, Bruges, Hasselt, Louvain, Liège, Namur et Bruxelles, vous pourrez déposer ensemble des plaintes auprès de la police contre les activités illégales de Challenge Airlines. De cette manière, nous demandons aux tribunaux belges d’enquêter et de poursuivre les crimes de la compagnie aérienne.
Bruxelles :
Mercredi 5 mars 2025
17h – 18h30
Place Poelaert (près de la statue, devant la grand roue)Namur :
Mercredi 5 mars
17h00
Place d’Armes 5000 Namur, près du commissariat de la villeLiège :
Mercredi 5 mars
17h30
Devant le commissariat Liège Centre à Liège
Lien vers l’éventLeuven :
Mercredi 5 mars
17h00
Grote Markt Leuven
Lien vers l’éventHasselt :
Mercredi 5 mars
17h00
Zwarte Brugstraat 6, 3500 Hasselt, België
Lien vers l’éventGand :
Mercredi 5 mars
17h00-19h00
Ekkergempark, Ekkergemstraat 9000 GentAnvers :
Mercredi 5 mars
18h00 – 20h00
Burgemeester Edgar Ryckaertsplein, 2600 Antwerpen, België -
Le Congo dans l’horreur
Avec l’avancée du mouvement M23 dans l’Est du Congo et la prise de Goma et Bukavu, la présence de troupes ougandaises dans la province de l’Ituri et dans le grand Nord de la province du Kivu ainsi que les flux de réfugié.e.s vers l’Ouest du pays et le Burundi, l’Est du Congo est à nouveau plongé dans l’horreur. Un demi-million de réfugié.e.s s’est ajouté.e.s, alors que le Congo comptait déjà 8 millions de personnes déplacées.
L’effondrement de l’état, le processus raté de fusion de l’armée, le manque de services publics, la pauvreté, le manque d’accès à la terre sont la base pour les tensions communautaires sur un fond de lutte globale pour accès aux ressources. Au Nord-Kivu, l’or et les diamants, entre autres, se trouvent dans le sol, ainsi que l’étain, le tungstène et le coltan, une matière première essentielle pour les smartphones et les ordinateurs. Certaines des mines de coltan appartiennent depuis longtemps au M23, qui l’exporte via le Rwanda. De l’autre côté, des politiciens et des militaires congolais sont également impliqués dans le commerce des matières premières.
Le mouvement M23, sous la coupole de l’Alliance Fleuve Congo, s’est emparé de Goma et de Bukavu, les plus grandes villes du Nord-Kivu et du Sud-Kivu respectivement. Des dizaines de milliers de personnes ont fui. Le régime faible de Tshisekedi ne parvient pas à rétablir la souveraineté nationale sur l’ensemble du pays et en particulier à l’est. Le régime ougandais a profité de cette faiblesse pour établir une présence militaire en Ituri et le grand nord, au nom de la lutte contre les groupes djihadistes. L’armée burundaise, qui combat le M23, est poussée à se retirer alors que le M23 progresse vers la frontière avec le Burundi. Le régime rwandais de Kagame, longtemps présenté comme un État modèle par les pays d’Europe occidentale et par les Etats-Unis ainsi que par les institutions internationales, fait face aujourd’hui à la menace de sanctions, même de la part de son allié Trump. Par le passé, il y a eu plusieurs fois des menaces de sanctions sous la pression de la mobilisation de solidarité internationale. Mais celles-ci ont eu très peu d’effets, vu le rôle stratégique que joue le Rwanda pour l’impérialisme.
Le pire reste à venir
Les plus grandes victimes de la violence de la guerre et des centaines de milices sont les populations. Outre la destruction de leurs communautés à des fins d’exploitation minière et l’exploitation dans les mines, y compris par le travail d’enfants, celles-ci sont également sous la menace constante de la violence des milices et des crimes de guerre. Les viols et les meurtres font désormais partie de la vie quotidienne.
L’escalade actuelle de la violence vient s’ajouter à l’énorme bilan de 6 millions de personnes tuées en raison des guerres civiles et des interventions étrangères depuis 1996. Le Conseil de sécurité des Nations unies prévient toutefois que « le pire est peut-être à venir ».
Après la chute du régime d’Habyarimana au Rwanda en 1994, de nombreux membres de son gouvernement se sont réfugiés dans l’Est du Congo, ainsi que des milliers d’anciens génocidaires et leurs familles. Ils y ont bénéficié de la protection de la France et ont été accueillis avec bienveillance par le régime de Mobutu, qui jouait la carte des tensions communautaires. En Ouganda, les opposants à la dictature de Museveni se sont organisés en milices qui ont pris pied dans la région.
C’est ainsi que des tensions communautaires ont été créées, tensions qui ont traversé les frontières régionales. La présence de ces groupes est exploitée par Kagame et Museveni pour intervenir militairement et sécuriser leur accès aux matières premières et aux ressources du Congo. Les exportations d’or, par exemple, représentaient en 2023 pas moins de 37 % de toutes les recettes d’exportation de l’Ouganda, la majeure partie de cet or provenant du Congo. Le professeur Kristof Titeca (UA) commente à ce titre : « Museveni peut faire bon usage de cet argent pour se maintenir politiquement : près de la moitié des Ougandais ont moins de 15 ans et, pour éviter une sorte de printemps arabe, la stabilité économique est cruciale pour lui. »
La course mondiale pour l’accès aux matières premières jette de l’huile sur le feu. Les puissances impérialistes sont explicitement complices et jouent un rôle dans le redécoupage de la carte régionale en fonction de leurs propres intérêts en matière de ressources.
Le nécessaire contrôle démocratique de la majorité sociale sur les ressources
Ce sont les luttes pour le pouvoir et le prestige l’argent qui font éclater et durer les guerres. Les luttes et les mobilisations sociales doivent donc viser à extraire les ressources et les richesses (en termes de terres et de travail) des multinationales et des différents groupes armés. Ce type de lutte de masse est possible, comme cela a été démontré à plusieurs reprises au Congo, notamment lors de la lutte contre un troisième mandat de Kabila. Par ailleurs, fin 2024 et début 2025, le Mozambique a connu le plus grand soulèvement de masse de son histoire récente, lorsque les masses ont protesté contre l’investiture de Daniel Chapo en tant que président.
Les luttes sociales sont l’occasion de discuter de la manière dont les travailleurs du secteur minier peuvent se défendre contre l’exploitation au profit de groupes armés et de réfléchir aux besoins sociaux collectifs auxquels l’exploitation minière pourrait répondre dans la région. Cela nécessite le développement d’organisations qui peuvent structurer le mouvement. Cette réflexion doit être menée non seulement dans les mines, mais aussi dans l’ensemble du pays et de la région. La gestion et le contrôle des richesses produites, ainsi que leur orientation vers la satisfaction des besoins de la grande majorité de la population, sont ce qui serait nécessaire pour répondre à ces besoins.
La lutte des classes détermine le cours de l’histoire. Dans cette lutte, nous nous appuyons sur la majorité sociale qui combat l’oppression exercée par la minorité, en réponse aux problèmes et aux contradictions du capitalisme. Cette approche exclut toute division sectaire de la société. Il faut un programme visant à l’unité de toutes les couches exploitées et opprimées, en partant du constat que seule la majorité peut construire une société où les besoins de l’ensemble de la population sont satisfaits. C’est pour une telle société démocratique et socialiste que nous nous battons.
« Ce n’est pas un hasard si cette offensive arrive maintenant que Trump est au pouvoir »
Nous nous sommes entretenus avec Alain Mandiki, un syndicaliste originaire du Kivu et également auteur du livre « 1994, Génocide au Rwanda. Une analyse marxiste »

« Ce n’est pas un hasard si l’offensive contre Goma et Bukavu arrive au moment où Trump est à la Maison Blanche. Trump représente une défense des intérêts impérialistes d’une manière qui ne tient absolument pas compte des principes de droit ou d’humanité. Dans sa méthode transactionnelle de la diplomatie, Trump est disposé à ignorer les normes relatives aux droits et à la dignité humaine afin d’obtenir l’accès aux ressources que le Rwanda pourrait lui offrir.
« C’est ce qui se passe aussi dans l’Est du Congo avec les centaines de milliers de personnes réfugiées ou les combats à l’arme lourde qui ont tué près de 3000 personnes dans une seule ville. L’Etat rwandais justifie la présence de 4.000 soldats par la défense de ses propres intérêts. Ces troupes agissent avec un mépris identique pour toute humanité.
« Ce qui se passe au Congo est en partie déterminé par le jeu des superpuissances en quête d’influence et d’accès aux ressources. Au début de l’année dernière, l’Union européenne a conclu avec le Rwanda un accord de coopération économique qui facilite l’exploitation des « minerais de sang » (étain, tungstène, tantale et or, dont la production est souvent contrôlée par des groupes armés). Ce faisant, l’UE a cherché à offrir une alternative aux investissements chinois dans le cadre du projet des Nouvelles routes de la soie (également appelé Initiative route et ceinture). À la fin de l’année dernière, l’UE a conclu un accord de coopération militaire avec le Rwanda, qui a reçu 20 millions d’euros pour son armée. Ces fonds étaient censés être destinés à des opérations de sécurité au Mozambique. Cependant, rien ne garantit qu’ils ne seront pas utilisés pour le front congolais.
« La mobilisation et la solidarité internationale sont importantes pour arrêter le soutien des politiques impérialistes. Seule la société congolaise et ses organisations peuvent apporter des solutions aux problèmes actuels. La solidarité internationale est nécessaire pour répondre à l’impérialisme et pour augmenter la pression afin que les dirigeants locaux ne soient pas complices des massacres de la population. Nous devons nous organiser pour lutter pour une société où il n’y a pas de loi des plus forts, mais où la production est gérée démocratiquement pour répondre aux besoins sociaux des masses.
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Instabilité et polarisation en Allemagne avec, heureusement, le retour de Die Linke
Le « changement d’époque », c’est-à-dire le virage géopolitique qui a mis à mal le modèle à succès du capitalisme allemand, se concrétise encore sur le front politique avec les élections du 23 février dernier.
Par Christian (Louvain)
Avec 16,4 %, les sociaux-démocrates du SPD, arrivés en troisième position, ont enregistré leur pire score depuis 1890, date à laquelle Friedrich Engels était encore en vie. Le parti d’extrême droite AfD, arrivé deuxième, a plus que doublé son score depuis 2021. Avec 20,8 % des voix, c’est le meilleur résultat depuis 1933 pour un parti réactionnaire allemand tenant un discours fasciste. À l’exception de quelques circonscriptions urbaines, notamment Berlin, l’AfD domine l’ancienne RDA. Bien qu’arrivés premiers avec 28,5 %, les chrétiens-démocrates du CDU/CSU essuient leur deuxième plus mauvais résultat depuis 1949. Le FDP, qui, dans l’après-guerre, était le troisième parti de l’Allemagne de l’Ouest, n’a pas franchi le seuil électoral.
L’Allemagne a bel et bien rattrapé le reste du monde en termes d’instabilité et de polarisation politique. Les dernières années de la coalition dite « feux tricolores » (SPD-Ecolos-FDP), tombée en novembre, ont déjà été marquées par la tendance mondiale qui voit les couches dominantes de la bourgeoisie évoluer vers davantage d’accointances avec l’extrême droite. Le grand favori pour la chancellerie est le chrétien-démocrate Friedrich Merz, un homme qui incarne parfaitement ce tournant brutal. Déjà membre d’une association étudiante ultra-réactionnaire dans sa jeunesse, il a grimpé les échelons de la filière allemande de l’investisseur international BlackRock, premier gestionnaire d’actifs au monde, avant de prendre la tête de la CDU en 2018.
Malgré ses flirts avec l’AfD, Merz ne formera toutefois pas de coalition avec ce dernier. Cela serait trop perturbateur pour le capital allemand. La coalition la plus probable est celle entre le bloc CDU/CSU et le SPD. Une tripartite avec les Ecolos ne sera pas nécessaire, étant donné que le FDP et le Bündnis Sahra Wagenknecht (BSW) ont de peu manqué le seuil électoral de 5 %.
Rigueur budgétaire et haine de l’autre à l’agenda
Les prévisions de croissance économique de l’Allemagne pour 2025 ont récemment été révisées à la baisse, se fixant désormais à 0,3 %. Ce pronostic décevant est lié à l’incertitude qui pèse sur l’économie allemande, orientée vers l’exportation, dans le cadre de la présidence Trump. Il fait suite à deux années consécutives de récession, avec une contraction de l’économie de 0,3 % et 0,2 % respectivement en 2023 et 2024. Les divergences sur la Schuldenbremse (qui interdit tout déficit supérieur à 0,35 % du PIB) ont provoqué la chute du dernier gouvernement et pourraient rester problématiques pour la future coalition sous Merz.
Même si, en fin de compte, la rigueur budgétaire pourrait être assouplie, le coût de la crise retombera encore de toute sa force sur la classe travailleuse, les couches les plus opprimées et sur l’environnement. La classe dominante déploiera tous les efforts possibles pour mettre en œuvre une politique de division et faire passer son agenda.
Die Linke est de retour
Le parti Die Linke, ayant obtenu 8,8 % des voix au niveau national, est en tête à Berlin. Il avait enregistré un très mauvais score en 2021, passant sous le seuil électoral et n’obtenant que quelques mandats directs. Le départ de Sarah Wagenknecht en octobre 2023 et la formation de son propre parti, le BSW, socialement conservateur, a encore affaibli Die Linke, du moins électoralement, sinon en termes d’adhésions. En septembre dernier, le BSW est arrivé troisième lors de trois élections régionales dans l’ancienne RDA, éclipsant clairement Die Linke.
Le fait que le BSW ait échoué de très peu (14 000 voix !) à franchir le seuil électoral pourrait être lié à son entrée dans deux gouvernements régionaux, à un manque d’adhérent.es pour mener une campagne convenable au niveau national, et à l’élection de Trump, qui a rendu son positionnement sur l’Ukraine moins pertinent. Probablement, une partie des électeur.trices potentiel.les a tout simplement préféré voter directement pour l’AfD, avec laquelle le BSW se retrouve sur de nombreux sujets.
Le 29 janvier au Bundestag, le Parlement fédéral, Merz a fait appel aux voix de l’AfD pour faire passer une motion visant à durcir les politiques migratoires. Le BSW a lui aussi soutenu la motion, qui a été rejetée de justesse. Cette remise en cause du « pare-feu » jusqu’ici en vigueur à l’égard de l’extrême droite a été un signal d’alarme et a suscité de nombreuses manifestations. À cette occasion, la députée de Die Linke, Heidi Reichinnek, a prononcé un discours passionné qui a fait d’elle une star montante des réseaux sociaux. Dans son discours, elle a critiqué le chef de la CDU pour avoir « délibérément » collaboré avec l’AfD seulement deux jours après la commémoration d’Auschwitz. Cela a contribué à une augmentation radicale du nombre d’adhérent.es au parti Die Linke. Ainsi, le 18 février, Die Linke comptait 91.000 membres, soit 31.000 de plus qu’un mois auparavant.
Avec 11,6 %, les Ecolos sont le parti de la coalition gouvernementale sortante ayant encaissé le moins de pertes. Son électorat, assez prospère, semble peu concerné par des thèmes tels que la sécurité sociale et les hausses de prix. Bien que son discours sur la migration conserve des traces de préoccupations humanitaires, celles-ci ne sont pas crédibles en raison de sa volonté d’entrer dans une coalition avec la CDU/CSU.
L’électorat jeune renforce la gauche
La renaissance de Die Linke a été portée par les jeunes, en particulier les jeunes femmes. Parmi les électeur.trices de 18 à 24 ans, 34 % des femmes ont voté pour Die Linke, contre 15 % chez les hommes. Pour les femmes de moins de 25 ans, Die Linke est ainsi le parti le plus populaire, tandis que chez les hommes de cette tranche d’âge, il arrive troisième, derrière l’AfD et le CDU/CSU. Les Ecolos, un parti précédemment très populaire auprès des jeunes femmes, sont arrivés en troisième position chez celles-ci, juste derrière l’AfD.
Globalement, le retour encore modeste de Die Linke est à célébrer. Son programme socio-économique de gauche est partiellement en rupture avec la manière dont le système capitaliste est géré aujourd’hui, uniquement au profit d’une poignée d’ultra-riches. Elle défend également de bonnes positions pour lutter contre les oppressions, notamment le racisme et la LGBTQIA+phobie, qui sont en forte augmentation en Allemagne (comme partout ailleurs), boostées par les comportements, les paroles et les actes des médias dominants et des partis pro-capitalistes.
Cependant, Die Linke présente aussi de grands défauts qui expliquent son déclin, qui jusqu’à peu pouvait encore sembler inexorable. Là où Die Linke a pris part au pouvoir, il s’est adapté au système. Trop souvent absent des luttes et confronté à des divisions internes profondes, certaines de ses positions sont confuses, faibles, voire tout simplement très mauvaises. C’est notamment le cas en ce qui concerne le génocide en cours à Gaza et la libération de la Palestine, un thème absent des élections.
Les jeunes qui se trouvent attiré.es par Die Linke devront prendre eux-mêmes et elles-mêmes l’initiative pour s’organiser et faire avancer la lutte nécessaire, sans jamais faire de concession au fascisme ou au capitalisme en crise, dont il est l’expression. Ce n’est que de cette manière qu’ils et elles pourront retourner les revers sur les fronts socio-économique, écologique et des oppressions, y compris l’oppression raciste et coloniale que subit la Palestine.
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Violence sectaire au Pakistan. Parachinar saigne à nouveau
Violence sectaire, accusations de blasphème contre des minorités comme les Ahmedi, les chrétien.ne.s ou les chiites, meurtres collectifs, meurtres de chiites, génocide chiite : Une fois de plus, des échos effroyables nous parviennent de Parachinar, dans le nord-ouest du Pakistan.
Article d’Andleeb Haider, militante d’origine pakistanaise
Le district de Kurram est une région de la province de Khyber-Pakhtunkhwa (KPK), dans le nord-ouest du Pakistan. Ce district est divisé en trois parties : le Haut-Kurram, le Kurram-Centre et le Bas-Kurram. Sur la carte, Parachinar, la ville centrale du Haut-Kurram, apparaît comme une enclave afghane. Une seule route relie Parachinar au reste du Pakistan. Cette route est appelée « Thall Parachinar » parce que la ville est située sur une montagne et qu’il n’y a pas d’autres routes qui descendent.
Parachinar a joué un rôle important dans l’affrontement entre l’URSS et les États-Unis au cours de la guerre soviéto-afghane. Située à 90 km de Kaboul, cette ville frontalière pakistanaise a servi de rampe de lancement aux djihadistes venus du reste du pays et du monde entier pour combattre les Russes. En représailles, les troupes soviétiques et leurs alliés afghans ont bombardé à plusieurs reprises le district de Kurram et Parachinar. La population chiite locale n’était ni pro-soviétique ni pro-djihadiste, mais elle a payé un lourd tribut à la guerre. Elle l’a fait non pas une fois, mais plusieurs fois.
Dans les années 1980, la population chiite locale, en particulier la tribu Turi, a résisté aux djihadistes pour mettre fin aux représailles contre Parachinar. Cependant, le passage était stratégiquement très important. Le dictateur de droite Zia-ul-Haq a tenté de faire de Kurram une base permanente pour les djihadistes, malgré la résistance de la population locale. La situation dans cette région frontalière a toujours été tendue, la paix et la prospérité n’ayant jamais été la priorité du gouvernement et des élites pakistanaises.
Après les attaques américaines suivant le 11 septembre 2001, les djihadistes ont recommencé à se rassembler à Kurram pour franchir la frontière afghane et combattre les États-Unis. Les tribus chiites, quant à elles, ont choisi de soutenir les Hazaras vivant en Afghanistan. Une fois de plus, des talibans pakistanais et afghans appartenant aux deux camps ont mené des attaques contre Parachinar et d’autres zones où les chiites sont majoritaires. Depuis 2007, la route d’accès centrale est bloquée suite aux attaques du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP). L’approvisionnement n’est donc possible que par le biais de convois armés.
En même temps, la population de Kurram est également en proie à des dissensions. Selon les données officielles, celle-ci se compose de 43 % de chiites et de 57 % de sunnites, mais les chiites possèdent davantage de terres. Lors de conflits, des tribus sunnites se sont emparées de terres. Cela s’accompagne souvent de disputes et d’affrontements. En 2023, des affrontements dans le village de Bushehra ont fait 7 morts et 37 blessés. Un an plus tard, de nouvelles violences sectaires ont fait 49 morts et 200 blessés. La terre est très riche et fertile pour toutes sortes de cultures et, selon des sources locales, les montagnes de la partie supérieure du district de Kurram et des environs de Parachinar regorgent de minéraux.
Le 24 novembre 2024, un convoi d’environ 200 véhicules s’est rendu de Peshawar à Parachinar sous la supervision de l’armée. Dans le Bas-Kurram, il a été attaqué. Cette attaque a fait 49 morts, dont un bébé de six mois. D’autres incidents ont également eu lieu. La route a été complètement fermée. Il n’y a plus de nourriture, de médicaments et de carburant. Des dizaines d’enfants sont morts faute de médicaments.
Le gouvernement fédéral dirigé par le PML-N et le gouvernement provincial dirigé par le PTI se renvoient mutuellement la responsabilité. Ils s’accusent mutuellement et n’hésitent pas à mentir. Après de nombreux travaux, une réunion des autorités a finalement eu lieu le 23 décembre pour discuter de la situation à Kurram. Le Premier ministre de la province de KPK a annoncé que tous les habitants du district seraient désarmés. Toutefois, les tribus chiites, qui sont invariablement la cible de tirs de part et d’autre de la frontière, sont très inquiètes.
Les habitants de Paranichar protestent et s’opposent au désarmement et aux massacres brutaux. Des manifestations sont organisées pour défendre la paix et la stabilité, l’éducation et les soins de santé pour les enfants, l’ouverture du Thall Parachinar et la sécurisation de cette route afin que les gens puissent voyager sans crainte. Les litiges fonciers doivent être portés devant les autorités et agences compétentes.
La violence sectaire et le conflit en cours montrent comment l’impérialisme et les puissances régionales, avec leurs conflits et leurs guerres, ne causent pas seulement la mort et la destruction dans les régions qu’ils ont ciblées, mais perturbent également des équilibres locaux vieux de plusieurs décennies entre les populations. L’absence de moyens pour l’éducation, la santé et l’avenir des populations alimente la spirale de violence meurtrière et de barbarie croissante. Le sort terrible des habitants de Parachinar est à peine évoqué dans les médias du monde entier. Nous devons agir pour que cela change.
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La Syrie après Assad. Ravivée de ses cendres, la lutte pour la libération continue
L’effondrement de la dictature de Bachar el-Assad en décembre dernier a radicalement redistribué les cartes de la Syrie. Après 54 ans de tyrannie, de nombreux.ses Syrien.ne.s ont été saisi d’un sentiment de liberté et de jubilation. Mais cette attitude est tempérée par la peur et l’appréhension, alors que Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), désormais l’autorité autoproclamée à Damas, commence à révéler sa vraie nature, et tandis que les vautours impérialistes de tous bords tournent à nouveau autour des restes du pays meurtri.
L’offensive militaire des milices de droite précipita la chute d’Assad. Toutefois, cette chute est due à la profonde décadence interne du régime, à l’évaporation de sa base sociale et à l’incapacité de ses soutiens étrangers – la Russie, l’Iran et le Hezbollah – à rassembler les forces nécessaires pour le maintenir en place.
Aujourd’hui Ahmed Hussein al-Sharaa a beau porter costume et cravate, projetant une image de «modération» et prônant une approche respectueuse des minorités, son organisation reste indissociable de son histoire faite de violence sectaire, de gangstérisme et d’assujettissement des femmes. Toutefois, rares sont ceux, parmi la mosaïque de minorités religieuses et ethniques du pays, qui prennent au sérieux les nouvelles revendications de tolérance intercommunautaire du HTS.
Le nouveau pouvoir
Sur le plan économique, comme le montrent à la fois son bilan à Idlib et les déclarations publiques de ses dirigeants, HTS promet de continuer à utiliser les mêmes recettes du «marché libre» qui ont fait la renommée du régime de Bachar al-Assad. De plus, HTS a incorporé une cohorte d’opportunistes et de bureaucrates de l’ancien régime discredité. Il se révéle ainsi non pas comme une véritable force de changement, mais comme le gardien, sous un nouveau drapeau, des mêmes politiques de classe prédatrices qui ont ravagé le tissu social syrien pendant tant d’années.
Une mesure positive, l’augmentation de 400% des salaires des fonctionnaires, est financée en partie par des fonds qataris. Ceci ne représente toujours qu’un salaire d’environ 125 dollars par mois dans un contexte d’inflation galopante. Un modèle basé sur une forte dépendance des apports financiers des pays du Golfe, comme le démontre le cas de l’Egypte, s’accompagne non seulement de nombreuses «conditions , mais n’offre aucune solution pour sortir la majorité du pays du cycle inexorable de la pauvreté.
Quant aux droits démocratiques auxquels aspirent des millions de Syriens, al-Sharaa a déclaré que la préparation d’une nouvelle constitution pourrait prendre jusqu’à trois ans et les élections jusqu’à quatre ans. Il ne s’agit pas là des délais d’un processus démocratique, mais de tactiques dilatoires destinées à renforcer l’emprise de HTS sur le pouvoir. Etant donné son incapacité à répondre aux besoins urgents de la population, le ravivement de tensions, voire de nouvelles représailles sectaires, pourraient être certains des outils utilisés.
Repositionnement précipité de l’impérialisme
L’Union européenne et les États-Unis, avec un cynisme éhonté, tentent désormais de présenter HTS comme une force respectable. Alors, que quelques semaines auparavant, Washington négociait encore la levée des sanctions contre Assad, après la chute du régime il n’a suffit que de quelques jours pour retirer la prime de dix millions de dollars sur la tête d’al-Sharaa Le terroriste d’hier semble être devenu le partenaire potentiel d’aujourd’hui.
Les puissances impérialistes occidentales cherchent désormais désespérément à construire un récit de «transition démocratique» en Syrie – un exercice de tour de passe-passe politique destiné à occulter leurs véritables motivations. Au cœur de tout cela se trouve leur désir urgent de renvoyer de force les réfugiés syriens dans un pays encore ravagé par la guerre et la répression.
Avant même la fuite d’Assad, les médias d’État russes avaient discrètement cessé de qualifier HTS d’organisation terroriste. Aujourd’hui, Moscou s’emploie à établir des liens directs avec le nouveau régime. La Russie n’a pas seulement perdu un allié avec le régime baasiste; ses bases syriennes sont cruciales pour ses opérations en Afrique et sa présence en Méditerranée.
Retombées régionales
Israël a tôt fait d’étendre son occupation illégale du plateau du Golan, renforçant ainsi sa position stratégique par rapport à Damas et au Hezbollah. Malgré la campagne destructrice menée par Israël en Syrie après le départ d’Assad, dont plus de 800 frappes aériennes, HTS fait de son mieux pour éviter une confrontation avec Tel Aviv. Tout comme le régime d’Assad, HTS semble plus intéressé à préserver ses ressources pour écraser l’opposition intérieure qu’à libérer le territoire syrien des forces d’occupation israéliennes.
Pour l’Iran, le changement de l’équilibre régional précipité par la chute d’Assad ouvre certainement des possibilités pour les rivaux impérialistes de Téhéran – Israël et les États-Unis. Mais l’affaiblissement externe du régime expose également sa vulnérabilité à l’égard de ceux qu’il craint le plus ; les millions de travailleurs, de jeunes et d’opprimés iraniens qui nourrissent déjà une haine bouillonnante envers leurs dirigeants. D’autres dictatures dans la région, comme celle du président égyptien Al-Sissi, même si elles n’étaient pas alliés avec Assad, sont également inquiètes.
Le peuple syrien, pas une victime passive
Une évaluation superficielle des troubles récents en Syrie laisserait penser que les masses syriennes ont simplement troqué un régime réactionnaire contre un autre. Mais cela reflète une vision mécanique et fataliste de l’histoire qui nie le rôle dynamique des masses et leur capacité à façonner les événements. Il faut replacer les événements actuels en Syrie dans le cadre historique plus large de la vague révolutionnaire qui a éclaté au Moyen-Orient et en Afrique du Nord il y a 14 ans.
Rien ne garantit que HTS sera en mesure de faire valoir son programme. Déjà, après une violente réaction de la population syrienne, les nouvelles autorités ont été contraintes d’abandonner des changements régressifs du programme scolaire qu’ils avaient annoncés. Des rapports sur le terrain témoignent d’un climat renouvelé d’activité politique, de discussions, de protestations et d’initiatives locales de toutes sortes. Les masses syriennes se réorganisent et se battent à nouveau.
Le Rojava menacé
La prise de contrôle de Damas par le HTS a renforcé le principal soutien extérieur de ce groupe, le régime turc d’Erdoğan. Cela ouvre la perspective d’une intervention turque plus directe contre les forces à prédominance kurde qui contrôlent une grande partie du nord-est, une zone autonome également connue sous le nom de Rojava. Les gains durement acquis par la population kurde locale et d’autres minorités se trouvent ainsi menacés.
L’Armée nationale syrienne (ANS), un mandataire encore plus étroitement lié à Ankara que le HTS, combat les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis, dont l’épine dorsale sont les YPG/YPJ kurdes. L’ANS a réussi à reprendre les villes de Manbij et Tal Rifaat, dans la province d’Alep, au nord du pays, aux FDS, déplaçant plus de 150 000 civils et déclenchant de violents combats qui continuent de faire rage dans la région. Si Donald Trump devait conclure un accord avec Erdoğan facilitant le retrait des troupes américaines, ceci pourrait effectivement sanctionner une invasion turque comme celle qui s’est produite en 2019. Le HTS, pour sa part, rejette le fédéralisme, en accord avec la vision d’un État syrien centralisé et autoritaire.
Il est illusoire et même fatal de chercher à défendre les intérêts des populations locales à travers des accords à courte vue avec des puissances impérialistes telles que les États-Unis ou la France. En fin de compte, ce ne sont que les travailleurs, les jeunes, les chômeurs et les pauvres des zones rurales de toute ethnie, de toute religion et de tout sexe qui détiennent le pouvoir de relancer la révolution.
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Cessez-le-feu à Gaza. La lutte contre le génocide et l’occupation n’est pas finie !
Le cessez-le-feu submerge le monde entier d’émotions contradictoires. Soulagement, joie et espoir ; mais aussi tristesse, colère et peur de l’avenir. Les gouvernements et les institutions internationales qui essaient aujourd’hui de se présenter comme des faiseurs de paix, sont en réalités les complices du génocide. À peine trois jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’armée israélienne a attaqué le camp de réfugié.e.s de Jénine. Les plans de l’État génocidaire sont clairs : accentuer la colonisation en Cisjordanie. Nous ne pouvons faire confiance qu’en notre propre camp social : le rapport de force par en bas doit continuer à se construire pour créer une vraie solution pour le peuple palestinien.
Stop au colonialisme : pas de reconstruction sur base de l’occupation et de l’impérialisme
Il faut des logements pour les millions de personnes déplacées, un accès à l’eau potable, à la nourriture et aux soins de santé de base, une assistance psychologique pour la population qui subit des traumatismes depuis des années, un accès à l’éducation et à des emplois stables pour redonner l’espoir en l’avenir. Tant que l’occupation et l’apartheid se poursuivront, l’occupation israélienne rendra impossible la satisfaction de ces besoins fondamentaux.
De même, le rôle de l’impérialisme dans la région rend impossible l’autodétermination des Palestinien.ne.s sur leurs matières premières, leurs ressources en eau et leur développement. C’est dire à quel point la logique économique, capitaliste, l’impérialisme et la colonisation sont étroitement liées. Le génocide à Gaza rend encore plus urgent le renversement du capitalisme et de l’impérialisme.
Exproprier les criminels génocidaires
La reconstruction nécessite d’énormes moyens. Ceux-ci sont entre les mains des multinationales, des entreprises de construction et de démolition, des banques et des sociétés militaires qui ont tiré des profits obscènes du sang de la colonisation, de l’occupation et du génocide. La reconstruction ne peut être laissée aux mains des mêmes personnes, des capitalistes qui se sont enrichis sur la destruction de la Palestine. Une lutte d’en bas est nécessaire. La classe travailleuse palestinienne, organisée à la base, comme ce fut le cas lors des Intifadas, peut décider elle-même de ce qui est nécessaire à la reconstruction et revendiquer ces moyens.
Le sentiment très profond de solidarité avec le peuple palestinien dans toute la région, qui s’est à nouveau manifesté par des explosions de joie en Jordanie, au Maroc, en Syrie et au-delà à l’annonce du cessez-le-feu, peut être saisi pour lancer une lutte révolutionnaire plus large contre tous les intérêts impérialistes, les institutions capitalistes et les régimes autocratiques et corrompus.
Ces mouvements révolutionnaires de la classe travailleuse pourraient placer les richesses et les ressources de la région sous contrôle démocratique, en les retirant aux élites super-riches, aux grandes entreprises et aux multinationales qui les accaparent et en abusent.
Pour une transformation socialiste de la région
Un État palestinien socialiste et la transformation socialiste de la région signifieraient la création d’une société dans laquelle règnent la justice et l’égalité pour toustes et où l’oppression, l’exploitation et la pauvreté n’existent plus tout en garantissant le droit à l’autodétermination de toutes les nations et de tous les peuples.
Un mouvement révolutionnaire dans la région pourrait aussi encourager la classe travailleuse de l’Israël sioniste à lutter pour ses propres intérêts et à se retourner contre ses propres élites. Afin de se libérer de sa propre oppression capitaliste, la classe ouvrière israélienne doit se détacher du projet sioniste par sa lutte, se débarrasser des préjugés racistes et coloniaux propagés par la classe dirigeante israélienne et prendre conscience que l’Etat capitaliste Israël est un État oppresseur, colonial et génocidaire. La liberté des Palestinien.ne.s ne sera jamais atteinte tant que non seulement le cabinet de guerre de Netanyahou, mais aussi l’État capitaliste d’Israël lui-même persisteront. Cet État est inséparable du système impérialiste qui a créé une prison de violence, d’exploitation et d’oppression pour les populations du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’ailleurs.
Stoppons les sionistes pro-guerre de la coalition Arizona
En Belgique, les négociateurs de l’Arizona sont les mêmes sionistes qui soutiennent Israël depuis le début. Alors qu’ils veulent faire payer les travailleur.se.s avec leurs économies, ils prévoient d’investir plus de 6 milliards par an dans la guerre et l’armement. C’est pourquoi la lutte menée pour la libération des Palestinien.ne.s et celle menée pour une politique sociale qui s’attaque aux droits fondamentaux comme nos pensions sont une seule et même lutte.
Continuons à construire le mouvement de masse
Les syndicats, les activistes, les jeunes et les représentants du mouvement pro-palestinien, des occupations et des campagnes de boycott peuvent travailler ensemble pour lier la nécessité d’actions et de grèves contre l’Arizona dans les entreprises qui bénéficient du génocide et de la colonisation avec des actions pour la libération palestinienne telles que des boycotts collectifs par la classe travailleuse. Ainsi le pouvoir de la classe ouvrière peut être utilisé pour paralyser l’économie afin d’imposer nos revendications.
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Le retour de Trump et de son régime milliardaire d’extrême droite
Juste avant que Donald Trump, négationniste du changement climatique, n’entame son second mandat, il a été annoncé qu’en 2024, les températures moyennes avaient franchi la limite cruciale d’une hausse de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Nous en avons vu la réalité à Los Angeles, où des feux de forêts incessants ont détruit des milliers de maisons, tuant des dizaines de personnes.
Par Donal Devlin (Socialist Party, Irlande)
« Drill, baby, drill »
L’une des premières mesures de Donald Trump est de retirer, pour la deuxième fois, les États-Unis, deuxième pollueur mondial après la Chine, de l’accord de Paris de 2015 sur le climat Contrairement à d’autres gouvernements, son administration ne s’engagera pas, même de manière nominale, à lutter contre le changement climatique. En fait, il se vante de son désir de faire la guerre à la nature – son slogan de campagne caractéristique et grossier « Drill, Baby, Drill » en est un exemple. Sa présidence donnera aux compagnies pétrolières et gazières toute latitude pour extraire et fracturer indéfiniment, sans se soucier des coûts extrêmement destructeurs.
Le ministre de l’énergie choisi par Trump est Christ Wright, évangéliste de la fracturation, PDG de la société pétrolière et gazière Liberty Energy. Dans son empressement à prouver sa sécurité, Wright a bu du liquide de fracturation dans une vidéo qu’il a postée sur Facebook en 2019. Comme la plupart des Trumpistes, il semble ignorer superbement la science du changement climatique. Le gaz naturel liquide issu de la fracturation contient 85 % de méthane, qui est 80 fois plus puissant que le CO2.
Trump nomme des milliardaires
Plus généralement, le cabinet de Trump est rempli de milliardaires et de cadres supérieurs de Wall Street qui épousent des idées et des théories du complot toxiques, racistes, transphobes et misogynes. Parmi eux figure son ministre de la santé, Robert Kennedy Jr, qui a propagé le mythe honteux selon lequel les vaccins seraient à l’origine de l’autisme.
Son ambassadeur à l’ONU sera Elise Stefanic, qui a proclamé la « théorie du grand remplacement » raciste, y compris dans ses publicités de campagne pour le Congrès. Le nouvel ambassadeur d’Israël est Mike Huckabee, qui soutient l’affirmation sioniste absurde selon laquelle « les Palestiniens n’existent pas » – un argument utilisé pour justifier 76 ans de nettoyage ethnique, d’occupation et de génocide israéliens.
Donald Trump menace également les membres de la Cour pénale internationale (CPI) de sanctions, telles qu’une interdiction de voyager aux États-Unis, en représailles à sa décision d’émettre des mandats d’arrêt contre les criminels de guerre israéliens que sont le Premier ministre Benjamin Netanyahou et l’ancien ministre de la défense Yoav Gallant.
Elon Musk dirigera le nouveau département de l’efficacité gouvernementale (Department of Government Efficiency, DOGE), une agence qui sera probablement remplie de patrons de la Silicon Valley. L’objectif de l’agence est d’élaborer un plan de réduction des dépenses du gouvernement fédéral, avec un objectif de 2 000 milliards de dollars d’économies. Ce faisant, elle perpétue le fantasme néolibéral de la réduction des « grosses dépenses publiques ». Ils ont jeté leur dévolu sur la sécurité sociale, Medicare et Medicaid.
Un tel programme se heurte à des obstacles politiques fondamentaux. Par exemple, de nombreux partisans de Trump ont exprimé leur sympathie pour les actions de Luigi Mangione et leur aversion pour les sociétés de santé privées, ce qui montre qu’ils sont opposés à l’affaiblissement du rôle de l’État dans la fourniture de services de santé. En outre, à l’ère de la rivalité inter-impérialiste, en particulier avec la Chine, le capitalisme américain a besoin d’un « grand gouvernement » pour continuer à investir dans des industries stratégiques cruciales telles que les semi-conducteurs.
Renforcement de l’extrême droite
Comme en 2016, l’élection de Trump va encore enhardir l’extrême droite dans le monde entier, compte tenu de la position qu’il occupe et de la rhétorique et des politiques racistes qu’il préconise. Il est déterminé à mettre fin à la « citoyenneté de naissance » (selon laquelle vous avez droit à la citoyenneté américaine si vous êtes né dans ce pays), à criminaliser les enfants de millions de migrants dits « illégaux » et a promis d’expulser 11 millions d’entre eux. Criminaliser les migrants n’est pas seulement un acte raciste flagrant, c’est aussi un acte totalement hypocrite. La peur de l’expulsion et de l’arrestation signifie qu’ils peuvent plus facilement être utilisés comme source de main-d’œuvre super exploitée, ce qui est crucial pour le capitalisme américain et fait sans aucun doute partie du calcul.
L’élection de Trump a été accueillie avec un réel sentiment d’effroi par les personnes trans et queer aux États-Unis et à l’étranger. Cela s’inscrit dans le contexte d’une attaque vicieuse contre leurs droits et de tentatives d’alimenter les LGBTQ phobies dans ce que l’on appelle de manière trompeuse les « guerres culturelles ». Trump a promis de « tenir les hommes à l’écart des sports féminins » et de priver de fonds Medicare et Medicaid les hôpitaux qui dispensent aux mineurs des soins conformes à leur genre. Vingt-six assemblées législatives des États fédérés, dirigées par des républicains, ont déjà adopté une telle législation.
Le président des riches
Avec sa victoire, Trump est adopté par différentes sections de la classe dirigeante américaine, y compris celles qui soutenaient auparavant les démocrates. Le magazine Time l’a nommé « homme de l’année ». Après avoir été écarté de Meta en 2020, Dana White (de l’Ultimate Fighting Championship), grand fan de Trump, a rejoint le conseil d’administration de cette société. Mark Zuckerberg a promis d’abolir la « vérification des faits » sur Facebook et Instagram, ouvrant ainsi la voie aux théories du complot racistes et rétrogrades. Amazon, Uber, Google et Microsoft, ainsi que Tim Cook, PDG d’Apple, ont tous fait don d’un million de dollars au fonds d’inauguration de Trump.
Dans une période de crise et de décomposition du système, les dirigeant.es capitalistes se dépouillent de plus en plus de la mince couche progressiste – ou « woke » – qu’ils et elles ont été contraint.es de revêtir dans le cadre d’une large opposition aux oppressions ces dernières années. Trump est leur nouveau représentant à la Maison-Blanche et il est l’incarnation vivante de tout ce qui est pourri dans ce système.
Son élection est un signal d’alarme. À l’heure de la montée du racisme, de la LGBTQIA+phobie, du génocide, de la catastrophe climatique et des inégalités, la nécessité de l’unité dans la lutte internationale, dans le respect de toute la diversité de la société, contre le capitalisme et pour le socialisme démocratique est plus urgente que jamais.
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Elon Musk, le Henry Ford des temps modernes
Un salut nazi, voici le message envoyé par Elon Musk lors de l’investiture de Donald Trump. Voici bien l’extrême-droite fascisante, raciste, masculiniste et décomplexée qui vient d’arriver à la tête de l’empire états-unien. Elle est représentée par ses plus puissants capitalistes, cette “broligarchie” comme l’appelle Carole Cadwalladr dans le journal The Guardian.
Par Jonas (Liège)
Né sous le régime ségrégationniste de l’apartheid en Afrique du Sud, fils d’un actionnaire d’une mine d’émeraude en Zambie, mais présenté comme un self-made man de génie, Musk est le profil parfait de l’AltRight (droite alternative) Trumpiste. Il a racheté Twitter pour imposer son agenda anti-woke en trafiquant les algorithmes et en enlevant toute régulation contre les harcèlements racistes, sexistes ou anti-LGBTQIA+. On se souvient de ses tweets appelant à la guerre civile en Angleterre lors des émeutes racistes en août dernier ou qui soutiennent des complotistes antisémites.
À l’image de Henry Ford dans les années 1920, Elon Musk soutient l’extrême-droite européenne dès qu’il le peut, en Angleterre Tommy Robinson ou dernièrement en Allemagne l’AFD, reliée à divers groupes nazis. De même, il a témoigné de son soutien à Nétanyahou dans son entreprise génocidaire à Gaza.
Musk a misé sur le bon cheval
Après avoir bombardé la campagne de Trump à coup de 120 millions de dollars, le propriétaire de Tesla, X et SpaceX se retrouve bien récompensé. Non seulement les actions de Tesla ont gagné 15%, mais en plus ce grand libertarien se retrouve à la tête du nouveau département de l’efficacité gouvernementale. On lui donne la main pour détruire l’appareil public ainsi que les réglementations contraignantes. C’est 30% du budget fédéral qu’il compte couper avec la même tronçonneuse que Javier Milei en Argentine.
De plus, Trump combine un programme protectionniste à une violente agressivité envers l’Union européenne. Tesla va obtenir l’hégémonie totale aux États-Unis, en tenant la tête sous l’eau aux marques européennes qui dépendent de l’exportation. Il cherche aussi à faire plier l’Union européenne sur les restrictions qu’elles mettent sur le marché des données. Le duo Trump et Musk forme un bélier de l’impérialisme états-unien contre le vieil impérialisme européen en pleine déperdition. Il y a une contradiction entre les deux qui pourrait faire surface au sujet de la Chine, dont Elon Musk est tout à fait dépendant, et contre laquelle Trump est à couteaux tirés. Mais pour le moment, il est question que le plus riche des milliardaires rachète la filiale étasunienne de TikTok sous la menace que cette dernière soit tout simplement interdite.
L’histoire s’accélère
Cette fois-ci, Trump a les mains libres, il domine le Parti républicain et les deux chambres sont avec lui. Trump déclarait même durant la campagne “Vous n’aurez plus à voter après”. Nous sommes bel et bien dans un tournant ouvertement autoritaire, lorsque la grande bourgeoisie – la classe dominante – décide qu’il est dorénavant dans son intérêt de sortir de la démocratie. En face, la pression sociale se fait de plus en plus forte, notamment suite à la pandémie de covid-19. Selon Human Right Watch, “les 50 % d’Américains les plus pauvres [ne détiennent] que 1,5 % seulement de la richesse privée du pays”. On a vu apparaître un certain nombre de grèves : professions médicales, enseignant·es, scénaristes, ouvrier.ères, dockers. Près de 500.000 personnes ont participé à l’une des 342 grèves recensées aux États-Unis en 2023. Et n’oublions pas que sans les mobilisations pour la Palestine, Trump n’aurait pas forcé Nétanyahou au cessez-le-feu (aussi fragile qu’il soit).
Cette vague mondiale d’extrême droite est résistible. Nous devons absolument nous organiser, consolider nos campagnes antifascistes, rester mobilisé·es et solidaires dans toutes les luttes contre le capital, contre l’impérialisme et contre toutes les oppressions.