Category: Politique belge

  • Le gouvernement fait son numéro, nous payons la note

    Imaginez la situation suivante: vous êtes jeune chef de ménage et vous empruntez 50.000 euros pour faire bâtir une maison. Vous allez chercher votre argent à la banque en toute insouciance, vous dilapidez cet argent pour toutes sortes de choses sauf pour votre habitation et puis vous allez sans rire demander à la commune («la communauté») de financer votre plan logement.

    Peter Delsing

    Il y a de fortes chances qu’on vous prenne pour un fou. Et bien, lorsque le gouvernement dépense de l’argent pour autre chose que ce à quoi il était destiné, il peut toujours venir se remplumer à nos dépens – les travailleurs et leurs familles. Ils appellent cela une «aubaine budgétaire».

    C’est plus ou moins ce qui s’est passé avec le budget pour 2003 et 2004 du gouvernement Verhofstadt. La reprise du fonds de pension de Belgacom, 5 milliards d’euros étalés sur deux ans, n’a pas d’autre but que de dissimuler la mauvaise situation financière du gouvernement. De cette manière, le ministre du Budget Vande Lanotte (SP.A) et le Premier ministre Verhofstadt espèrent passer sans encombre le cap des élections de juin prochain.

    Depuis quelques années, les libéraux et les sociaux-démocrates (à l’époque épaulés par les Verts) tentent de boucler le budget avec des opérations non renouvelables: on brade les bâtiments, les services et les institutions publiques pour que Verhofstadt puisse parader avec un budget en équilibre.

    Sans la reprise du fonds de pension de Belgacom, le gouvernement se serait retrouvé en 2003 et 2004 avec un déficit cumulé de 1,7% du PIB (l’ensemble des biens et services produits en Belgique). Ajoutez-y la vente – pour 2,8 milliards d’euros – de Credibe (un ancien institut public de crédit hypothécaire) sans quoi le déficit aurait atteint les 2,7%. On approche dangereusement de la norme européenne des 3%. Cela démontre la vitesse à laquelle les déficits s’accumuleraient sans le bradage du patrimoine de l’État.

    On a liquidé des milliers d’emplois chez Belgacom et les pouvoirs publics doivent maintenant reprendre son fonds de pension pour sauvegarder la position concurrentielle de l’opérateur privatisé (les bénéfices servaient jadis à éponger les pertes en bourse du fonds de pension). Les contribuables (en gros les salariés, les allocataires sociaux et leur famille) vont donc devoir payer les pensions des employés de Belgacom parce que le gouvernement a, pour rembourser ses dette aux banques, détourné le fonds de pension de Belgacom (financé par les travailleurs de Belgacom!).

    Et tout ça en supposant que l’année prochaine verra une maigre croissance de 1,8% qui ne suffira pas à faire baisser le chômage. D’après Edwin De Boeck, économiste en chef chez KBC Asset Management, le gouvernement aurait même besoin d’une croissance de 4% (!) en 2005 pour éviter de se retrouver dans le rouge.

    Si nous voulons encore à l’avenir toucher une pension décente, garder le droit aux allocations de chômage ou de maladie invalidité, nous devrons forger un mouvement de masse socialiste pour renverser le capitalisme en putréfaction. Rejoignez le MAS pour réaliser une telle alternative socialiste.

  • Partis verts: Vers la crise finale?

    Ecolo et Agalev ne relèvent pas la tête après leur défaite électorale de 2003. Les derniers sondages leur promettent un résultat encore plus médiocre. Ambiance.

    Geert Cool et Thierry Pierret

    Agalev en passe d’être recyclé par le SP.A

    La discussion va bon train au sein d’Agalev sur l’opportunité d’adhérer au cartel SP.a/Spirit afin de préserver les chances d’avoir des élus. Agalev confirme ainsi sa vocation de parti qui jette par dessus bord tous ses principes pour pouvoir continuer à goûter aux prébendes du pouvoir.

    De son côté le SP.A n’a plus rien d’un parti ouvrier et veut désormais apparaître comme un parti "social-progressiste". Son modèle est plutôt le Parti démocrate américain, une machine électorale où les bureaux de marketing ont plus à dire que les membres. L’évolution vers une polarisation entre deux pôles bourgeois, l’un à droite, l’autre «à gauche», ne laisse pas d’autre choix à Agalev que de rejoindre le cartel de Steve Stevaert.

    Un tel cartel peut susciter des illusions chez les intellectuels pseudo progressistes. Certains croiront y reconnaître la grande alliance rouge-verte ou la loi d’airain selon laquelle les travailleurs finissent toujours par retourner dans le giron de la social-démocratie. Il n’est pas ex-clu que l’ACW (le MOC flamand) suive à terme le même chemin qu’Agalev vu le virage à droite du CD&V. Un tel pôle "de gauche" pourra compter sur un large potentiel électoral, mais ce sera un large potentiel d’illusions. Une telle formation ne luttera pas contre la logique néolibérale et encore moins contre le capitalisme. Au sein de la gauche révolutionnaire, l’un ou l’autre succombera peut-être à l’attrait d’un tel raccommodage. Dans un capitalisme en crise, un tel cartel politique "de gauche" deviendra vite une machine à privatiser et à assainir pour le compte de la bourgeoisie.

    Ecolo au bord de l’implosion?

    L’élection du nouveau secrétariat fédéral avait été fort disputée et les coups bas n’avaient pas manqué. Le choix d’Ecolo de rester au pouvoir à la Communauté française et à la Région wallonne ne fait pas l’unanimité au sein du parti. Les ministres Ecolo oscillent sans cesse entre la surenchère par rapport à leurs collègues du PS et du MR et les capitulations en rase campagne. Ainsi les ministres Ecolo du gouvernement wallon ont accepté le nouveau plan wallon des déchets qui entérine l’extension de la décharge de Mont-Saint-Guibert, malgré l’opposition des riverains et des associations de défense de l’environnement. Dominique Streel, ancien directeur de la Spaque (Société Publique d’Aide à la Qualité de l’Environnement) et cheville ouvrière entre le parti et le monde associatif, ne trouve pas de mots assez durs pour fustiger l’attitude d’Ecolo: "Les Verts sont en train de mourir. La démocratie interne est manipulée par des quasi professionnels entrés dans les cadres du parti. L’associatif n’en veut plus." (Le Soir, 31/10/03).

    Les deux candidats battus à l’élection du secrétariat fédéral, Paul Lannoye et Bernard Wesphael, se préparent eux aussi à la dissidence. Ils préparent un manifeste et évoquent – sans rire – la transformation d’Ecolo en "grand mouvement populaire". Ils n’excluent pas la création d’un nouveau parti vert en cas de défaite électorale en 2004 et évoquent l’urgence de recentrer le parti sur les thèmes environnementaux. Il y a décidément des signes qui ne trompent pas: les rats ont commencé à quitter le navire en perdition.

  • Imbroglio politique à Anvers. Aucun parti ne défend les intérêts des travailleurs

    Imbroglio politique à Anvers

    La crise politique s’aggrave à Anvers. La moitié des dirigeants de la police d’Anvers font l’objet d’une procédure disciplinaire et plusieurs échevins sont menacés de poursuites judiciaires dans la foulée du scandale des cartes visa.

    Geert Cool

    L’échevin SP.A Tuur Van Wallendael s’est exprimé sans détours sur la crise anversoise dans une interview au magazine Knack. Il estime que des poursuites judiciaires consécutives au scandale des cartes visa pourraient faire imploser le collège. Et d’ajouter: «Nous ne savons vraiment pas ce que nous devons faire en ce moment.(…) Nous n’avons préparé aucun scénario». Van Wallendael s’empresse d’ajouter qu’il ne craint pas pour sa carrière car il sera bientôt retraité, et de conclure: «Je les emmerde tous».

    Les péripéties anversoises démontrent surtout que les politiciens traditionnels n’offrent aucune alternative. Les scandales font apparaître un contraste saisissant entre la hausse du chômage, de la pauvreté parmi de larges couches de la population et les dépenses somptueuses faites par les notables locaux… avec l’argent de la collectivité.

    A Anvers, le chômage atteint 16% et le bourgmestre Patrick Janssens annonce que si la situation économique continue à se détériorer, il faudra de solides mesures d’austérité. La ville d’Anvers doit supporter annuellement 110 millions d’euros d’intérêt de la dette alors que la hausse du chômage gonfle le volume des dépenses.

    Une autoroute électorale est donc ouverte devant le premier parti anversois: le Vlaams Blok. Il n’a pourtant pas l’ombre d’une solution pour remédier aux problèmes. Lors de la discussion sur le budget communal, il s’est limité à exiger que la ville dépense moins d’argent dans l’enseignement communal. Le Vlaams Blok exige encore plus d’austérité!

    Il faut une politique qui parte des besoins de la majorité de la population.

  • Semira Adamu: Le procès des gendarmes

    Sur le banc des accusés: cinq gendarmes. Les autres gendarmes, leurs supérieurs, la direction de l’ex-Sabena, l’Office des Etrangers et les responsables politiques – principalement l’ex-ministre de l’Intérieur, Louis Tobback, et Johan Vande Lanotte qui en 1996 avait permis l’usage du coussin – sont absents. Il n’ont pas à s’expliquer et ne seront pas jugés dans ce procès. Voilà dans quel camp est la justice et quels sont les intérêts qu’elle défend…

    Cédric Gérôme

    La défense des trois anciens gendarmes qui ont maintenu la jeune Nigériane lors de sa tentative de rapatriement en 1998, a réclamé devant le tribunal correctionnel un acquittement total et 2 suspensions du prononcé pour la prévention de "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Le procureur estime quant à lui que "les ex-gendarmes ne méritent pas de condamnation car ils n’ont fait qu’obéir aux ordres. Il n’y a maintenant plus une seule audience où l’on ne sous-entende que la responsabilité viendrait "de plus haut". Il est facile pour la justice de pointer les responsables politiques quand elle leur offre l’immunité sur un plateau d’argent, qu’elle écarte dès le début de l’instruction leurs responsabilités et qu’elle requiert l’acquittement pour les deux supérieurs hiérarchiques. L’avocat de l’Etat belge a justifié la politique d’expulsion en vigueur à l’époque. Il n’envisage pas de dédommagement pour les proches de la victime car "ils n’ont pas démontré de lien affectif suffisant envers Semira". On a également suggéré que "la violence provenait également de l’extérieur", suscitée par les actions et les manifestations du Collectif contre les Expulsions et des pressions que celui-ci exerçerait sur des candidat(e)s réfugié(e)s. Ce procès offre un large écho à ce genre de témoignage alors qu’il entoure de silence celui des proches de Semira ou, par exemple, de l’adjudant présent à titre d’observateur, qui a témoigné de la violence des gendarmes. Quant aux vidéos visionnées lors des audiences, il y manque les 2 moments-clés: celui où Semira est censée s’être rebellée et celui où les gendarmes sont censés être intervenus pour tenter de la réanimer.

    Le durcissement de la politique d’expulsion, la répression des militants et des sans-papiers montrent le vrai visage de la justice, son caractère de classe, jusqu’où la bourgeoisie et son appareil d’Etat peuvent aller en menant l’offensive sur tous les fronts. Donc la résurgence de la lutte des sans-papiers doit s’élargir dans une lutte globale qui fait le lien avec la remontée des luttes dues au redoublement des attaques néolibérales menées par le patronat et par les partis qui le représentent. L’exemple de la lutte des sans-papiers iraniens à l’ULB illustre que la victoire dépend d’un rapport de force conséquent et organisé que l’on ne peut construire que si la direction du mouvement adopte une position politique.

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