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Category: Non-marchand
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“Nous ne pouvons nous permettre ni l’attentisme, ni la division”
Lors de la manifestation des secteurs publics et du non-marchand du 7 novembre dernier, trois fois plus de monde étaient dans la rue qu’initialement attendu : plus de 30.000 personnes ! Colère et inquiétude se mêlaient dans la foule dynamique au vu des sombres projets des divers gouvernements, dont l’un des axes est de ne considérer le travail social que comme un outil de contrôle sur les plus précaires. Parmi les différents blocs, celui de Travail social en lutte / Sociaal werk in actie était particulièrement combatif. Nous sommes revenus sur cette mobilisation avec Simon, travailleur social depuis presque dix ans et l’un des animateurs du bloc.
Le CPAS est le dernier filet de solidarité qui existe : les personnes qui y font appel n’ont aucune autre possibilité de revenu. Il y a beaucoup à dire sur le fonctionnement des CPAS, mais il est clair que c’est un outil essentiel pour combattre la pauvreté et qu’il est nécessaire de le financer à la hauteur des besoins. Le refinancement des CPAS est la première préoccupation des collègues, car chacun comprend que d’un financement convenable dépendent nos conditions de travail, la stabilité de nos contrats, mais aussi la qualité de l’aide que nous pourrons apporter aux allocataires sociaux.
Avec les camarades de l’équipe syndicale du CPAS où je travaille, nous avons averti dès avant les élections communales sur le danger que représente la coalition Arizona: ce gouvernement prépare des coupes importantes dans les budgets là où il nous faudrait des moyens supplémentaires. C’est d’autant plus vrai que la super note de De Wever prévoit la limitation dans le temps des allocations de chômage. À quelle porte pensez-vous que les exclus du chômage iront frapper pour obtenir un revenu de remplacement ? Les exclusions du chômage, cela signifie un engorgement dans les services des CPAS et une charge supplémentaire au budget des communes, dont les CPAS dépendent.
La manifestation du 7 novembre est un premier pas pour faire pression sur le futur gouvernement. Il est rare que les salarié.e.s du secteur public et du privé se retrouvent côte à côte. Dans notre secteur, c’est pourtant essentiel, car les conditions de travail des un.e.s impactent fortement celles des autres. Les directions syndicales nous promettent que cette manifestation ne restera pas sans lendemain, et c’est en effet nécessaire : il nous faut dès maintenant préparer les prochaines actions au moyen d’assemblées générales qui mêlent les travailleurs sociaux du secteur public et de l’associatif. Nous ne pouvons-nous permettre ni l’attentisme, ni la division.
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Luttons pour une société qui repose sur les soins aux autres, pas sur les profits
Un bricolage à la marge ? Insuffisant !
- Des investissements publics à hauteur des besoins dans les soins et l’aide sociale
- Prenons soin du personnel soignant : réduction collective du temps de travail à 32
heures par semaine, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires - Repoussons les attaques de l’Arizona contre les pensions, les salaires, les services
publics et les personnes les plus vulnérables - Pour un plan d’action en escalade avec des manifestations et des grèves pour
imposer un changement radical - Le système capitaliste est pourri jusqu’à la moelle : il nous faut une société qui ne
laisse personne de côté
Le manque de moyens est alarmant et permanent, la pression sur notre secteur des soins et de l’aide sociale ne fait qu’empirer. Les nouveaux et futurs gouvernements, quel que soit le niveau de pouvoir, n’ont aucune intention d’allouer les fonds nécessaires aux divers services ainsi que pour de bonnes conditions de travail. En Flandre, le milliard d’euros promis n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan face au sous-investissement structurel.
Tract distribué ce 7 novembre à l’occasion de la manifestation des secteurs publics et non marchands du socio-culturel, des soins de santé et du bien-être.
Durant la pandémie, les autorités ont prétendu rejoindre les applaudissements de la population pour l’héroïsme du personnel des soins. Depuis lors, tout s’est aggravé. Le manque de collègues conduit à une gestion plus autoritaire dans tous les secteurs.
Stop à la répression et à l’oppression ! Investissement dans l’aide sociale et la santé !
Le sous-financement force le secteur social à jouer un rôle de police pour gérer la pénurie. De quel côté sommes-nous ?
Cette manifestation le dit haut et fort : le bricolage à la marge est insuffisant. Il faut une résistance coordonnée face à la politique de tous les gouvernements, avec la mobilisation de néerlandophones et de francophones, du personnel des secteurs public et privé, du secteur des soins et de celui de l’aide sociale. C’est par la lutte que nous pouvons donner la meilleure expression de notre solidarité. C’est par la lutte que nous pouvons organiser la colère des collègues pour imposer le changement nécessaire.
D’un secteur à l’autre : construire l’unité d’action !
Une seule manifestation ne suffira pas pour nous imposer face aux décideurs politiques. Ils ne nous écouterons que lorsqu’ils ne pourront plus détourner le regard. Des concessions de leur part n’arriveront que s’ils craignent le mouvement. La construction d’un tel rapport de force est possible en intensifiant nos actions et en les élargissant. Nous avons besoin d’un plan d’action en escalade qui nous conduise à des actions de plus en plus fortes en impliquant davantage de collègues, en mobilisant les bénéficiaires de nos services et en mobilisant la classe travailleuse dans toute sa diversité contre les politiques antisociales. C’est par une lutte résolue que nous pouvons donner le ton du débat public et construire un rapport de force.
L’importance d’agir de la sorte dépasse largement nos secteurs. Les perspectives pour le futur gouvernement fédéral sont terribles. Ce sera Halloween toute l’année pour les travailleur.euse.s afin de permettre aux capitalistes de fêter Noël toute l’année. Pensions, salaires, services publics, chômeurs, malades… rien ne sera laissé intact. Pour De Wever et Bouchez, il n’y a pas d’autre choix. Leur “choix” est clair : cajoler les grandes entreprises et les super-riches. Stop au hold-up social, stoppons l’Arizona !
Les populistes de droite capitalisent sur les problèmes sociaux et l’insécurité après les avoir eux-mêmes organisés. Les politiques qui excluent favorisent les problèmes de toxicomanie, de pauvreté, de violence… Où vont se retrouver les personnes exclues du chômage ? Certaines au CPAS, d’autres dans la rue. La droite veut en plus transformer le secteur social en un appareil policier reposant sur le contrôle. Notre sécurité sociale est une protection pour l’ensemble de la classe travailleuse, mais c’est aussi un moyen de maintenir un lien avec la société. Protégeons notre sécurité sociale ! Celui qui touche à l’un.e d’entre nous nous touche tous.tes !
Répondre à la droite : changer fondamentalement la société !
Nos revendications représentent la diversité de nos secteurs et lieux de travail. Mais elles se rejoignent autour d’une même question : quel type de société voulons-nous ? Une société froide où les secteurs du soin sont une usine dirigée par des managers autoritaires ? Ou une société où les innombrables talents et capacités de chacun.e peuvent être pleinement développés, une société où les services à la population sont plus nombreux et plus accessibles ?
Le capitalisme nous entraîne vers l’abîme au nom de la recherche de profits pour une infime minorité. Il sème la barbarie dans tous les domaines, de « notre » crise des soins à la promotion de la haine de l’autre (racisme, sexisme, LGBTQIA+phobie…), en passant par les catastrophes climatiques, les guerres et les génocides. Nous luttons au contraire pour une société anticapitaliste et socialiste où les moyens de production seront sous le contrôle démocratique et la propriété de la classe travailleuse afin que nous puissions utiliser les ressources et les richesses disponibles dans le cadre d’une planification rationnelle de l’économie. En bref : un bouleversement radical où la classe travailleuse, dans toute sa diversité, aura le contrôle de la société.
Contre les violences sexistes et sexuelles : manifestez avec nous le 24 novembre
« La honte doit changer de camp ». C’est ce qu’a déclaré Gisèle Pélicot, cette femme de 72 ans, lors du procès de 50 de ses violeurs. Cette affaire démontre à quel point la société est imprégnée de la culture du viol et de la violence de genre. En Belgique, plus de 11.000 plaintes pour viol ont été déposées en 2023, soit une moyenne de 30 par jour. Ce n’est qu’une fraction de cette violence ; 82 % des agressions sexuelles ne sont pas signalées. Pourquoi ? Par honte, par peur de ne pas être cru.e, par manque de conseils et de soins…
Nous pouvons faire changer la honte de camp par la lutte. Manifestez avec nous le 24 novembre à Bruxelles contre les violences sexistes et sexuelles et pour un investissement public massif dans les soins, l’enseignement et la prévention.
Stoppons le génocide !
Le génocide à Gaza touche l’ensemble de la population, y compris nos collègues soignants. Fin octobre, l’hôpital Al-Aqsa, au centre de Gaza, a été à nouveau bombardé alors que les réfugiés tentaient de survivre sous des tentes dans la cour. Le dernier hôpital encore en activité dans le nord de la bande de Gaza a été attaqué pour la 14e fois, emportant 44 médecins et infirmier.ère.s. La solidarité avec le personnel soignant de Gaza, de Cisjordanie et du Liban est nécessaire ! En mars, le personnel de l’hôpital Brugmann de Bruxelles a organisé une action pour exiger un cessez-le-feu immédiat et manifester sa solidarité avec ses collègues de Gaza. Une idée pour votre lieu de travail ?














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No Pasaran ! Le Vlaams Belang provoque les travailleur.euse.s de la santé
Le 13 juin, 11.000 travailleur.euse.s du secteur des soins de santé et du non marchand ont manifesté à Bruxelles pour revendiquer une réduction de leur charge de travail, davantage de personnel et de meilleurs salaires. Le Vlaams Belang a tenté d’intervenir lors dans le cortège syndical avec banderoles et tracts. La police a expulsé les militants d’extrême droite, dont le président du parti Tom Van Grieken, .
Réaction d’une infirmière
Le Vlaams Belang n’a rien à faire dans une manifestation des soins de santé !
Le Vlaams Belang a derrière lui une longue histoire d’hostilité ouverte envers les syndicats et les travailleur.euse.s. Il est évident qu’il n’est pas le bienvenu dans les manifestations syndicales. Ce parti d’extrême droite soutient systématiquement les mesures d’austérité au Parlement et veut exclure une partie importante de la classe travailleuse de l’accès aux soins et à l’aide sociale. Sous prétexte de défendre « nos soins », ces racistes sont venus provoquer l’ensemble du mouvement ouvrier et les syndicats.
Comme toujours, ils ont détourné l’attention du vrai problème. L’actualité médiatique était censée porter sur les conditions de travail dans les soins de santé et le peu de moyen qui caractérise ce secteur. Tout cela a été éclipsé par la vidéo où Tom Van Grieken se fait gifler par un policier, après qu’il ait bousculé la police avec ses militants. Dans sa campagne médiatique, le Vlaams Belang tente de se présenter comme une victime afin de paraître plus « acceptables » pour les élections de 2024.
La manifestation avait pour but d’unir l’ensemble des collègues du secteur. Cela ne concerne pas le Vlaams Belang, qui refuse de s’en prendre au manque de moyens et instrumentalise la situation pour diviser les travailleur.euse.s. Nous défendons l’unité de tous les travailleur.euse.s, qu’importe leur origine, leur orientation sexuelle, leur genre, ou leur langue. Le slogan de la FGTB Ensemble, on est plus fort ! signifie un refus des divisions, du racisme et de l’extrême droite.
La casse sociale, ce n’est pas dans notre intérêt !
Le Vlaams Belang tente de se positionner en tant qu’allié des travailleur.euse.s du secteur avec un discours prétendument social, mais qui ne l’est qu’en surface. Rien n’est plus éloigné de la vérité. Son programme repose sur une Flandre indépendante : la poursuite de la régionalisation des soins de santé ira immanquablement de pair avec de nouvelles réductions budgétaires et l’exclusion de nombreuses personnes qui seront considérées comme « pas assez flamandes ». Ce sont surtout les maisons de repos et de soins qui seront confrontées aux plus grandes réductions de personnel et de ressources.
Le secteur des soins a besoin d’un investissement important dans les infrastructures et les ressources humaines. Nous voulons des soins de santé gratuits, de qualité et accessibles à toutes et tous, sans liste d’attente. Nous voulons du personnel bien dans sa peau, grâce à la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Nous voulons du personnel en suffisance, bien formé, avec le maintien de la position autonome du personnel infirmier de niveau professionnel supérieur..
Allons chercher l’argent là où il est: auprès des grandes entreprises et de leurs actionnaires ! Dans l’industrie pharmaceutique, par exemple, qui a réalisé ces dernières années les plus gros bénéfices de son histoire, et pas auprès des personnes qui luttent pour s’en sortir comme les migrant.e.s ou les bénéficiaires d’allocations sociales. Luttons pour plus de moyen, pas pour répartir des miettes !
La lutte sociale implique une résistance de masse à l’extrême droite !
La police est intervenue lors de cette manifestation, mais nous ne devrions pas compter sur elle. C’est souvent contre nous, contre nos grèves et contre nos manifestations que la police est souvent utilisée. Pensons à la répression antisyndicale chez Delhaize. La Justice et la police défendent les intérêts des grandes entreprises. Il est important que le mouvement développe un programme qui réponde aux cause des problèmes et ne laisse aucune place à la casse sociale du Vlaams Belang et d’autres forces de droite.
Nous pouvons nous attendre à ce que les provocations de la droite et de l’extrême droite deviennent plus fréquentes. Ils gagnent en confiance. Le développement de la lutte sociale, une rupture anticapitaliste et l’organisation de l’économie au service des travailleur.euse.s peuvent éliminer le terreau sue lequel ils prolifèrent.
Ne laissons pas la police se charger d’eux et constituons un bloc antifasciste en liaison avec le reste des luttes sociales. Cela implique également de disposer d’un service d’ordre bien organisé. La solidarité intersectorielle est essentielle à cet égard : la lutte sociale pour l’extension des soins et la lutte antifasciste nous concernent toutes et tous !
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Soins de santé et travail social – Tract du PSL pour la manifestation du 13 juin
Des investissements publics massifs pour plus de personnel ! Un secteur plus attractif grâce à la semaine des 30 heures !
Tract du PSL rédigé par des militant.e.s du secteur des soins et du travail social à destination de la manifestation du 13 juin
Charge de travail trop élevée, salaires trop bas, horaires impossibles, infrastructures limitées, tension émotionnelle due à des pénuries désespérantes… les raisons pour lesquelles il est difficile de travailler dans le secteur des soins sont innombrables. Et il faut encore ajouter à tout ça la tendance croissante à l’industrialisation des soins au détriment du personnel et des patients. Plus de temps à perdre : il faut investir dans la santé !
Les ressources actuelles doivent être utilisées à bon escient : pour des soins concrets et non pour davantage de gestion. La «professionnalisation» du non marchand combinée à l’industrialisation du secteur conduit à une hiérarchie bureaucratique qui coûte les yeux de la tête. Et les consultants très coûteux ne se contentent pas d’empocher quelques euros. La surconsommation due à la nature du financement (la médecine de performance) reste un sujet brûlant dans les soins de santé. Le contrôle de la gestion par le biais d’une transparence totale avec l’ouverture de la comptabilité est crucial.
Halte aux coupes budgétaires! Plus de personnel pour plus de services!
Au niveau local, le cycle d’économies bat déjà son plein, en partie à cause des dettes transférées aux communes. À Gand, le budget du travail social est réduit de 10 %. À Anvers, toute une série de coupes budgétaires est en cours dans de nombreux services tels que l’Aide à la jeunesse et, à Denderleeuw, le travail social communautaire (SAAMO) a carrément été supprimé. Cette décision a été suspendue pour 3 mois grâce aux actions! Il faut continuer le combat, car le travail social n’est pas en sécurité, quelle que soit l’administration.
À tous les niveaux de pouvoir, les élections de 2024 porteront sur la question de savoir où faire des coupes budgétaires, et non pas s’il faut en faire ou non. Grâce à un «budget équilibré» visant avant tout à garantir les bénéfices des grandes entreprises, notre sécurité sociale et notre système de soins de santé seront encore plus affamés. N’attendons pas les élections pour construire la résistance. Le manque de moyens a déjà aujourd’hui des conséquences très négatives sur notre santé physique et mentale. Le personnel fuit le secteur.Halte à la fuite du secteur des soins! La semaine des 30 heures sans perte de salaire et avec embauche supplémentaire!
L’hémorragie de personnel a aggravé le manque de collègues. Un exode massif a suivi le Covid. Outre la revendication de plus de personnel, de plus de moyens et de salaires plus élevés, nous devons faire de la semaine des 30 heures un point de bataille concret pour rendre les emplois de notre secteur à nouveau viables et attractifs.
En travaillant par exemple 4 jours à 7h30min par jour, on créerait un espace pour combiner sainement vie professionnelle et vie privée, avec notamment plus de jours de récupération. En prévoyant une réduction du temps de travail sans perte de salaire, dans la pratique, beaucoup de travailleurs eux-mêmes gagneraient plus qu’aujourd’hui. En effet, par nécessité, beaucoup d’aidants travaillent à temps partiel pour un salaire inférieur. D’autres combinent leurs emplois peu rémunérés avec des emplois flexibles, des contrats d’intérim, des contrats à la journée… pour gagner un revenu correct.
37 % des Flamands qui travaillent actuellement à temps plein considèrent qu’il est probable qu’ils adopteraient la semaine de quatre jours. Un tel revirement ne peut réussir que s’il y a de l’embauche supplémentaire capable de fournir la main-d’œuvre nécessaire. Pour sortir de la misère, en finir avec les listes d’attente et fournir une aide à chacun.e, des investissements massifs sont nécessaires.
De l’argent, il y en a !
Selon une étude d’Olivier Pintelon (FGTB, 2018-2019), une réduction collective de jusqu’à 30 heures de travail dans le secteur des soins (PC 330) coûterait 1,7 milliard d’euros. Inabordable? Les riches sont pourtant devenus plus riches. En ce sens, une taxe des millionnaires serait un pas dans la bonne direction pour dégager plus de moyens pour les soins de santé et le travail social. Parallèlement, nous devons avertir contre la fuite des capitaux qui menacerait alors. Pour la contrecarrer, et mettre fin à d’autres formes d’exploitation, nous pouvons aller plus loin en nationalisant les secteurs pharmaceutique, énergétique et financier.
En 2020, c’est Janssen Pharmaceutica qui a réalisé le plus de bénéfices avec 2,2 milliards d’euros de profits, devant GSK (1,8 milliard d’euros) et Pfizer (868 millions d’euros). En 2022, Belfius a connu le plus grand bénéfice de son histoire (1 milliard d’euros) et KBC a pu maximiser le sien à 2,9 milliards d’euros (10 % de plus qu’en 2021). La nationalisation de ces secteurs pourrait libérer des fonds structurels pour investir massivement dans les services publics et la planification écologique, ce qui est aussi une nécessité sanitaire.
Secteurs public et non marchand unis : on peut gagner avec un plan d’action en escalade !
De vraies victoires ne peuvent être arrachées que si nous faisons du 13 juin une étape pour un plan d’action crescendo qui réunirait les luttes des secteurs public et associatif, aux niveaux local, régional et fédéral. Tout le monde doit être impliqué : nous sommes toutes et tous concernés ! Des assemblées du personnel, avec ou sans arrêt de travail, doivent être la base de toute nouvelle étape. À l’hôpital Brugmann de Bruxelles, par exemple, des délégués du commerce ont été invités parler de Delhaize pour renforcer la lutte et assister la mobilisation du personnel. Avec des réunions régionales, le personnel des nombreux et divers services pourrait tisser des liens.
Le fait que le Sociaal Werk ActieNetwerk (SWAN) ait récemment repris la hache de guerre en organisant des actions à Anvers et à Denderleeuw contre les réductions budgétaires montre qu’il est possible de relier et de renforcer les mouvements de lutte. C’est pourquoi le PSL encourage ce groupe et des initiatives telles que Sociaal Werkers in Actie et Travail Social en Lutte, ou des plateformes telles que Weerbare Verpleeg- en Zorgkundige (Soins infirmiers et de santé résilients).
Ce système capitaliste n’offre aucune solution fondamentale, en plus des économies budgétaires, il pousse notre secteur à se commercialiser davantage. Les capitalistes sont toujours à la recherche de nouveaux domaines de profit, ce qui est propre à ce système où règne la concurrence jusqu’à la mort.
Une dictature des marchés domestiquée n’existe pas, les catastrophes sont systématiques et les conséquences désastreuses. Y faire barrage exige un plan d’action crescendo pour des investissements publics de rupture avec ce système. Mettons fin aux appels d’offres, où les organisations doivent rivaliser avec les entreprises commerciales et leurs mauvaises conditions de travail, en libérant structurellement les moyens nécessaires grâce à la nationalisation de secteurs clés de l’économie ! Organisez-vous à nos côtés pour changer de société !
La Campagne ROSA : Pour la fin des listes d’attente: Pride is a protest !
Les groupes les plus opprimés sont particulièrement victimes des longues listes d’attente. Les listes dans les transports, par exemple, sont misérablement longues, et les personnes LGBTQIA+ sont exclues du système plus rapidement. L’hétéronormativité a un impact sur le bien-être mental, ce qui entraîne des problèmes de santé mentale. La campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression le sexisme et l’austérité) veut renforcer la lutte du mouvement des travailleur.euse.s contre toutes les formes d’oppression, car en divisant la classe travailleuse, on facilite l’exploitation capitaliste. C’est pourquoi nous nous battons contre les listes d’attente pour les soins aux personnes transgenres.
Participez à la manifestation Pride is a protest le 28 juin ! 18h30, Coyendanspark, Gand
Rejoignez le PSL !
Le PSL est un parti national qui organise travailleur,euse,s, jeunes et féministes pour renverser le capitalisme et changer de société. Le capitalisme repose sur notre exploitation afin de maximiser les profits des entreprises. Nous luttons pour une société socialiste démocratique où la barbarie des marchés sera remplacée par une économie rationnelle planifiée démocratiquement afin de répondre aux besoins de la collectivité tout en respectant la planète. Cette lutte est par nature internationale, c’est pourquoi nous sommes organisés sur tous les continents à travers un parti mondial : Alternative Socialiste Internationale (ASI).
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La crise mondiale du capitalisme en matière de soins et de reproduction sociale et les luttes des professionnel·les de la santé
Le 12 mai est la Journée internationale de l’infirmier·ère·x. Quelles sont les raisons de la crise de la reproduction sociale ? Quelles en sont les conséquences ? Et comment les travailleuses et les travailleurs de tous les genres luttent-iels contre cette crise ?
Contribution d’Anne Engelhardt, militante de ROSA International Socialist Feminists, Allemagne — préparée par Anne pour une réunion du Bureau des femmes de l’Alternative Socialiste Internationale en avril 2023.
ROSA, les syndicats et les professionnel.les du secteur des soins se concentrent sur cette date pour mettre en lumière et combattre la grave crise de la reproduction sociale qui est à l’origine de la crise actuelle des soins dans le monde entier.
Quelles sont les raisons de la crise de la reproduction sociale ? Quelles en sont les conséquences ? Et comment les travailleuses et les travailleurs de tous les genres luttent-iels contre cette crise ?
La crise de la reproduction sociale est visible à bien des égards, mais pas de la même manière que la crise climatique, l’inflation, etc. En effet, les membres de la classe ouvrière mondiale qui exercent des tâches reproductives (non rémunérées) n’ont souvent pas le temps d’écrire leur histoire et leurs expériences.
La théorie féministe de la reproduction sociale est une analyse féministe marxiste qui s’appuie sur la méthode des relations internes de Marx.
Cela signifie qu’il faut comprendre le capitalisme comme le tout social dans lequel nous vivons et les différents processus sociaux tels que le racisme, les luttes, le patriarcat comme des parties co-constituantes. Ni le capitalisme, ni ses autres aspects n’existent l’un sans l’autre ou ne sont explicables sans l’autre.
L’opposé d’une telle théorie serait une forme d’atomisme, que l’on retrouve chez de nombreux commentateurs pro-capitalistes et qui prévaut également dans les méthodes sociales-démocrates et staliniennes.
Dans ce cas, le capitalisme est une partie et non un tout social, et d’autres aspects tels que le racisme, la classe, le genre existent comme d’autres atomes en relations lâches les uns avec les autres. À mon avis, l’intersectionnalité court également le risque d’une méthode atomiste.
Elle superpose les atomes des processus d’oppression mais ne perçoit pas comment ils co-constituent le capitalisme et comment le capitalisme les co-constitue. En ce sens, il leur manque une réflexion sur les processus, les contextes et les différents espaces, ainsi qu’une réflexion sur l’interrelation et la mutualité avec l’histoire et la totalité capitaliste, qui doit être combattue dans son ensemble.
La théorie féministe de la reproduction sociale part délibérément de Marx et de son analyse de la lutte des classes.
Il explique les conditions préalables de ces luttes dues aux processus économiques et ne perd jamais de vue la vie difficile des travailleur.euse.s et leur courageuse résistance.
Des féministes comme Maria Mies, Lise Vogel, Silvia Federici ou Tithi Bhattacharya ont fait progresser ce marxisme centré sur la lutte des classes ou l’ont élargi en y intégrant davantage de nuances et d’aspects, tels que la nature, les devoirs, la procréation, les trajets quotidiens, la sexualité, la violence, le sexisme, etc.
Marx lui-même a écrit dans le premier volume du Capital, au chapitre 8, sur la brutalité de l’exploitation de la force de travail avec des équipes de 20 heures dans les boulangeries, la baisse de la qualité du pain et les scandales alimentaires [les inspecteurs ont trouvé du sable et des pierres dans les pains], à cause de ces conditions. Les horribles visages et corps déformés des travailleuses et travailleurs des usines d’allumettes dont la salle de pause déjeuner se trouve au milieu d’un phosphore toxique, etc.
A ce titre, nous venons de commémorer les grèves des travailleur.ses des usines d’allumettes du 19ème siècle dans lesquelles les femmes et les filles ont joué un rôle de premier plan, lors du congrès de ROSA en mars de cette année.
Marx n’a pas oublié les femmes et les enfants dans son analyse du capitalisme, mais il n’a pas poussé sa théorie de la classe ouvrière au sein du capitalisme au maximum. Son travail passe largement à côté du travail en dehors des usines, ou en dehors de la création de capital variable.
La théorie féministe de la reproduction sociale n’est pas en désaccord avec Marx, mais déclare : « Il aurait pu être plus clair et plus précis s’il avait approfondi sa compréhension de la manière dont la force de travail est créée elle-même.
Qu’entendons-nous lorsque nous parlons de reproduction sociale ?
Il s’agit de la reproduction de la force de travail de trois manières :
1. En donnant naissance à des travailleur.ses potentiels
2. Éduquer, nettoyer, enseigner, soigner, nourrir, prendre soin de la force de travail, se reposer, dormir, guérir en tant que processus que les travailleurs qui doivent retourner à l’usine à chaque quart de travail doivent également faire pour eux-mêmes.
3. La reproduction de la société capitaliste.
Différents courants
La théorie féministe de la reproduction sociale a, à mon avis, la faiblesse de s’intéresser surtout (et presque que) aux travailleuses et aux ménages, aux soins, à l’éducation, etc.
Il existe également des courants qui tentent d’intégrer le travail domestique directement dans la théorie de la valeur, ce qui est problématique pour différentes raisons et conduit à des idées telles que les « grèves des ménages » ou les modèles de « revenu de base conditionnel », qui laissent de côté la lutte pour la société dans son ensemble et individualisent cette lutte.
Cependant, la reproduction sociale, telle qu’elle est théorisée par certains courants féministes marxistes, est un processus nécessaire qui imprègne naturellement l’ensemble de la classe ouvrière.
La rupture métabolique* et les conséquences du capitalisme sur notre corps et notre être
*La rupture métabolique est la conception clé de Karl Marx des tendances à la crise écologique sous le capitalisme, ou selon les propres mots de Marx, c’est la « rupture irréparable dans le processus interdépendant du métabolisme social ».
Nous commençons par Marx et sa façon d’envisager la destruction de la nature et le capitalisme. Marx a développé l’idée d’un métabolisme entre le capital et la nature. La société en général, et le capitalisme en particulier, dépendent des « dons gratuits » de la nature tels que l’air, le vent, l’eau, le soleil, le sol et les matières premières.
Marx a observé que les centres capitalistes, les villes industrialisées exploitaient la terre, comme le capitalisme exploite la nature. En raison des changements intervenus dans la manière dont la classe ouvrière devait vivre et se nourrir dans les villes et en raison de la dureté du travail, elle avait besoin d’un nouveau mode d’alimentation (plus d’hydrates de carbone et d’aliments protéinés), mais elle était elle-même coupée du travail de subsistance.
Les paysans et les terres devaient produire plus de blé, de foin, de viande et d’autres produits. Le sol est devenu de moins en moins fertile en raison de la surexploitation. Marx a décrit cette crise écologique continue du capitalisme comme une rupture métabolique : Le métabolisme entre la terre et la ville se rompt et crée des crises qui ont par exemple conduit à une guerre pour l’engrais pour oiseaux du Pérou, à une nouvelle vague de colonialisme africain au milieu du 19e siècle, à la famine, etc.
Elle a également conduit à la destruction des forêts, afin d’accéder à davantage de terres et d’exploiter leurs sols fertiles.
Lorsque nous revenons à la classe ouvrière et au féminisme de reproduction sociale, nous devons placer le corps ouvrier au centre de notre analyse. Marx dit que le capital variable que les travailleurs produisent – et qu’ils produisent par l’intermédiaire de leur corps – est la seule source de profit. Nous sommes un corps et nous avons un corps.
Nous ne pouvons rien faire en dehors de lui. Physiquement, notre corps est aussi une nature. À un certain âge, nous sommes capables de travailler plus que ce dont nous avons besoin pour nous-mêmes ou pour nos proches. Mais notre corps change beaucoup.
En tant que bébés, enfants et personnes âgées, nous avons des limites physiques à ce que nous pouvons faire et nous pouvons même prendre ou avoir besoin de plus de travail d’autres travailleurs que ce que nous pouvons donner. Notre corps est également un processus qui évolue au fil des ans.
Cela semble tout à fait évident, mais la bourgeoisie, son idéologie et sa façon atomiste de considérer les travailleurs comme une source de main-d’œuvre et non comme un être humain en évolution, nous font oublier les différentes caractéristiques naturelles de notre vie.
Marx a écrit des textes remarquables à ce sujet et voici ma citation préférée : « Le capital ne s’interroge pas sur la durée de vie de la force de travail : Ce qui l’intéresse, c’est uniquement le maximum de force de travail qui peut être rendu liquide au cours d’une journée de travail. Il atteint cet objectif en raccourcissant la durée de la force de travail, tout comme un agriculteur avide obtient un rendement accru du sol en le privant de sa fertilité« . (Marx 1867 / 1957, 275-76)
Les capitalistes privent les travailleur.se.s de leur énergie et littéralement, dans certains processus de travail, de leur fertilité même. Il existe des myriades d’exemples de la manière dont les matériaux toxiques que les nettoyeurs doivent utiliser, le travail avec l’argent, le cuir, l’huile, etc. peuvent conduire à l’infertilité, en plus des horaires de nuit, du manque de sommeil, de la nourriture, etc.
Lorsque nous considérons le travailleur et son corps dans l’ensemble social du capitalisme, il est fait et refait par le métabolisme entre la production et la reproduction. Sans produire de capital variable, les travailleurs ne reçoivent pas les salaires dont ils ont besoin pour se reproduire. Et ce métabolisme de la reproduction sociale est également en crise – c’est ce que nous pouvons appeler la crise de la reproduction sociale.
Il est en crise parce que les conditions de travail sous le néolibéralisme ont été « flexibilisées », les salaires ont diminué, les conditions de santé et de sécurité au travail ont été démantelées au fil des ans. Les temps de pause ont été réduits. La production allégée s’est imposée dans tous les domaines du travail.
Ainsi, le métabolisme de la reproduction sociale est constamment au bord d’une faille métabolique, tout comme la nature et le climat eux-mêmes.
La marchandisation des soins et de la vie sous le néolibéralisme
Dans les hôpitaux, nous constatons que dans de nombreux pays, chaque patient.e et son diagnostic ont un prix spécifique. C’est ce qu’on appelle le DRG (Diagnosis Related Group). Il peut s’agir du lit, des frais de nettoyage et de chauffage de la chambre, de la nourriture, de l’eau des toilettes, etc. Le type de calcul permettant de tirer des bénéfices du travail de soins est basé sur un modèle de somme globale.
Il s’agit en fait du même modèle que celui utilisé dans la production à flux tendu pour les voitures, l’électronique, etc. Toutefois, les usines et les hôpitaux diffèrent, par leur nature même, des industries de production. Lorsque, pour diverses raisons, le patient a besoin de plus de temps pour guérir que ce que prévoit le calcul de la gestion de la production à flux tendu, l’hôpital est déficitaire.
Toutefois, la privatisation des hôpitaux n’est rentable que si cette logique de production fonctionne dans toutes les parties des processus de soins. Dans certains hôpitaux allemands, les infirmières se sont battues pour obtenir plus de gants, de masques, etc. car ces « calculs » étaient bien trop bas pour garantir un processus de travail sain.
La plupart des patients sont des travailleur.ses. L’augmentation du nombre de patients s’explique non seulement par la pandémie de Covid-19 et l’augmentation de l’âge, mais aussi par l’augmentation des accidents du travail, des maladies mentales et des épuisements professionnels au cours des dernières années.
En France, le cancer du sein a été reconnu comme une maladie professionnelle possible. Le risque de cancer du sein est 30 % plus élevé chez les travailleuses de nuit. La plupart des travailleurs de nuit travaillent dans les hôpitaux, le nettoyage, l’hôtellerie et le commerce de détail – la plupart d’entre eux sont des femmes et des personnes queer.
Cela signifie que : D’une part, le risque de se retrouver à l’hôpital à cause d’un système de travail capitaliste dérégulé et surexploitant a augmenté. D’autre part, les hôpitaux sont préparés depuis des années à devenir un nouveau domaine de profit. Cela n’est possible qu’en les transformant en une industrie similaire à l’industrie automobile, etc.
Cependant, comme nous traitons de la matérialité de notre monde, des limites physiques de la nature, l’industrialisation des soins ne peut que mal tourner et créer une crise grave et des mouvements de résistance. Nous observons déjà un système de soins de classe dans lequel les pauvres ont moins accès aux soins et meurent en moyenne plus tôt de maladies curables que les riches.
En outre, les maladies qui accompagnent la surexploitation sur le marché du travail ne sont pas très rentables. Elles nécessitent plus de médecins, plus de soins, plus de médicaments et plus de temps pour guérir. Les maladies des travailleur.ses ne sont donc pas assez rentables.
Crise des soins capitalistes dans les pays en développement, les villes, le climat et bien d’autres choses encore
Dans de nombreux pays, les enfants souffrent de symptômes post-covidiques. Ce sont surtout les enfants des familles de la classe supérieure qui sont traités. Cependant, dans les familles plus pauvres où les parents ont été beaucoup plus souvent exposés à la pandémie, car ils travaillaient dans des « infrastructures critiques », le nombre réel de cas de post-covid pourrait être encore plus élevé. Cependant, le traitement n’est pas facilement accessible. Nous savons que la raison d’être de la Covid-19 est la surexploitation de la nature et le franchissement de plusieurs frontières physiques, la destruction des habitats naturels des animaux, le changement climatique et ainsi de suite, qui ont conduit à une zoonose et à une crise de la santé et des soins au cours des dernières années.
À tout cela s’ajoute la façon néolibérale dont les villes et les modes de vie ont changé. Ces dernières années, le logement est devenu l’un des biens de consommation courante, ce qui empêche de nombreux travailleur.euse.s de vivre à proximité des centres-villes ou de leur lieu de travail. De nombreux travailleur.euse.s doivent faire la navette et n’ont donc ni le temps de travailler, ni celui de récupérer. Les centres commerciaux où les travailleur.euse.s les plus pauvres pourraient trouver des offres moins chères sont souvent très éloignés des zones où ils.elles vivent et il faut plus de temps pour y accéder.
Dans certaines régions, les crises climatiques obligent même les travailleur.euse.s, pour la plupart des femmes, à parcourir des kilomètres pour aller chercher de l’eau, de la nourriture ou du carburant, ce qui augmente considérablement le temps qu’elles consacrent au travail reproductif.
La crise des soins touche également tout ce qui concerne les soins aux personnes âgées. Lorsque les travailleur.euse.s ont été suffisamment exploité.e.s – dans certains pays, les travailleur.euse.s se sont battu.e.s pour obtenir des droits à la retraite – c’est-à-dire des paiements dont les travailleur.euse.s ont besoin pour à peine survivre.
Dans de nombreux pays, les soins aux personnes âgées dépendent des revenus des travailleur.euse.s et de leurs familles. La crise de Covid-19 a mis en lumière les conditions dramatiques et horribles dans lesquelles les travailleur.euse.s pauvres, et même les travailleur.euse.s qualifié.e.s, doivent endurer jusqu’à la fin de leur vie. Les mauvais soins aux personnes âgées touchent souvent davantage les femmes, car leurs pensions sont beaucoup plus faibles. Avec de faibles pensions, elles ne peuvent pas s’offrir de meilleurs soins lorsqu’elles sont âgées.
En France, les travailleuses sont en première ligne du mouvement de grève actuel. En raison de leurs bas salaires et de leurs emplois à temps partiel, elles devront, dans le cadre de la nouvelle réforme des retraites, travailler plus longtemps que les travailleurs masculins pour une pension encore plus faible. En Allemagne, l’écart entre les pensions des hommes et des femmes est de 46 %. En France, il est déjà de 33 %.
Dans un tel système, les femmes, et en particulier les travailleuses migrantes, sont encore plus exploitées en travaillant pour entretenir la famille et pour le salaire. En outre, les travailleuses assument la charge mentale de la planification, de la gestion, de la programmation des besoins et des projets de tous les autres, perdant souvent les leurs dans le processus. Il n’est donc pas surprenant que plus de 70 % des personnes diagnostiquées comme souffrant d’épuisement professionnel soient des femmes.
Exploiter les travailleuses tout au long de la chaîne mondiale de soins
Sous le néolibéralisme, par rapport à la période d’après-guerre, les soins privés des travailleuses sont souvent devenus un obstacle à la surexploitation dans de nombreux pays, en particulier dans les pays du Nord. Ici, dans les centres impérialistes des chaînes de valeur mondiales, on a besoin de plus de techniciens et de cols blancs pour gérer et digérer les marchandises et les flux de capitaux provenant de l’extraction de la valeur dans d’autres parties du monde.
C’est un mythe de croire que les travailleuses sont arrivées dans le monde du travail dans les années 1970. Comme dans de nombreuses régions du monde, les femmes n’ont jamais disparu de la population active. Elles ont surtout travaillé dans l’agriculture, la vente, la couture, etc. et ont été exploitées dans les ateliers, les hôpitaux, le nettoyage, etc.
Toutefois, dans les centres impérialistes, on observe une tendance à « libérer » les travailleuses des tâches domestiques et des soins non rémunérés et à les remplacer par des travailleuses migrantes provenant principalement des régions les plus pauvres du monde. Les travailleuses qui emploient d’autres travailleuses plus pauvres pour nettoyer leur maison, s’occuper de leurs personnes âgées et de leurs enfants, travaillent souvent elles-mêmes dans le secteur des soins.
Dans le même temps, les travailleurs migrants qui effectuent ce type de travail mal rémunéré, laissent leur travail de soins, lorsqu’ils quittent le pays, à des travailleurs migrants encore plus pauvres ou à des parents non rémunérés, tels que des frères et sœurs plus jeunes ou des enfants plus âgés. Souvent, ces travailleurs migrants sont des femmes et des personnes queer originaires des anciens États coloniaux, qui sont en quelque sorte réexploitées dans des conditions capitalistes.
Cette interconnexion entre les différents travaux de soins est connue sous le nom de « chaîne mondiale de soins » – et elle exprime clairement que le travail social reproductif ne peut être éliminé ou mis de côté. Il s’agit au contraire d’un élément intrinsèque du fonctionnement du capitalisme.
Les tentatives visant à réduire le travail de soins pour une partie de la société conduiront immédiatement à ce que d’autres travailleur.euse.s doivent effectuer davantage de travaux de soins dans de moins bonnes conditions. C’est un équilibre qui ne peut être résolu. Pas par l’automatisation, pas par la machine, parce qu’il s’agit d’une matérialité, d’un besoin fondamental d’être soigné, de parler à d’autres personnes, d’être aimé, d’être soigné, de parler, d’écouter, de manger ensemble et de sortir de l’isolement.
La méthode atomiste que j’ai décrite au début n’est pas seulement une méthode analytique. C’est une abstraction réelle, une réalité violente que le capitalisme nous impose. Les processus d’accumulation du capital ont besoin d’une société pour maintenir un système qui exploite le travail excédentaire d’êtres humains naturellement sociaux qui prennent la quantité d’énergie supplémentaire dont ils auraient normalement besoin pour prendre soin les uns des autres et d’eux-mêmes.
Dans le capitalisme, le lien entre les soins et le travail est rompu. Ce que nous produisons est privatisé dans des mains privées. C’est de l’énergie et du temps qui nous sont retirés, à nous et à nos communautés. Nous diviser en individus et nous détacher les uns des autres signifie nous aliéner du travail, mais aussi nous aliéner de notre propre reproduction sociale.
Dans le capitalisme, nous ne travaillons pas en fonction de notre libre choix, mais parce que nous sommes obligés de le faire. Le patriarcat est un outil supplémentaire pour maintenir la division du travail et nous forcer à faire du travail de soins non rémunéré pour des travailleurs essentiellement masculins qui font trop de travail productif et n’ont plus guère d’énergie pour se reproduire ou reproduire les autres.
L’atomisme est une réalité violente qui tente de transformer les travailleur.euse.s en robots – ce qui est toutefois impossible par nature.
La crise de la reproduction sociale frappe tous.tes les travailleur.ses
La reproduction sociale n’a pas lieu uniquement au sein du foyer et n’est pas uniquement assurée par les femmes. La récente grève des chemins de fer au Royaume-Uni était beaucoup plus liée au travail de reproduction sociale qu’elle n’en a été discutée. Les organisations de personnes handicapées et les personnes handicapées se sont exprimées en faveur de cette grève, parce qu’il s’agissait aussi de maintenir le personnel dans les trains, dans les gares et dans les guichets.
Pour les personnes ayant des besoins particuliers, il est impératif qu’il y ait des travailleur.euse.s dans les trains et sur les quais pour les aider, qu’elles soient aveugles, temporairement blessées, incapables de marcher ou autre. Sans aide pour accéder au bon train dans la bonne direction, sans assistance pour ouvrir et fermer les portes des toilettes dans le train ou pour être accompagné la nuit sur le quai ou dans le train, la mobilité devient immédiatement inaccessible pour de nombreuses personnes.
Mais les compagnies ferroviaires ne sont pas disposées à payer pour ce travail supplémentaire. En réduisant le personnel sur les quais, dans les trains et dans les bureaux, elles détruisent – ce que nous pouvons appeler – le tissu social de la société et la mobilité pour tous.
Aux États-Unis, les travailleur.euse.s du secteur ferroviaire ont tenté de lancer une grève que le gouvernement « pro-travail » de Biden a honteusement interdite. La raison du conflit n’est pas l’argent, mais le droit de prendre des congés de maladie. Il est incroyable que les cheminots, tels que les conducteurs de train, les ingénieurs, etc. perdent des points de salaire et de pension lorsqu’ils décident d’aller chez le médecin. Des cas de conducteurs décédés d’une crise cardiaque pendant leur service ont été rapportés.
Les discussions sur la réduction de la semaine de travail, le « quiet quitting », le « lying flat » ne sont pas l’expression d’un quelconque type de paresse (si ce terme n’est pas une invention de la classe capitaliste pour domestiquer les travailleur.euse.s), mais l’expression de la manière dont le néolibéralisme a avant tout intensifié les tâches et la productivité sur le dos du corps et de l’esprit des travailleur.euse.s. La crise de la reproduction sociale est un symptôme de la crise de l’emploi et du chômage.
La crise de la reproduction sociale est un symptôme d’un système capitaliste en crise, avide de profits illimités, qui détruit toutes les frontières et les structures physiques naturelles.
Comment les travailleur.euse.s se défendent-ils.elles ?
La crise économique de 2007/2008 a accentué les contradictions dans la reproduction sociale mondiale. Les hôpitaux et autres infrastructures ont été privatisés, fermés ou soumis à des coupes sombres pour « économiser » l’argent nécessaire au sauvetage des banques et du système financier. La marchandisation de la santé a entraîné une diminution spectaculaire du personnel soignant dans ces secteurs, qui ne sont rentables que lorsqu’ils ne fonctionnent qu’avec quelques employés.
Quelques exemples en Allemagne : les travailleuses et les travailleurs migrants ont longtemps été considérés comme « inorganisables » par les syndicats conservateurs. Mais la crise a radicalement changé cette image. À Berlin, en 2009, l’IG BAU, le syndicat des travailleurs de la construction, a organisé la « révolte des invisibles », une grève des femmes de ménage, qui étaient souvent invisibles, car elles nettoyaient la nuit ou tôt le matin et s’habillaient comme des fantômes, et ont organisé des manifestations pour rendre leur cause visible.
La même année, la première grève des jardins d’enfants a eu lieu avec un fort taux de militantisme, qui devait revenir six ans plus tard, en 2015, avec une grève nationale de quatre semaines des jardins d’enfants et des travailleur.euse.s sociaux.ales. En 2011, la première grève des hôpitaux de la Charité de Berlin a été déclenchée pour quatre jours, ce qui a permis d’apprendre beaucoup de choses sur la différence entre une grève dans une usine automobile et dans un hôpital, en termes de type de pression implacable et hypocrite qui peut être exercée par l’establishment capitaliste.
En cas de grève, les médias et les hommes politiques se mettent soudain à se préoccuper de la vie des patients de manière hypocrite. Mais ils n’ont aucune importance dans la crise des soins quotidiens. Souvent, ils ne demandaient même pas d’augmentation de salaire, mais davantage de personnel et le droit de fermer des lits lorsqu’il n’y avait pas assez de personnel pour une équipe.
De même, les travailleur.euse.s des jardins d’enfants demandaient le droit de fermer les groupes les jours où ils.elles seraient seul.e.s avec plus de 15 enfants – car il y a eu des situations où les enseignant.e.s des jardins d’enfants sont resté.e.s seul.e.s avec une trentaine d’enfants de moins de six ans, ce qui a conduit à un épuisement professionnel massif.
En Belgique et en Autriche, ROSA et les militants de l’ISA ont pu lancer des campagnes telles que « Santé en Lutte » et « Sozial aber nicht blöd » – en Belgique, en collaboration avec le syndicat – en Autriche, plutôt en tant que réseau de collègues. Dans de nombreux hôpitaux aux États-Unis, et maintenant aussi en Allemagne, les syndicats les plus à gauche se concentrent sur l’organisation en profondeur.
Les groupes de travail lancent d’abord des campagnes de signatures auprès de tous leurs collègues et identifient les travailleur.euse.s les mieux organisé.e.s, les plus connu.e.s et les plus dignes de confiance, qui sont ensuite élu.e.s comme délégué.e.s syndicaux.ales au sein de leur équipe, à laquelle ils.elles font également rapport sur les négociations.
En ce qui concerne la lutte contre le racisme et la xénophobie enracinés dans ce que l’on appelle la « chaîne mondiale des soins », Ruth Coppinger, de ROSA en Irlande, travaille avec des groupes d’infirmières migrantes qui sont organisées à la fois dans le syndicat des infirmières au sens large, mais aussi au sein de leur propre association d’infirmières migrantes – elles se battent pour l’égalité et la reconnaissance de leur formation exemplaire, le manque de reconnaissance de cette même formation voit des infirmières migrantes pleinement qualifiées travailler pour un salaire inférieur à celui de leurs collègues déjà sous-payés, et pour l’assistance et les droits en termes de visas pour elles-mêmes et les membres de leur famille, entre autres questions.
L’Afrique du Sud a connu une grève de dix jours dans les hôpitaux en mars 2023, et une grève des médecins au Zimbabwe. En Chine, des grèves ont eu lieu dans les hôpitaux en raison du manque de personnel et de matériel de protection pour les étudiants en médecine. L’année 2022 a également été marquée par le retour de la « vague blanche » de grèves du personnel hospitalier et soignant en Espagne qui, en décembre 2022, a conduit à l’occupation du ministère de la santé à Madrid. En Russie, une grève de ralentissement a eu lieu dans plusieurs villes, les médecins luttant contre les coupes budgétaires et les bas salaires.
Un médecin a écrit sur Twitter : « Une grève est la plus grande déclaration d’amour à notre système de santé et le seul moyen de l’améliorer ».
Alternative Socialiste met l’accent sur les soins et non sur le profit
ROSA soutient les luttes menées dans le monde entier par les travailleur.se.s.x de la santé, pour améliorer leurs conditions de travail, pour former et employer plus de personnel, pour des augmentations de salaire immédiates supérieures à l’inflation, etc.
Nous demandons l’arrêt immédiat de la privatisation dans le secteur des soins ; la resocialisation des soins, leur retrait complet des mains du secteur privé et le démantèlement de Fresenius, Helios, Orpea, etc.
Nous sommes favorables à des soins universels entièrement publics, de qualité et gratuits au point de prestation – ces soins devraient être financés par l’utilisation des richesses détenues par le secteur privé qui doivent être reprises dans l’intérêt de l’humanité.
Pour que les soins de santé et les services sociaux soient publics, laïques et progressistes, ils doivent être complètement retirés des mains des églises et autres institutions religieuses.
Outre les services publics tels que les crèches universelles et gratuites, les écoles locales de qualité, les soins aux personnes âgées, etc., nous reconnaissons que l’accès libre et sans entrave à l’avortement, à la contraception et aux soins de santé pour les personnes transgenres sur demande, sans honte, sans barrières juridiques ou sans contrôle, sont des droits essentiels pour les personnes qui travaillent dans le secteur des soins et pour celles qui sont chargées de soins non rémunérés.
Les travailleur.se.s du secteur des soins, en particulier les infirmier.ère.s, sont fréquemment victimes d’agressions, de harcèlement sexuel et de racisme sur leur lieu de travail. En outre, la misogynie médicale, les disparités raciales dans les soins, le traitement brutal des personnes transgenres et l’interconnexion des deux sont quelques-uns des problèmes auxquels les patients sont confrontés.
Ainsi, la lutte pour des soins adéquats doit être intrinsèquement une lutte anti-sexiste, anti-transphobe et anti-raciste.
Les soins devraient être démocratisés, par exemple en confiant la gestion des prestataires de soins publics à des comités élus composés de représentants des travailleur.se.s du secteur des soins, des patient.e.s/client.e.s et du mouvement syndical dans son ensemble.
Fondamentalement, le système capitaliste et sa recherche brutale du profit constituent un danger pour la santé humaine et la planète. La recherche du profit au cœur du capitalisme est diamétralement opposée à la centralité des soins. Le profit et les soins s’opposeront toujours. Ce fait est au cœur de la crise insoluble du capitalisme en matière de soins.
Les luttes des travailleur.se.s du secteur des soins, les mouvements pour l’amélioration des droits et de l’accès aux soins, à la santé, aux aides et aux services sociaux, sont des luttes situées sur le site de cette collision – et sont des luttes intrinsèquement liées aux besoins et aux intérêts de l’ensemble de la classe ouvrière mondiale.
Les luttes liées à la crise des soins doivent être associées à d’autres luttes des travailleur.euse.s et des opprimé.e.s du monde entier dans un mouvement socialiste contre la loi du profit – une lutte pour retirer les richesses et les ressources des mains du secteur privé.
Avec les leviers clés de l’économie en propriété publique – combattus et gagnés par une classe ouvrière active, consciente, organisée et socialiste et par les masses pauvres qui se sont levées contre la propriété privée de la richesse et l’État qui la défend – un plan démocratique de l’économie pourrait mettre les soins aux personnes et à la planète au centre même de tout. Cela fait partie intégrante de la lutte socialiste et du changement socialiste.
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Témoignage des soins de santé «Ils nous épuisent et vous mettent en danger !»
Vous vous rappelez tous de la prise de conscience générale sur l’importance de ces secteurs de première ligne qu’on applaudissait tous les soirs pendant le haut de la pandémie ? Vous vous souvenez tous de ces images de soignants sans matériel, d’hôpitaux sans respirateurs, d’hôpitaux sans personnel… Vous vous rappelez tous des engagements que nombre de responsables politiques ont pris en s’engageant à soutenir ces secteurs et à y réinvestir.
Par un délégué syndical dans un hôpital bruxellois
Vous devez savoir que la réalité sur le terrain aujourd’hui est pire que ce qu’avant et pendant la pandémie. Vous devez savoir qu’aujourd’hui la politique d’économies dans le secteur des soins continue, toujours sur le dos du personnel et au détriment des patients. Vous devez savoir que ceux qui nous dirigent n’ont retenu aucune leçon de la pandémie, mais poussent consciemment notre système de santé vers l’effondrement. Vous devez savoir que l’inhumanité avec laquelle les soignants sont traités est notre lot quotidien, insupportable. Il faut plus de personnel ! Cette revendication n’est pas nouvelle dans le secteur des soins. Elle était urgente avant la pandémie, elle est vitale aujourd’hui.
Beaucoup de collègues nous ont quittés ces derniers mois, épuisés, renforçant la dynamique d’abandon du secteur des soins par un nombre de plus en plus important de soignants. Les conditions de travail ne sont tout bonnement plus supportables. Les normes d’encadrement (nombre de soignants par patient) sont totalement dépassées . Plusieurs études ont montré que la mortalité à l’hôpital est en lien avec cet encadrement soignant. C’est un combat que nous allons devoir mener de toutes nos forces. Assez de pansements inutiles, on veut des collègues en plus pour soigner correctement !
On exige plus de salaire !
L’effet d’annonce du gouvernement à l’été 2020 a eu son effet. Beaucoup pensent que les travailleurs de la santé ont reçu une revalorisation salariale. La réalité est beaucoup plus nuancée. Tout d’abord, le gouvernement a pu éviter une explosion de colère dans le secteur en dégageant une manne financière pour des revalorisations dans le cadre de l’IFIC (nouveau système salarial dans la santé). Alors que la tension était à son comble et qu’il était nécessaire de lancer des mots d’ordre offensifs, certains dirigeants syndicaux ont préféré éteindre la mèche avant même que le combat n’ait commencé. Certaines catégories ont effectivement reçu des revalorisations, mais force est de constater que de nombreux collègues n’ont pas vu leur salaire bouger d’un centime, tout particulièrement les plus bas salaires dans nos institutions de soins. Assez de ces manœuvres de division, on veut des revalorisations pour tous et toutes les collègues sans distinction !
On crève d’humanité !
Aucun soignant ne me contredira, le gouvernement et ses soldats managériaux dans les institutions de soins sont déconnectés de la réalité. La logique de rentabilité a rendu l’ensemble de leurs raisonnements et de leurs décisions de gestion profondément inhumaines. Tous les jours, nous croisons des collègues qui ne comprennent plus le sens de leur travail, qui ne supportent plus les objectifs à coups de tableaux Excel qu’on leur impose, qui ne veulent plus passer leur temps à encoder pour faire du chiffre au détriment des soins. Ces éléments combinés à une politique de contrôle autoritaire, à des refus systématiques des droits les plus élémentaires avec comme objectif de presser au maximum chaque collègue est insoutenable. Assez de ces injonctions managériales hors sol, les soignants doivent avoir le contrôle sur les décisions prises dans leurs institutions de soins !
Ce constat largement partagé doit nous pousser à être présents en nombre ce 31 janvier à Bruxelles. Cette manifestation ne peut pas et ne doit pas être une journée sans lendemain. La situation est trop grave que pour laisser passer l’occasion de lancer une mobilisation à la hauteur des enjeux. Discutons entre nous, organisons-nous et préparons-nous à ce combat, travailleurs de la santé et patients, main dans la main !
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Retour sur la grève des hôpitaux wallons et bruxellois : ce ne doit être qu’un début

Le secteur des soins est malade
Par une infirmière // Lire par ailleurs : La santé pour tous ? Impossible sous le capitalisme !
La situation dans les hôpitaux était déjà difficile bien avant la pandémie. Le personnel manque partout, la charge de travail n’a fait qu’augmenter, les infirmières et infirmiers passent de plus en plus de temps devant un dossier plutôt qu’au chevet des patients et les salaires sont bien maigres au regard de la responsabilité et de la lourdeur de ces métiers. La fatigue des travailleuses et travailleurs est chronique, les heures supplémentaires quotidiennes sont la norme, l’absentéisme ne fait qu’augmenter (36% en plus, ce qui représente parfois 45% d’absences dans un même service) et les collègues ne sont pas remplacés. À tout ça, ajoutons la non reconnaissance de la pénibilité du métier des soignants. Résultat ? Le travail n’est pas du tout attractif. En 2019, Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC, affirmait que 30% des jeunes diplômés abandonnent la profession infirmière dans les 5 ans qui suivent le diplôme.
La pandémie a mis d’avantage de pression sur le système des soins, mais elle a permis aussi de jeter un peu de lumière sur la situation qui y prévaut et de faire sortir à la surface les conditions du personnel. Cela a créé un débat dans la société sur le rôle des soins, leur financement et la logique capitaliste qui est derrière.
Dans les hôpitaux, le personnel vit depuis un an des conditions très très dures. Les mobilisations des Blousses Banches a permis de libérer un fonds de 402 millions par an accordé à la formation et recrutement de personnel. Mais la réalité est que il y a eu très peu d’emplois réellement utiles à l’amélioration structurelle des conditions, il n’y a eu aucune anticipation de la part des directions pour vraiment embaucher du personnel.
Également, l’enveloppe de 600 millions d’euros destinés à l’amélioration des soins est insuffisante. D’une part, 500 millions d’euros de l’enveloppe seront consacrés à la mise en œuvre de la nouvelle grille de l’IFIC, un accord signé il y a des années pour harmoniser les secteurs public et privé, ajoutant 6% à la masse salariale totale. Le modèle de rémunération revoit la progression de la rémunération sur l’ensemble de la carrière mais ne constitue pas pas une augmentation de salaire en soi. Au demeurant, cet accord n’est pas favorable à tout le monde, notamment pour les infirmier.ère.s spécialisé.e.s, qui obtiendront le même salaire (en passant en IFIC) que les non spécialisé.e.s D’un autre côté, les autres 100 millions sont destinés à l’amélioration des conditions de travail (aménagement des congés, plans de formation, aménagement des horaires,…), quantité plus qu’insuffisante. De plus, les fédérations d’employeurs bloquent depuis 3 ans la conclusion d’un accord social pour la mise en place des réseaux hospitaliers, en même temps qu’ils mettent en place ces réseaux, sans aucune concertation. Bref, cet argent et bienvenu mais il ne permet en aucun cas de résoudre le problème structurel du secteur.
Pour toutes ces raisons, le front commun syndical a déposé un préavis de grève pour le 17 juin dans les hôpitaux de la Wallonie et Bruxelles. Le suivi de la grève a été massif. Des collègues qui ne se sont jamais mobilisé.e.s l’ont fait cette fois-ci, il y a eu des services entiers fermés, d’autres qui ont dû tourner comme un dimanche (service minimum). Les réquisitions n’ont jamais été si nombreuses. Du côté namurois par exemple, pour es sites du CHU Godine/Dinant/Namur, au moins 72 personnes ont été réquisitionnées, parfois par la police et ce la veille de la grève. Dans beaucoup d’hôpitaux et dans certains services (oncologie, SMUR, Urgences, USI), personne n’a pu se mettre en grève.. parce qu’ils travaillent déjà en service minimum couramment! Ça n’a pas empêché pourtant le personnel de faire des arrêts de travail pour pouvoir joindre les différents actions dans leurs hôpitaux. De collègues en grève et même des patients sont venu.e.s aussi soutenir les actions.
Les syndicats ont suspendu pour 15 jours le préavis de grève, en attendant la signatures des CCT (Conventions Collectives de Travail) qui doit avoir lieu le 29 juin, au plus tard le 12 juillet. Maintenant c’est le moment de ne pas lâcher l’affaire. Le personnel de la santé a fait une démonstration de sa force. La situation intenable dans les hôpitaux a créé beaucoup d’angoisse parmi le personnel, mais aussi beaucoup de solidarité parmi les collègues. On doit profiter cet élan pour construire un mouvement fort et uni, à la base, capable d’exercer une pression suffisante pour faire bouger les choses. Le problème structurel des soins de santé c’est leur marchandisation. Des accords pour améliorer les conditions de travail et rendre attractif le secteur sont nécessaires et ils doivent être signés, mais ça ne suffira pas. Pour cela nous avons besoin d’un refinancement public massif du secteur. Les soins de santé doivent être un bien commun accessible : battons-nous pour la nationalisation des soins et l’instauration d’un système national de soins de santé publics !
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Grève des hôpitaux, le Chirec aussi en grève

On peut clairement affirmer que la grève de ce 17 juin dans les hôpitaux fut un vrai succès ! Le personnel, que ce soit soignant, administratif, paramédical ou autre, en a tout simplement ras-le-bol. L’épuisement, la fatigue généralisée, le taux d’absentéisme et le manque de remplacements, le sous-financement; les programmes surchargés pour essayer de rattraper tout ce qui n’a pas pu être fait pendant les confinements,… Voilà la situation vécue par l’ensemble du personnel hospitalier et le Chirec à Bruxelles ne fait pas l’exception.
Par une infirmière du Chirec
L’appel à la grève a été suivi de manière massive: le quartier opératoire a dû annuler la plupart de son programme, le service d’endoscopie a tourné comme un dimanche, plusieurs unités des soins ont été limitées au service minimum. Beaucoup de collègues ont été réquisitionné.e.s. Dans les services des soins intensifs et aux urgences, la plupart du personnel a voulu se mettre en grève sans le pouvoir. Pourquoi donc ? Parce que ces services tournent déjà en service minimum quotidiennement.
Le personnel de l’hôpital de Delta et quelques collègues d’autres sites du Chirec se sont rassemblés devant l’entrée principale de l’hôpital pour revendiquer que la pénibilité des métiers des soins soit reconnue, plus de collègues sur le terrain et des améliorations dans les métiers des soins pour rendre la profession attractive.
Environ 200 personnes ont suivi l’action et ont marché jusqu’au cimetière d’Ixelles. Les services réquisitionnés ont rejoint l’action qui s’est déroulée entre 12h et 14h.



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Du blé pour la santé ! Participez à la manifestation de la santé du 13 septembre !

Le personnel des soins de santé, toutes institutions confondues, dénonce ses conditions de travail depuis des années. Entre sous-effectifs, bas salaires, augmentation des cadences, management impitoyable et autoritaire, c’est tout un secteur qui tire la sonnette d’alarme sur son vécu et les conséquences dramatiques des choix politiques insensés sur la qualité des soins. À elle seule, De Block a permis d’économiser 2,3 milliards d’euros dans un secteur des soins déjà gravement atteint. Arrêts de travail, grèves, manifestations n’ont été jusqu’à présent accueillis qu’avec mépris par la classe dirigeante.
La pandémie actuelle a mis en pleine lumière le dénuement des soins de santé. Les négligences des gouvernements successifs envers ce secteur ne peuvent plus être niées. Les coupes budgétaires dans les soins de santé de ces dernières années et l’absence d’écoute et de réaction du gouvernement face aux difficultés éprouvées dans le secteur ont pesé lourdement sur les conséquences de la pandémie. Un personnel épuisé et en sous-effectif a dû gérer des situations extrêmement graves et compliquées, avec un afflux de patients critiques jamais vu auparavant.Les soins de santé, ce sont aussi des maisons de repos lâchement abandonnées, sans matériel ni test. Des situations dantesques ont été créées, souvent fatales pour les pensionnaires et le personnel. Il aurait été techniquement possible de soigner tout le monde dans les meilleures conditions si le monde politique avait écouté les revendications légitimes portées par le personnel des institutions de soin depuis des années. Mais ces derniers ont dû faire face, seuls, à l’incurie des responsables politiques.
Le recul du gouvernement
C’est dans ce contexte que le gouvernement a dernièrement fait passer en force deux arrêtés royaux dans le cadre des pouvoirs spéciaux. L’action très médiatisée du personnel de l’hôpital Saint-Pierre lors d’une visite de la Première ministre, combiné à des préavis de grève déposés par différentes organisations syndicales, a forcé le gouvernement Wilmès à suspendre l’application de ces deux arrêtés royaux légitimement décriés. Quiconque estime que le mécontentement du personnel se limitait à ces arrêtés royaux se trompe.
1 milliard d’euros
Il semble qu’une énorme somme d’argent ait été mise à disposition des soins de santé fédéraux. Mais cela ne suffit pas pour inverser les économies de De Block : 2,3 milliards d’euros. La situation qui prévalait avant le gouvernement Michel était déjà loin d’être bonne. Depuis des décennies, tous les gouvernements – y compris avec la social-démocratie et la démocratie chrétienne – ont sabré dans les soins de santé et la sécurité sociale. Ce milliard d’euros n’est du reste pas venu parce que les politiciens ont soudainement réalisé qu’il fallait plus de moyens, mais parce qu’ils avaient peur de la colère du personnel et de la solidarité dont ce dernier bénéficie dans la population. Comme l’a fait remarquer le dirigeant du CD&V Servais Verherstraeten : «La paix sociale dans ce secteur peut avoir un prix.»
Construisons la ripostePour l’ensemble des travailleuses et travailleurs en première ligne et toutes celles et ceux qui subissent de plein fouet la politique antisociale depuis des années, il est crucial d’obtenir des victoires. La question du refinancement des soins de santé et de la sécurité sociale est un de ces terrains de lutte sur lequel on doit s’engager activement pour tenter d’obtenir de telles victoires. Pour cela, il sera nécessaire de mobiliser le plus largement possible et d’investir les rues en nombre. Mais il faudra aussi agir par la grève partout où cela sera possible. La santé concerne tout le monde, tant travailleuses et travailleurs du secteur que la population en général.
Construisons un mouvement populaire large pour refinancer nos soins, améliorer les conditions de travail et offrir des soins de santé de qualité pour toutes et tous ! Arrachons des victoires qui peuvent redonner confiance à l’ensemble de notre camp ! Mobilisons tous ensemble la manifestation de La santé en lutte du 13 septembre !
Le bourgmestre de Bruxelles Philippe Close (PS) voulait interdire la manifestation de la santé du 13 septembre. Une lettre ouverte de 600 prestataires de soins a demandé la levée de cette interdiction en affirmant que la manifestation elle-même est une question de santé publique ! Cette manifestation aura bien lieu. Participez-y et mobilisez vos collègues. Rendez-vous le 13 septembre à 13h au Mont des Arts (près de la Gare Centrale) à Bruxelles.
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Rassemblement du non-marchand pour une revalorisation du secteur
La crise du coronavirus a mis en avant la pénurie et les conditions de travail du secteur non-marchand. Les métiers les plus nécessaires dans la société ne sont pas forcément les mieux rémunérés. Personnel insuffisant, manque de matériel, stress,… ce sont les conditions auxquelles le personnel du non-marchand est confronté chaque jour.Par une infirmière de Delta
On voit depuis des semaines des mobilisations dans les hôpitaux, comme celui de Brugmann ou de Saint-Pierre. Le 18 juin ça a été le tour du Chirec, où plus d’une centaine des travailleurs et travailleuses ont fait un arrêt de travail d’une heure pour revendiquer des meilleurs conditions de travail, une revalorisation des salaires, plus de personnel, plus de matériel, ou même la démission de la ministre De Block.
Mais les mobilisations ne doivent pas s’arrêter là, on doit construire un mouvement autour des revendications offensives et aller à l’encontre de la logique du système capitaliste pour qui les profits comptent plus que la santé.





