Category: Bruxelles

  • Bruxelles : fusillades et trafic de drogues

    L’an dernier, 92 fusillades ont eu lieu à Bruxelles, entrainant la mort de 9 personnes et 48 blessé.e.s. La plupart des incidents étaient liés à la drogue. Après une série de fusillades à Anderlecht, le gouvernement a apporté les réponses classiques : une task force et davantage de policiers. Echouant partout ailleurs, la « guerre contre la drogue » réussira-t-elle à Bruxelles ? Où trouver un début de solution ?

    Une affaire de milliards

    La production de drogues en Amérique latine continue d’augmenter. Ce n’est pas surprenant : en Colombie, un.e agriculteur.trice reçoit environ 720 euros pour un kilogramme de cocaïne. Le gouvernement tente d’encourager les agriculteur.trice.s à se tourner vers le cacao, mais cela ne leur rapporte que 1,9 euro par kilo. La pression exercée sur les agriculteur.trice.s entraîne une augmentation de la production de cocaïne et une déforestation alarmante.

    Cependant, c’est la distribution, tant la vente en gros que la vente finale aux consommateurs, qui génère les plus gros profits. Le criminologue Steven Debbaut (VUB) note que « c’est un marché noir dans lequel beaucoup d’argent est impliqué ». Le marché européen de la cocaïne représenterait à lui seul un chiffre d’affaires annuel de 10,5 milliards d’euros. Cela laisse place à toutes sortes d’organisations criminelles, chacune cherchant à obtenir une part toujours plus importante des profits de la drogue.

    Les dirigeants de ces organisations se protègent. Fin janvier, par exemple, il a été révélé qu’une trentaine de criminels anversois, condamnés ou recherchés, possédaient ensemble plus de 200 propriétés à Dubaï, d’une valeur de plus de 250 millions d’euros. Pour les besognes du trafic et la protection de leurs « propres » débouchés, ils font appel à des jeunes des quartiers populaires séduits par l’argent et le statut.

    Le fait que la mafia de la drogue trouve si facilement du « personnel » en dit long sur la maladie de cette société. Il s’agit souvent de jeunes qui vivent dans des quartiers où ils ne peuvent pas faire grand-chose d’autre que traîner dans des squares. Leur avenir se résume souvent à des flexi-jobs ou à d’autres emplois mal payés qui les condamnent à rester dans le même quartier, ou à être repoussés vers des quartiers moins chers sous la pression de la gentrification. Les politiques actuelles ne feront qu’exacerber cette aliénation. Les plus grandes victimes sont les autres personnes qui habitent ces quartiers et les travailleur.euse.s, comme le personnel soignant (ambulances, services d’incendie…), qui sont de plus en plus souvent agressés lors des interventions.

    Leur seule réponse : la répression

    La seule réponse des autorités consiste invariablement à renforcer la répression ou, faute de moyens, à annoncer davantage de répression. Pendant ce temps, rien n’est fait contre le modèle de profit de l’industrie de la drogue. Les politiques antisociales assurent un apport constant de nouvelles recrues pour les patrons de la mafia. La « guerre contre la drogue » échoue depuis des décennies, depuis que le terme a été popularisé par Nixon en 1971.

    En outre, ces politiciens visent généralement les consommateur.trice.s, du moins celleux qui sont les plus susceptibles d’être marginalisé.e.s. Les problèmes liés aux drogues ne surviennent généralement que lorsqu’il existe d’autres problèmes sous-jacents. L’ouverture d’un nombre suffisant d’espaces de consommation pour protéger les consommateur.trice.s et la décriminalisation des drogues feraient une grande différence. La prévention doit être débarrassée des moralistes. Elle doit fournir des explications solides et scientifiques sur les drogues et offrir aux jeunes la possibilité de résoudre leurs problèmes.

    Il faut investir dans les conditions de vie de la majorité de la population, en particulier dans les quartiers populaires les plus pauvres. Pensez à des salaires décents pour de bons emplois, à davantage de services publics, à des possibilités de loisirs intéressantes, mais aussi à la rénovation des vieux quartiers (de meilleurs logements, abordables, davantage de parcs et de verdure…).

    Dans un système capitaliste où tout tourne autour des profits réalisés légalement et illégalement, la mafia de la drogue peut se développer et terroriser nos quartiers. Pour changer les choses, il ne faut pas compter sur les partis traditionnels ou sur la poursuite des politiques qu’ils mènent depuis des années. Ce qu’il faut, c’est rompre avec les politiques qui détruisent nos communautés. Briser l’énorme machine à fric du trafic de drogue, c’est aller à l’encontre de tout le système capitaliste.

  • CGSP ALR: “Situation de crise au sein des CPAS Bruxellois”

    Communiqué de la CGSP-ALR Bruxelles

    La CGSP-ALR Bruxelles représentant les travailleurs des services sociaux des 19 CPAS souhaite réagir au reportage de l’émission Pano diffusé sur la VRT Één, qui met en lumière une problématique générale existante au sein de la majorité de nos CPAS bruxellois que nous dénonçons depuis plusieurs années déjà en front commun syndical : la surcharge de travail exceptionnelle des assistants sociaux du CPAS, et les conséquences dramatiques notamment liées au désinvestissement total pour ces services d’aide de première ligne. La CGSP avait déjà publiée ces constats en 2021 suite à une enquête auprès des travailleurs sociaux bruxellois.

    Une surcharge de travail insoutenable

    Les assistants sociaux des CPAS bruxellois doivent traiter un nombre de dossiers toujours plus élevé, biensupérieur à la moyenne observée en Flandre ou en Wallonie. Cette situation touche également le personnel administratif qui les soutient, aggravant un climat de travail déjà difficile. Depuis plusieurs années, le sous-financement criant, le manque de personnel et la surcharge de travail
    qui en découle engendre des conséquences alarmantes :

    • Turnover accru : la plupart des assistants sociaux expérimentés quittent les CPAS, laissant un vide en termes de compétences et d’accompagnement pour les nouveaux arrivants. Cette tendance s’amplifie, avec un personnel qui s’épuise rapidement ou tombe malade.
    • Manque de perspectives et mal-être du personnel : l’absence de solutions pour réduire la charge de travail affecte gravement le bien-être du personnel et rend les CPAS incapables de fidéliser des agents compétents sur le long terme. En outre, les délais de traitement des demandes (parfois au-delà des délais légaux) génèrent du mécontentement voire de l’agressivité de la part des usagers, mettant en danger tous les acteurs concernés.
    • Les travailleurs sociaux, débordés, ne sont matériellement tout simplement pas en mesure de respecter en détail toutes les étapes essentielles de l’enquête sociale, ce qui entraîne des erreurs structurelles, notamment causés par une augmentation du travail administratif (ex. PIIS) et la complexification de législation.

    Incompétences et non-action

    Les autorités politiques, à tout les niveaux, ont été informés de cette situation par les organisations syndicales et elles en ont toute conscience depuis des années déjà. Les constats ci-dessus ont été confirmés il y a plus de deux ans déjà lors de plusieurs assemblées générales organisées en front commun syndical avec les travailleurs sociaux des CPAS bruxellois.

    Depuis deux ans, nous avons régulièrement évoqué cette situation extrêmement problématique à tous les niveaux politiques nécessaires, en marge des mouvements d’action et de grève : nous avons rencontré à plusieurs reprises Mme Karine Lalieux (Ministre fédérale sortante de l’Intégration sociale), M. Vervoort (Ministre-Président), M. Clerfayt (Ministre des Pouvoirs locaux sortant) et M. Zian (Président de la Fédération des CPAS bruxellois). Sans oublier les bourgmestres et les présidents de CPAS que nous rencontrons mensuellement en concertation locale. Toutes ces personnes, sans exception, ont soutenu les revendications des travailleurs. Toutefois, les uns après les autres, sans exception, se sont déclarés incompétents et ont renvoyé la balle à un niveau politique inférieur ou supérieur. En bref : tout le monde est d’accord avec nous, mais personne ne se dit être compétent ni vouloir agir.

    Depuis lors, la situation sur le terrain se détériore de jour en jour : des travailleurs démissionnent parce qu’ils ne peuvent plus faire face à la charge de travail, tombent en burnout ou en maladie suite à quoi le travail supplémentaire retombe sur leurs collègues. Le sous-financement a des donc des conséquences négatives sur la santé des travailleurs ! A cela s’ajoute le manque d’investissements financiers (tant régionaux que fédéraux) pendant plus de 15 ans dans les CPAS et les autres pouvoirs locaux bruxellois a comme conséquence que ces métiers ne sont que très peu attractifs, impliquant des difficultés dans le recrutement. Après des années de luttes et de combats, les travailleurs des communes et des CPAS ont obtenu, en 2021, des maigres valorisations barémiques, très insuffisantes pour compenser les deux dernières décennies de sous-investissement complets dans les institutions locales.

    Enfer social pour les travailleurs, paradis fiscal pour les riches !

    Entretemps, la situation ne ferait que s’aggraver : sous prétexte de devoir rembourser la dette publique belge, la limitation dans le temps des allocations de chômage est prévue par le futur gouvernement de droite. Les CPAS bruxellois estiment que près de 30.000 exclus du chômage pourront potentiellement demander une aide sociale supplémentaire les deux années à venir. Résultat : des milliers de dossiers supplémentaires, avec encore moins de travailleurs sociaux pour les gérer. Les victimes demeurent les
    bénéficiaires et les travailleurs.

    La CGSP ALR refuse d’accepter que certains utilisent cette situation de crise pour imposer leur propre agenda politique en attaquant les CPAS – patrimoine de ceux qui en n’ont pas -, les travailleurs sociaux et en présentant les personnes les plus précarisées comme des « profiteurs ». Exclure un chômeur n’a jamais enrichi aucun travailleur, au contraire, ne l’oublions pas !

    La réalité dans les CPAS bruxellois est donc connue mais provient de choix politiques dont les enjeux sont la justice sociale et fiscale : alors que la réelle fraude sociale en Belgique équivaut à près de 350 millions € par an, la fraude fiscale, elle, monte à 30 milliards € par an (sans parler de l’évasion fiscale de près de 400 milliards € par an). On comprend aisément dès lors que l’objectif réel des politiques de droite n’est pas de chercher l’argent là où il est (dans la récupération fiscale auprès des grandes entreprises par ex) mais de désinvestir les services publics, précariser ses travailleurs et ses usagers, dégrader les conditions de travail, détricoter la sécurité sociale… de manière à faire pression pour diminuer les salaires et ainsi augmenter les profits de la classe patronale. Les politiques d’austérité budgétaire passées et à venir vont contre les intérêts des travailleurs, asphyxient nos CPAS et les services publics (volontairement délaissés en vue de privatisations futures) et instituent une véritable « chasse aux pauvres ».

    Nos revendications : refinancement pérenne et amélioration des conditions de travail

    Face à cette situation intenable, nous réitérons les nombreuses demandes émises à tous les niveaux politiques par le front commun syndical depuis plusieurs années déjà. Il y a urgence !

    • La mise en place de la réduction collective du temps de travail à 30h/sem en 4 jours
    • Le refinancement pérenne des CPAS par les instances régionales et fédérales
    • Le renforcement des équipes pour réduire la charge de travail afin d’améliorer la qualité du service et le bien-être des travailleurs ainsi que l’engagement de travailleurs dans les services de support (administratifs dédiés, RH, informatique…)
    • Simplifier et harmoniser les réglementations issues de différents pouvoirs qui régissent le fonctionnement des CPAS ainsi que les législations sur le DIS (supprimer l’obligation des PIIS).
    • Le remboursement du RIS à 100% par le fédéral
    • Revalorisation des fonctions et des salaires dans les pouvoirs locaux bruxellois
    • La statutarisation des travailleurs afin de garantir aux citoyens l’équité et la neutralité du service
  • Commune Colère : assemblée de lutte contre la boucherie sociale annoncée

    “Pour ceux qui travaillent, il y aura plus de (salaire) net, mais pour le reste, ce ne sont que des réformes dans la sécurité sociale qui sont désagréables. Et il faudra continuer à pédaler en côte durant dix ans. Ça demande du courage.” Voici comment Bart De Wever annonce la reprise des négociations fédérales. Ce sera l’austérité à tous les étages et pour longtemps. La « supernota » qui a fuité dans la presse annonce par ailleurs le menu : allongement et déstructuration du temps de travail, généralisation des contrats “zéro heures” et des sous-statuts d’emploi, attaques sur l’index et sur le salaire brut, durcissement des emplois de fin de carrière, saccage des services publics et non marchands, privatisations, chasse aux malades, exclusion des allocations de chômage, recul voire abandon de la lutte contre le réchauffement climatique,… La liste des horreurs est longue.

    Appel de Commune Colère

    Avec les gouvernements les plus à droite que la Belgique ait connu depuis longtemps, patrons et actionnaires ne s’y sont pas trompés : c’est l’occasion rêvée de démanteler tout ce qui les empêche de faire payer la faillite de l’économie néolibérale aux travailleur.euse.s. Cette montée en puissance s’appuie aussi sur une attitude toujours plus conservatrice et autoritaire. Il faut s’attendre aussi à des attaques sur les droits syndicaux et le droit de manifester ou de faire grève. Sans oublier que derrière la violence d’État, les divisions semées par la droite et le désespoir politique et social se cache la montée d’idées et d’organisations d’extrême droite toujours plus fortes, toujours plus normalisées, en particulier par l’axe MR-NVA. Ces gouvernements nous mènent à la guerre. Leur complicité dans le génocide commis par Israel en Palestine est insupportable.

    Face à ce rouleau compresseur, pour certains c’est l’incrédulité, pour d’autres une forme de résignation devant la pénétration des propositions de droite parmi les travailleurs. Pourtant la meilleure façon de contrer cette dernière, c’est en se mettant en ordre de bataille ! Il faut apprendre des batailles précédentes, et en particulier du mouvement de 2014, mais il nous semble impossible de ne pas se préparer à résister à cette offensive sans précédent. Il y a urgence! Mettons-nous autour de la table pour identifier les bonnes pistes, se coordonner et renforcer les actions de nos organisations syndicales. Les liens avec toutes les composantes du mouvement social seront essentiels pour battre le gouvernement des patrons!

    Travailleur.euse.s, délégué.e.s syndicaux, militant.e.s féministes, antiracistes, associatives, écologistes, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers,… ces gouvernements nous attaquent tou.te.s, répondons en construisant la résistance.

    Nous appelons donc à une assemblée de lutte contre la boucherie sociale annoncée. Rdv le 26 novembre 2024 à 18h30 au DK, Rue du Danemark 70b 1060 Saint-Gilles.

  • BXL. 1er MAI DE LUTTE 2023 : Pour la réduction collective du temps de travail !

    Nous appelons les travailleurs.ses, leurs organisations syndicales et les mouvements sociaux à faire front et à être en lutte dans la rue le 1er mai 2023.

    Renversons le rapport de force, manifestons dans l’unité la plus large pour défendre les conquêtes sociales du mouvement ouvrier, nos droits et libertés mais surtout pour en conquérir de nouveaux !

    Rendez-vous à 11h à la Place Poelaert à Bruxelles !

    Premiers signataires :

    • CGSP ALR Bruxelles
    • CSC Bruxelles
    • Union syndicale étudiante
    • MOC Bruxelles
    • Fédération bruxelloise du Parti communiste
    • PSL-LSP
    • Campagne ROSA
    • Gauche anticapitaliste / SAP – Antikapitalisten
    • Comite Internacional Peruano CIP-ASBL

    Si vous souhaitez signer l’appel et mobiliser à nos côtés pour cette manifestation unitaire, envoyez nous un email à premiermaidelutte@gmail.com

    Appel : Pour la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires : construisons un premier mai de lutte !

    Le XIXe siècle ainsi que le XXe siècle ont été jalonnés par des luttes continues pour :

    • l’interdiction du travail des enfants,
    • pour une réduction du temps de travail,
    • pour des conditions de travail décentes,
    • pour la création d’une Sécurité Sociale,

    Bref, pour une vie digne d’être vécue.

    C’est dans ce contexte que le 1er mai 1886, les travailleurs américains se levaient pour réclamer la journée de huit heures et plus de justice sociale. Le 1er mai est, depuis lors, une journée de référence pour les luttes et les revendications des travailleur.euse.s du monde entier.

    Aujourd’hui, après 40 ans d’offensive néolibérale, la FEB et certains partis politiques s’acharnent avec toujours plus de vigueur à l’anéantissement de nos conquêtes sociales jusqu’à, entre autres, avoir porté l’âge de la pension à 67 ans alors que l’espérance de vie en bonne santé était estimée en 2020 à 64 ans pour les femmes et 63 ans pour les hommes ! Leur stratégie de maximalisation des profits à outrance, qui détruit notre sécurité sociale et privatise nos services publics, est un désastre pour le monde du travail et notre environnement.

    Les richesses produites par les travailleurs sont ainsi accaparées par les 1% les plus riches, avec comme principale conséquence une explosion des inégalités. La catastrophe écologique empire, les salaires ne permettent plus une vie digne, la pauvreté se renforce dans nos villes et campagnes et les spéculateurs spéculent : explosion des prix de l’énergie et des loyers, augmentation des prix de notre alimentation, inflation du prix de l’eau, …

    Le 1er mai 2023 nous vous appelons toutes et tous à crier votre révolte collectivement dans la rue.

    C’est uni.es que nous sommes fort.es. !

    Pourquoi remettre à l’ordre du jour la Réduction Collective du Temps de Travail ?
    La diminution du temps de travail tout en maintenant le salaire et en engageant du personnel n’est pas une utopie mais une démarche logique et légitime qui s’inscrit parfaitement dans la continuité des luttes menées depuis 150 ans ainsi que dans la prise en compte du défi climatique qui implique de diminuer la production et les déplacements.

    La Réduction Collective du Temps de Travail permet une répartition des richesses via une embauche compensatoire impliquant une diminution du nombre de chômeurs.ses et via une augmentation de salaire pour les travailleur.euse.s -dont 80% de femmes- contraint.e.s au temps partiel qui les maintient dans la précarité.

    La Réduction Collective du Temps de Travail permet de lutter contre les burnouts, les dépressions, malaises au travail et la pression accrue sur les travailleurs.ses. La Réduction Collective du Temps de Travail permet la diminution du stress, de la fatigue et des maladies pour les travailleurs.ses.

    La Réduction collective du temps de travail sans perte de salaire avec embauche compensatoire est une manière très concrète de freiner la logique mortifère du tout au profit et de diminuer l’emprise du travail capitaliste sur nos vies. Dans la période de gain en productivité qu’est la nôtre, cette logique conduirait à un accroissement sans fin de la production : plus d’extraction des matières premières et plus de pollution. Mais avec un meilleur partage de l’emploi, nous, travailleurs∙ses, gagneront du temps pour des activités moins hostiles à l’environnement et favorables à la vie bonne.

    La réduction collective du temps de travail n’a cependant rien à voir avec la « semaine de 4 jours » ou la « régime hebdomadaire alterné » vantés par la Vivaldi qui permettent une flexibilité surtout avantageuse pour les employeurs. Ces mesures impliquent en réalité une intensification du temps de travail, avec le même salaire et autant d’heures hebdomadaires condensées sur de longues journées. De plus, elles ne sont accessibles qu’aux travailleur.euse.s qui ont la possibilité de la négocier individuellement face à leur employeur, ce qui est difficilement le cas dans les secteurs plus précaires et à faible représentation syndicale. Sans aucune gêne, le gouvernement a l’arrogance de promouvoir ces mesures au nom d’une soi-disant « conciliation vie privée-vie professionnelle » alors que, dans le même temps, il rabote les congés thématiques qui sont pourtant loin d’être la panacée puisqu’ils impliquent une perte de salaire et sont conditionnés à des critères d’accès restrictifs.

    A l’opposé de la dynamique patronale et gouvernementale, la Réduction collective du temps de travail renoue avec les luttes ouvrières en revendiquant, comme l’ont fait les générations précédentes, du temps de loisirs, de repos, de vie de qualité.

    Nous appelons les travailleurs.ses, leurs organisations syndicales et les mouvements sociaux à faire front et à être en lutte dans la rue le 1er mai 2023. Renversons le rapport de force, manifestons dans l’unité la plus large pour défendre les conquêtes sociales du mouvement ouvrier, nos droits et libertés mais surtout pour en conquérir de nouveaux !

    Rendez-vous à 11h à la Place Poelaert à Bruxelles !

    Nos revendications :

    • Face au chômage et aux burnouts, réduction Collective du Temps de Travail, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    • Stop à la vie chère : blocage des prix, maintien de l’Index et socialisation du secteur de l’énergie !
    • Abrogation de la loi de 96 qui bloque les salaires et empêche toute négociation.
    • De l’argent il y en a : pour un salaire minimum de 14€ net/h, une augmentation de la pension minimum quelle que soit la durée de la carrière et une hausse des allocations sociales !
    • Non à la pension à 67 ans, retour à 65 ans !
    • Pour le maintien des droits sociaux, Non à la chasse aux allocataires sociaux !
    • Stop aux violences faites aux femmes et aux personnes LGBTQIA+ !
    • Stop au racisme, à la répression, aux discriminations à l’embauche, au logement et dans le système scolaire !
    • Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleur.euse.s : régularisation de tou.te.s les travailleur.euse.s sans-papiers !
    • De l’argent pour la Sécurité Sociale, la transition écologique et la culture, pas pour l’armement et la guerre !
    • Un toit c’est un droit : baisse et blocage des prix des loyers, des investissements massifs dans le logement social, pour la réquisition des logements vides et la lutte contre les marchands de sommeil !
    • Défense des Services Publics : c’est le patrimoine de celles et ceux qui n’en ont pas !
    • Pour un Enseignement public, gratuit, critique et accessible à toutes et tous !
    • Pour des soins de qualité accessibles à toutes et tous. Levée des brevets sur les vaccins et sur la production pharmaceutique dans son ensemble !
    • Solidarité avec les peuples en lutte pour leurs droits sociaux et démocratiques partout dans le monde !
  • Bruxelles. 1er mai de lutte 2022 contre les désastres capitalistes !

    Contre les désastres capitalistes : Premier mai de lutte internationaliste !

    Le Premier mai est depuis 1886 une journée de référence pour les combats des travailleur.se.s du monde entier. En 2022, notre camp social fait face aux multiples crises du capitalisme. Alors que la pandémie n’est pas encore terminée, que la catastrophe écologique empire et se fait sentir dans nos pays, c’est la guerre impérialiste de Poutine qui vient provoquer un nouveau choc mondial, sur lequel se gavent les spéculateurs : prix de l’énergie, armement, matières premières telles que le blé s’envolent, pour le plus grand plaisir des actionnaires. Dans nos organisations et mouvements, la pandémie a bousculé les pratiques militantes, mais notre colère et notre soif de justice sociale, elles, sont intactes. Nous appelons à être présent.e.s dans la rue en ce Premier mai 2022 pour le rappeler, de façon unitaire et combative.

    Le capitalisme nuit gravement à la santé.

    Deux ans après le début de la pandémie, la précarité a augmenté. Les sans-papiers se sont heurtés au cynisme de la Vivaldi qui n’a même pas daigné respecter sa parole en donnant des papiers aux grévistes de la faim de l’été 2021. Tandis que de nombreux secteurs ont pu accumuler des gigantesques profits et que le nombre de multimillionnaires a fortement augmenté, le patronat et la Vivaldi ont bloqué la hausse, hors indexation, des salaires à 0,4% pour 2021-2022. La FEB en veut plus et met la pression pour s’attaquer plus encore à l’indexation automatique des salaires, alors que le coût de la vie explose. « C’est la crise, braves gens », osent-ils ! La crise pour qui ? Par pour les capitalistes ! La classe travailleuse a vu le salaire minimum réel baisser depuis 1996 !

    Les contraintes ont encore été nombreuses jusqu’à présent pour nos vies, dans le but d’empêcher l’implosion à court terme des hôpitaux et/ou l’absentéisme de masse dans les entreprises… mais elles n’ont pas empêché la mort de plus de 30.000 personnes des suites du Covid. Dans les entreprises, on a trop souvent constaté le laxisme patronal sur les mesures de protection. Cette année, 212 travailleur.se.s de la STIB luttent encore au tribunal contre leur employeur et pour le droit de retrait. Pendant ce temps, l’isolement social s’aggrave.

    La production et la distribution de vaccins et remèdes sont une autre facette de la gabegie capitaliste : concurrence entre groupes pharmaceutiques, dans la recherche, le brevetage des produits et des processus, distribution inégale des vaccins à l’échelle mondiale, laissant les pays du Sud globalement sur le carreau… Le secteur reste guidé par le profit, même quand les mort.e.s se comptent par millions. Les besoins sociaux nécessitent de lever les brevets sur les vaccins et le contrôle public du secteur, contre le chaos du marché prôné par les dirigeant.e.s européen.ne.s, pour produire et distribuer massivement les vaccins et remèdes à travers le monde.

    La gestion libérale et autoritaire a délégitimé la politique sanitaire, installant la méfiance vis-à-vis de cette gestion et offrant un terreau fertile pour des récits de déni, individualistes, voire complotistes, ce qui a parfois installé des divisions entre des personnes pourtant du même camp social.

    Les femmes et les soins toujours en première ligne

    Les femmes sont majoritaires parmi les travailleuses des métiers essentiels (soins, enseignement, grande distribution…), elles sont aussi les premières à avoir fait les frais de la crise : bas salaires, chômage, risque sanitaire… Ce sont elles aussi qui ont dû effectuer la majeure partie du travail du soin et jongler entre tâches ménagères et travail salarié. Et les violences contre les femmes ont été aggravées avec les confinements. Les enseignant.e.s et élèves n’ont, de leur côté, jamais reçu les moyens suffisants pour un travail sûr en présentiel ni pour s’adapter au distanciel ! Les systèmes de santé sont sous pression extrême et les travailleur.se.s sont à bout de souffle, malgré des budgets supplémentaires gagnés par les luttes, mais encore loin des besoins.

    La crise a mis les femmes en première ligne : travailleuses des métiers essentiels (santé, enseignement, grande distribution), elles sont aussi les premières à faire les frais de la crise. Bas salaires, chômage, risque sanitaire. Avec le confinement, elles sont d’autant plus touchées par les violences conjugales. Ce sont elles aussi qui ont dû effectuer la majeure partie du travail du soin et jongler entre tâches ménagères et travail salarié. La crise met en avant la situation terriblement inégale des femmes dans nos sociétés.

    Notre seule boussole : la lutte collective.

    Les mouvements sociaux ont continué, malgré des conditions très difficiles, des restrictions sur les libertés et le danger sanitaire. Les sans-papiers luttent inlassablement pour leur survie et leur dignité, pour la régularisation ainsi que, avec d’autres, pour le droit au logement. Le mouvement féministe a continué à mobiliser autour du 8 mars et tout au long de l’année écoulée. Le mouvement contre les violences policières et contre le racisme structurel également. Le mouvement syndical et ouvrier se mobilise contre la vie chère et le blocage des salaires et doit reprendre le chemin des luttes et alliances entre autres contre le dérèglement climatique.

    Le front commun donne déjà rendez-vous le 22 avril et le 20 juin. Dans les entreprises, la colère monte. Le secteur des titres-services, notamment, mène un plan d’actions continu pour une vraie hausse des salaires et l’amélioration des conditions de travail. Les enseignant.e.s aussi restent en action pour arracher de vrais progrès sociaux à la ministre Désir (PS). Enfin, le mouvement contre la guerre de Poutine en Ukraine se construit : nous devons tou.te.s contribuer à son développement !

    Nous appelons les travailleur.se.s, leurs organisations syndicales et les mouvements sociaux à faire front et à être en lutte dans la rue en ce Premier mai 2022 contre ce capitalisme mortifère.

    Rendez-vous à 11h Place Poelaert le Premier Mai pour battre le pavé des rues de Bruxelles !

    ➡ Stop à la vie chère : contrôle des prix, nationalisation du secteur énergétique et indexation complète des salaires incluant le prix du carburant !
    ➡ Pour un plan d’action combatif face aux crises capitalistes !
    ➡ Face au chômage, réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    ➡ De l’argent il y en a : pour un salaire minimum de 14€ net/h, la pension à 1500€ net minimum, et la hausse des allocations sociales ! Non à la chasse aux allocataires sociaux !
    ➡ Stop au sexisme : des moyens massifs pour la lutte contre les violences faites aux femmes !
    ➡ Stop au racisme, à la répression, aux discriminations à l’embauche, au logement et dans le système scolaire !
    ➡ Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs/travailleuses : régularisation de tou.te.s les sans-papiers !
    ➡ Accueil digne et inconditionnel de tou.te.s les réfugié.e.s : d’Ukraine comme d’ailleurs !
    ➡ Non à l’agression impérialiste de Poutine et son armée en Ukraine, retrait total des troupes russes, pas d’illusions dans l’OTAN, annulation de la dette de l’Ukraine !
    ➡ Sanctionnons les milliardaires de Russie, pas les travailleur.euse.s, impôt de crise sur les grandes fortunes de Belgique !
    ➡ De l’argent pour les salaires, la sécurité sociale, la transition écologique et la culture, pas pour l’armement !
    ➡ Un toit c’est un droit : baisse des loyers, des investissements massifs dans le logement social, pour la réquisition des logements vides et la lutte contre les marchands de sommeil !
    ➡ Défense des services publics, le patrimoine de ceux qui n’en ont pas : refinancement et renationalisation !
    ➡ Pour un enseignement public, gratuit, critique et accessible à toutes et tous !
    ➡ Pour des soins de qualité accessibles à toutes et tous. Levée des brevets sur les vaccins et sur la production pharmaceutique dans son ensemble !

    A l’initiative de la CGSP Administrations locales et régionales Bruxelles. Premiers signataires de l’appel : FGTB Bruxelles, CGSP ALR Bruxelles, CSC Bruxelles, MOC Bruxelles, Le collectif afghans, La coordination des personnes sans-papiers de Belgique, PSL-LSP, LEF-FGE, Grec.ques solidaires de Belgique, Gauche Anticapitaliste.

    ➡ Vous souhaitez signer l’appel, contactez-nous sur premiermaidelutte@gmail.com

    #1ermaidelutte2022

  • Bruxelles. Appel pour un Premier mai de lutte

    Signataires de l’appel : CGSP ALR Bruxelles, FGTB Bruxelles, CGSP AMIO IRB, Actrices et Acteurs des temps présents, La coordination des sans-papiers de Belgique, L’Union des Sans-Papiers pour la Régularisation, Le Théâtre National occupé et ouvert, Gauche anticapitaliste, Féminisme Yeah!, INTAL, PSL-LSP, Campagne Rosa, Savoir Pourquoi asbl, Coalition KAYA, Révolution / Vonk, Links Ecolologisch Forum (LEF) – Forum Gauche Ecologie (FGE), Grec.ques solidaires de Belgique, « Tout Autre Chose-Ath-Pays vert et Pays des Collines », POUR.PRESS, PCB-CPB, Gresea, CLP-KVD, CADTM, Équipes populaires Bruxelles, Comité des Travailleur.se.s sans-emploi de la CSC Bruxelles

    • Vous souhaitez signer l’appel, contactez-nous sur premiermaidelutte@gmail.com
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    Le premier mai est depuis 1886 une journée de référence internationale pour les combats des travailleuses et travailleurs, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers,… La pandémie bouscule nos pratiques militantes, mais les raisons de notre colère sont plus valables que jamais : nous appelons à être présent.e.s dans l’espace public ce premier mai 2021 pour le rappeler, de façon unitaire et combative.

    Chômage et précarité en hausse, avarice capitaliste

    Un an après le début de la pandémie, la précarité a augmenté avec la mise en chômage temporaire à une échelle de masse, avec des indemnités insuffisantes pour s’en sortir. Des pans entiers de la classe travailleuse et de la jeunesse se retrouvent sans revenus avec la fermeture de l’Horeca, l’évènementiel et la culture notamment, pendant de très longs mois. Les sans-papiers se retrouvent plus que jamais sans ressources et vulnérables face à la présence policière. Alors que des secteurs entiers s’écroulent, d’autres tournent à plein régime. La pharmaceutique, la logistique et la grande distribution par exemple. Pourtant, le patronat tente de bloquer la hausse hors indexation des salaires à 0,4% pour 2021-2022. « C’est la crise, braves gens », osent-ils ! Pourtant, de l’argent, il y en a : 17 des 20 plus grandes entreprises côtées à la Bourse de Bruxelles ont distribué des dividendes en 2020 pour un total de 5 milliards d’euros ! Le salaire annuel des dirigeants du BEL 20 a augmenté de 50% entre 2014 et 2019. Notre classe, la classe travailleuse, a vu le salaire minimum réel (en prenant en compte la hausse des prix) baisser depuis 1996 !

    Une gestion autoritaire de la crise sanitaire qui crée la détresse sociale

    Si la nécessité de mesures de prévention et de protection fortes pour enrayer l’épidémie est évidente, l’incohérence gouvernementale est frappante : à l’absence de contraintes et de sanctions pour les entreprises répond la sévérité face à la jeunesse. Couvre-feu, interdictions de rassemblements, cours en ligne pour les adolescent.e.s et les étudiant.e.s… Du côté des travailleur.se.s, la mise en place du télétravail a conduit à des abus patronaux en termes de contrôle et d’incursion dans la vie privée, de temps de travail ou de disponibilité. Depuis un an, la violence d’Etat, sous prétexte des mesures sanitaires, s’aggrave au quotidien. Plusieurs personnes l’ont payée de leur vie, la présence policière visant particulièrement les personnes issues des quartiers populaires, racisées et jeunes. Plutôt que d’assurer un revenu et un logement décents pour tou.te.s, l’Etat a choisi de s’attaquer aux plus précarisé.e.s d’entre nous. L’isolement social s’aggrave, il ne nous reste qu’à produire et à consommer. Et il est difficile pour une caissière de supermarché qui voit 800 client.e.s sur une même journée de travail d’accepter une « bulle sociale de 1 personne ». Résultat de cette gestion libérale et autoritaire : une délégitimation grandissante de la politique sanitaire dans son ensemble et un terreau fertile pour des récits individualistes (« moi, je veux profiter, les fragiles n’ont qu’à s’isoler»), de déni (« le virus n’existe pas » ou « n’est rien d’autre qu’une grippe »), voire complotistes (« le plan d’un nouvel ordre mondial », etc.).

    Les femmes et les soins en première ligne

    La crise a mis les femmes en première ligne : travailleuses des métiers essentiels (santé, enseignement, grande distribution), elles sont aussi les premières à faire les frais de la crise. Bas salaires, chômage, risque sanitaire. Avec le confinement, elles sont d’autant plus touchées par les violences conjugales. Ce sont elles aussi qui ont dû effectuer la majeure partie du travail du soin et jongler entre tâches ménagères et travail salarié. La crise met en avant la situation terriblement inégale des femmes dans nos sociétés.

    Le capitalisme nuit gravement à la santé : des secteurs non-essentiels ne sont jamais fermés, l’économie doit tourner à tout prix, tant pis pour les nombreux foyers de contamination. Au plus fort de la première vague, les travailleur.se.s travaillaient sans masques, en pénurie de gel hydroalcoolique. Aujourd’hui encore dans de trop nombreux secteurs et de trop nombreuses entreprises, le patronat rechigne impunément à assurer les conditions matérielles de respect des mesures pour les travailleur.se.s. Les enseignant.e.s et élèves n’ont jamais reçu les moyens suffisants pour un travail sûr en présentiel ni pour s’adapter au distanciel ! La production et la distribution de vaccins sont une autre facette de la gabegie capitaliste : concurrence entre groupes pharmaceutiques, dans la recherche, le brevetage des produits et des processus, production industrielle en-deçà des capacités, distribution totalement inégale des vaccins à l’échelle mondiale, laissant les pays du Sud global sur le carreau… Le secteur reste guidé par le profit, même quand les mort.e.s se comptent par millions. Les besoins sociaux nécessitent de lever les brevets sur les vaccins – dont la recherche est très largement financée par de l’argent public – et de mettre tout en œuvre, y compris le contrôle public du secteur, pour les produire et les distribuer massivement à travers le monde. Nos gouvernements et les dirigeants de l’Union européenne préfèrent s’en remettre au chaos du marché.

    Les mouvements sociaux résistent

    Les mouvements sociaux ont continué, malgré des conditions très difficiles et des restrictions inouïes sur les libertés démocratiques (de se réunir, s’organiser, s’exprimer, se rassembler dans l’espace public), sans compter l’épidémie elle-même qui a déjà coûté la vie à de nombreuses travailleur.se.s et précaires. Les sans-papiers ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme, dès le début de la première vague, pour des raisons de survie immédiate. Récemment, de nouveaux collectifs et de nouvelles occupations ont démarré, pour la régularisation ainsi que pour le droit au logement. Le mouvement féministe a continué à mobiliser autour du 8 mars et tout au long de l’année écoulée, contre les violences sexistes, en particulier les violences conjugales, mais aussi pour le droit à l’IVG. Le mouvement contre les violences policières et contre le racisme structurel a manifesté malgré les intimidations et la répression. Le mouvement syndical et ouvrier est reparti en action et en grève pour refuser l’avarice patronale et réclamer de véritables hausses de salaires pour tou.te.s, ainsi que le droit de retrait (STIB). Les travailleur.se.s des arts et de la culture occupent Théâtre national et à la Monnaie. Les syndicats de la santé et la Santé en lutte ont continué leur travail de longue haleine face à l’incurie gouvernementale. La jeunesse étudiante a également commencé à se rassembler pour offrir une perspective concrète et solidaire face à la détresse de milliers de jeunes.

    Nous appelons donc les travailleur.se.s, leurs organisations syndicales et les mouvements sociaux à faire front et à être en lutte dans l’espace public en ce Premier mai 2021.

    Retrouvons-nous à 10h30, dans le respect des mesures sanitaires, à la place De Brouckère, lieu symbolique d’une ville dévouée au commerce, à deux pas des occupations de la Monnaie, du Théâtre national et du Béguinage ‼

    • Face au chômage massif, réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    • Stop à la précarisation des jeunes et à la chasse aux chômeur.se.s !
    • Pour un enseignement public, gratuit, critique et accessible à toutes et tous !
    • De l’argent il y en a, augmentation des salaires ! Pour un salaire minimum de 14€ par heure !
    • Des pensions légales dignes pour tous : une pension de 1500€ net minimum !
    • Stop au sexisme : des moyens pour la lutte contre les violences faites aux femmes !
    • Stop au racisme, aux discriminations à l’embauche, au logement et dans le système scolaire !
    • Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs/travailleuses : régularisation de tou.te.s les travailleuses/ travailleurs sans papiers !
    •  Défense des Services publics, le patrimoine de ceux qui n’en ont pas : refinancement et renationalisation !
    • Si l’environnement était une banque, il serait déjà sauvé ! Investissements massifs pour une véritable transition écologique !
    • Stop à la criminalisation des mouvements sociaux !
    • Pour des soins de qualité accessibles à toutes et tous. Levée des brevets sur les vaccins et sur la production pharmaceutique dans son ensemble !
    • Des moyens pour une culture accessible, en toute sécurité, à toutes et tous !
  • Occupation du Théâtre national : la culture et les arts sont essentiels !

    Une vague d’occupations a commencé au début du mois de mars avec l’occupation du théâtre l’Odéon à Paris. Elles s’est répandue par la suite vers 70 lieux culturels en France. La Belgique n’a pas tardé à suivre. Le Théâtre National à Bruxelles a été occupé le 19 mars à 16h par des travailleurs du secteur culturel. Au même moment, le comité de concertation reportait une fois de plus le plan « plein air », qui prévoyait des rassemblements de 50 personnes en extérieur dans le cadre d’événements culturels. L’occupation, avec le soutien du directeur du théâtre Fabrice Murgia, est là pour durer.

    Par Marisa (Bruxelles)

    La pandémie a mis en évidence que la culture et les arts sont essentiels pour l’expérience humaine. Le confinement aurait était mille fois pire sans y avoir accès via internet. Mais depuis plus d’un an, les travailleurs et travailleuses du secteur sont privés de leurs lieux de travail, de leurs rémunérations et de leurs perspectives d’avenir. Si la précarité et l’insécurité d’emploi étaient déjà les traits dominants du secteur avant la pandémie, maintenant la situation est catastrophique. En juin 2020, le secteur culturel connaissait un déficit d’activités de 22% et comptait 24% de salariés en moins par rapport à juin 2019. D’autre part, le nombre d’heures prestées a baissé de 43% en mai(1). Ces chiffres ne concernent que les salariés, sans compter tous les indépendants. Ils donnent une idée de l’ampleur des ravages.

    Parmi les nombreuses personnes qui se trouvent sans emploi, certaines disposent du statut d’artiste, certaines ont droit au chômage, certaines peuvent accéder au CPAS et certaines ne touchent rien du tout depuis le début du confinement. Des initiatives de solidarité financière entre artistes comme « SOS relief » ont été mises en place. Ceux qui ont plus des moyens partagent ce qu’ils peuvent avec ceux qui se trouvent dans le besoin. C’est un bel exemple de solidarité. Mais il expose aussi ce système cruel et incapable de répondre aux besoins de la population.

    La colère s’accumule depuis un moment et le temps de passer à l’action est arrivé. Avant l’été, des actions des travailleurs culturels ont finalement permis de débloquer quelques mesures d’aide au secteur. Ces mesures sont toutefois bien maigres. Elles n’ont pas fondamentalement amélioré les conditions de vie des gens. Seule la lutte et la construction d’un rapport de forces permet d’obtenir des victoires.

    L’occupation actuelle du Théâtre national est un acte de protestation contre la situation de précarité et de pauvreté dans laquelle se trouvent les travailleurs des arts et de la culture. C’est aussi un expression du ras-le-bol envers la honteuse gestion de la crise sanitaire par le gouvernement, l’imposition autoritaire et arbitraire de règles sans explication et le manque d’écoute face aux demandes du secteur.

    Très vite, des groupes de travail se sont mis en place pour gérer la communication, la logistique, les actions et les revendications de l’occupation. Chaque soir, les groupes de travail présentent leurs propositions dans l’assemblée générale où les décisions sont prises. Une garderie autogérée accueille les enfants pour permettre aux parents d’y participer pleinement. Une vingtaine des personnes dorment sur place chaque jour, mais pendant la journée les portes sont ouvertes de 9h à 20h à toutes les personnes qui veulent démontrer leur soutien et participer aux activités du théâtre occupé. Leur but est de tenir jusqu’à leurs demandes soient écoutées.

    Des liens ont commencé à être tissés avec d’autres mouvements. Le soutien mutuel entre le mouvement des sans-papiers et le mouvement d’occupation du Théâtre était par exemple évident lors de la journée internationale de lutte contre le racisme du 21 mars. Une action en soutien à la régularisation pour toutes et tous a eu lieu devant l’église du Béguinage, endroit où les sans papiers détiennent une de leurs occupations à Bruxelles. La solidarité envers d’autres secteurs, comme ceux de la santé, de l’horeca ou de la jeunesse se développe également.

    Une des revendications mises en avant par la presse concernant l’occupation du Théâtre national est la réouverture des lieux culturels. Mais en réalité, l’ajout d’autres revendications à celle-ci a été un des sujets les plus discutés aux Assemblées générales, assemblées par ailleurs marquées par un sentiment anticapitaliste généralisé. Finalement, trois revendications principales ont été décidées :

    • l’indemnisation immédiate de tou.te.s les travailleur.euse.s avec et sans statut, de toutes les structures subsidiées ou non, dans toute la Belgique,
    • la régularisation des personnes sans-papiers avec des critères clairs et permanents et une commission indépendante,
    • la répartition équitable des mesures sanitaires sur l’ensemble des secteurs permettant la réouverture des lieux de sociabilité et de culture et ce dans des conditions d’emploi de nos travailleur.euse.s dignes et légales.

    Ces revendications tiennent compte du fait que la troisième vague du Covid est devant nous et que la réouverture doit se dérouler dans les meilleures conditions sanitaires possibles. Pour que le public ne subisse pas de risque, il faut un investissement massif dans le matériel sanitaire, l’aménagement des lieux culturels, les tests Covid rapides, et surtout dans une campagne de vaccination ambitieuse.

    Notre santé n’est pas une priorité pour les multinationales du secteur pharmaceutique et la campagne de vaccination se plie à leurs désirs. Nous sommes en pénurie de vaccins alors que les moyens existent pour en produire en suffisance. Il est évident que le vaccin devrait être un bien public. Sa production et distribution devraient être retirées des mains du privé par la nationalisation sous contrôle et gestion de la collectivité du secteur pharmaceutique.

    Au même temps, la galère financière dans le secteur culturel est bien réelle et pose des problèmes urgents. Les aides ponctuelles ne sont pas suffisantes. Un autre mouvement du secteur culturel, Still Standing, demande des indemnités de chômage temporaire pour cause de crise du Covid-19 et le maintien du statut d’artiste. Nous soutenons certainement cela. Ce n’est pas aux artistes de se payer les uns aux autres : la sécurité sociale doit être renforcée. Il faut une prolongation et l’accessibilité au droit de statut d’artiste et une garantie de revenus pour tous les ménages. Mais la sécurité sociale, comme les services publics, a subi un démantèlement acharné pendant des décennies et cela signifie une individualisation des risques sociaux. Nous devons lutter ensemble, tous secteurs confondus, pour récupérer ce qui a été pillé.

    Une autre question se pose, à quoi ressemblera le secteur culturel et artistique après la pandémie ? La partie du secteur qui fonctionne à petite échelle, la partie la plus vulnérable, est confrontée à des fermetures et des faillites. La tendance à la monopolisation s’accélère, les géants culturels détiennent des parties de plus en plus grandes des moyens alloués et la grande majorité des artistes galère de plus en plus à faire reconnaître son travail.
    Le sujet de la rémunération du travail artistique et culturel est extrêmement sensible et important. Nous devons lutter pour des rémunérations correctes, avec de salaires décents, pendant tout le processus de création et pas seulement lors des quelques prestations. En fait, la création d’un solide service public de l’art et de la culture est nécessaire. Cela nécessiterait un plan massif d’investissements publics et permettrait la création d’emplois aux conditions de travail dignes.

    Le système capitaliste est incapable de répondre à ces besoins. Il est incapable de trouver des solutions pour résoudre les crises sanitaire, économique, sociale, écologique… Organisons-nous pour obtenir des améliorations dans l’immédiat, mais discutons aussi de la manière de planifier l’économie démocratiquement pour qu’elle soit au service des besoins de la majorité. C’est ce que nous appelons une alternative socialiste démocratique.

    1) Que pèse vraiment la culture dans l’économie? | L’Echo

  • Taxe kilométrique à Bruxelles : Une écotaxe injuste pour les travailleurs

    La taxe kilométrique « SmartMove » déposée par le gouvernement bruxellois (PS-Ecolo-Défi-OpenVld-Sp.a-Groen) en décembre dernier pour entrer en vigueur en 2022 a fait couler beaucoup d’encre. En l’absence d’alternative crédible à la voiture pour se rendre au travail, la note sera très salée, navetteur ou non : entre 180 et 2.000€ par an selon la FGTB-Bruxelles. Même l’étude commandée par le gouvernement bruxellois parle d’un impact financier négatif pour absolument toutes les catégories.

    Par Boris (Bruxelles)

    SmartMove renoue avec la tradition des écotaxes socialement injustes présentées comme étant progressistes. Elle viserait les plus hauts revenus puisqu’elle revient plus cher pour les grosses cylindrées ? Faux. Cette taxe ne représente pas grand-chose pour les plus riches qui souhaitent se balader en grosse cylindrée ou en voiture de luxe. En réalité, plus les revenus sont faibles, plus cela est proportionnellement douloureux. Quant aux Bruxellois, l’abolition de la taxe de mise en circulation et de la taxe de circulation ne compenseront pas les nouveaux frais. L’autre moitié des travailleurs à Bruxelles, les navetteurs, sera doublement taxée : via leur lieux de travail et via leur domicile.

    SmartMove vise à changer les comportements automobiles de manière à diminuer le nombre de kilomètres parcourus par des véhicules à Bruxelles de 7,7%, dont une diminution de 11% en heure de pointe pour réduire les embouteillages de 30%. Le rapport précise que cette baisse serait principalement réalisée par des Bruxellois et non des navetteurs. Les métros et les trams ne sont-ils pas déjà bondés en heure de pointe ? Des investissements sont prévus à la Stib, mais ils sont largement insuffisants pour répondre aux nouveaux besoins d’un réseau déjà saturé. Pour les navetteurs, aucune alternative crédible en vue non plus. La fin des travaux du RER n’arrivera pas avant 2031. Faute d’investissements publics massifs dans l’infrastructure et le transport public, l’objectif de passer de 20% à 40% de navetteurs utilisant les transports en commun en 2030 est un rêve.

    SmartMove bénéficierait aux Bruxellois les plus pauvres puisqu’ils ne disposent pas d’une voiture et vivent dans les quartiers les plus touchés par la pollution de l’air ? 46% des ménages bruxellois ne disposent d’aucune voiture et ce chiffre grimpe à 68,8% pour les ménages qui ont moins de 1.000€/mois de revenus. L’argument est terriblement cynique au regard de la politique établie, synonyme d’appauvrissement collectif. La pauvreté est la première cause des problèmes de santé, ce qui vient à nouveau d’êtres illustré par le taux de surmortalité face au Covid. La pollution de l’air, un immense problème de santé publique, est causé pour 30% par la circulation automobile. Notre opposition à SmartMove n’implique pas que nous soyons favorables au tout-à-la-voiture, principe autour duquel Bruxelles a été conçue. Il est regrettable que Greenpeace ait défendu dans le mouvement pour le climat une proposition de taxe injuste via un péage urbain à Bruxelles. Cela ne traduisait en rien le sentiment des jeunes dans les grèves scolaires : ils ne défendaient pas un capitalisme vert mais revendiquaient un changement de système : system change not climate change !

    Cette taxe kilométrique permettrait de rapporter 200 millions d’euros supplémentaires au budget annuel de la Région. L’opposition à cette taxe de la part des politiciens flamands et wallons ainsi que des organisations patronales pue l’hypocrisie. Aucun d’eux ne s’oppose en réalité à une nouvelle fiscalité automobile injuste pour les travailleurs. Les organisations patronales veulent un système harmonisé sur l’ensemble du pays et surtout que les employeurs n’en fassent pas les frais. De leur côté, avec le centre de gravité qui a glissé de plus en plus vers les Régions, chaque politicien traditionnel se base sur son propre électorat. L’idée même d’une taxe injuste n’est pas combattue, ce qui pose problème, c’est le glissement d’une partie de la fiscalité automobile de la Flandre et de la Wallonie vers Bruxelles.

    C’est aux employeurs de payer intégralement le coût des déplacements des travailleurs entre le domicile et le lieu de travail. Nous défendons des solutions collectives comme alternative à la voiture grâce à un plan radical d’investissements publics dans l’infrastructure et les transports en commun, sans présenter la facture ni aux Bruxellois, ni aux navetteurs, mais aux plus riches qui ont profité de quatre décennies de transfert de moyens publics vers leur coffre-fort.

  • Rassemblement JUSTICE POUR IBRAHIMA

    Un rassemblement a eu lieu aujourd’hui pour exiger justice et vérité au sujet de la mort d’Ibrahima, âgé 23 ans, à la suite de son interpellation samedi soir dernier par la police.

    Dans la presse, sa famille a expliqué avoir été informée de son décès vers 2h 30 du matin par des policiers venus à leur domicile qui ont expliqué qu’Ibrahima avait été interpellé pendant le couvre-feu… alors qu’il est décédé à l’hôpital à 20h22, plus d’une heure trente avant celui-ci !
    Environ 700 personnes étaient présentes autour de la famille et des proches de la jeune victime. La colère était bien entendu très palpable face à ce qui s’annonce comme un nouveau cas de violence policière. Parmi les slogans criés on pouvait entendre : “Justice pour Ibrahima”, “Pas de justice, pas de paix”, “Police assassins”.

    A la fin du rassemblement, la tension est montée. En dépit de la situation, la police a à nouveau géré les choses par la force, comme à son habitude.

  • On ne peut pas mourir pour un contrôle d’identité ! Luttons ensemble pour changer de système !

    Anderlecht. Photo : Wikicommons

    Les faits qui ont amené à la mort d’Adil montrent encore une fois que la crise du covid19 exacerbe la violence de ce système contre les pauvres, les jeunes, les femmes, les migrants et tous les travailleurs. Ce sont eux qui payent avec la douleur et le deuil, l’incompétence de la classe dominante à tous les niveaux. Tout d’abord, nous voudrions exprimer nos sincères condoléances à la famille et aux amis d’Adil dans cette période de deuil. Nous voulons également mettre en exergue les causes politiques de cette tragédie et comment celles-ci sont liées à la nécessité d’un changement radical de système.

    Par Pietro (Bruxelles)

    Les faits

    Ce vendredi 10 avril 2020, en plein confinement, un jeune homme de 19 ans a perdu la vie après une course-poursuite avec la police. Alors qu’il tente de dépasser une camionnette, une autre voiture de police engagée dans la poursuite arrive à toute vitesse en sens inverse le percutant de plein fouet. Adil meurt sur le coup. La police affirme que c’est le scooter qui aurait percuté la voiture mais cela reste à prouver car plusieurs témoins défendent le contraire. Son tort ? Être sorti en période de confinement.

    La réponse populaire des habitants du quartier (Cureghem à Anderlecht) ne s’est pas fait attendre. Des émeutes ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche, suite à un rassemblement spontané de la population en solidarité à Adil, la réponse de la police a été toute suite la répression. Une centaine de personnes ont été arrêté après une intervention musclée de plusieurs centaines de policiers, de canons à eaux, de chiens, etc.

    Les bases matérielles de la violence dans les quartiers populaires : une analyse de classe

    La mort d’Adil est une tragédie qui démontre l’inhumanité de notre modèle de société capitaliste et encore plus sa totale incapacité à gérer cette situation de crise.

    Adil était en train de fuir un contrôle de police qui, à cause des mesures d’urgence, aurait pu lui coûter 250 euros d’amende. S’il a fui, c’est bien pour échapper aux amendes disproportionnées qui peuvent représenter de 20 à 40 % des revenus mensuels mais également pour échapper à l’intervention de la police qui jouit d’une totale impunité dans les quartiers populaires. Sortir en période de confinement ne peut pas être une raison valable pour mourir. Cela est inacceptable et est un signe trop clair de la répression qui prend place dans les mesures d’urgence contre la pandémie.

    Les quartiers de Cureghem à Anderlecht, comme d’autres à Bruxelles, n’offrent pas d’avenir à ces jeunes, avec des taux de chômage allant de 45 à 50% parmi la jeunesse suite à la désindustrialisation de la ville. Les enfants et les petits-enfants d’ouvriers immigrés -la moitié de la jeunesse bruxelloise- sont particulièrement touchés par cette situation. Depuis des années, les autorités communales gérées par les partis traditionnels ont négligé les populations en les stigmatisant. Ce sont les politiques néolibérales faites de coupes budgétaires en cascade de la région jusqu’aux communes qui représentent la base matérielle du racisme structurel. Celui-ci prend une forme spécifique dans la fréquence des contrôles et des discriminations dans les quartiers populaires.

    Ces politiques d’austérité sont à la base du démantèlement social, des inégalités scolaires, des discriminations, de l’exclusion sociale et de la marginalisation de certaines couches de la population surtout d’origine immigrée de la classe ouvrière.

    Comment les contrôles au faciès, les injures racistes et la violence gratuite de la police peuvent-il améliorer notre sécurité ? Cela n’engendre-t-il pas au contraire un climat d’insécurité et de dialogue impossible avec la police et les autorités ?

    Le débat dans la société et la réponse des partis traditionnels

    Plusieurs personnes ont commenté et ont posé la question suivante dans le débat public : « si ce jeune garçon n’avait rien à craindre, pourquoi a-t-il tenté d’échapper aux contrôles ? » La réponse de certains est qu’il avait certainement quelque chose à se reprocher. D’autres encore lancent des appels moraux à la réconciliation et à la paix sociale sans essayer de comprendre les vraies origines de cette violence. Pascal Smet (SP.A), secrétaire d’Etat bruxellois, a lui aussi posé des questions sur la course-poursuite : « Et quand des dizaines de jeunes se mettent à s’attaquer à la police, c’est qu’il y a quelque chose de grave. Une rupture de confiance. De la défiance. De l’incompréhension. Et carrément de la haine. Et ce des deux côtés. Parce que c’est bien ça la situation à Cureghem. »

    Nous ne pouvons pas analyser les faits de manière anecdotique, il nous faut une lecture sociale pour pouvoir comprendre cette réalité. La réaction d’Adil est le résultat d’années de répression, de racisme et d’abandon social qui se vit dans les quartiers populaires. De plus, les autorités et les discours dominants visent à mettre la responsabilité de la contagion sur les comportements individuels, comme si un jeune en scooter pouvait être un danger pour la population alors que le ministre de la santé n’a pas été capable de fournir les masques nécessaires pour protéger les travailleurs de la santé. Comme si le fait que des entreprises non-essentielles sont toujours en activité n’était pas criminel, alors que 85% des entreprises contrôlées ne respectent pas la distanciation sociale. Comme toujours ce sont les classes plus défavorisées qui payent le prix de ce manque d’organisation du système.

    Le ministre De Crem affirme également : “C’est totalement inadmissible, Ce sont des fauteurs de troubles qui ont utilisé un incident dramatique pour créer le chaos. Cette attitude n’a rien à voir avec le deuil ou le chagrin.” Selon lui, “Il s’agit de jeunes gens qui ne peuvent pas fonctionner selon nos normes et valeurs.” Il est extrêmement clair ici que le gouvernement utilise le racisme comme arme de stigmatisation envers les quartiers populaires afin de masquer sa responsabilité dans la gestion de la crise.

    On voit bien que les politiques traditionnels sont incapables de comprendre ce qui est en train de se passer. La mauvaise gestion de la crise sanitaire, le manque d’investissement public depuis des décennies dans la santé et dans les services publics, le manque total de volonté de la classe dirigeante de mener une politique sérieuse de dépistage et de mises en sécurité de la population mènent les autorités à devoir confiner la population. Tout ceci mène à l’utilisation de mesures répressives contre ceux et celles qui ont plus de mal à vivre cette situation de confinement à cause des inégalités que le système a créé depuis trop longtemps.

    Les partis traditionnels mystifient complètement la réalité du confinement. Comme si on pouvait imaginer que le confinement soit pareil pour quelqu’un qui vit dans une villa de plusieurs centaines de mètres carré et pour quelqu’un qui vit dans 40 mètre carré et/ou sans revenu. L’énorme inégalité sociale que cette société nous impose devient de plus en plus évidente pour tout le monde.

    Gouvernement des pouvoirs spéciaux – de la violence de la police à la violence sociale

    Les violences policières restent pour la plupart impunies, comme l’a confirmé une condamnation prononcée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme envers la Belgique. Les plaintes déposées au comité P (Comité permanent de contrôle des services de police) sont d’ailleurs souvent classées sans suite, cet organisme a notamment été sujet de critiques sévères de l’ONU, qui remet en cause son indépendance et son impartialité.

    Toutes les mesures exceptionnelles prises pendant la période du confinement seront également utilisées contre le mouvement social et syndical, et contre nos droits démocratiques.

    Nous devons enlever le contrôle de la police des mains des politiciens à la rhétorique martiale et répressive. Il nous faut lutter contre les violences policières, l’impunité face aux abus de pouvoir et l’utilisation des forces de police contre nos piquets de grève, nos manifestations et nos actions. Ce qui est nécessaire, c’est un contrôle démocratique sur la police exercée par la collectivité et les organisations du mouvement des travailleurs afin que celle-ci soit réellement utile pour les travailleurs et les jeunes.

    Il nous faut lutter pour un plan massif d’investissements publics pour la santé, l’enseignement pour des logements sociaux. Ces investissements permettraient de résorber les pénuries et de créer des dizaines de milliers d’emplois de qualité et socialement utiles pour offrir à chacun une perspective d’avenir. Il nous faut également lutter pour un enseignement démocratique et de qualité et gratuit et des salaires qui permettent de vivre décemment, l’instauration d’un salaire minimum de 14€/h serait un bon premier pas dans ce sens. Mais pour accéder à ces revendications légitimes, nous allons devoir affronter la logique de profit des entreprises selon laquelle il faudrait se préparer à retourner au travail alors que la pandémie sévit toujours ! Pour bénéficier d’un avenir qui ne soit pas marqué par le désespoir, la misère et la répression, nous devons lutter contre ce système capitaliste et en faveur d’une transformation socialiste de la société.

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