Ce jeudi, les travailleurs de Publifin ont tenu à accueillir le nouveau conseil d’administration de l’intercommunale. Un rassemblement qui a reçu le soutien de délégués d’autre secteurs et des pensionnés de la CGSP s’est tenu devant l’entrée du siège de Publifin rue Louvrex à Liège et une façon de faire comprendre aux nouveaux mandataires que les travailleurs comptent être acteurs des changements qui vont avoir lieu dans l’entreprise.
Chaque voiture arrivant pour le CA a reçu son tract et les délégués ont mis les points sur les “i” avec chacun. Si l’ambiance côté travailleurs était plutôt détendue, dans les voitures, par contre, on a pu constater quelques visages tendus…
En front commun, les travailleurs ont distribué des tracts et déployé des calicots pour réclamer un recentrage de l’entreprise sur ses missions de service public et sur la sauvegarde de l’emploi. Christine Plannus, déléguée principale CGSP s’est également exprimée pour revendiquer la présence de représentants des travailleurs au CA en tant qu’observateurs.
Ce jeudi 30 mars, Le Vif/L’Express a sorti le grand jeu. Le magazine avait déjà l’habitude de flirter avec l’islamophobie. Avec la montée du PTB comme potentiel deuxième parti en Wallonie (1), le Vif laissera les musulmans tranquilles pour une semaine. La nouvelle cible : « l’extrême gauche ».
Par Julien (Bruxelles)
Avec son dossier « Êtes-vous, vous aussi, pollué par l’extrême gauche ? », Le Vif se montre encore une fois prêt à jouer avec le nauséabond. Le premier article part du constat, selon lui « inimaginable et […] indigeste » que le PTB dépasserait le PS en Wallonie en intention de vote. Mais tout n’est pas perdu ! La journaliste, Laurence Van Ruymbeke, nous a concocté un petit « test » pour évaluer votre « niveau d’adhésion » aux idées d’extrême gauche. Le questionnaire, élaboré avec Pascal Delwit, professeur à l’ULB et attaquant régulier de tout ce qui se trouve sur sa gauche. Les deux auteurs n’en sont pas à leur coup d’essai : la première, Van Ruymbeke comparait, en juin dernier, Hedebouw à une sorte de « De Wever wallon » (2) et le deuxième, Delwit, a publié début 2014 le livre « PTB – Nouvelle gauche, vieille recette », une critique de droite du PTB.
En tout, quatre intellectuels ont travaillé à ce test, pour quel résultat ? Et bien force est de constater que ça va vite pour faire partie de la gauche radicale. Vous êtes favorable à la fin de la guerre en Syrie, à l’égalité salariale, aux droits pour les minorités sexuelles, au droit à l’avortement ou à des services sociaux de qualité ? Cela signifie que vous êtes pollué par les idées d’extrême gauche.
Alors que le test fait au moins sourire par son ridicule, le reste du dossier attaque plus frontalement le PTB et, plus largement, tous les partis qui s’opposent à l’austérité et au capitalisme. Le deuxième article, une interview de Delwit, se termine sur le constat que les nouvelles forces de gauche radicale ont connu un essor là où la sociale démocratie est arrivée au pouvoir comme en Grèce ou en Espagne. Pour être exact, c’est plutôt le type de politique menée par la sociale démocratie qui l’a enterrée, et pas qu’en Espagne ou en Grèce. En France, Hamon se situe maintenant derrière Mélenchon dans les sondages. La croissance du Front National, c’est au gouvernement Hollande-Valls (et Sarkozy-Fillon avant lui) qu’on la doit. En Belgique, l’affaire Publifin nous rappelle à quel point le PS est empêtré dans les magouilles, mais cela ne fait que se rajouter à la politique néolibérale appliquée avec enthousiasme par le parti.
Enfin, le dossier nous livre aussi une « enquête » sur “qui gouverne vraiment” au PTB et sur un tour d’horizon des succès de différents partis de gauche en Europe. Les attaques de ce type vont augmenter en fréquence et en intensité contre n’importe quel parti véritablement à gauche, en particulier à l’approche des élections. Dans un précédent article “Le retour du danger rouge. La droite à l’offensive contre le PTB”, nous expliquions : “Nous avons des divergences avec le PTB, sur son programme, sa stratégie politique ainsi que beaucoup de question sur son fonctionnement interne. Nous aimerions des discussions franches et honnête, et débats de fond sur ces questions avec le PTB et ses membres. Ainsi qu’avec tout parti, association ou militant individuel qui veux combattre l’austérité et se lancer dans la bataille pour changer de société. Mais tout en étant lucide sur les divergences qui existent au sein de la gauche, face aux critiques de la droite, il faut faire front. Les attaques sont dirigées contre tous ceux qui remettent le système actuel en question.”
Les grands groupes médiatiques ont dans leurs viseurs tous ceux qui remettent en cause la société, qu’ils soient réformistes ou révolutionnaires. La faute n’en revient pas aux journalistes mais aux actionnaires qui sont, au final, ceux qui décident des articles à mettre en avant ou non. Pour une presse indépendante, n’hésitez pas à soutenir notre journal en plaçant un message de vœu de mai !
Peter Mertens au Premier mai à Anvers. Photo: Liesbeth.
Aux dires d’un sondage RTBF, si des élections avaient lieu demain, le PS connaîtrait son pire résultat : 20,3% en Wallonie et 20,1% à Bruxelles. L’érosion de la confiance dont bénéficiait le PS en tant que défendeur des intérêts des travailleurs ne date pas d’hier. Mais les récents scandales autour de Publifin-Nethys ont finalement été la goutte faisant déborder le vase de la méfiance. C’est le PTB qui en profite le plus, il passerait devant le PS selon ce même sondage et deviendrait la deuxième force politique wallonne avec 20,5%. A Bruxelles, le PTB/PVDA grimperait jusqu’à 14,1%.
Par Bart Vandersteene
En Europe,le PS belge a longtemps été l’exception qui confirme la règle. Alors que tous les partis sociaux-démocrates étaient punis pour leur participation aux politiques d’austérité et en dépit de ses 26 ans de participation au gouvernement fédéral de manière ininterrompue (1988-2014), le PS préservait peu ou prou sa position électorale. Cette exception était essentiellement l’expression du manque de véritable alternative. Depuis 2014, le PTB dispose de deux élus au parlement fédéral et le PS est confronté à une opposition de gauche dynamique. Aujourd’hui, la fragilité du soutien électoral du PS éclate au grand jour.
Le scandaleux enrichissement personnel qui touche des politiciens du PS, du MR et du CDH a ébranlé le monde politique francophone. Les scandales se sont succédé les uns après les autres alors qu’en Wallonie, seules 6 personnes sur 10 de la population active ont un emploi. Le risque de pauvreté comporte des similitudes avec les pays d’Europe de l’Est. Ce n’est pas étonnant que les électeurs punissent les socialistes autoproclamé au vu d’un tel contexte, alors que certains cumulent des mandats et des postes pour gagner jusqu’à près d’un million par an, comme c’était le cas de Stéphane Moreau (PS).
En Flandre, le PTB progresse également et obtient 5,5%. Il dépasserait donc le seuil électoral et aurait trois élus. La N-VA resterait le plus grand parti et se stabiliserait autour des 28%, soit le double du deuxième parti flamand, le CD&V (14,1%). Quatre partis obtiendraient ensuite entre 10% et 14%: Open VLD, SP.a, Vlaams Belang et Groen. Les luttes sociales de fin 2014 et de 2015 qui avaient un temps dominé le débat politique avaient mis les partis gouvernementaux sur la défensive. La fin de cette période de conflit social a laissé le champ libre principalement à la N-VA et au Vlaams Belang, qui ont dévié l’attention publique vers les questions de sécurité, du terrorisme, des migrants, des réfugiés,… Malgré tout, il reste du potentiel en Flandre pour une gauche d’opposition conséquente.
Début mars, Bart De Wever a parlé de son espoir de voir ‘‘une situation où un tandem PS/PTB domine la politique francophone, pour provoquer une percée communautaire.’’ La N-VA justifierait alors son modèle confédéral en soutenant qu’il existe deux réalités différentes dans ce pays. Mais pour la population ordinaire, il y a beaucoup plus de similitudes que de différences. Dans toutes les régions du pays, l’austérité fait mal et le soutien aux partis traditionnels est miné à la suite d’années de politique antisociales et de scandales. La nécessité d’une alternative de gauche se fait partout sentir.
Une réforme confédérale où l’entièreté du modèle social serait régionalisée constitue un scénario dangereux pour la classe ouvrière flamande, bruxelloise et wallonne. A Bruxelles et en Wallonie, les régions les plus pauvres, la logique néolibérale signifierait une réduction supplémentaire des conditions de travail et des salaires pour attirer les investissements. En Flandre, la droite essayerait de forcer le passage en profitant de la mise sur le côté des syndicalistes francophones plus combatifs. Une poursuite de la régionalisation ne serait qu’au profit de l’élite capitaliste qui accentuerait la concurrence interne à la Belgique pour amplifier la spirale vers le bas des conditions de travail et de salaire.
Dans ce contexte, le développement d’une opposition de gauche en Flandre est une tâche urgente. Pour y parvenir, adopter une démarche inclusive ne serait pas un luxe, avec une alliance de toutes les forces à la gauche de la social-démocratie et des Verts, tout en respectant les spécificités de chacun. Le PSL est prêt à apporter une contribution constructive dans ce cadre.
Hier soir, quelque 300 manifestants ont occupé le centre-ville de Gand avec une vibrante marche de la solidarité. Ils entendaient de cette manière exprimer leur opposition aux ignobles propos de Theo Francken de même qu’à sa politique. Le Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration membre de la N-VA était en visite dans cette ville à l’invitation de la Vlaams RechtsGenootschap (l’association des étudiants en droit de l’université de Gand). Francken a pas mal fait parler de lui ces derniers jours en déclarant que les opérations de sauvetage de Médecins Sans Frontières (MSF) en Méditerranée ne faisaient que “causer indirectement plus de morts”.
Par Bart Vandersteene
Pour cet apprenti-Trump, MSF contribue à la traite des êtres humains et encourager l’immigration illégale! Rien de bien surprenant de la part de la droite, selon laquelle les allocations de chômage encouragent à rester au chômage. Peut-être ces politiciens antisociaux soupçonnent-ils également que l’assurance maladie incite à être malade ?
Les politiciens tels que Francken et Trump instrumentalisent la crise des réfugiés (qui découle notamment de leur politique impérialiste) pour stimuler la peur et le rejet de l’autre dans la population. La manœuvre est bien pratique pour détourner l’attention des dégâts de leurs politiques antisociales favorables aux riches.
Le PSL et les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) ont bien entendu participé à cette manifestation et y ont crié divers slogans en défense de la cause des réfugiés. Nous nous sommes adressés aux autres participants en parlant de l’impérialisme et de l’exploitation capitaliste ainsi qu’en les encourageant à s’impliquer dans notre combat pour une autre société, une société socialiste.
Après une courte manifestation, nous avons rejoint un groupe qui voulait mener une action là où Francken devait prendre la parole. Hélas, les organisateurs de la marche de la solidarité avaient choisi de ne pas prendre cet endroit comme destination de la manifestation. Si le cortège s’était dirigé vers les quartiers étudiants, il aurait certainement été possible d’atteindre les 500 participants. Plusieurs centaines de personnes auraient ainsi pu participer à l’action de protestation dans les bâtiments de l’université. Au final, une cinquantaine de militants ont déclaré haut et fort à Theo Francken qu’ils refusaient ces propos scandaleux et qu’ils s’opposaient à la normalisation de ce type de discours à l’université.
Il y a un an exactement, la Belgique était secouée par de terribles attentats ayant causés des dizaines de morts et de blessés. Nous voulons aujourd’hui revenir sur certains articles clés que nous avions publiés à l’époque. Tout d’abord, notre déclaration publiée le jour-même de ces dramatiques événements, ensuite quelques articles de l’édition spéciale de « Lutte Socialiste » produite pour répondre aux attentats et, enfin, une évaluation de la politique de sécurité quelques mois après ceux-ci. D’autres articles sont disponibles sous avec la référence “attentats de Bruxelles” sur ce site.
Manifestation contre le Centre fermé de Vottem Dimanche 26 mars, 14h, Parc de la Citadelle (rue des Glacis)
Depuis l’investiture de Donald Trump, ses annonces et décrets en matière de politiques migratoires ont choqués l’opinion américaine et internationale. Qu’il s’agisse de la construction d’un mur à la frontière Mexique – USA ou de l’interdiction d’entrer sur le territoire pour les personnes issues de 7 pays à majorité musulmane, son approche envers les migrants et ressortissants étrangers est à juste titre intolérable pour de nombreuses personnes. Cela ne doit cependant pas nous faire oublier qu’en Europe et en Belgique tout n’est pas rose, loin de là.
Par Julie N. (Liège)
Le dimanche 26 mars, une manifestation est appelée à l’initiative du CRACPE (Collectif de Résistance Aux Centres Pour Étrangers) pour réclamer la fermeture du centre fermé pour étrangers de Vottem. Les centres fermés sont de véritables prisons pour personnes sans-papiers. Leur existence même symbolise une politique d’immigration basée sur la fermeture des frontières, la répression et l’expulsion des personnes se trouvant sans autorisation sur notre territoire.
Leur but est de casser la résistance physique et psychologique des personnes qui y sont enfermées en vue de faciliter leur expulsion. Et de fait, les conditions de détention y sont extrêmement pénibles. Le jeudi 2 mars, un jeune originaire d’Azerbaïdjan a été retrouvé mort dans la cellule d’isolement où il avait été placé, sans même avoir été soigné, suite à une tentative de suicide. L’ONG Amnesty International a d’ailleurs dénoncé à de multiples reprises l’illégalité de ces cellules d’isolement mais aussi la façon dont les personnes sont traitées dans les centres fermés, sans égard pour leur âge ou leur santé. Chaque année, en moyenne 7000 personnes sont détenues dans ces centres.
Depuis 20 ans, les gouvernements se dotent d’un arsenal de mesures dont le but est de restreindre l’accès au territoire et à criminaliser les migrants. Cette politique répressive ne date donc pas d’hier. Néanmoins, elle est considérablement durcie par l’actuel secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, Théo Franken. Les demandes de régularisation pour raisons humanitaires ou médicales, auparavant gratuites, sont désormais facturées 250e, peu importe qu’elles aboutissent ou non. La seconde option sera probablement privilégiée, comme l’illustre l’obstination de Théo Franken dans son refus d’octroyer un visa humanitaire à une famille syrienne d’Alep.
La criminalisation des sans-papiers a un double intérêt sous le capitalisme. D’une part, créer pour les secteurs non délocalisables (horeca, bâtiment, etc.) une main d’œuvre extrêmement bon marché, et taillable et corvéable à merci parce que dépourvue de droit. De l’autre elle permet de désigner un bouc émissaire présenté comme responsable de pénuries dans les logements, les budgets sociaux, etc. et d’entretenir la division parmi les travailleurs afin de les empêcher de lutter en commun pour leurs droits.
Pourtant, les moyens ne manquent pas pour offrir à tous, avec ou sans papiers, des conditions d’existence dignes: en Belgique, le pourcent le plus riche de la population possède 18% de la richesse nationale et à lui seul, Albert Frère possède autant de richesses que les 20% de belges les plus pauvres ! Pendant que des milliers de personnes en Wallonie vivent dans la rue, 30.000 logements sont laissés vides à des fins spéculatives !
Mais pour que les immenses richesses crées par la société soient réellement utilisées dans l’intérêt de la majorité de la population, il est nécessaire de s’en prendre au système qui génère ces scandaleuses inégalités : le système d’exploitation capitaliste. Dans cette lutte, l’unité de tous les travailleurs, avec ou sans emplois, avec ou sans papiers, est primordiale.
Dans l’histoire du mouvement des jeunes et des travailleurs, aucun droit ne fut jamais acquis sans des luttes conséquentes et la création d’un véritable rapport de force. Toi aussi, tu peux jouer un rôle pour faire de la manifestation du 26 mars un succès.
En parlant de cette manifestation à tes amis, ta famille, … et en y participant ensemble.
En demandant à un de tes professeurs (de morale ou de religion, par exemple) qu’il organise un cours sur ce sujet.
En organisant des distributions de tracts autour de toi. Tu ne sais pas trop comment t’y prendre ? Contacte Etudiants de Gauche Actifs, nous t’y aiderons!
Le conseil communal de Gand, tout comme le PS liégeois et d’ailleurs, ne semble pas sortir de l’atmosphère de crise et de scandale. Tom Balthazar du SP.a et Christophe Peeters de l’Open VLD ont reçu pendant des années de larges redevances pour leur siège au conseil d’administration de Publipart, petite-fille de l’intercommunale Publifin.
Par Bart Vandersteene
Selon Philippe Moureaux (PS), si les politiques ne gagnent pas assez d’argent, ils seraient dépendants des milieux d’affaires. Mais c’est tout l’inverse, les politiciens sont comme cul et chemise avec le monde des affaires. L’affaire de la banque Optima à Gand, par exemple, a révélé qu’il existe un réseau très proche entre les politiciens et les promoteurs immobiliers. On y trouve des chiffres d’affaires louches, et le développent d’un modèle d’urbanisme orienté vers les riches et à l’abri du regard la population générale. L’aura progressiste avec laquelle bourgmestre de Termont a été couronné comme le plus à gauche de Flandre a perdu de son éclat dans cette affaire.
Comme ailleurs, les échevins gantois reçoivent une belle compensation de la communauté. Ils peuvent aisément subvenir aux besoins d’une famille, et ce même avec la hausse des prix de l’immobilier dans la ville. Ils reçoivent ainsi 8.290,12 € brut par mois en plus du remboursement de leurs frais. Pourtant, ils semblent trouver normal de recevoir une rémunération supplémentaire pour accomplir leur fonction en tant que représentants du gouvernement local dans le conseil d’administration d’une société intercommunale ou mixte. Comme si nous, en tant qu’employé ordinaire d’un département, nous pouvions attendre une rémunération en plus de notre salaire pour notre participation à une réunion de concertation avec un autre service !
Un rejet des partis traditionnels
Face à ces multiples scandales, le rejet par la population des partis traditionnels est de plus en plus clair. Selon un sondage iVOX révélé par les journaux Sudpresse (18/02/2017), près d’un Wallon sur deux (43,5%) affirme que l’affaire Publifin va le pousser à modifier son vote lors des prochaines élections par rapport aux dernières de 2014. C’est bien entendu l’ensemble des partis traditionnels qui y perd des plumes, le PS en tête avec 45,5% de son électorat qui ne le soutiendrait plus aux prochaines élections. Les autres partis ne sont pas en reste avec 40% pour le MR, 50% au cdH et 37,5% chez Ecolo.
Résultat, bien que près d’un quart des Wallons n’aient pas encore fait leur choix, le PTB gagne des points (17,4%) ; il n’est plus qu’à 4 points du PS (21,3%) et devance Ecolo (13,7%) et le cdH (10,1%). Le MR perd, quant à lui, quelques plumes (20,7%). Défi (ex-FDF) se maintient (4,5%), et le PP parvient à peine à monter (6,9%), toujours selon les journaux de Sudpresse. C’est une guerre en règle entre les partis traditionnels pour gagner quelques points.
Pour une gestion démocratique de nos services
84% des Wallons sondés ne veulent plus qu’un élu puisse continuer à exercer plus qu’un mandat rémunéré. Seuls 12% sont encore prêt à tolérer ce système. Ça bouillonne dans les partis pour trouver une nouvelle manière de s’autoréguler. Démissions et réformes symboliques font beaucoup de bruit, mais en termes de changements en profondeur, ça ne va pas bien loin.
Ainsi, le PS voit la nécessité d’un changement, mais jusqu’où ? Le moins possible… Les tensions internes sont toutefois vives, conscient qu’un statu quo serait fatal au parti. Notons que même après avoir été forcés à contrecœur à démissionner de l’ensemble de leurs mandats rémunérés, le salaire des élus reste bien loin du salaire moyen d’un travailleur. Ainsi, Alain Mathot – au cœur de la tourmente – n’a pu garder que ses mandats élus de député et bourgmestre. Sa rémunération est plafonnée à une fois et demie l’indemnité parlementaire. Soit, en 2015, 183.525,34 euros bruts par an.
Le MR est, lui, favorable à des changements symboliques. Dans un courrier, le président du MR Olivier Chastel dit ceci: “Au-delà d’un mandat originaire (conseiller communal, provincial ou de CPAS), nul élu MR ne pourra détenir plus de trois mandats rémunérés, quelle que soit la structure publique ou dérivée du public dans laquelle il perçoit cette rémunération et quel qu’en soit le montant”. Quatre salaires sans qu’ils ne soient nécessairement plafonnés, voilà sa solution…
L’ensemble des partis traditionnels, en ce compris la social-démocratie et les verts, adhèrent à la pratique d’une gestion telle que dans le secteur privé de nos intercommunales et se concentrent totalement sur la satisfaction de la cupidité des actionnaires privés. L’Open VLD utilise aujourd’hui cette crise afin de procéder à une privatisation complète de ces services intercommunaux.
Nous croyons pourtant que des secteurs comme l’énergie et autres peuvent et devraient être gérés par la commune, mais pour servir la communauté. Ils ne devraient donc pas prendre la forme d’entreprises semi-publiques qui fonctionnent exactement avec la même cupidité et les mêmes rémunérations excessives que les entreprises privées. Ils ne devraient pas non plus être utilisés par les autorités pour construire des structures floues dont le seul but est de distribuer des postes.
Non, nous avons besoin que l’ensemble des services publics, en ce compris les intercommunales, soient gérés démocratiquement par des représentants de l’autorité locale, les employés du service et les bénéficiaires. Les élus représentant la population, le personnel et les consommateurs devraient faire l’objet de rappel à l’ordre et ne devraient pas bénéficier de privilèges sur la base de leur fonction, mais devraient seulement avoir les intérêts de la communauté à l’esprit.
Des revendications exigeant la transparence ou même le remboursement des rémunérations sont justifiées, mais elles ne sont pas suffisantes. D’autres priorités politiques sont indispensables: des logements abordables, des investissements massifs dans les transports en commun, du travail pour tous pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion,… Ces propositions simples et logiques nécessitent une rupture socialiste avec ce système. Voilà ce que le PSL défend.
Depuis le début de l’affaire Nethys-Publifin, les déclarations émanant du monde politique et économique ainsi que les analyses des éditorialistes n’ont pas manqués. Les travailleurs de Publifin sont loin d’avoir bénéficié de la même couverture médiatique, même si celle-ci n’a pas été complètement inexistante.
Voilà pourquoi il a paru important à la rédaction de Lutte Socialiste et de socialisme.be de leur donner la parole par la voix de Christine Planus, délégués principale CGSP à Publifin.
Propos recueillis par Simon (Liège)
Lutte Socialiste : Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Christine Planus : Je m’appelle Christine Planus. Je travaille au service clientèle de Publifin, précisément dans le secteur qui concerne les relations avec les fournisseurs. Depuis la libéralisation du secteur de l’énergie et la réorganisation de l’entreprise, tous les services ont été rebaptisés en anglais ainsi que les fonction des travailleurs, mais je refuse de me rappeler comment on a rebaptisée la mienne!
Je suis éducatrice de formation et j’ai d’ailleurs été déléguée pour le Setca quand je travaillais dans le secteur social à Spa. Depuis 21 ans, je travaille dans la structure qui s’appelle aujourd’hui Publifin. Je suis déléguée CGSP depuis 18 ans et déléguée principale depuis 2009.
LS : Depuis le début des affaires, quel est le sentiment des travailleurs ?
CP : Sur la question du scandale des rémunérations des mandataires dans les comités de secteur de Nethys, les travailleurs ne se sentaient d’abord pas concernés. Mais en même temps, des changements vont survenir et cela suscite de l’espoir.
La direction est aujourd’hui fragilisée et donc, le processus vers la privatisation risque d’être enrayé. Ce qui n’avait plus d’intercommunale que le nom pourrait bien se recentrer sur ses missions de services publics, c’est à dire rendre un service aux citoyen tout en rémunérant les actionnaires publics (communes et province). La course à la profitabilité pourrait s’arrêter et on pourrait reprendre une vraie vie d’entreprise publique avec des engagements, des négociations syndicales réelles,…
En même temps, nous n’osons pas encore trop y croire, nous restons prudents. Depuis longtemps, les travailleurs sont très sceptiques vis-à-vis de la volonté d’agir du monde politique.C’est pour ça que beaucoup ne pensent pas que la commission d’enquête parlementaire va donner quelque chose, que la classe politique va être vraiment courageuse et légiférer pour favoriser une gestion saine des entreprises publiques.
LS : Pourtant, pas mal de politiques se sont positionnés pour défendre la privatisation de la structure. Jean-Claude Marcourt notamment, s’est prononcé pour une entrée en bourse de Publifin. Vous ne craignez pas que le moment soit utilisé pour aller plus loin dans la privatisation, qu’on vous fasse du chantage à l’emploi ?
CP : Disons qu’on a l’habitude. Ces dernières années, chaque fois qu’il y a eu un moment de crise, c’est l’argument que l’autorité nous a sorti. Le fait que Stéphane Moreau soit mis sous pression ne l’a d’ailleurs pas fait changé de discours. Auditionné par la commission d’enquête parlementaire, il a quand même redit qu’il allait falloir continuer la politique d’économie et la compression du personnel. Mais sur ce discours du chantage à l’emploi, les travailleurs seront attentifs et nous ne nous laisserons pas faire.
Dans ce contexte, c’est d’ailleurs incroyable qu’il nie sous serment avoir été présent au sein du siège de l’entreprise le 22/02 alors que plusieurs travailleurs l’ont vu ce jour-là ! Il y a toujours un sentiment d’impunité, de se sentir au dessus des lois. Comme un enfant gâté qu’on a jamais recadré. Sur cette question-là aussi, sur le laisser-faire,il y a une responsabilité politique.
LS : Quelle est l’attitude de la direction vis-à-vis des travailleurs et des organisations syndicales en ce moment ?
CP : C’est la panique en ce moment ! Depuis début janvier, je ne vois plus mon autorité, alors qu’auparavant, je les voyais au moins une fois semaine pour des dossiers personnels ou du travail syndical quotidien. La directrice générale et la DRH sont aux abonnés absents. La dernière fois que je les ai vus, l’arrogance habituelle avait laissé la place à un ton plus conciliant. Ils ont eu le culot de demander que la délégation syndicale sorte un communiqué pour soutenir la direction vu le contexte. Alors que moi-même et les militants syndicaux ont été constamment sous le feu d’attaques personnelles de la part de la direction, on nous demandait de nous solidariser contre la soit-disant « cabale » qui visait Stéphane Moreau. Une demande qui m’a surprise donc, et que j’ai bien sûr refusée.
LS : Vous avez organisé un rassemblement devant le parlement wallon le jour de l’audition d’André Gilles par la commission d’enquête. Quel était le but de cette manifestation et comment s’est déroulée la mobilisation ?
CP : Le but était de positionner les travailleurs dans le débat qui va forcément avoir lieu sur la réorganisation de l’entreprise : les politiques vont travailler sur un autre modèle, les travailleurs ne doivent pas êtres oubliés. La mobilisation a été très facile : avant même de la lancer largement, on avait déjà remplis une bonne partie des cars. On a dû en demander un supplémentaire pour pouvoir emmener tout le monde à Namur. C’est le résultat du sentiment parmi les collègues que quelque chose peut changer et que c’est le moment de bouger mais aussi grâce au travail de terrain que la délégation mène quotidiennement. Par exemple, il y a peu de temps, je suis passée dans chaque service pour faire une information sur la réforme des pensions. Je voulais des petits groupes, maximum 20 personnes, pour que chacun se sente à l’aise pour participer et poser ses questions. Ceci, ou bien les assemblées générales régulières, c’est illustratif de ce travail concret qui permet également de mobiliser les travailleurs durant les actions.
LS : Jusqu’à présent, quelle a été l’attention médiatique accordée aux revendications des travailleurs ?
CP : Dans les premiers temps, elle n’était pas énorme mais il faut dire que de notre part, il y avait aussi une volonté de ne pas trop communiquer. Depuis que la publication par le journal Médor de la vidéo où l’on voit Stéphane Moreau hurler pour intimider les travailleurs, il y a quand même une attention sur l’ambiance qui règne à l’intérieur de l’entreprise. Cela a peut-être favorisé le fait que nous soyons invités sur les plateaux télé. RTL par exemple, réserve une séquence dans sa prochaine émission de débat dominicale où seuls les syndicalistes sont présents.
Cependant, il y a une forte personnalisation du débat, une focalisation sur les personnes impliquées quand il faudrait dénoncer un système. De ce point de vue, nous, militants syndicaux, sommes conscients que nous sommes utilisés. Le tout est de tirer parti de cette exposition médiatique comme du fait que nous allons être auditionnés par la commission d’enquête, pour attirer l’attention sur nos conditions de travail et sur la nécessité de nous recentrer sur nos missions de service public.
LS : Plus généralement, quelle est le plan d’action que la délégation propose ?
CP : Nous avons tenu une assemblée générale au mois de janvier. Un seul point était à l’ordre du jour : le cahier de revendications dont celles d’une augmentation des barèmes de 2%,….Après pas mal de discussions avec la délégation CSC, on a réussi à déposer ce cahier de revendications en front commun.
Une AG extraordinaire des actionnaires de Publifin doit avoir lieu à la fin de ce mois. Nous allons organiser une mobilisation pour assurer la présence des travailleurs de façon à nous positionner dans le débat sur la structure : nous voulons une gestion saine de l’entreprise où les missions de l’intercommunale et le bien-être des travailleurs sont au centre du projet.
Pour le reste on va attendre de voir ce qui va se passer mais on va rester mobilisé et il est clair que ceux qui voudraient toucher à l’emploi, nous trouverons sur leur chemin.
Le débat sur le revenu de base – ou allocation universelle – a repris vigueur ces derniers mois. L’idée directrice de cette proposition est de permettre à chaque personne de bénéficier d’un revenu fixe, indépendamment de sa situation sociale ou familiale. Où est le piège ?
Par Clément (Liège), article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste
En France, le candidat à la présidentielle Benoit Hamon (PS) en a fait un de ses principaux axes de campagne. En Belgique, c’est Philippe Defeyt (écolo) qui a récemment avancé des propositions concrètes pour ce modèle(1). Dans leur grande majorité, les partisans du revenu de base envisagent celui-ci dans un but de progrès social. Il s’agirait de permettre à chacun de mener une vie décente, de changer le rapport au travail, de mettre un terme à la stigmatisation des travailleurs sans emplois, etc.
Cependant, l’idée d’un revenu de base dispose également d’un soutien parmi les représentants les plus dévoués de la classe capitaliste, dont le multimillionnaire Roland Duchâtelet (Open VLD) et Georges-Louis Bouchez (MR). Selon eux, cela permettrait avant tout de comprimer les salaires qui viendraient ‘‘compléter’’ le revenu de base, généralisant ainsi des emplois subventionnés par la collectivité. Le secteur de l’intérim et des petits boulots hyper-flexibles et précaires (du type Uber & cie) en sortirait grandement renforcé. Cerise sur le gâteau, ce serait aussi un bon moyen de démanteler la sécurité sociale (allocations de chômage et familiales, couverture des soins,…) sous prétexte de financement. C’est en substance la proposition de Georges-Louis Bouchez.
Pour mener à une réelle amélioration, un revenu de base devrait être d’un montant élevé et être financé sans entrainer d’augmentation du cout de la vie (dans les soins de santé, les transports en commun,…) qui entraverait son effet. En France, Benoit Hamon tente de se parer d’une image de gauche, il articule sa campagne présidentielle autour d’un revenu de base de 750e additionnel au chômage et au salaire. S’il est assez précis sur les retombées positives de cette mesure, la question de son financement reste floue et celle de sa mise en œuvre régulièrement rectifiée. Hamon joue à l’équilibriste en essayant de trouver une solution à la progressiste et acceptable pour la classe capitaliste. Une telle solution n’existe pas : la classe dominante a déjà clarifié qu’elle ne concéderait volontairement aucun de ses privilèges. De l’étouffement de la Grèce de Tsipras au sabotage de la campagne de Bernie Sanders aux USA, toutes les expériences récentes vont dans ce sens.
Pour une augmentation du salaire minimum et des allocations sociales !
La popularité du revenu de base est une illustration de la recherche d’alternatives dans un contexte de paupérisation généralisée. Histoire d’être certains que la sécurité sociale soit protégée, pourquoi ne pas défendre plutôt l’instauration d’une allocation de chômage inconditionnelle de 1.200 euros par mois et l’élévation du salaire minimum à 15 euros de l’heure ? Cela exercerait parallèlement une pression à la hausse sur les salaires et conditions de travail de chacun. Bien entendu, cela exigera de se battre pour aller chercher les moyens là où ils le sont, dans les poches des grands actionnaires.
(1) Voir sur notre site web : ‘‘L’allocation universelle en débat : Philippe Defeyt propose un ‘fine tuning’ social’’
Dans les structures de la FGTB et de la CSC, nous entendons de plus en plus que ‘‘les gens ne sont plus près pour partir en action’’. D’où cela provient-il ? Comment remédier à ce problème ? Ces questions, ne parlons même pas des réponses, ne sont hélas pas posées. Résultat: les syndicats qui avaient opté pour une offensive sans précédent à l’automne 2014 sont désormais sur la défensive. Leur stratégie ? Attendre la fin de la législature et les prochaines élections dans l’espoir qu’une autre majorité puisse la remplacer, et d’ici là, essayer de limiter la casse. Le PSL estime que c’est une stratégie dangereuse qui désarme le mouvement ouvrier et qui donne des munitions supplémentaires à la droite.
Les dirigeants syndicaux vont naturellement mettre en avant le récent accord salarial – l’Accord Interprofessionnel (AIP) pour 2017-2018 – qu’ils qualifient de ‘‘bon pour les gens et pour l’économie’’. La pièce maîtresse de cet accord, c’est une augmentation du pouvoir d’achat pour les salariés de maximum 1,1% (en plus de l’indexation prévue de 2,9%). Comparé aux quatre accords salariaux précédents, ce n’est pas rien. Celui de 2009 a débouché sur un gel des salaires et un écochèque de 250€. Celui de 2011, sur une augmentation de 0,3%. Rien en 2013, et pour 2015 une augmentation de 0,5% brut, soit 0,3% net. Comparé à ces accords, le dernier AIP signifie pour beaucoup une bouffée d’air frais et a été voté à une large majorité dans toutes les centrales des deux principaux syndicats.
L’accord freine également le durcissement du régime de chômage avec complément d’entreprise (RCC), l’ancienne retraite anticipée. L’âge requis dans les secteurs lourds, pour les carrières longues et dans les entreprises en restructuration ne sera pas porté à 60 ans dès 2017, mais progressivement pour 2019. C’est évidemment important si vous êtes à la limite pour avoir droit à ces conditions. Enfin, les allocations sociales pourront être augmentées grâce à l’attribution d’une partie de l’enveloppe bien-être. Cette dernière est le résultat d’une décision prise lors de la réunion extraordinaire du cabinet ministériel à Ostende en 2004, mise en pratique à partir de 2007, et qui a depuis été utilisé comme monnaie d’échange par le gouvernement et les patrons pour faire pression sur les syndicats lors des négociations sur des accords salariaux.
Cependant, d’importantes critiques de cet accord peuvent être faites. En effet, l’augmentation salariale de 1,1% est un maximum, et il n’est pas du tout certain que tous les secteurs la recevront. La norme salariale a été révisée ; selon l’ancienne norme, la marge n’aurait pas été de 1,1%, mais 2 à 3%. L’ajustement à l’indexation des prix est estimé à 2,9%, mais les valeurs réelles de l’inflation seraient de 3,9% (en deux ans). L’augmentation salariale chez nos trois principaux partenaires commerciaux n’est pas estimée à 4% (2,9% + 1,1%), mais bien à 4,5%. La nouvelle méthode de calcul de la norme salariale ne prendra plus en compte les subventions salariales aux entreprises, un cadeau supplémentaire au patronat chiffré à 0,5%. L’enveloppe bien-être initialement de 900 millions d’euros pour les allocations sociales a été réduite à 506 millions €. L’âge de la ‘‘pré-pension’’ (RCC) augmente moins rapidement, mais augmente néanmoins.
Pourtant, ce n’est pas exagéré de qualifier cet accord de petit changement de tendance. Les dirigeants syndicaux ont-ils vraiment négocié de façon intelligente la manière de limiter les dégâts jusqu’aux élections ? Ou bien ont-ils, au contraire, pris cet accord salarial comme l’opportunité de calmer sa base tout en la piégeant ? Nous espérons que c’est la première option, mais craignons que ça ne soit la deuxième.
Un accord salarial suppose une paix sociale. Cela ne signifie pas qu’on ne peut plus mener aucune action. Le 21 mars, le secteur non-marchand manifestera et le 24 du même mois, c’est une manifestation contre le dumping social qui est prévue. On prévoit également des actions dans l’enseignement avant l’été. Le secteur privé fait face à une vague de fermetures et de restructurations. Des actions, y compris les grèves, sont tout à fait possibles. Cependant, des actions de solidarité discutées ailleurs dans le secteur privé seraient considérées comme des violations de l’accord salarial. D’autant plus s’il s’agirait d’une offensive généralisée des syndicats. Une lutte généralisée contre le gouvernement est donc en suspend jusqu’aux élections.
Les dirigeants syndicaux suivent bien sûr également les sondages. Ils ont constaté que le gouvernement n’aurait été qu’à 72 de ses actuels 83 sièges s’il y avait eu des élections en janvier: quatre sièges de trop peu pour une majorité. Ils partent également de l’idée que le PS sera nécessaire d’une manière ou autre, et que par conséquent la N-VA sera mise hors-jeu. Cela pourrait bien être une déception. En assurant la paix sociale, les syndicats offrent aux partis gouvernementaux la possibilité de concentrer toute leur attention avant les élections sur les thèmes sur lesquels ils espèrent bien être capables de marquer des points: l’immigration et la sécurité. Ce n’est pas un hasard si Théo Francken, qui a répété en boucle combien sa politique est dure vis-à-vis des réfugiés, est aujourd’hui le politicien le plus populaire. Tout comme Maggie De Block avant lui, jusqu’à ce qu’elle ne soit déplacée aux Affaires sociales et de la Santé.
Dans l’étude “ceci n’est pas une crise”, 80% des répondants affirmaient que les politiciens ont donné trop de pouvoir au monde financier. 74% se sentent abandonnés par l’élite. Pour le mouvement ouvrier en général et pour les syndicats en particulier, ces chiffres devraient être le motif de mobilisations massives. Des sondages antérieurs ont indiqué qu’après les mobilisations de 2014, 80% des gens étaient favorables à une taxe des millionnaires. Mais depuis que les syndicats ont cessé la mobilisation, ce mécontentement se traduit par un repli communautaire habilement exploité par toutes sortes de populistes. Les scandales autour de Publifin, Publipart et autres intercommunales n’ont fait que confirmer le gouffre qui nous sépare de l’élite, mais aussi à quel point les soi-disant ‘‘partenaires privilégiés’’ des syndicats sont étroitement liés à ce système. Plus que de la tromperie, la combinaison de la tromperie et de l’hypocrisie risque de nous infliger des punitions.
Les directions syndicales devraient s’interroger. Pourquoi ne pas utiliser le calme relatif post-accord salarial pour mener une campagne de masse sur un programme de lutte qui s’attaque au chômage, à la pauvreté, à la détérioration des conditions de travail et à l’érosion des contrats de travail ? Pourquoi ne pas lier une telle campagne à un plan d’action pour s’assurer que cette fois-ci, il ne s’agisse pas seulement de paroles, mais qu’il y ait un lien avec les mobilisations et les actions ? Enfin, les syndicats devraient également clarifier leur relation avec les soi-disant partenaires politiques privilégiés: au lieu de prêcher l’unité de gauche avec les hypocrites qui s’enrichissent pendant que nous nous serrons la ceinture, ils devraient se mettre à la tête de cette rage pour arriver à unifier toutes les victimes.