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Category: Liège
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Retour sur une victoire pour la préservation d’un espace vert : la lutte pour la Chartreuse
Pendant plusieurs années, un collectif de riverains a lutté contre un projet immobilier pour sauvegarder un poumon vert au cœur de Liège : l’entreprise de construction Matexi avait en effet acquis auprès des autorités communales une partie du site de la Chartreuse afin d’y réaliser un projet immobilier d’ampleur qui allait redessiner toute la dynamique d’un quartier et réartificialiser cet ancien terrain militaire où la nature a repris ses droits.
Au mois de juin 2022, alors que les recours légaux contre le projet étaient épuisés, des militants ont rejoint la lutte en occupant le site, en y établissant une ZAD et en permettant le déploiement d’un nouveau rapport de force. Ceci s’est avéré payant puisqu’en septembre, l’entreprise Matexi annonçait l’abandon de tout projet sur le site de la Chartreuse.
Quelle a été la stratégie des différents acteurs qui se sont investis dans la sauvegarde de ce site ? Comment ont-ils pu faire plier Matexi ? La victoire des riverains et des militants de la ZAD est importante, inspirante, et la lutte mérite d’être racontée en détails par celles et ceux qui y ont pris part c’est pourquoi nous sommes allés à leur rencontre.
Par Simon (Liège)
Aux origines de la lutte pour la sauvegarde du site
L’article ci-dessous est issu d’une discussion qui a eu lieu lors du camp déter de la ZAD en août 2022 avec des militantes et militants de la ZAD, des riverains et un représentant de l’association Occupons le Terrain, un réseau de soutien aux luttes contre les projets immobiliers imposés.
La Chartreuse, ancien terrain militaire dont la ville de Liège a acquis des parcelles lorsqu’il a été vendu par l’armée en 2003 est un poumon vert bien connus des Liégeois : Cette dernière forêt urbaine à Liège est fréquentée quotidiennement par des dizaines de personnes qui n’ont pas attendus les aménagements réalisés par la Ville il y a dix ans pour en faire un lieu de détente et de promenade. Ses usages sont nombreux : c’est aussi un lieu d’expression artistique pour les graffeurs, un lieu de fête pour les free-party organisées dans l’enceinte du fort, voire un lieu d’habitat précaire pour une population de sans-abris.
Ces 35 hectares en cœur de ville sont devenus, depuis sa désaffection par l’armée en 1981, le « jardin de tout le monde » et procure un espace vert à tous les liégeois des abords qui en sont dépourvus.
En octobre 2017, des affiches jaunes apparaissent le long du site de la Chartreuse et informent les riverains du chantier à venir : la ville de Liège a cédé une parcelle du site en front de rue à la société de construction Matexi et lui a accordé un permis de bâtir pour la première phase d’un projet visant à ré-urbaniser le site sur sa moitié non considérée comme parc urbain.
Les premières heures de la mobilisation pour la sauvegarde du site
Moins d’une semaine après l”affichage de Matexi, quelques riverains font de l’agitation dans le quartier et distribuent un toutes-boites. Celui-ci appelle à une assemblée sur le site même de la Chartreuse. Cette première assemblée est une réussite puisque quelques 80 personnes y sont présentes. Forts de ce premier succès, une deuxième assemblée élabore les premières lignes d’une stratégie pour s’opposer au projet et une équipe d’une dizaine de personnes se constitue pour la concrétiser : c’est la naissance du collectif Un Air de Chartreuse (UADC).
La première action menée consiste à s’opposer au projet par des courriers envoyés dans le cadre de la procédure d’enquête publique. Or, à ce moment, un autre collectif citoyen des alentours de Liège est en train de remporter un beau succès contre un projet similaire. Il s’agit des riverains s’opposant au projet immobilier du Ry Poney, qui avaient fait parvenir 4800 courriers de protestation aux autorités communales au moment de l’enquête publique 4 mois auparavant. UADC fait donc appel à l’expérience de ce collectif pour proposer une lettre-type d’opposition à envoyer aux autorités. La mobilisation s’organise dans chaque rue du quartier : des newsletters quasi-quotidiennes mettent les riverains en contact et leur communiquent les outils leur permettant de convaincre leurs voisins de signer un courrier. La campagne d’envoi de ces courriers d’opposition est un succès puisque ce ne sont pas moins de 5100 lettres de protestation qui viennent encombrer la boite aux lettres de la majorité communale. Cela permet provisoirement de gagner la partie puisque, mis sous pression par les autorités communales qui ne souhaitent pas se mettre à dos sa population à un an des élections, Matexi décide de retirer son projet.
Structurer la lutte sur le long terme : la deuxième séquence du combat pour la Chartreuse
Si la mobilisation initiale a pu prendre par surprise promoteurs et autorités, le collectif comprend cependant qu’il faut s’attendre à une contre-attaque. Une nouvelle séquence de la lutte s’enclenche. UADC en profite pour se structurer, peaufiner sa communication et collecter un maximum d’infos sur la Chartreuse.
Dès les premiers moments de la mobilisation, la question de la valeur environnementale du site avait été discutée puisque le collectif avait constaté qu’il est répertorié comme zone de grand intérêt biologique. D’autres aspects sont mis en avant : statut juridique (certaines phases de construction étant prévues sur des terrains dont Matexi n’est pas propriétaire à l’époque) ou statut patrimonial en raison de la présence du vieux fort militaire.
La veille du collectif n’était bien entendu pas inutile : en 2019, Matexi dépose un nouveau projet, réduit quasiment de moitié cependant, qui est approuvé par les autorités communales.
S’ouvre alors une longue séquence de recours juridiques contre le permis de bâtir. Cette bataille nécessite des moyens financiers importants et c’est encore UADC qui organise la levée de fonds qui va permettre de la financer.
Guérilla juridique ou mouvement large : les choix stratégiques de UADC
Cette troisième période de la lutte voit le collectif se replier sur les plus investis. Les aspects techniques des recours en justice, le travail pour constituer des dossiers de valorisation du site : tout cela absorbe l’énergie d’UADC dont l’existence repose sur une poignée de personnes. L’épuisement guette le petit collectif d’autant que recours après recours, les chances de gagner s’amenuisent. En son sein, plus personne ne prend en charge de relancer la dynamique de départ reposant sur l’implication, même minime, d’un grand nombre de riverains. Il serait faux cependant de dire que l’aspect de mobilisation large est tout à fait absent de l’esprit d’UADC : promenades guidées dans la Chartreuse et petites mobilisations à l’occasion des conseils communaux se succèdent et contribuent à maintenir vivante l’idée d’une opposition au projet de construction.
Un décalage entre le collectif et le reste du quartier devient cependant visible : des tensions inhérentes au reflux de la mobilisation surviennent. On pointe le manque de transparence d’UADC ou son jusqu’au-boutisme que certains jugent stérile. A tel point que d’autres groupes de riverains font mine de contester son leadership sur la lutte. C’est alors que le couperet tombe au début de l’année 2022 : les derniers recours sont épuisés et Matexi semble avoir gagné la partie.
La ZAD comme nouvelle étape de la lutte
Alors que les choses apparaissent comme jouées et que Matexi a reçu l’autorisation de débuter les travaux, de nouveaux acteurs apparaissent dans la lutte : ce sont les zadistes. Répondant à l’appel d’UADC de faire le point sur la lutte, plusieurs personnes constatent la fin de la séquence des recours. Il reste alors une option qui est pensée, organisée et mobilisée : celle de l’occupation du site. Quelques 250 personnes aux horizons et motivations variées sont alors rassemblées, montent en une journée des barricades et installent leurs quartiers sur la parcelle où le chantier doit commencer. Le rapport de force est inversé en 24h : les travaux ne peuvent débuter, les riverains peuvent de nouveau imaginer un site préservé de l’urbanisation. Pour beaucoup cependant, l’apparition de la ZAD est vécue comme un nouveau retard dans le cadre d’un projet voué à se réaliser in fine. Après cinq ans d’opposition, peu nombreux sont ceux qui parient sur une issue positive à la lutte.
Avec l’entrée en scène des zadistes, ce n’est pas seulement le rapport de force qui change. C’est aussi la composition sociale des opposants à Matexi et avec eux, la culture de lutte.
Les zadistes sont souvent plus jeunes, moins soumis à des obligations professionnelles que les militants liés au quartier ou bien font ce choix radical de renoncer temporairement à leur travail afin de se rendre totalement disponibles pour la lutte. Bref, ils sont ou se rendent plus libres de leurs mouvements et peuvent envisager une occupation dans la durée. Le fait même qu’ils ne soient pas forcément issus du quartier est, dans une certaine mesure, un avantage : ils ne peuvent être taxés de vouloir conserver une zone verte à proximité de chez eux comme on s’assied sur un privilège.
Dès le début de l’occupation, ils communiquent en des termes très politiques : leur discours est axé sur la nécessité de préserver un espace vert urbain d’utilité publique pour tous les Liégeois.
Leur stratégie ne se limite pas à l’occupation : ils tentent de lui donner un soutien au-delà des sphères militantes radicales en organisant rapidement une première manifestation devant le conseil communal puis une deuxième avec manifestation jusqu’au site. A la suite de ces premières actions, ils organisent plusieurs activités visant à faire venir du monde sur la ZAD et à élargir encore le soutien dont elle jouit.
Pour UADC, c’est d’abord un regain d’énergie en constatant qu’ils ne sont plus seuls à se battre contre le promoteur immobilier mais aussi l’occasion de renouer avec la mobilisation large : le contact établit avec UADC en amont de la préparation de l’occupation permet au collectif d’embrayer rapidement sur l’agenda de mobilisation proposé en conférant ainsi à la ZAD la légitimité qui aurait pu lui faire défaut.
L’organisation de la ZAD
Sur les dizaines de militants et sympathisants qui ont contribué à construire la ZAD, peu nombreux sont celles et ceux qui ont fait le choix de s’y installer. Un noyau d’occupants réduit va commencer à faire vivre la ZAD, malgré les intempéries de l’été 2022 qui compliquent évidemment l’organisation de la vie sur le site. Ils et elles s’organisent pour créer des conditions d’occupation durable : construire des infrastructures collectives mais aussi solutionner l’adduction d’eau et d’électricité jusqu’au site, ce qui en soit n’est pas une mince affaire. Des renforts occasionnels, pour quelques jours ou plus, viennent compléter les effectifs des occupants mais il est important de noter que dès le départ, une partie des militantes et militants de la ZAD, tout en n’habitant pas à temps plein sur le site, y sont venus quotidiennement afin de faire vivre l’occupation et d’assurer son soutien à l’extérieur.
Dans les premiers jours, la gestion de la vie collective sur le site a été pensée sur base d’assemblées générales quotidiennes qui vont s’espacer au fil du temps pour devenir hebdomadaires puis occasionnelles. En effet la ZAD s’organise avec un caractère ouvert, ce qui assure le renouvellement des forces militantes mais qui complique également la vie sur le site : il faut composer avec des motivations diverses et des visions différentes de ce que doit être une ZAD. Il faut arriver à construire des habitudes d’organisation avec une population changeante. Cela est d’autant plus compliqué que les militantes et militants les plus rompus aux méthodes d’organisation ne sont pas forcément les plus disponibles ni les plus présents sur le site.
L’hétérogénéité des publics qui passent sur la ZAD a représenté un défi permanent pour les zadistes. En effet, les occupants du départ sont peu à peu rejoints par des zadistes nomades, motivés davantage par la vie en communauté que par la préservation du site. Certes, ils contribuent à faire vivre la ZAD mais sont moins parfois moins attentifs aux impératifs tactiques inhérents à la lutte qui est engagée avec Matexi, ou bien en ont une autre vision. Faut-il autoriser ou non le passage des riverains sur la ZAD ? Comment équilibrer les moments festifs et l’affluence des fêtards avec le respect des riverains mais aussi de la faune environnante ? Quels sont les comportements admis sur la ZAD quand on sait que le parc de la Chartreuse est aussi le lieu d’usages tels que les trafics ? Comment prendre en compte l’ensemble des personnes présentes avec en ce compris leurs vécus et leurs failles ? Les zadistes ont forcément dû réfléchir à la façon de prendre et de faire respecter collectivement un certain nombre de décisions.
Toutes ces questions ont donc dû être discutées par des activistes décidés à faire de la ZAD, plus qu’un moyen de lutte, une expérience de vie alternative. Beaucoup liant les deux en mettant en avant la nécessité d’une organisation horizontale et démocratique pour le succès de la lutte en cours.
Des décisions ont dû être prises : par exemple la décision de limiter les nuisances sonores en circonscrivant les free party à l’intérieur du fort, de maintenir une zone de tranquillité pour les occupants permanents ou celle d’assurer le démantèlement des barricades dès après la lutte. Ceci ne s’est pas fait sans discussions, parfois vives, mais a pu être géré le plus souvent en dégageant un consensus, parfois par la politique du fait accompli, et rarement en procédant à des votes. Si la ZAD ne s’est pas dotée d’une charte, encore moins d’un règlement d’ordre intérieur, cela ne signifie pas que des règles n’aient pas été présentes sur le site. Par exemple, un panneau installé dans l’espace central rappelait les règles de comportement à respecter sur le site.
Si les questions liées à la vie quotidienne sur la ZAD ont parfois occupé l’essentiel des discussions collectives, les militants sur et autour de la ZAD ont veillé à garder un caractère politique à l’occupation, par exemple en organisant des discussions sur l’avenir du site : en comprendre les différents usages, y compris écologiques et de construire des revendications au-delà de la préservation du site, questionnant la politique du logement, le phénomène de spéculation immobilière en lien avec celui de l’artificialisation des terres. De ce point de vue, on peut dire que politiser les différents usagers à partir de la lutte pour la préservation de la Chartreuse a été une préoccupation des zadistes. Assemblées des usagers ou d’autres activités organisées sur le site ont ainsi contribué à renforcer la solidarité mais aussi à discuter des questions de politiques communales ou des perspectives et revendications pour un avenir désirable.
Prendre appuis sur le réseau militant
Indéniablement, le succès de la ZAD a notamment reposé sur sa capacité à s’appuyer sur les réseaux militants existants, sur la densité et la richesse du tissu associatif liégeois et à opérer des jonctions avec d’autres luttes. Des dizaines d’organisations et de lieux ont signé l’appel à soutien à l’occupation et l’ont effectivement apporté tout au long de la lutte.
Par exemple, les militants de la ZAD ont organisé un cortège pour se rendre au rassemblement du collectif « Stop Alibaba & co. » contre l’extension de l’aéroport de Bierset en périphérie liégeoise. La ZAD a reçu le soutien d’autres occupations en cours ailleurs en Europe mais elle put également bénéficier de l’apport du réseau Occupons Le Terrain (OLT). Présent déjà aux côtés de Un Air de Chartreuse, ce réseau de collectifs, constitué à partir de la lutte du Ry Poney, est resté en lien avec les zadistes et a continué à faire bénéficier les militantes et militants de son savoir-faire en matière de lutte contre les projets immobiliers imposés. L’expertise d’OLT s’est par exemple manifestée lorsqu’il s’est agi de négocier avec les autorités communales et a contribué à faire émerger la solution du « switch de terrain ».
Le compromis avec Matexi
Six mois après l’établissement de la ZAD, Matexi jette l’éponge. La société préfère accepter la proposition de la ville d’échanger le terrain de la Chartreuse avec un autre en sa possession. En effet, contre toute attente la ZAD perdure, son soutien ne faiblit pas et Matexi comprend que des travaux sur son terrain ne peuvent s’envisager, au mieux, que dans un avenir lointain.
C’est d’abord une victoire pour celles et ceux qui souhaitaient préserver le site de la Chartreuse. Aujourd’hui, la question de la sanctuarisation de la parcelle peut de nouveau être posée puisqu’elle redevient propriété publique. De plus, les zadistes ont veillés à éviter le fait que Matexi renonce à artificialiser un terrain pour aller couler du béton ailleurs. Récemment, le collège échevinal a d’ailleurs annoncé qu’il verrait désormais d’un œil défavorable tout projet immobilier sur un terrain non-artificialisé. Si la victoire est donc indéniable pour la Chartreuse, elle constitue également une avancée pour la préservation de tous les espaces verts sur le territoire communal. Il est par contre important de noter qu’un autre projet immobilier plane aujourd’hui sur la Chartreuse puisqu’un autre promoteur immobilier vient d’acquérir une autre parcelle dans la zone de l’ancien fort. L’avenir nous dira si d’autres comités de riverains, d’autres ZAD devront voir le jour.
Que retenir de la lutte pour la Chartreuse ?
La mémoire de cette lutte victorieuse pour la sauvegarde de la Chartreuse doit être préservée tant il est vrai que dans une économie de marché, il y a souvent un promoteur en embuscade pour privatiser un espace vert au détriment de l’intérêt collectif. D’autres luttes sont à venir et il convient de tirer les leçons de chacune pour renforcer les suivantes.
En l’occurrence, les dynamiques entre collectifs de riverains, réseaux et militants de la ZAD ont plutôt bien fonctionné et ont été complémentaires. La ZAD a compris que le succès de l’occupation se jouait dans le soutien qu’elle pourrait obtenir plutôt que dans la solidité de ses barricades : En effet si l’occupation du site et sa fortification ont empêché le début du chantier, les zadistes n’auraient probablement pas pu s’opposer durablement à une éviction manu militari s’ils étaient restés isolés. Du côté d’Un Air de Chartreuse, il y a eu cette intelligence de collaborer avec un nouvel acteur dans une stratégie nouvelle plutôt que de se complaire dans l’attentisme ou le mépris pour les nouveaux venus, attitude que l’on a pu observer dans d’autres luttes similaires. Il faut noter d’ailleurs que l’idée d’une occupation du site, si elle n’avait jamais été mise en œuvre, n’était pas absente de l’esprit des militants de UADC et qu’ils pouvaient facilement être acquis à cette stratégie.
Dans cette collaboration entre acteurs militants, le souci d’étendre la solidarité à d’autres couches et de faire connaître le combat pour la préservation de la Chartreuse est redevenu l’axe stratégique principal. En témoignent les nombreux événements organisés sur le site, activités de tous ordres qui ont fonctionné comme autant de points d’entrée pour impliquer de nouvelles personnes dans la lutte mais aussi les mobilisations, manifestations et rassemblements devant le conseil communal qui ont contribué à maintenir la lutte vivante à une échelle plus large.
La thématique des oiseaux choisie par les zadistes a permis de développer un imaginaire qui a nourri la lutte et a permis de l’élargir bien au-delà des cercles militants habituels. Ainsi la « parade des oiseaux », cortège partant de l’hôtel de ville pour rejoindre le site de la Chartreuse, a été un aussi été un moment festif, intégrant un public familial notamment au moyens d’ateliers qui ont fait appel au savoir-faire de chacun.
Un journal de l’occupation ( le « tchip-tchip »), une page facebook ainsi que des groupe de messageries ont permis de garder ce lien avec ces couches larges en donnant des nouvelles de l’occupation et des activités qui y étaient programmées mais aussi d’organiser le soutien matériel.
On peut penser que ce soutien large a été déterminant dans la décision des autorités communales de ne pas faire intervenir la police. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la communication de la ville au sujet de la ZAD a été en permanence de la décrire comme un lieu de radicalisme violent afin de la décrédibiliser aux yeux de la population liégeoises : si la ZAD n’avait pas réussi à imposer une autre image d’elle-même, il y a fort à parier qu’elle serait devenue isolée et donc facilement expulsable. Cette volonté d’abîmer l’image de la ZAD a perduré après la victoire puisque l’on a vu des conseillers communaux de la majorité et des medias aux ordres accuser les zadistes de laisser un dépotoir derrière eux alors même que s’organisait le démantèlement du campement et le nettoyage du site par des dizaines de volontaires.
En définitive, cette guerre de communication s’est avérée tourner en faveur de l’occupation : La popularité croissante de la ZAD étant inversement proportionnelle à celle de Matexi, il n’est pas interdit de penser que la société immobilière a finalement renoncé à toute prétention sur le site pour restaurer en partie son image de marque.
Le lien entretenu avec les autres luttes semblables dans la région par l’intermédiaire notamment de OLT mais aussi des discussions organisées sur la ZAD ont précisément permis de construire un contre-discours face à celui de Matexi et des autorités communales. Cela a par exemple été la garantie de ne pas se faire taxer de NIMBY (Not In My Back Yard – pas près de chez moi, désignant l’attitude qui consiste à approuver un projet pourvu qu’il se fasse ailleurs). En ce sens, aborder des questions comme celles des politiques du logement ou de l’utilité des espaces verts pour la résilience des villes ont permis de politiser la lutte et d’opposer un récit alternatif au discours dominant et simpliste de « il faut bien loger les gens ».
Mais après tout, la leçon essentielle de cette séquence, comme celle de toute mobilisation victorieuse, est qu’il n’y a pas de fatalité et que l’intelligence collective de quelques personnes décidées peuvent triompher d’un projet immobilier imposé ou, comme on le dit depuis bientôt 50 ans : « oser lutter, oser vaincre ».
Luttons pour du logement abordable ET la préservation des espaces verts
Fin du monde, fin du mois : même combat
Les espaces verts sont notre bien commun : préservons-les
Tract distribué par le PSL lors de diverses mobilisations en défense de la Chartreuse
La politique communale du logement met les espaces verts sous pression comme en témoigne la vente d’une parcelle appartenant à la ville à la société Matexi pour la construction de 51 logements sur le site du parc de la Chartreuse. Notre passé récent et notre futur proche nous montrent pourtant l’importance de préserver des espaces verts au cœur de nos villes. Les espaces verts urbains sont les jardins de ceux qui n’en ont pas et, comme l’ont démontré les périodes de confinement, disposer d’un coin de nature où se ressourcer est loin d’être un caprice.
La présence d’îlots de verdure est également indispensable pour lutter contre les vagues de chaleur ou pour diminuer l’impact des fortes pluies : nos espaces verts joueront à l’avenir un rôle régulateur de plus en plus important pour conserver la qualité de la vie en ville. C’est leur protection et leur extension qui est urgente, pas leur destruction !
Du logement pour qui ? Du logement comment ?
La majorité communale PS-MR justifie ses choix de politique du logement en mettant en avant à la fois la nécessité de loger les Liégeois actuels mais surtout d’attirer les ménages à hauts-revenus en ville. L’objectif avoué est de disposer ainsi d’une population mieux nantie et mieux à même de contribuer à des finances communales exsangues. Logiquement, les projets immobiliers de standing sont priorisés et des concessions importantes sont faites aux grosses entreprises de la construction. Les « clauses sociales » négociées en contrepartie pour établir une minorité de logements sociaux dans les projets immobiliers (généralement 10%) ne peuvent cacher cette réalité : la ville se bâtit au détriment des classes populaires en rognant sur l’espace public.
Loger tout le monde sans empiéter sur les espaces verts ? C’est possible
Les autorités communales mettent en avant cette politique comme la seule possible en raison du manque de surface à bâtir mais des alternatives existent pour retrouver des espaces de logement : la réquisition du logement vacant (plus de 3000 sur le territoire communal) notamment les étages des grandes enseignes commerciales en centre-ville, la construction sur les friches industrielles après dépollution des sols ou la reconversion des immeubles de bureaux inoccupés.
Cela ne pourrait se faire qu’en mettant en place un véritable service public de rénovation et de construction de bâtiments travaillant sous le contrôle et au bénéfice de la population. Cela ouvrirait également la voie à l’instauration d’un vaste programme public de rénovation et d’isolation des bâtiments, quartier par quartier. Pour cela, il nous faut un plan massif d’investissement public.
Une telle politique exigerait évidemment des moyens qui font actuellement défaut au niveau local notamment en raison du service de la dette historique de Liège. Cette dette n’a pas été contractée au bénéfice de la population : nous ne devons pas accepter qu’elle hypothèque notre avenir. Au contraire, nous devons la dénoncer et construire une dynamique et un rapport de forces capables de faire de Liège une commune rebelle qui refuse de faire passer les intérêts des banques avant ceux de sa propre population.
Des exemples historiques montrent qu’il est possible de faire reculer des créanciers et d’investir dans les besoins locaux grâce à la mobilisation de masse et à la solidarité : une campagne massive mettant à l’ordre du jour de telles revendications trouverait à n’en pas douter un échos dans les autres grandes villes du pays de manière à former un réseau de communes rebelles capable d’imposer l’annulation des dettes des communes.
Soutenir l’occupation par la mobilisation de masse et la convergence des luttes
L’occupation du site de la Chartreuse est un élément clef de la résistance contre la bétonisation du site. Mais les occupants ne tiendront pas face aux tentatives d’expulsion sans une solidarité massive des riverains et des autres collectifs similaires dans et autour de Liège. En cela, les premiers échanges qui ont eu lieu entre les occupants du site et le collectif Un air de Chatreuse ou la coordination Occupons le terrain nous apparaissent très encourageants dans cette nouvelle phase de la lutte contre le projet Matexi. Des liens restent à construire avec les collectifs de précaires, de mals-logés et avec le reste du mouvement social. Afin que ni Matexi ni la majorité communale ne puisse nous diviser en opposant fin du monde et fin du mois, revendiquons en plus de la préservation des espaces verts urbains :
> Un plan d’investissement public massif dans la construction et la rénovation d’un parc immobilier public soutenable du point de vue environnemental pour répondre au besoin de logement.
> La réquisition des espaces de logement vacants sans rachat ni indemnité sauf sur base de besoins prouvés.
> Le refus du paiement de la dette de la ville, sans sur base de besoins prouvés.
> La nationalisation des grandes entreprises du secteur de la construction sous contrôle de la population. -
Liège : Pas de pelleteuse à la chartreuse !

A Liège, on ne présente plus le domaine de la Chartreuse, un ancien monastère devenu fort, aujourd’hui abandonné et devenu terrain de jeux, de promenades et de vie sauvage. Les pouvoirs publics ont vendu une partie de ce poumon vert au promoteur immobilier Matexi, qui veut y construire des dizaines de logements de “standing”. Hier, une manifestation (la “parade des oiseaux”, puisque les oiseaux construisent leurs nids dans cette période) a réuni quelques centaines de manifestants qui s’opposent à ce projet. Le texte qui suit est le tract diffusé par le PSL à cette occasion.
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Luttons pour du logement abordable ET la préservation des espaces verts
Fin du monde, fin du mois : même combat
Les espaces verts sont notre bien commun : préservons-les
La politique communale du logement met les espaces verts sous pression comme en témoigne la vente d’une parcelle appartenant à la ville à la société Matexi pour la construction de 51 logements sur le site du parc de la Chartreuse. Notre passé récent et notre futur proche nous montrent pourtant l’importance de préserver des espaces verts au cœur de nos villes. Les espaces verts urbains sont les jardins de ceux qui n’en ont pas et, comme l’ont démontré les périodes de confinement, disposer d’un coin de nature où se ressourcer est loin d’être un caprice.
La présence d’îlots de verdure est également indispensable pour lutter contre les vagues de chaleur ou pour diminuer l’impact des fortes pluies : nos espaces verts joueront à l’avenir un rôle régulateur de plus en plus important pour conserver la qualité de la vie en ville. C’est leur protection et leur extension qui est urgente, pas leur destruction !
Du logement pour qui ? Du logement comment ?
La majorité communale PS-MR justifie ses choix de politique du logement en mettant en avant à la fois la nécessité de loger les Liégeois actuels mais surtout d’attirer les ménages à hauts-revenus en ville. L’objectif avoué est de disposer ainsi d’une population mieux nantie et mieux à même de contribuer à des finances communales exsangues. Logiquement, les projets immobiliers de standing sont priorisés et des concessions importantes sont faites aux grosses entreprises de la construction. Les « clauses sociales » négociées en contrepartie pour établir une minorité de logements sociaux dans les projets immobiliers (généralement 10%) ne peuvent cacher cette réalité : la ville se bâtit au détriment des classes populaires en rognant sur l’espace public.
Loger tout le monde sans empiéter sur les espaces verts ? C’est possible
Les autorités communales mettent en avant cette politique comme la seule possible en raison du manque de surface à bâtir mais des alternatives existent pour retrouver des espaces de logement : la réquisition du logement vacant (plus de 3000 sur le territoire communal) notamment les étages des grandes enseignes commerciales en centre-ville, la construction sur les friches industrielles après dépollution des sols ou la reconversion des immeubles de bureaux inoccupés.
Cela ne pourrait se faire qu’en mettant en place un véritable service public de rénovation et de construction de bâtiments travaillant sous le contrôle et au bénéfice de la population. Cela ouvrirait également la voie à l’instauration d’un vaste programme public de rénovation et d’isolation des bâtiments, quartier par quartier. Pour cela, il nous faut un plan massif d’investissement public.
Une telle politique exigerait évidemment des moyens qui font actuellement défaut au niveau local notamment en raison du service de la dette historique de Liège. Cette dette n’a pas été contractée au bénéfice de la population : nous ne devons pas accepter qu’elle hypothèque notre avenir. Au contraire, nous devons la dénoncer et construire une dynamique et un rapport de forces capables de faire de Liège une commune rebelle qui refuse de faire passer les intérêts des banques avant ceux de sa propre population.
Des exemples historiques montrent qu’il est possible de faire reculer des créanciers et d’investir dans les besoins locaux grâce à la mobilisation de masse et à la solidarité : une campagne massive mettant à l’ordre du jour de telles revendications trouverait à n’en pas douter un échos dans les autres grandes villes du pays de manière à former un réseau de communes rebelles capable d’imposer l’annulation des dettes des communes.
Soutenir l’occupation par la mobilisation de masse et la convergence des luttes
L’occupation du site de la Chartreuse est un élément clef de la résistance contre la bétonisation du site. Mais les occupants ne tiendront pas face aux tentatives d’expulsion sans une solidarité massive des riverains et des autres collectifs similaires dans et autour de Liège. En cela, les premiers échanges qui ont eu lieu entre les occupants du site et le collectif Un air de Chatreuse ou la coordination Occupons le terrain nous apparaissent très encourageants dans cette nouvelle phase de la lutte contre le projet Matexi. Des liens restent à construire avec les collectifs de précaires, de mals-logés et avec le reste du mouvement social. Afin que ni Matexi ni la majorité communale ne puisse nous diviser en opposant fin du monde et fin du mois, revendiquons en plus de la préservation des espaces verts urbains :
> Un plan d’investissement public massif dans la construction et la rénovation d’un parc immobilier public soutenable du point de vue environnemental pour répondre au besoin de logement.
> La réquisition des espaces de logement vacants sans rachat ni indemnité sauf sur base de besoins prouvés.
> Le refus du paiement de la dette de la ville, sans sur base de besoins prouvés.
> La nationalisation des grandes entreprises du secteur de la construction sous contrôle de la population. -
Témoignage. Le drame des inondations atténué par une extraordinaire solidarité

Photo : Wikimedia Commons 41 personnes ont perdu la vie en Belgique au cours des inondations de cet été. Plus de 50.000 foyers ont été sinistrés. Nous avons tous en tête les images dramatiques de la montée des eaux, de la force du courant dans les rues inondées, de l’effondrement de certains bâtiments… Mais nous retenons aussi l’esprit d’initiative solidaire de la population.
Partout, des voisins ont prêté leurs pompes pour vider les caves et se sont organisés pour bloquer les soupiraux de leurs rues tandis que les propositions d’hébergement et d’aide ont foisonné sur les réseaux sociaux. La réponse de la population ordinaire a été très impressionnante : de nombreux foyers se sont transformés en « centres de crise » pour héberger des dizaines de personnes. Des agriculteurs ont amené leurs tracteurs, des ouvriers du bâtiment ont acheminé des engins de génie civil… D’autres des canots à moteur ou autres engins flottants. Cette solidarité n’a pas cessé au lendemain du drame. Nous en avons discuté avec Clément, une personne parmi les milliers d’autres venue en aide aux sinistrés.
« C’est peu dire que nous avons tous été profondément choqués par les images sur les réseaux sociaux et dans les médias. Avant même d’avoir fini de ranger ce qu’on avait mis en hauteur face au risque d’inondation, nous avons été gagnés par un sentiment d’urgence pour aller porter assistance dans les zones qui avaient eu moins de chance.
« Dès le samedi, le surlendemain, nous nous sommes rendus sur place, sans trop savoir quoi faire ni comment. On était très nombreux dans ce cas, au point qu’il était très difficile de se garer à proximité des points d’entrée dans les zones sinistrées.
« Sur place, nous avons d’abord vu les services communaux à pied d’œuvre qui déblayaient le plus gros, les axes routiers,… Plus loin dans la zone, on a tout de suite trouvé du travail, ce n’est pas ce qui manquait. Il n’est pas exact de dire que la police et les pompiers n’étaient pas présents. Ils étaient là, mais noyés dans la masse des personnes venues aider.
« La solidarité s’est organisée relativement spontanément. À côté du déblayage, on a rapidement vu venir des gens avec des colis de première nécessité (dentifrice, brosses à dents, savon…), de la nourriture… Toute cette auto-organisation était très impressionnante. Des dizaines de groupes d’entraide ont été créés sur les réseaux sociaux avec des propositions très généreuses, y compris des meubles et de l’électroménager alors que le nettoyage commençait à peine.
« À côté de cela, il y a eu les initiatives de la ville ou de la croix rouge, que les autorités avaient demandé de contacter au lieu de se rendre directement sur place. Mais je connais des gens qui attendent toujours d’être recontactés aujourd’hui après avoir rempli leurs formulaires… Ils ont bien fait d’aller sur les lieux au petit bonheur la chance. Sans doute n’étaient-ils pas préparés à gérer un tel afflux de propositions.
« Dès le deuxième week-end, les choses ont commencé à s’organiser de manière plus sérieuse. On a rencontré des gens qui ont installé une sorte de « base arrière » avec du matériel, des repas et des boissons dans une maison après l’avoir nettoyée. Un d’entre eux assurait la permanence, faisait le tour du quartier pour identifier les demandes d’aide et les besoins, puis établissait un parcours pour une équipe d’une bonne dizaine de personnes. Le tout via un simple groupe messenger.« C’est impossible de faire état de toutes les initiatives. J’ai rencontré des gens du Hainaut – une demi-douzaine de gros bras – qui sont passés de porte en porte pour proposer de déplacer les objets les plus lourds. D’autres passaient à leur suite pour nettoyer, ranger… Le gérant d’un magasin de bricolage a vendu du gros matériel à prix coûtant et offrait du matériel de base (des gants, des raclettes…). Quelqu’un s’est installé dans la maison d’un ami relogé ailleurs et, après avoir remis la cuisine en état de marche, a improvisé une cantine en affichant à quelle heure les plats allaient être disponibles. Durant des semaines, des gens ont fait les vas-et-viens pour apporter aux sinistrés des centaines et des centaines de plats préparés ailleurs.
« Autre élément : le racisme a clairement reculé sous les coups de la solidarité. Unis dans l’effort porté à l’autre, les préjugés ne tiennent pas. J’ai pu entendre quelqu’un dire, épaté : « je viens d’un petit village, je n’imaginais pas toute cette diversité » en regardant les équipes à l’œuvre où se mélangeaient les origines et les couleurs de peau.
« Bien entendu, cette énergie incroyable a besoin d’être organisée pour tenir le coup sur le long terme et être plus efficace. Il faut drastiquement augmenter les moyens de la protection civile, des services de pompiers, des services communaux… Je parlais tout à l’heure de gens qui n’ont pas été recontactés par les autorités, il y a fort à parier que c’était parce qu’ils étaient débordés. Imaginons quel rôle pourrait jouer une protection civile démocratiquement organisée et financée à hauteur des défis actuels pour donner tout son poids à la solidarité spontanée de la population que nous avons si merveilleusement vue à l’œuvre ? »
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Liège “La Santé A Du Sens”

Ce mardi 2 juin, le SETCa – Groupe Santé CHC- délégation hôpitaux avait appelé à un rassemblement à Clinique CHC MontLégia. Plusieurs dizaines de personnes, essentiellement des membres du personnel, avaient répondu à l’appel.
Ce rassemblement défendait l’engagement de plus de personnel, l’amélioration des salaires, la garantie d’équipement de protection pour toutes et tous, que plus de temps soit accordé pour être au chevet des patients, qu’il y ait moins de stress pour les soignants,… en bref : “rendre du sens à ces métiers qui ont du sens”. Ce rassemblement était bien entendu très utile pour mener campagne autour de ces revendications légitimes mais qui ne tomberont pas du ciel.
Quelques militants du PSL étaient présents et ont souligné l’importance de la Grande manifestation de la santé organisée à l’initiative du groupe d’action militant La Santé en Lutte.









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Communiqué de la FGTB : Ce vendredi 6 mars, les coursier-es liégeois de Deliveroo ne rouleront pas !
Vendredi 6 mars, les livreurs liégeois de Deliveroo feront grève. Ils dénoncent le « free-shift » ou « free-login » un nouveau calcul de leur rémunération qui réduira encore leur salaire. Ils se rassembleront à 18h rue pont d’Avroy. Ils demandent notre soutien et appellent les clients à ne pas commander ce vendredi. RDV à 18H demain.
COMMUNIQUÉ
« Non au free-shift » – Ce vendredi 6 mars, les coursier-es liégeois de Deliveroo ne rouleront pas !Vendredi 6 mars, les livreurs liégeois de Deliveroo feront grève. Ils dénoncent le « free-shift » ou « free-login » un nouveau calcul de leur rémunération qui réduira encore leur salaire et accroîtra la compétition entre eux. Auparavant, les créneaux horaire de travail étaient réservés par un certain nombre de coursiers. Avec le « free-shift », tous les livreurs pourront s’inscrire dans tous les créneaux.
« Aujourd’hui, on attend parfois une heure pour avoir une commande qui nous rapportera 5€. Avec ce système, si tous les coursiers se connectent au même moment, il sera encore plus difficile de gagner 12€ de l’heure en moyenne. Et moins de 12€ de l’heure pour rouler sous la pluie, ne pas être assuré en cas d’accident et même parfois être agressé par les clients, c’est pas grand-chose. » raconte un coursier qui a préféré ne pas dévoiler son nom de peur des représailles de la direction.
Avec ce système de rémunération, Deliveroo s’assure de toujours avoir une armée de coursiers disponibles pour livrer ses commandes, sans considération des conditions de travail, du temps d’attente et de ses livreurs. L’entreprise, qui subit des actions en justice et fait face depuis des années à des mouvements de grèves en Belgique, aux Pays-Bas, en France, en Espagne et dans d’autres pays européens, ne respecte toujours pas ses travailleuses et ses travailleurs.
Les coursiers liégeois veulent que Deliveroo renonce à ce nouveau système et améliore leurs conditions de travail. Travailler pour quelques euros de l’heure malgré la pluie, la neige et l’attente dans le froid, ce n’est pas décent, c’est de l’esclavage.
La FGTB Liège-Huy-Waremme soutient le mouvement des coursiers liégeois et leur action.
Les coursiers se rassembleront ce vendredi 6 mars à 18h00, rue pont d’Avroy pour exprimer leur colère et se faire entendre par la direction de Deliveroo : « non au free-shift ». Ils appellent les autres coursiers à venir les rejoindre et à se déconnecter de leur application.
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CPAS : une charge de travail insoutenable. Entretien avec le président de la délégation CGSP du CPAS de Liège

Ce jeudi 12 septembre, plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées devant les locaux du CPAS de Liège afin d’exiger des mesures permettant une diminution de la charge de travail. Nous en avons discuté avec Simon Hupkens, le président de la délégation CGSP. Entretien tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste.
C’était une belle mobilisation de rentrée ! Qu’est-ce qui explique cette participation ?
La coupe est pleine. Au CPAS de Liège, comme dans l’ensemble des CPAS du pays, le nombre de dossiers a explosé en 2015 suite à la limitation des allocations de chômage dites d’insertion. Cette année-là, selon la FGTB, 70.000 personnes ont été exclues de leur droit aux allocations de chômage ! Dans les faits, la charge des allocataires sociaux s’est déplacée en partie du fédéral vers les communes. Pour y faire face, les ressources supplémentaires allouées aux CPAS ont été très limitées. Elles ne couvrent absolument pas les besoins.
Les assistants sociaux croulent sous les dossiers à traiter, jusqu’à 120 pour certains ! Dans une situation pareille, on ne peut faire que le minimum, c’est-à-dire assurer que l’usager reçoive son allocation d’insertion. Mais aider ces gens à sortir de leur situation, on oublie !
D’autant plus que les dossiers sont plus complexes. Nous vivons dans une société de plus en plus violente, où la vie se fait plus dure et tout le monde ne dispose pas des mêmes ressources pour y faire face. Quand on émarge au CPAS, c’est précisément que l’on est arrivé au bout de ses ressources (famille, amis,). Quand tout est épuisé, on arrive au CPAS. Et en plus, les services d’aide sociale qui dépendent d’autres institutions sont également sous pression, dispensant de moins en moins d’aide. Ça aussi, ça pèse sur le fonctionnement des CPAS.
Les travailleurs sociaux plus anciens affirment que les situations sociales sont plus complexes qu’il y a 20 ou 30 ans. Ils parlent de ‘‘couches de lasagnes’’ : à un problème de logement s’ajoutent un problème de santé mentale, un autre de violence familiale, etc., etc. Et quand les services publics sont démunis ou absents, les problèmes sont détectés plus tard et il est plus difficile de les traiter.
Pourquoi réagir maintenant ?
La première chose, c’est que nous sommes dans un processus de remobilisation de l’ensemble des collègues autour de la délégation syndicale, de manière très participative, avec une assemblée générale plénière correctement mobilisée tous les ans depuis 3 années comme événement central de l’action syndicale. Cette année, on a été un pas plus loin avec des Assemblées générales décentralisées. Dans tout ce processus, la question essentielle soulevée par les collègues était la charge de travail, qui ne permet pas d’aider correctement des gens en situation de détresse dramatique. La principale maladie professionnelle au CPAS, c’est le burnout, faute de pouvoir donner des réponses à des gens qui viennent expliquer qu’ils n’ont pas d’argent pour leurs enfants, pour des vêtements,… Donc les agents tombent en dépression ou démissionnent.
La seconde chose, c’est que cette question de la charge de travail est reconnue comme problématique par le collège communal et mentionnée explicitement dans la déclaration de politique communale. Dans ce cadre, le CPAS de Liège devait rendre son PST (Plan stratégique transversal) censé reprendre les grandes orientations du CPAS pour la législature. Du coup, on s’est dit que le moment était opportun pour mettre la pression, pour demander des engagements, pour revendiquer une simplification administrative et une limitation des mesures de contrôle chronophages sur le personnel.
Ce PST est maintenant disponible. Nous allons l’analyser, convoquer une nouvelle Assemblée générale, soumettre ce PST à nos critiques et remobiliser pour d’autres actions si nous n’y trouvons pas ce qu’on souhaite y trouver, c’est-à-dire prioritairement un renforcement des équipes.
Nous savons que les caisses du CPAS ne sont pas extensibles. Mais un CPAS n’est pas isolé du reste de la société. Il y a des moyens à aller chercher. Si la direction souhaite entrer en lutte avec nous pour obtenir un refinancement des CPAS au fédéral, on sera très heureux de les accueillir dans ce combat. Sinon, on maintiendra notre position et nous lutterons pour obtenir de nouveaux moyens et, pourquoi pas, travailler à une coordination des différents CPAS pour exiger leur refinancement. Aujourd’hui, un revenu d’insertion est remboursé à 85% maximum par le fédéral (souvent c’est 70% à peine), le reste étant à charge des communes. Le remboursement intégral est le minimum à exiger par les CPAS, spécifiquement dans les grandes villes où se concentre la majorité de la pauvreté.

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CPAS de Liège : Charge de travail insoutenable, burn-out, démissions, turnover,… ÇA SUFFIT !
Nous publions ci-dessous le tract de la délégation CGSP du CPAS de Liège et appelons à rejoindre le rassemblement prévu ce 12 septembre à 18h place Saint Jacques. Tract en version PDF
Il faut des mesures MAINTENANT pour diminuer la charge de travail. Nous devons demander l’ouverture de négociations pour demander:
- des engagements
- la fin des mesures de contrôle chronophages
- la fin des tâches doublon
- un plan de prévention du burnout
C’EST MAINTENANT QU’IL FAUT SE MOBILISER
A la rentrée va commencer un tour de concertation avec les organisations syndicales dans le cadre de la rédaction du Plan Stratégique Transversal que notre direction est tenue de communiquer à la région wallonne.
Ce PST doit traduire de façon opérationnelle la note de politique générale du CPAS. C’est donc le bon moment pour envoyer un signal clair à la direction et lui faire savoir que les travailleurs du CPAS de Liège n’entendent plus travailler dans les conditions actuelles: la charge de travail va croissante, tant en raison de l’augmentation des dossiers que de leur complexité. Les dysfonctionnements réguliers du circuit (blocage des dossiers, retards de payement) le démontrent à suffisance.
L’état de santé des agents en est la traduction physique. Tant pour nous-même que pour l’exécution des missions qui sont les nôtres, l’autorité doit mettre au coeur de ses préoccupations la diminution de la charge de travail.
INTERPELLER EFFICACEMENT, C’EST D’ABORD FAIRE NOMBRE
Nous savons qu’il n’est pas simple de trouver le temps de faire entendre une revendication collective, souvent coincés par les obligations familiales et professionnelles. Cependant, la délégation ne pourra être prise au sérieux que si les agents manifestent massivement leur ras-le-bol. c’est pourquoi nous invitons chacun à faire le maximum pour être présent au rassemblement auquel nous appelons. Cette action sera également l’occasion de discuter de la suite que nous devrions lui donner: vos avis nous seront précieux!
QUE FAIRE D’ICI LA?
Chacun peut jouer son rôle: faites tourner ce tract, discutez-en avec vos collègues, mettez-vous en relation avec la délégation afin de nous aider à populariser notre action, attirez notre attention sur un service dans lequel nous ne serions pas passés pour mobiliser, envoyez-nous vos témoignages concernant la surcharge de travail: il n’y a pas de petit geste. Chaque acte peut contribuer à assurer la réussite de cette action. Et bien entendu: soyez présents le 12 septembre!
contact: cgsp.cpasdeliege@gmail.com
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Vottem, 20 ans… Il faut en finir avec ce camp de la honte !

10 mars : luttons pour la régularisation de tous les sans-papiers !
14h, place Saint Lambert
Depuis 20 ans, le centre fermé pour étrangers de Vottem (près de Liège) constitue pour beaucoup le symbole hideux de la politique raciste de l’Etat envers les personnes migrantes. Depuis 20 ans, des activistes de tout le pays battent chaque année le pavé pour réclamer la disparition du centre et de tous ceux du même genre à l’appel du CRACPE (Collectif de Résistance aux Centres pour Etrangers). Le rendez-vous de cette année sera d’autant plus crucial, pour essayer de relancer une mobilisation plus large pour la régularisation de tous les sans-papiers et pour discuter des stratégies pertinentes pour poser les prochains pas.
Par Simon (Liège)
Nos gouvernements successifs imposent aux personnes sans-papiers des conditions de vie inhumaines : traques policières, aucune existence légale et donc aucun droit ni possibilité de se construire un avenir. Les conditions de détention dans les centres fermés sont aussi scandaleuses : mauvais traitements, manque d’accès aux soins de base qui provoquent maladies, troubles psychologiques et suicides. Ces éléments seuls sont déjà des raisons suffisantes de s’indigner contre l’existence des centres fermés et le refus des autorités d’organiser un accueil digne et une régularisation massive des sans-papiers.
Alors que personne ne quitte son pays natal par plaisir et que les démographes et les économistes sérieux ont démontré que l’immigration rapporte plus à nos économies que ce qu’elle ne coûte, les politiciens traditionnels et leurs relais médiatiques continuent inlassablement à prétendre le contraire et à présenter l’immigration comme un problème, un fardeau, voire un danger. Faire des immigrés la cause de tous nos problèmes constitue un moyen facile de nous détourner des vrais coupables bien de chez nous : ceux qui organisent méthodiquement la casse sociale et le chômage de masse.
Ces discours xénophobes et le maintien dans la clandestinité d’une grande quantité d’immigré permet également d’offrir une main d’œuvre docile et bon marché à des patrons sans scrupules. Ceci permet de faire pression à la baisse sur les salaires des travailleurs légaux. La classe dominante a intérêt à diviser ceux qu’elle opprime. Elle a raison de vouloir nous diviser : la force des travailleurs, c’est son nombre. Divisés, nous ne sommes rien, réunis nous sommes tout. Et garantir qu’aucune catégorie de travailleurs ne soit laissée seule face à ses problèmes spécifiques, c’est renforcer les combats de toute notre classe.
En 1998, à la suite de la mort de Semira Adamu, c’est la mobilisation de masse qui avait poussé le ministre de l’intérieur Louis Tobback à suspendre les expulsions de sans-papiers puis à démissionner. Ces dernières années, le mouvement a été confronté à une répression accrue et a été acculé à une attitude défensive. L’an dernier, après la mort de la petite Mawda, les responsables politiques de ce drame n’ont pas dû rendre de comptes, en l’absence de mouvement de protestation significatif. Mais ce potentiel des mobilisations de masse à engranger des victoires, fussent-elles partielles, n’a pas disparu. En témoigne la mobilisation extraordinaire de la jeunesse sur le climat, qui a poussé à la démission la ministre flamande de l’environnement Joke Schauvliege.
L’atmosphère change actuellement dans la société : les jeunes activistes climatiques et les Gilets Jaunes ont encouragé les syndicats à mobiliser pour une journée de grève le 13 février dernier. Le mouvement des sans-papiers pourrait profiter de cette atmosphère combative pour ouvrir un front supplémentaire et solidariser de nouvelles couches avec ses revendications.
En février, une nouvelle plateforme s’est mise sur pieds à Liège : le Front antifasciste 2.0, avec une première assemblée de plus de 200 personnes. Le fait que la FGTB y ait pris une place centrale est une bonne nouvelle. Un des défis du mouvement sera de réussir à attirer davantage de syndicalistes et d’intégrer les méthodes syndicales dans la lutte contre le racisme. C’est avec ces méthodes, avec des assemblées ouvertes et en essayant systématiquement d’élargir la mobilisation que les bases pourront être posées pour une lutte d’ampleur qui pourrait imposer la fermeture des centres, une régularisation massive et une politique d’asile basée sur la solidarité. Ça commence le 10 mars : tous à Vottem !



