Your cart is currently empty!
Category: LGBTQI
-
‘Transgender Warriors’. Une arme contre la transphobie et l’oppression
Dans un monde où la diversité des genres est de plus en plus la cible de réactions négatives, l’ouvrage de Leslie Feinberg intitulé « Transgender Warriors : Making History from Joan of Arc to Dennis Rodman » (L’histoire en marche de Jeanne d’Arc à Dennis Rodman) offre une réponse puissante et indispensable.
par Nick (Anvers)
Cet ouvrage fondamental combine des réflexions personnelles, une analyse historique et un appel à la solidarité pour non seulement célébrer l’existence des personnes non conformes au genre, mais aussi pour démanteler les structures sociales qui les oppriment. Le message de Feinberg est clair: la diversité des genres n’est pas un phénomène moderne, mais fait partie intégrante de l’histoire de l’humanité, et la lutte pour les droits des transgenres est inextricablement liée à des mouvements plus larges en faveur de la justice sociale.
La diversité des genres : un phénomène qui n’est pas nouveau
L’un des thèmes les plus forts de «Transgender Warriors» est la réfutation par Feinberg du mythe selon lequel les identités transgenres et non binaires sont un phénomène récent. En présentant un large éventail d’exemples historiques, Feinberg montre que la diversité des genres a existé dans d’innombrables sociétés au cours des siècles. Des traditions bispirituelles des cultures indigènes d’Amérique du Nord aux pratiques de transcendance du genre de Jeanne d’Arc, Feinberg montre que les personnes de genre différent ont souvent joué un rôle respecté dans leurs communautés.
Dans les cultures indigènes, telles que celles des tribus nord-américaines, les personnes non conformes au genre étaient souvent considérées comme des guides spirituels et des leaders. Cependant, cette reconnaissance a été détruite par les forces coloniales et religieuses. Le colonialisme a apporté non seulement l’exploitation économique, mais aussi l’imposition de rôles binaires stricts en matière de genre comme moyen de déstabiliser et d’assujettir les communautés. Le travail de Feinberg nous rappelle que ces dichotomies de genre ne sont pas universelles, mais le produit de processus historiques spécifiques.
Le lien entre l’oppression de genre et d’autres luttes
Feinberg démontre de manière convaincante que l’oppression fondée sur le sexe n’est pas isolée, mais qu’elle est étroitement liée à des systèmes de pouvoir et d’exploitation plus vastes. De l’esclavage au capitalisme et au colonialisme, l’oppression fondée sur le sexe a souvent été utilisée pour renforcer les hiérarchies sociales. Le patriarcat, affirme Feinberg, fonctionne comme un outil essentiel dans ces systèmes, utilisant les normes de genre pour centraliser le pouvoir et légitimer l’exploitation économique.
La persécution historique des personnes de sexe différent n’est pas un accident, mais une stratégie consciente des classes dirigeantes pour briser la solidarité entre les groupes marginalisés. Cette leçon reste d’actualité. À l’heure où les personnes transgenres sont de nouveau la cible d’attaques organisées, l’analyse de Feinberg apporte un éclairage important: la protection des droits des transgenres n’est pas seulement une question morale, mais aussi une étape stratégique dans la lutte contre des formes plus larges d’oppression.
Le combat personnel de Feinberg : de la marginalisation à l’activisme militant
L’histoire personnelle de Feinberg est au cœur de «Transgender Warriors» et illustre les luttes quotidiennes auxquelles sont confrontées les personnes non conformes au genre. Ayant grandi en tant que femme masculine dans la société hostile des années 1950, Feinberg a connu un monde où l’expression du genre était strictement contrôlée et la déviance punie. C’est ce qui l’a amenée à rejoindre des mouvements sociaux et à devenir l’une des principales voix de la lutte pour les droits des transgenres.
Le livre montre comment Feinberg a trouvé son inspiration dans les mouvements révolutionnaires des années 1960 et 1970, du Black Panther Party à la lutte pour les droits des femmes et au mouvement de libération LGBTQAI+. Il souligne également que les personnes issues de la diversité de genre ont des modèles historiques souvent négligés, de la rébellion de Jeanne d’Arc aux soulèvements de Stonewall. Ces exemples montrent que les personnes issues de la diversité de genre ne sont pas seulement des victimes de l’oppression, mais aussi des leaders de la résistance.
Un appel à la solidarité et à l’action
L’un des aspects les plus frappants de «Transgender Warriors» est l’appel de Feinberg à la solidarité entre les communautés touchées par différentes formes d’oppression. Le livre préconise une approche intersectionnelle, dans laquelle la lutte pour l’émancipation des genres va de pair avec les mouvements contre le racisme, le sexisme et l’inégalité économique. Feinberg insiste sur le fait que les droits des transgenres ne sont pas distincts des questions sociales plus générales, mais qu’ils constituent un élément essentiel de la lutte pour un monde juste.
Cet appel est particulièrement puissant à la lumière de la réaction contemporaine contre les droits des transgenres. Les forces réactionnaires cherchent à marginaliser les personnes transgenres en les présentant comme une menace pour les valeurs traditionnelles ou comme une mode. Le travail de Feinberg s’oppose à ces mensonges en montrant que la diversité des genres a toujours existé et qu’elle était souvent honorée dans les sociétés avant que les systèmes coloniaux et capitalistes ne la suppriment.
Une arme contre les réactions négatives
À l’heure où les droits des transgenres sont remis en question dans le monde entier, «Transgender Warriors» est plus que jamais d’actualité. Ce livre constitue une arme puissante contre les réactions négatives organisées visant à délégitimer les personnes transgenres et à restreindre leurs droits. L’analyse historique approfondie et le message militant de Feinberg prouvent que la lutte pour les droits des transgenres n’est pas seulement un phénomène moderne, mais un combat fondamental pour la liberté et l’égalité qui remonte à plusieurs siècles.
Ce livre incite non seulement les personnes transgenres, mais aussi les alliés et les militants à s’élever contre l’injustice. Le message de Feinberg est clair: la libération des personnes transgenres est inextricablement liée à la libération de tous les groupes marginalisés. Grâce à la solidarité et à l’action collective, nous pouvons créer un monde où la diversité des genres n’est pas seulement tolérée, mais célébrée comme un élément fondamental de l’expérience humaine.
«Transgender Warriors» n’est pas seulement un livre d’histoire; c’est un manifeste, un chant de lutte et un guide d’action. Le travail de Feinberg nous rappelle que la lutte pour l’émancipation des femmes ne concerne pas seulement les identités individuelles, mais aussi la lutte plus large pour un monde plus juste et plus humain. À une époque où les forces réactionnaires tentent de revenir en arrière, ce livre est un appel non seulement à comprendre l’histoire, mais aussi à la façonner activement dans le présent et l’avenir.
-
Ils ont volé notre histoire! La queerphobie nazie et la destruction de l’Institut de Sexologie de Magnus Hirschfeld en 1933
Non, le mouvement et l’activisme LGBTQIA+ ne sont pas nés le 28 juin 1969 à Greenwich Village lors du soulèvement de Stonewall. Le mouvement LGBTQIA+ moderne est en réalité né en Allemagne dans la seconde moitié du 19e siècle. Lors de notre week-end antifasciste début juillet, notre camarade Sam est revenu.e sur ces racines que le fascisme avait tenté d’arracher et dont l’héritage fut crucial pour le mouvement de libération LGBTQIA+ des années ‘60 et ‘70.
Karl Heinrich Ulrichs, un pionnier
Du début des années 1860, Karl Ulrichs fut le premier à reconnaître publiquement les personnes LGBTQIA+ en tant que minorité opprimée devant se battre pour son émancipation. Pionnier de la sexologie autant que précurseur du militantisme LGBTQIA+, il a souligné la nécessité d’adopter des termes clairs plutôt que des descriptions vagues et a également écrit sur ce qu’il décrivait comme le « troisième genre », que nous appelons aujourd’hui non-binaire ou genre queer. Il fut encore le premier à reconnaître véritablement l’existence de l’homosexualité féminine, chose très controversé à l’époque.
Karl Ulrichs voyageait à travers l’Europe pour organiser des réunions clandestines afin de parler de la LGBTQIA+phobie et de la manière de lutter contre l’oppression, dans le but de mobiliser les individu·e·x·s pour qu’elles/iels/ils agissent eux-mêmes, car son objectif principal restait l’activisme. Il a d’ailleurs organisé une ou plusieurs réunions de ce type en Belgique (probablement à Bruxelles). Il n’est cependant pas parvenu à construire un véritable mouvement.
Hirschfeld et l’Institut de sexologie
Après l’unification de l’Allemagne sous la forme d’un État-nation en 1871, les paragraphes 175 et 175b ont été inscrits dans le Code pénal allemand (Strafgesetzbuch). Ils ont criminalisé l’homosexualité de 1871 à 1994, mais interdisaient aussi très clairement aux individu·e·x·s d’être transgenres ou non conformes au genre. Bien que l’homosexualité entre femmes cisgenres n’était pas strictement interdite, l’« article 175 » a également été utilisé pour persécuter et emprisonner des lesbiennes. À partir de 1880, il y a même eu à Berlin une unité de police dédiée uniquement à l’arrestation des personnes LGBTQIA+.
C’est dans ce contexte que s’est déployée l’activité de Magnus Hirschfeld, lui-même homosexuel, à partir de son expérience de médecin et de psychologue, au début des années 1890. En 1897, il a fondé le Comité humanitaire scientifique (Wissenschaftlich-humanitäres Komitee) pour la réforme juridique de l’article 175, dont la devise était « par la science vers la justice » et qui reposait sur la combinaison de l’action politique, de la recherche scientifique et de l’éducation publique.
Bien que ses premiers écrits n’aient porté que sur les personnes gays et lesbiennes, il a rapidement commencé à accorder plus d’attention aux personnes transgenres et à celles qui ne se conforment pas au genre. Dans son livre phare « Die Transvestiten », il a nuancé l’idée d’Ulrichs sur l’existence d’un soi-disant « troisième genre discret ». Il était plutôt convaincu que le genre constituait un spectre et qu’il existait de multiples (ou nombreuses) identités de genre. Il a également établi une distinction entre le sexe biologique et le genre, de même qu’entre orientation sexuelle et identité de genre.
En 1919, il a fondé avec d’autres psychologues, médecin·e·x·s et activistes l’Institut für Sexualwissenschaft (Institut pour la science sexuelle) à Berlin, qui fournissait des conseils médicaux et psychologiques sur une série de questions sexuelles, principalement pour les personnes LGBTQIA+, mais pas seulement. Un autre objectif important de l’institut était la recherche scientifique claire et détaillée. L’Institut comprenait par ailleurs des archives, une bibliothèque et un musée visité par plus de 3.500 personnes chaque année. Des conférences y étaient organisées, comme le congrès international sur l’homosexualité. La même année, l’Institut a sorti le premier film de l’histoire sur l’homosexualité : « Anders als die Anderen ».
Très vite, les activités de l’institut ont été visées par des groupes d’extrême droite et conservateurs, comme les Freikorps et plus tard les SA. L’Institut était également un refuge pour personnes transgenres et non binaires.
Hirschfeld n’a certainement pas été le seul à effectuer de telles recherches, mais il fut une source d’inspiration directe pour presque tout le monde. Un ou plusieurs activistes agissant de manière indépendante ne constituent pas pour autant des mouvements sociaux. Voilà quelle était la grande différence avec Hirschfeld et son institut.
Il s’agissait du tout premier véritable mouvement LGBTQIA+ alliant recherche scientifique, activisme dans les rues et un travail d’éducation par le biais de magazines, de journaux et de tout un mouvement littéraire, avec le soutien des mouvements socialistes, anarchistes et féministes, y compris par-delà les frontières, notamment en tissant des liens avec les bolcheviks et l’Union soviétique, du moins jusqu’à ce que le totalitarisme bureaucratique stalinien n’en décide autrement.
Magnus Hirschfeld était particulièrement en relation avec les militantes féministes socialistes Clara Zetkin (à qui l’on doit la Journée internationale de lutte des droits des femmes) et Alexandra Kollontaï, ainsi que d’August Bebel, dirigeant du parti social-démocrate allemand, par ailleurs auteur du livre « La femme et le socialisme » (1891). Sans jamais avoir adhéré officiellement à un parti, la pensée de Hirschfeld était fortement influencée par les idéaux socialistes. Il défendait la plus forte solidarité possible entre le mouvement LGBTQIA+ et le combat féministe.
La persécution nazie
Les nazis ont qualifié Hirschfeld « l’Allemand le plus dangereux ». À l’époque, l’homosexualité était également appelée de manière moqueuse « l’amour allemand » ou « la maladie allemande », conséquence directe des travaux de Magnus Hirschfeld et de son institut.
Peu après leur arrivée au pouvoir en 1933, les nazis ont commencé à interdire les livres qu’ils considéraient comme « non allemands », y compris l’ensemble de l’œuvre de Magnus Hirschfeld. Ses livres ont été parmi les premiers à être interdits.
Le 6 mai 1933, les nazis ont détruit l’ensemble de l’institut, au cours d’un spectacle macabre, avec une fanfare et une foule d’environ 200 personnes invitées à regarder la démolition avec boissons et snacks à leur disposition. La persécution des personnes LGBTQIA+ par les nazis plongea alors dans l’horreur, de nombreuses personnes étant arrêtées, torturées et/ou déporté·e·x·s dans des camps de concentration.
La destruction de l’institut et l’inculpation du personnel n’étaient pas des surprises, mais cela s’est produit beaucoup plus rapidement que ce à quoi tout le monde s’attendait. Toute la bibliothèque et les archives de l’institut ont été perdues, le travail de toute une vie de Hirschfeld et de beaucoup d’autres. Hirschfeld est mort en exil en France quelques mois plus tard. En mai 1933, il était en tournée mondiale hors d’Allemagne pour avertir des dangers du fascisme.
Jusqu’en 1934, les poursuites à l’encontre des personnes LGBTQIA+ étaient du ressort de la police. À partir de cette date, la Gestapo a créé une nouvelle unité, le « Bureau spécial II S », qui se consacrait uniquement à la poursuite des personnes LGBTQIA+ et des personnes ayant eu recours à l’avortement. La loi a été modifiée de manière que les preuves ne soient plus nécessaires.
Plus de 160.000 homosexuels et transsexuels ont connu les camps de concentration et les prisons nazis. Les personnes survivantes ont ensuite continué à être persécutées par le gouvernement allemand. Il n’existe malheureusement pas de chiffres fiables concernant le nombre de lesbiennes envoyées dans les camps de concentration.
Le sort des personnes LGBTQIA+ sous le nazisme a toujours été tenu à l’écart de l’histoire. Il a fallu attendre environ 70 ans pour qu’elles/iels/ils soient officiellement reconnues comme victimes. Nous pouvons entretenir leur mémoire en poursuivant leur combat, par la liaison de la lutte pour l’émancipation LGBTQIA+ et de la lutte antifasciste. Ce n’est qu’en s’organisant et en luttant que l’on peut réaliser de réels progrès.
-
The Lesbians and Gays Support the Miners (LGSM). Quand une solidarité inattendue nourrit l’espoir et la lutte
“Lorsque vous vous battez contre un ennemi bien plus grand et bien plus fort que vous, découvrir que vous avez un ami dont vous n’aviez jamais soupçonné l’existence, c’est le meilleur sentiment du monde. Voyez-vous ce que nous avons fait ici, en nous réunissant tous ensemble? Nous sommes entrés dans l’histoire!” Laphrase est de Dai Donovan dans le film Pride, qui relate l’histoire bien réelle d’un groupe queer qui s’est jeté corps et âme dans le soutien à la grande grève des mineurs britanniques de 1984-85. Une histoire exemplaire qui, 40 ans après, continue de montrer la direction à prendre dans les luttes sociales: celle de la solidarité.
Ce film, par ailleurs magnifique, comporte cependant l’une ou l’autre faiblesse, dont la présentation relativement hostile de l’accueil réservé aux activistes des LGSM par les mineurs gallois. Mike Jackson, l’un des membres fondateurs des LGSM, souligne que de nombreux mineurs gallois s’étaient portés volontaires pour aller combattre le fascisme en Espagne durant la guerre civile :“Ces communautés avaient une vision globale du monde. Et je pense qu’un groupe de Queers venant de Londres, dans ce contexte, ne leur a pas semblé étranger.” Il développe : “Durant les années 1930, les patrons miniers ont essayé de baisser les salaires des Gallois en important de la main-d’œuvre espagnole. C’était une erreur: ce qu’ils ont importé, ça a été tous ces anarcho-syndicalistes espagnols qui ont commencé à organiser les mineurs locaux pour obtenir de meilleurs salaires!”(1) Le sud du pays de Galles fut la région la plus solide du pays pendant la grève: près de 93 % des mineurs sont restés en grève toute l’année.
L’offensive néolibérale
En 1984, le gouvernement de Margaret Thatcher décida de lancer une offensive d’ampleur contre le secteur du charbon, devenu propriété d’État après la Deuxième Guerre mondiale. L’objectif était double: fermer des mines déficitaires pour faire des économies et briser la résistance du plus puissant syndicat britannique, celui des mineurs, qui avait fait chuter le gouvernement conservateur en 1974. Le calcul était qu’une fois cette épine dorsale de la résistance ouvrière brisée, le rouleau compresseur néolibéral pourrait passer sur l’ensemble des conquêtes sociales de la classe ouvrière. 40 ans plus tard, Mike Jackson remarque, ironique : “Il est amusant de constater que tout ce mouvement contre la régulation et pour la réduction de l’État ne concerne jamais les syndicats, qui sont au contraire soumis à de nombreuses réglementations restrictives.”
Dans un autre entretien, il explique “Nous avons fait le choix de mener une mission très ciblée [soutenir les mineurs], et c’était absolument la bonne chose à faire. Mais bien sûr, ce qui sous-tend tout cela, c’est la lutte pour la solidarité de classe, pour le socialisme. C’est tout un monde pour lequel nous nous battions dans ce scénario, tout comme les mineurs eux-mêmes.”(2)
Expliquant quel cheminement personnel a conduit à cet engagement, Mike revient à son coming-out: “je suis sorti de l’adolescence totalement déprimé pour me transformer en une sorte de feu d’artifice mêlé de joie et de colère – un mélange exaltant. Ce coming-out a été une forme de libération individuelle qui m’a beaucoup appris sur l’émancipation d’autres groupes. Les luttes des Noirs ou des femmes me sont devenues plus claires parce que j’ai pu voir ce qu’il y a de commun à propos de l’oppression dans notre culture. J’ai été plutôt choqué, ensuite, de m’affirmer comme homosexuel et de constater qu’il y avait une misogynie et un racisme latents dans le milieu gay. Ça n’avait tout simplement pas de sens. Et, bien sûr, la classe dirigeante adore ce genre de tension et se plaît à semer un peu de division. Le mouvement anti-trans en est aujourd’hui l’exemple parfait. On tente de diviser notre communauté.”
Une lutte plus que jamais d’actualité
Les Lesbians and Gays Support the Miners ont compté jusqu’à onze groupes au travers du Royaume-Uni. À lui seul, le groupe londonien récolta l’équivalent de plus de 100.000 euros actuels en soutien de la grève. À ses côtés existait aussi un groupe distinct de lesbiennes qui s’en était détaché, Lesbians Against Pit Closures.
Les mineurs n’ont hélas pas reçu le même type de solidarité de la part des directions syndicales nationales. Celles-ci ont refusé d’organiser l’extension de la lutte à d’autres secteurs vers une grève générale nationale. Elles étaient tétanisées par une possible perte de contrôle de la lutte et par l’auto-organisation potentielle des grévistes. Cruel calcul qui a conduit à une série de défaites majeures pour l’ensemble de la classe travailleuse.
Cette solidarité devenue aujourd’hui légendaire, notamment grâce au film Pride, n’est toutefois pas restée à sens unique. Quand la fin de la grève fut déclarée, lors d’une réunion, un des mineurs s’est levé et a dit: “C’est fini pour nous, mais ce que nous devrions faire maintenant, c’est nous tourner vers ceux qui nous ont soutenus, en particulier les lesbiennes et les gays qui sont avec nous aujourd’hui, et leur apporter le soutien dont nous savons qu’ils ont besoin.” Ce sont les mineurs du sud du Pays de Galles qui ont fait pression sur le NUM (National Union of Mineworkers, syndicat national des travailleurs des mines) pour qu’il utilise son vote en bloc et pour que d’autres syndicats utilisent également leur vote en bloc, ce qui a permis d’inscrire les droits des lesbiennes et des gays dans le manifeste du parti travailliste.
- Le cofondateur de Lesbians and Gays Support the Miners raconte, traduction d’un entretien de Tribune pour le site Ballast.fr, 21 juillet 2022
- ‘There Was a Whole World We Were Fighting For’: LGSM Turns 40, Francesca Newton, tribunemag.co.uk, 29 avril 2024
-
Pride is a protest : Pas de libération pour certain.e.s sans libération pour tous.tes !
Sous les paillettes, la rage ! La 4e édition de “Pride is a protest”, une Pride radicale et résolument antifasciste, était organisée à Gand dimanche dernier autour de la Campagne ROSA ! Une fois de plus, le cortège était combatif, dynamique et coloré.
Les ateliers précédant la manifestation ont permis d’aborder plus en profondeur l’histoire des luttes queers. Après un concert et des premières prises de parole, nous sommes parti.e.s dans les rues de Gand accompagné.e.s d’un groupe de samba. Ensuite, des orateur.trice.s se sont succédés et la journée s’est terminée sur un dragshow.
Une mobilisation réussie et importante, tout particulièrement alors que la menace de l’extrême-droite est si élevée ! Organisons-nous pour lutter ensemble contre toutes les oppressions et le système qu’elles entretiennent : le capitalisme ! L’unité dans la lutte, c’est non seulement la meilleure façon de défendre nos conquêtes sociales et d’en arracher d’autres, mais c’est aussi l’antidote par excellence au poison de la haine.
Quand nous sommes côte à côte pour défendre notre avenir, il n’y a plus de places pour les préjugés. Merci à toustes pour votre participation et votre belle énergie !
Reportage photos de Liesbeth



















Reportage photos de Pol
























-
Les pronoms neutres: une bataille politique
Les pronoms font de plus en plus partie du débat social. Les pronoms qui s’écartent des pronoms binaires traditionnels (il et elle) sont souvent présentés comme quelque chose de neuf. Au même moment, les droits des personnes LGBTQIA+ sont de plus en plus remis en question et attaqués. Le Vlaams Belang et la N-VA sont convaincus que l’existence de personnes transgenres et non binaires est une attaque directe contre les valeurs familiales dites traditionnelles. Georges-Louis Bouchez, du MR, a quant à lui déclaré que le respect des pronoms d’une personne ne ferait qu’entraîner une confusion inutile et constituerait une démonstration politiquement correcte excessive qui limiterait la liberté d’expression.
Par Sam (iel)
Le capitalisme prétend que le système binaire rigide des genres a toujours existé et que l’existence d’identités de genre en dehors de cette binarité est une invention récente. Mais c’est précisément le système binaire de genre qui a émergé à la suite du développement de la société divisée en classes sociales. Dans ce système de classes, et plus tard au sein du capitalisme, des rôles et des attentes rigides en matière de genre sont apparus. Le capitalisme repose sur la stabilité de la famille nucléaire et sur les rôles binaires hommes / femmes.
Les origines de l’oppression des personnes non binaires et transgenres remontent à celles de la société patriarcale. L’élite dirigeante a utilisé la LGBTQIA+phobie comme outil pour assurer sa propre position.
Les personnes non binaires, transgenres et non conformes au genre ont toujours existé. Ces identités de genre n’ont rien de neuf, mais elles ont été réprimées et persécutées par le système de classe tout au long de l’histoire.
En Amérique du Nord, par exemple, de nombreuses identités de genre différentes étaient reconnues, ce qui se reflétait également dans leur langue, l’une des plus célèbres étant la “bispiritualité” (two-spirit en anglais). Ces personnes occupaient souvent des postes importants dans leur tribu. Mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Si le terme “non-binaire” est relativement récent (il a été utilisé pour la première fois à la fin des années 1980), l’utilisation de pronoms neutres est très ancienne. La première utilisation de “they” en tant que pronom neutre dans la langue anglaise remonte à 1375. Chaucer, Shakespeare et Jane Austen ont également utilisé “they” comme pronom neutre dans leurs ouvrages. On retrouve par ailleurs également des pronoms neutres dans de nombreux textes médicaux du XVIe siècle.
Au cours des 19e et 20e siècles, de nombreux pronoms neutres différents ont été utilisés, mais aujourd’hui “they/them” sont les pronoms neutres les plus courants en anglais. L’utilisation des pronoms neutres “die/hun” en néerlandais et “iel” en français est beaucoup plus récente. Le “iel” français est utilisé depuis 2010 et a bénéficié d’une reconnaissance officielle en 2021 en rentrant dans le Petit Robert.
Le respect des pronoms est également une question politique. On constate que ce sont surtout les personnes qui transgressent visiblement les schémas de genre stricts qui sont victimes de violences queerphobes. Pour lutter contre la rigidité imposée du système de genre binaire, nous devons également lutter contre sa cause, qui est le capitalisme lui-même. Le capitalisme et la classe dirigeante essaieront toujours de maintenir une stricte binarité de genre pour assurer leur survie.
Pour combattre ce système, nous devons construire un mouvement qui lutte contre toutes les formes d’oppression et de division.
-
Inclusivité de façade? Organisons-nous pour les droits LGBTQIA+ au travail
En ce mois des Fiertés, les drapeaux arc-en-ciel colorent les rues et les bâtiments de nombreuses entreprises. Le mot “inclusivité” fait partie du vocabulaire usuel de nombreux dirigeant.es d’entreprises. Et pourtant… malgré ce décor bienveillant, les discriminations envers les personnes LGBTQIA+ ne diminuent pas.
Ainsi, en Belgique, 2/3 des couples homosexuels n’osent pas se tenir la main en rue et 3/4 n’osent pas parler ouvertement au travail de leur identité de genre ou de leurs préférences sexuelles. Cela impacte leurs participations à des événements informels où les conjoint.e.s sont invité.es et restreint leur intégration au travail. Pratiquement toutes et tous déclarent avoir été confronté.es à des actes de haine, 40% ont fait une tentative de suicide suite à ce contexte discriminant (contre 7% dans la population générale).
Des Chartes aux actions concrètes
Face à ces statistiques terrifiantes, de nombreux employeurs (entreprises privées et publiques) ont été poussés à signer des chartes et développent des brochures montrant ainsi que leur entreprise se préoccupe de ces questions. Si c’est un pas en avant, dans la pratique, ce n’est que très peu suivi d’actes, comme si ces discriminations étaient déconnectées de toute réalité tangible et de nos conditions de travail.
Notons que signer une charte n’a rien de contraignant, tandis que des accords d’entreprise ou interprofessionnels, négociés par les syndicats, eux le sont ; même s’il faut aussi encore les défendre et en assurer la vie sur le terrain. Les discriminations continuent à être clairement affichées comme un outil du patronat. Ainsi, 13% des personnes LGBT+ déclarent avoir été questionnées sur leur orientation sexuelle au moment de l’embauche et la moitié des personnes LGBT+ victimes de discrimination le sont au moment de l’embauche ou sur leur lieu de travail (statistique de l’IFOP-France).
Des uniformes aux sanitaires, les conditions de travail doivent évoluer
Longtemps, de nombreuses entreprises ont prétendu qu’il n’était pas possible d’engager des femmes vu l’absence de vestiaires spécifiques. Aujourd’hui, ce problème est relativement résolu dans une majorité des secteurs (mais pas dans tous, comme dans la construction par exemple). Cependant, des sanitaires et vestiaires collectifs ne permettent pas d’assurer la sécurité et la tranquillité de tout le monde, en particulier des personnes transgenres. Lutter pour des cabines individuelles lors de la construction et la rénovation des lieux de travail est nécessaire pour favoriser le bien-être de tout le monde au travail et réduire les discriminations à l’embauche.
La présence de représentant.e.s syndicaux durant les entretiens d’embauche est également importante pour éviter les questions discriminatoires. La loi prévoit cette possibilité, mais une pression de travail accrue pèse sur elles et eux. Alors que les élections sociales viennent de prendre place, nous devons lutter pour que les représentant.e.s puissent être libéré.e.s autant que nécessaire pour l’ensemble de leurs tâches.
D’autres revendications contre les discriminations au travail pourraient porter sur des uniformes “neutres”, adaptables à la demande des travailleur.euse.s. Ou encore la nécessité de privilégier le travail en équipe, ou au moins en binôme, plutôt que seul, lorsqu’on est en contact avec le public afin de ne pas être isolé en cas d’hostilité, d’agression, de violence ou de comportement discriminant.
Le mouvement syndical doit combler son retard
Les syndicats ont quelques trains de retard en matière d’attention aux discriminations de genre et LGBTQIA+phobe. Face à une discrimination LGBTQIA+phobe au travail, il est clair que le réflexe n’est pas, aujourd’hui, d’en faire part à son.sa représentant.e syndical tant l’attention et la compréhension du problème sont souvent faibles en la matière. Les travailleur.euse.s se tournent plutôt, dans l’ordre, vers des associations LGBTQIA+ extérieures, la justice ou la hiérarchie. Dans 12 % des cas, ils et elles quittent leurs emplois, faute d’amélioration.
Il semble nécessaire qu’un plan de formation soit développé dans les syndicats à destination des militant.es, et à fortiori les délégué.es d’entreprise, mais aussi des permanent.es syndicaux afin que le mouvement syndical puisse organiser et défendre tous les travailleur.euse.s. Des campagnes d’affichages pour communiquer à ce sujet et sur des revendications spécifiques pour l’entreprise ont été développées çà et là par des militant.es et pourraient être davantage généralisées.
À l’image de ce que fait la CGT en France, un kit militant pourrait être développé pour que les travailleur.euse.s puissent participer de manière militante aux Prides, non pas avec les couleurs de leur entreprise, mais celles de leur syndicat. La lutte contre les discriminations n’est pas une sous-lutte du mouvement syndical, mais en fait partie à part entière. “Plus forts ensemble !” nous rappelle la FGTB. En tant que militant.e, participons à la construction de cette unité de l’ensemble des personnes opprimées et exploitées !
Pride is a Protest 30 juin. Coyendanspark Gand
13h. Accueil, ateliers et musique
15h. Début de la marche
17h. Discours, spectacle de travestis et aérobic des années ‘80
20h. Groupes et DJ (fin à 22h)
Ateliers, de 13h15 à 14h30 :
– Atelier d’autodéfense queer, par Queer Gym: cet atelier propose une introduction à l’autodéfense.
– Activisme trans révolutionnaire. De S T A R à aujourd’hui. Avec Conor Tomey (il/lui) de la Trans and Intersex Pride Dublin (atelier en anglais).
– Mouvement anti-genre. Qui sont-ils et comment les combattre? Avec Rylan (iel), doctorant.e à l’Université d’Anvers spécialisé.e sur les mouvements anti-genre.
– Pas de Pride dans un génocide! Avec Carmen (elle), fondatrice d’Anvers pour la Palestine et directrice de l’ASBL Palestine Solidarity. Carmen discutera de l’histoire de la Palestine et de la résistance et abordera notamment le “pinkwashing” du régime israélien.
– L’histoire de la Pride. Sam (iel) de la Campagne ROSA nous ramènera au soulèvement de Stonewall de juin 1969 et aux idées radicales qui ont donné naissance aux Pride.
– Où en est le capitalisme hétéronormatif et binaire? Cet atelier explorera l’utilité des rôles de genre binaires pour le système capitaliste.
-
Pride radicale à Paris “Pour l’autodétermination et la libération des identités et des peuples”
Ce dimanche 16 juin a eu lieu à Paris l’édition 2024 de la Pride radicale, à l’initiative des collectifs Queer Racisé·e·s Autonomes, Décolonisons Le Féminisme, Nta Rajel?, DIIVINESLGBTQIA+, Queer Education, RaíZes Arrechas et Maré Mananga. Alternative Socialiste Internationale – France y était également et y a notamment distribué le tract disponible ci-dessous.
Il y a urgence ! La menace d’un gouvernement d’extrême droite est bien réelle. Nous le savons, ça signifiera notamment encore plus de violences et d’attaques de l’Etat contre les personnes LGBTQIA+, tout particulièrement contre les personnes trans, de même que contre les personnes qui subissent déjà aujourd’hui la brutalité du racisme ou du sexisme systémiques, contre la jeunesse et contre les syndicalistes. C’est la classe travailleuse dans toute sa diversité qui est visée.
Ce n’est pas une fatalité. Par l’unité dans l’action, ensemble, nous pouvons repousser la menace et passer à la contre-offensive pour en finir avec elle. Voter pour le Nouveau Front Populaire (NFP) est un des prochains pas pour aller de l’avant, mais ce sera très loin d’être suffisant. Nous devons construire la lutte sociale de manière à disposer d’un puissant rapport de force à notre faveur, dans la rue et sur les lieux de travail. C’est par la lutte que nous avons arraché nos conquêtes sociales, c’est ainsi que nous les défendrons aussi. C’est aussi la meilleure manière d’instaurer une pression sur le NFP pour assurer que ses candidat⸱es défendent nos intérêts dans les actes. C’est encore la meilleure façon de démasquer les mensonges du RN et de ses propositions soi-disant “sociales”. Enfin, l’action collective, c’est le remède idéal contre la division et la haine de l’autre semées par la macronie et l’extrême droite. Les préjugés ne résistent pas aux manifestations et aux grèves organisées démocratiquement dans les rues, sur les lieux de travail, dans les universités, etc. contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation. Si toute la diversité de la classe travailleuse est accueillie et valorisée dans la mobilisation de masse, plus rien n’est impossible !
Les jeunes et les personnes opprimées montrent la voie. Ielles sont à l’avant-garde de la résistance qui a commencé à se former immédiatement dimanche dernier, avec des manifestations quotidiennes dans toute la France rassemblant des dizaines de milliers de personnes de la classe travailleuse. Deux lycées à Paris et à Lyon ont été bloqués lundi et les organisations queers, féministes, de jeunesse ainsi que les syndicats lycéens et étudiants appellent à l’unité dans la lutte. Leur détermination et le mouvement de résistance grandissant font écho aux nombreuses luttes inspirantes de ces derniers mois : de la solidarité avec les masses palestiniennes ou kanaks à la grève féministe du 8 mars, en passant par la nouvelle vague #metoo dans le cinéma et les hôpitaux, et par la riposte trans, il est clair que la jeunesse et les personnes opprimées refusent d’être ramené⸱es en arrière. Ces luttes doivent être reflétées de manière centrale dans le NFP et dans son programme.
5 des 8 principales organisations syndicales (CFDT, CGT, Unsa, FSU et Solidaires) ont lancé l’appel unitaire à manifester dans toute la France ce week-end contre l’extrême-droite. C’est absolument crucial et c’est la dynamique à suivre. Quel que soit le résultat des législatives, nous aurons besoin de nous battre pour faire valoir nos droits. Pour l’assister et assurer le contrôle du mouvement par la base, du bas vers le haut, nous devons mettre en place sans perdre de temps des comités de lutte démocratique antifascistes partout – au boulot, dans les universités, les écoles et les quartiers – afin de décider d’un plan d’action en escalade, avec l’objectif du blocage de l’économie par la grève. De cette manière, nous pouvons reconstruire l’ambiance explosive de la bataille contre la réforme des retraites et aller là où les directions syndicales ont refusé d’aller : vers la grève générale reconductible contre l’extrême droite, mais aussi contre les oppressions, l’austérité et le système capitaliste dans son ensemble.
De la bataille historique contre la réforme des retraites à la menace d’un gouvernement d’extrême droite. Comment expliquer ça ?
Un an seulement après que l’on ait ressenti le potentiel d’un nouveau mai ‘68, l’extrême droite est à l’offensive et pourrait diriger le prochain gouvernement. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment construire une lutte sociale plus forte et efficace ? Le combat contre les oppressions est central dans les deux cas.
Il y a un an, la pression de la base n’a pas été suffisante pour pousser l’Intersyndicale à organiser une grève générale reconductible. Le gouvernement Macron a bien vu les faiblesses des sommets syndicaux. Il a alors instrumentalisé les éléments émeutiers de la révolte qui a suivi le meurtre policier raciste de Nahel pour semer des éléments de division dans le mouvement avec une contre-offensive islamophobe et raciste visant à diaboliser tout soutien à #justicepourNahel. Face à la réaction tardive des directions syndicales et d’une grande partie de la NUPES pour soutenir les luttes antiracistes, Macron a continué sur sa voie. Et durant des mois, la faiblesse de la gauche réformiste en matière de lutte contre les oppressions a permis à la contre-offensive de la droite de prendre de l’ampleur avec l’interdiction raciste et sexiste de l’abaya, la loi raciste sur l’immigration, la répression brutale du mouvement de solidarité avec la Palestine ou encore l’écœurant soutien de Macron à Depardieu. Pour affaiblir la résistance sociale, Macron a fait le choix délibéré de normaliser bien des aspects de l’extrême droite.
Le projet de loi anti-trans proposé par Les Républicains (LR) et adopté par le Sénat à la fin du mois de mai – qui exclut les mineurs des soins de santé et menace d’amendes et de peines de prison le personnel médical qui les procurent – est une autre escalade de cette offensive réactionnaire. Les attaques contre les personnes LGBTQIA+, et en particulier les personnes trans, sont au premier plan du processus réactionnaire en France et dans le monde entier. En mai dernier, l’establishment péruvien a classé les identités trans et queer comme maladies mentales. En juillet de l’année dernière, la Russie a interdit toutes les transitions administratives et médicales, y compris la chirurgie et les traitements hormonaux. Aux États-Unis, nous assistons à l’interdiction de livres et à un assaut de lois queerphobes et transphobes.
Ces attaques et le discours “anti-woke” qui présente les personnes LGBTQIA+ comme “anormales” s’ajoutent à la crise quotidienne à laquelle sont confrontées les personnes queer de la classe travailleuse : ielles sont touché⸱es de manière disproportionnée par les coupes budgétaires dans les services sociaux de base et sont confronté⸱es à des taux élevés de pauvreté, de sans-abrisme et de violence de genre, ainsi qu’à des listes d’attente très longues en cas de soins de santé trans. Cela stimule et normalise la violence et le harcèlement. L’année dernière, les cas enregistrés par la police (une minorité !) ont augmenté de 19% en France et 2022 a été l’année la plus meurtrière pour les personnes LGBTQIA+ en Europe depuis une décennie. Tout cela doit cesser ! C’est pourquoi la Pride est synonyme de riposte !
C’est tout le système qui est coupable ! La libération queer, pas le capitalisme arc-en-ciel !
Ce déluge d’attaques est déclenché par la classe dirigeante pour protéger son système capitaliste pourri, qui se traduit par des profits pour une minorité et par l’austérité et la violence pour la majorité. La LGBTQIA+phobie, le sexisme et la violence de genre sont profondément enracinés dans la structure familiale patriarcale du capitalisme ainsi que dans le système dans son ensemble, qui ne peut fonctionner sans le modèle binaire du sexe et du genre. Le capitalisme s’appuie sur les soins et les travaux ménagers non rémunérés, dont plus des trois quarts sont effectués par les femmes dans le monde, et utilise la LGBTQIA+phobie, le sexisme et le racisme pour diviser la classe travailleuse et briser notre volonté de résister – et ce peu importe le résultat meurtrier des idées transphobes rampantes dans notre société.
Nous ne les laisserons pas faire! La riposte trans et la grève féministe du 8 mars ont montré la voie. Nous accueillons la mobilisation des syndicats comme la CGT et Solidaires, ainsi que des partis politiques de gauche comme LFI. Cependant, il faut aller plus loin. Inspirons-nous de la formidable lutte de la classe travailleuse en Argentine, mené par les femmes et les personnes LGBTQIA+. Depuis l’arrivée au pouvoir de Milei, ielles ont organisé deux grèves générales et une grève féministe massive le 8 mars sous le slogan “Cette fois, nous devons y arriver”, un discours devant le congrès clôturé par “Nous n’avons pas peur de Milei ! Nous étions une marée, nous deviendrons un tsunami !” Voilà comment on combat l’extrême droite !
Des comités de résistance antifascistes démocratiques partout !
Le Rassemblement national a obtenu plus de 30 % et Macron a tout de suite convoqué des élections législatives anticipées. Quel contraste avec son opposition acharnée à la résistance de millions de Français⸱es qui ont fait grève et ont manifesté contre sa réforme des retraites ! Il est plus prompt à se lancer dans une aventure qui peut conduire l’extrême droite au pouvoir. Le patronat regarde avec satisfaction, tandis qu’une partie de la droite est prête à s’allier au RN. La droite ne fait pas barrage à l’extrême droite, elle lui déroule au contraire le tapis rouge.
Face à cela, notre riposte doit aller au-delà du vote pour le NFP, elle doit être un front uni de la classe travailleuse dans toute sa diversité. Nous devons construire un mouvement dans l’esprit de la lutte contre la réforme des retraites, qui combine la force considérable du mouvement ouvrier organisé, grâce à l’arme de la grève reconductible, avec la volonté courageuse et inspirante de lutter en faveur d’un changement fondamental à l’avantage des jeunes et des opprimé⸱es, ce qui peut stimuler la lutte des classes dans son ensemble.
Des comités démocratiques de résistance antifasciste devraient être créés dans tous les quartiers populaires, les banlieues, les écoles, les universités et les lieux de travail. À petite échelle, cette méthode d’organisation a été utilisée dans les comités antifascistes de Bretagne, les assemblées générales d’enseignant⸱es, d’étudiant⸱es et de parents dans la lutte pour l’éducation nationale au début de cette année, ainsi que dans les comités de grève et les actions “Robin des Bois” pendant la lutte contre la réforme des retraites, lorsque les grévistes de l’énergie ont mis en place une distribution gratuite de gaz et d’électricité pour les écoles, les hôpitaux, etc. L’approvisionnement en électricité a été rétabli pour les utilisateur⸱trices qui ne pouvaient pas payer leurs factures et un tarif réduit allant jusqu’à 60 % a été mis en place pour les petit⸱es commerçant⸱es. Ces actions, bien que d’ampleur limitée, ont illustré ce que le contrôle et la gestion des travailleur⸱euses dans l’économie pourraient signifier. Cela donne un aperçu de ce que serait une société où celleux qui produisent les richesses décident de leur utilisation !
Le problème fondamental, ce n’est pas la diversité, c’est la toute-puissance de la dictature des marchés !
Combien de jeunes LGBTQIA+ ne se sentent pas en sécurité à l’école ? Mais les établissements scolaires sont dépourvus des ressources et connaissances suffisantes pour réagir de manière adéquate. Défendre un enseignement réellement inclusif, cela exige d’arracher un financement massif de l’enseignement, pour des classes plus petites, pour une formation accrue des enseignant⸱es y compris aux questions liées au genre, et pour une collaboration avec les associations de terrain qui ont accumulé une expertise largement ignorée par les pouvoirs publics.
Pour repousser la discrimination face au logement et en finir avec les longues listes d’attente pour bénéficier d’un logement social, nous devons nous battre en faveur d’un ambitieux plan de rénovation et de construction de logements sociaux, dont l’ampleur déterminera également l’efficacité de la pression sur l’ensemble des loyers du pays. Et ce, dans le cadre d’un plan public d’isolation et de rénovation du bâti, quartier par quartier. Nous voulons en finir avec toutes les formes de précarité, y compris la précarité énergétique!
Alors, oui, ça exige des moyens, mais la société n’en manque pas. En nationalisant les secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleur.euse.s, nous pourrions utiliser les richesses monumentales qui existent pour répondre aux besoins de toute la population, et assurer l’épanouissement de chaque personne. Retirer tout le secteur pharmaceutique de la logique de profits, par exemple, permettrait d’assurer que la production de médicaments et de traitement hormonaux ne soit pas laissée à la simple appréciation des actionnaires. Pour en finir avec les pénuries, retirons la production des griffes des capitalistes!
Une telle révolution dans l’organisation de la société et au coeur de celle-ci – le système de production – modifierait aussi inévitablement les attitudes liées au genre et à l’orientation sexuelle. Celles-ci sont ancrées dans la société de classes et dans les relations de pouvoir qui en découlent. Une société socialiste démocratiquement planifiée poserait les bases de l’émancipation de l’humanité dans toute sa diversité.
Réunion ouverte – 1934-1936 : De la provocation fasciste au potentiel révolutionnaire
Le 6 février 1934, l’extrême droite manifesta dans les rues de Paris. La manifestation se termina par de violentes confrontations avec les forces de l’ordre. Le danger représenté par l’extrême droite en France devenait particulièrement évident. Mais la riposte antifasciste ouvrière ne se fit pas attendre et stoppa net le danger fasciste.

Cette réunion sera en ligne, toutes les infos sont disponibles pour y accéder avec ce code QR. La dynamique enclenchée alors conduisit au mouvement de grèves avec occupation d’usines de 1936, mouvement qui a posé les bases d’importantes conquêtes sociales telles que la semaine des 40 heures et l’extension des congés payés à tous les travailleurs. Cette grève générale s’est spontanément développée à la suite de la victoire électorale du Front Populaire, une alliance des socialistes (SFIO), des communistes (PCF) et du Parti radical, le parti pivot des gouvernements de l’entre-deux-guerres. L’ambiance était festive dans les entreprises : les travailleurs savaient que leur moment était venu. Le journal “Le Temps”, que Trotsky décrivait comme “la bourgeoisie sous forme de journal”, décrivait avec horreur comment les ouvriers se comportaient dans les usines : comme s’ils en étaient déjà les maîtres.
Le retentissement du mouvement dépassa les frontières françaises, il influença notamment la dynamique de la grève générale de juin 1936 en Belgique qui a posé les bases de la sécurité sociale obtenue après-guerre. La réussite du mouvement de masse en France avait le potentiel non seulement de renverser le capitalisme, mais aussi d’approfondir le processus révolutionnaire en Espagne tout en portant un coup décisif au fascisme en Allemagne et en Italie. Cela aurait rendu inévitable le déclenchement d’une révolution politique en Union soviétique contre la dictature bureaucratique stalinienne et en faveur de la restauration de la démocratie ouvrière, cette fois-ci sans que la révolution soit isolée. L’horreur de la Seconde Guerre mondiale n’aurait probablement jamais eu lieu.
Mais la politique du gouvernement du Front populaire est finalement strictement restée dans les étroites limites du capitalisme. Et comme le soulignait Daniel Guérin dans son récit des événements « Une révolution qui cesse d’avancer est condamnée à refluer ». Le gouvernement de Front Populaire n’a finalement duré que deux ans et une fois de retour au pouvoir, la droite s’est sauvagement vengée de la peur panique qu’elle avait ressenti.
Quelles leçons en tirer pour aujourd’hui ? Comment la riposte antifasciste peut elle devenir un mouvement révolutionnaire ? Venez en discuter avec nous !
-
30 juin, Gand: manifestation “Pride is a protest”. Un dimanche arc-en-ciel… après un probable dimanche noir
Ce mois d’avril, en France, les sénateurs Les Républicains ont déposé une dangereuse proposition de loi avec pour ambition d’interdire toute transition sociale et médicale avant 18 ans. Derrière le prétexte du combat pour la “protection de l’enfance” se cachent des années de mal-être pour les enfants transgenres si jamais ce projet passe. Un certain paradoxe existe en ce qui concerne la visibilité des personnes transgenres et non-binaires: plus il y a de visibilité et d’acceptation dans des couches larges de la société, plus il y a de haine et de transphobie.
Par Sam (Bruxelles)
De l’autre côté de l’Atlantique, la National Association of Intercollegiate Athletics, qui supervise les petites universités américaines, a annoncé le 9 avril qu’elle interdisait aux athlètes transgenres de pratiquer des sports féminins. Cette décision fait suite à toute une série de reculs des droits LGBTQIA+ aux Etats-Unis qui ont renforcé les discriminations à l’aide de recherches scientifiques manipulées et déformées.
Un “effet de mode” ?
L’an dernier, la télévision nationale flamande a diffusé un documentaire dans lequel la prise en charge des jeunes transgenres (et la prise en charge des personnes transgenres en général) était remise en question. L’un des arguments avancés était qu’il y avait la possibilité qu’il y ait une personne cisgenre (donc non transgenre) confuse parmi ces personnes et que cette personne cisgenre devait être sauvée à tout prix. Une des idées essentielles du reportage était que le fait qu’être transgenre n’est finalement qu’une mode et qu’il devrait donc être interdit aux personnes de moins de 40 ans de faire une transition.
Cette idée de “mode” laisserait de plus entendre qu’il serait plus facile de vivre en tant que personne transgenre ou non binaire. La réalité des faits est cependant que les personnes LGBTQIA+ courent un risque bien plus élevé de se retrouver dans la précarité. Trouver un emploi ou un logement accessible est beaucoup plus compliqué, ce qui accroît le risque de tomber dans la prostitution et la pauvreté.
L’offensive réactionnaire contre les droits LGBTQIA+, et trans en particulier, alimente la confiance de certains groupes et individus pour passer à l’intimidation et à la violence, en ligne et dans la vie réelle. Le nombre de personnes trans et non binaires assassinées chaque année continue d’augmenter d’année en année.
En février, aux États-Unis, dans l’État conservateur de l’Oklahoma, une jeune personne non binaire de 16 ans, Nex Benedict, est décédée des suites d’une violente agression à l’école. En dépit des nombreuses blessures, la police a finalement classé l’affaire comme un suicide, sans la moindre poursuite criminelle. Sur cette année 2024 uniquement, pas moins de 21 projets de loi anti-trans ont été adoptés aux États-Unis et 24 autres entreront en vigueur prochainement !
Toutes les études soulignent que les personnes LGBTQIA+ sont beaucoup plus susceptibles d’être victimes de violence que les personnes qui ne le sont pas, qu’il s’agisse de violence physique ou verbale. Et au sein de la communauté, les personnes transgenres sont encore plus souvent ciblées. Il ne s’agit pas le plus souvent d’événements ponctuels, mais d’expériences de violence répétées qui font partie intégrante du quotidien. Sans surprises, le taux de tentatives de suicide est plus élevé chez les personnes transgenres et non binaires: 25 fois plus que celui des personnes cisgenres.
La lutte pour les droits LGBTQIA+ est un combat antifasciste !
La polarisation dans la société devient un phénomène structurel, dans les domaines les plus divers. Plusieurs rapports annuels de l’ILGA (International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association) ont averti que cette polarisation augmente également de façon alarmante concernant les personnes LGBTQIA+, y compris dans les pays où d’importantes victoires juridiques ont déjà été remportées.
En Belgique, l’organisation de jeunesse Wel Jong rapporte également que la violence, la haine et l’intolérance à l’égard des personnes LGBTQIA+ ont visiblement augmenté ces dernières années, illustrée notamment par les attaques publiques de Theo Francken (N-VA) ou encore Dries Van Langenhove sur les réseaux sociaux. Quand Theo Francken était encore secrétaire d’État à l’asile et à la migration dans le gouvernement Michel, il justifiait parfois la déportation de personnes migrantes dans le but de “protéger les femmes flamandes et les personnes LGBQIA+”. Mais un rapide coup d’œil à son compte X (ex-Twitter) démontre qu’il ne s’est de toute évidence jamais soucié du sort des personnes LGBTQIA+.
A droite et à l’extrême droite, ce type de discours sert avant tout à consolider une base militante autour d’un discours “anti-woke” qui présente notamment les personnes LGBTQIA+ comme “anormales”. Mais il devient plus audible à mesure que ces partis, tout particulièrement l’extrême droite, progressent.
Il faut s’attendre à de nouvelles percées à l’avantage de l’extrême droite aux prochaines élections, en Belgique comme ailleurs, ne restons pas sans réagir et renforçons la riposte antifasciste !
Changer la société pour changer les mentalités
Nos idées sur le genre dépendent des conditions sociales dans lesquelles nous vivons. Lorsque ces conditions sociales changent, nos idées sur le genre peuvent également changer. Par conséquent, nous ne pouvons pas lutter contre la transphobie et toutes les formes de queerphobie sans lutter contre le capitalisme.
Ces deux combats sont liés. Le système capitaliste utilise la transphobie, et toutes les formes de haine et d’oppression pour diviser la majorité sociale, et tout particulièrement la classe travailleuse qui a le pouvoir de bloquer toute la société par la grève de masse. Ce système repose sur la logique de “diviser pour régner” comme il repose sur l’exploitation de la nature et des êtres humains.
Mais la droite utilise également ce discours de manière plus subtile en remettant en cause, par exemple, la nécessité de rembourser les soins de santé pour les personnes transgenres soit-disant parce qu’il n’y aurait pas assez de budget, alors que les soins pour les personnes transgenres ont déjà connu de sérieuses coupes budgétaires ces dernières années. La lutte pour la défense et l’extension des services publics et sociaux, c’est aussi un combat LGBTQIA+ !
Les coupes budgétaires dans ces services allongent les listes d’attente pour disposer de soins médicaux et psychologiques adéquats, de logements sociaux, de refuges pour les victimes de situations familiales violentes,… Toute la population est est victimes, mais l’impact est encore plus grave pour les personnes LGBTQIA+.
Ce n’est qu’un début, continuons le combat !
En présentant la pseudo “idéologie du genre” comme un problème, on détourne l’attention des véritables défis à relever dans cette société profondément inégalitaire. Les partis politiques conservateurs se présentent comme des défenseurs de la stabilité alors que c’est leur politique qui crée un désert social propice à la violence. Le problème fondamental, ce n’est pas la diversité, c’est la toute-puissance de la dictature des marchés !
Aujourd’hui, plus de 40% des jeunes LGBTQIA+ en Flandre ne se sentent pas en sécurité à l’école. Les écoles sont dépourvues des ressources et connaissances suffisantes pour réagir de manière adéquate. Défendre un enseignement réellement inclusif, cela exige d’arracher un financement massif de l’enseignement, pour des classes plus petites, pour une formation accrue des enseignants y compris aux questions liées au genre, et pour une collaboration avec les associations de terrain qui ont accumulé une expertise largement ignorée par les pouvoirs publics.
Pour repousser la discrimination face au logement et en finir avec les longues listes d’attente pour bénéficier d’un logement social, nous devons nous battre en faveur d’un ambitieux plan de rénovation et de construction de logements sociaux, dont l’ampleur déterminera également l’efficacité de la pression sur l’ensemble des loyers du pays. Et ce, dans le cadre d’un plan public d’isolation et de rénovation du bâti, quartier par quartier. Nous voulons en finir avec toutes les formes de précarité, y compris la précarité énergétique!
Alors, oui, ça exige des moyens, mais la société n’en manque pas. En nationalisant les secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleur.euse.s, nous pourrions utiliser les richesses monumentales qui existent pour répondre aux besoins de toute la population, et assurer l’épanouissement de chaque personne. Retirer tout le secteur pharmaceutique de la logique de profits, par exemple, permettrait d’assurer que la production de médicaments et de traitement hormonaux ne soit pas laissée à la simple appréciation des actionnaires. Pour en finir avec les pénuries, retirons la production des griffes des capitalistes!
Une telle révolution dans l’organisation de la société modifierait aussi inévitablement les attitudes liées au genre et à l’orientation sexuelle. Celles-ci sont ancrées dans la société de classes et dans les relations de pouvoir qui en découlent. Une société socialiste démocratiquement planifiée poserait les bases de l’émancipation de l’humanité dans toute sa diversité.
Rejoignez-nous !
- 18 mai, Brussels’s Pride
- 30 juin, Gand, manifestation Pride is a protest
- 12 août : Pride à Anvers
- 24 août : Pride à Liège
-
Sous les paillettes, la rage ! Rejoins la campagne “Pride is a Protest”!
Continuons le combat jusqu’à l’émancipation de tou.te.s !
“No Pride for some of us, Without liberation for all of us!” (pas de Pride pour quelque un.e.s sans libération de nous tou.te.s) disait Marsha P. Johnson, militante trans noire et figure centrale du soulèvement de Stonewall (New York) en juin 1969. Le combat pour l’émancipation LGBTQIA+ était alors étroitement lié au mouvement des droits civiques et aux luttes d’indépendance anticoloniale. Tout cela reste cruellement d’actualité : les luttes se renfrorcent les unes les autres! Constituez un bloc combattif en compagnie de la Campagne ROSA à la Brussels Pride le 18 mai et participez à la manifestation Pride is a Protest à Gand le dimanche 30 juin.
Cette année, la lutte pour la liberté du peuple palestinien sera au centre de nos préoccupations. Le régime d’extrême droite en Israël continue d’abuser du « pinkwashing » pour instrumentaliser les droits LGBTQIA+ afin de justifier l’oppression palestinienne, une guerre génocidaire dans le cas présent. Mais en Israël, le mariage entre personnes du même sexe n’est pas légal et la chirurgie d’affirmation du genre ne bénéficie d’aucun soutien public. Sous l’influence de groupes religieux ultra-conservateurs, les droits LGBTQIA+ font d’ailleurs l’objet de nombreuses pressions. La lutte des personnes LGBTQIA+ est liée à celle des autres couches opprimées : pas de libération d’un groupe sans libération de tous les groupes !
“Our rights are under attack, stand up, fight back!”
Lorsque l’extrême droite et les partis conservateurs arrivent au pouvoir, les temps sont durs pour les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. Aux États-Unis, les jeunes queers perdent l’accès aux sports, aux livres et aux enseignants qui pourraient les soutenir. La haine ne reste pas limitée aux mots, comme l’a tristement illustré la mort de Nex Benedict en Oklahoma, une jeune personne non binaire tabassée à mort par des adolescents. Ce type de haine peut se déployer en Belgique également : l’an dernier, une lecture d’une drag queen à la bibliothèque de Bruges a été perturbée par le groupe néonazi Schild & Vrienden.
Pour la droite, la roue du temps doit revenir en arrière. Ce climat normalise la violence : une personne LGBTQIA+ sur trois a récemment été victime de violence physique.
Des actes symboliques ne conduisent qu’à des avancées symboliques
Des années de coupes budgétaires ont créé de longues listes d’attente pour de nombreuses formes d’aide. La pénurie de logements sociaux permet aux propriétaires d’opérer des choix discriminatoires. Par ailleurs, la lutte pour l’indépendance financière est essentielle. Les personnes qui vivent dans la pauvreté ou qui sont sans abri et qui n’ont pas accès aux soins médicaux sont plus exposées aux violences et à la discrimination.
Les listes d’attente pour les soins aux personnes transgenre et aux jeunes ont des conséquences catastrophiques. Des investissements massifs dans le logement social, l’enseignement, la prévention, les soins de santé et les soins de santé mentale sont nécessaires. Cela sauve des vies !
Oui à la libération queer, non au capitalisme arc-en-ciel !
Sous le capitalisme, toute victoire n’est que temporaire et précaire. La LGBTQIA+phobie est profondément enracinée dans la structure familiale patriarcale du capitalisme. Dans cette structure, les femmes sont souvent chargées des soins non rémunérés et des tâches ménagères. Les rôles de genre binaires, qui associent les hommes à la domination et les femmes au soin, maintiennent debout le capitalisme. Les personnes LGBTQIA+ remettent en question ces rôles de genre, en particulier lorsqu’elles ne se conforment pas à la norme ou à la famille nucléaire.
Tant que les racines de la LGBTQIA+phobie et de toutes les autres formes de discrimination n’auront pas été traitées, nous devrons continuer à mener cette bataille. C’est pourquoi nous lions la lutte contre les LGBTQIA+ phobies à la lutte pour une alternative socialiste anticapitaliste, une société où l’immense richesse et le potentiel social servent les besoins et non les profits.
Comme l’a souligné Leslie Feinberg, “aucun d’entre nous ne sera libre tant que nous n’aurons pas mis en place un système économique fondé sur les besoins de chaque être humain. En tant que personnes transgenres, nous ne connaîtrons pas la vraie liberté tant que nous n’aurons pas gagné une société où aucune classe ne tire profit de l’alimentation de la haine et des préjugés, où les lois restreignant le sexe, le genre et l’amour humain seront impensables.”
La Pride s’inscrit dans une histoire de lutte qui a conduit à des avancées juridiques. Allons plus loin et organisons-nous pour atteindre l’égalité réelle !
- Des investissements publics dans la sensibilisation et l’enseignement, notamment dans l’extension des cours d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) dans les écoles et dans la formation de personnel soignant !
- Des infrastructures qui intègrent la dimension de genre dans chaque école, établissement de soins de santé et lieu de travail !
- Des investissements publics dans les soins de santé, afin que toute personne ayant besoin de soins physiques ou psychologiques les reçoive sans pourrir sur une liste d’attente !
- La transition ne doit pas conduire à la pauvreté : tous les soins aux personnes transgenres doivent être remboursés !
- Des investissements publics dans les services publics, le logement et des emplois de qualité ! Là où il y a pénurie, il y a discrimination, que cela soit sur base de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre, ou de l’apparence !
- Des investissements publics dans les refuges et les logements sociaux pour garantir un abri sûr à tou.te.s, y compris aux personnes en fuite !
- Plaçons les banques, le secteur de l’énergie et le secteur pharmaceutique sous contrôle public, afin de financer les investissements nécessaires !
- Pour une société débarrassée de toute forme d’exploitation, d’oppression et de discrimination, pour une société véritablement libre au service de la majorité et non des profits d’une petite minorité !
PARTICIPEZ
– Au bloc combattif “Pride is a Protest” pendant la Brussels Pride le 18 mai.
– A la Pride is a Protest à Gand, trois semaines après le “dimanche noir”. Dimanche 30 juin. // Evénement Facebook
– Au bloc combattif ‘Pride is a Protest’ pendant la Pride d’Anvers le 12 août.
– Au bloc combattif ‘Pride is a Protest’ pendant la Pride de Liège le 24 août.
Vous souhaitez participer à l’organisation de cette manifestation ? Contactez-nous !
-
Les personnes transgenres ont toujours existé! Réponse à la propagande conservatrice
La droite et l’extrême droite mènent une campagne haineuse contre les personnes qui s’opposent aux oppressions et aux personnes transgenres en particulier, présentées comme le produit d’un «wokisme» à la dérive. Cela n’a pourtant aucun sens, comme le confirme un bref regard sur l’évolution des normes de genre.
Par Frede (Bruges)
« Les normes de genre simplistes et rigides ne sont ni éternelles ni naturelles. Ce sont des concepts sociaux en évolution. De nombreuses personnes seraient aujourd’hui surprises d’apprendre que dans les sociétés anciennes, les personnes transgenres étaient tenues en haute estime. Il a fallu une campagne sanglante de la part de la classe dirigeante émergente pour déclarer que ce qui était considéré comme naturel était le contraire. Ce préjugé, imposé à la société par l’élite dirigeante, existe encore aujourd’hui. »
C’est ce qu’écrit Leslie Feinberg dans l’introduction de son ouvrage « Transgender Liberation, A movement whose time has come », un texte novateur qui a plus de 30 ans mais qui n’a rien perdu de sa pertinence. Aujourd’hui, le contact avec l’histoire et la tradition des personnes transgenres a été perdu. De nombreuses personnes n’ont aucune idée que les personnes trans ont toujours existé. Cela n’a rien d’étonnant : les personnes trans ont été littéralement rayées de l’histoire.
Dans notre société capitaliste, la pression sur la binarité de genre est très forte. Commandez quelque chose en ligne, obtenez votre permis de conduire, abonnez-vous à un magazine : vous devez indiquer si vous êtes «homme» ou «femme». Avec un peu de chance, vous trouverez quand même la mention «autre». Pourquoi donc est-ce si essentiel que ces organismes sachent quel est votre genre ? Répondre à ces questions nécessite de remonter aux origines de la société de classes.
L’émergence de la société de classes
Avant que l’être humain ne commence à cultiver la terre, il y a environ 12.000 ans, nous vivions tou.te.s dans des tribus nomades qui pratiquaient la cueillette et la chasse. Dans un tel groupe, le travail de chacun.e était nécessaire et il n’était pas possible de récolter ou de fabriquer plus que ce qui était directement nécessaire.
Si l’on ramène toute l’histoire de l’humanité à l’échelle d’une année, nous avons vécu 360 jours dans ce type de société matrilinéaire (système reposant sur le lignage de la mère) fondée sur la propriété commune. La tolérance et le respect de la diversité humaine, y compris la diversité des sexes et des genres, découlaient du fait que les gens travaillaient ensemble avec des outils et d’autres matériaux en propriété commune.
Cette tolérance a disparu lorsque les hommes sont devenus sédentaires, se sont engagés dans l’agriculture et qu’une société de classes est apparue. Voici un exemple de ce qui s’est passé.
Le peuple Hébreux (prédécesseurs des Juif.ve.s) étaient l’un de ces groupes nomades. À un moment donné, ce peuple a émigré dans la région du Croissant fertile et s’est retrouvé constamment en guerre dans cette région disputée, une terre nourricière favorable à l’agriculture et véritable carrefour commercial entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. La confluence des conflits, de l’agriculture et du commerce a permis à un petit groupe de personnes dans cette société de s’approprier les surplus produits, les armes et les richesses et donc de commencer à opprimer les autres.
Les lois que l’élite voulait imposer sont énoncées, entre autres, dans le Deutéronome (5e livre de la Torah, 2e livre de la Bible). L’un de leurs objectifs était d’établir très clairement la différence entre les hommes et les femmes et d’opprimer ces dernières. En effet, les hommes qui étaient devenus l’élite tenaient à savoir très précisément quels enfants étaient les leurs, afin de transmettre leur héritage dans la lignée familiale.
Certaines de ces lois se lisent comme suit : « Une femme ne portera point un habit d’homme, et un homme ne mettra point des vêtements de femme ; car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Eternel, ton Dieu. » et « Un homme qui a les testicules écrasés ou le sexe coupé ne doit pas être accepté dans l’assemblée du Seigneur. » Le travestissement et les chirurgies d’affirmation du genre étaient donc des pratiques existantes, sans quoi l’élite n’aurait pas ressenti le besoin d’inscrire cette interdiction aussi clairement dans les lois. L’obligation pour les hommes d’avoir les cheveux courts et pour les femmes d’avoir les cheveux longs a également été instituée. L’oppression des personnes transgenres a donc la même origine que l’oppression des femmes. Tout au long de l’histoire de l’humanité, diverses élites dirigeantes (noblesse, bourgeoisie…) ont poursuivi cette oppression. Semer la division était (et est) nécessaire pour leur maintien au pouvoir.
Jeanne d’Arc
Bien que la répression ait été très dure, les personnes transgenres et la tradition du travestissement sont restées présentes dans les sociétés et dans les traditions des paysan.ne.s qui vivaient encore en partie sur une base communautaire. Il en allait de même dans la France médiévale. L’exemple le plus connu est sans doute Jeanne d’Arc, que l’on présente souvent aujourd’hui comme une jeune fille rêveuse qui a sauvé la France et fini sur le bûcher, soupçonnée de sorcellerie. La réalité est différente.
Jeanne d’Arc a joué un rôle important dans la guerre des 100 ans (guerre pour la couronne de France entre les royaumes d’Angleterre et de France entre 1337 et 1453). À la tête d’une armée de paysans, elle a réussi à libérer Orléans et a aidé l’héritier du trône de France à se rendre à Reims, où il a pu être couronné. Elle était vêtue d’une armure destinée aux hommes. Cette tenue est parfois expliquée par un souci d’utilité : il serait plus facile de partir à la guerre en tenue masculine. Les soulèvements paysans où les paysans s’habillaient en femmes et s’appelaient « sœur » entre eux contredisent cette idée (par exemple, les « Émeutes de Rebecca » au Pays de Galles en 1839-43).
En 1430, Jeanne d’Arc fut capturée par les Bourguignons, alliés de l’Angleterre. Livrée à l’Inquisition (alors tribunal de l’Église catholique), dans sa cellule, elle a refusé à plusieurs reprises de porter des vêtements féminins. La France n’a rien fait pour sauver son héroïne, qui avait pourtant redonné l’accès à la couronne à « l’héritier légitime du trône ». Pourquoi donc ? Jeanne d’Arc était vénérée par les paysan.ne.s et les communautés rurales dont elle était issue. Les gens voulaient constamment la toucher. Elle constituait une menace pour l’élite dirigeante française. Le travestissement de Jeanne d’Arc était au cœur de ce culte. C’est très précisément cela qui lui a valu le bûcher et non la « sorcellerie ». Cela fut toutefois insuffisant pour étouffer dans l’œuf la tradition paysanne. L’Église a admis que les paysan.ne.s la considéraient comme la plus grande des saintes après Marie. Après sa mort, son armure fut exposée et vénérée dans l’église de Saint-Denis.
Les personnes transgenres ont toujours existé
Jeanne d’Arc, les Rebecca (Pays de Galles), Mère-Folle et ses enfants (Dijon, Langres et Chalon-sur-Saône) Mère-Sotte et ses enfants (Paris, Compiègne), Mère d’Enfance (Bordeaux), Lords of Misrule (Angleterre, Écosse)… sont autant d’exemples qui montrent que les personnes transgenres ont toujours existé dans des sociétés de religions différentes, disposaient d’un certain prestige et ont mené des soulèvements et même des guerres. Les arguments ne manquent pas contre celles et ceux qui prétendent que les personnes transgenres sont l’invention d’une génération woke qui a perdu ses repères.
Cela permet également de comprendre pourquoi les colonisateurs des Amériques ont été si prompts à cibler les personnes bispirituelles des populations indigènes pour leur faire subir une répression extrême.
Comprendre l’origine de l’oppression des personnes transgenres permet de mieux la combattre. Cela implique de supprimer la société de classes et la propriété privée des moyens de production. La transactiviste Leslie Feinberg explique à ce titre : « Le fait qu’à l’échelle d’une année, plus de 360 jours de l’histoire de l’humanité appartiennent à la vie coopérative et communautaire me donne un espoir concret sur ce qui pourrait être réalisé avec les puissants outils et la technologie qui existent aujourd’hui, si nous planifions toute la production pour répondre aux besoins de tou.te.s, sans avoir à considérer la question de la rentabilité. »