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Déclaration publique : Graves défaillances dans la protection des personnes et la culture interne du PSL/LSP
Avertissement relatif au contenu : mauvaise gestion d’un cas de sauvegarde et violence de genre
Ceci est une déclaration de prise de responsabilité publique publiée par PSL/LSP en réponse à une crise de sauvegarde apparue en 2024, qui a conduit à l’exclusion d’un ancien membre dirigeant de l’organisation. Nous la publions parce que nous pensons qu’aucune organisation révolutionnaire ne peut être construite sur base de dissimulations, de préjudices non traités et de vérités cachées. Nous ne publions pas les détails des allégations ou des témoignages, par souci de confidentialité et de sécurité.
Nous voulons publiquement reconnaître et affronter les échecs et le mal qui a été causé. C’est pourquoi nous présentons nos excuses, sans réserve, à toutes les personnes lésées par les manquements de notre organisation – non seulement parce qu’elles ont été victimes de violences sexistes de la part de notre ancien membre, mais aussi en raison de la manière dont elles ont été traitées. Cela a causé du tort à celleux qui auraient dû pouvoir compter sur la sécurité, la solidarité et la prise de responsabilité.
Cette crise a révélé des lacunes fondamentales dans notre politique et notre fonctionnement – dans notre pratique du féminisme socialiste, notre culture de direction, la conscience de la protection des personnes et la prise de responsabilité politique. Nous reconnaissons que ces défauts proviennent d’erreurs fondamentales dans l’analyse de base de la tradition du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) dont nous faisions partie. C’est pourquoi, depuis le début de cette crise, une majorité de camarades s’est battue pour engager un processus de transformation politique approfondi.
Tracer une ligne dans le sable
En octobre 2024, le LSP/PSL a décidé de quitter ASI, s’opposant à la mauvaise gestion inacceptable d’un cas de sauvegarde impliquant une majorité des dirigeants d’ASI. Cette rupture résulte de notre analyse selon laquelle cette grave erreur de gestion résulte de méthodes politiques erronées, en contradiction avec ce qui est cruellement nécessaire dans la lutte contre le capitalisme et les oppressions qui lui sont inhérentes. Nous nous y opposons car, pour nous, la sauvegarde des personnes et le féminisme socialiste sont des responsabilités politiques essentielles, et non des préoccupations secondaires.
Peu de temps après, il est devenu clair pour un plus grand nombre de camarades que notre propre organisation n’était pas exempte de défaillances similaires. Les allégations formulées dans le passé contre un membre dirigeant, n’avaient pas été traitées sérieusement par notre direction collective élue depuis de nombreuses années. Ces dernières années, de nouvelles allégations ont émergé contre ce membre. À la suite de l’enquête ouverte lorsque ces faits ont été révélés, il a été exclu.
Certains des faits révélés dans les nouvelles allégations étaient connus – ou partiellement connus – depuis des années, mais n’ont jamais donné lieu à des mesures de protection appropriées. Cela montre que les défaillances sont systémiques plutôt qu’une série d’incidents isolés. Cette longue inaction des dirigeant.e.s a donc entraîné une répétition pourtant évitable de comportements préjudiciables.
Au milieu de ces allégations, un panel international et indépendant a été constitué. La tâche de ce comité était d’examiner le cas spécifique. Pourtant, ses conclusions étaient sans équivoque : la manière dont cette organisation n’a pas réagi – structurellement et politiquement – a causé du tort. Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Cela illustre des problèmes de protection des personnes et de culture interne plus importants. Même lorsque les membres agissaient avec de bonnes intentions, le résultat n’a pas abouti aux mesures nécessaires. Les conclusions de ce panel ont été pleinement acceptées par une majorité du Congrès national du PSL/LSP.
Nous tenons à remercier celleux qui se sont exprimé·es. Leur intervention courageuse a été essentielle pour ouvrir un espace de parole aux autres et, finalement, pour démarrer un processus de transformation. Nous nous engageons à bâtir une organisation dans laquelle personne ne se sent intimidé·e lorsqu’iel souhaite prendre la parole et dans laquelle faire part de ses préoccupations n’est pas seulement accepté, mais activement soutenu. Dans la formation d’un parti révolutionnaire, l’attention portée aux autres et le sens des responsabilités doivent être au cœur du projet, sans condition.
Un processus de transformation
Comme évoqué, en réponse à cette crise, un processus de transformation a été mis en place au sein du PSL/LSP. Ce processus consiste à revoir en profondeur notre approche et nos méthodes politiques passées.
Rosa Luxembourg disait que « Le marxisme est une vision révolutionnaire du monde qui doit appeler à lutter sans cesse pour acquérir des connaissances nouvelles, qui n’abhorre rien tant que les formes figées et définitives et qui éprouve sa force vivante dans le cliquetis des armes de l’autocritique et sous les coups de tonnerre de l’histoire. » Ce principe est plus que jamais d’actualité pour nous et nous souhaitons nous engager pleinement dans cet esprit. Notre processus de révision et de transformation n’est pas seulement intellectuel, mais également structurel et vivant.
Voici quelques-unes des mesures concrètes que nous avons prises jusqu’à présent :
- Une enquête indépendante a été lancée et achevée, en collaboration avec un panel international.
- Sur la base des conclusions du comité, nous avons reconnu que la personne mise en cause posait un problème de sécurité, elle a donc été exclue de l’organisation, avec des conditions préalables claires à une éventuelle réadmission, notamment le fait que l’organisation prendra une décision à ce sujet toujours en consultation avec les victimes et que nous respecterons leur point de vue.
- Les dirigeant·es actuel·les et ancien.ne.s ont assumé la responsabilité des échecs et se sont retiré·es de certaines responsabilités.
- De nouvelles structures de direction temporaires ont été mises en place pour garantir la responsabilité de la direction. Ces structures de direction ont pour mandat de diriger le processus de transformation pendant la période actuelle du congrès. Un engagement a été pris pour centrer la pratique féministe socialiste dans tous les aspects de notre travail, pas seulement dans notre programme. Nous voulons nous engager à approfondir notre compréhension des dynamiques de la violence basée sur le genre, y compris les dynamiques qui ont joué un rôle ici, comme par exemple la dissonance cognitive.
- Une révision de notre approche politique générale, de notre approche spécifique des oppressions, de notre politique de sauvegarde, de notre culture politique et de nos structures de direction est en cours. Nous nous engageons à poursuivre cette transformation de manière transparente et collective. Nous préparerons d’autres documents et matériaux de réflexion à partager avec les membres et sympathisant·es, comme l’illustre par exemple la déclaration sur la Palestine.
Nous exprimons notre solidarité à toutes les personnes qui ont été touchées, en particulier à celles qui ont tenté de s’exprimer plus tôt et n’ont pas été entendues. Rien ne peut défaire ce qui a été fait, ni les paroles ni les actes. Nous prenons au sérieux le changement et voulons nous engager à créer un espace plus sûr.
Nous faisons partie d’un mouvement qui vise à mettre fin à toutes les formes d’exploitation et d’oppression. Ce travail doit commencer dans nos propres rangs. Bien trop souvent, les organisations du mouvement ouvrier ont commis de graves erreurs au cours des luttes contre les oppressions. Pour autant, il n’y a pas d’avenir révolutionnaire sans attention, sans justice et sans prise de responsabilité.
Publié par le PSL/LSP
avril 2025