Category: Ecologie

  • La lutte pour le climat passe par les investissements dans des transports publics gratuits et de qualité

    Le front commun syndical a déposé un préavis de grève pour le rail pour le 5 octobre. Dans la perspective des discussions sur le budget fédéral, les syndicats réclament davantage de moyens pour les chemins de fer belges. Cette grève sera une étape importante pour renforcer le mouvement syndical et une occasion pour lier les revendications des cheminots aux revendications climatiques.

    Par Eugenio (Bruxelles) et un cheminot namurois

    « Les cheminot.e.s en grève sont les activistes climatiques du 21e siècle »

    Ainsi avait déclaré Naomi Klein, fameuse autrice et activiste anticapitaliste. En s’opposant à la casse des services, ils et elles défendent des solutions respectueuses de l’environnement. Les transports constituent plus du 16% des émissions globales de gaz à effet de serre, dont une majorité est dérivée par les transports sur la route (voitures, camions…). Un transport public abordable et de qualité est donc crucial pour réduire les émissions. Cela a été démontré une fois de plus cet été, au milieu des vagues de chaleur historiques qui ont touché la plupart du globe.

    En Allemagne, l’introduction pour la période estivale d’un “ticket climat” de 9€ par mois pour tous les transports en commun a engendré une augmentation importante du nombre d’utilisateurs. 1 voyageur sur 5 utilisait les transports en commun pour la première fois et on estime que 10% des voyages en train de cet été auraient autrement été fait en voiture. Ceci a permis d’éviter la production de plus de 1,8 million de tonnes de CO2, équivalant à retirer 1,5 million de voitures de la circulation ou à planter près de 30 millions d’arbres.

    Dans l’État espagnol plusieurs lignes de train seront rendues gratuites de septembre jusqu’à la fin de l’année pour soulager la pression de l’augmentation du prix de la vie. Mais l’exemple le plus inspirant reste celui du Grand-Duché du Luxembourg qui a instauré la gratuité totale des transports en commun en 2020. Mais s’il est bien de baisser les prix, ceci n’est pas suffisant pour répondre aux besoins des voyageurs et du personnel. Il est nécessaire d’investir massivement dans la qualité et l’extension des services. Ainsi nous pouvons coupler les revendications du mouvement climatique à la défense des services publics, comme la SNCB.

    Le rail belge en crise

    Le rail en Belgique souffre aujourd’hui des conséquences de plus de deux décennies d’austérité. Le gouvernement a débloqué des investissements en début de législature, mais n’est jamais revenu sur les coupes budgétaires du gouvernement Michel. Il y a un manque endémique de personnel pour répondre à la demande croissante de passagers. En 20 ans, plus de 10.000 emplois à temps plein ont été perdus aux chemins de fer par exemple, soit une chute du personnel de 30% alors que le nombre de passagers a augmenté de 60%. Comme l’a expliqué Pierre Lejeune, président de la CGSP Cheminots, « Aujourd’hui, on n’a pas les moyens. Clairement, en 9 mois, le nombre d’agents a encore diminué de 600 personnes. Il y a une dégradation du service et des conditions de travail. Le service public ne peut plus être rendu ».

    Actuellement, 3,7% des trains prévus sont supprimés, notamment pour cause de manque de personnel. Cependant le gouvernement affirme vouloir augmenter l’offre de 10% et doubler la part modale du train dans les modes de transport de voyageurs d’ici 2040 (de 8% à 15%) et la part de marchandises transportées par rail pour 2030. Pour répondre à cette ambition, la direction d’Infrabel et de la SNCB réclame un investissement de 3,4 milliards sur les 10 prochaines années. Mais elles menacent de se passer dans la même période d’environ 2.000 emplois par rapport aux effectifs actuels. De plus, la SNCB est lourdement impactée par la crise énergétique, en tant que plus gros consommateur d’électricité du pays.

    Aucun moyen n’est prévu pour un protocole d’accord social, le dernier datant de 2012, et les négociations sur le prochain contrat de gestion entre la SNCB / Infrabel et le gouvernement patinent. Il est donc nécessaire que les travailleur.euse.s du secteur ripostent pour revendiquer des moyens à la hauteur des besoins. La grève du 5 octobre tombe en plein conclave budgétaire du gouvernement. Mais pour maximiser son impact, il faudra la lier avec les mouvements plus larges qui se développent dans la société avec des revendications d’urgence sociales et climatiques qui touchent les intérêts de toute la classe travailleuse, comme la nationalisation du secteur de l’énergie.

    Les cheminot.e.s en première ligne dans la lutte de classe

    Les cheminot.e.s jouent un rôle important dans les processus de contestation sociale. Bien que numériquement ils ne représentent pas une couche majoritaire de la classe travailleuse, leur rôle clé dans le fonctionnement de l’économie leur fournit une influence importante. En Belgique et internationalement, ils constituent un des éléments le plus dynamique du mouvement syndical et participent activement aux mouvements qui se développent dans la société.

    Au Royaume-Uni, les syndicats des cheminots Aslef et RMT sont en train d’organiser la plus grande vague de grèves des chemins de fer depuis plus de 30 ans. Leurs revendications visant à arracher plus de moyens et de bons salaires ont résonné largement dans la classe travailleuse du pays. De plus, ils ont pu élargir leur combat en participant au lancement de la campagne Enough is enough (trop c’est trop) et en tissant des liens de solidarité avec le mouvement pour le climat. La lutte pour le refinancement des transports publics fait partie intégrante de la lutte contre la vie chère et contre la crise climatique.

    La grève du 5 octobre sera importante pour avancer les revendications du personnel du rail, mais ça ne peut pas être un événement isolé. Il sera nécessaire d’augmenter la pression avec un plan d’action qui construit vers la grève générale du 9 novembre et au-delà. La manifestation nationale pour le climat du 23 octobre pourra servir de moment de rencontre du mouvement écologiste et syndical. Ensemble, nous pouvons construire le rapport de force nécessaire pour de réelles victoires et nous attaquer aux intérêts des profiteurs capitalistes qui font des bénéfices sur nos dos.

  • Le capitalisme nous assèche… Il faut un plan d’urgence pour le climat et la sécurité alimentaire !

    Délégation d’Alternative Socialiste Internationale (dont le PSL/LSP est la section belge) lors du sommet de Glasgow en novembre dernier.

    Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine a privé beaucoup de pays d’une importation vi¬tale de blé, le gouvernement Indien avait promis de “nourrir le monde”. Mais le deuxième plus grand grenier du monde se referme. Touchée par une vague de chaleur extrême avec des pics à 50°C affectant les récoltes, l’Inde a décidé en mai interdire toute exportation de blé. En raison du changement climatique, les canicules sont plus fréquentes mais aussi bien plus sévères.

    Par Arno (Liège)

    Pouvoir d’achat ou écologie: il ne faut PAS choisir !

    Ces évènements nous rappellent que le problème climatique n’est pas une abstraction, un phénomène lointain ou une problématique d’ordre moral : il participe activement à la destruction de nos capacités de production et la dégradation de nos conditions de vie. Mais pas forcément pour tout le monde.

    En effet, si la classe travailleuse paye sévèrement le prix du réchauffement climatique dans les pays capitalistes avancés (inondations, inflation) et dans le monde néocolonial (destruction de récolte, fa¬mine, etc.), certains tirent de cette destruction des bénéfices records. En effet, les grandes entre¬prises pétrolières comme Exxon, BP, Shell et Chevron ont à elles seules engendrées près de 2.000 milliards de bénéfices depuis les années 90 !

    Les capitalistes et leurs représentants politiques savaient, mais ils n’ont rien fait

    C’est pourtant pendant cette décennie que les dangers du réchauffement climatique et son origine humaine ont commencé à devenir évidents pour la communauté scientifique. Ce n’était pourtant pas une partie de plaisir, quand on sait que certains groupes de réflexion, comme le Marshall institute, ont été payés par ces mêmes compagnies pour mener à bien des études niant les causes humaines du réchauffement climatique (1).

    Le but de ce genre d’institut pseudo-scientifique est simple: semer le doute afin de préserver leurs profits, comme autrefois le faisaient les cigarettiers en payant des médecins niant le lien entre le cancer et la consommation de tabac. Depuis les années 90, chaque année, Exxon, BP, Chevron, Shell et Total dépensent en moyenne tous les cinq 200 millions de dollars en lobbying pour se présenter comme éco-responsable (2).

    Pourtant, les entreprises pétrolières et les gouvernements savaient que les émissions de CO2 dues à la combustion de fossiles entraînent une augmentation de la température et ce depuis longtemps. Un rapport déposé auprès du président des États-Unis datant de 1965 en faisait déjà mention (3).

    Toutes ces connaissances ne les ont pas empêchés de continuer à mener à bien l’écrasante majorité des émissions de gaz à effet de serre. Seuls 20 compagnies s’occupant de l’extraction de charbon, de gaz et de pétrole sont responsables de 35% des émissions de gaz à effet de serre depuis 1965, dont 10% uniquement pour les 4 grandes compagnies pétrolières citées plus haut.
    Le syndrome de Stockholm

    Le 2 et le 3 juin aura lieu une réunion internationale des Nations unies sous le thème «Stockholm+50: une planète saine pour la prospérité de toutes et tous – notre responsabilité, notre chance» avec l’objectif de « célébrer » 50 ans d'(in)action climatique à partir de la Conférence des Nations unies sur l’environnement humain de 1972. C’est une vaste blague. Les capitalistes et leurs politiciens n’ont et ne vont jamais agir pour le climat, car cela signifie de mettre de côté leur soif illimitée de profit. Cette conférence ne sert qu’à susciter notre sympathie pour ceux qui prennent en otage notre environnement et notre avenir.

    Seul le mouvement organisé des jeunes et des travailleurs pourra imposer le changement nécessaire, c’est pourquoi le PSL/LSP sera présent aux côtés d’autres sections d’Alter¬native Socialiste Internationale (ASI), tout comme à Glasgow pour la COP26 en novembre dernier, pour défendre un programme d’urgence socialiste.

    1. Nationalisation du secteur de l’énergie !

    On ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas : si nous voulons réduire le prix de l’énergie et assurer la transition écologique, il nous faut nationaliser le secteur sous le contrôle démocratique des travailleurs et des consommateurs !
    2. Investissons massivement dans un logement public de qualité !

    Nous manquons cruellement de logements sociaux. Il faut investir massivement dans leur construction et dans la rénovation de bâtis abandonnés aux spéculateurs immobiliers, afin également d’instaurer une pression à la baisse sur l’ensemble des loyers, en accompagnant le tout d’un plan public d’isolation et de rénovation des bâtiments, quartiers par quartiers, pour mettre fin au gaspillage énergétique !

    3. Mettons fin à la destruction de l’environnement !

    Luttons contre les projets de pipelines et la prédation de l’agro-business, qui détruisent chaque jour des hectares de forêts qui pourraient absorber le CO2 émis, en luttant aux côtés des populations indigènes et en assurant la reconversion des travailleurs des secteurs polluants avec de bons salaires et de bonnes conditions de travail.

    4. Mettons fin aux guerres impérialistes !

    Chaque année, les armées du monde entier émettent des quantités hallucinantes de CO2 pour mener à bien des massacres. Des centaines de milliards qui pourraient être investis dans la transition écologique sont dévorés dans ces guerres, qui ne font qu’enrichir la classe capitaliste des pays impérialistes !

    5. Contre le chaos du marché, la planification socialiste !

    Le système capitaliste fonctionne sur deux bases: la concurrence et la recherche de profit. Isolés chacun dans leur coin, les capitalistes sont incapables d’avoir une vision d’ensemble de l’économie, et sont trop occupés à chercher à gagner plus de dividendes. Ils ne peuvent penser à diriger la production pour répondre aux besoins sociaux (et donc les limites de notre planète, au-delà desquelles on ne peut plus répondre aux besoins). Contre ce chaos du marché, luttons pour une économie planifiée démocratiquement répondant aux besoins, une économie socialiste !

    6. Le capitalisme détruit nos emplois, la planète et notre niveau de vie !

    Le système actuel est basé sur l’exploitation des humains et de la nature, et détruit les deux. Il ne sert à rien d’opposer climat et emploi : le dérèglement climatique touche avant tout la classe travailleuse, et la transition écologique créerait plus d’emplois vert qu’elle n’en détruira dans les secteurs polluants !

    7. A la rivalité nationaliste des capitalistes,opposons la solidarité internationale des travailleurs !

    Le changement climatique est un problème mondial. Aucun pays, même le plus émetteur, ne pourra, s’il agit seul, agir concrètement contre le réchauffement climatique. Il faut revenir à la tradition inter-nationaliste du mouvement ouvrier, c’est pourquoi le PSL/LSP fait partie d’une organisation internationale, Alternative Socialiste Internationale, présente dans plus de 30 pays sur tous les continents.

    8. Changer le monde exige de se battre pour le socialisme international !

    Nous ne pouvons pas compter sur les politiciens capitalistes pour lutter contre le réchauffement climatique, car le système sur lequel ils se fondent ne peut que détruire la planète. Seul le mouvement organisé des travailleurs et de la jeunesse le peut. Le mouvement pour le climat a démontré ses forces mais aussi ses limites. Il faut qu’il se montre plus organisé, avec des comités démocratique¬ment élus, capables de défendre un programme et de lier les revendications écologiques à celle du mouvement ouvrier organisé, qui a le pouvoir de bloquer l’économie par la grève, et qui est la seule force sociale capable de reprendre en main l’économie et de faire tourner le monde d’une autre manière – une économie planifiée démocratiquement – et d’ainsi transformer notre société capitaliste destructrice et à bout de souffle en une société différente, capable de répondre aux besoins sociaux et environnementaux : une société socialiste.

    Notes

    1. L’Histoire Continue : 1995, comment le doute a été semé sur un rapport du GIEC, rtbf.be, 20 mai 2022.
    2. Revealed: the 20 firms behind a third of all carbon emissions, theguardian.com, 9 octobre 2019.
    3. Restoring the quality of our environment report of the environmental pollution panel president’s science advisory committee, The White House, novembre 1965.

  • C’était il y a 100 ans : du plomb ajouté à l’essence par l’industrie automobile


    Il y a cent ans, au début des années 1920, sachant déjà que le plomb était toxique, l’industrie automobile a commencé à en ajouter à l’essence. Ils ont déguisé le plomb en l’appelant éthyle.

    Par Bill Hopwood, Socialist Alternative (ASI-Canada)

    Le plomb est un poison bien connu. Ses effets nocifs sont connus depuis 2.000 ans. Le médecin, pharmacologue et botaniste de la Grèce antique Dioscoride écrivait déjà à l’époque que « le plomb fait céder l’esprit ». Pourtant, il y a 100 ans, les constructeurs automobiles et les compagnies pétrolières ont lancé un vaste programme d’intoxication au plomb.

    Les chercheurs de General Motors ont découvert qu’en ajoutant un composé du plomb, le plomb tétraéthyle ou Tétraéthylplomb, plusieurs problèmes des moteurs à combustion interne pouvaient être résolus. Le Tétraéthylplomb n’est pas cher, et les compagnies pétrolières et automobiles pouvaient réaliser de belles marges de profits, pour autant que l’on ne se soucie pas des coûts liés à la santé. Depuis les années 1920, les voitures, les camions et les avions ont craché du plomb dans l’air, l’eau et le sol, puis sur les humains.

    Les moteurs à combustion interne dépendent d’une étincelle qui allume un mélange d’essence et d’air dans le cylindre du moteur au bon moment, lorsque le piston est dans la position idéale, pour donner une puissance maximale. Si le mélange détonne au mauvais moment, cela peut provoquer un ” cliquetis” qui endommage, voire détruit, le moteur.

    L’ajout de Tétraéthylplomb augmente la température à laquelle le mélange essence/air détonera et réduit ainsi le cliquetis et le risque d’endommagement du moteur. Toutes les essences ont un indice d’octane ; plus l’indice est élevé, plus la température à laquelle le mélange de carburant détonera est élevée. L’indice d’octane indique dans quelle mesure le carburant est susceptible de brûler de la manière souhaitée et contrôlée plutôt que d’exploser et de causer des dommages. Les carburants à indice d’octane élevé peuvent être utilisés dans des moteurs à haute pression, ce qui augmente la puissance.

    Le Tétraéthylplomb, synthétisé pour la première fois en 1854, n’était pas un produit chimique manufacturé important avant son utilisation dans les moteurs. Dupont, qui fabriquait le Tétraéthylplomb, a travaillé avec General Motors pour développer le produit comme agent antidétonant. Sa capacité à stopper le cliquetis a été établie en décembre 1921. Standard Oil of New Jersey (aujourd’hui Exxon) et General Motors ont créé l’Ethyl Gasoline Corporation en 1923 pour fabriquer du Tétraéthylplomb à ajouter à l’essence. Au départ, c’est Dupont, qui avait l’expérience de la fabrication du Tétraéthylplomb, qui dirigeait la production.

    Un poison rentable

    Avant même son utilisation dans l’essence, on savait que le Tétraéthylplomb était toxique. Son nom commercial, Ethyl, a été choisi pour cacher sa teneur en plomb. Quelques mois après le début de la fabrication, sur les 49 ouvriers du bâtiment qui fabriquait le Tétraéthylplomb, 35 étaient hospitalisés pour empoisonnement grave au plomb, hallucinations et folie. Cinq sont morts. Les ouvriers de l’usine l’appelaient le “gaz des fous” en raison de ses effets sur les capacités mentales.

    Après une enquête menée par le personnel de santé publique de New York, l’État du New Jersey et les villes de New York et de Philadelphie ont interdit la vente de Tétraéthylplomb. Ethyl Corporation suspend la production mais fait pression sur le président américain Coolidge pour qu’il enquête. Le Surgeon General des États-Unis a mis en place un comité d’examen, composé de représentants de l’industrie, dont Midgley, le chercheur qui a mis au point le Tétraéthylplomb comme agent antidétonant, mais pas les agents de santé publique qui avaient fait des recherches sur les effets dangereux, voire mortels, du Tétraéthylplomb.

    Soit dit en passant, Midgley a ensuite mis au point le premier chlorofluorocarbone (CFC) commercial qui endommage la couche d’ozone de la haute atmosphère, laquelle protège la terre des rayons ultraviolets nocifs. Il a été affirmé qu’il a contribué plus que toute autre personne à la dégradation de l’environnement.

    Le rapport du comité d’examen, publié en 1926, indiquait que le Tétraéthylplomb dans l’essence ne présentait “aucun danger” ; il n’y avait “aucune raison d’interdire la vente d’essence au plomb.” Tout ce qu’il recommande, c’est d’améliorer la protection des travailleurs qui fabriquent le Tétraéthylplomb. Cela a mis fin aux interdictions imposées à New York, Philadelphie et New Jersey.

    Le médecin légiste en chef de New York, Charles Norris, n’était pas convaincu et ordonna que la teneur en plomb de la terre dans les rues de la ville soit enregistrée. En 10 ans, entre 1924 et 1934, la teneur en plomb avait augmenté de 50 %.

    De nombreux chimistes et chercheurs en santé publique ont mis en garde contre les dangers du Tétraéthylplomb. Pourquoi, avec tous les dangers évidents pour la santé, le Tétraéthylplomb a-t-il été utilisé ? D’autres produits chimiques ajoutés à l’essence peuvent également empêcher le cliquetis. Une réponse courante consiste à ajouter de l’alcool éthylique. En fait, Midgley avait fait des recherches dans ce sens. Cependant, l’alcool éthylique ne peut pas être breveté, la Tétraéthylplomb peut l’être. Pour les constructeurs automobiles, cela a permis de résoudre un problème majeur de cliquetis du moteur et d’obtenir des véhicules plus puissants.

    Au début du 20e siècle, les voitures électriques étaient populaires, se vendant plus aux États-Unis que les véhicules à essence, bien qu’en petit nombre. Par rapport aux voitures à essence, elles étaient silencieuses, moins odorantes et polluantes, faciles à démarrer et plus fiables. Leur utilisation était toutefois limitée aux villes car les batteries avaient une faible autonomie. Avec le développement des démarreurs électriques, au lieu des manivelles, la résolution du problème du cliquetis et l’essence moins chère, les véhicules électriques ont été largement oubliés pendant des décennies. La résolution du problème du cliquetis a été une étape dans la voie de la domination des transports par les automobiles ; cependant, il existait des moyens beaucoup plus sûrs de résoudre le problème.

    Le temps qui passe

    Les recherches ne cessent de mettre en évidence les dégâts causés par le plomb. En 1909, la France, la Belgique et l’Autriche ont interdit la peinture intérieure blanche à base de plomb, et en 1922, la Société des Nations a interdit la peinture à base de plomb.

    Au fur et à mesure que les preuves de la nocivité du plomb se sont accumulées, les consignes de sécurité ont été modifiées. Dans les années 1920, le seuil “sûr” de plomb dans le sang a été fixé à 80 microgrammes de plomb par décilitre (un dixième de litre) de sang. D’autres recherches ont révélé que des niveaux de plomb beaucoup plus faibles, sans provoquer d’empoisonnement mortel, entravaient le développement mental des enfants. On sait maintenant que des niveaux inférieurs à 10 microgrammes peuvent encore nuire au développement cognitif – il n’y a probablement pas de niveau sûr. Les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables.

    L’essence au plomb contenait également des additifs chlorés qui, en brûlant, produisaient des dioxines, une autre famille de poisons, même à des niveaux très faibles.

    Après des années de pression et de preuves croissantes, le vent a commencé à tourner. L’essence sans plomb a commencé à être produite dans les années 1970 et les constructeurs automobiles ont trouvé des moyens d’éviter le cliquetis sans utiliser d’essence au plomb. En 1986, le Japon a été le premier pays à éliminer progressivement l’essence au plomb. Les États-Unis ont décidé que la quantité de plomb dans l’essence devait être réduite de manière drastique avant la fin de 1986. Son utilisation a fortement diminué et il a été interdit dans les voitures et les camions américains en 1995. Le taux de plomb dans le sang des Américains a diminué de 78 % entre 1978 et 1991. En juillet 2021, l’Algérie était le dernier pays à vendre de l’essence au plomb, tout juste après 100 ans d’empoisonnement. L’ONU estime que l’essence au plomb a causé 1,2 million de décès prématurés chaque année.

    Jessica Reyes a démontré que l’interdiction du plomb dans l’essence a entraîné une baisse de la criminalité, car le développement mental des enfants n’était plus affecté par le plomb.

    Une petite vie après la mort

    Le Tétraéthylplomb est toujours utilisé dans certains avions et véhicules tout-terrain fonctionnant à l’essence, de sorte que l’empoisonnement se poursuit, mais à un rythme beaucoup plus lent. Le seul fabricant légal est Innospec en Angleterre. Il a été condamné à une amende pour conditions dangereuses et corruption de fonctionnaires en Irak et en Indonésie.

    Ils savaient

    Le président de Dupont écrivait en 1922 que le Tétraéthylplomb est “un liquide incolore à l’odeur douceâtre, très toxique s’il est absorbé par la peau, entraînant un empoisonnement au plomb presque immédiat”. Mais pendant des décennies après, les entreprises de fabrication ont nié ces faits.

    Midgley savait que c’était toxique : il a été empoisonné en 1923. Mais pendant des années, les fabricants ont esquivé, caché les recherches, ou produit de faux rapports, retardé, fait de fausses déclarations – tout pour ne plus perdre d’argent.

    Les actions des sociétés qui fabriquent le Tétraéthylplomb constituent une histoire qui nous est familière. Les fabricants de tabac ont fait de même, en niant pendant des années le fait que les cigarettes tuent. Les fabricants de pesticides ont également refusé de laisser la science se mettre en travers de la route du profit. Le pire de tous est l’alliance infernale des constructeurs automobiles, des compagnies pétrolières et charbonnières, des banques et de leurs gouvernements amis qui refusent de s’attaquer au changement climatique.

    Au moins, les premiers vendeurs commerciaux de tabac dans l’Europe du 14e siècle pouvaient prétendre qu’ils ne savaient pas qu’il causait le cancer. De même, les premiers marchands de charbon, qui remontent à des centaines d’années, ne savaient pas que sa combustion entraînerait des changements climatiques. Il s’agissait d’effets imprévus. Bien entendu, cela n’excuse pas le refus des entreprises d’agir lorsque ces effets sont connus. Dans le cas du plomb tétraéthyle, l’impact mortel était connu avant même sa mise en vente – un acte véritablement criminel, mais aucune entreprise n’a jamais été poursuivie.

    Le capitalisme a toujours privilégié les profits à court terme et le fera toujours. Souvent, les grandes entreprises abusent de la science et de la technologie pour faire de l’argent tout en causant du tort. Les besoins de la santé publique ou d’un environnement sain ne sont pas pertinents pour elle. La propriété publique et le contrôle démocratique sont essentiels pour libérer la recherche de la prison des profits.

  • Sommet de Glasgow. Good COP or bad COP?

    À l’issue de la COP26 à Glasgow, le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele résumait le bilan en ces termes : « Bien plus que du bla-bla, mais c’est très insuffisant ! ». Notre expert national est donc nettement moins pessimiste que Greta Thunberg qui estime que la COP26 n’était rien d’autre qu’une opération de greenwashing sans aucune avancée réelle. Qui a raison ?

    Article de Jean Larock issu de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Pour Jean-Pascal van Ypersele, « la reconnaissance encore plus nette de l’urgence de l’action et un accueil favorable du dernier rapport du GIEC » sont des motifs de satisfaction ainsi que l’appel à réduire l’usage du charbon et des subsides aux énergies fossiles. « L’ensemble des textes adoptés à Glasgow ne diminue pas immédiatement les émissions de gaz à effet de serre, mais crée un cadre et des signaux de plus en plus clairs vers la décarbonisation pour tous les gouvernements, tous les acteurs économiques et tous les citoyens. Maintenant, au boulot !», conclut le climatologue. Il reconnaît donc explicitement qu’aucune mesure concrète et immédiate n’est sortie de la COP26… Ce qui donne implicitement raison à Greta Thunberg.

    Sur base des annonces faites lors de la Conférence, les experts parlent d’un réchauffement compris entre 1,8 et 2,4 °C. Soit mieux que les 2,7°C auxquels nous étions condamnés avant la COP. Pour les optimistes, chaque dixième de degré gagné est une victoire. On pourrait le voir comme cela si ces victoires étaient tangibles et garanties. Or elles ne sont encore qu’à l’état de promesses non contraignantes ou d’engagements sans réelles sanctions prévues en cas de non-respect.

    Nous ne sommes pas dans un simple débat philosophique entre optimistes et pessimistes. Dire que chaque dixième de degré gagné est une victoire ne doit pas nous faire oublier que chaque dixième de degré perdu représente une menace mortelle pour des dizaines voire des centaines de millions de personnes sur cette planète.

    Mais regardons d’un peu plus près les résultats de cette « COP de la dernière chance » dans les domaines clés : réduction globale des émissions, sortie des énergies fossiles, aide aux pays du Sud, méthane, déforestation,… et enfin compensation carbone.

    La réduction des émissions globales représente sans doute le plus grand échec de cette COP. Comme indiqué, les efforts supplémentaires n’atténueront que très peu le réchauffement. Une cinquantaine de pays n’ont fait aucun effort pour améliorer leur copie de 2015. La seule minuscule avancée réside dans l’accord de réviser les objectifs plus fréquemment que tous les 5 ans. Mais ce n’est évidemment rien de concret.

    Concernant les énergies fossiles, pour la première fois, à Glasgow, une COP a envisagé la fin du pétrole et du charbon. Mais à la dernière minute, l’Inde, soutenue par la Chine et l’Afrique du Sud, a obtenu un affaiblissement notable du pacte : au lieu d’une « disparition progressive » du charbon, l’accord n’appelle qu’à « intensifier les efforts vers sa « diminution progressive » . « Pour la première fois, les énergies fossiles sont pointées du doigt dans un texte de COP. Ce qui ressemble à un pas en avant à l’échelle des négociateurs, reste une lapalissade tragi-comique à l’échelle du monde réel. Aucun calendrier de sortie des hydrocarbures, pourtant principales responsables du réchauffement climatique, n’est en effet évoqué. Les dirigeants des pays riches préfèrent hypothéquer l’avenir des jeunes générations et la survie des pays vulnérables plutôt que remettre en cause les intérêts criminels de leurs industries fossiles », souligne Greenpeace France.

    Au niveau de l’aide aux pays du Sud qui sont les plus touchés par la crise climatique, c’est un nouvel échec et les promesses faites déjà en 2009 aux pays pauvres n’ont toujours pas été tenues. Seules l’Écosse et la Wallonie ont brisé un tabou en annonçant respectivement 1,17 million et 1 million d’euros pour répondre aux pertes et dommages. Au pied du mur, les pays vulnérables ont dû se contenter d’un lot de consolation avec l’organisation d’un dialogue de 2 ans pour discuter des arrangements de financements pour éviter, limiter et répondre aux pertes et dommages sans garantie qu’il aboutira à des engagements concrets. Proposeriez-vous à quelqu’un qui est en danger de mort de venir l’aider, mais seulement d’ici deux ans ?

    Côté méthane et déforestation, il y a eu de nombreuses annonces en parallèle des négociations, mais leur portée reste incertaine, car des pays clés ont refusé de les signer (comme le Canada, l’Argentine ou la Nouvelle-Zélande dans le cas de l’élevage) tandis que l’on peut douter de la sincérité de certains signataires (le Brésil de Bolsonaro dans le cas de la déforestation).

    La révision des mécanismes de compensation carbone est présentée par certains comme une avancée, car l’Article 6 des accords de Paris qui prévoyait un système d’échange des droits d’émission piétinait depuis 2015. La COP26 a donc réussi à mettre au point des règles d’encadrement du marché de la compensation carbones. «Malgré le fait que les marchés carbone peuvent s’avérer dangereux à la fois pour atteindre l’objectif de +1,5 °C et pour le respect des droits humains, les États ont adopté un texte qui donne quelques garanties sur l’intégrité environnementale et les droits humains», estime le Réseau Action Climat. Cette « victoire » en demi-teinte ne doit pourtant pas nous faire oublier les défauts fondamentaux de ce mécanisme de compensation.

    Tout d’abord, il crée un décalage entre des émissions de CO2 déjà réalisées, et des projets de compensation qui mettront des années à se construire et dont les résultats restent hypothétiques et fonction de la performance encore incertaine de certaines actions. Par exemple, planter des arbres sur certains types de sols peut engendrer des émissions de CO2 supérieures au volume que les arbres pourront absorber… Ensuite, mettre le CO2 sur un marché, c’est permettre aux entreprises qui en ont les moyens de continuer à polluer, en « rachetant leurs péchés » comme au temps des indulgences. Cela crée également un nouveau terrain de jeux pour les spéculateurs. Bref, c’est un petit pas dans une direction hasardeuse. Il serait beaucoup plus judicieux de mettre en place une planification démocratique de la transition et de la décarbonation de l’économie au lieu de jouer l’avenir de la planète en bourse.

    Enfin, la COP26 a battu un triste record : celui de ses propres émissions de CO2. Selon des estimations encore provisoires, son bilan carbone dépasserait les 100000 tonnes de CO2, soit 2 fois plus que pour la COP21 de Paris et 4 fois plus que la COP15 de Copenhague. Autre détail illustrant toute l’hypocrisie du sommet : l’industrie fossile comptait la plus grosse délégation à la COP26, avec 503 délégués, largement devant les pays les plus impactés par le changement climatique.

    Notre Internationale ASI (Alternative Socialiste Internationale) avait mobilisé massivement et a réalisé un grand pas en avant dans la construction d’une résistance internationale contre le greenwashing et la destruction capitaliste. Notre énergie révolutionnaire est 100% renouvelable. Alors si le résultat de la COP26 ne vous satisfait pas et que vous voulez sauver notre planète, rejoignez-nous !

  • Pollution, gaspillage… Vaincre le chaos de l’économie de marché par la planification socialiste

    « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue » (Victor Hugo)

    Les défenseurs du capitalisme présentent leur système comme si c’était l’économie la plus efficace et la plus innovante, comme une mécanique bien huilée à la marche irrésistible vers l’avant. C’est tout l’inverse : une broyeuse qui avance au hasard, qui perd ses pièces et qui exhale une fumée asphyxiante. Loin de représenter une manière efficace d’agencer l’économie, la loi du marché exprime bien plus les sentiments, les intuitions et les fantasmes d’investisseurs fortunés et de fonds d’investissement rapaces incapables d’avoir une réelle perspective à long terme.

    Par Constantin (Liège), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Économie de marché ou environnement : il faut choisir

    Le capitalisme repose sur la concurrence entre entreprises. Pour écraser leur concurrent, celles-ci devaient à l’origine construire plus solide. Le problème étant le suivant : comment continuer à faire du profit quand le marché est saturé ? Un constat s’est imposé : vendre des objets solides est une aberration. Pourquoi ne vendre un produit qu’une fois par consommateur ou par ménage ? L’énergie qui a dès lors été dépensée pour convaincre qu’il était pratique – et même nécessaire – de posséder certains produits en double ou en plusieurs couleurs, pour produire des objets à usage unique ou pour diminuer la qualité des produits est tout simplement incalculable. Quel gâchis de talents et de moyens. Ceux qui nous parlent de « capitalisme vert » et qui veulent limiter le champ de notre action à ce qui est acceptable dans l’économie de marché veulent nous faire croire que le système qui a élevé l’obsolescence programmée au rang d’art est capable de nous sauver !

    Pour avoir une chance face au changement climatique, nous ne pouvons pas nous permettre de subir davantage le chaos du marché. Nous devons nous extraire de la logique de ce système et nous libérer de la tyrannie des capitalistes qui détruisent notre planète. C’est pourquoi nous sommes pour son renversement et l‘instauration d’une économie démocratiquement planifiée, ce que nous appelons le socialisme.
    Planifier l’économie ? Il n’en faut pas plus pour que les capitalistes crient « au fou » ! Pourtant, les propriétaires actuels des moyens de production se livrent à une planification extrêmement poussée et tentent de ne laisser aucun détail au hasard pour écraser leurs concurrents. Les multinationales étudient à travers le monde les différences de salaire et de conditions de travail, comment ils peuvent mettre pression pour les faire baisser, comment organiser la production aux quatre coins du monde et gérer le transport de marchandises, etc. C’est ainsi que l’on se trouve dans une situation où du bois wallon est vendu à de grandes entreprises chinoises qui en font des meubles… vendus en Belgique. Tout est calculé avec le plus grand soin.

    Ce que nous entendons par « socialisme », c’est l’extension des éléments de planification déjà présents à l’échelle de toute la société grâce à l’expropriation des grandes entreprises (les banques, les assurances, les géants pharmaceutiques,…) pour les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques de la collectivité. De cette manière, nous pourrions mobiliser toutes les possibilités existantes pour faire face au péril climatique.

    Que pourrait faire une économie socialiste démocratiquement planifiée en quelques mois ?

    • 12% des émissions totales de CO2 proviennent du transport routier. En investissant massivement dans des transports publics gratuits dans toutes les villes, en transportant les marchandises par rail et en empêchant que le transport maritime mondial soit utilisé comme un moyen de réduire les coûts de la main-d’œuvre, ces émissions pourraient être réduites de façon spectaculaire.
    • 6 % des émissions proviennent de la déforestation et des incendies. La déforestation pourrait être rapidement transformée en son contraire, tandis que les incendies pourraient être réduits grâce à la gestion des forêts, à une planification urbaine plus responsable et à des investissements publics dans les services de lutte contre les incendies.
    • L’industrie et les entreprises énergétiques d’aujourd’hui créent d’énormes émissions (environ 10 % des émissions) exclusivement par des processus inefficaces. Avec une économie planifiée qui élimine les déchets inutiles et avec des investissements permettant d’économiser l’énergie, ces émissions pourraient être réduites de façon spectaculaire.
    • 17,5 % des émissions proviennent de l’énergie utilisée dans les bâtiments. Il n’en resterait quasiment rien avec un ambitieux plan public d’isolation des bâtiments quartier par quartier.
    • Des structures capitalistes entières et des industries extrêmement destructrices pourraient être démantelées : l’industrie de l’armement, l’industrie publicitaire, la spéculation financière, y compris les cryptomonnaies.
  • Crise climatique. La COP26, festival mondial du Greenwashing


    Après deux semaines, 30.000 délégués, observateurs et lobbyistes ont conclu le sommet mondial “COP 26” à Glasgow. Résultat : promesses vides et inaction.

    Par Per Olsson, Rättvisepartiet Socialisterna (ASI-Suède)

    Le sommet climatique de Glasgow fut un « festival mondial de greenwashing et un échec », a déclaré Greta Thunberg lors de son intervention à la manifestation « Fridays For Future » à Glasgow le 5 novembre dernier. Cette manifestation a été suivie le lendemain par une énorme marche pour le climat qui a rassemblé plus de 100.000 personnes dans les rues de Glasgow.

    La COP26 à Glasgow restera dans l’histoire pour deux raisons totalement opposées. Premièrement, elle a vu l’intensification du greenwashing par l’élite dirigeante dans le but de cacher ses promesses totalement inadéquates et, surtout, ses actions inadéquates. Deuxièmement, elle a été marquée par l’étonnante mobilisation de celles et ceux qui réclament l’adoption de véritables mesures, ce qui a en réalité permis de relancer à l’échelle internationale le combat contre la crise climatique après la pause causée par la pandémie.

    Avec plus de 500 personnes accréditées, la plus grande délégation présente à ce sommet était l’industrie des combustibles fossiles. Ce seul fait confirme que la COP26 a effectivement bien été un festival de greenwashing. Alors que le sommet touchait à sa fin, les négociations se sont poursuivies sur la série de nouveaux engagements visant à limiter les émissions et la hausse des températures.

    Il était déjà clair au fur et à mesure que les discussions se poursuivaient que toute proposition serait de toute façon très limitée. Malgré tout, contrairement à ce qui s’est passé après le sommet de Paris de 2015 (la COP 21), où beaucoup de gens croyaient encore que la rencontre conduirait à des actions sérieuses, la plupart des militants pour le climat ne se font aujourd’hui aucune illusion sur le fait que les gouvernements participants tiendront leurs promesses.

    L’aggravation rapide de la crise climatique, et la lutte qui en a résulté, a créé une nouvelle prise de conscience croissante : celle qu’il faut changer de système.

    Avant le sommet sur le climat, les gouvernements du monde entier devaient soumettre leurs nouveaux engagements en matière de climat. Ces contributions déterminées au niveau national (CDN) se sont avérées loin d’être suffisantes pour atteindre l’objectif d’une augmentation maximale de 1,5 degré de la température mondiale. Les scientifiques ont souligné que si les gouvernements continuent à agir comme ils le font actuellement, une dévastatrice augmentation de la température de 2,7 degrés se produira d’ici 2100.

    Ces engagements ont été suivis de nouveaux lors du sommet sur le climat, ce qui a incité l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à espérer que l’augmentation de la température puisse être limitée à 1,8 degré. Mais les calculs de l’AIE sont eux-mêmes coupables de greenwashing.

    “Nous avons fait les calculs : le scénario de l’AIE laisse encore un énorme déficit d’émissions en 2030”, déclarent les chercheurs de Climate Analytics. Ils soulignent la nécessité de réduire les émissions mondiales de près de la moitié en l’espace d’une décennie pour que la température de 1,5 degré Celsius reste à portée de main.

    Lors du sommet sur le climat, les gouvernements se sont engagés à mettre fin à la déforestation d’ici à 2030, le président brésilien Jair Bolsonaro figurant parmi les signataires. Mais c’est durant son mandat de président que la déforestation en Amazonie a établi de nouveaux records.

    “Il y a une très bonne raison pour laquelle Bolsonaro s’est senti à l’aise pour signer ce nouvel accord. Il permet une autre décennie de destruction de la forêt et n’est pas contraignant. Pendant ce temps, l’Amazonie est déjà au bord du gouffre et ne peut pas survivre à des années de déforestation supplémentaires. Les peuples indigènes demandent que 80% de l’Amazonie soit protégée d’ici 2025, et ils ont raison, c’est ce qu’il faut. Le climat et la nature ne peuvent pas se permettre cet accord” a commenté Carolina Pasquali, directrice exécutive de Greenpeace Brésil.

    La COP26 est parvenue à un accord visant à réduire les émissions de méthane de 30 % d’ici à 2030, mais les trois plus grands émetteurs – la Russie, la Chine et l’Inde – n’ont pas signé.

    Les principaux consommateurs et producteurs de charbon ont refusé de signer l’accord de la COP26 visant à éliminer progressivement son utilisation d’ici à 2030. Les gouvernements américain, indien et chinois ont tous refusé de le faire, tandis que le gouvernement polonais, qui avait d’abord signé, a changé d’avis en moins d’un jour, affirmant que le charbon ne peut être éliminé que d’ici 2049.

    Depuis 2009, les pays riches se sont engagés à aider les pays pauvres par le biais de l’aide climatique, qui devait s’élever à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Cet objectif n’a pas été atteint ; l’aide climatique, qui est à la fois une aide et des prêts accordées aux conditions des pays riches, a atteint 80 milliards de dollars en 2019. Une goutte d’eau dans l’océan. Les subventions des gouvernements aux énergies fossiles sont 74 fois plus importantes et équivalent à 11 millions de dollars par minute !

    Mais à la COP26, cet échec sera couvert par de nouvelles promesses vides. Comme l’a exprimé Greta Thunberg : “Net zéro d’ici 2050. Bla. Blah. Bla. Zéro net. Bla. Bla. Bla. Climat neutre. Bla. Blah. Blah. C’est tout ce que nous entendons de la part de nos soi-disant dirigeants. Des mots qui sonnent bien mais qui, jusqu’à présent, n’ont mené à aucune action. Nos espoirs et nos rêves se noient dans leurs paroles et leurs promesses vides.”

    Depuis le sommet de Paris sur le climat en 2015, les températures ont augmenté plus rapidement que jamais et l’augmentation des émissions cette année pourrait être la deuxième plus importante de l’histoire. Le mix énergétique mondial est toujours le même qu’il y a 10 ans.

    Les enfants nés en 2020 risquent de connaître en moyenne près de sept fois plus de vagues de chaleur, trois fois plus de mauvaises récoltes et deux fois plus d’incendies incontrôlés que leurs grands-parents, selon un récent rapport de recherche de Save the Children et de climatologues de l’université de Vrije à Bruxelles.

    Comme c’est la recherche du profit et de l’exploitation par le capitalisme qui guide les décisions prises par l’élite dirigeante, le monde se rapproche de plus en plus d’une catastrophe mondiale.

    Les changements nécessaires ne peuvent être obtenus que par une lutte généralisée à partir de la base, en joignant la force du mouvement pour le climat à celle des luttes ouvrières et des syndicats et en se préparant à lutter par des grèves et des blocages de l’économie.

    Seul un tel mouvement serait suffisamment puissant pour mettre fin à l’inaction de l’élite dirigeante, en lui retirant le pouvoir et en permettant la mise en œuvre de plans alternatifs de production et de distribution durables dans le cadre d’une économie publique et démocratiquement planifiée. Il s’agirait d’un véritable “changement de système”, qui remplacerait le capitalisme par le socialisme démocratique et permettrait le développement durable du monde.

  • Alternative Socialiste Internationale a fait retentir le besoin urgent d’un changement socialiste pour le climat à la COP26

    « Un homme s’est fixé l’objectif d’arrêter l’alcool dans 29 ans, en 2050, grâce à une méthode par paliers où il ne changera rien pendant 20 ans tout en bénéficiant de crédits d’alcool pour les années où il n’a pas bu, ce qui pourrait déplacer sa date de fin de consommation vers 2065. En attendant, il s’est déjà acheté un second frigo à bières qu’il décrit comme une méthode de ‘capture et stockage’ » La blague circule en plusieurs langues sur internet et synthétise parfaitement la « politique » dominante actuelle en matière de lutte contre la crise climatique. Tout porterait effectivement à rire si la situation n’était pas aussi dramatique.

    S’adressant à la foule à la suite de la manifestation du vendredi 5 novembre à Glasgow, Greta Thunberg a parlé de la COP26 comme d’un échec, une « célébration du ‘business as usual’ et du blabla », un « festival de greenwashing ». Six ans après l’accord de Paris qui visait à limiter le réchauffement de la planète bien en deçà de +2°C, si possible +1,5°C, nous nous dirigeons vers un réchauffement catastrophique de +2,7°C selon l’ONU. Ces 6 années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et les avertissements retentissent les uns après les autres. Mais l’inaction criminelle des dirigeants du monde se poursuit.

    Durant la première semaine de la COP26, il a plu des déclarations optimistes sur la déforestation, la sortie du charbon ou encore la levée de milliards de dollars pour des investissements verts. Comme l’explique Mohamed Adow, directeur du groupe de réflexion sur le climat Power Shift Africa basé à Nairobi, il y a « deux réalités » : « L’une est le monde des communiqués de presse du gouvernement britannique annonçant une multitude d’initiatives, suggérant que tout va bien et que nous avons presque résolu la crise climatique. L’autre réalité est hors de cette bulle de relations publiques. Le climat, ce sont les faits. »

    Comme pour illustrer toute l’hypocrisie du sommet, l’industrie fossile compte la plus grosse délégation à la COP26, avec 503 délégués, largement devant les pays les plus impactés par le changement climatique. Plus de 400 jets privés ont été mis à disposition pour amener diverses personnalités à Glasgow. Parmi elles se trouve le milliardaire Jeff Bezos, qui avait récemment fait part de sa solution pour le climat : « Nous devons déplacer toutes les industries lourdes, toutes les industries polluantes dans l’espace. » Qu’un pareil personnage soit invité à participer au sommet de l’ONU sur le climat est en soi une illustration de ce que nous avons à en attendre. La pollution causée par ces ultra-riches et VIP capitalistes produira plus de gaz à effet de serre que 1600 Écossais en un an… uniquement pour leur arrivée ! Contrairement à ce que les décideurs politiques et les médias dominants tentent de nous faire croire, nous ne sommes pas toutes et tous égaux face à la crise climatique. Là aussi, il y a deux réalités.

    D’un côté l’on trouve les criminels climatiques qui possèdent les leviers de l’économie et qui décident en toute connaissance de cause de continuer à sacrifier la Terre et l’humanité au profit des actionnaires. De l’autre celles et ceux qui subissent et subiront le plus durement les conséquences de la crise climatique alors que ce sont celles et ceux dont le travail, avec la nature, est source de toutes richesses.

    Contre le gaspillage de l’économie de marché, la planification démocratique socialiste

    Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) avait mobilisé un imposant contingent international (d’environ 300 militantes et militants) afin de défendre une alternative face au chaos et au gaspillage de l’économie de marché. Une économie socialiste démocratiquement planifiée pourrait radicalement changer la situation en quelques mois à peine. Quelques exemples :

    • 12% des émissions totales de CO2 proviennent du transport routier. En investissant massivement dans des transports publics gratuits, en transportant les marchandises par rail et en empêchant que le transport maritime mondial soit utilisé comme un moyen de réduire les coûts de la main-d’œuvre, ces émissions pourraient être réduites de façon spectaculaire.
    • 6 % des émissions proviennent de la déforestation et des incendies. La déforestation pourrait être rapidement transformée en son contraire, tandis que les incendies pourraient être réduits grâce à la gestion des forêts, à une planification urbaine plus responsable et à des investissements publics dans les services de lutte contre les incendies.
    • L’industrie et les entreprises énergétiques d’aujourd’hui créent d’énormes émissions (environ 10 % des émissions) exclusivement par des processus inefficaces. Avec une économie planifiée qui élimine les déchets inutiles et avec des investissements permettant d’économiser l’énergie, ces émissions pourraient être réduites de façon spectaculaire.
    • 17,5 % des émissions proviennent de l’énergie utilisée dans les bâtiments. Il n’en resterait quasiment rien avec un ambitieux plan public d’isolation des bâtiments quartier par quartier.
    • Des structures capitalistes entières et des industries extrêmement destructrices pourraient être démantelées : l’industrie de l’armement, l’industrie publicitaire et la spéculation financière par exemple.
    Salle comble le samedi soir pour notre meeting international…. et même plus encore ! Une autre salle a dû être mise à disposition à l’étage inférieur, où le meeting a été retransmis.

    La faillite du capitalisme de plus en plus généralement acceptée

    Les militantes et militants d’ASI n’ont pas économisé leurs efforts pour faire entendre ce message en Ecosse lors des deux grandes manifestations qui se sont tenues à Glasgow les 5 et 6 novembre et lors d’une action à Édimbourg le 5 novembre à l’aide de stands ; de la vente du journal de nos camarades d’Angleterre, du Pays de Galles et d’Ecosse ; de la distribution de tracts ; d’un grand meeting ;… et d’imposantes délégations dans les manifestations de Glasgow.

    A Glasgow, le « School strike for future » du vendredi et ses quelques dizaines de milliers de manifestants était un parfait échauffement pour la manifestation du samedi qui a réuni pas moins de 100.000 personnes. Dans ces 2 cortèges, il était difficile de manquer nos délégations dynamiques qui ont regroupé plusieurs centaines de personnes à chaque fois. Le dynamisme et la détermination de ces contingent s’est reflétée dans l’excellente couverture médiatique dont nous avons bénéficié (et dans nombre d’extinctions de voix parmi les camarades). Nous avons tenté autant que faire ce peu de traduire nos idées en action et d’imposer notre marque sur les événements, ce qui s’est révélé payant.

    Près de 80 personnes sont parties de Belgique pour rejoindre la délégation d’ASI.

    Après la manifestation du vendredi, un podium a réuni divers orateurs et oratrices, dont Greta Thunberg. Nous avons également pu prendre la parole et notre camarade Amy Ferguson, une syndicaliste d’Irlande du Nord, qui a brillamment expliqué quel rôle pouvait jouer la classe ouvrière dans la lutte contre la crise climatique. Ce même jour, nous avons également manifesté à Édimbourg et rejoint des étudiants et étudiantes du secondaire en grève devant le parlement écossais qui, avec le gouvernement écossais (à l’image des politiciens capitalistes du monde entier) continue à laisser les grands pollueurs tranquilles. Le samedi soir, un meeting international intitulé « Le capitalisme tue la planète, luttons pour une transformation socialiste de la société » a réuni plusieurs centaines de personnes à la suite de la manifestation de Glasgow. Dans toutes ces activités, nous avons pu constater à quel point la compréhension de l’incapacité du capitalisme à offrir une issue face à cette crise a grandi et est plus généralement acceptée.

    Cette intervention historique de la part de notre internationale fera date dans la mémoire de tous les participantes et participants. Au-delà de notre intervention dans le mouvement pour le climat – en cherchant à orienter celui-ci vers la classe ouvrière et des solutions liées à la nécessité d’une transformation socialiste de la société – des pas de géant ont été fait pour « internationaliser notre internationale » et approfondir les échanges entre camarades des différentes sections à la suite d’années notamment marquées par les confinements. Nous remercions toutes et tous les camarades dont les efforts ont permis cet éclatant succès et vous invitons à y participer à votre échelle en participant au « fonds Glasgow » qui a permis d’assister près de 80 jeunes à partir de Belgique pour rejoindre l’Ecosse.

    Manifestation du vendredi 5 novembre à Glasgow

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    Manifestation du samedi 6 novembre à Glasgow

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    Action à Edimbourg le vendredi 5 novembre

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  • « Nos revendications sont modérées, nous voulons juste la Terre »

    Délégation d’ASI à la manifestation du samedi à Glasgow.

    Vendredi, une grande manifestation a eu lieu à Glasgow en marge de la COP26 à l’appel de Fridays for Future avec la participation de milliers d’étudiants du secondaire et du supérieur. Ce cortège très dynamique était un parfait échauffement pour la grande manifestation qui a eu lieu le lendemain. Greta Thunberg figurait parmi les orateurs qui se sont succédé au podium à la fin de la manifestation. Avant qu’elle ne prenne la parole, notre camarade Amy Ferguson, une syndicaliste d’Irlande du Nord membre d’Alternative Socialiste Internationale. Voici ci-dessous son discours traduit en français et la vidéo de son intervention.

    « Mon nom est Amy Ferguson. Je suis militante syndicale de Unite Hospitality en Irlande du Nord et je suis également membre d’Alternative Socialiste Internationale.

    « Cette semaine, Boris Johnson a admis que les réunions internationales comme le G20, et j’ajouterais la COP26, ne sont que des gouttes d’eau dans un océan surchauffé. Ces prétendus dirigeants du monde et leurs sponsors du secteur des combustibles fossiles ont eu des décennies pour agir, mais ils n’ont toujours rien à nous offrir, si ce n’est du greenwashing capitaliste. Ils continuent leurs affaires comme si de rien n’était et nous devons l’accepter parce qu’ils plantent quelques arbres ? C’est le mieux qu’ils puissent nous offrir. Il suffit de gratter la fine couche de vernis de leur rhétorique pour voir à quel point celle-ci est vide de sens.

    « Depuis l’accord de Paris sur le climat en 2016, les 60 plus grandes banques du monde ont investi 3.800 milliards dans des entreprises de combustibles fossiles. Ce n’est pas seulement de l’inaction, cela revient à détruire activement notre planète. Les délégués à la COP26 se félicitent du peu qu’ils font, tout en veillant à ne pas trop marcher sur les plates-bandes de leurs sponsors des énergies fossiles. N’oublions pas que ce ne sont pas eux qui ont mis le climat sur le devant de la scène : ce sont les millions de jeunes et de travailleurs du monde entier qui l’ont fait. Ce sont ces mouvements qui nous offrent une bouée de sauvetage.

    « La semaine dernière, j’ai participé à une conférence de mon syndicat avec des centaines de délégués représentant un million de membres de Grande-Bretagne et d’Irlande. Lors de cette conférence, nous avons eu une discussion sur ce qu’il faut faire face à la crise climatique. Des travailleurs de l’industrie lourde, des transports et d’autres secteurs ont dit à quel point le mouvement pour le climat les inspirait. Ils ont dit combien il est nécessaire que nos mouvements soient connectés. Certains essaient de nous dire que nous devons choisir entre une planète vivable et des emplois décents, mais c’est tout le contraire qui est vrai. Il y a tellement de travail à faire pour construire des infrastructures vertes ou développer de nouvelles technologies ! L’initiative pour cela ne viendra pas d’en haut ; l’initiative et la connaissance pour tout ça sont présentes parmi les travailleurs.

    « À Belfast, il y a quelques années, les travailleurs du chantier naval Harland & Wolff étaient confrontés à la menace de la fermeture de leur chantier et à la perte de leurs emplois. Au lieu d’accepter cela, les travailleurs ont occupé le chantier et proposé une alternative claire. Ils ont déclaré que leurs connaissances et leurs compétences devraient être utilisées pour construire des infrastructures vertes. Ils ont fini par sauver leurs emplois.

    « La semaine dernière, le personnel ferroviaire en Écosse a menacé de faire grève autour de revendications salariales. S’ils stoppent leur travail, ils sont capables de paralyser des villes entières. Cette menace a suffi à imposer une augmentation de salaire. Avec tous ceux qui défendent des transports publics gratuits et décents, nous devons nous rapprocher de ces travailleurs pour utiliser notre force collective. Rien ne peut nous arrêter en faisant cela ! Au fait, c’est une excellente chose que les éboueurs de Glasgow en grève soient ici. Ils méritent notre entière solidarité.

    « Notre énergie ne doit pas disparaître après ces actions. Nous devons continuer à nous organiser et à tisser des liens entre nous. Ce sont les jeunes et les travailleurs qui peuvent offrir une issue à la crise. Nous disposons de la force, des plans et des idées, mais nous ne pouvons pas contrôler ce que nous ne possédons pas. Notre mouvement doit se concentrer sur la racine des problèmes. Nous ne devons pas permettre au système capitaliste et à ses milliardaires, ses PDG et leurs politiciens de continuer sur la même voie désastreuse. Nous devons retirer le pouvoir de leurs mains.

    « L’alternative doit être socialiste, elle doit reposer sur la propriété publique et le contrôle démocratique des plus grandes entreprises et du secteur financier. Cela nous permettrait d’élaborer un plan international fondé sur les besoins des populations et de la planète, et non sur les comptes bancaires des riches. Les politiciens nous disent d’être réalistes et modérés. En réponse, je veux répéter les mots du syndicaliste et socialiste irlandais d’origine écossaise James Connolly : nos revendications sont modérées, nous voulons simplement la Terre. »

  • Crise climatique : comment pouvons-nous gagner ?

    La crise climatique en cours est le signe le plus clair, parmi beaucoup d’autres, que ce système doit disparaître. « L’Organisation météorologique mondiale a indiqué mercredi que la crise climatique a engendré des conditions météorologiques extrêmes qui ont tué plus de 2 millions de personnes au cours des 50 dernières années, avec des dommages économiques de plus de 3.600 milliards de dollars. Les chercheurs ont constaté que le nombre d’événements météorologiques extrêmes a été multiplié par cinq par rapport à 1970. » (Democracy Now le jeudi 02/09/2020)

    Par Philipp Chmel (Autriche), article issu de la brochure « Le capitalisme assassine la planète » éditée par Alternative Socialiste Internationale.

    Cette déclaration réaffirme la sensation que nous voyons, entendons, lisons et vivons dans notre vie quotidienne de plus en plus fréquemment : la situation est désastreuse et elle va empirer. La crise climatique se déroule depuis des années. Elle s’accélère, provoquera inévitablement des destructions sans précédent de notre vivant et conduira à des catastrophes climatiques encore plus graves si nous ne changeons pas radicalement de cap dans les années 2020. Sous le capitalisme, des scénarios cauchemardesques avec des émissions accrues entraînant une augmentation de 3 à 5 degrés de la température moyenne mondiale et une élévation du niveau des mers de plusieurs mètres, sont presque garantis. Cela signifie la conversion de grandes parties de notre planète en zones non compatibles avec la civilisation humaine.

    Il y a encore de l’espoir

    Cependant, il y a aussi de l’espoir : selon le dernier rapport du GIEC, le réchauffement de la planète peut être limité si les émissions de gaz à effet de serre sont réduites à la vitesse et à l’échelle nécessaires. Mais pour que cela soit possible, il faut un changement de système révolutionnaire. S’il s’agit sans aucun doute d’un défi majeur, résoudre la crise climatique dans les limites du capitalisme est carrément impossible.

    Les gouvernements et les institutions capitalistes, de plus en plus conscients qu’ils doivent au moins donner l’impression d’essayer de faire quelque chose de grand (et de gagner beaucoup d’argent dans le processus), vont sans aucun doute céder à la pression et mettre en œuvre de nouvelles politiques, y compris une intervention massive de l’État similaire à celle observée pendant la pandémie. Mais tout cela ne sera tout simplement pas assez important, ni assez rapide, pour obtenir le changement dont nous avons besoin dans les années 2020.

    Les lois de l’accumulation sans fin du capital et de la concurrence, ainsi que de la division et des antagonismes nationaux, font partie de l’ADN du système, elles ne sont pas sujettes à débat et les classes dirigeantes n’hésitent pas à les faire respecter par la violence si nécessaire. Ces contradictions du capitalisme se dressent comme des murs géants sur le chemin du progrès pour sauver le climat.

    Il n’y a pas d’autre solution : comme nous l’avons affirmé tout au long de cette brochure, si nous voulons sauver l’humanité de la barbarie et de la catastrophe climatique, nous devons remplacer le système capitaliste destructeur par un système démocratiquement socialiste dans lequel la production, la distribution et l’ensemble de l’économie sont planifiés en fonction des besoins des personnes et de l’environnement, sous le contrôle démocratique et le gouvernement d’en bas.

    Une question de classe

    Les gens ne sont évidemment pas tous touchés de la même manière par les effets de la crise climatique : les riches peuvent s’offrir des générateurs privés pour sécuriser leur approvisionnement en électricité, isoler correctement leurs maisons contre la chaleur et le froid ou s’éloigner des zones particulièrement touchées par les phénomènes météorologiques extrêmes. Les super-riches ont même leurs bunkers privés en Nouvelle-Zélande pour tenter d’échapper à l’apocalypse climatique.

    La classe ouvrière et les pauvres, en revanche, n’ont pas ce choix. Au contraire, les travailleurs (en particulier les personnes de couleur, les femmes et les groupes marginalisés) sont touchés de manière disproportionnée par la crise climatique, alors qu’ils ne contribuent qu’à une fraction des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cependant, le côté positif est que ce sont également ces mêmes personnes – la classe ouvrière mondiale et les opprimés – qui ont à la fois le pouvoir et l’intérêt de défier et finalement de renverser ce système.

    Amis et ennemis

    Soyons clairs sur ce point : ce n’est pas l’activité humaine dans l’abstrait, le fait qu’il y ait « trop de gens », ou nos choix de consommation qui sont à l’origine de la crise climatique, c’est le système capitaliste. Ce système, qui repose sur l’exploitation des gens et de la nature, engendre la pauvreté, les déplacements de population et les guerres, le racisme et le sexisme, ainsi que d’innombrables autres maux sociaux. Ce système et ses classes dirigeantes sont nos ennemis ! Reconnaître pleinement ce fait est la première étape très importante pour trouver une stratégie gagnante – nous devons savoir distinguer nos amis de nos ennemis.

    Cependant, ce n’est pas toujours évident : la crise climatique mettant en danger les profits des capitalistes et la pression du mouvement augmentant, de nombreuses entreprises, gouvernements et politiciens ont commencé à appeler à l’action climatique. Par exemple, lors d’un discours à la Maison-Blanche le 2 septembre 2021, le président américain Biden a déclaré : « Ces derniers jours, l’ouragan Ida, les incendies de forêt dans l’Ouest et les crues soudaines sans précédent à New York et dans le New Jersey nous rappellent une fois de plus que ces tempêtes extrêmes et la crise climatique sont là. » Dans le même discours, il a toutefois précisé : « C’est pourquoi nous n’attendons pas d’évaluer l’impact total que la tempête aura sur la production de pétrole et les raffineries. Nous agissons déjà, rapidement, pour augmenter la disponibilité du gaz [essence] et relâcher la pression sur les prix du gaz dans tout le pays. » Biden intensifie également la guerre froide avec la Chine, en instrumentalisant la crise climatique.

    Le capitalisme vert ne peut pas résoudre la crise climatique. Il vise plutôt à accéder à de nouveaux marchés, à obtenir un avantage concurrentiel – le « vert » est un argument commercial – et aussi à tenter de restaurer la légitimité du système, de regagner la confiance de la jeune génération. C’est une tactique de diversion dans la lutte désespérée pour protéger le système. On tente de nous vendre l’illusion qu’un prétendu capitalisme éthique et vert pourrait mettre fin à la crise climatique et que tout ce que nous devons faire est de faire pression pour des réglementations plus strictes et de réduire nos empreintes carbone individuelles en faisant les bons choix de consommation. Qu’il soit déguisé en vert, rose ou arc-en-ciel, le « capitalisme woke » ne vise pas à résoudre les problèmes brûlants de la crise climatique, du sexisme ou de l’homophobie et de la transphobie. Il vise plutôt à coopter les mouvements et les critiques du système et à renforcer la légitimité du pouvoir capitaliste qui s’effrite.

    La solidarité de la classe ouvrière, pas le capitalisme vert

    Si nous devons bien sûr toujours nous battre pour des améliorations ici et maintenant, nous devons être conscients que ces améliorations sont le résultat de luttes d’en bas et que toutes les victoires que nous obtenons seront bientôt menacées à nouveau tant que le capitalisme existera. Nous devons défendre une combinaison de revendications audacieuses, des méthodes de lutte et un programme qui, ensemble, peuvent mener au-delà du système actuel, exposant ainsi les mensonges du « capitalisme vert ». Le récit « le climat contre l’emploi » ou l’argument selon lequel la « surpopulation » est le moteur de la crise climatique, par exemple, sont des hommes de paille erronés et dangereux qui visent à diviser la classe ouvrière. Nous devons répondre à ces mensonges en construisant l’unité et la solidarité de la classe ouvrière la plus large possible, pas seulement dans l’abstrait, mais de manière concrète. Nous devons construire l’unité de la classe ouvrière, c’est un point de référence central lors de l’élaboration de nos revendications et de nos slogans, ainsi que lors de l’organisation de manifestations et d’actions plus importantes.

    Dans de nombreux cas, nous avons déjà vu des jeunes unir leurs forces et construire la solidarité dans le mouvement pour le climat. De nombreux militants pour le climat ont également participé aux manifestations de Black Lives Matter, à la solidarité avec les réfugiés et aux manifestations du 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Aux États-Unis, le Sunrise Movement s’est officiellement mobilisé pour les manifestations de Black Lives Matter, et récemment, l’activiste climatique indienne Disha Ravi, Greta Thunberg et d’autres ont soutenu le mouvement de protestation et de grève des agriculteurs indiens.

    La prochaine étape consiste à construire ce même esprit de coopération et de solidarité en relation avec le mouvement syndical et ouvrier, car c’est lorsque nous nous organisons en tant que classe ouvrière que nous avons le pouvoir d’arrêter la machine capitaliste de fonctionner. Grâce à des actions de grève organisées collectivement, nous pouvons créer le type de pression politique et économique qui peut imposer de grands changements.

    Pour un mouvement de grève militant

    Nous avons vu l’importance des grèves économiques des travailleurs lors des récents soulèvements au Belarus, au Chili, au Myanmar, en Colombie et dans de nombreux autres pays. Il en va de même pour le climat : lutter et faire grève pour la protection de l’environnement et de l’écologie ainsi que pour des améliorations sociales est la méthode la plus puissante pour gagner le changement. Les conquêtes historiques du mouvement ouvrier, telles que la journée de travail de 8 heures, le droit de vote des femmes et les droits démocratiques dans de nombreux pays, n’ont pas été obtenues en étant « pas trop radical » et en faisant appel aux médias et aux décideurs politiques, mais par des actions collectives de grève et de protestation.

    La construction d’un mouvement de grève combatif qui lie les revendications climatiques et les autres revendications sociales ne se fera pas principalement par le biais de réunions stratégiques avec les directions des syndicats (dont la plupart n’ont pas été à la hauteur de la lutte pour les travailleurs au cours de la dernière période), mais avant tout en s’engageant et en soutenant les organisations de base existantes et les militants de la classe ouvrière qui mènent déjà des luttes, par exemple dans le secteur social et des soins de santé.

    Nous, et l’ensemble du mouvement pour le climat, devons soutenir, nous engager et essayer de relier les luttes ouvrières dans différents secteurs économiques et pays, et faire pression sur les syndicats pour qu’ils agissent. Nos premiers pas dans cette voie, même s’ils sont modestes, seront d’une grande importance.

    En fin de compte, nous devons construire des grèves internationales intersectorielles pour le climat visant à améliorer les conditions de travail, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à faire payer les véritables pollueurs. Tout comme les grèves scolaires de 2019 se sont répandues comme une traînée de poudre, l’idée de véritables grèves générales pour les travailleurs et la planète peut devenir plus viable dans la prochaine vague du mouvement.

    La classe ouvrière peut prendre le pouvoir et sauver la planète

    Sur la base de son rôle dans la production et de son poids dans la société, la classe ouvrière a le pouvoir de prendre le contrôle des secteurs économiques clés tels que l’agriculture, l’énergie, le transport et la mobilité, et le social et les soins de santé, par le biais de la propriété publique et du contrôle démocratique. L’histoire l’a montré à plusieurs reprises : si l’on ne retire pas la propriété des moyens de production des mains privées pour en faire une propriété publique sous contrôle et gestion démocratiques de la classe ouvrière, la gestion des entreprises et de la production ne changera pas fondamentalement de cap.

    Dans de nombreux pays européens, les « comités d’entreprise » et les organes représentatifs des travailleurs se sont développés à partir des luttes ouvrières militantes et révolutionnaires après la Première Guerre mondiale. En Autriche, par exemple, les conseils ouvriers (calqués sur les « soviets » de la révolution russe) se sont formés pendant les grèves de janvier 1918, en tant qu’organisations de masse en dehors des portes de l’usine. Lorsque le SDAP (parti ouvrier social-démocrate) a ensuite tenté de les établir sur le lieu de travail, il s’agissait d’une « concession à la bourgeoisie, qui avait peur que les travailleurs, qui occupaient déjà les usines, ne les exproprient », comme l’a déclaré un responsable syndical autrichien. Ainsi, au lieu de prendre le contrôle de la production, ces organes représentatifs des travailleurs se sont institutionnalisés, abandonnant au fil du temps toute idée de changement radical. Aujourd’hui, ils limitent largement leur travail à la défense des droits et des intérêts des travailleurs au niveau de l’entreprise, dans le cadre juridique donné, et forment le « lien entre la main-d’œuvre et la direction », comme le décrit la Chambre du travail autrichienne.

    Il ne s’agit pas de diminuer ici le rôle crucial que les délégués syndicaux doivent jouer dans la lutte pour les droits des travailleurs et l’organisation des luttes ouvrières, mais simplement d’avertir des limites de toute idée de « contrôle ouvrier » durable dans un cadre économique capitaliste. Rester dans le cadre capitaliste officiel et « respecter les règles » ne domptera pas la cupidité des entreprises, mais cela va certainement dompter le militantisme des luttes ouvrières.

    Parfois, la classe ouvrière organisée devient si forte qu’elle contrôle de facto certains domaines de la société (ce que les marxistes appellent aussi le « double pouvoir »), mais cela ne peut pas durer longtemps. L’un des deux camps, la classe capitaliste ou la classe ouvrière, finira par prendre le dessus. Nous devons préparer et construire le pouvoir et l’organisation de la classe ouvrière. La classe ouvrière peut et doit renverser les États capitalistes et les remplacer par des États ouvriers socialistes et démocratiques.

    Les tendances actuellement dominantes dans le mouvement pour le climat n’ont cependant pas encore tiré les conclusions nécessaires. Bien que beaucoup exigent un changement de système ou appellent même à une révolution, ils n’ont pas pleinement saisi ce qui est réellement nécessaire pour y parvenir. De nombreux points de référence du mouvement, qu’il s’agisse d’activistes individuels ou d’organisations telles que Green New Deal Rising, ont de très bonnes revendications, d’une grande portée, concernant par exemple les investissements verts et les programmes d’emploi, et ils savent que l’on ne peut pas faire confiance à la classe dirigeante.

    Cependant, lorsqu’il s’agit de savoir comment obtenir ces revendications, ils retombent souvent dans des stratégies de type ONG, se contentant de préconiser de faire pression sur les élus en dénonçant leur inaction. Si de telles campagnes peuvent assurément susciter l’attention nécessaire du public et peuvent également politiser certains jeunes, nous devons aller plus loin. Le mouvement pour le climat doit se concentrer davantage sur le soutien et l’engagement dans les luttes syndicales existantes depuis la base, afin de construire un front uni militant entre les groupes de justice climatique et le mouvement syndical et ouvrier, capable d’imposer les changements nécessaires et de défier le système dans son ensemble.

    Pour lutter pour les changements révolutionnaires qui sont nécessaires et combattre efficacement la crise climatique et les nombreux autres maux sociaux, nous devons construire des mouvements de masse et une organisation révolutionnaire avec un programme clair pour relier les luttes, combattre le capitalisme et transformer la société. Pour gagner le changement de système à l’échelle mondiale, une telle organisation doit être construite au niveau international, c’est pourquoi Alternative Socialiste Internationale (ASI), une organisation de travailleurs et de jeunes, lutte activement pour une transformation socialiste de la société dans plus de 30 pays.

    Pour obtenir le changement révolutionnaire nécessaire pour mettre fin au capitalisme, à la destruction de notre planète et à toutes les formes d’oppression, rejoignez ASI !

  • Construire un mouvement pour le climat capable de vaincre le capitalisme

    En 2019, Alternative Socialiste Internationale s’est mobilisée et a participé de tout cœur à la vague mondiale de grèves et de protestations pour le climat dans le monde entier. À son point culminant, le 20 septembre 2019, 4.500 actions ont eu lieu dans plus de 150 pays qui ont fait descendre plus de 4 millions de personnes dans la rue ! Mené par la jeune génération et soutenu par de larges pans de la société, ce mouvement a évoqué un large débat sur la crise climatique et a même remporté quelques victoires limitées. Pourtant, une fois de plus, les catastrophes environnementales que nous avons connues ces derniers mois ont montré qu’il était urgent d’aller plus loin. La bataille du climat n’est pas terminée. Mais comment pouvons-nous la gagner ?

    Par Arne Lepoutre (Belgique), article issu de la brochure « Le capitalisme assassine la planète » éditée par Alternative Socialiste Internationale.

    Notre mouvement doit être anticapitaliste

    Des conditions météorologiques extrêmes, des sols infertiles et rocheux et même la pandémie : les scientifiques avaient tout prévu. Pourtant, pendant des décennies, les gouvernements et les grandes entreprises ont refusé d’élaborer un véritable plan pour éviter de tels désastres. Au lieu de cela, ils ont mis au point une énorme campagne visant à nier la crise climatique et à rejeter la responsabilité sur les individus en faisant appel à leurs gouvernements. Les multinationales ont investi dans de prétendues « recherches scientifiques » qui tentaient de nier le lien entre les combustibles fossiles et le changement climatique. La compagnie pétrolière ExxonMobil a dépensé environ 40 millions de dollars pour de tels mensonges au cours des 20 dernières années. Depuis l’accord de Paris de 2015 sur le climat, les plus grandes entreprises de l’industrie des combustibles fossiles ont dépensé plus d’un milliard de dollars en lobbying contre les énergies vertes !

    Pourtant, la pression du mouvement pour le climat a poussé une partie de la classe dirigeante à investir dans des mesures liées au climat et des technologies vertes. La crise climatique est aujourd’hui d’une telle ampleur qu’elle sape la productivité de la société et les profits des capitalistes. Il suffit de penser à la façon dont les catastrophes naturelles font s’arrêter le monde (et l’économie). Alors que certains de ces investissements seront des développements positifs et des victoires du mouvement pour le climat qui pourraient ralentir ou aider à se protéger contre les effets de la crise, nous devons lancer un avertissement clair : ces investissements ne représentent pas une orientation vers un « capitalisme vert » durable. Cela n’existe pas.

    C’est pourquoi le mouvement pour le climat doit être anticapitaliste. Nous avons besoin d’un changement de système, d’un plan international qui réponde à cette crise par la solidarité de la classe ouvrière et le socialisme. Tous les moyens possibles doivent être mobilisés pour résoudre cette crise. Mais les contradictions internes du capitalisme, telles que la concurrence entre les États-nations et les super riches, rendent impossible l’élaboration du plan international nécessaire.

    Le mouvement jusqu’à présent

    Le mouvement de 2019 a introduit certaines méthodes, qui constituent des avancées importantes. Il a été compris que l’action internationale collective et de masse devait être la priorité du mouvement pour le climat, et non plus les choix des consommateurs ou les actions individuelles.

    L’idée de la grève a été introduite dans le mouvement, à travers la proposition d’une grève des écoles et des plateformes telles que Fridays For Future. Ces plateformes et d’autres, dont Extinction Rebellion (XR), ont appelé à des journées d’action internationales et à une organisation internationale. Greta Thunberg a également appelé les activistes climatiques à soutenir le mouvement de protestation et de grève des agriculteurs indiens. Si l’on compare ces données à celles de la période précédente, il est clair que ces changements représentent des défaites idéologiques pour le capitalisme, et une avancée dans la compréhension sociale et politique de millions de jeunes à travers le monde.

    Dans toute la société, l’atmosphère et la compréhension de la crise climatique ont radicalement changé en raison de l’impact du mouvement, ainsi que de l’impact réel du changement climatique sur nos vies. Le mouvement a permis d’exposer les véritables responsables de la crise et a popularisé des éléments importants tels que le fait que 71 % des émissions industrielles de gaz à effet de serre proviennent de seulement 100 entreprises. Plus important encore, le mouvement ne s’est pas limité à critiquer les pollueurs : il a appelé à un changement de système, à des changements structurels. Le slogan « change the system, not the climate » représente un pas en avant dans la recherche d’une solution radicale à la crise la plus urgente à laquelle l’humanité est confrontée. En réalité, un changement de système implique un changement révolutionnaire.

    Des méthodes erronées et une accalmie dans le mouvement

    Cependant, force est de constater que de nombreuses personnalités se sont laissées entraîner vers des méthodes qui n’ont pas vraiment profité à notre mouvement. Cela s’est traduit par une volonté de rallier le plus grand nombre possible de personnalités et d’organisations à la cause afin de faire pression sur les gouvernements et les entreprises pour qu’ils changent de cap (voir les exemples belges ci-dessous). Bien que cela semble être un désir logique, dans la pratique, cela a souvent été fait à un prix : en sacrifiant la clarté politique et le caractère antisystème du mouvement et de ses revendications.

    Ces méthodes ont finalement commencé à démobiliser le mouvement et, pire encore, ont ouvert la porte aux partis de l’establishment et même aux grandes entreprises pour tenter de coopter notre mouvement. Le « greenwashing » de ceux qui partagent la responsabilité de la crise climatique a souvent été toléré afin de ne pas trop « polariser ».

    Cette approche et le déclin de la taille et de la fréquence des mobilisations, avec le Covid-19 comme facteur supplémentaire, ont permis à la classe dirigeante de commencer à riposter. Les entreprises et les gouvernements ont commencé à réintroduire, avec plus d’intensité, leur discours sur la responsabilité individuelle : « comment vous, en tant qu’individu, pouvez lutter contre le changement climatique dans votre vie quotidienne ? » Les confinements ont traversé la lutte sociale pendant la première phase de la pandémie et finalement, le mouvement pour le climat est entré dans une pause relative encore largement en place à l’approche de la COP26. Seules quelques petites actions ont continué à avoir lieu, mais nous savons qu’il en faut beaucoup plus. Que devons-nous donc faire pour reconstruire le mouvement et éviter que la situation ne se reproduise ?

    Nous ne sommes pas tous dans le même bateau : la lutte pour le climat est une lutte de classe !

    L’incapacité de la classe dirigeante à résoudre la crise climatique a des implications pour la construction du mouvement climatique. Cela signifie que le mouvement doit viser à lutter pour une alternative au système capitaliste de la classe dominante. Le mouvement n’a rien à gagner d’alliances avec les défenseurs « écolos » du système capitaliste et doit viser à construire un mouvement indépendant de la classe capitaliste. Les alliances avec la classe dirigeante permettent à cette dernière non seulement de fuir ses responsabilités, mais aussi de stimuler de dangereuses illusions dans le « capitalisme vert ». C’est pourquoi les capitalistes cherchent à conclure des coalitions avec le mouvement pour le climat, afin de le stopper et de le démobiliser, surtout compte tenu de sa croissance rapide et de sa radicalisation.

    En Belgique en 2019, une énorme dynamique a été construite par le mouvement, exerçant une pression énorme contre les grands pollueurs. Les grèves scolaires ont rassemblé jusqu’à 35.000 jeunes et les manifestations ont réuni jusqu’à 100.000 personnes. Puis, au plus fort du mouvement, une coalition appelée « Sign for my future » a été créée, ce qui a considérablement changé la donne.

    Des groupes d’action écologistes bien connus ont rejoint cette campagne, ainsi que de grandes entreprises telles que Colruyt, Ikea, Proximus et Solvay, certaines des plus grandes organisations patronales de Belgique et même de grandes banques comme BNP Paribas, KBC et ING, qui investissent des millions d’euros par an dans l’industrie des combustibles fossiles. Si certains ont pu espérer que cette campagne pourrait donner l’impression que le mouvement pour le climat s’élargissait et se renforçait, ce n’était qu’une illusion.

    La campagne était prétendument censée faire pression sur les politiciens qui n’étaient pas prêts à agir, mais en réalité, elle n’a fait que donner aux grandes entreprises un nouveau moyen d’éviter d’assumer la responsabilité de la crise climatique. La campagne n’a rien changé à la façon dont les entreprises participantes investissent ou produisent.

    De nombreux militants pour le climat ont désapprouvé la mise en place de cette coalition. Mais malheureusement, le mouvement ne disposait pas des structures démocratiques nécessaires pour exprimer leur désaccord avec la direction autoproclamée du mouvement, qui organisait celui-ci du haut vers le bas. Nous avons besoin d’un mouvement de masse dont la stratégie, les revendications, le programme et les méthodes sont discutés de manière démocratique. Seul un mouvement démocratique peut garantir notre indépendance vis-à-vis des grands pollueurs !

    Notre mouvement doit être organisé de manière démocratique

    Cette anecdote explique pourquoi Alternative Socialiste Internationale a toujours insisté sur la nécessité de s’organiser correctement. Imaginez ce qui aurait été possible si ce mouvement historique pour le climat avait été organisé en comités d’action dans les écoles, les universités, les villes et sur les lieux de travail !

    Le mouvement pour le climat aurait pu s’adapter à la pandémie en proposant un programme pour y faire face et rester organisé et actif de manière sûre pendant le confinement. Il faut maintenant discuter des revendications qui permettraient de mobiliser la couche la plus large possible de jeunes et de travailleurs dans les mois à venir. Les revendications les plus populaires du mouvement, qui étaient souvent des revendications sociales anticapitalistes, devraient être mises en avant par des porte-parole élus du mouvement : des investissements massifs pour des transports publics gratuits, plus nombreux et de meilleure qualité ainsi que pour une énergie verte et abordable, attireraient beaucoup d’autres personnes à rejoindre notre combat après cette cruelle pandémie et de nouvelles catastrophes climatiques.

    Aujourd’hui, cependant, notre tâche est différente. Nous avons besoin d’un leadership qui ne favorise pas les coalitions avec ceux qui ne font que promouvoir plus de « taxes climatiques » sur les gens ordinaires qui ne sont pas à blâmer, ou qui ne parlent que de changements dans notre comportement personnel de consommation. C’est pourquoi ASI appelle à un mouvement qui puisse décider démocratiquement qui sont nos dirigeants et nos personnalités publiques, en les élisant et en étant capable de les révoquer. De plus, sans de véritables discussions démocratiques sur notre programme et nos méthodes, nous ferons inévitablement des erreurs importantes.

    Pour un programme qui vise l’unité de la classe ouvrière !

    En 2018, en France, le mouvement des Gilets jaunes a éclaté. Il s’agissait d’une réaction contre une augmentation des taxes sur le carburant pour les gens ordinaires et la hausse du coût de la vie, que le président français Macron a imputé au mouvement pour le climat et à son programme. Pourtant, très vite, les Gilets jaunes ont été repérés dans presque toutes les manifestations pour le climat et la solidarité entre les deux mouvements de lutte s’est rapidement construite.

    Cependant, les Gilets jaunes ne sont pas le seul mouvement que la classe dirigeante a tenté de dresser contre le mouvement pour le climat. Aux Pays-Bas, ils ont essayé de le faire avec le mouvement des agriculteurs. Partout, les politiciens et les médias ont tenté de semer la division entre les « jeunes grévistes du climat » et les « vieux pollueurs ». Ces divisions ne sont pas les seules utilisées et renforcées par la classe dirigeante pour affaiblir nos forces : le racisme, le sexisme, la LGBTQI+phobie et d’autres formes de discrimination et d’oppression sont toujours répandus dans nos sociétés et continuent d’être reproduits et renforcés par l’oppression structurelle du système capitaliste.

    Pour le mouvement climatique, il s’agit d’une question cruciale. Il n’y a aucun doute sur la nécessité d’utiliser notre programme pour construire l’unité de la classe ouvrière. Nous ne voulons abaisser le niveau de vie de personne, sauf de la classe dirigeante décadente. Les revendications climatiques sont des revendications sociales et seul un new deal vert socialiste peut fournir des emplois de qualité avec de bonnes conditions de travail et de salaire à tous ceux qui en ont besoin. Un véritable programme socialiste internationaliste pour le mouvement climatique peut être un pas décisif vers la construction de l’unité de la classe ouvrière.

    Le rôle du mouvement des travailleurs

    Les revendications sociales qui composent un tel programme trouvent toutes leur origine dans les luttes du mouvement ouvrier, et ce n’est pas une coïncidence : le mouvement climatique lui-même trouve son origine dans le mouvement ouvrier.

    Dès le début du 20e siècle, les travailleurs se sont battus contre la pollution dans leurs quartiers. Au cours des « croisades antismoke » aux États-Unis, les femmes de la classe ouvrière se sont battues contre le smog provenant des usines polluantes. Les métallurgistes ont attaqué Carnegie Steel à la suite du smog mortel de Donora en 1948, qui a tué des dizaines de personnes. Plus tard, et en dehors des États-Unis, c’est le mouvement ouvrier qui s’est chargé de toutes les luttes vitales pour l’environnement, ce qui a permis d’obtenir bon nombre des lois de protection de l’environnement qui existent actuellement.

    Aujourd’hui encore, nous voyons comment le mouvement ouvrier se bat au quotidien contre la pollution. Une entreprise appelée 3M, présente dans plus de 70 pays et réalisant des millions de bénéfices chaque année, a utilisé sciemment des substances toxiques depuis des années. L’été dernier, des quantités excessives de ces substances (PFOS et BFAS) ont été détectées à deux reprises dans la zone entourant les activités de 3M dans le port d’Anvers, en Belgique. Depuis bien plus longtemps, les représentants syndicaux de l’entreprise posaient des questions sur la pollution des sols qu’elle provoquait, sans recevoir de réponse de la direction. Le syndicat a également averti qu’il existait des risques de pollution provenant de plusieurs entreprises de la région et que l’on utilisait des matières premières dont les effets sur les gens et l’environnement n’avaient pas encore été entièrement clarifiés.

    L’obstacle de la bureaucratie syndicale

    D’une manière générale, les syndicats n’ont pas encore joué le rôle moteur qu’ils devraient jouer. Bien que de nombreux syndicats se soient prononcés en faveur des grèves scolaires pour le climat dans le sillage du mouvement, cela est resté largement à un niveau symbolique. Pratiquement aucune structure syndicale importante ne fait activement campagne et ne s’organise autour de la question de la crise climatique. La plupart des dirigeants syndicaux ont, dans une certaine mesure, essayé de cultiver une image « verte », mais sans réellement proposer de réponses cohérentes, que ce soit dans l’action ou sous la forme de solutions politiques.

    Dans de nombreux pays, les dirigeants syndicaux qui se disent « verts » ont pris des positions politiques en faveur de projets d’entreprises liés aux combustibles fossiles, reprenant souvent la fausse version selon laquelle cela était nécessaire pour défendre les emplois et les conditions de travail de leurs affiliés. En Allemagne et en Autriche, ils ont notamment soutenu l’expansion des aéroports et les subventions gouvernementales aux constructeurs automobiles privés. Dans l’exemple le plus extrême, l’IG BCE (syndicat industriel des travailleurs des mines, de la chimie et de l’énergie) a organisé, en collaboration avec la société minière RWE, une contre-manifestation de 30.000 travailleurs contre un mouvement de masse visant à mettre fin à la déforestation et à la destruction de l’environnement par les multinationales de l’extraction du charbon dans la forêt de Hambacher !

    Des exemples comme ceux-ci montrent à maintes reprises que nous ne pouvons en aucun cas compter sur les directions syndicales conservatrices et bureaucratiques, qui dominent aujourd’hui la plupart des syndicats dans la plupart des pays, pour mener notre lutte. Souvent, l’approche erronée de ces dirigeants vis-à-vis de la crise climatique fait partie d’une approche globale qui ne parvient pas à représenter efficacement la classe ouvrière contre les patrons, en refusant de mobiliser le pouvoir de leurs membres et en empruntant plutôt la voie du lobbying inefficace et de la démobilisation. Pour le mouvement climatique, et pour toutes les luttes de la classe ouvrière, nous devons nous battre pour développer de nouvelles directions syndicales avec une stratégie combative de lutte de masse pour gagner de nouvelles conquêtes sociales.

    Le contrôle des travailleurs, pas le chaos du marché !

    Dans les années 1970, en Grande-Bretagne, une grande lutte a eu lieu autour du « plan Lucas », lorsque les travailleurs de Lucas Aerospace ont appris en 1976 que des milliers d’entre eux allaient perdre leur emploi. Les travailleurs n’ont pas accepté cela à la légère et ont organisé un comité mixte de délégués syndicaux pour lutter contre les licenciements et pour la reconversion de la production. Le plan Lucas, proposé par le comité mixte des délégués syndicaux en 1976, demandait « le droit de travailler sur des produits raisonnables […], afin de résoudre les vrais problèmes de l’humanité au lieu de les produire ».

    Avec le plan Lucas, les travailleurs proposaient qu’au lieu de produire des technologies militaires pour l’État britannique, ils fabriquent, avec le financement public nécessaire, des produits socialement utiles qui répondent aux intérêts de la société. Le plan prévoyait la production de plus de 150 produits environnementaux et sociaux nécessaires. Il s’agissait notamment d’équipements médicaux, d’équipements de chauffage bon marché et écologiques pour les maisons, d’éoliennes et d’un système ferroviaire permettant de relier les zones rurales au réseau public de trains.

    Voilà ce qui aurait été possible si les travailleurs avaient eu un contrôle effectif sur leurs lieux de travail. Aujourd’hui, le mouvement pour le climat a besoin de beaucoup d’autres plans comme celui-ci. Et tout comme le Plan Lucas nous l’enseigne, ces plans viendront de la classe ouvrière.

    En mars 2020, les travailleurs de General Electric dans trois usines aux États-Unis se sont mis en grève contre les licenciements prévus. Les patrons de GE ont utilisé la pandémie comme excuse pour ces licenciements, mais les travailleurs se sont montrés beaucoup plus intelligents. Ils ont commencé à s’organiser et à faire grève, mais pour obtenir bien plus que les salaires qu’ils méritent. Les syndicats ont posé la question de savoir pourquoi ils ne pouvaient pas commencer à construire les ventilateurs dont on a tant besoin pour lutter contre la pandémie, puisque tous les matériaux nécessaires pour le faire étaient là dans leurs usines.

    En Irlande du Nord, en 2019, les travailleurs de Harland & Wolff, un chantier naval historique qui a été placé sous administration judiciaire, mettant en danger des emplois qualifiés, ont fait grève pendant plus de neuf semaines pour exiger la nationalisation de leur chantier afin de préserver son avenir. Mais ce n’était pas leur seule revendication. Pendant des années, les syndicats et les travailleurs ont défendu la nécessité pour Harland & Wolff de devenir un spécialiste de l’énergie verte. Les travailleurs ont fait appel à Mick Barry, membre du Socialist Party (section irlandaise d’ASI) au parlement d’Irlande du Sud, pour l’interroger sur les projets à venir qui pourraient apporter du travail dans le secteur de l’énergie verte.

    Que pouvez-vous faire ?

    Le mouvement ouvrier n’est pas seulement le mieux placé pour lutter contre la crise climatique parce que les origines de la lutte environnementale se trouvent en son sein ou en raison des exemples de ce qu’il pourrait réaliser s’il en avait le contrôle. La classe ouvrière est également la seule force de la société ayant le pouvoir de renverser le système capitaliste et de le remplacer par une économie socialiste planifiée démocratiquement qui place les besoins réels des gens, de la planète et de toute vie au centre.

    Le mouvement pour le climat a besoin de s’orienter vers le mouvement ouvrier et de faire très attention à ce que ses actions ne puissent pas être interprétées à tort comme ciblant la classe ouvrière. Bloquer des stations de métro sans impliquer les travailleurs ne sert qu’à ennuyer les travailleurs qui sont en retard pour leur travail. Les travailleurs des secteurs des combustibles fossiles ne sont pas nos ennemis. Pourquoi ne pas rejoindre la bataille de ces travailleurs pour de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires ET la transformation de leur secteur en un secteur vert, comme l’ont proposé les travailleurs de Harland & Wolff ?

    En juillet 2021, une trentaine de militants pour le climat ont bloqué l’entrée des plus grandes banques du pays en Suisse. L’un des manifestants interrogés a déclaré : « nous ne sommes pas ici parce que nous sommes stupides ou que nous n’avons rien d’autre à faire. Nous sommes ici parce que nous ne savons plus ce que nous pouvons faire. Nous nous sommes battus pendant deux ans ». C’est probablement un sentiment partagé par de nombreux jeunes. Notre avenir semble si catastrophique, que pouvons-nous encore faire ?

    Notre proposition est très claire : organisons-nous, avec la classe ouvrière de tous les secteurs et industries, avec les habitants de la forêt amazonienne et les autres communautés qui luttent contre l’exploitation des terres par les multinationales polluantes du monde entier. La classe ouvrière est la source de la richesse et des profits de la classe capitaliste. Nous sommes inarrêtables lorsque nous nous organisons ensemble contre eux.

    Construire un mouvement pour le climat qui mette en avant ce programme et ces méthodes aujourd’hui reste une grande tâche. C’est pourquoi ASI s’engage dans la bataille. Chaque jour, des membres dans plus de 30 pays s’organisent, protestent et exposent les cruautés du capitalisme. Nous mettons en avant la nécessité du socialisme dans les luttes d’aujourd’hui. Nous sommes un mouvement de lutte international, mais nous sommes encore trop petits pour mener à bien notre mission. Rejoignez-nous, il n’est pas trop tard.

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