Category: Ecologie

  • Inondations à Valence. Entre crises climatique et capitaliste

    Dans la nuit du 28 au 29 octobre, une quantité de pluie dépassant les 600 litres/M³ s’est déversée dans les rues de Valence, déclenchant l’un des drames climatiques les plus meurtriers que l’Espagne du 21e siècle ait connu. Alors que le bilan humain s’élève à plus de 200 morts, le peuple espagnol s’est réuni pour protester dans les rues, dénonçant l’inaction du gouvernement face à la catastrophe climatique.

    Par Odilon (Liège)

    Pas de coupes budgétaires sans conséquences

    Tenu pour responsable du drame, c’est sous les huées des manifestants que Carlos Mazon, Président de la région de Valence , a pris la parole ce 15 novembre dernier pour s’excuser auprès des habitants. Des excuses en demi-teinte, diluant sa responsabilité sous une couche de mauvaise foi et de sous-entendus malhonnêtes qui n’ont pas su apaiser la colère des victimes. En effet, les réactions insuffisantes des autorités face aux inondations n’ont fait qu’aggraver la situation, les messages d’alerte n’ayant été envoyés à la population que plusieurs heures après le début de la catastrophe et le gouvernement ayant refusé l’aide des pompiers des villes voisines. Mais derrière ces décisions désastreuses et meurtrières se cache un problème bien plus profond.

    Entre coupe budgétaires dans le secteur de la santé ou encore de l’enseignement et la réduction de l’impôt pour les plus riches, c’est bien les exactions d’un gouvernement néo-libéral et conservateur qui ont poussé à la catastrophe d’octobre. Il n’est pas nouveau que les gouvernements capitalistes s’enfoncent dans un négationnisme climatique crasseux, et l’Espagne n’y a pas échappé. En effet, le phénomène de la “goutte froide” qui a frappé Valence, aggravé par l’urbanisation extrême et l’imperméabilisation des sols, n’est pas une chose nouvelle, mais est devenue bien plus courante avec l’avancée du réchauffement climatique. Ce constat évident est continuellement nié par les capitalistes, plaçant à leur habitude le profit comme leur priorité absolue. On a pu ici observer la preuve d’un manque d’intérêt pour les conséquences du bouleversement climatique par le gouvernement espagnol, n’étant visiblement absolument pas préparé à faire face à ces catastrophes.

    L’impact des inondations atténué par la solidarité

    Les évènements récents en Espagne ont également démontré la solidarité impressionnante dont peut faire preuve la population face à la crise. Ne pouvant pas accorder leur confiance à leur propre gouvernement pour les aider efficacement, c’est sur leurs pairs que les victimes des inondations ont pu compter.

    Des milliers de personnes à travers le monde ont apporté leur aide aux sinistré.e.s, à distance et même sur place. Les images du roi impuissant fustigé par la foule montrent aussi que la colère a été un moteur de solidarité pour le peuple indigné.

    Et en Belgique?

    En observant le cas de l’Espagne, il ne faut pas rester dupe au sujet du parallèle à faire avec la situation de la Belgique face à la crise climatique. Si l’on se souvient bien des inondations meurtrières de juillet 2021, il est moins évident de penser au nombre de morts causé chaque année par la canicule. En 2022, il s’agissait de 1.200 décès dénombrés suite aux fortes chaleurs, et à la gestion désastreuse de ces dernières par les autorités. Malgré l’alerte que ce chiffre représente, le gouvernement belge fait la sourde oreille et ne se contente que de quelques propositions largement insuffisantes par rapport à l’étendue des dégâts climatiques.

    Il est évident que ce sont les mêmes raisons capitalistes qui poussent notre gouvernement à négliger cette question et que dans le cas d’un évènement de l’ampleur des inondations de Valence, la population risquerait de se trouver dans la même situation.

    Si des leçons doivent être retenues de ces récents évènements, c’est évidemment par commencer que notre confiance ne peut pas être placée dans des partis néo-libéraux traditionnels, mais également que la solidarité peut naître dans une ère de crise capitaliste extrême.

    La crise climatique est là, nous devons nous y adapter dès maintenant et totalement repenser le territoire, de l’urbanisme – en intégrant la nouvelle norme des événements climatiques extrêmes – à la gestion des rivières. Cela implique une extension des services publics et de la protection civile, avec des moyens à hauteur des risques et des besoins, mais aussi un plan public d’isolation des bâtiments quartier par quartier sur la totalité du territoire de manière à limiter les émissions de gaz à effet de serre liées au chauffage.

    Cela exigera également des mesures comme l’expropriation des bâtiments inoccupés pour raison spéculative pour y loger les personnes sinistrées, ou encore des grandes entreprises du secteur des assurances et de la construction pour que ces secteurs soient placés sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité. De cette manière, nous pourrons réduire nos émissions tout en protégeant la population et ses conditions de vie. Les organisations de gauche et les syndicats doivent impérativement axer leurs propositions et leur action sur ce qui est nécessaire pour faire face au péril climatique, pas sur ce qui est acceptable en restant dans le carcan du système capitaliste !

  • Climat. Pour échapper à la catastrophe, sortons du marché !

    Sans surprise, fin novembre, la Conférence de Bakou sur les changements climatiques, ou COP 29, fut un nouveau forum pour les contrats et la diplomatie des énergies fossiles. Le pays organisateur, l’Azerbaïdjan, est l’un des dix premiers États pétro-gaziers au monde, tandis que la présidence de la conférence avait été confiée à Moukhtar Babaïev, un cadre de la State Oil Company of Azerbaijan Republic. Il y a de quoi s’arracher les cheveux.

    Par Constantin (Liège)

    Comprendre l’échec 

    Pourquoi une telle impuissance à sortir des énergies fossiles ? Une des raisons fondamentales, c’est que “les marchés” sont loin d’être des exemples d’efficience, contrairement à ce que nous assène l’idéologie capitaliste dominante. La logique du marché crée sans cesse de nouvelles situations absurdes, où se mêlent gaspillage des ressources naturelles et destruction massive de marchandises.

    Friedrich Engels, le camarade et ami de Karl Marx, avait déjà souligné cette inefficacité à la fin du XIXe siècle. Le système capitaliste repose sur la production marchande, c’est-à-dire sur la production de biens et de services destinés à être vendus sur un marché dans l’objectif d’en dégager un profit. Ce type de production – qui fonctionne sur base de la concurrence de chacun contre tous et toutes – favorise le chaos. “Toute société reposant sur la production marchande a ceci de particulier que les producteurs y ont perdu la domination sur leurs propres relations sociales. Chacun produit pour soi, avec ses moyens de production dus au hasard et pour son besoin individuel d’échange. Nul ne sait quelle quantité de son article parviendra sur le marché ni même quelle quantité il en faudra; nul ne sait si son produit individuel trouvera à son arrivée un besoin réel, s’il retire ses frais ou même s’il pourra vendre. C’est le règne de l’anarchie de la production sociale.” (Engels, Anti-Dühring – Monsieur Eugen Dühring bouleverse la science, 1877)

    Le marché de l’électricité : un cas d’école

    Prenons le marché de l’électricité et la question du renouvelable. Pour respecter les ambitions fixées par l’accord de Paris en 2025 – limiter le réchauffement de la planète à 1,5° Celsius par rapport aux températures préindustrielles – il faudrait un rythme de pose de panneaux solaires équivalent à 450 gigawatts tous les ans (ce qui représente 70 km2) jusqu’en 2028, selon l’Agence Internationale de l’Énergie. De la même manière, il faudrait implanter assez de dispositifs éoliens afin d’atteindre un niveau de production de 135 gigawatts par an sur la même période. Pour ce faire, il faudrait investir 1.000 milliards par an dans le renouvelable jusqu’en 2030. Or, les investissements réels n’atteignent même pas les 500 milliards. 

    Pourtant, le renouvelable coûterait même moins cher que le fossile, selon l’Agence Internationale des Énergies Renouvelables (IRENA). Les coûts liés à la production d’électricité en charbon ou en gaz seraient compris entre 60 et 250 dollars par Mégawattheure, contre entre 24 $/MWh et 96 $/MWh pour le photovoltaïque en 2023. 

    Le prix de l’électricité est déterminé par ce qu’on appelle le “merit order”. Pour faire simple, il s’agit d’une manière de déterminer l’ordre de priorité attribué aux différentes sources d’énergie en fonction de leurs coûts variables. Concrètement, cela consiste à trier les centrales en fonction de celle qui coûte le moins cher à celle qui coûte le plus cher. Ce processus est très simple lorsqu’une seule entreprise possède toutes les centrales, comme lorsque c’était le cas avant les directives votées en 1996, 2003 et 2009 qui ont privatisé le secteur de l’énergie. 

    Mais si l’on substitue le monopole public par l’anarchie de la libre concurrence, alors le “merit order” se détermine par le biais d’un marché. Et pour obtenir un “merit order” avec un marché, la seule solution c’est de fixer le prix de l’électricité au niveau de la centrale la plus chère dont on a besoin pour répondre à la demande. Ce prix n’a cependant rien à voir avec le coût réel de la production d’électricité, qui correspond à la moyenne des coûts de production des différentes centrales.

    C’est pour cette raison que les prix de l’électricité ont explosé en 2022, lorsque le prix du gaz a augmenté. Malgré le fait que le coût moyen de la production d’électricité n’avait pas du tout changé, le fait que les prix du gaz aient monté en flèche a poussé tous les prix à la hausse, ce qui a permis aux multinationales de l’énergie de se goinfrer sur le dos de l’ensemble de la population. 

    Cette méthode de calcul rend le marché de l’électricité particulièrement volatile, surtout concernant le renouvelable, puisqu’il subit l’effet de l’intermittence, contrairement aux centrales à gaz ou à charbon. De fait, les éoliennes ne peuvent pas fonctionner sans vent. Alors que le renouvelable coûte moins cher que les énergies fossiles, il reste moins rentable : le taux de rentabilité du fossile atteint les 15% contre 6%. 

    L’alternative : la planification écologique et socialiste 

    Ce type d’aberration exemplifie parfaitement l’échec du marché. L’absurdité de la situation est d’autant plus dramatique qu’elle nous mène droit à notre perte. Sortir de l’irrationalité paralysante du marché est une absolue nécessité. A bien des égards, la solution semble évidente : si le problème est la propriété privée des moyens de production, la solution est la collectivisation de ceux-ci. Si le problème, c’est l’anarchie du marché, alors la solution réside dans une économie rationnellement et démocratiquement planifiée. 

    D’autant plus que, bien que le marché soit totalement irrationnel et désorganisé, la production marchande a ceci de particulier qu’elle doit être extrêmement organisée au sein de l’entreprise, et ce, pour maximiser la productivité. Par conséquent, les éléments de planification dont nous avons besoin existent déjà, dans une certaine mesure. 

    Par exemple, pour les produits qui peuvent se détériorer, les supermarchés appliquent déjà une planification “en temps réel”: les données de vente sont directement transmises le long des chaînes d’approvisionnement ; la production est retardée ou accélérée à l’instant même. Mais si l’économie doit être planifiée, il faut aussi qu’elle soit démocratique. Une économie planifiée a besoin de démocratie autant qu’un corps a besoin d’oxygène, comme le soulignait Trotsky face à la monstruosité bureaucratique stalinienne. Nous défendons donc l’expropriation, sans rachat ni indemnité, et la nationalisation du secteur de l’énergie, comme de tous les secteurs principaux de l’économie (finance, pharmacie, transport collectif…), sous contrôle et gestion démocratiques des producteur.trices, c’est-à-dire de la classe travailleuse. 

    Les moyens technologiques dont nous disposons sont largement suffisants pour assurer une production au service des besoins et non des profits. Mais pour que cela advienne, il faudra nécessairement se débarrasser du capitalisme, de l’avidité du profit ainsi que de l’irrationalité et des diktats du marché. Celles et ceux qui détruisent la planète sont les mêmes qui nous écrasent sur l’enclume du profit avec le marteau du blocage des salaires et de l’inflation. L’angoisse de la fin du monde et celle de la fin du mois ne sont pas des luttes étrangères. Au contraire, il s’agit d’un seul et même combat, contre un même système, celui qui exploite la nature et les êtres humains : le capitalisme.

  • Si la planète était une banque, ils l’auraient déjà sauvée – 4e Édition des actions Code Rouge: participez à nos côtés!

    Après des actions précédentes à TotalEnergies, Engie et dans le secteur de l’aviation, la 4e édition de Code Rouge se tiendra du 24 au 28 octobre. Comme Code Rouge le souligne “Catastrophes climatiques, factures d’énergies qui explosent, violations des droits humains et néocolonialisme, guerres et conflits … Le moins que l’on puisse dire c’est que notre dépendance aux énergies fossiles se paie au prix fort. Malgré cela, les grands pollueurs de cette industrie font toujours ce qu’ils veulent. Et des politiques climatiques et sociales équitables se font encore et toujours attendre pour les citoyen·nes et les travailleur·euses.”

    Par Constantin (Liège)

    Des records de température ont été battus aux quatre coins du monde cet été. L’Espagne, l’Australie, le Japon et certaines provinces de Chine ont connu en 2024 le mois d’août le plus chaud de leur histoire. Des vagues de chaleur exceptionnellement sévères ont frappé de nombreuses régions d’Afrique. Tout le monde ne vit pas les choses de la même façon. Philip Alston (ONU) avertissait en 2019: “Une dépendance excessive au secteur privé pourrait conduire à un scénario d’apartheid climatique dans lequel les riches paient pour échapper au réchauffement, à la faim, aux conflits, tandis que le reste du monde souffrirait.”

    Les études ne manquent pas pour pointer la responsabilité des plus riches. Oxfam soulignait en 2023 que les 1% les plus riches émettent autant de CO2 que deux tiers de l’humanité. Ces émissions démesurées vont causer 1,3 million de décès supplémentaires liés à la chaleur durant la décennie actuelle, soit l’équivalent de la population de Dublin. “Les ultra-riches pillent et polluent la planète au point de la détruire, et laissent l’humanité en proie aux chaleurs extrêmes, aux inondations et aux sécheresses”, résumait il y a un an Amitabh Behar, directeur général d’Oxfam International, “Depuis des années, nous luttons pour mettre fin à l’ère des combustibles fossiles et sauver des millions de vie, ainsi que notre planète. Il est plus que jamais clair que cet objectif n’est possible que si nous mettons également fin à l’ère de l’extrême richesse.” Ce système d’inégalités extrêmes porte un nom: le capitalisme.

    Des grèves pour le climat à Code Rouge

    Code Rouge est un mouvement de désobéissance civile soutenu par une dizaine d’organisations, groupes d’actions et associations. L’objectif des actions est d’occuper une infrastructure précise, comme une centrale de gaz en construction appartenant à Engie.

    Code Rouge est certainement l’initiative la plus intéressante en Belgique depuis le mouvement des grèves pour le climat de 2019. Après les manifestations massives et les grèves lycéennes, le mouvement s’était estompé, faute de perspective. Il avait contribué à la politisation de larges couches de la population, particulièrement dans la jeunesse, mais il nourrissait aussi beaucoup d’illusions à l’égard de l’État capitaliste et de ses institutions.

    Mais une couche de militant.e.s a cherché à privilégier des stratégies plus radicales. La stratégie des blocages de masses découle d’une compréhension que le responsable de la catastrophe climatique, c’est bel et bien le capitalisme, et particulièrement le capital fossile. L’année dernière, les activistes avaient réussi à faire en sorte qu’aucun jet privé ne sorte de l’aéroport d’Anvers, tandis qu’à Liège, les pertes du géant de la distribution Alibaba étaient estimées à 5 millions d’euros.

    Affronter la répression

    Alors que les actions contre TOTAL et Engie s’étaient plus ou moins bien déroulées, les actions contre le secteur de l’aviation ont révélé à tous les participant.e.s la véritable nature de l’État capitaliste. À Anvers, 750 activistes furent arrêtés, dont 50 judiciairement. À Liège, il y a eu 70 arrestations judiciaires. Partout, la répression policière était violente: doigts fracturés, bras cassés, et coups de matraque furent distribués à toutes celles et ceux qui avaient osé participer à l’action.

    La meilleure manière de mettre en échec la répression policière, c’est la massification du mouvement, notamment par sa liaison avec les autres mouvements sociaux, et tout particulièrement le mouvement des travailleur.euse.s qui, par la grève, a le pouvoir potentiel de bloquer toute l’économie. Code Rouge pourrait d’ailleurs lancer des structures locales plus permanentes afin de donner un espace structuré au débat sur la stratégie et les méthodes d’action à défendre ensemble, dans le respect des spécificités de chacun.e.

  • Retour sur le dernier blocage de Code Rouge : une réussite malgré la répression policière brutale

    « Cette action montre qui sont nos amis et alliés, et qui soutient l’industrie polluante », déclare Philip, l’un des 4000 participants à la troisième occupation réussie organisée par Code Rouge le 17 décembre. La troisième tentative de blocage massif d’un secteur polluant ne s’est pas déroulée sans heurts. La protestation pacifique a été confrontée à une violence policière brutale, à la fois à Anvers et à Liège. Pourtant, les activistes climatiques restent déterminés : « La simple manifestation ne suffit pas. »

    Par Constantin et Arne, deux participants aux actions Code Rouge

    Pour sa troisième édition, le mouvement de désobéissance civile Code Rouge s’est concentré sur le secteur de l’aviation. Des actions ont eu lieu dans les aéroports de Liège et d’Anvers. Code Rouge plaide en faveur d’une reconversion des secteurs polluants et utilise des blocages pacifiques pour accroître la pression. Il est soutenu par de nombreuses organisations, de Greenpeace à des groupes politiques tels que le PSL et les Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA).

    L’industrie de l’aviation est l’un des secteurs les plus polluants qui soient. L’impact d’un vol sur le climat est jusqu’à 80 fois plus important que celui d’un voyage en train sur la même distance. Les émissions du secteur de l’aviation augmentent plus rapidement que celles de tous les autres secteurs de transport. Si nous laissons décider ceux qui sont aujourd’hui à la manœuvre dans le secteur, les émissions y tripleront au moins.

    Abolition des jets privés !

    Constantin, de EGA-Liège, explique : « 1 % des passagers sont responsables de 50 % des émissions du secteur. Ce ne sont pas les travailleurs qui volent deux fois par an en Espagne, mais surtout les utilisateurs de jets privés. Pour donner une idée, un voyage en jet privé émet jusqu’à dix fois plus de gaz à effet de serre qu’un vol en avion de passagers ! De plus, 80 % de la population mondiale n’a jamais pris l’avion. À l’aéroport d’Anvers, les jets privés représentent 76 % des vols. »

    Alors qu’en Flandre, 3.200 arrêts de bus ont été supprimés, il y a de l’argent pour financer les jets privés. Pour chaque euro de bénéfice généré par l’aéroport d’Anvers, trois euros de subventions sont accordés. Sans l’argent du gouvernement, l’aéroport ne fonctionnerait pas. Pour financer le mode de vie écocide des milliardaires, le gouvernement prend directement l’argent dans les poches de la classe travailleuse.

    Justice sociale, justice climatique : même combat !

    Frederik, un syndicaliste membre du PSL qui a participé à Code Rouge, voit une autre raison pour laquelle le secteur pose problème. « Toute l’industrie de l’aviation est célèbre pour son mépris des travailleurs et travailleuses : conditions de travail déplorables, salaires bas et heures supplémentaires constituent la base des profits du secteur. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs actions syndicales. Par exemple, des pilotes de l’aéroport de Charleroi ont fait grève contre Ryanair, qui voulait imposer unilatéralement des heures de travail plus longues en violation de la législation belge. »

    Il y a donc de nombreuses raisons de protester contre le secteur de l’aviation. Et nous n’avons pas encore parlé du rôle que le secteur joue dans le transport d’armes pour faciliter la guerre et le génocide. L’action directe massive est plus que justifiée. C’est ce que Code Rouge a tenté de faire avec une occupation de 24 heures de deux sites : l’aéroport de jets privés d’Anvers et l’entreprise Alibaba qui opère depuis l’aéroport de Bierset (Liège).

    Il est temps de choisir son camp

    À Liège, les activistes ont réussi assez facilement dans leur entreprise, mais à Anvers, le mot d’ordre du bourgmestre Bart De Wever (N-VA) était clair : réprimer violemment l’action. La violence policière excessive a ensuite été applaudie par De Wever et le Vlaams Belang. Ceux qui voudront voter en 2024 pour les défenseurs des jets privés savent vers qui ils peuvent se tourner. Ceux qui ne veulent pas voir le monde sombrer dans la décadence d’une petite élite ultrariche feraient mieux de voter pour le PTB, qui a pris parti pour les activistes et a dénoncé la violence policière lors du conseil communal le lendemain.

    Les images parlent d’elles-mêmes : des activistes pacifiques ont été violemment arrêtés. Rebekka, membre du PSL, infirmière et membre de l’équipe médicale de Code Rouge, témoigne : « Plusieurs personnes ont subi des fractures et ont dû être hospitalisées. À Anvers, plus de 750 personnes ont été arrêtées, dont 50 de manière judiciaire. À Liège, 70 arrestations judiciaires ont eu lieu. Les conditions de détention étaient particulièrement scandaleuses. Les activistes n’ont pas reçu d’eau et même les installations sanitaires ont été refusées pendant longtemps, même pour les personnes menstruées, qui peuvent contracter des maladies infectieuses si les pratiques hygiéniques nécessaires ne sont pas suivies. Cela n’a rien à voir avec une prétendue sécurité, c’est de l’intimidation et une répression illégitime. »

    La répression brutale et les arrestations massives montrent une fois de plus la vraie nature de l’État. Ce n’est pas une institution qui est au-dessus des contradictions de la société, mais un instrument de répression d’une classe sur une autre. Celui qui vole en jet privé est protégé. Celui qui voit sa station de bus supprimée est matraqué. Malgré la répression, l’action a été un succès : aucun jet privé n’a décollé à Anvers ou à Courtrai. À Liège, Alibaba a perdu 5 millions d’euros de chiffre d’affaires.

    La répression n’est pas une surprise. L’année dernière, de Saint-Souline en France à Lutzerath en Allemagne, il y a eu de nombreux exemples de violence policière brutale contre des activistes climatiques. Le capitalisme montre qu’il n’a rien d’autre à offrir que l’exploitation, l’oppression et la destruction de l’environnement. Le soutien à ce système s’effrite. Des actions inspirantes comme celles de Code Rouge sont donc perçues comme une véritable menace. Ces actions peuvent en effet montrer l’importance de bloquer le processus de production comme moyen de forcer le changement.

    La solidarité

    Selon Clément, des Etudiant.e.s de Gauche en Action, « les actions de désobéissance civile massive sont une étape importante pour le mouvement. Pour nous organiser contre la répression croissante de l’État et surtout pour imposer des changements, nous devons renforcer les liens avec la classe ouvrière. » L’effet de la solidarité entre les travailleurs et les activistes climatiques peut parfois être très direct. Hugo, lui aussi d’EGA, souligne qu’alors que lui et quelques camarades étaient en train vers la manifestation, la police était également présente, ce dont les a avertis un accompagnateur. La présence de la police a ainsi pu être pris en compte plus rapidement.

    Il aurait été possible d’aller plus loin dans cette direction. Pour emmener les activistes arrêtés, la police a dû réquisitionner des bus et des chauffeurs de sous-traitants de De Lijn (ce qui a entraîné à nouveau l’annulation de quelques trajets ordinaires). Une mobilisation du personnel des transports en commun aurait rendu plus difficile pour l’État de les mobiliser. Si le mouvement se concentre consciemment sur la classe travailleuse, des délégations syndicales peuvent organiser la solidarité en refusant de transporter des activistes arrêtés. Cela s’est produit lors des mobilisations du mouvement Black Lives Matter en 2020 aux États-Unis lorsque les conducteurs de bus à Minneapolis ont refusé de transporter les manifestants arrêtés.

    Rebekka voit également un autre défi : « Il est également nécessaire d’élargir notre mouvement. Ce type d’actions suscite de l’enthousiasme, surtout parmi les jeunes, qui sont très préoccupés par le problème climatique. Mais nous devons être conscients que la répression n’était pas une arme unique. C’est pourquoi nous devons nous défendre contre elle. La meilleure façon de le faire est de descendre dans la rue avec encore plus de manifestants et de mobiliser le soutien dans la société afin que la violence ne puisse simplement plus être justifiée. »

    Il serait bon que tous les participants à l’action de Code Rouge se réunissent pour discuter de la stratégie du mouvement. Comment pouvons-nous rendre la prochaine action encore plus importante ? Comment établir un lien entre Code Rouge et la classe travailleuse ?

    Comment pouvons-nous, avec nos actions, nous joindre aux prochaines grèves, par exemple dans les transports en commun avec la grève des chemins de fer fin janvier ? Cela donnerait l’occasion de discuter de ce que nous revendiquons. Comment relier l’exploitation de l’industrie de l’aviation au fait que c’est un secteur géré selon des intérêts privés ? Comment exiger que l’ensemble du secteur des transports soit public afin que le respect de la planète et des usagers guide l’organisation de tous les transports ? Ce ne sont là que quelques-unes des idées que les militants du PSL présents ont discutées avec d’autres manifestants.

    En ajoutant les discussions sur la stratégie et les revendications aux formations d’action de Code Rouge, nous renforcerions l’engagement démocratique et nous serions plus forts. Le week-end d’action a montré que notre force, c’est notre nombre, et pas nécessairement le caractère mystérieux de l’action dont ne sait pas à l’avance où elle aura. Dans tous les cas : nous continuerons. Le capitalisme et la crise climatique nous obligent à continuer à développer le mouvement pour une transition climatique juste. « Who shut shit down? We shut shit down! »

  • Sortir du capitalisme pour sauver la planète – Une analyse marxiste de la décroissance

    Ce 3 décembre s’est déroulée une nouvelle manifestation pour le climat dans le cadre de la COP28 de Dubaï. Ce fut l’occasion de se pencher sur une proposition populaire dans le mouvement pour la justice climatique : la décroissance. Nous en avons discuté avec Alain Mandiki, syndicaliste et militant du PSL.

    Propos recueillis par Constantin (Liège), dossier de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Pourrais-tu faire un rapide état des lieux concernant la crise climatique ?

    Le dernier rapport du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) indique que nous nous dirigeons vers un réchauffement de la planète qui atteindrait les 3°C par rapport à l’ère pré industrielle, là où les accords de Paris avaient fixé l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au mieux et à 2°C maximum. En dépit de toutes les promesses de l’industrie pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, on constate que les investissements dans le secteur des énergies fossiles continuent d’augmenter.

    Tout cela illustre la débâcle de la classe dominante dans la gestion de la crise climatique, à travers les différentes COP, les conférences de l’ONU sur le climat. De plus, avec l’intensification de la nouvelle guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine qui a notamment pour conséquence un processus de démondialisation, chaque classe capitaliste nationale est poussée à s’aligner sur le bloc impérialiste qui lui garantira la sauvegarde de ses intérêts. Cette nouvelle situation tend à largement réduire l’espace pour de nouveaux accords multilatéraux.

    Qu’en est-il de l’état du mouvement pour le climat ?

    Les grèves scolaires pour le climat de 2019 ont donné lieu à d’impressionnantes mobilisations qui ont contribué à rendre incontournable le thème du climat. Cela a conduit diverses grandes sociétés pétrolières comme TotalEnergies à tenter de “verdir” leur image, notamment via les différents mécanismes de compensation carbone, qui comportent certains aspect de rapport de domination néocoloniaux, ou par des campagnes de greenwashing.

    Au regard de la trajectoire actuelle de réchauffement climatique, force est de constater que ces mobilisations pour le climat ne sont pas parvenues à faire bouger les lignes. C’est l’une des leçons à tirer : la mobilisation de masse ne suffit pas à elle seule.

    C’est pourquoi une certaine radicalisation a pris place autour de groupes d’activistes plus restreints, comme Code Rouge ou Extinction Rebellion (XR). On a également parallèlement connu des tentatives plus institutionnelles, au travers de procès intentés aux Etats, qui ont parfois abouti à des condamnations pour inaction climatique, ou d’une loi sur “la restauration de la nature”. Ces approches institutionnelles aux étroites limites ne permettent toutefois pas d’affronter l’urgence de la situation. Entre radicalisation et espoirs dans les débouchés institutionnels, le mouvement cherche une issue dans toutes les directions.

    Le mouvement d’aujourd’hui diffère d’il y a dix ans. Il essaye notamment de se lier à d’autres combats, ce qu’illustrent l’apparition de termes tels que “écoféminisme” ou “écologie décoloniale” opu des slogans comme “fin du mois, fin du monde: même combat”. La culpabilité du système capitaliste dans sa globalité est comprise, sans cependant qu’existe une compréhension claire du fonctionnement de celui-ci.

    Le concept de décroissance est né dans les années 1970 et défend la diminution de la production de biens matériels et de la consommation. Que peut-on en dire ?

    Le mouvement décroissant est une réflexion de cette recherche de débouchés pour le mouvement. Et, là aussi, il y a eu une évolution. Il y a dix ans, le slogan “plus de liens, mois de biens” exprimait une critique idéaliste de la société de consommation et de l’impact du mode de production sur la nature. A présent, la critique décroissante est beaucoup plus radicale. Elle ne s’attaque pas seulement au consumérisme et au productivisme, mais bien à l’ensemble du système. Cette évolution est très positive.

    Remarquons cependant que la décroissance est un fourre-tout théorique. Le concept a été saisi par l’ensemble du spectre politique de l’extrême droite, par des mouvances spiritualistes, par la tendance de “l’écologie profonde” mais aussi par des figures de gauche comme Kohei Saito ou Jason Hickel, qui sont anticapitalistes. Ces derniers développent d’ailleurs une critique générale du capitalisme.

    Bien que la décroissance approche une critique du système dans sa globalité, l’imprécision du concept empêche de comprendre pleinement les mécanismes de celui-ci et donc d’agir efficacement contre lui. En tant que marxiste, nous voulons poser la critique du mode de production sur base d’une compréhension des mécanismes de son fonctionnement.

    Pour nous, le capitalisme est un système fondamentalement néfaste pour l’humanité, la nature et le rapport entre le deux. La production n’y est pas organisée en fonction des besoins sociaux mais dans le but de l’accumulation du capital dans les mains d’une minorité. C’est pour cela que le capitalisme se présente en premier lieu comme une immense accumulation de marchandises. Il transforme tout en chose. Mais la marchandise est avant tout la cristallisation d’un rapport social d’exploitation. Dès son émergence, le capitalisme a eu besoin d’asservir l’être humain et la nature. Le phénomène des enclosures en Angleterre, que Marx considère comme un des points de départ du capitalisme, a marqué la fin des droits d’usage, en particulier des communaux, dont un bon nombre de paysans dépendaient. Ce bouleversement économique et juridique a provoqué l’émergence de contradictions entre ville et campagne, ainsi que l’instauration de relations commerciales destructrices pour les peuples des pays soumis au joug esclavagiste et colonial dont le modèle était la monoculture destinée à l’exportation. Ces exemples illustrent cette nécessité d’asservissement. C’est cette compréhension scientifique du capitalisme que nous voulons apporter au mouvement.

    Le marxisme met beaucoup d’emphase sur la nécessité du développement des forces productives. Et au regard du bilan écologique de l’Union soviétique, on peut comprendre que des doutes existent quant à la pertinence de l’analyse marxiste vis-à-vis de l’environnement. La décroissance ne serait-elle pas aussi une critique du marxisme?

    L’expérience du stalinisme, une caricature bureaucratique sanglante du socialisme, a détourné toute une génération des idées du marxisme. Les désastres écologiques n’ont pas manqué en URSS. On pense évidemment à Tchernobyl, mais il y a une foule d’autres exemples moins connus. De nombreuses rivières ou étangs ont été pollués sans vergogne. La planification bureaucratique ne prenait aucunement en compte le lien entre être humain et nature. En République populaire de Chine, “la campagne des quatre nuisibles”, l’une des premières campagnes lancées lors du Grand Bond en 1958, a également causé un important déséquilibre écologique.

    Le stalinisme, sous toutes ses variations nationales, ne sont pas capables d’adresser les problèmes écologiques. Maintenant que la chape de plomb idéologique du stalinisme a disparu, cela nous offre l’opportunité de revenir aux apports véritables du marxisme à l’écologie politique. Le concept de rupture métabolique joue un rôle fondamental dans la pensée de Marx. Son travail découle du constat que le lien entre l’être humain et la nature est absolument fondamental.

    Quand Marx fait l’analyse de la transition entre le mode de production féodal et le mode de production capitaliste, il tire le constat que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les producteurs sont détachés physiquement des moyens de production. Le sens des enclosures, c’était de déposséder les paysans de leurs terres. Il en résulte une première aliénation du travailleur vis-à-vis de son outil. Par conséquent, les gens sont obligés de vendre leur force de travail pour survivre. Il en résulte la division entre la ville et la campagne que nous avons mentionnée précédemment.

    Précédemment, il existait une certaine harmonie entre l’être humain et la nature, permise par le retour des déchets émanant du processus de production vers le sol, ce qui permettait de compléter une sorte de cycle naturel. Avec l’exode rural et l’industrialisation massive, toute une série de cycles naturels ont été brisés. La destruction du cycle de l’azote, par exemple, a causé une multitude de problèmes écologiques. La fertilité des terres s’en est trouvée réduite. Par ailleurs, cette séparation ville – campagne, a causé une accumulation de pollution et de déchets dans les centres urbains.

    La discussion sur le développement des forces productives est une des plus débattues et des plus intéressantes. Elle a été caricaturée par les staliniens, mais ce que Marx entendait par là, ce qui est expliqué dans le Manifeste du parti communiste, c’est que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un stade a été atteint où les crises sociales économiques et écologiques ne proviennent pas d’une sous-production mais bien de la surproduction. Pour résoudre toute ses contradictions internes, le capitalisme a abattu toutes les frontières sociales et naturelle qui se mettait en travers de son chemin. Il ne s’agit pas tant aujourd’hui d’augmenter les marchandises misent sur le marché mais bien de produire en fonction des besoins sociaux et de manière rationnelle. Nous voulons aussi que la vie humaine ne soit plus marquée par l’aliénation. C’est pour cela que nous voulons sortir du rapport salarial. Nous voulons que le temps consacré à produire ce qui est nécessaire soit limités au strict minimum pour que chacun et chacune puisse profiter de ce qu’il ou elle juge agréable dans le cadre d’une vie heureuse et épanouissante. C’est ce que Marx appelait le passage du royaume de la nécessité au royaume de la liberté.

    Ton développement semble indiquer qu’il n’existe pas de solution sur base capitaliste. Mais en considérant le peu de temps qu’il nous reste, peut-on vraiment attendre le dépassement de ce système de production ? La décroissance ne représente-t-elle pas un intérêt dans ce sens ?

    L’argument du temps n’est pas à prendre à la légère. Il y a urgence, c’est vrai. En plus du problème du CO2, il faut aussi prendre en compte que, sur les 9 limites planétaires à ne pas dépasser pour maintenir les conditions de développement de l’humanité, 6 ont déjà été franchies. Et les trois autres sont en passe de l’être.

    La pression du temps a souvent été instrumentalisée pour nous faire accepter les maigres mesures que la classe dominantes a bien voulu concéder, en arguant qu’une petite mesure vaut mieux que pas de mesure du tout. C’est précisément ce type de raisonnement qui nous a conduit dans le gouffre actuel.

    Au-delà du problème du réchauffement, c’est l’ensemble du rapport entre l’être humain et la nature qui est problématique sous le capitalisme. Ce système est incapable de répondre à l’ensemble des contradictions qui se présentent face à lui sur différents terrains.

    On le voit en Belgique avec la crise des PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées). Les industriels connaissaient depuis des années la nocivité de ce produit à trop haute concentration. Mais par souci de protégerr leurs marges bénéficiaires, rien n’a été fait. Suivant la même logique, quand a éclaté le scandale de l’usine 3M, qui avait pollué une bonne partie de la région d’Anvers, ce sont les travailleurs qui en ont fait les frais avec un plan social, les propriétaires s’en sont tiré à bon compte.

    Ces exemples tendent à démontrer une des principales faiblesses de l’approche décroissante. Cette approche met en avant qu’il faut décroitre au niveau de notre consommation, qu’il faut décroitre au niveau de la production, mais elle ne fait pas l’analyse des fractures présentes dans la société. Or, quand on regarde le récent rapport d’Oxfam, on constate que les 1% les plus riches de cette planète émettent autant de Co2 que les deux tiers de l’humanité. Ceci illustre clairement que la société est bel et bien divisée en classes sociales. Laquelle d’entre elles est en mesure de surmonter les contradictions du capitalisme pour résoudre les problèmes économiques, sociaux et environnementaux ? On ne peut pas faire confiance aux capitalistes. Les divers scandales de santé publique et environnementaux que leur soif de profit engendre souligne clairement leur incapacité complète à gérer quoi que ce soit dans l’intérêt général.

    Il va falloir prendre des mesures radicales pour diminuer la concentration de CO2 dans l’atmosphère et ainsi éviter que la température moyenne n’augmente au-dessus de 1,5° celsius.

    Il va falloir reboiser massivement dans les territoires imperméabilisés et reconstruire les écosystèmes détruits par le mode de production. Toute une série de contraintes vont s’imposer à la production, sans compter les besoins sociaux à satisfaire. Ces quarante dernières années ont été marquées par le creusement des inégalités et des pénuries dans les pays riches. Nous n’avons pas encore mentionné les pays néocoloniaux où le développement du capitalisme a été plus tardif et où les besoins sociaux sont énormes. En plus d’oeuvrer à assurer que le vie en société reste compatible avec la nature, il faudra répondre à toute une série d’impératifs sociaux.

    Nous n’avons pas d’autre choix que de planifier rationnellement l’économie de manière à pouvoir démocratiquement décider comment procéder à la nécessaire transition écologique. C’est impossible sans la nationalisation des secteurs clés de l’économie pour avoir à notre disposition les moyens et outils permettant de décarboner l’économie.

    Pour réaliser cette transition écologique, certains secteurs vont devoir limiter fortement leurs activités, comme le secteur pétrolier. Mais ne semble-t-il pas raisonnable d’envisager que d’autres secteurs doivent au contraire drastiquement augmenter leur activité, comme celui des transports publics par exemple ?

    Absolument. D’ailleurs la plupart des décroissants de gauche le reconnaissent. Il serait malhonnête d’assimiler le projet politique des décroissants de gauche à un phénomène de récession qui serait préjudiciable à l’ensemble de la majorité sociale.

    Mais cela nous force à nous poser la question de ce qui ne va pas dans la société capitaliste. Le problème n’est pas seulement la croissance du PIB. Le problème émane de l’objectif fondamental de la société capitaliste, qui est l’accumulation de marchandises afin de pouvoir les vendre et en tirer profit. La marchandise, c’est avant tout un rapport social de production et d’exploitation. Et c’est ceci qui pose problème. Dans une société socialiste, la discussion sur la croissance se ferait sur une toute autre base, puisque l’objectif serait avant tout de répondre aux besoins sociaux. Les besoins sociaux comprennent également les besoins environnementaux, car c’est la majorité sociale qui va subir les conséquences du dérèglement climatique.

    Construire une société où les besoins sociaux seront prioritaires exigera une lutte de masse acharnée. Comment construire le rapport de force nécessaire ?

    Il faut partir des expériences récentes. Les mobilisations de 2019 ont marqué l’histoire. Elles n’ont pas abouti. Non pas parce que la mobilisation ne sert à rien, mais parce que la question du pouvoir n’a pas été posée correctement. Où se trouve le pouvoir ? Dans les rapports sociaux de productions. C’est pourquoi notre stratégie repose sur l’antagonisme de classe. Il faut jouer sur cette contradiction fondamentale du capitalisme.

    Le fait est que si la classe travailleuse ne travaille plus, la classe capitaliste ne peut pas continuer le processus d’accumulation de capital. Par conséquent, la grève est encore la meilleure arme dont nous disposons. La grève à elle seule ne suffira pas. Il faut mettre à l’ordre du jour la question de la réappropriation des moyens de productions pour satisfaire les besoins de la société. Il est évident qu’un tel mouvement ne va pas se construire en un jour. Il s’agit ici de l’objectif vers lequel nous devons tendre. Les mobilisations ponctuelles sont donc à chaque fois l’occasion de convaincre autour de nous qu’il faut changer le système et qu’une alternative existe : la planification démocratique socialiste.

  • CODE ROUGE contre le secteur de l’aviation

    Le nombre de vols privés a doublé en un an !

    Tout indique que la crise climatique sera catastrophique si des mesures ne sont pas prises rapidement. En attendant, le nombre de vols privés double en un an ! Les émissions de CO2 des vols privés en Belgique ont atteint 41.000 tonnes en 2021. C’est autant que les émissions annuelles de 27.310 voitures. Les activistes de Code Rouge ont donc décidé d’agir concernant le secteur de l’aviation, un secteur qui pollue et qui révèle l’inégalité du système. Les actions se dérouleront le week-end du 15 au 17 décembre.

    Par Rebekka (Gand)

    Les précédentes actions de Code Rouge

    Code Rouge est une initiative citoyenne qui a déjà mené deux actions directes de désobéissance civile. En octobre 2022 contre TotalEnergies et en juin 2023 contre Engie. Les deux premières éditions de Code Rouge visaient les grandes entreprises du secteur de l’énergie, avec pour revendication centrale l’arrêt des énergies fossiles. En plus d’exiger l’arrêt des investissements dans les énergies fossiles, les activistes mettent en avant des revendications sociales telles qu’une énergie abordable pour toutes et tous et la reconversion des travailleuses et travailleurs vers des secteurs durables. Les militants pour le climat sont prêts à enfreindre la loi pour faire comprendre que la façon dont la société est organisée aujourd’hui n’est pas durable.

    L’aviation en plein essor alors que les transports publics craquent

    L’avion est de plus en plus populaire, ce qui n’est pas surprenant étant donné que le transport aérien est environ 2,5 fois moins cher que le même trajet en train. Mais il émet environ 80 fois plus d’émissions. Malgré l’impact avéré sur le climat, le gouvernement belge continue d’injecter de l’argent dans le secteur de l’aviation. Les aéroports d’Ostende et d’Anvers ont reçu quelque 9 millions d’euros de subventions en 2021. A cela s’ajoutent 700 millions d’euros d’allègements fiscaux pour l’ensemble du secteur de l’aviation. Ces chiffres sont hallucinants, alors que les transports publics réclament plus d’argent, de moyens et de personnel. Dernièrement, les travailleurs de la SNCB et de De Lijn sont entrés en grève pour exiger davantage d’investissements pour plus de collègues et de meilleurs infrastructures.

    Les activistes du climat et le personnel des transports publics partagent les mêmes objectifs

    De meilleurs salaires et conditions de travail sont nécessaires pour répondre à la pénurie de personnel. L’expansion drastique du réseau de transports publics est nécessaire en tant qu’alternative aux déplacements en avion et en voiture. Mais la poursuite de la privatisation va dans le sens contraire. La collaboration entre les militants pour le climat et le personnel des transports publics en Allemagne sous la bannière #wirfahrenzusammen (#nousroulonsensemble) montre comment nous pouvons lutter ensemble. Les activistes du climat se sont rendus sur les piquets de grève des travailleurs et ces derniers se sont joints aux marches pour le climat. Cela a donné lieu à de petits succès, avec des billets moins chers et le prolongement de certaines lignes. Pour réduire les émissions, augmenter l’offre et offrir des conditions de travail décentes au personnel, il n’y a qu’une seule solution : des investissements publics massifs dans les transports publics.

  • 25.000 personnes à la manifestation “climat” : le temps presse, exproprions les criminels climatiques!

    Les 25.000 manifestant.e.s réuni.e.s à Bruxelles ce dimanche soulignent une fois de plus que le climat reste une préoccupation majeure. Ce n’est pas surprenant : le changement climatique est là et affecte nos quotidiens, des récentes inondations dans le Westhoek à celles de 2021 en région liégeoise en passant par les sécheresses et canicules de ces derniers étés. Cette manifestation était une fois de plus formidable, mais elle survient à un moment critique où le mouvement pour le climat doit relever de nombreux défis. Comment passer de la protestation au changement réel ? Pour contribuer à ce débat, vous trouverez ci-dessous le tract que nous avons distribuée lors de la manifestation.

    La crise climatique a la vie dure : des températures record sur tous les continents, des centaines de catastrophes causant de nombreuses morts et des réfugiés climatiques, et de plus en plus de frontières planétaires franchies. Le mois dernier, Il y a eu d’importantes inondations en France et en Flandre. Malgré cela, les émissions continuent d’augmenter. Le festival annuel de greenwashing (la COP28) n’y changera pas grand-chose. Ils nous mentent depuis assez longtemps. Il est temps de passer à l’action !

    Activistes climatiques et cheminot.e.s : même combat !

    Du 5 au 7 décembre, les cheminot.e.s seront en grève. Les transports publics sont l’un des secteurs clés de la lutte contre le changement climatique. Un quart des émissions européennes provient du secteur des transports.

    Les projets de libéralisation ou de privatisation ont mené à une gestion basée sur la réduction des coûts et le profit. La qualité du service s’est dégradée. Cela conduit à une diminution de l’accès aux transports publics, à des tickets plus chers et à une augmentation du nombre de voitures sur les routes. Ce dont nous avons besoin, c’est d’investissements massifs et d’une gestion démocratique basée sur les besoins des usagers. Des transports publics plus nombreux, présent partout, plus fréquents et gratuits sont nécessaires dans la lutte contre le changement climatique. En tant que défenseurs du climat, soutenons la lutte des cheminot.e.s. Défendons des infrastructures de meilleure qualité, avec plus d’emplois “verts” et de bonnes conditions de travail. #MêmeCombat #WeRideTogether

    Nous nous rendrons mercredi prochain sur les piquets de grève des cheminot.e.s afin de concrétiser notre solidarité. Venez avec nous !

    https://fr.socialisme.be/96763/contrer-la-casse-des-conditions-de-travail-et-de-transport-nouvelle-greve-de-48h-aux-chemins-de-fer

    L’énergie aux mains du public

    Les factures d’énergie sont devenues exorbitantes ces deux dernières années. Le secteur de l’énergie a réalisé des profits inouïs. Cet argent a directement atterri dans les poches des actionnaires, alors que les investissements privés dans les énergies vertes restent ridiculement bas. La multiplication des guerres et des tensions impérialistes a servi de justification pour de nouveaux méga-investissements dans les combustibles fossiles sous le couvert “d’indépendance énergétique”.

    Le secteur pétrolier ne contribue qu’à hauteur de 1 % de l’ensemble des investissements dans les énergies vertes. En 2022, elles ont investi 800 milliards $ dans de nouveaux gisements de pétrole et de gaz et seulement 20 milliards $ dans les énergies vertes. Les intérêts de ces grands actionnaires du secteur énergétique sont totalement opposés à ceux des populations et de la planète. Nous ne combattrons pas la crise climatique avec des profits records pour les actionnaires, mais avec des investissements massifs dans les énergies vertes. Le seul moyen d’y parvenir est de supprimer la course au profit privé dans ce secteur.

    Il est temps de choisir

    Si nous ne pouvons pas lutter contre la crise climatique, c’est à cause d’un système spécifique. Plus que jamais, il est temps de choisir entre le capitalisme et la préservation de la vie sur terre. Il est vital de s’engager dans le débat concernant l’alternative démocratique à ce système. Battons-nous pour une société socialiste démocratique, où les richesses et les secteurs clés de notre économie ne seront plus soumis à la soif de profits et au bellicisme des capitalistes, mais seront utilisés pour répondre aux besoins des gens et de la planète. Cela ne sera possible que si les secteurs clés de l’économie (énergie, banques…) sont contrôlés et gérés démocratiquement par la classe travailleuse. Exproprions la classe dirigeante !

    Participe aux actions Code Rouge

    Il ne suffit pas d’argumenter. Les 16 et 17 décembre, Code Rouge mènera pour la troisième fois une campagne contre les criminels climatiques. Les activistes ont déjà occupés des sites d’Engie et Total . Cette fois, c’est au tour de l’industrie aéronautique. Nous nous battons pour des transports publics plus nombreux, de meilleure qualité et gratuits, pour la fin des jets privés et pour l’écologisation de l’ensemble du secteur des transports.

    FREE GAZA – STOP à l’oppression et à l’impérialisme – Pour la libération des palestinien.ne.s – Stop aux livraisons et à la production d’armes

    Nationalisons l’industrie militaire, sous contôle démocratique, afin qu’elle devienne socialement et écologiquement utile

    Les nombreuses manifestations qui ont eu lieu doivent se poursuivre, car pendant que les bombes continuent de pleuvoir sur Gaza, les profiteurs de guerre belges engrangent d’énormes bénéfices. Certains des meurtres et des bombardements sont effectués avec des armes produites ou transitant en Belgique. Des syndicats palestiniens et belges ont demandé l’arrêt des livraisons d’armes à l’armée israélienne. Il faut maintenant nous organiser et lutter pour y parvenir. La classe travailleuse en action peut arrêter les massacres.

    Ce 1er décembre, nous avons participé à une première action à Liège contre la société israélienne Challenge, qui organise le transit d’armes vers Israël en passant par la Belgique. De nouvelles actions sont prévues et voulons nous battre jusqu’à la victoire! Nous devons faire pression pour mettre fin à la fourniture d’armes et mobiliser le soutien de celles et ceux qui travaillent dans le secteur pour organiser un tel boycott. Mais nous devons aller plus loin. Pas de profits sur les vies humaines. Cette industrie doit appartenir à la classe travailleuse. Nous devons la convertir afin qu’elle accomplisse désormais un travail socialement utile.

    Lutter contre le changement climatique, c’est aussi lutter contre l’oppression, le (néo-)colonialisme et l’impérialisme. L’industrie militaire est l’une des industries les plus polluantes. Tant que le peuple palestinien et tous les peuples ne seront pas libérés, il ne sera pas possible d’obtenir une véritable liberté et sécurité. On ne peut pas faire comme si de rien n’était pendant que le carnage continue. Il est crucial de construire un mouvement de masse international.

    Luttons contre ce système où les guerres sont normalisées et constituent des mannes financières pour certains ; contre une société dans laquelle les régimes répressifs sont soutenus à travers le monde, car cela génère des profits pour des multinationales. C’est en luttant contre le capitalisme que l’on pourra mettre fin à la guerre et à l’oppression.

  • Activistes du climat et cheminot.e.s : même combat! Sauvons le climat!

    Des investissements massifs dans les transports publics !

    L’an dernier, le RMT (le plus grand syndicat des transports au Royaume-Uni) s’est mis en grève pour obtenir de meilleures conditions de travail, des salaires plus élevés et la sécurité d’emploi. Des militant.e.s pour le climat comme Just Stop Oil et Extinction Rebellion se sont joints aux piquets de grève. Cette année, les militant.e.s allemand.e.s ont fait de même. Les syndicats des transports se sont mis en grève et ont soutenu la marche pour le climat du 3 mars. Ils ont obtenu des hausses de salaire ainsi que le “Deutschland ticket”, un billet mensuel moins cher (49 euros) qui permet de voyager dans tout le pays.

    Par Koerian (Gand), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Le trafic tue

    Activistes du climat et cheminot.e.s en grève : une combinaison logique. 25% des émissions de gaz à effet de serre en Europe proviennent des transports, dont 72% du transport routier. En outre, les routes, les voitures et les camions changent radicalement notre vie. Ils sont à l’origine de particules fines, responsables entre autres de cancers, de maladies pulmonaires, d’asthme et de maladies
    cardiovasculaires.

    On a dénombré 540 décès dus à la circulation en 2022. La circulation est la plus grande forme de pollution sonore et pèse sur notre santé mentale de manière quotidienne et continue. En outre, les infrastructures de circulation dominent notre espace public et prennent de l’espace qui pourrait être consacré aux parcs, aux places et à un environnement plus humain.

    Les transports publics sont mis en pièces

    Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et créer un cadre de vie plus attrayant pour toutes et tous, il faut des transports publics plus nombreux, plus performants et moins chers. Or, depuis des décennies, les transports publics sont réduits à peau de chagrin. Les gouvernements précédents ont découpé la SNCB en plusieurs morceaux (Infrabel, SNCB et HR-Rail) pour faciliter la privatisation du transport.

    Pour faire accepter que la SNCB ne fonctionne pas (et pour libérer de l’espace pour des cadeaux aux grandes entreprises), des gares ont été supprimées, les conditions de travail ont été attaquées et des emplois ont été supprimés. Les services se sont
    dégradés, le personnel peut à peine prendre des vacances ou des jours de compensation… Les 1,75 milliard d’argent frais reçus par Infrabel entre ’23 et ‘32 sont une goutte d’eau dans un océan d’économies. Dans le même temps, De Lijn supprime un sixième de ses arrêts à partir de janvier.

    Voiture=bénéfice

    Pour la bourgeoisie, c’est simple : les voitures et camions sont rentables, les bus et les trains ne le sont pas. En partie grâce à l’électrification du parc automobile, l’industrie peut doubler ses profits. Comme d’autres gouvernements, la Vivaldi, ECOLO et Groen y compris, ne jurent que par “les lois du marché”. Il s’agit de supprimer ce qui n’est pas rentable pour les actionnaires du BEL 20 (éducation, soins de santé, transports publics).

    Des mesures comme les zones à faibles émissions peuvent sembler vertes, mais elles punissent les personnes qui conduisent la même voiture depuis des années et qui n’ont pas les moyens de s’acheter un nouveau véhicule. Ceux qui en ont les moyens seront accueillis à bras ouverts par les constructeurs automobiles. Dans le cadre du capitalisme, les décideurs politiques au pouvoir défendront toujours les profits des grandes entreprises.

    Une solution simple

    La solution, elle aussi, est simple. Si nous voulons que les gens laissent leur voiture à la maison, si nous voulons que nos quartiers soient moins bruyants et plus verts, si nous voulons réduire les émissions, nous avons besoin d’une alternative réaliste à la voiture. Une telle alternative implique en premier lieu des investissements significatifs dans les transports publics. Plus de bus, de trams et de trains, plus de personnel dans les gares, un réseau nocturne étendu… Deuxièmement, il faut miser sur des systèmes de vélo et de covoiturage bon marché, publics et efficaces pour combler les lacunes.

    La solidarité

    C’est précisément là que les syndicalistes et les écologistes se retrouvent. Un transport ferroviaire de qualité signifie aussi plus de personnel et un équipement correct, des guichets au lieu de distributeurs automatiques et suffisamment de congés et de jours de compensation pour que le personnel ferroviaire puisse accomplir ses tâches en toute sérénité et sans stress.

    L’Allemagne et la Grande-Bretagne ont fourni des exemples importants de ce à quoi peut ressembler une lutte commune pour l’investissement. Pour remporter de grandes victoires, le mouvement pour le climat devra soutenir systématiquement toute action syndicale dans le secteur et vice versa.

    Une délégation du personnel des transports publics lors de la manifestation pour le climat du 3 décembre pourrait ouvrir la voie à un mouve-
    ment de longue durée. Les militant.e.s climat qui participeront aux piquets de grève des 6 et 7 décembre pourront renforcer la solidarité.

  • Réunions publiques : investir dans les transports publics, sauver le climat

    Le 3 décembre aura lieu une marche nationale climat. Les mercredi 6 et jeudi 7 décembre, une nouvelle grève des chemins de fer est prévue. Elle sera suivie par des actions “Code rouge” autour du secteur de l’aviation, entre autres concernant les jets privés extrêmement pollueurs qui non seulement pèsent sur l’environnement, mais sont aussi largement subventionnés par les fonds publics injectés dans le secteur.

    Naomi Klein avait déjà fait remarquer que les cheminot.e.s en grève sont les activistes climatiques du 21e siècle. Comment renforcer les grèves des chemins de fer ? Comment créer des liens entre les cheminot.e.s et les activistes du climat ? Nous organisons deux réunions ouvertes avec un intervenant de Libre Parcours, le journal d’action pour et par le personnel des transports publics, et un.e activiste du climat. Ces réunions ouvertes auront lieu à Bruxelles (mardi 28 novembre) et à Anvers (mercredi 29 novembre). Lors de cette dernière réunion, un chauffeur de bus sera également auprès d’un membre du personnel de la SNCB et d’un activiste du climat.

    • Mardi 28 novembre. 19h30 Pianofabriek – salle Cadzand, rue du Fort à Bruxelles
    • Mercredi 29 novembre. 19h30 Café Multatuli, Lange Vlierstraat Anvers
  • L’empreinte carbone des grandes entreprises égale celle de 3,87 millions d’habitant(e)s !

    Il y a quelques années, les débats autour de la crise climatique se concentraient sur le comportement individuel et la consommation, comme si notre avenir reposait sur la disparition des pailles en plastique et sur les douches courtes. La nouvelle étude d’Oxfam aide à recentrer le débat sur la racine du problème: l’empreinte carbone moyenne des grandes entreprises du BEL20 s’élève à 20,84 millions de tonnes de CO2 par an, soit les émissions annuelles des 34% les plus pauvres de Belgique.

    Par Constantin (Liège)

    Oxfam relaye l’analyse du cabinet de conseil Oliver Wyman et Carbon Disclosure Project (CDP), selon laquelle seules 3% des grandes entreprises belges seraient effectivement engagées sur une trajectoire d’émissions compatible avec un réchauffement de 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle (objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris de 2015). Les priorités du capital sont limpides: Oxfam souligne que sur la période 2016-2021, les entreprises du Bel 20 (l’indice boursier belge) ont versé pas moins de 47,5 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires, ce qui équivaut à 70% des bénéfices réalisés par ces entreprises. C’est aussi l’équivalent de 68 fois le budget annuel des TEC !
    C’est une excellente chose de dénoncer ainsi les véritables responsables de la crise climatique. Le rapport d’Oxfam est toutefois très léger dès lors qu’il s’agit d’envisager les solutions. Il cible – à juste titre – la nécessité de faire payer les plus riches ainsi que ces grandes entreprises qui compensent leur inaction climatique par un évitement fiscal frénétique. Mais lorsqu’elle défend que « Aucun dividende ne devrait pouvoir être versé tant que l’entreprise n’est pas sur une trajectoire d’émissions compatible avec l’objectif de 1,5 °C », cela ressemble à un souhait. Comment imposer cela alors que si peu a pu être réalisé jusqu’ici ?

    Peu de temps après la sortie de l’étude d’Oxfam, Glen Peters, directeur de recherche à l’institut de recherche climatique CICERO en Norvège, tirait une fois de plus la sonnette d’alarme : les émissions mondiales de dioxyde de carbone devraient encore augmenter d’environ 1% en 2023 pour atteindre un nouveau record. Chaque année, les émissions continuent d’augmenter.

    Deux constats s’imposent. Le premier, c’est qu’on ne peut pas simplement faire comme avant, aligner les rapports et les recommandations, en espérant un résultat différent. Le second, c’est qu’on ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas.

    Construire un mouvement de lutte suffisamment puissant pour exproprier les criminels climatiques est une priorité vitale. Placer ces entreprises sous contrôle public démocratique est un premier pas nécessaire pour assurer une reconversion rapide des industries polluantes en garantissant la santé des travailleuses et travailleurs sans perte de salaire et avec amélioration des conditions de travail. Mettre la main sur leurs avoirs permettrait aussi le redéploiement des transports en commun sur tout le territoire, tout en assurant leur gratuité ; des investissements massif dans les énergies renouvelables, l’établissement d’un plan public d’isolation et de rénovation du bâti quartier par quartier pour réduire la consommation d’énergie, des investissements dans la protection civile et les services d’aide pour mieux nous préparer aux catastrophes à venir, etc.

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