Category: Asile

  • Ils sont d’abord venus pour les migrant.es…

    La déshumanisation dans le cadre d’une surenchère internationale pour « la politique d’asile la plus stricte possible ». C’est ce que représente l’Arizona. À la faveur du vent trumpiste, les droits des personnes migrantes sont quasiment réduits à néant, à tel point que les experts se demandent si cela respecte la Constitution. Le gouvernement s’attaque durement aux plus vulnérables. Et ce n’est qu’un début. Nous pensons immédiatement à la célèbre citation du pasteur Martin Niemöller « Quand ils sont venus chercher… » (*)

    par Geert Cool

    L’extrême droite ne fait officiellement pas partie de ce gouvernement, il n’en reste pas moins que la politique d’asile ne peut être qualifiée que d’extrême droite. Reste-t-il quelque chose de l’ancien programme anti-immigration en 70 points du Vlaams Blok qui n’ait pas été transformé en politique concrète depuis lors ?

    Inouï et inacceptable

    L’accueil des migrant.es se limite à « un lit, un bain, du pain et un accompagnement », et même cela n’est pas garanti. Après d’innombrables condamnations parce que le gouvernement belge fournit insuffisamment de places d’accueil, l’Arizona veut encore réduire la capacité existante et modifier la loi afin de pouvoir invoquer la « force majeure ». La protection sociale est progressivement supprimée, par exemple le droit à un revenu d’intégration ne peut être accordé qu’après cinq ans.

    Les arrestations de personnes sans papiers dans les maisons, sans mandat de perquisition et sans consentement, deviendront possibles. Cela ouvre la porte à des raids qui ne se limiteront pas aux espaces publics.

    Le regroupement familial deviendra encore plus difficile. Aujourd’hui, il n’est déjà pas évident pour les personnes migrantes de faire venir leur partenaire et/ou leurs enfants. Désormais, une période d’attente de deux ans est prévue pour les réfugié.es de guerre. Toute personne fuyant le génocide à Gaza devra donc attendre deux ans avant que le reste de la famille ne soit autorisé à venir en Belgique. Ceux qui inventent ce genre de chose feraient mieux d’essayer de survivre ne serait-ce qu’une semaine ou un mois à Gaza. Dans la pratique, cette période d’attente s’appliquera à la plupart des réfugié.es. En 2024, 39 615 demandes d’asile ont été introduites en Belgique, dont 14 % en provenance de Palestine, 11 % de Syrie et 10 % d’Afghanistan. Ce n’est pas la protection de plus en plus inexistante des réfugié.es qui crée un « effet d’aspiration », c’est la politique de guerre soutenue par le gouvernement belge qui crée un « effet de départ ».

    Dans la procédure, même le semblant de « justice » est jeté par-dessus bord. Le Conseil du Contentieux des Étrangers (CCE) est en train d’être « réformé » pour permettre des procédures plus courtes et entièrement écrites, avec des décisions moins motivées et des possibilités d’appel limitées. L’aide juridictionnelle sera « évaluée », les procédures devant le CCE deviendront plus coûteuses, et il sera même possible de pénaliser les avocats pour les « recours manifestement illicites ». Certains professeurs de droit constitutionnel, de droits humains et de droit des migrations qualifient les mesures proposées de « sans précédent et aussi d’inédites, parce qu’elles violent la séparation des pouvoirs, l’indépendance du pouvoir judiciaire et/ou les droits fondamentaux ».

    Les personnes qui souhaitent obtenir la nationalité belge et qui passent un « examen de nationalité » devront payer 1 000 euros au lieu des 150 euros actuels. Et pour cette somme-là, pas question d’en remettre en cause l’indexation, même à partir de 2027, contrairement à nos salaires et allocations… Là aussi, Conner Rousseau (Vooruit) peut s’en tirer à bon compte…

    Solidarité et lutte

    La vive polémique entre Musk et les partisans du MAGA autour de la migration a été l’expression des contradictions de la droite. D’un côté, ils surfent sur le racisme qu’ils alimentent autant que possible ; de l’autre, en tant que patrons, ils ne sont que trop heureux de faire appel à une main-d’œuvre bon marché qui peut être exploitée à outrance.

    En Belgique aussi, des dizaines de milliers de sans-papiers travaillent chaque jour pour des salaires de misère et sans aucune protection. Par le biais de systèmes de sous-traitance, ils travaillent à la rénovation de stations de métro ou encore au nettoyage de palais de justice et d’autres bâtiments publics. La surexploitation exerce une pression à la baisse sur l’ensemble des salaires et des conditions de travail.

    Les sans-papiers s’opposent à l’Arizona. Une délégation était présente à la manifestation du 13 février. La solidarité est nécessaire. Si le gouvernement s’en tire en déshumanisant une couche de travailleur.euses vulnérables, il continuera à le faire pour d’autres couches. En fin de compte, c’est l’ensemble des salarié.es qui seront visés ; c’est inhérent à la machine à profit du capitalisme. Au lieu de laisser les patrons et leurs politiciens nous briser doigt par doigt, faisons tout de suite un poing combatif ensemble.

    (*) La citation du pasteur Martin Niemöller :

    Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.

    Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.

    Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.

    Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester.

  • [MANIFESTATION] 25 ans, Vottem, je ne l’accepte toujours pas 

    RDV ce dimanche 14 avril, 14h, Place Saint-Lambert à Liège

    Il y a 25 ans, en mars 1999, s’ouvrait le centre fermé pour étrangers de Vottem. Aujourd’hui, il existe en tout 6 centres fermés pour étrangers en Belgique dont actuellement un seul en Wallonie. En 2023 ils ont une capacité théorique d’environ 700 places. En 2023, 8333 personnes ont été éloignées de Belgique, dont 3383 à partir d’un centre fermé par une expulsion forcée, 1843 refoulements directement à l’arrivée à l’aéroport, 3107 départs « volontaires » (Le Soir 6/02/24) . De nouveaux centres fermés sont en projet : à Jumet, à Zanvliet, et un autre à Jabbeke remplacerait celui de Bruges afin d’augmenter encore le nombre de retours forcés. Ce durcissement de la politique migratoire de l’Etat belge est à mettre en lien avec la contamination des idées de l’extrême-droite.

    Texte du CRACPE (Collectif de Résistance Aux Centres Pour Etrangers), à l’initiative de la manifestation

    Nous n’acceptons pas :

    ❌ Le renvoi vers leurs pays d’origine des personnes alors qu’elles ont fui des persécutions de toutes sortes, qu’elles soient politiques, racistes, sexistes ou homophobes etc.. Ou encore la guerre, les conséquences du réchauffement climatique, la misère liée à l’exploitation. Beaucoup n’ont pu obtenir un titre de séjour en Belgique, à cause de la politique restrictive de l’Etat belge en matière d’asile, mais aussi d’accès au regroupement familial, d’obtention d’un permis de travail ou d’un séjour étudiant etc.

    ❌ La détention sur simple décision d’une administration, l’Office des Etrangers ; il ne s’agit pas d’une ordonnance judiciaire, d’un délit, mais d’un enfermement arbitraire, contraire aux Droits Humains.

    ❌ La violence exercée à l’égard de ces personnes : les centres fermés ont comme objet la mise en œuvre du processus d’expulsion, tout est organisé pour briser la résistance à celle-ci. Dès qu’un.e détenu.e proteste contre les conditions de détention ou se montre opposé à son expulsion, il se retrouve au cachot -prison dans la prison- , ou en isolement, cachot déguisé ! La réalité des centres fermés, ce sont aussi des décès : suicides, décès de personnes mises au cachot alors qu’elles sont dans une situation de santé préoccupante. Ce sont des coups, des tortures, des insultes portés au paroxysme au moment de l’expulsion.

    ❌ La maltraitance : la récente grève du personnel du centre fermé de Vottem en décembre 2023 a mis en lumière des conditions sanitaires et de vie déplorables non conformes à la dignité humaine. Dans les centres fermés se trouvent aussi des personnes malades, vulnérables, dont les soins ne sont pas pris en charge.

    ❌ La séparation des familles qui devient définitive au moment de l’expulsion : une étude récente de JRS (Jesuit Refugee Service) – rapport_separation_de_familles.pdf (jrsbelgium.org – montre que 40% des personnes détenues ont une famille en Belgique, belge, européenne, ou étrangère avec titre de séjour ! Leurs enfants en souffrent quotidiennement, ainsi que leurs parents, leurs conjoint.e.s.

    ❌ Le retour volontaire imposé par des Coachs de l’Office des Etrangers aux « sans-papiers » convoqués qui, s’ils n’obtempèrent pas, sont menacés de détention et d’expulsion.

    ❌ L’absence de perspective de régularisation du séjour pour celles et ceux qui ont tissé des liens et construit leur vie ici, et vivent au quotidien dans la précarité et la surexploitation.

    ❌ Le non-hébergement des demandeurs d’asile, laissés pendant des mois à la rue au mépris de toutes les conventions internationales !

    ❌ Le futur Pacte Européen sur l’Asile et la Migration qui renforcera l’Europe forteresse par des centres fermés aux frontières extérieures prévus aussi pour des familles

    Nous revendiquons :

    ✅ La suppression des centres fermés pour étrangers

    ✅ L’arrêt des expulsions

    ✅ Une politique d’asile et d’immigration qui respecte les Droits Humains

    ✅ Le droit de vivre en famille

    ✅ La régularisation des sans-papiers

    ✅ Le respect du droit d’asile, la liberté de circulation

    ✊✊✊✊✊ RDV LE 14 AVRIL

    ➡️14h Départ Place Saint-Lambert
    ➡️15h Enclos des Fusillés
    ➡️16h Devant le centre fermé de Vottem

  • La crise de l’accueil des demandeurs d’asile se poursuit : luttons contre le racisme d’Etat !

    « Pas de bougnouls dans le BW [Brabant wallon]». C’est ce que Rayhan et sa famille ont trouvé écrit à la peinture sur leur porte en juillet. Celui-ci explique : « Intégrez-vous qu’ils disaient. On l’a fait. Mais peu importe que vous soyez un bon arabe ou un mauvais arabe. Ils vous attaqueront toujours sur ce que vous êtes A LEURS YEUX. »

    Comme si les préjugés racistes n’étaient pas suffisamment inquiétants en Belgique, la secrétaire d’État à l’Asile et la migration Nicole de Moor (CD&V) vient de décider que les demandeurs d’asile masculins isolés ne seraient plus accueillis dans le réseau d’accueil des demandeurs d’asile. Ce n’est pas seulement contraire à la loi : dire que des gens n’ont pas droit à un toit, cela revient concrètement à les déshumaniser. Jeter des gens à la rue sans moyens ni aide revient aussi à les pousser dans les bras des réseaux criminels.

    Et dans les médias dominants, c’est comme s’il y avait permis de tuer pour la police si l’on n’est pas une « bonne victime ». C’était déjà le cas hier avec Adil à Bruxelles, c’est le cas aujourd’hui avec Domenico D’Atria à Oupeye. Soulignons aussi qu’en Belgique, depuis que le CD&V a repris en main le Ministère de l’Intérieur le 9 décembre 2018, entre 65 et 94 personnes (d’après un premier recensement non exhaustif et limité) avec ou sans-papiers sont mortes entre les mains de la police (données de la campagne “Stop répression”).

    La scandaleuse fermeture des lieux d’accueil a causé quelques protestations au PS et chez ECOLO. Gesticulations électorales. En mars dernier, le bourgmestre de Bruxelles Philippe Close (PS) avait envoyé des ouvriers communaux inonder un squat de demandeur.euse.s d’asile après leur expulsion par la police histoire de bien assurer que personne n’ait l’idée de revenir.

    Ce racisme d’État rend plus acceptable celui de l’extrême droite ! Le Vlaams Belang s’en nourrit comme il se nourrit du rejet des partis traditionnels, il menace d’être le premier parti de Flandre aux prochaines élections. Le parti qu’il a quasiment créé de toutes pièces côté francophone avec l’aide du Rassemblement national français – « Chez nous » – tente de faire pareil en accusant l’immigration d’être responsable de tous les problèmes sociaux.

    Soyons clairs : ce ne sont pas les demandeur.euse.s d’asile qui sont responsables de nos factures d’énergie ou du prix de nos caddies ! Ce ne sont pas eux qui empochent de juteux dividendes en laissant les travailleur.euse.s de Delhaize sur le carreau ! Ce ne sont pas eux qui ont affamé nos services publics et notre sécurité sociale avec des déductions fiscales pour les plus riches ! Ce ne sont pas eux qui ont choisi de laisser pourrir le parc de logements sociaux pour se jeter dans des projets qui remplissent les poches de magnats de l’immobilier comme Matexi !

    Combattre le racisme par la solidarité

    Aujourd’hui, à Bruxelles, il existe 10.000 bâtiments inoccupés. Si l’on voulait régler la crise du logement pour tou.te.s et la crise de l’accueil du même coup, on pourrait commencer par appliquer la loi Onkelinx qui permet de réquisitionner des bâtiments vides depuis plus de six mois. Cette loi n’a quasiment jamais été utilisée, car elle implique de s’attaquer à la propriété privée. Si nous voulons arracher l’application de cette loi et plus généralement défendre notre droit à tou.te.s à une vie décente, alors nous devons nous organiser pour nous battre avec acharnement et détermination.

    Les attaques contre les plus vulnérables dans la société, comme les demandeur.euse.s d’asile servent, à rendre plus acceptable de s’en prendre aux autres. D’autre part, les maintenir dans des conditions de travail et de vie proches de l’esclavage en raison de l’illégalité, cela permet d’instaurer une pression à la baisse sur les contions de travail et de vie de chacun.e.

    • C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes ! Des papiers pour toutes et tous!
    • Stop aux centres fermés, aux expulsions et à la répression !
    • Un salaire minimum de 15 euros de l’heure !
    • Un toit, c’est un droit : pour un plan de construction et de rénovation de logements sociaux pour répondre à la demande et en finir avec les listes d’attentes !
    • Pour un plan d’investissement radical dans les services publics, l’enseignement et les soins de santé. Ne laisser personne sur le bord du chemin, c’est la meilleure réponse aux vautours d’extrême droite et aux racistes !
    • L’argent existe, allons le chercher là où il est ! 1% de la population belge détient un quart des richesses, soit plus que 70% de la population selon Oxfam. Luttons pour l’imposition des riches, avec expropriation et nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des avoirs de ceux qui tentent de s’y soustraire. Luttons pour la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des banques et des assurances pour mobiliser les moyens nécessaires pour sortir chaque personne de la précarité et assurer l’épanouissement de toutes et tous.
    • Le capitalisme plonge de crise en crise, et entraîne dans son sillage plus de divisions, de racisme, de sexisme, de LGBTQIA+phobie et plus de violence. Les guerres, les inégalités et la crise écologique continueront à engendrer de nouveaux drames, comme ces milliers de migrants qui meurent chaque année en Méditerranée. Ce système doit être renversé pour construire une toute autre société capable d’assurer une véritable liberté de circulation pour celles et ceux qui le souhaitent tout en assurant la possibilité de construire une vie décente dans son pays d’origine. Cette société, selon nous, c’est le socialisme démocratique.
  • Contre le racisme et la misère, c’est la lutte sociale qui est nécessaire !

    Derrière la « crise de l’accueil », il y a la détresse absolue de centaines de demandeur.euse.s d’asile sans logements qui dorment et parfois meurent dans la rue. Il y a les squats et les campements de fortunes assaillis à Bruxelles par les forces de police. Et l’exploitation absolue par des employeurs qui abusent de cette extrême vulnérabilité. Tout ça pour le « crime » d’avoir voulu fuir la misère ou la guerre.

    Par Constantin (Liège)

    A Bruxelles, juste après l’expulsion d’un squat de demandeur.euse.s d’asile, le bourgmestre Philippe Close (PS) a envoyé des ouvriers de la ville inonder le rez-de-chaussée du bâtiment et percer des trous dans le toit pour que la pluie et le froid s’infiltrent, histoire de bien assurer que personne n’ait l’idée de revenir. C’était deux jours après la conclusion du nouvel accord du gouvernement fédéral.

    Quand une crise est créée pour servir de prétexte

    La « crise de l’accueil » ne tombe pas du ciel. En 2021, 1916 places d’accueil ont été supprimées. Avant ça, le gouvernement Michel avait détricoté Fedasil (l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile), en réduisant son budget de 20 millions d’euros. Les autorités belges ont elles-mêmes créées la crise en réduisant les budgets et en supprimant des places. La situation est aujourd’hui saisie pour renforcer la répression.

    Que contient le nouvel accord des partis de la Vivaldi (avec PS et ECOLO, rappelons-le) ? L’accélération des procédures d’examens et l’exécution plus rapide des décisions d’expulsions, des restrictions au regroupement familial tout en fermant la porte à toute régularisation collective. Dans le but de présenter cette offensive contre des personnes en détresse comme étant « juste » et « équilibrée », l’accord indique la création de 2000 nouvelles places d’accueil supplémentaires et l’interdiction de l’enfermement des enfants dans les centres fermés. Ce n’est pas rien, mais c’est largement insuffisant, surtout en considérant que 700 de ces nouvelles places ne seront que des containers et que, parallèlement, le gouvernement compte construire quatre centre fermés supplémentaires.

    Riposter à la division par l’unité dans la lutte

    Rejetons ce racisme d’Etat qui rend plus acceptable celui de l’extrême droite ! Parallèlement, le gouvernement regarde ailleurs quand le personnel des services publics fait grève, comme il l’a fait le 10 mars dernier pour dénoncer l’absence de moyens, le manque de collègue et la charge de travail insoutenable. Il a fallu toute la force d’une grève générale, le 9 novembre, et de nombreuses actions syndicales pour sauvegarder l’indexation des salaires et des allocations et pour obtenir de maigres mesures pour nos factures. Mais toute cette misère sociale, qui s’aggrave sans cesse, c’est un terreau de choix pour entretenir les préjugés racistes et nourrir l’extrême droite.

    Soyons clairs : ce ne sont pas les demandeur.euse.s d’asile qui sont responsables de nos factures d’énergie ou du prix de nos caddies ! Ce ne sont pas eux qui empochent de juteux dividendes en laissant les travailleur.euse.s de Delhaize sur le carreau ! Ce ne sont pas eux qui ont affamé nos services publics et notre sécurité sociale avec des déductions fiscales pour les plus riches ! Ce ne sont pas eux qui ont choisi de laisser pourrir le parc de logements sociaux pour se jeter dans des projets qui remplissent les poches de magnats de l’immobilier comme Matexi !

    Aujourd’hui, à Bruxelles, il existe 10.000 bâtiments inoccupés. Si l’on voulait régler la crise du logement pour tou.te.s et la crise de l’accueil du même coup, on pourrait commencer par appliquer la loi Onkelinx qui permet de réquisitionner des bâtiments vide depuis plus de six mois. Cette loi n’a quasiment jamais été utilisée, car elle implique de s’attaquer à la propriété privée. Si nous voulons arracher l’application de cette loi et défendre notre droit à tou.te.s à une vie décente, nous devons nous battre avec acharnement et détermination.

    Combattre le racisme par la solidarité

    Les attaques contre les plus vulnérables dans la société, comme les demandeur.euse.s d’asile servent, à rendre plus acceptable de s’en prendre aux autres. D’autre part, les maintenir dans des conditions de travail et de vie proches de l’esclavage en raison de l’illégalité, cela permet d’instaurer une pression à la baisse sur les contions de travail et de vie de chacun.e.

    • C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes ! Des papiers pour toutes et tous!
    • Stop aux centres fermés, aux expulsions et à la répression !
    • Un salaire minimum de 15 euros de l’heure !
    • Un toit, c’est un droit : pour un plan de construction et de rénovation de logements sociaux pour répondre à la demande et en finir avec les listes d’attentes !
    • Pour un plan d’investissement radical dans les services publics, l’enseignement et les soins de santé. Ne laisser personne sur le bord du chemin, c’est la meilleure réponse aux vautours d’extrême droite et aux racistes !
    • L’argent existe, allons le chercher là où il est ! 1% de la population belge détient un quart des richesses, soit plus que 70% de la population selon Oxfam. Luttons pour l’imposition des riches, avec expropriation et nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des avoirs de ceux qui tentent de s’y soustraire. Luttons pour la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des banques et des assurances pour mobiliser les moyens nécessaires pour sortir chaque personne de la précarité et assurer l’épanouissement de toutes et tous.
    • Le capitalisme plonge de crise en crise, et entraîne dans son sillage plus de divisions, de racisme, de sexisme, de LGBTQIA+phobie et plus de violence. Les guerres, les inégalités et la crise écologique continueront à engendrer de nouveaux drames, comme ces milliers de migrants qui meurent chaque année en Méditerranée. Ce système doit être renversé pour construire une toute autre société capable d’assurer une véritable liberté de circulation pour celles et ceux qui le souhaitent tout en assurant la possibilité de construire une vie décente dans son pays d’origine. Cette société, selon nous, c’est le socialisme démocratique.
    • Dimanche 19 mars : Marche « Lève-toi contre le racisme », 13h, Esplanade Saint-Léonard (à l’initiative de la Plateforme 21/03)
    • Dimanche 16 avril : Manifestation contre le centre fermé de Vottem, 14h, Place Saint Lambert (à l’initiative du CRACPE, Collectif de résistance aux centres pour étrangers)
    • Lundi 8 mai : Rassemblement et manifestation pour commémorer la défaite du nazisme, 18h, Monument national à la résistance, Parc d’Avroy (à l’initiative du Front Antifasciste 2.0)
  • Pour une enquête indépendante sur le massacre de Melilla

    Image tirée d’une vidéo de l’organisation de défense des droits de l’homme AMDH

    Le 24 juin, au moins 37 migrants ont été tués alors qu’ils tentaient de franchir la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Des centaines de personnes ont été blessées. Beaucoup ont été écrasées entre des barrières de trois mètres de haut lorsque les gardes-frontières marocains ont utilisé des matraques et des gaz lacrymogènes contre. Des protestations ont éclaté dans tout l’État espagnol.

    Par John Hird (Alternativa Socialista, ASI dans l’État espagnol)

    Melilla est l’enclave espagnole au Maroc, et l’une des deux seules frontières terrestres entre l’Afrique et l’Europe. Les actions des forces de police, qui ont conduit à un massacre, ont été mises en lumière par les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias. Ces décès sont dus à la politique de l’Union européenne, mise en pratique par les États espagnol et marocain.

    Nous soutenons les appels des organisations de défense des droits de l’homme en faveur d’une enquête judiciaire indépendante immédiate, tant au Maroc et en Espagne qu’au niveau international, afin de faire toute la lumière sur cette tragédie. Une enquête indépendante devrait impliquer des représentants des migrants, des syndicats et des ONG.

    Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, et le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, ont honteusement loué la “coopération” de la gendarmerie marocaine et de la Guardia Civil pour mettre fin aux nombreuses tentatives des migrants de franchir la clôture de Melilla. La première réaction de M. Sánchez a été de décrire l’événement comme une opération “bien résolue”. Ce sang-froid n’est pas seulement une honte, il ignore aussi complètement la brutalité des forces espagnoles et marocaines.

    La responsabilité de ces événements n’incombe pas aux migrants qui tentent de fuir des guerres ou de terribles famines, mais à la politique européenne de fermeture des frontières, qui ne laisse d’autre choix aux migrants que de franchir les barrières, au péril de leur vie. Une partie de l’histoire officielle consiste à justifier les événements par la prétendue violence des migrants, ce qui ne correspond pas à la réalité, que ce soit dans ce cas ou à d’autres occasions.

    Les gouvernements de l’UE sont totalement hypocrites, car ils sous-traitent le contrôle des frontières à des gouvernements tels que celui du Maroc par le biais d’accords scandaleux. Il est également hypocrite de traiter les Africains si différemment de ceux qui ont dû quitter l’Ukraine. Il s’agit d’une politique de deux poids deux mesures raciste et les migrants survivants du côté espagnol de la frontière protestent contre cette situation.

    Le gouvernement marocain a agi rapidement pour dissimuler le massacre. Dans une action macabre, le week-end dernier, ils ont ordonné aux travailleurs de creuser des puits pour enterrer les victimes. L’Association marocaine des droits de l’homme (ADHM) a déclaré qu’aucune autopsie n’avait été pratiquée et que l’identité des personnes tuées lors de la tentative de saut de la clôture n’avait pas été établie.

    Du côté espagnol, 106 personnes ont été légèrement blessées, 49 agents de la Guardia Civil et 57 migrants, dont trois ont dû être transportés à l’hôpital régional. Un millier de migrants ont été arrêtés au cours de l’opération.

    Selon les informations disponibles, les victimes ont été écrasées et étouffées par la foule après avoir été piégées dans une ouverture devant la clôture, du côté marocain, où une grande masse humaine s’est formée avec les personnes qui arrivaient encore et celles qui sont tombées de la clôture.

    L’ADHM a publié une vidéo montrant des dizaines de personnes allongées sur le sol, entassées, certaines blessées, près de la clôture et gardées et battues par des policiers marocains.

    Cette tentative a été marquée par une brutalité policière généralisée, notamment du côté marocain, où des combats avaient eu lieu dans les montagnes près de Melilla les jours précédents et également près de la barrière frontalière vendredi matin.

    Les événements horribles de Melilla et l’attitude insensible de Sánchez provoquent de nouvelles tensions au sein de la coalition PSOE-UP. L’UP demande des éclaircissements et une enquête sur ce qui s’est réellement passé. Un ministre de l’UP a été empêché de s’exprimer lors d’une conférence de presse du gouvernement lorsqu’on lui a posé des questions directes sur ce qui s’est passé à Melilla.

    De nombreuses actions ont été menées dans l’État espagnol. Les gens brandissaient des banderoles avec des slogans tels que “Des papiers pour tous”, “Punir les meurtriers, pas les migrants”, “Les vies noires comptent”, “Personne n’est illégal”, “Maroc et Espagne : gendarmes meurtriers de la forteresse Europe” et “Régularisation maintenant”.

    Les organisateurs des manifestations organisées dans toute l’Espagne dénoncent à juste titre la politique migratoire actuelle, qu’ils jugent mortifère. C’est pourquoi ils ont lancé de nouvelles manifestations contre le massacre de Melilla, avec le slogan “Plus de morts aux frontières”.

    Nous rejetons la politique raciste et xénophobe de l’UE, mise en œuvre par l’État espagnol. Il s’agit d’une politique qui punit les populations subsahariennes pour le “crime” d’être pauvres et noires. Justice pour les victimes de Melilla ! Au lieu de ces conditions inhumaines, de la violence et de l’injustice, nous appelons à l’internationalisme et au socialisme dans tous les pays.

  • Sammy Mahdi (CD&V) trahit les sans-papiers : Relançons le mouvement pour préparer la riposte !


    Ce 30 novembre les sans-papiers de l’Union des sans papiers pour la régularisation (USPR) fêtaient un triste anniversaire : les 10 mois d’occupation de l’église du Béguinage. Les grévistes de la faim et leurs soutiens estiment avoir été trahis par le secrétaire d’état à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V), alors que tombent les premières décisions de l’Office des Étrangers. Sur 20 dossiers communiqués aux avocats, 5 sont déjà négatifs.

    Par Pietro (Bruxelles), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Tout en comprenant bien le profond désespoir ainsi que la frustration des sans-papiers en lutte, le PSL/LSP, notamment par le biais de ses membres sans-papiers, avait défendu dès le début que la grève de la faim n’était pas en mesure de construire le rapport de forces nécessaire pour arracher une réelle victoire. Seule la construction patiente d’un mouvement de masse en est capable.

    La question des migrations ne va pas disparaître de la scène. Les travailleurs des centres des FEDASIL ont récemment organisé 24 heures de grève pour dénoncer le manque de places et de moyens concernant l’accueil des demandeurs d’asile. La crise en Afghanistan et la réouverture des routes migratoires cet été ont de nouveau plongé le système d’accueil belge au bord du gouffre. Les pratiques de la police des frontières sont de plus en plus répressives, comme l’ont illustré les deux cas d’étudiants ressortissants étrangers arrêtés sans justification et placés en centre fermé… alors qu’ils étaient en règle ! Ils ont été libérés grâce à la solidarité et à la mobilisation des étudiants et des universités.

    Pendant ce temps, les sans-papiers restent à la merci des patrons qui profitent de leur situation pour les exploiter à des salaires de misère dans des conditions parfois dangereuses, ce qui met pression sur les conditions de travail et de salaires de toutes et tous. Fethi Mohammed, un ex-gréviste de la faim, s’est retrouvé contraint de travailler sur un chantier en dépit de ses problèmes de santé. Il est tombé d’un échafaudage et a fait une chute de 5 mètres. Il s’en sort avec plusieurs fractures et un traumatisme crânien. Le voilà le vrai visage la politique migratoire du gouvernement.

    Plusieurs initiatives se développent aujourd’hui avec la naissance de nouveaux collectifs, comme celui qui a lancé plusieurs actions autour de l’occupation de l’ancien siège de la KBC à Molenbeek. Le collectif des sans-papiers de la CSC se mobilise pour récupérer des salaires que des patrons qui exploitent les sans-papiers refusent de leur payer. L’USPR traîne l’Etat belge en justice contre les décisions négatives de l’Office des étrangers.

    Une réelle victoire exige de travailler à l’unité de ces collectifs et de leurs soutiens autour de la construction d’un plan d’action national qui accorde une grande attention au lien avec les autres mouvements de lutte, tout particulièrement syndicaux (pompiers, personnel infirmier, employés du non marchand, etc).

  • Frontière Bélarus / Pologne : Les réfugiés traités comme des animaux sur fond d’accroissement des tensions impérialistes

    Foto: Flickr/premierrp

    Déclaration commune de membres d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) de Pologne, du Bélarus, de Syrie et de Russie concernant la crise à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, alors que des milliers de réfugiés sont pris dans un no man’s land entre les deux pays, aux portes de l’Union européenne.

    Depuis des semaines, une crise se développe à la frontière entre le Belarus et la Pologne, où des milliers de réfugiés fuyant la guerre et les conflits en Syrie, en Irak, en Afghanistan, au Yémen et ailleurs sont pris dans un no man’s land entre les deux pays, à la frontière de l’Union européenne. Le 16 novembre, des affrontements ont éclaté lorsque la police polonaise a utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et peut-être même des grenades assourdissantes contre les réfugiés.

    Des milliers de gardes-frontières du Bélarus poussent les réfugiés à avancer. Deux avions à capacité nucléaire et des parachutistes russes ont été déplacés dans le pays. Du côté polonais, l’état d’urgence a été décrété dans les régions frontalières, où 15.000 soldats assurent le maintien de l’ordre avec le soutien technique de l’armée britannique. La présence britannique est perçue comme un camouflet pour l’UE, le gouvernement polonais ayant refusé l’aide de la force frontalière “Frontex” de cette dernière. La Lettonie et la Lituanie ont également envoyé respectivement 3.000 et 5.000 soldats à leurs frontières avec le Belarus et ont commencé à construire des centaines de kilomètres de clôtures en fil de fer barbelé de trois mètres de haut le long de celles-ci.

    Des conditions infernales

    Les conditions sont infernales. De nombreux réfugiés vivent dans la forêt par des températures inférieures à zéro. Ils disent ne pas avoir de nourriture et devoir boire l’eau des rivières. Les gardes-frontières bélarusses tentent de forcer des milliers de personnes à entrer dans une zone d’exclusion de 3 kilomètres de large, derrière une clôture en fil de fer barbelé établie par la police polonaise, les laissant dans les limbes du XXIe siècle. Un réfugié kurde a décrit comment les gardes biélorusses « nous frappaient avec des bâtons de bois, ils nous donnaient des coups de pied et des coups de poing, pas seulement moi mais aussi des femmes et des enfants » pour les empêcher de rentrer au Bélarus.

    Dans cette zone d’exclusion, la loi martiale est en vigueur. Les travailleurs humanitaires et le personnel de soin sont empêchés d’apporter de la nourriture, de l’eau, des vêtements, des couvertures, etc. aux réfugiés. Les journalistes ne peuvent pas non plus pénétrer dans la zone pour rendre compte de la situation, ce que le gouvernement justifie par la garantie de leur sécurité. Jaroslaw Kaczyński, chef du parti polonais “Droit et Justice”, affirme que cela est dû au fait qu’une grande partie des médias ne font que répéter la propagande de Loukachenko, alors qu’en réalité ils ne font que dénoncer la brutalité et l’illégalité des actions de l’État polonais. Bien que la zone constitue une grave violation des libertés civiles, avec des restrictions de mouvement imposées aux citoyens polonais, les autorités autorisent la chasse à l’arme à feu près de la frontière ! Cette mesure est interprétée du côté bélarusse comme un feu vert accordé à la chasse aux réfugiés.

    Un réfugié syrien qui buvait de l’eau sale et mangeait des restes d’arbres a tenté à trois reprises de repasser au Bélarus, mais il a été battu par les gardes-frontières. Il a fini par être tellement malade que la police polonaise a dû l’envoyer à l’hôpital, où il craint maintenant de revenir, car ils le renverraient dans la zone d’exclusion. D’autres rapports indiquent que les gardes-frontières polonais ont utilisé des électrochocs contre les réfugiés. Lorsque les premiers réfugiés sont morts dans les bois polonais, leurs corps ont été traînés par les gardes polonais de l’autre côté de la frontière, au Bélarus.

    Le nombre de réfugiés décédés a déjà atteint deux chiffres, et comme le temps se refroidit rapidement, il risque encore d’augmenter. Parmi eux, un nombre inconnu d’enfants. Ces enfants et leurs mères sont confrontés à des conditions particulièrement difficiles. Selon un secouriste : « La première fois que nous avons vu des enfants dans les bois, nous avons été choqués. Nous avons vu une femme accroupie en train d’allaiter un petit bébé au milieu de la nuit, et un autre enfant de trois ans debout à côté d’elle. Nous n’arrivions pas à nous sortir cette image de la tête : une femme perdue, abandonnée, allaitant son bébé avec deux enfants dans une forêt froide au milieu de nulle part. » Selon certains rapports, les femmes et les enfants sont poussés au front afin de servir de bouclier humain.

    Une crise causée par l’impérialisme

    Comme pour la crise de 2015, cette vague de réfugiés résulte de la dévastation et de la violence causées par les interventions impérialistes en Syrie, en Irak et au Yémen. Le récent retrait humiliant de l’impérialisme américain après ses vingt ans d’occupation de l’Afghanistan a laissé encore plus de personnes tentant d’échapper à l’aggravation des conditions de répression et à la menace de famine.

    La situation réelle en Syrie, par exemple, est mise en évidence par la conférence de deux jours soutenue par la Russie qui s’est tenue à Damas la semaine dernière dans le but de « faciliter le retour de millions de réfugiés syriens » dans le pays. De nombreux pays ont refusé d’y participer tandis que l’Union européenne a déclaré que « la situation en Syrie n’était pas encore sûre pour les retours ». L’intervention russe à Idlib a créé une crise des réfugiés dans cette ville, tandis que la Turquie a créé des problèmes dans d’autres régions du nord de la Syrie. L’impérialisme occidental et le gouvernement Assad ont réussi à créer des réfugiés dans tout le pays.

    Là où il y a la guerre, il y aura toujours des réfugiés, en particulier ceux qui tentent d’éviter les combats. Certaines oppositions syriennes qui se rangent aujourd’hui du côté de la contre-révolution affirment que les réfugiés actuellement bloqués à la frontière ne devraient pas être aidés car ils n’ont pas participé à la lutte contre Assad. Nous rejetons l’argument selon lequel les réfugiés ne méritent pas d’être aidés parce qu’ils n’ont pas rejoint l’opposition à Assad. Beaucoup de ceux qui ne l’ont pas fait étaient motivés par leur méfiance à l’égard des islamistes de droite et des autres forces réactionnaires de l’opposition. Il s’agit d’une crise humanitaire qui exige une solution reposant sur l’unité des travailleurs et des pauvres.

    L’impérialisme et l’UE en particulier n’ont pas cherché à résoudre la catastrophe humanitaire, mais à empêcher les réfugiés d’atteindre l’Union européenne. En essayant de s’échapper, les réfugiés ont été victimes de l’exploitation pure et simple du système capitaliste lui-même. Des profiteurs sans scrupule ont vu le jour et proposent des visas et des voyages à des prix exorbitants.

    Un groupe de Syriens a remis 5.000 dollars chacun à un “intermédiaire” de Damas pour un voyage organisé censé inclure un séjour de dix jours dans un hôtel de Minsk. Une fois au Bélarus, leur contact a coupé toute communication avec eux. “Ce salaud nous a menti”, a commenté l’un d’eux. “Il avait promis un hôtel pour dix jours, mais dix d’entre nous se sont retrouvés entassés dans une minuscule chambre à côté d’un bordel pour seulement trois nuits. Et maintenant, il ne répond plus au téléphone.” Les hôtels font payer des milliers de dollars pour rester – comme l’a commenté un administrateur d’hôtel : “C’était très calme pendant la pandémie. Les touristes ne venaient plus, mais maintenant c’est occupé tous les jours. C’est bon pour les affaires”. Les taxis facturent des centaines de dollars pour les trajets vers la frontière.

    Mais d’autres ne voient pas cette crise humanitaire comme une source de profit. Du côté polonais de la frontière, des familles sont prêtes à nourrir et à réchauffer des réfugiés désespérés. Ces derniers mois, des villes et des régions allemandes, comme Munich, ont déclaré qu’elles étaient prêtes à accueillir des réfugiés d’Afghanistan. Loukachenko en profite pour dire qu’il peut organiser un vol direct pour les réfugiés vers Munich. Ceux qui sont arrivés en Allemagne après la crise précédente n’ont cependant pas trouvé la vie facile. Seule la moitié d’entre eux ont obtenu un emploi, une situation aggravée par la pandémie, tandis que beaucoup ont été victimes d’attaques xénophobes.

    L’Europe forteresse

    Néanmoins, ces tentatives d’aide contrastent fortement avec l’approche des responsables européens, qui se concentrent sur le renforcement de la “forteresse Europe”. Lorsqu’en 2015, le Hongrois Viktor Orban a construit un mur pour empêcher les réfugiés d’entrer en Hongrie, la sympathie massive du public pour les réfugiés a obligé l’UE à le critiquer. Aujourd’hui, les gouvernements européens soutiennent ouvertement le financement commun des murs et clôtures extérieurs. La longueur des murs frontaliers prévus en Europe de l’Est a déjà atteint 1200 kilomètres, soit huit fois la longueur du célèbre mur de Berlin !

    Les réfugiés se retrouvent au milieu du conflit entre les puissances impérialistes. À un certain niveau, il s’agit d’une guerre des mots. Le président bélarusse Loukachenko accuse l’Occident de mener une “guerre hybride” contre son pays, une affirmation reprise par le gouvernement polonais à son encontre, tandis que les dirigeants européens l’accusent de “militariser” la crise. Voilà qui agace les réfugiés : ils nient être des “armes”, ils sont, disent-ils, des êtres humains “ici pour vivre, pas pour se battre.” Les régimes des deux côtés de la barrière traitent les réfugiés comme s’ils n’avaient aucun droit, comme un problème à résoudre. Mais les réfugiés eux-mêmes doivent avoir leur mot à dire sur leur propre avenir.

    Cette crise reflète les contradictions qui se développent au sein même de l’Union européenne. Le gouvernement polonais de droite populiste et anti-immigrés a récemment fait adopter par sa Cour constitutionnelle une décision déclarant que les lois polonaises l’emportent sur celles de l’Union européenne.

    Mais en ce qui concerne le différend frontalier, l’UE soutient pleinement la position anti-immigration du gouvernement polonais et les tentatives de la police polonaise de repousser les migrants vers le Belarus. Cette attitude est en contradiction directe avec le droit international et avec la politique d’asile récemment modifiée de l’UE, qui promet une décision rapide sur le statut de réfugié et un processus d’examen préalable à l’entrée. Cela ne devrait pas être une surprise car l’UE a déjà soutenu le refoulement des réfugiés qui tentent de traverser la Méditerranée ainsi que dans ses négociations avec le président turc Erdogan. L’UE n’est pas gouvernée, comme elle le prétend, par des “valeurs humanitaires”, mais utilise les réfugiés comme des pions dans sa lutte de pouvoir avec Lukashenko et Poutine. Elle est également tout à fait consciente de la nature antidémocratique et de plus en plus autoritaire du gouvernement polonais, mais est tout à fait heureuse de fermer les yeux sur ce fait, car le régime fait son “sale boulot”.

    Le chantage de Loukachenko

    Il ne fait cependant guère de doute que le président autoritaire du Belarus, Alexandre Loukachenko, a alimenté la crise. Les “agences touristiques” qui ont encouragé les réfugiés à se rendre au Bélarus bénéficient d’un soutien officiel et utilisent même une procédure de demande de visa simplifiée. Nombre d’entre eux se sont rendus à Minsk sur des vols de la compagnie aérienne publique Belavia, bien que celle-ci ait annoncé qu’elle ne transporterait pas de passagers en provenance d’Irak, de Syrie et du Yémen. Une fois à Minsk, les réfugiés ont été aidés à se rendre à la frontière et les troupes bélarusses auraient utilisé des lasers et des stroboscopes pour distraire les gardes polonais lorsque les réfugiés tentaient de passer.

    La crise sert en partie de diversion aux problèmes réels de la société bélarusse après le soulèvement de l’année dernière contre Loukachenko. Après l’échec du mouvement visant à le destituer, une répression massive s’est abattue sur le Belarus. Des milliers de militants de l’opposition ont été arrêtés, d’autres ont été licenciés et beaucoup ont fui à l’étranger, dans des pays comme la Pologne et la Lituanie. Le caractère de Loukachenko est tel qu’il voit clairement dans cette situation une occasion de se venger de la Pologne et de l’UE pour leur soutien à l’opposition bourgeoise libérale qui était à la tête des manifestations de l’année dernière. Mais il s’en sert également pour faire pression sur l’UE afin qu’elle lève les sanctions qu’elle a imposées, avec l’argument que si l’UE prend de nouvelles mesures, il déclenchera une vague de réfugiés. Ses actions actuelles ont l’avantage supplémentaire de rendre les frontières du Belarus plus difficiles à franchir pour les opposants qui tentent d’échapper à sa colère.

    Le soutien de la Russie

    Si derrière la Pologne se tient l’UE, derrière le Belarus se trouve la Russie. Les tensions entre les puissances impérialistes ont augmenté de façon spectaculaire ces derniers mois. En juillet, un avion russe a même largué quatre bombes pour faire dévier un navire britannique de sa route en mer Noire. Les disputes se poursuivent au sujet de l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe, et l’Allemagne a de nouveau refusé de certifier le gazoduc NordStream 2. L’OTAN, le chef de la CIA et de hauts responsables britanniques, ainsi que le secrétaire d’État américain Antony Blinken, se livrent à des manœuvres au sujet de la menace que représente la Russie pour l’Ukraine, des déclarations que le Kremlin utilise pour attiser le sentiment anti-occidental dans le pays.

    Le Kremlin a démontré à plusieurs reprises qu’il était prêt à lancer des attaques militaires pour détourner l’attention des problèmes intérieurs. Ceux-ci sont actuellement nombreux. Le pays a connu une quatrième vague dévastatrice de la pandémie avec l’un des taux de mortalité les plus élevés au monde, tandis que l’économie et le niveau de vie stagnent. Toutefois, à l’heure actuelle, les coûts militaires, économiques et sociaux d’une attaque contre l’Ukraine seraient trop importants pour que le Kremlin prenne un risque inutile. Il préférerait plutôt utiliser son renforcement militaire actuel à la frontière ukrainienne et son soutien à Loukachenko pour faire pression sur l’Occident dans l’espoir de l’empêcher de prendre de nouvelles mesures.

    Dans le même temps, le processus visant à résoudre le conflit gelé dans l’est de l’Ukraine n’a pas progressé. Le président ukrainien populiste Volodymyr Zelinskiy a vu sa cote de popularité tomber à des niveaux records et son soutien au sein de l’élite dirigeante s’effriter. Il a promis de résoudre le conflit avec les deux républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk d’ici la prochaine élection présidentielle, en 2024, et les faucons ukrainiens le poussent à provoquer la Russie dans une confrontation militaire. L’instabilité de la région est démontrée une fois de plus par une nouvelle série de combats autour du Haut-Karabakh cette semaine.

    De la même manière, la Russie ne veut pas que Loukachenko aille trop loin dans son conflit avec l’Occident, surtout si cela affecte l’économie russe. Lorsque Loukachenko a menacé de couper l’approvisionnement en gaz de l’Europe, le Kremlin a rapidement dénoncé cette menace. La crainte du Kremlin est que Loukachenko se soit créé un problème, qu’il ne puisse faire marche arrière dans cette confrontation sans perdre la face. Comme l’a dit Lukashenko lors d’une réunion du gouvernement : “Ils nous font peur avec les sanctions. Bien, voyons voir. Ils pensent que je plaisante, que j’agite ma langue. Il n’en est rien. Nous allons nous défendre. C’est tout, nous n’avons nulle part où nous retirer”.

    Si Loukachenko perdait la confrontation et que l’opposition libérale se renforçait, la Russie pourrait même être contrainte d’intervenir au Belarus même.

    Nos revendications

    Comme la plupart des crises qui frappent actuellement le monde, celle-ci est complexe, intensément internationale et, à la base, causée par le capitalisme et les conflits impérialistes. Pour mettre fin à la crise actuelle, nous avons besoin de solidarité et d’organisation pour exiger

    • La fourniture immédiate de nourriture, de vêtements, d’abris et de services médicaux pour toutes les personnes actuellement piégées à la frontière ;
    • La liberté pour les journalistes de faire des reportages dans la région, y compris dans la zone frontalière et avec la réintégration de tous les journalistes licenciés par le régime bélarusse ;
    • Le retrait des gardes-frontières, des troupes et de la police des deux côtés de la frontière et la levée de la zone d’exclusion, afin de permettre aux organisations humanitaires d’aider les réfugiés et de gérer leur passage en toute sécurité vers un abri et un endroit chaud ;
    • Un soutien international organisé et contrôlé par les syndicats, les organisations de réfugiés et de défense des droits de l’homme, ainsi que par les réfugiés eux-mêmes et la population locale pour organiser et contrôler le processus de démilitarisation de la région frontalière et gérer l’aide aux réfugiés ;
    • L’acceptation immédiate de ces réfugiés dans l’Union européenne, avec l’examen rapide de toutes les demandes d’asile et l’octroi du statut de réfugié ou d’autres statuts légaux, permettant de voyager sans entrave vers le pays de leur choix ;
    • La fourniture de logements et d’emplois stables, l’accès à l’éducation et aux soins de santé pour tous.

    Il s’agit toutefois de revendications qui répondent aux problèmes immédiats de ceux qui souffrent à la frontière bélarusse/polonaise.

    Nous rejetons toute tentative de dresser les réfugiés contre la population locale. L’argent utilisé pour l’appareil militaire et policier afin de “sécuriser” les frontières devrait plutôt être utilisé pour assurer la sécurité des réfugiés. Les profits réalisés par les compagnies pétrolières et les fabricants d’armes grâce aux conflits au Moyen-Orient devraient être récupérés et utilisés pour reconstruire les économies de cette région.

    La richesse des riches en Europe et dans le monde, générée par l’exploitation des pays plus pauvres et de la classe ouvrière dans le monde, devrait être utilisée au profit de tous. Nous comprenons que ce n’est pas une solution “facile” – mais c’est la seule vraie solution car, sans une transformation économique et sociale radicale de ces pays, aucune frontière, aucune police, aucun fil barbelé ne suffira à empêcher les réfugiés désespérés de tenter de s’enfuir.

    Les sanctions actuellement utilisées par l’impérialisme américain et européen contre les régimes autoritaires du Bélarus, de Russie, de Syrie et d’Irak sont inefficaces, nuisent au niveau de vie des travailleurs et des jeunes, tout en affectant à peine l’élite dirigeante. Elles permettent aux régimes de dépeindre le pays comme étant politiquement “assiégé” par les gouvernements occidentaux, tout en rejetant les difficultés économiques sur les sanctions elles-mêmes. Des sanctions efficaces commenceraient par l’ouverture des comptes des riches et de l’élite dirigeante de ces pays pour révéler qui sont leurs amis et collaborateurs dans d’autres pays, avec l’expropriation de leurs richesses. Cela ne sera possible que par l’action indépendante du mouvement ouvrier mondial.

    En effet, une lutte plus large de la classe ouvrière basée sur la solidarité internationale est nécessaire contre les causes profondes de cette crise – contre le régime autoritaire d’Aleksander Lukashenko au Bélarus et le gouvernement réactionnaire “Droit et Justice” en Pologne, ainsi que contre les politiques impérialistes des États-Unis, de l’UE, de la Russie et d’autres pays qui ont provoqué la catastrophe dans des pays comme la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan et le Yémen – en d’autres termes, une lutte contre le capitalisme mondial et pour une société socialiste internationale et démocratique.

  • Crise climatique, impérialisme et oppression


    Comme nous le savons, les conséquences de la catastrophe climatique affecteront tout le monde, mais ce sont les communautés les plus pauvres et la classe ouvrière, en particulier dans les pays les plus pauvres, qui supporteront le plus lourdement le poids de cette situation désastreuse. Il s’agit là d’une caractéristique fondamentale de l’impérialisme moderne, où les grandes puissances capitalistes mondiales se disputent des ressources qui s’amenuisent avec peu voire aucune considération pour la vie humaine ou la planète.

    Par Pedro Meade (Brésil), article issu de la brochure « Le capitalisme assassine la planète » éditée par Alternative Socialiste Internationale.

    Pour maintenir un flux constant de profits, elles doivent également maintenir un système d’influence en exploitant des pays et des continents entiers et en opprimant leurs populations. Aujourd’hui, alors que les relations interimpérialistes mondiales sont de plus en plus dominées par une nouvelle guerre froide entre le capitalisme chinois et les États-Unis, nous devons examiner comment l’exploitation et l’oppression impérialistes ont accéléré les crises climatiques et environnementales tout en laissant la classe ouvrière et les personnes opprimées en subir les conséquences.

    Lors de la campagne électorale brésilienne de 2018, Jair Bolsonaro, qui n’était alors encore qu’un candidat, a déclaré : « Si je deviens président, il n’y aura pas un centimètre de plus de terres indigènes ». Ce n’était ni la première ni la dernière fois qu’il tenait des propos similaires et, depuis qu’il est président, il a pesé de tout son poids pour réduire à néant la démarcation des terres des communautés indigènes et autres communautés traditionnelles, tout en encourageant les invasions violentes de ces terres par les bûcherons, les mineurs et les accapareurs de terres.

    Le pillage impérialiste

    Il affirme que la raison pour laquelle ces communautés ne méritent pas d’avoir leurs propres terres sous leur contrôle est qu’elles « entravent le progrès » et que la richesse supposée en minéraux et autres ressources trouvées sur ces terres est « gaspillée ». Bien entendu, ce qu’il entend par « progrès », c’est l’ouverture de ces terres aux entreprises étrangères pour qu’elles exploitent et exportent tout ce qu’elles pourraient y trouver, sans tenir compte du fait que les territoires indigènes sont les îlots les mieux préservés d’écosystèmes plus sains dans une mer de déforestation et de destruction.

    Cette situation n’est pas nouvelle en Amérique latine, ni d’ailleurs dans la plupart des pays du « Sud » (terme communément utilisé pour désigner les pays qui ont souffert du sous-développement dû à la domination impérialiste). Pendant des siècles, la classe dirigeante locale a fait tout ce qu’elle pouvait pour accommoder les multinationales ou les puissances impérialistes afin de pouvoir extraire les ressources avec une main-d’œuvre bon marché ou tout simplement esclave. Toutefois, ce processus s’intensifie aujourd’hui, car les ressources deviennent de plus en plus rares et la concurrence entre les puissances impérialistes s’intensifie.

    En Afrique, les opérations minières chinoises ont contesté la domination des entreprises nord-américaines et européennes, en investissant massivement dans des pays tels que la Zambie et la République démocratique du Congo pour s’assurer des sources de cuivre, de lithium et de cobalt. Ces investissements touchent toutefois rarement la population locale, qui souffre d’un manque d’infrastructures et de terribles conditions de travail, et fait parfois appel au travail des enfants.

    Gyekye Tanoh, responsable de l’unité d’économie politique du Third World Network-Africa basé au Ghana, a récemment publié des données de la Banque du Ghana qui montrent que, « sur les 5,2 milliards de dollars d’or exportés par des intérêts miniers étrangers depuis le Ghana [de 1990 à 2002], le gouvernement n’a reçu que 68,6 millions de dollars [en] redevances et 18,7 millions de dollars en impôts sur les sociétés. » En d’autres termes, le gouvernement a reçu au total moins de 1,7 % des recettes mondiales provenant de son propre or.

    L’industrie aurifère est en soi un symbole du gaspillage des ressources et de la destruction de l’environnement par le capitalisme. Aujourd’hui, jusqu’à 80 % de l’or nouvellement extrait ou recyclé est utilisé pour la fabrication de bijoux, un produit qui n’a en réalité que peu ou pas de valeur d’usage.

    L’exploitation minière et forestière et l’accaparement des terres accélèrent la destruction du climat

    L’exploitation minière a toujours un effet plus ou moins dévastateur sur l’environnement, la destruction évidente causée par le processus d’extraction étant renforcée par l’empoisonnement des réserves d’eau par les écoulements toxiques. Ce phénomène est encore amplifié par les accidents, ce qui devient de plus en plus courant avec la vente des entreprises d’extraction publiques et la dégradation des normes de sécurité par les entreprises privées. On en a vu les résultats en 2019, lorsqu’un barrage de résidus à Brumadinho, au Brésil, s’est effondré, libérant 12 millions de mètres cubes de boue toxique qui ont tué 270 travailleurs et riverains et empoisonné les rivières environnantes, détruisant des écosystèmes délicats et uniques et privant les pêcheurs locaux de leurs moyens de subsistance.

    Outre les activités minières, l’exploitation forestière et l’accaparement des terres détruisent de vastes zones de forêts et d’écosystèmes. Les incendies de forêt massifs que l’on observe en Amérique latine pendant les saisons sèches font généralement partie des dernières étapes du « nettoyage » des zones qui seront revendiquées illégalement. Ces dernières années, les records d’ampleur et de durée de ces incendies n’ont cessé d’être battus. Parfois, des incendies sont allumés délibérément dans des zones de conservation, avec la logique simple et brutale qu’une fois que les incendies ont détruit tous les exemples uniques de biodiversité, il n’y a plus de raison de préserver la zone et les autorités peuvent la vendre. Ces terres sont ensuite utilisées pour d’immenses plantations de soja et d’autres cultures de ce type, ou pour d’énormes élevages de bétail destinés à l’industrie de la viande et des produits laitiers, qui sont tous principalement exportés. Il en résulte que des pays produisent et exportent d’énormes quantités de nourriture alors que la faim fait constamment plus de ravages.

    L’Amazonie, un champ de bataille essentiel

    La forêt amazonienne est devenue un champ de bataille clé pour différents intérêts impérialistes. Les États-Unis ont depuis longtemps un intérêt direct dans son écosystème, non seulement en raison de ses ressources mais aussi de son importance stratégique. Depuis les incendies, d’autres pays comme la France ont utilisé un vernis écologique pour menacer d’intervenir dans la région, ce qui a conduit les États-Unis à resserrer leurs liens avec les gouvernements locaux et même à envoyer l’ex-secrétaire d’État Mike Pompeio en visite.

    La destruction de ces forêts a d’autres conséquences, outre la destruction de la faune et des communautés indigènes locales. Certaines parties de l’Amazonie produisent désormais plus de CO2 qu’elles n’en absorbent, en raison des incendies et de l’activité humaine. Il y a également un impact direct sur la disponibilité de l’eau douce, car les « rivières aériennes géantes » constituées de vapeur d’eau libérée dans l’atmosphère par les arbres qui se dessèchent, entraînent une réduction des précipitations dans d’autres parties de la région ainsi que dans le monde. Les sécheresses sont de plus en plus fréquentes, entraînant une raréfaction de l’eau et de la production alimentaire, notamment en Afrique et en Amérique latine. Le Brésil et l’Argentine sont confrontés à des sécheresses massives, les réservoirs des États du sud du Brésil s’asséchant et entraînant la possibilité très réelle de pannes d’électricité, la majeure partie de l’énergie du pays étant produite par des centrales hydroélectriques.

    De nouvelles guerres de l’eau ?

    Nous assistons déjà à des conflits concernant les droits sur l’eau, tant au niveau local qu’à plus grande échelle. Les communautés ont dû se battre pour l’accès à l’eau, qui a généralement été volée par des entreprises privées. Cela a conduit à un soulèvement des agriculteurs pauvres dans la « guerre de l’eau » contre la privatisation de l’eau à Cochabamba en Bolivie au début des années 2000, dans le cadre d’une vague révolutionnaire qui a secoué le pays. Mais nous voyons aussi l’État et le secteur privé travailler ensemble pour sécuriser les réserves d’eau douce avant que les concurrents ne le fassent.

    La majeure partie de l’eau douce de la planète provient des glaciers de montagne, qui fondent aujourd’hui à un rythme accéléré, d’où la course pour sécuriser ces « châteaux d’eau ». Une raison importante de l’occupation continue du plateau tibétain par la Chine est de sécuriser ces approvisionnements. Le conflit frontalier avec l’Inde, qui s’est dramatiquement aggravé, est à considérer dans ce contexte.

    Bien entendu, cette ruée vers l’eau n’est pas destinée à assurer le bien-être des milliards de personnes qui en sont encore privées, mais à garantir un approvisionnement régulier pour l’industrie et l’agriculture à grande échelle. Un récent rapport de l’OMS et de l’Unicef estime qu’en 2020, 46 % des personnes dans le monde n’auront toujours pas accès à des services d’assainissement gérés de manière sûre et qu’une personne sur quatre n’aura pas d’eau potable traitée de manière sûre à son domicile. Dans la plupart des pays du « sud global », c’est déjà la réalité au sein des nombreux favelas et bidonvilles qui ont toujours été confrontés à ce manque d’infrastructures. C’est particulièrement le cas pour les personnes de couleur et les femmes, qui vivent et travaillent plus souvent dans ces zones, ce qui entraîne une augmentation des problèmes de santé et des maladies, comme nous l’avons encore constaté durant la pandémie actuelle.

    Les plus pauvres en subissent les conséquences

    Ce sont ces communautés qui subissent les conséquences du pillage impérialiste. Non seulement les milliards gagnés grâce à l’extraction des ressources passent au-dessus de leur tête, mais en plus elles subissent des réductions de salaire, l’érosion de leurs droits et la privatisation des infrastructures. La pandémie a révélé l’ampleur de ces attaques, notamment dans le secteur de la santé, mais aussi des infrastructures sanitaires et dans l’éducation. Les femmes, et surtout les femmes de couleur, subissent les pires conséquences. Elles sont touchées de manière disproportionnée par les pertes d’emploi et sont également plus exposées aux maladies car elles sont les principales pourvoyeuses de soins pour les familles. L’insécurité alimentaire, associée à l’utilisation généralisée de pesticides, dont beaucoup sont interdits dans l’UE et aux États-Unis, ne fait qu’aggraver les problèmes de santé, ainsi que la pollution atmosphérique dans de nombreuses mégalopoles.

    La vente et la réduction des coûts des infrastructures signifient également que ces communautés auront beaucoup plus de mal à faire face à des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus nombreux et mettront plus de temps à se rétablir chaque fois qu’une catastrophe se produira. Des pays comme Haïti sont frappés par des tempêtes tropicales plus fortes et plus fréquentes, mais ils ne disposent pas des ressources nécessaires pour faire face aux conséquences après des siècles de pillage impérialiste.

    Il n’est pas surprenant que ces communautés soient donc à la pointe de la lutte contre cette dévastation, notamment les femmes. En 2019, dans le cadre d’une explosion des luttes dans le monde, les mouvements indigènes en Équateur ont mené la lutte contre les politiques néolibérales. Au Chili et plus récemment en Colombie, la jeunesse, avec les jeunes femmes en tête, s’est soulevée contre les attaques et les gouvernements ayant une longue histoire de soutien américain. C’est le mouvement des travailleurs indigènes en Bolivie, en faisant grève et en utilisant des barrages routiers, qui a réussi à renverser le coup d’État soutenu par les États-Unis dans le pays en 2020, et en ce moment même, les femmes indigènes au Brésil sont en première ligne contre les attaques de Bolsonaro contre leurs droits, l’environnement et leurs terres.

    Ces exemples – ainsi que les énormes grèves des agriculteurs indiens contre la tentative du gouvernement Modi d’amoindrir les réglementations et d’ouvrir le marché aux grandes entreprises ou encore la grève nationale indonésienne de 2020 contre les attaques contre la classe ouvrière et les protections environnementales – montrent la voie à suivre : résister aux profits capitalistes et impérialistes qui dévastent le monde. La nouvelle guerre froide entre la Chine et les États-Unis aura de vastes répercussions non seulement sur la géopolitique, mais aussi sur l’environnement. Leur lutte pour la suprématie sera payée par la destruction des écosystèmes du monde et de la vie des pauvres et des travailleurs. Nous devons nous assurer que la lutte pour le climat soit aussi une lutte contre l’oppression et l’exploitation. C’est la seule façon de vaincre l’impérialisme et de détruire enfin ce système barbare, en le remplaçant par un socialisme durable, sans exploitation ni oppression.

  • [PHOTOS] Manifestation WE ARE BELGIUM TOO pour la régularisation des sans-papiers

    Photo : James

    Nous étions 3000 hier dans les rues de Bruxelles pour réclamer la régularisation des sans-papiers à l’appel de la Coordination des sans-papiers et de multiples organisations, notamment syndicales !

    Le combat des sans-papiers contre les conditions de vie désastreuses auxquelles les condamne le statut d’illégaux ne connaît pas de répit. En 2020, ils ont été les premiers à sortir la lutte sociale du confinement. Les occupations politiques ont imposé leur combat au-devant du débat public. Mais la politique inhumaine mené par le gouvernement, a poussé les sans-papiers à entamer une grève de la faim. Face à ces circonstances dramatiques et aux mobilisations en soutien aux grévistes, Sammy Mahdi (CD&V) n’a cessé de répéter qu’il n’y aurait pas de régularisation collective ou d’exception. Finalement, un « accord » a été trouvé reposant uniquement sur des procédures individuelles, sans aucune certitude de régularisation.

    Le PSL/LSP continue à participer à la construction du mouvement tout en soulignant qu’une réelle victoire exige d’élaborer un plan d’action national qui se lie aux autres mouvements des jeunes et des travailleur.euse.s.

     

    • Régularisation immédiate et permanente de toutes les personnes sans-papiers!
    • Jamais plus d’impunité policière ! Stop à la criminalisation des sans-papiers !
    • Des solutions sociales pour les problèmes sociaux: il faut des investissements publics massifs dans l’enseignement, les soins de santé, les logements sociaux et la création d’emplois décents.
    • Pour un salaire minimum de 14€/h pour toutes et tous. Répartissons le travail disponible en commençant par la semaine des 30h sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et diminution de la charge de travail.
    • Malcolm X a dit : “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme”. Renversons le système capitaliste, un système d’exploitation économique qui sacrifie les intérêts de la majorité pour les profits d’une infime élite. Pour un monde socialiste, respectueux de notre environnement qui met fin aux guerres, à la misère et à l’exploitation !

    Photos de James et Els :

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  • Après la grève de la faim, reconstruire la lutte pour la régularisation par la solidarité


    Le combat des sans-papiers contre les conditions de vie désastreuses auxquelles les condamne le statut d’illégaux ne connaît pas de répit. En 2020, ils ont été les premiers à sortir la lutte sociale du confinement. Les occupations politiques ont imposé leur combat au-devant du débat public. Mais la politique inhumaine mené par le gouvernement, a poussé les sans-papiers à entamer une grève de la faim. Face à ces circonstances dramatiques et aux mobilisations en soutien aux grévistes, Sammy Mahdi (CD&V) n’a cessé de répéter qu’il n’y aurait pas de régularisation collective ou d’exception. Finalement, un « accord » a été trouvé reposant uniquement sur des procédures individuelles, sans aucune certitude de régularisation.

    Critères claires et permanents ?

    Environ 150.000 personnes vivent sans papiers en Belgique. Leur régularisation est soumise à l’arbitraire le plus total. Des critères de régularisation clairs et permanents sont insuffisants. Établir une liste de critères signifie automatiquement que des personnes n’y correspondront pas. Sur quelle base reposerait l’exclusion ? Toute personne forcée à quitter son pays et à tout laisser derrière elle pour entamer un voyage dangereux, long et incertain doit avoir le droit de se construire une vie digne, qu’elle soit partie à cause de la guerre, de la famine, de la répression ou du manque de perspective économique. Nous attaquer également nous en prendre à la source du problème. Personne ne fuit par plaisir. Ce sont les ravages et les pillages causés par les multinationales dans le monde néocolonial qu’il faut combattre, pas les victimes de ces dernières.

    Tant qu’il existera des personnes « illégales » soumises à l’exploitation la plus brutale, cela représentera une pression sur les salaires et conditions de travail de toutes et tous. Régulariser tous les sans-papiers est dans l’intérêt de tous les travailleur.euse.s. Nous soutenons la revendication syndicale qui exige de donner un permis de travail aux travailleur.euse.s sans-papiers et de protéger chaque personne désireuse de porter plainte contre un patron qui les exploite ou suite à des violences sexuelles. Cela renforcerait la lutte des travailleur.euse.s – avec et sans papiers – au boulot contre le dumping social, pour de meilleurs salaires ou en faveur de la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution de la charge de travail. Cela renforcerait également le combat contre les violences sexistes, racistes et LGBTQI+phobes dont les travailleur.euse.s sans-papiers sont souvent les premièr.e.s victimes.

    Construire un rapport de forces par l’unité d’action

    Le PSL/LSP continue à participer à la construction du mouvement tout en soulignant qu’une réelle victoire exige d’élaborer un plan d’action national qui se lie aux autres mouvements des jeunes et des travailleur.euse.s. Les occasions pour tisser ces liens de solidarité ne vont pas manquer dans la période à venir. La semaine dernière, plus de 15.000 travailleur.euse.s se sont mobilisé.e.s contre la loi sur les salaires alors que les prix explosent. La régularisation des personnes sans-papiers permettrait d’en finir avec leur exploitation clandestine qui participe aux pressions à la baisse sur nos salaires. Les mobilisations contre la crise climatique offrent aussi une occasion à ne pas manquer. Il suffit de considérer que, d’ici 2050, on estime que plus de 1,2 milliard de personnes seront forcées de fuir leur foyer en raison des effets de la crise climatique. La manifestation nationale pour le climat du 10 octobre constituera donc un moment crucial pour souligner l’importance de cette question.

    Cette unité d’action est nécessaire pour développer le rapport permettant d’arracher de réelles victoires. Cela n’est possible que sur base d’un programme de revendications sociales et environnementales communes. Les migrations massives de ces dernières décennies sont directement liées aux ravages et à la misère nés de l’exploitation capitaliste. C’est pourquoi le PSL/LSP lutte en faveur d’un monde sans guerre ni exploitation et respectueux de l’environnement : un monde socialiste.

    Régularisation immédiate et permanente de toutes les personnes sans-papiers!

    ● Jamais plus d’impunité policière ! Stop à la criminalisation des sans-papiers !
    ● Des solutions sociales pour les problèmes sociaux: il faut des investissements publics massifs dans l’enseignement, les soins de santé, les logements sociaux et la création d’emplois décents.
    ● Pour un salaire minimum de 14€/h pour toutes et tous. Répartissons le travail disponible en commençant par la semaine des 30h sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et diminution de la charge de travail.
    ● Malcolm X a dit : “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme”. Renversons le système capitaliste, un système d’exploitation économique qui sacrifie les intérêts de la majorité pour les profits d’une infime élite. Pour un monde socialiste, respectueux de notre environnement qui met fin aux guerres, à la misère et à l’exploitation !

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