Category: Politique belge

  • Occupation du Théâtre national : la culture et les arts sont essentiels !

    Une vague d’occupations a commencé au début du mois de mars avec l’occupation du théâtre l’Odéon à Paris. Elles s’est répandue par la suite vers 70 lieux culturels en France. La Belgique n’a pas tardé à suivre. Le Théâtre National à Bruxelles a été occupé le 19 mars à 16h par des travailleurs du secteur culturel. Au même moment, le comité de concertation reportait une fois de plus le plan « plein air », qui prévoyait des rassemblements de 50 personnes en extérieur dans le cadre d’événements culturels. L’occupation, avec le soutien du directeur du théâtre Fabrice Murgia, est là pour durer.

    Par Marisa (Bruxelles)

    La pandémie a mis en évidence que la culture et les arts sont essentiels pour l’expérience humaine. Le confinement aurait était mille fois pire sans y avoir accès via internet. Mais depuis plus d’un an, les travailleurs et travailleuses du secteur sont privés de leurs lieux de travail, de leurs rémunérations et de leurs perspectives d’avenir. Si la précarité et l’insécurité d’emploi étaient déjà les traits dominants du secteur avant la pandémie, maintenant la situation est catastrophique. En juin 2020, le secteur culturel connaissait un déficit d’activités de 22% et comptait 24% de salariés en moins par rapport à juin 2019. D’autre part, le nombre d’heures prestées a baissé de 43% en mai(1). Ces chiffres ne concernent que les salariés, sans compter tous les indépendants. Ils donnent une idée de l’ampleur des ravages.

    Parmi les nombreuses personnes qui se trouvent sans emploi, certaines disposent du statut d’artiste, certaines ont droit au chômage, certaines peuvent accéder au CPAS et certaines ne touchent rien du tout depuis le début du confinement. Des initiatives de solidarité financière entre artistes comme « SOS relief » ont été mises en place. Ceux qui ont plus des moyens partagent ce qu’ils peuvent avec ceux qui se trouvent dans le besoin. C’est un bel exemple de solidarité. Mais il expose aussi ce système cruel et incapable de répondre aux besoins de la population.

    La colère s’accumule depuis un moment et le temps de passer à l’action est arrivé. Avant l’été, des actions des travailleurs culturels ont finalement permis de débloquer quelques mesures d’aide au secteur. Ces mesures sont toutefois bien maigres. Elles n’ont pas fondamentalement amélioré les conditions de vie des gens. Seule la lutte et la construction d’un rapport de forces permet d’obtenir des victoires.

    L’occupation actuelle du Théâtre national est un acte de protestation contre la situation de précarité et de pauvreté dans laquelle se trouvent les travailleurs des arts et de la culture. C’est aussi un expression du ras-le-bol envers la honteuse gestion de la crise sanitaire par le gouvernement, l’imposition autoritaire et arbitraire de règles sans explication et le manque d’écoute face aux demandes du secteur.

    Très vite, des groupes de travail se sont mis en place pour gérer la communication, la logistique, les actions et les revendications de l’occupation. Chaque soir, les groupes de travail présentent leurs propositions dans l’assemblée générale où les décisions sont prises. Une garderie autogérée accueille les enfants pour permettre aux parents d’y participer pleinement. Une vingtaine des personnes dorment sur place chaque jour, mais pendant la journée les portes sont ouvertes de 9h à 20h à toutes les personnes qui veulent démontrer leur soutien et participer aux activités du théâtre occupé. Leur but est de tenir jusqu’à leurs demandes soient écoutées.

    Des liens ont commencé à être tissés avec d’autres mouvements. Le soutien mutuel entre le mouvement des sans-papiers et le mouvement d’occupation du Théâtre était par exemple évident lors de la journée internationale de lutte contre le racisme du 21 mars. Une action en soutien à la régularisation pour toutes et tous a eu lieu devant l’église du Béguinage, endroit où les sans papiers détiennent une de leurs occupations à Bruxelles. La solidarité envers d’autres secteurs, comme ceux de la santé, de l’horeca ou de la jeunesse se développe également.

    Une des revendications mises en avant par la presse concernant l’occupation du Théâtre national est la réouverture des lieux culturels. Mais en réalité, l’ajout d’autres revendications à celle-ci a été un des sujets les plus discutés aux Assemblées générales, assemblées par ailleurs marquées par un sentiment anticapitaliste généralisé. Finalement, trois revendications principales ont été décidées :

    • l’indemnisation immédiate de tou.te.s les travailleur.euse.s avec et sans statut, de toutes les structures subsidiées ou non, dans toute la Belgique,
    • la régularisation des personnes sans-papiers avec des critères clairs et permanents et une commission indépendante,
    • la répartition équitable des mesures sanitaires sur l’ensemble des secteurs permettant la réouverture des lieux de sociabilité et de culture et ce dans des conditions d’emploi de nos travailleur.euse.s dignes et légales.

    Ces revendications tiennent compte du fait que la troisième vague du Covid est devant nous et que la réouverture doit se dérouler dans les meilleures conditions sanitaires possibles. Pour que le public ne subisse pas de risque, il faut un investissement massif dans le matériel sanitaire, l’aménagement des lieux culturels, les tests Covid rapides, et surtout dans une campagne de vaccination ambitieuse.

    Notre santé n’est pas une priorité pour les multinationales du secteur pharmaceutique et la campagne de vaccination se plie à leurs désirs. Nous sommes en pénurie de vaccins alors que les moyens existent pour en produire en suffisance. Il est évident que le vaccin devrait être un bien public. Sa production et distribution devraient être retirées des mains du privé par la nationalisation sous contrôle et gestion de la collectivité du secteur pharmaceutique.

    Au même temps, la galère financière dans le secteur culturel est bien réelle et pose des problèmes urgents. Les aides ponctuelles ne sont pas suffisantes. Un autre mouvement du secteur culturel, Still Standing, demande des indemnités de chômage temporaire pour cause de crise du Covid-19 et le maintien du statut d’artiste. Nous soutenons certainement cela. Ce n’est pas aux artistes de se payer les uns aux autres : la sécurité sociale doit être renforcée. Il faut une prolongation et l’accessibilité au droit de statut d’artiste et une garantie de revenus pour tous les ménages. Mais la sécurité sociale, comme les services publics, a subi un démantèlement acharné pendant des décennies et cela signifie une individualisation des risques sociaux. Nous devons lutter ensemble, tous secteurs confondus, pour récupérer ce qui a été pillé.

    Une autre question se pose, à quoi ressemblera le secteur culturel et artistique après la pandémie ? La partie du secteur qui fonctionne à petite échelle, la partie la plus vulnérable, est confrontée à des fermetures et des faillites. La tendance à la monopolisation s’accélère, les géants culturels détiennent des parties de plus en plus grandes des moyens alloués et la grande majorité des artistes galère de plus en plus à faire reconnaître son travail.
    Le sujet de la rémunération du travail artistique et culturel est extrêmement sensible et important. Nous devons lutter pour des rémunérations correctes, avec de salaires décents, pendant tout le processus de création et pas seulement lors des quelques prestations. En fait, la création d’un solide service public de l’art et de la culture est nécessaire. Cela nécessiterait un plan massif d’investissements publics et permettrait la création d’emplois aux conditions de travail dignes.

    Le système capitaliste est incapable de répondre à ces besoins. Il est incapable de trouver des solutions pour résoudre les crises sanitaire, économique, sociale, écologique… Organisons-nous pour obtenir des améliorations dans l’immédiat, mais discutons aussi de la manière de planifier l’économie démocratiquement pour qu’elle soit au service des besoins de la majorité. C’est ce que nous appelons une alternative socialiste démocratique.

    1) Que pèse vraiment la culture dans l’économie? | L’Echo

  • La future loi sur les pandémies, annonciatrice de temps nouveaux ?

    La pandémie provoque des tsunamis de sueur idéologique. Gwendolyn Rutten (Open VLD) a tweeté que le vaccin devrait devenir un bien public. Egbert Lachaert (Open VLD) lui a rapidement rendu la pareille. Non pas que nous nous fassions beaucoup d’illusions sur l’éclair de lucidité de Rutten, par lequel elle exprime l’incapacité du marché à faire face à la pandémie. Pendant un an, la logique du profit et la propriété privée des moyens de production n’ont fait qu’engendrer le retard, la méfiance et le chaos. Avec de graves conséquences non seulement sur notre santé physique et mentale, mais aussi sur la stabilité économique et politique. Le Secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques Thomas Dermine (PS) a expliqué quant à lui : « La crise du coronavirus a radicalement changé un certain nombre de dogmes : nous sommes à un tournant. »

    Par Michael, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Afin de mieux faire face aux futures pandémies, le gouvernement fédéral travaille à une loi sur les pandémies proposant des mesures jusque là impensables. Cette loi d’urgence permettrait au gouvernement d’”interdire, de réglementer et de contrôler” l’importation, la production, la possession, l’utilisation et la vente de produits et d’équipements de protection individuelle et d’imposer des prix maximums. L’État lui-même pourrait fabriquer des médicaments avec des “licences obligatoires” pour créer des stocks stratégiques de médicaments et d’équipements de protection. En d’autres termes : empêcher le secteur pharmaceutique de mettre en danger l’ensemble du système car il n’a en tête que ses propres intérêts de profit.

    Un tel projet de loi va-t-il à l’encontre des intérêts du capitalisme ? Le capitalisme est régi par les intérêts de la classe capitaliste, mais cela ne signifie pas que des intérêts contradictoires n’existent pas entre capitalistes au milieu du chaos du marché. Les sociétés pharmaceutiques, par exemple, peuvent engranger des profits record aujourd’hui, mais l’économie dans son ensemble se dirige vers la dépression. De plus, la crédibilité du système et de ses représentants s’est sérieusement effritée. Lorsque la bourgeoisie et le système dans son ensemble doivent être sauvés, c’est l’État qui intervient. C’est pourquoi Marx et Engels décrivaient le gouvernement comme le comité de gestion de toute la bourgeoisie.

    Ainsi, le pouvoir que cette loi donnerait à l’État de restreindre la liberté ne changera pas le fait que les intérêts économiques primeront. La loi permettrait la fermeture d’entreprises “dont l’activité semble inutile ou nuisible”. En effet, ce ne sont pas les patrons qui ont garanti la sécurité des travailleurs… mais ce n’est pas non plus le gouvernement. Chaque mesure adoptée fut le résultat de grèves des travailleuses et travailleurs, à commencer par l’Italie. Sans contrôle démocratique assuré par la classe ouvrière, une telle loi servira donc principalement à restreindre la vie sociale plus rapidement et plus facilement, et éventuellement à réquisitionner les travailleurs, comme Maggie De Block l’avait proposé en mai dernier pour le personnel soignant. De plus, la loi peut être utilisée pour porter atteinte aux droits démocratiques.

    Une question à laquelle la loi ne répond pas non plus est celle des moyens nécessaires. La politique économique néolibérale des dernières décennies a détruit les stocks que la loi imposerait désormais. La remise en cause de la logique néolibérale d’austérité par cette loi est l’aveu d’une défaite, mais quelle serait la force d’une telle loi sans être liée à des investissements massifs dans les services publics, dans les soins de santé et dans notre sécurité sociale ?

    Le mouvement ouvrier peut utiliser la crise idéologique des responsables néolibéraux et mobiliser la rue dans la défense de ses intérêts. Non seulement en Belgique, mais dans le monde entier, les gouvernements sont sous pression pour sauver le système. En organisant sérieusement notre lutte, ils peuvent être contraints de prendre des mesures qui vont bien au-delà de ce qu’ils souhaitent. N’est-il pas apparu clairement, au cours de cette crise sanitaire que la sécurité sociale a besoin d’être refinancée? N’est-il pas clair aujourd’hui que des secteurs clés tels que l’industrie pharmaceutique doivent être placés sous le contrôle démocratique de la collectivité?

    En nous opposant à la logique de profit dans sa totalité, nous pourrons prendre de réelles mesures d’urgence face à la crise sanitaire, à la crise écologique et à la crise sociale. Seule une économie démocratiquement planifiée, contrôlée par les travailleurs pourra utiliser les ressources et le savoir-faire disponibles pour satisfaire en permanence les besoins de la majorité.

  • La crise sanitaire fait voler en éclat la doctrine libérale… Même Gwendolyn Rutten l’admet !

    Fin janvier, Gwendolyn Rutten, ancienne présidente de l’Open VLD, a déclaré que “Les vaccins contre le Covid-19 devraient être un bien public. Pas de brevets, pas de monopoles. Au lieu de diviser les sociétés: partager le savoir, l’ouvrir, le rendre meilleur. L’ouverture comme réponse aux frustrations, aux confinements et au coût en vies humaines.” Visiblement, l’orthodoxie néo-libérale commence à être difficile à justifier publiquement…

    Par un travailleur du secteur pharmaceutique

    De son côté, Maxime Prévot, capitaine du navire en perdition cdH, déclarait début février que “Même au plus fort d’une crise sanitaire mondiale, les intérêts économiques continuent à prendre le dessus, c’est inacceptable. Il y a une vraie capacité de mobilisation d’outils de production. […] On a été capables de mobiliser des milliards pour les banques en 2008 – et c’est légitime –, on doit mobiliser le réseau pharmaceutique aujourd’hui.”

    Cela constitue une reconnaissance des limites du capitalisme et de l’anarchie du marché privé. Mais ne prenons pas ces vessies pour des lanternes. Leur objectif fondamental reste d’assurer la survie du système capitaliste et de la soif de profits des grandes entreprises. Mais face à la crainte que la crise ne mette leur système à nu et que les contradictions de celui-ci s’aiguisent jusqu’à un point politiquement et socialement intenable, de nombreux capitalistes se tournent vers leur État.

    Les grandes entreprises traversent la crise comme un cocaïnomane invité à une soirée chez Pablo Escobar. Pfizer estime par exemple que son vaccin covid atteindra les 15 milliards de dollars de ventes en 2021. Beaucoup de travailleurs sont indignés par cela et c’est bien normal. Soyons cependant clairs : tant que les actionnaires restent au pouvoir, rien ne sera fondamentalement solutionné.

    Le vaccin devrait certes être un bien public. Malheureusement, si un profit ne peut en être tiré, cela intéressera beaucoup moins les actionnaires de Big pharma et nous ne serons pas plus avancés. Faisons du vaccin un bien public et donnons-nous les moyens de le produire: nationalisons le secteur pharmaceutique, de la recherche à la production. Organisons une campagne de vaccination ambitieuse et utilisons les gigantesques profits du secteur pour financer les soins de santé et les services publics.

  • Taxe kilométrique à Bruxelles : Une écotaxe injuste pour les travailleurs

    La taxe kilométrique « SmartMove » déposée par le gouvernement bruxellois (PS-Ecolo-Défi-OpenVld-Sp.a-Groen) en décembre dernier pour entrer en vigueur en 2022 a fait couler beaucoup d’encre. En l’absence d’alternative crédible à la voiture pour se rendre au travail, la note sera très salée, navetteur ou non : entre 180 et 2.000€ par an selon la FGTB-Bruxelles. Même l’étude commandée par le gouvernement bruxellois parle d’un impact financier négatif pour absolument toutes les catégories.

    Par Boris (Bruxelles)

    SmartMove renoue avec la tradition des écotaxes socialement injustes présentées comme étant progressistes. Elle viserait les plus hauts revenus puisqu’elle revient plus cher pour les grosses cylindrées ? Faux. Cette taxe ne représente pas grand-chose pour les plus riches qui souhaitent se balader en grosse cylindrée ou en voiture de luxe. En réalité, plus les revenus sont faibles, plus cela est proportionnellement douloureux. Quant aux Bruxellois, l’abolition de la taxe de mise en circulation et de la taxe de circulation ne compenseront pas les nouveaux frais. L’autre moitié des travailleurs à Bruxelles, les navetteurs, sera doublement taxée : via leur lieux de travail et via leur domicile.

    SmartMove vise à changer les comportements automobiles de manière à diminuer le nombre de kilomètres parcourus par des véhicules à Bruxelles de 7,7%, dont une diminution de 11% en heure de pointe pour réduire les embouteillages de 30%. Le rapport précise que cette baisse serait principalement réalisée par des Bruxellois et non des navetteurs. Les métros et les trams ne sont-ils pas déjà bondés en heure de pointe ? Des investissements sont prévus à la Stib, mais ils sont largement insuffisants pour répondre aux nouveaux besoins d’un réseau déjà saturé. Pour les navetteurs, aucune alternative crédible en vue non plus. La fin des travaux du RER n’arrivera pas avant 2031. Faute d’investissements publics massifs dans l’infrastructure et le transport public, l’objectif de passer de 20% à 40% de navetteurs utilisant les transports en commun en 2030 est un rêve.

    SmartMove bénéficierait aux Bruxellois les plus pauvres puisqu’ils ne disposent pas d’une voiture et vivent dans les quartiers les plus touchés par la pollution de l’air ? 46% des ménages bruxellois ne disposent d’aucune voiture et ce chiffre grimpe à 68,8% pour les ménages qui ont moins de 1.000€/mois de revenus. L’argument est terriblement cynique au regard de la politique établie, synonyme d’appauvrissement collectif. La pauvreté est la première cause des problèmes de santé, ce qui vient à nouveau d’êtres illustré par le taux de surmortalité face au Covid. La pollution de l’air, un immense problème de santé publique, est causé pour 30% par la circulation automobile. Notre opposition à SmartMove n’implique pas que nous soyons favorables au tout-à-la-voiture, principe autour duquel Bruxelles a été conçue. Il est regrettable que Greenpeace ait défendu dans le mouvement pour le climat une proposition de taxe injuste via un péage urbain à Bruxelles. Cela ne traduisait en rien le sentiment des jeunes dans les grèves scolaires : ils ne défendaient pas un capitalisme vert mais revendiquaient un changement de système : system change not climate change !

    Cette taxe kilométrique permettrait de rapporter 200 millions d’euros supplémentaires au budget annuel de la Région. L’opposition à cette taxe de la part des politiciens flamands et wallons ainsi que des organisations patronales pue l’hypocrisie. Aucun d’eux ne s’oppose en réalité à une nouvelle fiscalité automobile injuste pour les travailleurs. Les organisations patronales veulent un système harmonisé sur l’ensemble du pays et surtout que les employeurs n’en fassent pas les frais. De leur côté, avec le centre de gravité qui a glissé de plus en plus vers les Régions, chaque politicien traditionnel se base sur son propre électorat. L’idée même d’une taxe injuste n’est pas combattue, ce qui pose problème, c’est le glissement d’une partie de la fiscalité automobile de la Flandre et de la Wallonie vers Bruxelles.

    C’est aux employeurs de payer intégralement le coût des déplacements des travailleurs entre le domicile et le lieu de travail. Nous défendons des solutions collectives comme alternative à la voiture grâce à un plan radical d’investissements publics dans l’infrastructure et les transports en commun, sans présenter la facture ni aux Bruxellois, ni aux navetteurs, mais aux plus riches qui ont profité de quatre décennies de transfert de moyens publics vers leur coffre-fort.

  • Vacciner notre santé contre le profit : le secteur pharmaceutique doit devenir public !

    Y a-t-il une lumière au bout du corona-tunnel ? Les espoirs sont grands, surtout maintenant que la campagne de vaccination démarre, bien que de manière houleuse. La méfiance règne, en partie à cause du rôle des multinationales du secteur pharmaceutique qui ont démontré ces dernières années que notre santé ne les intéresse pas. On se méfie également d’un gouvernement qui a trébuché sur toutes les mesures précédentes, principalement en raison de l’échec du marché et de la politique basée sur les intérêts des entreprises et leurs profit. Le PSL/LSP se bat pour une solide vaccination de notre santé contre le virus du profit capitaliste. Nous exigeons que l’ensemble du secteur pharmaceutique soit placé aux mains du secteur public. Nous en avons discuté avec un travailleur de l’une des principales entreprises pharmaceutiques du pays.

    Quelle est ta réaction face au développement du vaccin ?

    Ces vaccins font preuve d’un formidable développement technologique. Imaginez que toutes les possibilités existantes soient développées collectivement et qu’elles soient utilisées de manière planifiée pour lutter contre de nombreuses maladies et virus ! Malheureusement, aujourd’hui, seuls les profits des grandes entreprises sont en jeu, ce qui signifie que le potentiel n’est pas pleinement exploité ou que la production de vaccins est parfois réalisée très rapidement.

    En septembre, on savait que 150 vaccins différents étaient en cours de développement, dont une quarantaine avaient déjà été testés sur des humains. L’objectif de la course au vaccin n’est pas tellement de prévenir la maladie que d’être le premier sur le marché en espérant toucher le jackpot. Ils en profitent également pour peaufiner leur image auprès du grand public. Quand Pfizer a sorti les premiers résultats sur son vaccin, les tests étaient encore en cour. L’objectif était surtout d’être le premier à faire la une des médias.
    Selon certains commentateurs, c’est justement cette course et la concurrence entre entreprises qui a permis d’obtenir des résultats si rapidement.

    L’argument néolibéral selon lequel la concurrence privée est le moteur du progrès est incorrect. Le développement des vaccins contre le coronavirus repose sur un flux de fonds publics. Le ministère américain de la santé a dépensé à lui seul 10,6 milliards de dollars pour le développement de vaccins. On estime généralement que trois nouveaux médicaments sur quatre sont développés grâce à la recherche fondamentale financée par la collectivité. L’urgence du vaccin a incité un certain nombre de sociétés à travailler ensemble, reconnaissant que la collaboration peut produire des résultats plus rapides. Au lieu de la concurrence, la collaboration mondiale aurait sans aucun doute produit des résultats plus rapides et meilleurs avec plus de recherche sur tous les effets secondaires possibles, par exemple.

    Le fait que chaque entreprise refuse de partager ses connaissances limite les capacité de production. Il n’y aura pas assez de vaccins pour tous en 2021 et cette pénurie accentue les inégalités entre pays capitalistes avancés et pays néocoloniaux. En novembre, avant même qu’une vaccination ne puisse commencer, des milliards de doses avaient été commandées, principalement par des pays capitalistes développés comme les États-Unis, les pays européens, le Canada, le Japon et Israël. Ces accords visaient principalement à être les premiers fournis pour renforcer le prestige des gouvernements. Après la rivalité entre les différents pays pour l’accès aux masques, c’était la même pagaille pour les vaccins. Selon Oxfam et plusieurs ONG, les pays les plus pauvres ne verront pas le vaccin avant 2024.

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un projet de coopération internationale COVAX dans le but d’assurer la vaccination de 20% de la population mondiale et d’organiser une distribution équitable des vaccins. Fin décembre, COVAX faisait la promesse de permettre l’accès à 1,3 milliard de doses pour les 92 pays les plus pauvres du monde en 2021. Cependant, la majeure partie de la production des deux plus grands producteurs, Pfizer et Moderna, avait déjà été rachetée par les pays capitalistes développés. De plus, COVAX ne peut pas acheter auprès de ces producteurs parce que ces vaccins sont trop chers… Cela montre à quel point l’anarchie du marché est un obstacle à une campagne de vaccination mondiale sérieusement planifiée.

    En fait, la recherche et le développement devraient se faire de manière coordonnée, avec partage des connaissances et une production mondialement planifiée. Cela est nécessaire pour notre santé, mais cela entre en confrontation directe avec la propriété privée des moyens de production et la logique du profit qui l’accompagne.

    S’il existe d’énormes possibilités technologiques pour lutter contre les maladies et les virus d’une part, le capitalisme constitue d’autre part un frein au progrès et, pire encore, il entraîne une détérioration de notre santé. Diverses études ont établi le lien existant entre les politiques d’austérité dans les soins de santé en Angleterre et en Italie et la recrudescence de cas de rougeole, ce qui s’explique par le manque de moyens pour la vaccination.

    La campagne de vaccination a commencé fin décembre en Belgique. Qu’as tu à en dire en tant que travailleur d’une grande entreprise pharmaceutique ?

    La campagne de vaccination se plie aux désirs des multinationales. Les travailleurs des soins de santé doivent déjà composer avec le manque de budgets, il leur faut en plus tenir compte de l’anarchie du marché. Pfizer décide dans son coin de changer son rythme de production avec pour conséquence qu’elle sera fortement diminuée pour 3 à 4 semaines. En plus des problèmes de production en décembre, cela rend impossible pour le personnel médical de s’organiser alors qu’il espérait justement être vacciné au plus vite vu l’impact sanitaire et moral que le virus a eu sur les travailleurs du secteur.

    Les fabricants affirment qu’ils ne feront que peu voire pas de profit sur le vaccin pour soutenir la collectivité et que les prix augmenteraient une fois la pandémie terminée. Cela est particulièrement inquiétant pour les pays néocoloniaux, où la vaccination ne commencera que vraiment plus tard. Les prix payés en Europe n’étaient pas officiellement connus. Ce n’est qu’après une bévue du secrétaire d’État belge De Bleeckere (Open VLD) que l’information a fuité. Les deux vaccins les plus chers, ceux de Moderna (18 euros) et de Pfizer (12 euros), sont déjà distribués en Belgique. Ce sont des vaccins basés sur la nouvelle technologie de l’ARNm. Cette technique existe depuis 12 ans, mais elle est utilisée pour la première fois pour un vaccin commercialisé. Ce prix élevé est justifié par la recherche de cette technologie, ce qui est une réalité. Mais grâce à la crise sanitaire actuelle, les entreprises pharmaceutiques peuvent directement rentabiliser ces investissements.

    En Belgique, la vaccination est « gratuite ». C’est évidemment payé par quelqu’un : la sécurité sociale. La collectivité paie donc sans avoir aucun contrôle sur la production et sur la distribution des vaccins.

    La campagne de vaccination pourrait être menée beaucoup plus rapidement avec une approche coordonnée, où toutes les parties (les soins de santé et le secteur pharmaceutique) seraient aux mains du public. En 1947, six millions de personnes ont été vaccinées contre la variole à New York en un mois. Bien sûr, on ne peut pas comparer une vaccination locale contre la variole et une pandémie mondiale comme celle du Covid-19. Mais une utilisation planifiée des connaissances technologiques, de la production et de la logistique devrait sûrement permettre d’être au moins aussi efficace que l’était New York il y a plus de 70 ans.

    Beaucoup de gens remettent en question les vaccinations, pas nécessairement sur la base de théories complotistes, mais par méfiance. Tu comprends cela ?

    Définitivement. Le mouvement antivax est en fait assez limité en Belgique. La méfiance ne vient pas totalement de là. Beaucoup de gens ne se méfient pas du vaccin en tant que tel, mais plutôt du rôle des multinationales et des gouvernements. La crédibilité des institutions capitalistes et des grandes entreprises est très faible à juste titre !

    Beaucoup de scandales ont ruiné la crédibilité des industries privées ces dernières années. Pensez au Dieselgate qui a révélé que les contrôles d’émissions de gaz d’échappement étaient falsifiés. Ou aux économies criminelles réalisées dans la sécurité de la centrale nucléaire de Fukushima avant la catastrophe. Quant à l’entreprise chimique Monsanto, on savait depuis des années que son produit Round-Up était cancérigène, mais rien n’a été fait pour y remédier. Les compagnies pétrolières savent depuis longtemps que les combustibles fossiles sont préjudiciables au réchauffement climatique, mais elles ont investi dans des campagnes de lobbying et dans la pseudo-science pour nier le changement climatique. Les grandes entreprises mentent et trichent en fonction de leurs intérêts.

    Finalement, les doutes actuels sont plutôt orientés vers les multinationales et les gouvernement et pas tellement sur contre les vaccins. Nous y répondons en soulignant où se situent les intérêts de la population. Le PSL/LSP défend que le secteur pharmaceutique soit placé aux mains du public pour permettre un contrôle démocratique exercé par les travailleurs et la collectivité. C’est certainement important en Belgique, car le secteur pharmaceutique y est très important. GSK par exemple, à Wavre, représente le plus grand centre de production de vaccins au monde. Deux millions de doses de toutes sortes de vaccins y sont fabriquées chaque jour. C’est également le plus grand centre privé d’analyse biochimique au monde. Pfizer réalisera l’ensemble de sa production européenne de vaccins contre le coronavirus à Puurs. Pfizer, Janssens Pharmaceutica, UCB et GSK représentent ensemble près de la moitié des 50.000 emplois pharmaceutiques (en termes d’équivalents temps plein) dans notre pays. Si l’on inclut les emplois indirects, 120.000 personnes dépendent de ce secteur. Imaginez si toutes ces ressources étaient consacrées à une réponse à la pandémie coordonnée et contrôlée par la collectivité.

    Comment pouvons-nous obtenir que le secteur devienne public ?

    La manifestation de « La Santé en Lutte » du 13 septembre dernier à Bruxelles avait la bonne approche autour du slogan : ils comptent leurs profits, nous comptons nos morts. Cela critique non seulement le gouvernement mais aussi le système dans sa globalité. Les grandes entreprises pharmaceutiques réalisent de gigantesques profits, y compris grâce à la pandémie. En même temps, les hôpitaux et le reste du secteur de la santé souffrent de pénuries. En organisant la lutte, nous pouvons transformer la large solidarité qui existe au sein de la population en action. Nous ne pouvons pas laisser l’initiative aux autorités.

    Il y a aussi l’initiative citoyenne européenne « Pas de profit sur la pandémie », soutenue par le PTB, qui recueille des signatures sur quatre revendications : la santé pour tous en abolissant les brevets, la transparence sur les coûts de production et l’efficacité, le contrôle public sur les vaccins et les traitements pour lesquels la recherche a été financée avec de l’argent public, pas de profit sur la pandémie afin que les produits soient abordables et disponibles. Ces revendications ne seront pas satisfaites du jour au lendemain ; elles nécessiteront une campagne active et la construction d’une relation de force. Après tout, même des propositions très logiques se heurtent immédiatement aux forces du marché sous le capitalisme.

    Nous ne devons pas nous contenter d’exiger qu’aucun profit ne soit réalisé sur le vaccin contre le coronavirus. L’ensemble du secteur doit être sous le contrôle de la collectivité. Selon le PTB, en l’absence de brevet, les fabricants pourront produire en masse des doses de vaccin. C’est un peu naïf de penser que les multinationales seront motivées à produire un vaccin sans faire de profits. Il arrive effectivement que des vaccins soient vendus au prix coûtant dans des pays néocoloniaux mais cela est d’avantage un geste diplomatique pour améliorer son image, accéder à un marché et récupérer le profit sur un autre vaccin, comme c’est le cas par exemple de GSK qui travaille avec des ONG et l’OMS dans un programme pour l’éradication des maladies tropicales.

    Les brevets représentent un obstacle à notre santé, c’est une pierre angulaire du profit capitaliste. Mais les supprimer sans nationaliser le secteur signifierait que les actionnaires iraient récupérer leurs investissements soit sur le prix d’autres médicaments soit sur le dos du personnel. Il est donc préférable d’établir un lien immédiat avec la nécessité de nationaliser le secteur sous le contrôle des travailleurs et de la collectivité.

    Quels seraient les avantages à nationaliser le secteur pharmaceutique en Belgique ?

    Souvent, la demande de nationalisation se limite aux entreprises qui mettent au rebut ou menacent de fermer. Cependant, il s’agit d’une revendication qui n’est pas seulement importante pour l’emploi, mais aussi pour obtenir le contrôle de la collectivité sur ce qui est produit et comment. Le secteur bancaire et les secteurs clés de l’économie sont essentiels à cet égard.

    Le secteur pharmaceutique dans notre pays génère 14,7 milliards d’euros en valeur ajoutée avant le paiement des salaires. Même après le paiement des salaires, cela représentera encore environ 10 milliards d’euros. Aujourd’hui, ces fonds passent des poches des malades à celles des actionnaires. Chaque année, la sécurité sociale rembourse 7 milliards d’euros pour les médicaments et, en outre, des médicaments sont vendus sans remboursement à hauteur de 5 milliards d’euros. Aujourd’hui, la partie la plus rentable de toute la chaîne des soins de santé est aux mains du secteur privé, tandis qu’une grande partie des coûts sont supportés par la collectivité. Ce n’est pas logique et, de plus, la logique du profit crée des pénuries. Jusqu’à la moitié des enfants en situation de pauvreté n’ont pas accès aux médicaments parce qu’ils sont trop chers. Il y a en permanence en Belgique environ 500 médicaments en pénurie car le secteur se réserve le droit d’orienter la production selon le profit et sans tenir compte des besoins médicaux. En nationalisant, c’est la collectivité qui décidera démocratiquement de ce qui doit être produit en fonction des besoins sociaux.

    Aujourd’hui, la logique de profit signifie que le progrès technologique risque d’avoir des conséquences négatives pour les travailleurs. La technologie de l’ARNm utilisée par Pfizer et Moderna pour le vaccin contre le coronavirus offre un potentiel énorme. Cela signifie que l’on peut produire plus en moins de temps et avec moins de personnel. Mais ce progrès technologique menace donc de devenir synonyme de déclin social. C’est encore une contradiction du capitalisme.

    La recherche, la production, la distribution et la logistique doivent toutes être sous la gestion et le contrôle des travailleurs du secteur et de la collectivité afin que la santé soit prioritaire. Cela signifie des médicaments accessibles et bon marché, des conditions de travail décentes pour le personnel tant du secteur pharmaceutique que du reste du secteur des soins de santé, la coordination de tout ce qui a trait à la santé dans un service national de santé avec un accent sur la médecine préventive. Cela faciliterait également les interventions à grande échelle telles que les campagnes de vaccination de masse.

    Enfin, un secteur pharmaceutique aux mains du public mettrait également un terme au fait que l’on investit aujourd’hui plus dans le marketing que dans la recherche. Au lieu du marketing, des campagnes de prévention pourraient être mises en place autour des vaccinations et de la nécessité d’une vie saine. Des campagnes pourraient aussi être développées pour lutter contre la violence envers les femmes et d’autres questions.

    En bref, de nombreux arguments plaident en faveur de la nationalisation du secteur. Pour y parvenir, il faudra lutter. Depuis le début de la pandémie, la classe ouvrière a formulé des revendications en matière de sécurité au travail, d’équipements de protection et de moyens pour le secteur de la santé.

    La conscience que c’est sur les travailleurs que repose le monde a augmenté. Cela jouera un rôle important dans les luttes futures. Nous pourrons arracher des victoires en transformant la puissance de notre nombre en organisation. L’implication des masses est essentielle et peut poser les bases pour que la majorité de la population prenne enfin le contrôle du destin de l’humanité et de la planète. Le capitalisme est désastreux pour les travailleurs et le climat. Ce système nous apportera davantage de pandémies et constitue un frein pour y faire face. Une alternative socialiste est nécessaire de toute urgence : une société qui repose sur les besoins et les revendications des travailleurs et de leurs familles.

  • Un “plan de relance” pour répondre aux besoins (mais pas ceux des profits des grandes entreprises)

    Photo: Pixabay

    Les annonces de plans de relance colossaux se suivent depuis plusieurs mois, en creusant les déficits publics. Il s’agit d’un changement monumental par rapport aux décennies précédentes, au plus fort de l’ère du néolibéralisme.

    Par Stéphane Delcros

    La classe dominante n’agit pas ainsi par soudaine prise de conscience sociale et humanitaire, mais tout simplement pour éviter un effondrement de l’économie (et donc de ses profits) et tenter de limiter les troubles sociaux. Si une part de ces plans d’aides directes ou indirectes est destinée aux travailleuses et aux travailleurs (sans être à la hauteur de l’enjeu), leur majeure partie vient surtout en aide aux détenteurs des grandes entreprises, chaque plan comportant bien entendu son lot de nuances. Une chose est sûre : il en faudra beaucoup plus pour amortir la crise sociale et compenser le désinvestissement opéré durant des décennies.

    Que faire de la dette ?

    Le secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la FGTB Jean-François Tamellini a proposé en janvier au ministre wallon du Budget Jean-Luc Crucke (MR) de « neutraliser » les intérêts sur la dette wallonne en 2021 et 2022. « Les banques et le secteur de la finance doivent contribuer aux mesures de relance de la Wallonie », argumentait-il en demandant à Crucke de trouver des moyens pour « éviter d’étouffer les citoyens et un retour à l’austérité budgétaire ».

    Fin 2021, il est attendu que la dette publique (directe) de la Région wallonne s’élèvera à près de 20 milliards d’euros. Comme pour les autres entités fédérées et l’Etat fédéral, la Wallonie procède à un « remboursement » annuel de cette dette, et aussi au paiement d’intérêts liés à celle-ci, remboursés à hauteur de 300 millions d’euros par an. Geler le paiement des intérêts durant 2 ans rapporterait 600 millions aux finances publiques ; et Tamellini propose d’ensuite renégocier cette dette pour annuellement payer moins d’intérêts. Il y a un gouffre monumental entre ces mesurettes proposées et la réalité de la crise, et donc les mesures nécessaires.

    C’est d’une annulation de la dette publique dont nous avons besoin, et ça sous la pression d’un mouvement ouvrier combatif et offensif. Bien sûr, après avoir procédé à cette annulation, un remboursement de petits détenteurs pourrait se faire, sur base de besoins prouvés. Mais cette masse de dette est dans l’immense majorité détenue par des gros spéculateurs. Ils se sont suffisamment rempli les poches sur notre dos ces dernières décennies.

    De quel type de plan de relance avons-nous besoin ?

    Ce n’est pas la classe des travailleurs qui est à la baguette pour décider du contenu et de l’orientation de ces plans ; elle devrait pourtant l’être. C’est elle qui fait tourner le monde, pas les actionnaires. Un véritable plan de relance devrait mettre en œuvre ce qui est nécessaire de toute urgence : une hausse générale des salaires et des allocations ; des investissements publics colossaux dans les soins de santé, l’éducation, les transports collectifs et les infrastructures (y compris numériques) ; dans la création de centaines de milliers d’emplois de qualité et socialement utiles ; et dans la construction d’hôpitaux, de logements sociaux, d’écoles et de crèches publiques – tout cela en assurant une véritable transition écologique.

    Il en découle la question du financement d’un telle politique : outre l’annulation de la dette publique, la mise sous gestion et contrôle public – par toutes les travailleuses et travailleurs – du secteur bancaire et financier est une nécessité pour être capable de collectivement planifier les investissements nécessaires. C’est certain, une lutte collective colossale nous fait face pour riposter à la hauteur de l’enjeu et créer un rapport de forces permettant d’imposer une telle politique.

    « Il ne s’agit pas d’une proposition bolchevique », aurait dit le représentant de la FGTB wallonne au ministre du Budget, afin de rassurer celui qui disait encore en novembre : « Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’une dette ne doit pas être remboursée. » Mais la gentillesse du mouvement ouvrier envers un représentant du monde patronal n’a jamais fonctionné ; « les caresses n’ont jamais transformé un tigre en chaton ».

  • Stop à la mafia pharmaceutique – La soif de profit coûte des vies !


    Pfizer va réduire le nombre de flacons livrés après s’être rendu compte qu’un seul flacon contient non pas 5, mais 6 doses. Cela a perturbé la vaccination du personnel soignant. Les travailleuses et travailleurs de la santé, qui vivent l’enfer depuis près d’un an, n’ont pas pu compter sur un répit. Là où passent les profits de Pfizer, le reste trépasse. Tout gouvernement qui tolère ce scandale est complice et se moque des intérêts de la collectivité.

    Par Bart Vandersteene

    La soif de profits de l’industrie pharmaceutique alimente le doute. Si beaucoup de gens hésitent à se faire vacciner, ce n’est pas tant à cause des théories complotistes des antivax purs et durs, mais en raison de la méfiance justifiée envers les grandes entreprises pharmaceutiques. On se méfierait à moins. Les contrats entre la Commission européenne et les producteurs sont largement secrets, même pour les députés européens. Les multinationales font passer leurs profits avant notre santé. Ce n’est ni une surprise, ni l’exception, c’est la règle.
    L’emprise des grandes entreprises pharmaceutiques empêche la collectivité de réfléchir et de délibérer démocratiquement et en toute transparence d’une rapide campagne de vaccination efficace en pesant les avantages et les inconvénients ainsi qu’en fixant de façon certifiée les protocoles appliqués et les ressources dégagées. Cela est tout à fait possible, mais le système refuse de nous laisser faire. Les découvertes scientifiques sont brevetées plutôt que partagées. Le contrôle des symptômes l’emporte sur la recherche de solutions pour traiter les causes des problèmes.

    On trouve les empreintes du capitalisme à tous les coins de l’approche criminelle de cette crise. Pas besoin d’être Sherlock Holmes pour en retracer les origines et l’impact dramatique jusqu’au capitalisme et la logique de profit qui constitue son ADN.

    • Le virus a fait irruption dans l’environnement humain suite à la destruction brutale d’écosystèmes où certaines espèces animales sont porteuses du virus.
    • L’absence d’inhibiteur du virus s’explique, selon le virologiste Vab Gucht, par le manque de moyens pour la recherche préventive alors que cela aurait pu garantir « que personne n’aille à l’hôpital ».
    • La qualité de notre système de soins de santé a été gravement affectée par des années de restrictions budgétaires. L’absence d’équipements de protection dans les endroits les plus essentiels est une forme de négligence mortelle.
    • Les soins primaires, où réside la partie préventive des soins de santé, sont sous-financés.
    • La santé et le système immunitaire de chacun ont gravement été ravagés par l’appétit de profits écœurant de l’industrie alimentaire et le stress au travail.
    • Les grandes entreprises pharmaceutiques ne s’intéressent jamais aux vraies solutions pour notre santé. Elle veulent simplement combattre les symptômes et entendre sonner leur caisse enregistreuse.
    • Dans la crise actuelle, maintenir ouverte l’économie – et donc le moteur de profits du secteur privé – a toujours primé sur les aspects sociaux.

    Et dans tout ça, c’est nous qui avons fait tous les sacrifices tandis que l’accent a systématiquement été mis sur les comportements individuels. Était-ce la seule façon de réagir ? Deux professeurs de l’UGent ont fait remarquer qu’il a été démontré avant l’été qu’un test salivaire aurait pu être appliqué à grande échelle pour cartographier les infections. Selon ces professeurs, « cela aurait pu jouer un rôle clé dans le contrôle de la pandémie. Dans un tel scénario, la nécessité d’un confinement strict est réduite et une plus grande attention peut être accordée au bien-être, à l’éducation et à l’économie. » (De Standaard, 21 janvier).

    Ce n’est pas ce qui s’est passé. À la place, nous avons obtenu une réduction sévère de notre vie personnelle, sociale et culturelle. Beaucoup de gens en souffrent. Nombreux sont celles et ceux dont les cicatrices seront permanentes après cette période infernale d’isolement, de peur et de perte de revenus. À juste titre, beaucoup attendent avec impatience le bout du tunnel et l’espoir repose sur des vaccins qui devraient donner une perspective de vie sociale normale. Laisserons-nous la soif de profit des grandes entreprises pharmaceutiques déterminer quelle sera la fin du tunnel ?

    Nous ne pouvons plus tolérer que notre santé et notre vie soient sacrifiées sur l’autel du profit et de la propriété privée. Nous devons prendre en main les clés de l’économie et de la société. C’est parfaitement possible en nous débarrassant du capitalisme et en construisant un monde socialiste.

  • Stop à la Justice de classe : justice pour les victimes de brutalité policière !

    Combattons le racisme par la solidarité

    L’année vient à peine de commencer que deux personnes de couleur ont déjà trouvé la mort dans les commissariats de Bruxelles suite à leurs arrestations: Ibrahima, un jeune électricien de 23 ans, et Ilyes, un sans-papier de 29 ans.

    Les mensonges proférés à l’encontre d’Ibrahima – son soi-disant viol du couvre feu ou sa prétendue prise de stupéfiants – visaient à attaquer l’image de la victime pour dédouaner les coupables. En réalité, il a simplement été arrêté pour avoir filmé une intervention policière. 700 personnes ont participé au rassemblement pacifique “Justice pour Ibrahima”. De nombreux jeunes guinéens de Belgique ont ainsi remis le mouvement Black Lives Matter à l’ordre du jour. Mais les médias traditionnels ont une fois de plus préféré décrédibiliser l’action collective en se focalisant sur les incidents à la marge du rassemblement.

    Nous devons continuer d’exiger que justice soit faite pour toutes les victimes de brutalité policière. Nous ne pouvons pas nous fier à cette justice de classe qui condamne des syndicalistes et où règne l’impunité pour les policiers impliqués dans les violences, les meurtres et le racisme. Aux États-Unis, il a fallu un soulèvement de masse pour que les assassins de George Floyd soient arrêtés et poursuivis.

    L’indignation des responsables politiques suite à la révélation dans la presse des propos racistes et homophobes de deux policières en patrouille à Anderlecht n’est qu’hypocrisie. Ce n’est pas un fait isolé. Contrôle au faciès, harcèlement et violence raciste policiers accompagnent leur politique de casse sociale. Celle-ci a aggravé la pauvreté et la rareté d’emplois décents ou de logement abordable sur base desquels prospèrent les discriminations. Il faut des réponses sociales aux problèmes sociaux: pas de répression policière mais un plan d’investissements massif dans l’enseignement, les soins de santé, les logements sociaux et des emplois décents.

    Malcolm X disait : “Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme.” Il soulignait que le système capitaliste repose sur l’exploitation et la discrimination au profit d’une minorité de super riches. Organisons-nous pour combattre le racisme par la solidarité ! La solidarité entre tous les  opprimés et les exploités de cette société capitaliste. La solidarité entre tous les travailleurs, avec ou sans emploi,  avec ou sans papiers, quelle que soit leur origine, leur orientation sexuelle ou leur genre dans une lutte en commun pour de vrais emplois et des salaires décents. L’unité dans la lutte nous permet de combattre efficacement ce système d’exploitation capitaliste, éliminant ainsi les racines du racisme et de toute forme de discrimination.

    • Justice pour Ibrahima, Ilyes, Mawda, Lamine, Mhedi, Adil, Jozef et toutes les victimes
    • Stop au racisme et à la brutalité policière !
    • Pas d’impunité. Stop à la justice de classe !
    • Refusons la stratégie de “diviser pour régner” des partis capitalistes !
    • Luttons pour des emplois décents, un salaire minimum de 14 € / h et un logement abordable pour toutes et tous !
    • “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme.” Nous devons lutter pour renverser le système d’exploitation économique capitaliste en faveur d’une société socialiste, une société sans exploitation ni discrimination.
  • Rassemblement JUSTICE POUR IBRAHIMA

    Un rassemblement a eu lieu aujourd’hui pour exiger justice et vérité au sujet de la mort d’Ibrahima, âgé 23 ans, à la suite de son interpellation samedi soir dernier par la police.

    Dans la presse, sa famille a expliqué avoir été informée de son décès vers 2h 30 du matin par des policiers venus à leur domicile qui ont expliqué qu’Ibrahima avait été interpellé pendant le couvre-feu… alors qu’il est décédé à l’hôpital à 20h22, plus d’une heure trente avant celui-ci !
    Environ 700 personnes étaient présentes autour de la famille et des proches de la jeune victime. La colère était bien entendu très palpable face à ce qui s’annonce comme un nouveau cas de violence policière. Parmi les slogans criés on pouvait entendre : “Justice pour Ibrahima”, “Pas de justice, pas de paix”, “Police assassins”.

    A la fin du rassemblement, la tension est montée. En dépit de la situation, la police a à nouveau géré les choses par la force, comme à son habitude.

  • Lutter et arracher plus de moyens pour la santé et le social !

    « Une troisième vague, ce serait honteux! », a déclaré Yves Van Laethem, le porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus. Mais soyons clairs, la deuxième l’est déjà tout autant. Quand des spécialistes parlaient de la deuxième vague à venir, des risques du déconfinement en toute hâte, de la catastrophe de la rentrée scolaire,… ils étaient traités de « drama queens » par l’ancienne ministre de la santé Maggie De Block. Ils n’ont pas été plus écoutés par l’actuel gouvernement.

    Par Nicolas Croes

    Marc Wathelet, Docteur en Science et spécialiste en coronavirus humain, faisaient partie de ceux qui ont alerté les autorités dès le mois de février sur la gravité de la situation. Il explique : « Après seulement deux mois de cours, le niveau déclaré de contamination dans les écoles est alarmant. Et il doit nous alerter davantage encore puisqu’on sait qu’il est très largement sous-évalué en raison de l’absence de dépistage sérieux chez les enfants, et ce, conformément aux recommandations absurdes de Sciensano. Bien sûr, lesdites recommandations sont bien commodes pour qui veut camoufler le problème et prétendre que les contaminations se font au domicile et pas à l’école. » Il poursuit : « La triste réalité, c’est que la motivation principale pour maintenir les écoles ouvertes est de permettre à leurs parents de travailler – il faut être aveugle pour ne pas le voir. » Quant au lieu de travail, c’est un autre foyer de contamination important : la moitié des entreprises contrôlées ne respectent pas les mesures sanitaires imposées (RTL.be, 9 novembre 2020).

    « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », disait Einstein. Et pourtant, le 16 novembre, les écoles ont été réouvertes en présentiel, une « décision non seulement odieuse, mais également criminelle, car il s’agirait bien d’homicides volontaires » selon Marc Wathelet. Mais la seule folie ici, c’est celle d’avoir continué à respecter la loi du profit des entreprises. L’imposition des masques n’y est toujours pas obligatoire ! Cela ne coûterait rien à l’État, mais bien aux entreprises, et ce sont elles qui dictent la marche à suivre.

    Ça suffit !

    Alors que le secteur des soins de santé souffre depuis longtemps d’un sous-financement chronique, les autorités refusent de revenir sur les précédentes mesures d’austérité criminelles. Pour répondre aux besoins de soins de qualité dans des conditions de sécurité optimales, il n’y a eu que quelques promesses et mesures insuffisantes, arrachées qui plus est sous la pression de la mobilisation des travailleuses et des travailleurs. Il faut continuer sur cette voie de la mobilisation.

    Nous avons besoin d’une refinancement public drastique des soins de santé et du social pour faire face aux effets de la pandémie, y compris psychologiques. Nous avons besoin de la réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires pour être en mesure de nous occuper de nos enfants lorsqu’ils sont à la maison. Et d’un plan d’urgence pour rénover et amplifier l’infrastructure de l’enseignement. Et d’un plan de soutien aux indépendants. Combien allons-nous encore avoir de suicides de personnes qui se retrouvent la corde au cou, à l’image d’Alysson, cette jeune barbière qui s’est suicidée à Liège parce qu’elle ne pouvait pas faire face à ses factures ?

    Les Belges veulent un monde plus solidaire. Un sondage Ipsos commandé par le CNCD-11.11.11 a mis en avant que 61 % des sondés (données semblables en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles) défendent le renforcement de la sécurité sociale pour faire face à cette crise. 80 % des sondés soutiennent l’inscription d’un vaccin contre le coronavirus dans le domaine public, c’est à dire sans brevet, afin qu’il soit disponible à toutes et tous. Mobilisons cette aspiration à un monde solidaire dans la lutte concrète pour un autre système, pour une société socialiste démocratique !

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