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La future loi sur les pandémies, annonciatrice de temps nouveaux ?

La pandémie provoque des tsunamis de sueur idéologique. Gwendolyn Rutten (Open VLD) a tweeté que le vaccin devrait devenir un bien public. Egbert Lachaert (Open VLD) lui a rapidement rendu la pareille. Non pas que nous nous fassions beaucoup d’illusions sur l’éclair de lucidité de Rutten, par lequel elle exprime l’incapacité du marché à faire face à la pandémie. Pendant un an, la logique du profit et la propriété privée des moyens de production n’ont fait qu’engendrer le retard, la méfiance et le chaos. Avec de graves conséquences non seulement sur notre santé physique et mentale, mais aussi sur la stabilité économique et politique. Le Secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques Thomas Dermine (PS) a expliqué quant à lui : « La crise du coronavirus a radicalement changé un certain nombre de dogmes : nous sommes à un tournant. »
Par Michael, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste
Afin de mieux faire face aux futures pandémies, le gouvernement fédéral travaille à une loi sur les pandémies proposant des mesures jusque là impensables. Cette loi d’urgence permettrait au gouvernement d’”interdire, de réglementer et de contrôler” l’importation, la production, la possession, l’utilisation et la vente de produits et d’équipements de protection individuelle et d’imposer des prix maximums. L’État lui-même pourrait fabriquer des médicaments avec des “licences obligatoires” pour créer des stocks stratégiques de médicaments et d’équipements de protection. En d’autres termes : empêcher le secteur pharmaceutique de mettre en danger l’ensemble du système car il n’a en tête que ses propres intérêts de profit.
Un tel projet de loi va-t-il à l’encontre des intérêts du capitalisme ? Le capitalisme est régi par les intérêts de la classe capitaliste, mais cela ne signifie pas que des intérêts contradictoires n’existent pas entre capitalistes au milieu du chaos du marché. Les sociétés pharmaceutiques, par exemple, peuvent engranger des profits record aujourd’hui, mais l’économie dans son ensemble se dirige vers la dépression. De plus, la crédibilité du système et de ses représentants s’est sérieusement effritée. Lorsque la bourgeoisie et le système dans son ensemble doivent être sauvés, c’est l’État qui intervient. C’est pourquoi Marx et Engels décrivaient le gouvernement comme le comité de gestion de toute la bourgeoisie.
Ainsi, le pouvoir que cette loi donnerait à l’État de restreindre la liberté ne changera pas le fait que les intérêts économiques primeront. La loi permettrait la fermeture d’entreprises “dont l’activité semble inutile ou nuisible”. En effet, ce ne sont pas les patrons qui ont garanti la sécurité des travailleurs… mais ce n’est pas non plus le gouvernement. Chaque mesure adoptée fut le résultat de grèves des travailleuses et travailleurs, à commencer par l’Italie. Sans contrôle démocratique assuré par la classe ouvrière, une telle loi servira donc principalement à restreindre la vie sociale plus rapidement et plus facilement, et éventuellement à réquisitionner les travailleurs, comme Maggie De Block l’avait proposé en mai dernier pour le personnel soignant. De plus, la loi peut être utilisée pour porter atteinte aux droits démocratiques.
Une question à laquelle la loi ne répond pas non plus est celle des moyens nécessaires. La politique économique néolibérale des dernières décennies a détruit les stocks que la loi imposerait désormais. La remise en cause de la logique néolibérale d’austérité par cette loi est l’aveu d’une défaite, mais quelle serait la force d’une telle loi sans être liée à des investissements massifs dans les services publics, dans les soins de santé et dans notre sécurité sociale ?
Le mouvement ouvrier peut utiliser la crise idéologique des responsables néolibéraux et mobiliser la rue dans la défense de ses intérêts. Non seulement en Belgique, mais dans le monde entier, les gouvernements sont sous pression pour sauver le système. En organisant sérieusement notre lutte, ils peuvent être contraints de prendre des mesures qui vont bien au-delà de ce qu’ils souhaitent. N’est-il pas apparu clairement, au cours de cette crise sanitaire que la sécurité sociale a besoin d’être refinancée? N’est-il pas clair aujourd’hui que des secteurs clés tels que l’industrie pharmaceutique doivent être placés sous le contrôle démocratique de la collectivité?
En nous opposant à la logique de profit dans sa totalité, nous pourrons prendre de réelles mesures d’urgence face à la crise sanitaire, à la crise écologique et à la crise sociale. Seule une économie démocratiquement planifiée, contrôlée par les travailleurs pourra utiliser les ressources et le savoir-faire disponibles pour satisfaire en permanence les besoins de la majorité.