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Category: Privé divers
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Van Hool : préserver tous les emplois par une prise de contrôle publique pour construire des bus “verts”
- Sauvons les véritables constructeurs de bus : pas un centime pour la famille Van Hool et les banques, exproprions l’entreprise !
- Pour un plan d’investissement public massif dans des transports publics écologiques !
- Pour une entreprise publique gérée par le personnel au côté des chauffeurs de bus et des usagers !
- Pour des comités de soutien afin d’organiser la solidarité par des actions, des manifestations et des grèves !
La société Van Hool met fin à la production de bus en Belgique. L’entreprise prévoit de supprimer 1.100 des quelque 2.500 emplois à son site de Koningshooikt. La construction de bus devrait être entièrement transférée en Macédoine du Nord, cela étant teoutefois encore loin d’être certain. Si, d’ici la fin du mois, l’entreprise ne reçoit pas de fonds supplémentaires de la part du gouvernement, des banques ou d’un investisseur privé, la société déposera son bilan.
Derrière cette situation, on trouve l’avidité de la famille Van Hool, notamment assouvie jadis grâce à l’exploitation coloniale, qui lui a permi de se hisser sur la liste des Belges les plus riches. Aujourd’hui, les victimes sont les centaines de familles de travailleurs de la société de construction de bus. De son côté, le gouvernement flamand refuse de mettre en œuvre un plan ambitieux d’investissements massifs dans des transports publics plus écologiques. Il se résigne aux pertes d’emploi et à l’arrêt de la production.
“Le gouvernement flamand ne construit pas d’autobus”, a déclaré le ministre flamand de l’Emploi Jo Brouns (CD&V). Sa collègue la ministre de la Mobilité Lydia Peeters (Open-VLD) aurait pu préciser que le gouvernement flamand fait de toute façon rouler de moins en moins d’autobus en raison de sa stratégie pourrie concernant les transports en commun. Récemment, une restructuration a été annoncée chez De Lijn, devant se traduire par la suppression de 16,5 % des arrêts ! Ce ne sont pourtant pas les besoins qui manquent ! Nous avons besoin besoins en transports publics plus nombreux, plus performants et plus écologiques, c’est l’évidence. Le gouvernement fédéral se cache pour sa part derrière le gouvernement flamand, en espérant tirer un avantage électoral de l’échec de ce dernier au détriment de la N-VA. Quel cynique calcul politique sur le dos de la misère sociale ! Pendant ce temps, la cupidité des super-riches, comme la famille Van Hool, est passée sous silence dans toutes les langues.
Les Belges les plus riches veulent faire payer le personnel et la collectivité
Début janvier, Marc Zwaaneveld, célèbre gestionnaire de crise, a été nommé co-PDG pour mener à bien une restructuration. La famille Van Hool est fortement divisée, ce qui pèse sur le fonctionnement de l’entreprise, mais elle s’accorde toujours sans souci dès qu’il s’agit de faire payer aux travailleurs leur soif de profits. Cela s’est déjà manifesté lorsqu’une partie de la production a été transférée en Macédoine du Nord à partir de 2013.
Entre 2013 et 2022, 1.400 emplois ont disparu, dont la moitié en raison de la délocalisation vers la Macédoine du Nord (Trends/Tendances, 8 mars). Le PDG Filip Van Hool a déclaré début 2015 que la production y était moins chère et de meilleure qualité. Les atouts ? Non seulement les faibles coûts salariaux, mais aussi la recherche effrénée d’emplois due à un taux de chômage de 40 % en l’absence de filet de sécurité sociale. (Trends/Tendance, 8 mars). Les commentateurs libéraux expliquent aujourd’hui avec cynisme que Van Hool aurait dû déménager plus tôt en Macédoine du Nord au lieu de conserver “trop de personnel” à Koningshooikt.
La production de bus, la principale activité restée en Belgique, était sous pression. Alors qu’un millier de bus étaient encore construits en 2019, seuls 190 l’ont été en 2021, la pandémie n’y étant pas étrangère. D’autres facteurs ont continué à mettre Van Hool sous pression : la concurrence d’entreprises chinoises moins chères, la perturbation des chaînes d’approvisionnement, la concurrence d’entreprises plus grandes. Les querelles familiales internes à la famille Van Hool sont venues s’ajouter à ces facteurs, ce qui a par exemple poussé l’entreprise à ne s’intéresser aux bus électriques que très tardivement. Une montagne de dettes s’est accumulée auprès des grandes banques, mais aussi auprès des pouvoirs publics.
L’argent est épuisé, dit aujourd’hui l’entreprise. Où sont donc partis les millions transférés de l’entreprise au holding familial Immoroc ? Ce holding considère l’entreprise comme la vache à lait de la famille Van Hool. Pour parvenir à une solution qui privilégie les intérêts du personnel, il faut exproprier cette famille. Le personnel et la collectivité doivent reprendre le contrôle et la gestion de l’entreprise pour permettre à la production locale de transports publics écologiques de passer à la vitesse supérieure. Que l’on mette un terme à la soif de profit des propriétaires privés de Van Hool !
Même pour le paiement des indemnités de départ, les Belges les plus riches se tournent vers les autres, en particulier vers le gouvernement et les banques. Le gouvernement flamand refuse d’intervenir, tout comme il refuse de construire des bus, et souhaite trouver au moins un partenaire privé et l’accord des banques. Ces conditions ne vont pas à l’encontre de la position centrale de la famille Van Hool dans l’entreprise et n’offrent en réalité aucune réponse. Nous ne pouvons pas accepter que la collectivité soit abusée pour payer un drame social !
Des investissements massifs dans des transports publics écologiques !
Le fait que De Lijn commande 92 bus électriques au fabricant chinois BYD alors que Van Hool est en difficulté suscite l’indignation à juste titre. Il existe un contrat-cadre avec BYD qui permet de commander jusqu’à 500 bus. BYD assemble les bus en Hongrie et serait 100.000 à 150.000 euros moins cher que le second candidat. (Gazet van Antwerpen, 1er mars).
En 2021, 36 autobus supplémentaires ont été commandés à Van Hool et 24 à VDL dans le cadre d’un contrat-cadre portant sur 350 autobus. Deux ans plus tard, tous ces autobus n’ont pas encore été livrés. La question se pose de savoir pourquoi De Lijn ne commande pas les 300 autobus restants du contrat-cadre à Van Hool. Il n’est pas certain que cela soit utile : selon Jo Brouns, le carnet de commandes est plein et les bus ne seraient pas fabriqués à Koningshooikt.
De Lijn et ses sous-traitants doivent commander des milliers de bus électriques au cours des dix prochaines années. Dans le quotidien De Tijd, Ann Schoubs, directrice-générale de De Lijn, a déclaré qu’un bus sur trois parmi les 2.235 a plus de 15 ans et aurait déjà dû être mis hors service. Elle demande des investissements supplémentaires. Contrairement aux pays voisins, la Belgique est très en retard en ce qui concerne les bus zéro émission.
Le climat et la crise de la mobilité exigent un plan de transports publics de grande ampleur. La politique dominante va dans la direction opposée avec une stratégie au mieux reposant sur la stagnation et le pourrissement. Un revirement majeur s’impose de toute urgence. La construction d’autobus verts jouera un rôle central à cet égard et exigera de mobiliser toutes les capacités de production disponibles. Ce faisant, nous ne pouvons accepter que les travailleurs du monde entier soient montés les uns contre les autres dans le cadre d’une compétition mortifère reposant sur une course vers le bas des salaires et conditions de travail.
Ce ne sont pas les profits des banques et des familles les plus riches qui doivent être sauvés, mais les emplois et la production. L’entreprise doit être reprise en main par les pouvoirs publics, sous contrôle et gestion du personnel (qui est le véritable expert) et de la collectivité (qui a désespérément besoin de transports publics écologiques). Un conseil élu composé de techniciens, de constructeurs de bus, de conducteurs de bus et d’usagers pourrait gérer une telle entreprise publique en veillant aux intérêts du service, du climat et donc de l’ensemble de la collectivité.
C’est nécessaire non seulement pour conserver tous les emplois, mais aussi pour développer le département de recherche et de développement afin qu’il puisse être un catalyseur pour le développement ultérieur de la mobilité verte. Laisser cette expertise inexploitée est criminel. Pour relever les défis climatiques sans laisser derrière soi un désert social, la nationalisation de Van Hool et de l’ensemble du secteur de la mobilité est crucial.
Renforcer la solidarité
Le choc provoqué par les suppressions d’emplois prévues chez Van Hool est très fort et ne se limite pas au personnel de Van Hool et à leurs familles. Pour la direction, il n’existe pas d’autre choix que ce plan de restructuration ou la faillite pure et simple. Refusons ce discours et luttons pour chaque emploi! L’indignation et le choc peuvent être transformés en solidarité active, par exemple avec des comités de soutien pour organiser des actions et visites de solidarité en vue d’une manifestation de masse à Koningshooikt. Une campagne active dans l’ensemble du secteur métallurgique peut déboucher sur des actions et des grèves. Outre Van Hool, des nuages sombres continuent de planer sur Audi à Bruxelles.
Le gouvernement flamand et les patrons affirment que tout se passera mieux que prévu parce que le marché du travail est désormais tendu. Ne nous laissons prendre au dépourvu. Le remplacement d’emplois décents par des emplois plus flexibles et moins bien payés nous entraîne toutes et tous dans une spirale infernale. D’autre part, la question est de savoir combien de temps durera cette tension sur le marché du travail reste entière. Et si la récession industrielle déclenchait une vague de tragédies sociales ? Cette récession n’est pas due au fait que nous ne travaillons pas assez ou que nous gagnons trop. Elle provient en droite ligne de l’échec du marché libre, des tensions géopolitiques croissantes et de leur impact sur les chaînes d’approvisionnement, de la montée du protectionnisme et de la soif de profit dévorante d’une poignée de super-riches.
Il est nécessaire de transformer toute la société change pour assurer que les intérêts des travailleurs et de leurs familles – ceux qui font réellement fonctionner l’économie – soient au centre des préoccupations.
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Victoire chez Grains Noirs à Molenbeek : la grève de 9 jours arrache la réintégration des 8 collègues!
Le 14 février à 17h, la direction patronale a finalement accepté d’annuler le préavis des 8 ouvriers licenciés. L’arrogance patronale a reçu la réponse appropriée des travailleurs et travailleuses : la détermination et l’unité autour de l’objectif de sauvegarder l’emploi de chaque collègue attaqué. La lutte paie, et le rapport de force favorable aujourd’hui créé peut servir à imposer davantage de gains pour le personnel !
Par Stéphane Delcros
La veille encore, le 13 février à 19h30, la direction avait faussement tendu la main aux grévistes, en proposant la réintégration de seulement 1 ou 2 ouvriers sur les 8, puis finalement de 3 ouvriers, au terme des 3h30 de négociations. “L’accord” pourri de la direction patronale prévoyait aussi un bonus salarial (CCT 90, entre 100 et 1000€), et 2000€ de primes pour les 5 licenciés et pour d’autres éventuels départs volontaires, à condition que les partants ne tombent pas malades pendant la période de préavis… !? Evidemment inacceptable pour les grévistes, qui ont alors décidé de continuer la grève, jusqu’à la réintégration des 8. Mais la perspective d’une nouvelle semaine de grève et donc de la perte de profits – mais aussi de la perte potentielle de contrats importants – a finalement fait plier l’employeur, qui a contacté les représentants du personnel le lendemain pour accepter la réintégration.
La direction a tout de même obtenu le droit de proposer des départs volontaires à ceux ou celles qui le voudraient, pour quand même tenter de baisser la masse salariale liée aux emplois fixes – des négociations au cas par cas qui devront être menées en présence des délégués syndicaux. Mais cet accord est tout de même une véritable claque pour le patron de Grains Noirs, qui est maintenant confronté à une victoire syndicale. Nul doute qu’il tentera encore à l’avenir d’attaquer son personnel, mais celui-ci pourra se référer à cette victoire pour lui tenir tête.
Le rapport de force favorable aujourd’hui créé peut être utilisé pour imposer davantage de gains pour le personnel. Par exemple pour imposer l’ouverture des livres de comptes, pour faire la clarté sur les pertes ou très faibles bénéfices officiellement réalisés par l’entreprise ces dernières années. Ou encore pour imposer un allongement des heures libérées pour les délégués syndicaux, afin de compter sur davantage de temps pour défendre les intérêts des collègues de semaine en semaine. De même, un tel rapport de force favorable aujourd’hui pourrait permettre d’avancer vers l’arrêt du travail interim, et l’embauche de collègues supplémentaires pour répartir le travail disponible sur davantage d’épaules, sans pertes de salaires.
Les grévistes de Grains noirs ont montré pendant 9 jours un exemple de combativité. Ils ont tenu tête à une attaque agressive contre 8 de leurs collègues, soit plus de 10% des effectifs. Ils ont dû faire face à l’interdiction d’utiliser les locaux du personnel, et donc notamment les toilettes, et ont subi un forçage du piquet par la direction patronale et la police pendant une nuit, venus permettre la sortie de marchandises pour un client qui mettait un ultimatum. Ce qui leur a permis de tenir, c’est leur solidarité entre travailleurs et travailleuses en front commun des délégations ouvriers/employés et FGTB/CSC, et l’organisation du piquet en roulement jours et nuit durant 9 jours, lors desquels chacun et chacune a pu être impliqué en jouant un rôle actif dans cette victoire arrachée.
Ci-dessous : quelques idées que le PSL/LSP a amené le 11/02 parmi les grévistes pour tenter d’organiser la solidarité autour du piquet de grève et contre la répression des syndicalistes. Si un tel type de campagne n’a finalement pas été nécessaire chez Grains Noirs, cela pourrait tout de même s’avérer utile pour d’autres mouvements de grèves.
Organisons la solidarité contre la répression des syndicalistes !
En organisant le piquet en roulement jour comme nuit, et en faisant face aux agressions patronale et policière, les grévistes ont montré un exemple de combativité. Il est temps d’élargir cette lutte, en organisant la solidarité avec leur combat, qui est celui auquel chaque travailleur et travailleuse peut être confronté.
Il serait bon que des contacts soient noués avec les délégations syndicales de la région et du secteur, et que le piquet puisse recevoir la visite de délégations. On pourrait proposer aux délégués combatifs de passer sur le piquet avec 1, 2 ou 3 collèges et partager une photo de solidarité.
Une campagne de solidarité dans le quartier pourrait aussi être utile, par exemple avec des affichettes à mettre aux fenêtres des commerces et des particuliers.
Cela pourrait être couplé à l’organisation d’un petit événement sur le piquet : un rassemblement en fin d’après-midi ou en soirée, permettant à qui veut d’apporter sa solidarité. Un petit événement n’a pas besoin de centaines de participants pour être un succès. Même avec quelques dizaines de participants extérieurs au piquet, sur base de l’enthousiasme et d’un autre rendez-vous à prévoir, chacun et chacune sera armé pour faire de la date suivante un succès plus grand encore.
Un petit tract peut être utile pour mobiliser vers un tel événement : en diffusant un tract dans les boîtes emails de tous les délégués FGTB Horval et CSC alimentation & service de Bruxelles, dans les boîtes aux lettres des rues autour de l’entreprise, dans les cafés, snacks et commerces et via les WhatsApp des réseaux militants. Malgré la petite taille de l’entreprise, une telle initiative pourrait récolter un grand soutien. Ces quelques propositions ne sont qu’un début. Les heures d’attente au piquet peuvent être utilisées pour réfléchir où diffuser ce petit tract. En rendant la campagne vivante, on peut être étonné du soutien et des liens qui peuvent en sortir.
Cela permettrait à la fois d’organiser plus concrètement la solidarité, et aussi de mettre la pression la plus forte possible sur la direction patronale de Grains Noirs, pour l’obliger à accepter la réintégration des 8 collègues licenciés. Le rapport de force favorable pourrait alors aussi être utilisé pour imposer l’arrêt du travail interim et l’embauche de collègues supplémentaires pour répartir le travail disponible sur davantage d’épaules, sans pertes de salaires.
Quelques photos du piquet















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Grains Noirs à Molenbeek : Solidarité contre le forçage du piquet de grève par le patron et la police !
Ce vendredi 10 février à 1h du matin, la direction patronale a forcé le piquet de grève à l’aide de la police pour faire sortir des marchandises pour un client. Pour rappel, près de 65 travailleurs et travailleuses de ce traiteur sont en grève depuis le 7 février pour exiger l’arrêt de la procédure de licenciement de 8 collègues (lire notre article précédent). Organisons la solidarité contre l’agressivité patronale !
Par Stéphane Delcros
Durant la semaine, le patron avait reçu un ultimatum de la part du client Pain Quotidien, qui menaçait de rompre le contrat en cas de non-livraison des marchandises ce vendredi.
Profitant du moment où le plus petit nombre de grévistes étaient présents sur le piquet (5), le patron a commencé à sortir des marchandises à 1 h du matin, dans le but de remplir une camionnette de livraison, avec l’aide de certains employés non-grévistes. Il a contacté la police sous le prétexte d’une soi-disant violence de la part de grévistes, qui ne faisaient pourtant que bloquer, sans violence.
La police a débarqué avec 7 voitures et s’est immédiatement rangée du côté du patron, relevant les identités des grévistes et dressant un PV. À l’aide d’un huissier, elle a aidé le patron à briser le piquet pour lui permettre de charger la marchandise, en obligeant les grévistes à rester derrière une ligne, les menaçant d’utiliser du gaz lacrymogène. “Laissez le patron travailler” ; “si vous ne voulez pas de ce travail, allez en chercher ailleurs” : c’est ce que la police a dit aux grévistes.
Organisons la solidarité contre la répression des syndicalistes
En organisant le piquet en roulement jour comme nuit, et en faisant face aux agressions patronale et policière, les grévistes ont montré un exemple de combativité. Il est temps d’élargir cette lutte, en organisant la solidarité avec leur combat, qui est celui auquel chaque travailleur et travailleuse peut être confronté.
Le personnel de Grains Noirs n’est pas le seul à avoir subi la répression envers les syndicalistes cette semaine : une grève avait débuté au dépôt Decathlon de Willebroek, après la suppression d’un bonus salarial pour le personnel. Après 3 jours, la police est intervenue et la justice a décidé de faire lever le piquet.
Il serait bon que des contacts soient noués avec les délégations syndicales de la région et du secteur, et que le piquet puisse recevoir la visite de délégations. On pourrait proposer aux délégués combatifs de passer sur le piquet avec 1, 2 ou 3 collèges et partager une photo de solidarité.
Une campagne de solidarité dans le quartier pourrait aussi être utile, par exemple avec des affichettes à mettre aux fenêtres des commerces et des particuliers.
Cela pourrait être couplé à l’organisation d’un petit événement sur le piquet : un rassemblement en fin d’après-midi ou en soirée, permettant à qui veut d’apporter sa solidarité. Un petit événement n’a pas besoin de centaines de participants pour être un succès. Même avec quelques dizaines de participants extérieurs au piquet, sur base de l’enthousiasme et d’un autre rendez-vous à prévoir, chacun et chacune sera armé pour faire de la date suivante un succès plus grand encore.
Un petit tract peut être utile pour mobiliser vers un tel événement : en diffusant un tract dans les boîtes emails de tous les délégués FGTB Horval et CSC alimentation & service de Bruxelles, dans les boîtes aux lettres des rues autour de l’entreprise, dans les cafés, snacks et commerces et via les WhatsApp des réseaux militants. Malgré la petite taille de l’entreprise, une telle initiative pourrait récolter un grand soutien. Ces quelques propositions ne sont qu’un début. Les heures d’attente au piquet peuvent être utilisées pour réfléchir où diffuser ce petit tract. En rendant la campagne vivante, on peut être étonné du soutien et des liens qui peuvent en sortir.
Cela permettrait à la fois d’organiser plus concrètement la solidarité, et aussi de mettre la pression la plus forte possible sur la direction patronale de Grains Noirs, pour l’obliger à accepter la réintégration des 8 collègues. Le rapport de force favorable pourrait alors aussi être utilisé pour imposer l’arrêt du travail interim et l’embauche de collègues supplémentaires pour répartir le travail disponible sur davantage d’épaules, sans pertes de salaires.
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Grains Noirs à Molenbeek : retour de la grève contre une nouvelle agression patronale
Suite à l’annonce du licenciement de 8 collègues et au refus de la direction de discuter avec les représentants syndicaux, une grève a commencé le mardi 7 février chez le traiteur Grains Noirs à Molenbeek. Nous avons recueilli des informations sur le piquet, notamment auprès des délégués FGTB Miloud Horch et Abdellatif Ennassiri.
Par Stéphane (Bruxelles)
Le jeudi 2 février, la direction patronale a annoncé le licenciement de 8 travailleurs de cette entreprise employant près de 70 personnes. Un arrêt de travail avait tout de suite été organisé, et des questions avaient été soulevées par les travailleurs et travailleuses, notamment sur le motif des licenciements. Vu l’absence de réponse de la part de la direction le lundi suivant, le personnel a décidé de se mettre en grève, en front commun syndical FGTB Horval et CSC Alimentation et Services, jusqu’à la réintégration de leurs collègues.
Attaquer le personnel n’est pas une nouveauté pour la direction patronale de Grains Noirs. En 2015, 9 ouvriers dont 3 délégués avaient été licenciés, pour avoir soi-disant volé de la nourriture et ne pas avoir respecté les normes d’hygiène – des accusations mensongères pour cacher le fait que la direction voulait se séparer de délégués syndicaux combattifs, à l’approche des élections sociales de 2016. A l’époque, la grève avait permis d’arracher la réintégration des collègues. (Nous avions aussi été présents lors de cette grève – accéder à notre article)
Puisque Grains Noirs livre des repas préparés notamment à des grands groupes de la distribution, l’atelier n’a jamais fermé lors des périodes de confinement pour cause de pandémie. La direction patronale s’est remplit les poches dans cette période, sur le dos du personnel qui ne reçoit aujourd’hui que du mépris.
Les travailleurs et travailleuses y sont souvent mis sous pression pour être flexibles, pour prester des heures supplémentaires, particulièrement au moment des fêtes où il n’est pas rare de devoir travailler jusqu’à 2h du matin. Cette annonce de licenciements arrive d’ailleurs juste après la période des fêtes, ce qui n’est pas un hasard.
La direction patronale fait très souvent aussi appel à l’emploi interim, ce qui met une pression sur l’ensemble des travailleurs et travailleuses. Le front commun syndical réclame l’arrêt du travail intérim.
Le lundi 6 février, le personnel s’apprêtant à se mettre en grève a voulu faire un geste : laisser partir un dernier camion pour les clients Carrefour, Pain Quotidien et Delitraiteur. La direction patronale leur a répondu avec toute son arrogance : la matinée du 7 février, elle a fermé l’accès au bâtiment aux grévistes, empêchant de fait l’utilisation des locaux du personnel, et notamment les toilettes.
Pour la direction patronale, il s’agit d’essayer de faire plier la volonté de lutte. Mais les travailleurs et travailleuses sont déterminés à ne pas cesser leur grève tant que leurs collègues ne sont pas réintégrés.
Contre l’agression patronale, le personnel en grève répond : « Il y a du travail pour tout le monde ! »
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Scandale Solvay : nationaliser pour sauver notre santé et l’environnement.

La pollution de Solvay à Livourne a fait les gros titres. Le scandale des PFAS à Spinetta Marengo pas encore. En 2021 survenait le scandale de la multinationale 3M à Anvers. La société étasunienne produisait du PFOS, responsable d’une terrible pollution des sols dans un rayon de 15 kilomètres autour de l’usine de Zwijndrecht (zone dans laquelle habitent 1,5 millions de personnes). (1) Partant de là, des journalistes vont enquêter et découvrir un autre scandale, de la multinationale Solvay cette fois-ci. (2)
Par un délégué syndical FGTB
« Mais de 2007 à 2015, il y a une usine qui supplante toutes les autres. Elle rejette 6 à 7 fois plus de gaz perfluorés dans l’air que 3M à Zwijndrecht. Environ 200 tonnes annuelles. Elle appartient à Solvay et se situe à Spinetta Marengo en Italie… » Dans l’affaire Solvay, 800.000 m³ de déchets polluaient déjà le sous-sol avant le rachat de l’usine par la multinationale belge. Solvay n’en n’est pas moins complice, l’entreprise à consciemment caché des informations aux autorités publiques et elle connaît la réalité depuis une quinzaine d’années. L’impact dans la région est catastrophique : les tumeurs au foie, cancer du rein, hypertensions et les maladies respiratoires sont plus présentes que dans le reste du pays. Les PFAS seraient au cœur du problème. Ces fameuses « substances éternelles » représentent la plus grande part du chiffre d’affaire de Solvay (plus de 2 milliards € en 2021).
Sous le règne du capitalisme, l’orientation de l’industrie chimique est déterminée par le taux de profit. La santé n’arrive que bien après, et encore, pour peu que survienne un scandale public. Entre temps, l’impact sur les populations et la nature est déjà là et les maigres amendes ne résolvent rien. Le secteur chimique devrait être placé sous contrôle de la collectivité afin d’utiliser les richesses pour indemniser les victimes et de mener une enquête biomédicale dans la région autour de l’usine, évaluer les dégâts et répondre à la situation.
Dès que les vaccins contre le covid ont été mis au point, une grande part de la production a pris place en Belgique. Pour ne pas perdre une goutte de profit, les brevets sont restés dans les mains d’une poignée de multinationales. Cela a constitué un frein terrible pour stopper rapidement la pandémie. Une industrie pharmaceutique placée sous contrôle et gestion publics n’aurait pas perdu de temps à regarder les euros s’empiler mais aurait permis d’utiliser au mieux les ressources pour en finir avec la pandémie.
Au début de l’été 2021, les inondations ont recouvert la Wallonie avec un lourd bilan humain et matériel. Déjà en temps normal, nous n’avons aucune certitude sur l’impact environnemental de l’industrie chimique. L’augmentation des phénomènes climatiques extrêmes ne peut qu’alourdir le bilan. En 2011, la question s’était déjà posée avec la catastrophe de Fukushima, liée à un tsunami. L’industrie pharmaceutique et chimique doit être placée sous contrôle de la collectivité pour assurer que les investissements dans la sécurité, notamment liée à la crise climatique, soient à hauteur de l’enjeu actuel.
(1) https://fr.socialisme.be/58984/notre-sante-menacee-par-la-course-aux-profits
(2) https://www.rtbf.be/article/solvay-responsable-dune-vaste-pollution-aux-perfluores-connaissait-la-toxicite-de-ces-produits-chimiques-eternels-et-continue-a-en-utiliser-11060652 -
[SOLIDARITE OUVRIERE] Action contre la répression syndicale à la Brasserie Delsart

Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous toutes et tous !
En juin, la Brasserie Delsart, près de Namur, a licencié sans motif un travailleur, devenu délégué FGTB quelques mois plus tôt. Cet événement intervient alors que depuis février, le patron refuse tout simplement le dialogue avec le délégué et même de reconnaître la délégation syndicale. Il refuse aussi les réunions avec les représentants CPPT.
Par un délégué FGTB
La FGTB Horval Namur-Luxembourg a organisé ce vendredi 29 juillet une action devant l’entreprise. L’enjeu n’est pas que de défendre le travailleur injustement licencié mais aussi de défendre le droit du personnel a être représenté et defendu par une délégation syndicale et un CPPT.
Le patron s’est justifié ainsi ce matin aux délégués venus en solidarité : “le travailleur licencié était un imbécile et un incompétent” (étrange toutefois de le réaliser précisément lorsqu’il devient délégué syndical…). Il a aussi expliqué “nous sommes une famille, nous nous ne voulons pas d’une délégation syndicale”. Au vu de la manière dont il parle de ses travailleurs et des libertés qu’il semble prendre avec le code du travail, aux dires de plusieurs travailleurs qui ont osé nous parler, il est permis d’en douter.
L’entreprise est divisée en plusieurs structures afin de diviser le personnel et de limiter les possibilités de s’organiser. Certains petits responsables de l’entreprise ont tenté d’agresser les délégués, l’un d’eux nous a même menacé dans un premier temps avec une barre en métal et dans un deuxième temps avec un clark ! Ce type de climat toxique laissant à certains l’idée qu’ils peuvent s’en prendre physiquement aux délégués doit être férocement combattu. Par crainte des réactions patronales, les travailleurs n’ont que discrètement pu nous remercier, en nous demandant de ne rien laisser tomber. Une délégation syndicale est plus que nécessaire pour en finir avec ces méthodes de patrons-voyoux !
Le patron a finalement dû concéder d’organiser une réunion en août afin de discuter de l’établissement de la délégation syndicale et du CPPT. Si ces paroles restent à l’état de promesses, d’autres actions seront organisées.



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La semaine de 30h comme nouveau temps plein dans les soins de santé

Contre l’hyperflexibilité et la pression croissante du travail qui conduisent à l’épuisement et l’exode: La semaine de 30h comme nouveau temps plein dans les soins de santé, avec maintien des salaires et embauche compensatoire
Optez pour une histoire attrayante et mobilisatrice au lieu des traditionnelles jongleries marginales de la période passée! Après la disparition des applaudissements en faveur des soins et l’injection de centaines de millions dans le secteur par le biais des différents accords sociaux, la ZORGCRISE tant annoncée continue de s’approfondir. Ces centaines de millions ne sont toutefois ni plus ni moins qu’une opération de rattrapage ou un palliatif pour un secteur mis au pain sec par les coupes budgétaires et le manque d’investissements depuis très longtemps.
Les problèmes structurels nécessitent … des solutions structurelles !
Pour continuer à avancer et garantir en même temps la qualité des soins, la pleine conscience, une danse, une chanson ou une autre forme de “HR hokus pokus” ne sont pas vraiment utiles. Sans parler de l’arrêt de l’afflux problématique de la porte tournante : un afflux (accru ?) dans le secteur alors que le flux sortant reste structurellement plus important. En chiffres absolus, l’emploi dans le secteur augmente… mais les besoins augmentent beaucoup plus vite ! Il suffit de penser aux conséquences du vieillissement de la population. Entre-temps, 3 000 lits d’hôpitaux ont été fermés (temporairement?) en raison du manque de personnel.
Les employeurs et les autorités facilitent les pénuries … par une gestion néolibérale
Malgré la pénurie croissante de personnel, des milliers de collègues à temps partiel (obligatoire) ne bénéficient pas d’heures supplémentaires dans leur contrat permanent. L’hyperflexibilité dans notre secteur résolument féminin et la pression croissante du travail, combinées à l’application d’un modèle de management froid, provoquent un exode chronique du secteur. Cela donne une carrière moyenne de … 7 ans!
Le travail à temps partiel est la règle plutôt que l’exception dans le secteur. À y regarder de plus près, les “têtes” ne manquent pas. En dehors du travail à temps partiel obligatoire (par exemple les experts en soins qui peuvent obtenir un contrat de ¾ maximum dans les hôpitaux), de plus en plus de collègues suivent les tendances des Pays-Bas: soit ils deviennent indépendants, soit ils réduisent le nombre d’heures chez leur employeur habituel pour compenser le reste via les nombreuses formes de travail temporaire – où ils choisissent le temps et le lieu de travail de manière AUTONOME. L’attitude de Zorgnet-Icuro, qui qualifie les membres de ZZP de “parasites”, est une pure hypocrisie. A propos des consultants externes surpayés dans le secteur, on garde le silence comme si on était assassiné …
Olivier Pintelon, auteur du livre ‘De strijd om tijd’ (La bataille pour le temps) : “Un travailleur en continu employé par l’une des grandes entreprises chimiques du port d’Anvers a une semaine de travail à temps plein de 33,6 heures, ce qui correspond plus ou moins à une semaine de quatre jours. En outre, les salaires dans ce secteur sont plus élevés que dans le secteur des soins de santé. Ils sont les bienvenus, mais la comparaison jette une lumière différente sur la pénurie de personnel soignant, n’est-ce pas?”
Il va sans dire qu’un tel nouveau fleuron de la rage blanche ne peut être mis en œuvre – bien que par étapes – que par un plan d’action efficace… à ne pas confondre avec quelques manifestations à Bruxelles. Nous tenons à vous rappeler que le dernier mouvement de grève soutenu dans les hôpitaux privés des trois parties du pays (Flandre, Bruxelles et Wallonie) a eu lieu en … 2005!
Pour de nombreuses raisons pratiques, l’introduction de la semaine de 30 heures n’est possible que par étapes, mais cela ne signifie pas que nous devons prendre autant de temps que pour l’IF-IC … Nous pouvons par exemple commencer avec les entrants latéraux, ou éventuellement un quatrième jour de RTT à 60 ans (après 45-50-55), ce qui signifierait en pratique une semaine de 30 heures pour les collègues de 60 ans. Et on peut donc continuer à l’étendre jusqu’à ce que tout le monde soit couvert par la semaine de 30 heures.
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Scandale Orpéa : nos aînés maltraités par la soif de profit

« Les Fossoyeurs ». Le titre fait froid dans le dos. Dans ce livre choc, Victor Castanet dénonce implacablement les morbides conséquences des pratiques du géant français des maisons de retraite et de cliniques de soins Orpéa, leader mondial de la gestion de la dépendance. La course au profit condamne la vieillesse à la souffrance. Mais ce n’est pas une fatalité.
Par Nicolas Croes
Une maltraitance institutionnelle
Initialement paru le 26 janvier, Les Fossoyeurs en était déjà à sa sixième réimpression et dépassait les 115.000 exemplaires vendus moins d’un mois plus tard. Il révèle l’impact dramatique d’un personnel soignant en dangereux sous-effectif, les divers manquements aux soins les plus élémentaires, les restrictions alimentaires pour les résidents,… et dévoile les rouages d’un système où nos aînés sont considérés comme des vaches à lait jusqu’à leur mort, souvent prématurée en raison d’une inhumaine maltraitance institutionnelle. L’auteur dénonce par ailleurs également les décideurs politiques directement impliqués dans le financement de ces établissements et restés sourds aux nombreuses alertes lancées par des familles de résidents ou par les reportages qui se sont succédé ces dernières années.
Un système basé sur la terreur
Pas de secret, la préservation de cette odieuse machine à profit s’effectue par la terreur. Victor Castanet explique : « L’hiatus est impressionnant entre, d’un côté, des établissements de soin, destinés à prendre en charge des personnes vulnérables, où donc est censée régner la plus grande humanité pour les protéger, et de l’autre la violence et l’opacité de la gestion de ces lieux. Sur la planète Orpea – le groupe est présent dans vingt-trois pays, sur trois continents, avec plus d’un millier d’établissements -, on prend parfois des libertés avec le droit du travail. Il arrive aussi, d’après les témoignages que j’ai recueillis, qu’on licencie pour faute grave de manière abusive… Il existe même des « directeurs nettoyeurs » (sic) pour cela. À l’inverse, la docilité est gage de promotion… Tous les ex-salariés que j’ai pu interviewer sont restés durablement perturbés par ce système vicié. C’est un choc traumatique véritable, qui a pu aller, chez certains, jusqu’à la dépression ou même la tentative de suicide… »
Orpea n’a hésité devant aucune méthode pour briser la résistance syndicale. En 2010, elle avait fait appel à de véritables espions (facturés 15.000 euros par mois) pour infiltrer les organisations syndicales dans des « bastions de la CGT », grâce aux services du Groupe Synergie Globale (GSG), avec la complicité de la DRH. Dans la même veine, dès que les recherches de Victor Castanet ont été connues, il a subi une pluie d’intimidations et de menaces. Finalement, la multinationale a cherché à l’acheter : 15 millions d’euros en échange de son silence. En vain, heureusement.
Et en Belgique ?
Réagissant à la parution du livre, la CNE (Centrale nationale des employés, CSC) a déclaré par communiqué de presse « Ce n’est pas une révélation, mais des confirmations de nombreux témoignages quotidiens que nous recevons des travailleurs du secteur se trouvant dans ce type de structure, et ce depuis plusieurs années ». Le syndicat dénonce « La dérive de la commercialisation des soins de santé et particulièrement d’un secteur comme celui des maisons de repos. C’est le système d’une logique financière implacable (parce que délocalisée et toute puissante) qui doit être remis en cause. Le financement public ne peut plus permettre des situations telles que, dans l’exemple d’Orpea, une rentabilité de 304% sur les 10 dernières années. » Des syndicalistes ont notamment dénoncé dans la presse : « Si les langes ne sont pas pleins, on ne les remplace pas. »
À Anvers, un ex-directeur d’une maison de repos possédée par Orpea, Park Lane, est actuellement poursuivi pour vol, fraude informatique, abus de confiance et abus de personnes vulnérables. Orpea s’est portée partie civile et tente de se dédouaner ainsi de la situation scandaleuse dans cette maison de repos où les résidents doivent payer jusqu’à 5.000 euros par mois alors que le manque de personnel est scandaleux. Les personnes âgées y sont laissées à elles-mêmes.
Le « système Orpéa » fait particulièrement vomir, mais ce scandale est avant tout révélateur des ravages d’une gestion basée sur le profit et du manque de considération que les autorités publiques ont pour nos aînés. Sur ce point également, la pandémie a dramatiquement empiré des problèmes existants de longue date. À Bruxelles, la ligne Écoute Seniors a expliqué avoir reçu plus de 2.000 appels et ouvert 405 dossiers en 2020 pour maltraitance de personnes âgées, soit presque le double de l’année 2019.
Nous n’avons pas 36 solutions devant nous : les syndicats doivent saisir l’opportunité du scandale pour lancer une vaste campagne de sensibilisation et d’action destinée à lutter sur le terrain pour le respect des travailleurs et des seniors dans la perspective de retirer tout le secteur du privé et de l’intégrer dans un système national de soins de santé financé à la hauteur des besoins.
Les Fossoyeurs, de Victor Castanet, éd. Fayard, 400 p. 22,90 €.
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Le personnel soignant en colère : plus de moyens pour les soins, maintenant !

Des milliers de personnes du secteur des soins ont manifesté à Bruxelles aujourd’hui. Le personnel est à bout et en colère : il n’a pas ménagé ses efforts ces derniers mois et le secteur subit une pression intense. Un nombre croissant de collègues ne tiennent plus. Des moyens supplémentaires ont bien été promis, mais ils sont insuffisants et tardent à arriver. Ils ne parviennent qu’au compte-gouttes sur le terrain.
Cette demande de moyens supplémentaires a résonné particulièrement fortement aujourd’hui. On attendait jusqu’à 2.000 participant.e.s, mais il y en a eu au moins 6.000. Le fait que la manifestation ait dévié de l’itinéraire prévu a d’ailleurs illustré le caractère inattendu de cette participation. Les manifestants ont brièvement bloqué le périphérique intérieur, où ils ont reçu un grand soutien de la part des automobilistes coincés dans les embouteillages. Rue de la Loi, des policiers se tenaient derrière des chevaux de frise. Lorsque le cortège, mené par les pompiers, s’est placé face à eux, certains agents ont retiré leur casque par respect.
La raison immédiate de la manifestation est la proposition d’écarter le personnel non vacciné. Chaque collègue est nécessaire, déclare-t-on chez les soignant.e.s. Le gouvernement cible une partie du personnel et menace de mettre encore plus de pression sur le secteur au lieu d’accorder les moyens qui font cruellement défaut dans le secteur. Une grande partie du personnel soignant vit la chose comme un coup de couteau dans le dos.
Lors de l’action de ce mardi, de nombreuses pancartes étaient artisanales. Nombre de participant.e.s n’étaient pas des habitué.e.s des manifestations syndicales. Beaucoup ont clairement indiqué qu’iels n’ont aucun problème avec le vaccin, mais qu’iels ont un problème avec les sanctions contre les collègues qui ne sont pas vaccinés. “Vaccin : oui, sanctions : non”, était un avis très présent, même si l’on trouvait également une certaine confusion quant à l’utilité du vaccin.
Cette manifestation a montré quelle est la colère qui règne parmi le personnel soignant. Près de deux ans après le début de la pandémie, le secteur souffre toujours de pénuries diverses. Le personnel travaille dur depuis des mois. Combien de temps peuvent-il continuer comme ça ? Toute approche sérieuse de la crise sanitaire commence par un plan d’investissement public massif dans les soins pour que le travail y soit humain, avec suffisamment de collègue et d’infrastructures ainsi que des salaires décents. C’est nécessaire pour la santé de tou.te.s.
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GSK : Les travailleurs font plier la multinationale

Début juin, la direction de GSK (l’un des dix géants de l’industrie pharmaceutique mondiale) annonçait unilatéralement la suppression et le remplacement du système de prime de production qui avait cours depuis des années. Ce système est largement favorable au sommet de la hiérarchie (celle-là même qui a cumulé les mauvaises décisions pendant toute cette dernière période), mais sa suppression représente une perte de plus de 1.000€ par an pour les travailleurs. Après 11 jours de grève et de blocage, la direction s’est vue contrainte de revenir sur sa décision. Sans la solidarité et l’unité du personnel, cela aurait été impossible.
Par un travailleur du secteur
Ces deux dernières années ont été riches en agressions patronales. Le licenciement de près de 1.000 personnes a été annoncé sur fond de délocalisation de la production, de robotisation, d’externalisation et de précarisation de l’emploi. Ajoutons aussi la conclusion du nouvel Accord interprofessionnel (AIP), largement défavorable aux travailleurs. La colère était donc déjà bien palpable avant cette nouvelle attaque contre des travailleurs considérés comme « essentiels » il y a un an à peine. La grève fut donc décidée à la suite de diverses assemblées du personnel le 8 juin. L’idée était alors de bloquer un bâtiment par jour.
Dans une lettre au personnel, le 10 juin, Patrick Florent, Administrateur-délégué de GSK, rappelait que « notre politique de rémunération reste assurément parmi les plus attractives en Belgique. » Mais ce sont les travailleurs qui créent la richesse. Le secteur pharmaceutique – et celui des vaccins en particulier – est une véritable mine d’or pour les actionnaires. La Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) et d’autres parlent souvent des travailleurs du secteur comme des « privilégiés ». La vérité, c’est que des secteurs entiers ont été poussés dans la précarité et que les actionnaires du secteur pharmaceutique gagnent plus que l’ensemble des travailleurs de celui-ci !
La solidarité, ça marche !
La direction ne s’attendait probablement pas à ce que la grève soit si suivie. La solidarité était totale, tant au niveau du front commun syndical qu’entre statuts. Les travailleurs des bâtiments non-bloqués passaient régulièrement devant le bâtiment bloqué pour soutenir leurs collègues. Dans la pratique, il suffisait que les délégués montrent le bout de leur nez pour que le personnel se mette en grève. On comptait sur les doigts d’une main ceux qui essayaient timidement (et sans succès) de passer à travers le piquet.
Le 15 juin, Patrick Florent déclarait à la RTBF « On est quand même dans une situation où il y a pas mal d’activités qui sont perturbées ou arrêtées. Et tout ça a une conséquence très claire, c’est que des vaccins ne sont pas fabriqués, libérés et envoyés dans des pays qui en ont besoin. Donc ces actions ont un impact sur les soins de santé. Et ça, c’est déplorable, surtout quand il y a quelque chose sur la table. Je suis vraiment très chagriné par ça. » Des larmes de crocodile ! Pour les actionnaires, la santé n’est qu’un bussiness. Un hôpital, une usine de vaccins, ce n’est qu’une source de profits à leurs yeux. Les malades et leurs familles ne deviennent soudainement des préoccupations qu’à partir où les travailleurs du secteur osent remettre en cause les diktats de la direction.
Celle-ci adore raconter les contes de fées selon lesquels direction et travailleurs sont « une seule équipe » au bénéfice des patients. Elle se plaint d’avoir été parmi les victimes de la pandémie. Mais GSK a réalisé l’an dernier un bénéfice net de 1,7 milliards € ! Et il a fallu que la production de sa poule aux œufs d’or, le vaccin Shinrix (contre le zona), soit bloquée pour que la direction accepte le dialogue.
Une victoire sur laquelle construire
Une telle grève chez le plus grand employeur privé de Wallonie n’était pas du tout gagnée d’avance. Lors des assemblées du 8 juin, beaucoup de jeunes travailleurs étaient présents. Des centaines de collègues n’ont pas hésité à perdre des jours de salaire pour défendre leurs droits. Mais de nombreux défis attendent encore les travailleurs. Il y a quelques mois, le fond vautour Elliott Management devenait actionnaire de GSK. De nouvelles attaques pointent à l’horizon et la direction sait maintenant à quoi s’en tenir.
Ici, seuls les délégués étaient réellement appelés à participer aux blocages, de 5h à 22h, et l’épuisement s’est rapidement fait sentir. Il faudra à l’avenir veiller à élargir la participation aux piquets et ne pas simplement proposer aux collègues de rentrer chez eux. En voyant 300, 500 ou 1.000 travailleurs réunis chaque jour, la direction n’aurait surement pas attendu aussi longtemps avant de répondre aux revendications. Cela permettrait également de libérer du temps aux délégués, notamment pour organiser des assemblées régulières où chaque collègue pourrait s’exprimer. C’est aussi très important pour réunir auprès des délégués les travailleurs les plus motivés pour renforcer l’impact des délégations syndicales.