Category: Politique belge

  • Secteur des soins – Le gouvernement bat le chaud et le froid

    Photo : La Santé en Lutte

    Frank Vandenbroucke (SP.a, ministre fédéral de la santé publique) et Ben Weyts (N-VA, ministre flamand de l’enseignement) appliquent la même méthode: battre le chaud et le froid. Ben Weyts souhaite que les syndicats acceptent plus facilement le licenciement des enseignants en échange d’une nomination plus rapide (qui aurait immédiatement beaucoup moins d’intérêt en termes de sécurité d’emploi). Frank Vandenbroucke souhaite que le personnel soignant accepte la nouvelle loi concernant la délégation des tâches de soins infirmiers en échange d’une prime supplémentaire (qui ne serait que ponctuelle). Ils ne changeront pas la situation désastreuse de ces deux services essentiels.

    Par Anja Deschoemacker

    Que demande le personnel soignant ? La manifestation du 13 septembre organisée par le collectif La Santé en Lutte – qui a mobilisé des milliers de travailleuses et travailleurs de la santé en dépit des contaminations et des mesures sanitaires – exigeait un refinancement public du secteur afin de disposer de plus de personnel avec de meilleurs salaires et d’un service de qualité accessible à toutes et tous. Ils ont dû repousser une tentative d’interdire leur manifestation en faisant appel à l’opinion publique par le biais d’une lettre ouverte signée par plus de 1.000 soignants et ont fait face à la répression policière pendant la manifestation.

    Aujourd’hui, Frank Vandenbroucke ajoute l’insulte à l’injure : le personnel soignant peut recevoir une prime unique, une petite tape dans le dos. Mais le gouvernement refuse tout changement fondamental pour éviter au personnel des efforts surhumains et ne pas les placer devant le choix inhumain de décider qui sera soigné ou pas.

    La loi sur la délégation des tâches infirmières n’est pas seulement une insulte aux infirmières et infirmiers, c’est un cadeau au patronat du secteur pour encore plus presser le personnel comme des citrons tout en réduisant la qualité des soins. Dans son tract de novembre, La Santé en Lutte déclare : « une révolte légitime se développe dans nos rangs ».

    Organisons une deuxième vague de lutte !

    Au moment d’envoyer ce journal à l’impression, les premières actions étaient déjà annoncées. La pandémie a fait comprendre à de larges pans de la population ce que le personnel savait déjà : la loi du profit et la logique d’austérité tuent le secteur de la santé. Depuis des années, il pleut des témoignages de soignants selon lesquels la qualité des soins est mise à mal en raison du manque de personnel. Bien avant la pandémie, le risque d’épuisement mental et de burn-out y était très élevé. En Belgique, une infirmière s’occupe en moyenne de 10 patients, contre 5 dans un pays comme la Norvège. Ce n’est pas avec un membre du personnel supplémentaire par équipe (la seule chose déjà accordée) que la situation deviendra gérable.

    Le gouvernement fait la sourde oreille. Des moyens supplémentaires ont été consacrés à la santé, mais pas pour un véritable refinancement et pour mettre fin à la logique commerciale qui domine le secteur depuis ces dernières décennies, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Les fonds supplémentaires visent à combler certains trous et – surtout ! – à mettre fin à la “révolte légitime” des travailleuses et des travailleurs.

    Une deuxième vague de résistance est absolument nécessaire si nous voulons des soins de santé à la hauteur, sans bénévoles non qualifiés et non rémunérés, sans que le personnel testé positif au covid ne doive se rendre au travail et supporter la lourde charge mentale du risque d’infecter des patients déjà très vulnérables, sans que les tâches infirmières ne doivent être effectuées par du personnel ne disposant pas des connaissances professionnelles indispensables.

    Pour le 11 décembre, La Santé en Lutte appelle à un rassemblement rue de la Loi. Nous appelons chaleureusement nos lecteurs à y participer. Une nouvelle grande manifestation et l’élaboration d’un plan d’action syndical dans le secteur devraient être les prochaines étapes pour abroger cette loi et imposer au gouvernement de répondre aux exigences réelles du personnel.

  • Comptes-titres : Impôt sur la fortune ou taxe symbolique?

    Le gouvernement Vivaldi s’était mis d’accord sur une taxe de 0,15% sur les détenteurs de comptes titres dont la valeur cumulée dépasse le million d’euros, appelée « contribution de solidarité » en référence à l’ « impôt de solidarité sur les fortunes » (ISF) en France, aboli en 2019 par Macron.(1) En Belgique, cette taxe devrait rapporter 428 millions d’euros au budget fédéral et servirait, entre autres, à payer partiellement les moyens supplémentaires accordés aux soins de santé (par ailleurs toujours largement insuffisants).

    Par Boris (Bruxelles)

    Début octobre, Paul Magnette annonçait que le PS avait obtenu un impôt sur la fortune pour les patrimoines mobilier à partir d’un million d’euros. Cette annonce avait été démentie par George-Louis Bouchez (Président du MR) qui précisait que l’accord visait à réhabiliter la taxe sur les comptes-titres initiée par la coalition suédoise et annulée par la Cour constitutionnelle. Quelle est la différence? La principale réside dans le fait que les actions nominatives, où l’actionnaire est identifié, ne se retrouvent pas dans les comptes-titres et ne sont donc pas taxées. Ces actions nominatives visent surtout les gros investisseurs dans les grandes sociétés. Bref, en général, ce sont les plus riches qui en possèdent. C’est entre autres pour cette raison que la Cour constitutionnelle avait jugé discriminatoire la taxe compte-titre du gouvernement Michel.

    Alors que la taxe compte-titres de la suédoise devait rapporter 252 millions d’euros, celle-ci devrait rapporté plus de 400 millions selon la Vivaldi. Contrairement à la première mouture, la taxe s’applique ici aux détenteurs à partir d’un million euros au lieu de 500.000 euros. La différence de montant est expliquée par le fait que celle-ci ne s’applique pas qu’aux particuliers mais également aux sociétés. De plus, un système anti-abus à effet rétroactif au 30 octobre sera mis en place. Cependant selon un banquier privé interrogé dans L’Écho, certains clients ne vont pas se priver de manœuvrer pour éluder la taxe. Ils s’activent déjà. Les banques devront prélever elles-même la taxe et ne sont pas responsables des abus fiscaux. En l’absence de levée du secret bancaire, il sera donc difficile d’attraper celles et ceux qui fraudent.

    En compétition avec le PTB, le PS présente cette taxe comme une grande avancée obtenue alors que le PTB reste dans l’opposition. Pourtant l’impôt sur la fortune du programme électoral du PS devait rapporté 2,3 milliards d’euros soit quasi l’équivalent des coupes budgétaires de la coalition suédoise dans les soins de santé. 400 millions, c’est bien peu pour une taxe qui touche moins les trente familles de milliardaires que les millionnaires. Il s’agit bien d’une taxe très limitée et surtout à haute valeur symbolique afin de redorer l’image du PS et de justifier sa participation à un gouvernement qui doit gérer la crise pour les capitalistes et qui ne représente pas de changement réel pour les travailleurs et leur famille.

    La lutte pour la taxe des millionnaires – qui dispose d’un large soutien dans la société – reste donc d’actualité. Si le PTB le souhaite, le PSL est prêt à collaborer pour aider à construire le rapport de force extra-parlementaire qui s’impose.

    Lors d’un débat télévisé, le jour de l’annonce de la formation du gouvernement Vivaldi, George-Louis Bouchez argumentait que si l’ISF français rapportait 3 à 4 millions (4,2 millions en 2018) d’euros par an dans une économie 6 fois plus grande que la Belgique, la taxe des millionnaires rapporterait quant à elle entre 500.000 et un million d’euros en Belgique et que le PTB ne pourrait pas financer son programme avec celle-ci. Raoul Hedebauw lui rétorquait que l’ISF avait été raboté à travers les années en France et que le PTB a calculé que la taxe des millionnaires rapporterai entre 7 et 8 milliards d’euros par an en Belgique.

    Nous devons aussi nous préparer à la contre-offensive patronale que cela implique. L’introduction de l’impôt sur les grandes fortunes en France sous le gouvernement de Mitterrand en 1981 a provoqué un sabotage de l’économie sous la forme d’une fuite des capitaux d’une ampleur inédite. L’introduction de la taxe des millionnaires en Belgique demandera de recourir à des mesures de nationalisation, dont celle de l’ensemble du secteur bancaire, afin de stopper efficacement la spéculation mais aussi afin de s’en prendre au droit de propriété du capital et d’imposer la taxe aux saboteurs et grands fraudeurs fiscaux.

    (1) Un compte-titre est un compte, généralement auprès d’une banque, qui mentionne les titres (actions, obligations cotées en bourse, Sicav, produit dérivés,..) détenus par un particulier ou une société. Un tel compte-titre est toujours lié à un compte à vue sur lequel sont versés les dividendes et intérêts des titres détenus.

  • 17 syndicalistes condamnés à Liège. Il faut une grande campagne pour défendre le droit de grève !

    Ce 1er décembre, la FGTB avait organisé des arrêts de travail consacrés à la condamnation de 17 syndicalistes pour “entrave méchante à la circulation”. Il s’agit très d’une atteinte sans équivoque aux libertés syndicales et d’un dangereux précédent pour tous les mouvements sociaux.

    Retour sur les événements

    La condamnation survenue ce 23 novembre constitue une attaque contre le droit démocratique à l’action collective. Le tribunal de Liège a condamné 17 syndicalistes de la FGTB – parmi lesquels Thierry Bodson, aujourd’hui président de la FGTB et à l’époque secrétaire général de son Interrégionale wallonne – pour avoir participé à un blocage routier effectué dans le cadre de la grève du 19 octobre 2015. A l’époque, les événements avaient donné lieu à une monumentale vague de propagande anti-grève dans les médias dominants. Les militants ont été condamnés à des périodes allant de 15 jours à un mois de prison (avec sursis) et des amendes relativement sévères pour action de grève. Toutes les autres charges ont été abandonnées.

    La clinique CHC Hermalle avait notamment déposé plainte pour l’homicide involontaire d’une touriste danoise qui n’avait pas survécu à une opération tardive, prétendument suite au blocage organisé par des militants de la FGTB. A l’époque, très peu de monde avait attiré l’attention sur le fait que l’hôpital n’avait pas jugé utile de prendre des mesures à l’occasion de la grève, en s’appuyant sur le fait que la CSC n’y participait pas. Les médias n’avaient bien entendu pas saisi cette occasion pour alimenter le débat sur la médecine par prestation, qui entrave pourtant ouvertement la collaboration entre divers hôpitaux et médecins spécialistes. D’autre part, les embouteillages étaient quotidiens à cet endroit, qu’il y ait grève ou non, en raison du chantier du CHC. Ce 19 octobre 2015, d’ailleurs, les grévistes y avaient découvert des travailleurs indiens exploités et vivant dans des containers.

    Finalement, la responsabilité de ce décès a débouché sur un non-lieu. On avait encore accusé les syndicalistes de dégradations de la voie publique et sur ce point également ils ont été disculpés. C’est finalement leur seule présence sur les lieux du barrage routier bien après que ce dernier ait été érigé, qui a conduit aux condamnations en se servant de la notion « d’entrave méchante à la circulation ». C’est en instrumentalisant cette même notion que le tribunal correctionnel d’Anvers a condamné en 2018 le président de la FGTB d’Anvers, Bruno Verlaeckt, dans le cadre d’une grève 2016. Force est de constater que la justice de classe ne connaît pas de frontière linguistique…

    Une évolution inquiétante

    En 1997, les syndicalistes des Forges de Clabecq avaient eux aussi bloqué une autoroute, des images devenues depuis lors symboles d’un syndicalisme de lutte. Le tribunal de Nivelles avait décidé des non-lieux et des suspensions du prononcé puisqu’il considérait cette manifestation comme relevant de l’exercice du droit de grève.

    Mais il y a eu une très nette évolution de la jurisprudence depuis lors, tout particulièrement depuis l’extraordinaire mouvement de l’automne 2014. Le mouvement ouvrier avait alors démontré quelle est encore l’étendue de sa force en Belgique, avec une succession de dates annoncées ensemble. Ce plan d’action de 3 phases avait connu la plus grande manifestation syndicale depuis 1986, une série de grèves provinciales qui avait rencontré le succès tant au Sud qu’au Nord du pays et enfin une grève générale national le 15 décembre qui avait bloqué le pays avec toute la force de l’élan que ce plan audacieux lui avait donnée. Le camp patronal avait été autant effrayé que les travailleurs avaient été enthousiasmés. Ce n’est qu’en raison des hésitations dans les sommets syndicaux que ce gouvernement à la botte du patronat était resté en place.

    Parmi les grands patrons et leurs employés politiques, la leçon a été comprise. Depuis lors, les recours aux actions judiciaires dans le but de pénaliser le droit de grève sont devenus beaucoup plus nombreux. Et la DH vient de révéler que le MR travaille actuellement sur une loi visant à « encadrer le droit de grève » afin de ne plus permettre la mise en place de piquets bloquants. Il serait également question d’exiger que les syndicats aient une personnalité juridique, une vieille revendication de la droite et de l’extrême droite qui vise à pouvoir noyer les syndicats sous une pluie de plaintes pour chaque trouble causé par une grève.

    Une réaction à la hauteur des enjeux !

    Les arrêts de travail lancé par la FGTB ce 1er décembre constituent le premier mot d’ordre d’ensemble depuis le début de la pandémie. Il y aurait pourtant largement eu matière à procéder de la sorte pour discuter des mesures sanitaires à adopter sur le lieux de travail et pour rassembler les diverses luttes qui ont eu lieu contre l’inaction du patronat. Pensons qu’il a fallu une dizaine de journées de grèves à AB-Inbev pour arracher de nouvelles mesures sanitaires après qu’une dizaine de travailleurs aient été contaminés ! De la même manière, les directions syndicales ont décidé de passer à côté de la manifestation nationale du groupe d’action militant La Santé en Lutte le 13 septembre dernier, alors que la pertinence des revendication du personnel soignant n’est plus à démontrer aujourd’hui.

    Cette nouvelle attaque sur le droit de grève ne peut pas passer tout simplement. Il ne s’agit pas seulement de cette seule série de condamnation, il s’agit du droit à l’action collective de chacun d’entre nous. Une campagne nationale sérieuse contre cette condamnation politique est nécessaire. Nous ne préserverons pas le droit à l’action collective simplement en en parlant ou en l’écrivant sur les réseaux sociaux : nous devons faire usage de nos droits pour les préserver. Afin d’impliquer des couches plus larges de travailleurs dans l’action, les actions à venir doivent être bien préparées et bien construites. Une véritable campagne d’information visant à mobiliser, y compris pour des grèves, ne peut plus attendre.

    Une nouvelle journée d’action est prévue le 10 décembre, Journée internationale des droits humains. Ce jour-là, la FGTB fera appel de la condamnation et il y aura plusieurs actions contre l’atteinte au droit de grève. Cela pourrait être un bon point de départ pour une campagne d’information qui repose sur des actions avec le large soutien de l’ensemble du mouvement ouvrier.

    Nous vivons des temps incertains, mais nous savons déjà une chose : les patrons et leurs marionnettes politiques vont essayer de nous faire supporter les coûts de la crise sanitaire et de la crise économique. La défense de notre droit de grève est une priorité absolue et cela ne se fera pas uniquement par des actions symboliques.

  • Pas de profits sur notre santé !

    Cela a dû être un grand soulagement pour beaucoup lorsque le gouvernement a annoncé qu’il mettrait le vaccin gratuitement à la disposition de tous. Un soulagement pour celles et ceux qui craignaient une facture supplémentaire alors que l’incertitude financière de ces derniers mois, qui n’est pas destinée à disparaître. Mais l’ampleur de la mise à disposition du vaccin et le prix que la sécurité sociale aura à payer dépendront des marges bénéficiaires des grandes entreprises pharmaceutiques.

    Par Michael

    Alors que beaucoup de gens ne peuvent plus se permettre de dépenses supplémentaires, même de quelques dizaines d’euros, Albert Bourla, le CEO de Pfizer (la société qui a annoncé les bons résultats obtenus par son candidat vaccin à la mi-novembre), a pu vendre pour 5,6 millions de dollars (plus de 4,7 millions d’euros) d’actions le jour où la société a fait son annonce. Depuis lors, d’autres sociétés pharmaceutiques ont annoncé les résultats de leurs vaccins en cours de développement, et la valeur boursière de ces sociétés a grimpé en flèche. Les grands actionnaires se frottent déjà les mains : non seulement ils bénéficient désormais d’actions qui atteignent des sommets, mais ils savent aussi que leurs vaccins seront achetés en masse.

    Si les vaccins sont offerts gratuitement à la population par les autorités, il s’agira bien sûr d’un transfert direct des caisses de notre sécurité sociale vers les poches des actionnaires de l’industrie pharmaceutique. C’est la nature mortifère du capitalisme, une société où une minuscule minorité amasse des fortunes avec une pandémie synonyme de maladie, mort, stress, solitude et pauvreté pour la majorité de la population.

    Mais il y a plus. BioNTech, la société qui a développé le vaccin avec Pfizer, a pu compter sur un soutien de 375 millions d’euros du gouvernement allemand. Le nouveau vaccin de Moderna, annoncé le 17 novembre, a été entièrement développé avec des fonds publics. En plus, ce secteur ne paie pratiquement pas d’impôts. La collectivité paie donc elle-même un transfert de milliards d’euros dans les poches de Big Pharma.

    Ce ne sont pas les actionnaires qui assurent notre santé. Au contraire : ce transfert de milliards à Big Pharma pourrait être utilisé intégralement pour les soins de santé, pour plus de personnel, de meilleures conditions de travail et un système d’urgence permanent pour s’attaquer immédiatement aux pandémies.

    Ce sont les travailleuses et les travailleurs de l’industrie pharmaceutique qui ont créé et produit le vaccin, et non les CEO et les actionnaires. Avec le personnel de la santé et des secteurs essentiels, ils disposent du meilleur savoir-faire et de la meilleure expertise pour organiser et gérer la diffusion du vaccin. Toute nouvelle stratégie de déconfinement liée à la vaccination doit reposer sur le contrôle et la gestion démocratiques du vaccin par les travailleuses et les travailleurs.

    On nous dira qu’il faut d’abord être solidaire avec les populations qui en ont besoin. Absolument. Mais si l’on se base sur les marges bénéficiaires de Big Pharma, nous n’utiliserons jamais tout le potentiel de la puissance de production pharmaceutique en Belgique.

    Ce n’est donc pas seulement ce vaccin qui doit devenir un bien public. L’industrie pharmaceutique dispose de ressources de production et de technologies qui sont socialement nécessaires. La crise sanitaire l’a clairement montré. L’ensemble du secteur pharmaceutique doit être exproprié et placé sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs. Ce n’est qu’alors qu’il pourra fonctionner en fonction de notre santé, plutôt qu’en fonction du profit.

  • Justice pour Mawda ! Combattons les violences policières !

    Ces 23 et 24 novembre 2020 aura lieu le procès des trois hommes impliqués dans la mort de Mawda le 17 mai 2018. La fillette qui fuyait la guerre au Kurdistan irakien avec sa famille avait été tuée par une balle dans la tête à la suite d’une course-poursuite entre la police et une camionnette de migrants. Autant que le policier qui a tiré la balle, les politiques d’austérité migratoires, la normalisation et l’impunité des violences policières sont responsables de ce drame.

    Par Antoine, EGA-Bruxelles, images de solidarité prises sur la page Facebook de la Campagne Solidarity

    En Belgique, les politiques migratoires sont construites autour de la répression plutôt que de l’accueil et de l’intégration. A la suite du meurtre de Mawda, Jan Jambon justifiait l’acte du policier par l’autorisation de ceux-ci à tirer sur les migrants si « des vies sont en danger ». Cette légitimation des violences policières est un discours tenu non seulement par l’extrême droite mais également par les partis traditionnels comme le MR. Rien d’étonnant, quand on sait que la police est le bras armé du gouvernement et qu’elle leur permet d’appliquer sur le terrain leurs politiques de répression.

    Ce drame et tant d’autres ont permis d’émettre un constat alarmant : la nécessité de la régularisation des sans-papiers en Belgique, d’autant plus en cette période Covid où les décisions gouvernementales ont été prises sans les tenir en compte, les plongeant encore plus dans la précarité. La volonté du gouvernement de retours aux pays et d’ouvertures de « nouvelles places » en centres fermés démontre leur déshumanisation envers les migrants et souligne la nécessité de maintenir une opposition militante active. Il faut absolument que les sans-papiers soient régularisés et puissent bénéficier d’aides comme le CPAS et un accès à un logement abordable.

    Avec le réchauffement climatique, les conflits et les guerres, les migrations vont augmenter considérablement. Pour y faire face, il est nécessaire d’adopter dès aujourd’hui une politique d’accueil à laquelle le système en place ne pourrait pas répondre. Le capitalisme démontre toujours plus ses limites et son incapacité à gérer de manière sociale et humaine les questions migratoires. Pour combattre ces inégalités, il est nécessaire de construire un mouvement politique avec des revendications sociales radicales et le but de rompre avec le système actuel.

    Il est essentiel que le contrôle des forces de l’ordre s’opère de manière démocratique et sur base des communautés locales et des organisations de travailleuses et travailleurs. Les plaintes déposées au comité P n’aboutissent souvent à rien, ce que la Cour Européenne des Droits de l’Homme a notamment dénoncé. L’ONU dénonce également un manque de partialité et d’indépendance dans cet organe. Le passage du policier devant le juge est malheureusement encore trop rare. Pour ça nous avons besoin d’un contrôle démocratique, transparent et indépendant des forces de police.

    L’impunité des policiers les conforte dans l’idée qu’ils peuvent se permettre d’être violents, racistes et sexistes. Nous devons clairement démontrer que tout le système est responsable du meurtre de Mawda et que c’est tout le système qui doit être jugé. Son manque de démocratie, ses politiques d’austérité et d’oppression, rendent nécessaire d’en finir avec le capitalisme et de lutter pour un système radicalement différent, basé sur la solidarité et les besoins collectifs: une société socialiste.

    Combattons le racisme par la solidarité !

    • Régularisation de toutes et tous les Sans-Papiers!
    • Jamais plus d’impunité policière! – Contrôle démocratique sur les forces de l’ordre!
    • Des solutions sociales pour les problèmes sociaux : il faut des investissements dans l’enseignement, les soins de santé et les salaires plutôt que dans la répression policière. Taxons les riches au lieu de tirer sur les pauvres !
    • Malcolm X a dit : “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme”. Nous devons combattre le système capitaliste, un système d’exploitation économique pour la majorité au profits d’une infime élite.

     

  • Deuxième vague, nouveau test : le système échoue à nouveau.

    Il est plus que temps de lutter pour un autre système !

    « En 2008 lors de la crise financière provoquée par les banques, l’État a déboursé 27,3 milliards d’euros. Pour préserver le “business as usual” on ouvre la caisse, mais pour sauver des vies on compte le moindre centime… Si des manifestations ne suffisent pas, va falloir penser se révolter ! » La révolte, la colère et la peur étaient déjà présentes avant la pandémie, ce que vont encore renforcer les diverses crises interconnectées du capitalisme.

    Par Nicolas Croes, édito de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    La citation ci-dessus provient du groupe d’action militant La Santé en Lutte, une groupe qui réuni des centaines de membres du personnel de la santé parfaitement conscients des enjeux actuels au vu de leur pratique quotidienne. C’est à l’initiative de La Santé en Lutte (avec notamment le soutien de structures bruxelloises de la FGTB) que la grande manifestation de la santé du 13 septembre a été organisée. 7.000 personnes étaient présentes, un succès au vu des complications diverses. Mais combien aurions-nous été si les appareils syndicaux avaient eux aussi mobilisé nationalement ? Résultat : la plus grande mobilisation de cet automne fut la caravane du Vlaams Belang au Heysel. L’avertissement n’est pas à prendre à la légère. L’extrême droite est experte pour instrumentaliser la colère devenue cynisme.

    La meilleure arme pour repousser l’extrême droite et les préjugés racistes, sexistes, LGBTQI-phobes et autres, c’est la lutte collective pour des revendications qui nous unissent. Et qu’est ce qui peut bien nous unir plus aujourd’hui que les revendication du personnel de la santé ? Le mauvais état du secteur de la santé menace notre santé, mais ce n’est malheureusement qu’un exemple parmi de nombreuses autres situation de gravissime manque de moyen.

    Les directions syndicales ont raté le coche. En sera-t-il de même face à l’avalanche de pertes d’emploi qui s’annonce ? Chaque entreprise devra lutter dans son coin ? Avec l’instruction de se limiter à mendier un meilleur plan social ?

    Rassembler la colère, construire un rapport de force

    L’establishment capitaliste – les patrons, leurs marionnettes politiques à la Vivaldi et ailleurs, leurs journalistes, etc. – craignent la révolte sociale. D’où les (insuffisantes) promesses pour les soins de santé. D’où l’annonce de quelques mesurettes sociales avant tout symboliques dans l’accord du gouvernement.

    Mais il faut plus. Beaucoup plus. Après des années de politiques d’austérité impitoyables, les pénuries dans des secteurs tels que les soins de santé, l’éducation, les transports publics,… donnent le vertige. Des changements politiques fondamentaux et des investissements massifs sont nécessaires pour résoudre tous les problèmes qui se sont accumulés au fil des ans.

    Les propositions, initiatives et campagnes concrètes autour des besoins des travailleurs et de leurs familles liées à des actions pour arracher nos revendications nécessitent une forte opposition de gauche. Une telle opposition doit aller au-delà des élections et de la vie parlementaire. Tant sur le plan politique que syndical, nous avons besoin d’une vision plus large : le système capitaliste est en faillite, nous devons donc construire un rapport de forces pour le remplacer par un système qui garantit notre santé et d’autres besoins essentiels.

    Ce sont les travailleurs qui font tout tourner, cela est devenu plus évident avec la pandémie. Allons plus loin avec un programme, une stratégie et des tactiques qui permettent aux travailleurs d’effectivement prendre le contrôle de la société. Si nous laissons le capital en charge, la crise sanitaire ne cessera d’échapper à tout contrôle tandis que le chômage frappera de plus en plus de monde.

    Les entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs doivent être prises en main par les pouvoirs publics. Nous ne manquons pas de pénuries auxquelles répondre, il nous faut une approche globale pour réponde aux besoins des travailleurs et de leurs familles.

    La seule issue, c’est une autre société

    La base de la société, c’est son économie. La technique moderne a atteint un tel degré qu’elle pourrait assurer un bien-être élevé à toute l’humanité dans le respect de l’environnement. Mais la propriété privée des moyens de production nous voue à des souffrances toujours plus grandes. Le capitalisme ne disparaîtra pas de lui-même de la scène. Seule la classe ouvrière peut arracher les forces productives des mains des exploiteurs.

    L’avertissement lancé par Léon Trotsky 5 ans avant la seconde guerre mondiale n’a rien perdu de sa pertinence : « Si le prolétariat se trouve pour telle ou telle raison incapable de renverser la bourgeoisie et de prendre le pouvoir, s’il est, par exemple, paralysé par ses propres partis et ses propres syndicats, le déclin de l’économie et de la civilisation se poursuivra, les calamités s’accroîtront, le désespoir et la prostration s’empareront des masses, le capitalisme -décrépit, pourrissant, vermoulu- étranglera toujours plus fort les peuples, en les entraînant dans l’abîme de nouvelles guerres. Hors de la révolution socialiste, point de salut. » (Léon Trotsky, Encore une fois, où va la France?, mars 1935)

  • C’est leurs profits ou notre santé !

    «Chaque jour, un hôpital supplémentaire est rempli de patients», a déclaré Geert Meyfroidt de l’hôpital universitaire de Louvain le 22 octobre. Nous allons droit dans le mur, s’accordent à dire tous les experts. Les hôpitaux liégeois doivent renvoyer des patients, mais le manque de moyens sévit partout! Le personnel n’avait pas encore récupéré de la première vague qu’il est déjà frappé par la nouvelle. «Plus de personnes sont déjà absentes que lors de la première vague en raison de la fatigue permanente», a expliqué le directeur de la Communication du CHU de Namur, Benjamin Vallée.

    Les partis gouvernementaux et le reste de l’establishment ont échoué lors de la première vague et échouent à nouveau! Le Premier ministre De Croo appelle la population à faire preuve de solidarité. Il n’y a jamais eu de manque de solidarité. Nous le constatons à chaque catastrophe.

    Mais nous avons besoin de beaucoup plus de tout : de capacités de test et de recherche des contacts suffisantes, de ressources et d’infrastructures plus nombreuses pour les soins,… Impossible sans cela de riposter au terrible virus en allant au-delà de méthodes moyenâgeuses comme l’isolement à domicile. A la différence que le travail et l’enseignement continueront de tourner. Les intérêts économiques priment sur tout dans ce système.

    Nous devons prendre nos responsabilités pour protéger notre santé. C’est la classe ouvrière qui produit tout d’une manière générale. Les travailleuses et travailleurs sont les mieux placés pour décider des mesures sanitaires qui s’imposent sur leur lieu de travail. La situation devient-elle dangereuse? Que l’on arrête de travailler ! C’est arrivé dans un certain nombre de supermarchés notamment. En Grèce, les écoliers ont manifesté en rue pour réclamer des classes de moins de 15 élèves.

    Pour éviter les contaminations sur le lieu de travail, il est essentiel que celles et ceux qui doivent être mis en quarantaine ne subissent aucune perte de revenus. Des tests réguliers sur le lieu de travail peuvent aider à les isoler plus rapidement, avant même l’apparition de symptômes. Mais les personnes renvoyées chez elles conservent doivent conserver tout leur revenu pour éviter que quelqu’un ne continue de travailler pour raisons financières.

    Après des années d’austérité, il peut sembler impossible de répondre immédiatement aux pénuries. Dans la santé ou l’enseignement, où trouver suffisamment de personnel qualifié en un laps de temps aussi court ? Comment répondre au manque d’infrastructures ? Faire face à une crise telle que celle-ci exige de mobiliser toutes les ressources sociales disponibles.

    La Belgique dispose d’un vaste secteur pharmaceutique aux capacités de test gigantesques, y compris pour obtenir rapidement les résultats. Dans les grandes villes, on pourrait réquisitionner de nombreux bureaux vides pour en faire des salles de classe ou d’autres infrastructures utiles. Au lieu de faire appel à des bénévoles, du personnel supplémentaire doit immédiatement être recruté pour des tâches non médicales. Qu’est-ce que les autorités attendent pour investir immédiatement dans la formation de personnel soignant ? Nous avons déjà perdu 7 mois !

    Réfléchir à ce qui est nécessaire – et possible ! – entre directement en confrontation avec les barrières de la loi du profit capitaliste. Cette logique risque d’être désastreuse pour la production et la distribution de vaccins. Laisser l’initiative au secteur privé signifie d’avoir la répétition de la saga des masques. En pire. Respecter la logique de profit signifie que certains travailleurs croulent sous les tâches tandis que d’autres sont licenciés.

    Ce sont les travailleuses et travailleurs eux-mêmes qui ont imposé les mesures nécessaires à leur sécurité. C’est la mobilisation du personnel de la santé qui a contraint le gouvernement à faire de premières concessions (bien que largement insuffisantes). Continuons sur cette voie ! Exigeons le développement de services médicaux dans les grandes entreprises pour permettre des tests de masse. Mettons en place, avec des collègues, des comités pour surveiller l’organisation et le respect des mesures sanitaires ! En cas de menaces de licenciements, exigeons l’ouverture des livres de comptes et exerçons le contrôle ouvrier avant de mettre l’entreprise dans les mains du public. Il n’y a pas la moindre solidarité entre patrons et employés car ils n’ont pas les mêmes intérêts !

    Le capitalisme montre l’ampleur de sa faillite dans le secteur de la santé, dans l’enseignement, dans les tests et le tracing, dans le développement d’un vaccin, et certainement tôt ou tard dans sa distribution. Cela nous prive de toute perspective d’avenir. Le capitalisme pourri sur pied. Il doit être remplacé. Il est grand temps d’avoir un autre système, un système qui repose sur les besoins et les revendications de la majorité de la population. Seule une planification démocratique peut apporter une réponse à une telle crise mondiale. Organisez-vous et rejoignez la PSL pour lutter ensemble en faveur d’une alternative socialiste démocratique !

  • Mobilisons tous les moyens nécessaires de toute urgence ! La négligence capitaliste nous envoie au drame

    Après sept mois, l’effondrement complet des hôpitaux est imminent. Ensuite il faudra décider qui soigner et qui laisser mourir. Il n’y a pas de temps d’attente pour voir si les mesures actuelles fonctionnent ou non. Il est scandaleux que dans un pays comme la Belgique, avec un secteur pharmaceutique aussi développé et un tel savoir-faire en matière de soins, cela puisse arriver. Combien de vies humaines allons-nous encore perdre pour préserver « l’économie » (c’est-à-dire : la soif de profits) ?

    Déclaration du Bureau Exécutif du PSL/LSP

    Toutes les entreprises qui ne sont pas en mesure de garantir la santé et la sécurité doivent fermer, avec maintien des salaires

    N’accordons aucune confiance au patronat. Le 14 octobre, Pieter Timmermans, de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) osait encore dire : « Force est de constater que le problème se situe dans la sphère privée, et dans les universités. Nos entreprises, elles, ont fait tout ce qu’elles pouvaient faire. » Cela a été contredit dans le journal patronal L’Echo ce 29 octobre : au total 67% des entreprises sondées négligent les mesures de sécurité en vigueur.

    Chez AB InBev, il a fallu plus d’une semaine de grève après qu’une dizaine de travailleurs aient été infectés pour que de nouvelles mesures soient prises. Ce mardi 27 octobre, une dizaine de magasins Carrefour Market (Mestdagh) étaient en grève face à des mesures de sécurité à géométrie variable, le non-respect des horaires, des travailleurs assumant des responsabilités qui ne leur sont pas attribuées, le recours d’intérimaires par centaines ainsi que des étudiants,…

    Il est vrai que les données manquent en Belgique concernant les foyers de contamination – les « clusters » – en milieu professionnel, contrairement aux autres pays européens. En France, selon une analyse réalisée par Santé Publique France, près de 25 % des clusters identifiés depuis le déconfinement l’ont été sur les lieux de travail (entreprises privées et services publics). Une étude de Médecine pour le Peuple parvient à un chiffre à ses alentours avec 21% de contaminations liées au travail.

    Toutes les entreprises qui ne peuvent pas garantir la santé et la sécurité doivent être fermées maintenant sous condition contraignante du maintien du salaire. Et cela pour deux raisons. La première est d’enrayer l’explosion actuelle de contamination. Deuxièmement, cela permettrait de libérer du personnel afin de renforcer les soins de santé, sur une base volontaire et bien entendu entièrement rémunérée. C’est aussi nécessaire dans l’enseignement, car un certain espace doit être laissé pour que la société puisse prendre en charge les enfants qui en ont besoin.

    Mobiliser dans l’immédiat tous les moyens et les forces disponibles

    Nous ne parviendrons pas à répondre aux besoins sanitaires sans réquisition de ce qui est nécessaire. Il est totalement absurde que l’on se retrouve à court de tests en Belgique quand on sait quelle est la taille du secteur pharmaceutique dans le pays. Le plus grand centre de contrôle qualité pharmaceutique au monde se trouve par exemple à Wavre, chez GSK. Le personnel et l’infrastructure du secteur doivent être mobilisés, notamment pour assurer une quantité suffisante de tests et l’analyse rapide de leurs résultats. Sauvegarder ce secteur de la logique de profit est aussi essentiel pour la production et la diffusion d’un futur vaccin.

    Tous les experts et médecins le disent d’une même voix : ce ne sont pas seulement les lits qui manquent, c’est aussi le personnel. Cela ne tombera pas du ciel : les décennies successives de politiques d’austérité et de réduction des budgets sont responsables. En raison du manque de moyens, le personnel restant s’est retrouvé en nombre insuffisant, avec une charge de travail et des conditions de salaire et de travail si mauvaises que beaucoup ont jeté l’éponge. Cette situation, on l’a connue dans les soins de santé, mais aussi dans l’enseignement.

    Un plan d’investissements publics massifs doit de toute urgence être concrétisé pour le secteur des soins de santé et celui de l’enseignement, pour débuter la formation de nouveaux personnels. De meilleurs salaires et conditions de travail sont nécessaires pour mettre fin à l’important turn-over du personnel. S’il faut doubler le personnel soignant pour faire face à une 3e ou une 4e vague, cela ne tombera pas du ciel ! Pour financer cela, appliquons une taxe immédiate sur les fortunes, la meilleure manière de nous prémunir de la fuite des capitaux étant et la prise en mains publiques du secteur financier.

    En 2008, quand la crise financière a éclaté, l’État belge a déboursé 27,3 milliards d’euros pour sauver les banques. Comparons aux insuffisantes promesses pour les soins de santé qui doivent encore être concrétisées. Les banques ont été sauvées, mais le personnel de santé doit retourner dans les tranchées après n’avoir reçu que des applaudissements. Cette différence d’approche est criminelle. Si nos soins de santé étaient une banque, ils auraient été sauvés depuis longtemps !

    C’est au mouvement des travailleurs de décider

    C’est aux travailleuses et aux travailleurs de décider eux-mêmes des entreprises et activités qui sont essentielles ainsi que des conditions sous lesquelles organiser le télétravail. Les délégués syndicaux font tout ce qui est en leur pouvoir pour transformer la colère sur le terrain en mesures efficaces pour contrer la propagation du virus. Mais à ce stade de la pandémie, les vannes sont ouvertes.

    Des comités de crise du personnel de l’entreprise doivent être constitués autour du représentant syndical dans le Comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT) pour assurer le respect de toutes les mesures de protection nécessaires. Là où il n’existe pas de CPPT, des comités de crise sont essentiels et peuvent constituer un tremplin vers un futur CPPT. Ces comités de crise représentent des éléments importants du contrôle des travailleurs à un moment où il est évident que ce sont les travailleurs qui font tourner le monde.

    C’est du reste la meilleure manière de se préparer à réagir en cas d’annonce d’un plan de restructuration ou de fermeture autour de revendications telles que la nationalisation sous contrôle et gestion des travailleuses et des travailleurs des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs.

    Les dirigeants syndicaux doivent prendre leurs responsabilités le plus tôt possible et soutenir la colère de la base en l’organisant au niveau national par la déclaration d’une grève générale. C’est la seule façon d’augmenter la pression sur le gouvernement et le patronat pour que les entreprises qui ne peuvent pas garantir la santé et la sécurité soient fermées.

    En Espagne, la grève a permis d’arracher l’augmentation du budget des soins de santé de 151 %. En Allemagne, la lutte des travailleuses et travailleurs du secteur public a permis d’assurer au personnel soignant une hausse de salaire de 8,7 %. Seule la lutte paye !

    Nous allons devoir nous battre pour nous assurer de disposer d’une société responsable qui protège la population et non la soif de profits d’une infime élite. Ce que nous voulons, c’est une société où nous travaillons pour vivre et non pas où nous vivons pour travailler, encore moins avec le risque d’être contaminés et de mourir. La seule société qui permettrait cela est une société socialiste démocratique.

    Nos vies, pas leurs profits !

    • Fermeture immédiate de toutes les entreprises qui ne peuvent pas garantir la santé et la sécurité, avec maintien du salaire !
    • Création de comités de crise du personnel – autour des délégués du CPPT là où ils existent – pour imposer et superviser les mesures sanitaires !
    • Mise en mains publiques de l’industrie pharmaceutique pour une expansion massive des capacités de test et d’analyse ainsi que pour une politique de vaccination contrôlée par le public !
    • Amélioration immédiate des conditions de travail et de salaire dans les soins de santé et l’enseignement !
    • Des soins psychologiques et sociaux gratuits pour le personnel soignant et toutes celles et ceux qui souffrent d’isolement afin de faire face aux conséquences de cette situation émotionnellement stressante !
    • Développement d’un plan d’investissements publics massifs dans les soins de santé et l’enseignement !
    • Taxation immédiate sur la fortune pour dégager les moyens nécessaires, nationalisation du secteur financier contre la fuite des capitaux !
    • Pour une société socialiste démocratiquement planifiée par la classe ouvrière !
  • Le gouvernement a choisi ce qu’il veut protéger – et ce n’est ni notre santé ni notre niveau de vie !


    « Je le dis haut et fort : notre pays, notre économie et nos entreprises ne peuvent pas supporter un nouveau confinement » – déclaration du gouvernement De Croo. Et donc – bien que les chiffres augmentent de façon alarmante, bien que les hôpitaux débordent et que les soins réguliers doivent être reportés, bien que les experts de la santé recommandent des mesures plus sévères – les mesures se limitent à tuer la vie sociale.

    Par Anja Deschoemacker

    Alors que les ministres s’isolent lorsqu’ils sont testés positifs, le personnel de santé doit aller travailler. Les tests préventifs sont limités car la capacité de test n’est toujours pas suffisante. La recherche des contacts (le tracing) n’en est toujours nulle part. Lorsque l’enseignement doit passer en code orange, selon les baromètres mis en place, il est rapidement décidé que le code orange signifie que toutes les écoles restent ouvertes.

    Quarantaine, conditions de travail sûres, accès aux tests,… tout cela est réservé aux ministres, aux cadres supérieurs des entreprises – aux personnes considérées comme « importantes » par le gouvernement et le patronat. Pour nous – les travailleurs, leurs enfants et leurs parents – il n’y a que l’espoir d’une immunité de groupe. Dans la guerre contre le virus, nous sommes de la chair à canon. Ce qui doit être sauvé, ce n’est pas nous, mais les entreprises.

    Cependant, les économistes sont très clairs : ce qu’il faut pour une reprise économique, c’est la confiance des consommateurs. Et cette confiance des consommateurs dépend de la mesure dans laquelle les gouvernements parviennent à garder le virus sous contrôle. La politique actuelle du gouvernement est donc contre-productive sur tous les fronts. C’est le refus de faire passer la santé publique avant tout qui rend la reprise économique impossible.

    Le gouvernement est piégé par la perspective à court terme de ceux qu’il sert : les grandes entreprises. Car rien ne leur est imposé pour garantir la sécurité des travailleurs. Il est interdit de se réunir avec sa famille ou ses amis et les amendes sont élevées pour les personnes à faibles revenus. Mais votre patron peut décider que vous devez vous tenir près de vos collègues ou servir les clients dans des espaces non ventilés. Et les gouvernements décident que vos enfants doivent aller à l’école dans une classe exiguë qui rend impossible l’enseignement en sécurité.

    Le gouvernement ne prévoit rien non plus pour empêcher les capitalistes de sortir leur argent du pays lorsqu’ils ferment des entreprises et que les salaires et les indemnités de licenciement doivent être payés par la collectivité. L’affaire Mega World (anciennement Blokker) en est un bon exemple. Toute une série d’entreprises licencient du personnel parce qu’elles font des pertes pour la première fois depuis des décennies. « Entreprendre avec succès » signifie que vous réservez les bénéfices aux actionnaires et que vous répercutez les coûts sur la société. Merci au gouvernement !

    Beaucoup disent maintenant : « ce gouvernement n’a rien appris de la première vague ». Les De Croo et Vandenbroucke ne sont pas idiots. Ils savent que leur politique va coûter des vies, que le personnel de santé sera exténué, que les étudiants et les enseignants vont forcément propager le virus, que le personnel de santé testé positif qui doit travailler transmettra le virus aux patients vulnérables. Ce n’est pas de la stupidité, c’est un choix politique !

    Pour arriver à une situation qui permette de suivre des cours, d’enseigner et de travailler en toute sécurité, il faudra l’imposer. C’était déjà le cas lors de la première vague et il n’en est pas autrement aujourd’hui. Les travailleurs devaient le faire eux-mêmes sur le lieu de travail, sans aucun encouragement de la direction syndicale et dans certains cas même explicitement contre la direction syndicale, qui offrait la paix sociale en cadeau aux patrons et aux gouvernements.

    Toutes les mesures de protection et les concessions sociales faites par le gouvernement ont été imposées à la base par cette lutte : pas par “l’unité nationale” et la “paix sociale” qui n’est respectée que par les directions syndicales alors que les capitalistes continuent à défendre leurs intérêts. Pour que l’économie fonctionne pour la majorité des gens, ce qui signifie aussi aujourd’hui pouvoir être utilisé pour garantir la santé publique et sauver des vies, il faut se battre.

    Les syndicalistes combatifs et autres militants de la société civile ont une tâche importante à accomplir dans les semaines à venir : orienter une action fondée sur la discussion pour faire comprendre au gouvernement et aux patrons que nous ne sommes pas prêts à risquer nos vies et celles de nos enfants, parents et grands-parents pour rendre les plus riches encore plus riches. Après tout, une économie qui tourne autour des besoins de la majorité de la population ne devrait pas produire de nouveaux milliardaires(1) mais la sécurité et un bon niveau de vie pour tous.

    1) Comme le couple De Raedt-Verheyen qui a reçu un milliard d’euros en septembre dernier lorsqu’il a vendu son groupe de laboratoires CMA-Medina au Biogroupe français, et est ainsi devenu milliardaire au détriment de notre assurance maladie.

  • Coronavirus. Encore une fois : leur approche est un échec et leur système est en faillite

    Photo : Pixabay

    Le nombre d’infections augmente à nouveau rapidement, les hôpitaux menacent à nouveau d’être saturés. Le personnel soignant est épuisé par la précédente vague d’hospitalisations et de nombreux maisons de repos et de soins ne se sont pas encore remis. Parallèlement, beaucoup de gens sont fatigués de la situation et en ont totalement assez. Nous pourrions toutefois être à nouveau confrontés à des mesures plus strictes qui limiteraient encore davantage notre vie sociale.

    Personne ne souhaite un nouveau confinement ou des mesures qui briment notre vie sociale et notre vie tout court. Est-ce évitable ? Au mois de mars, on pouvait encore dire que personne n’était préparé à une telle situation. Ce n’est toutefois pas vrai : les scientifiques avaient averti de longue date au sujet du risque de pandémie, mais les mesures préventives coûtaient de l’argent. Mais aujourd’hui, nous connaissons les terribles conséquences du Covid-19 depuis plusieurs mois déjà alors que nous savons toutes et tous qu’un virus ne disparaît pas tout simplement sans qu’un vaccin ne soit trouvé.

    Lorsque le virus est apparu, les masques, le matériel de protection et les tests manquaient. En Belgique, nous avons connu la destruction du stock stratégique de masques, une était bévue motivée par la logique d’austérité et d’économie budgétaire : détruire était moins cher que déplacer le stock ailleurs. Depuis lors, l’approvisionnement en masques a été assuré. Après tout, ce n’est pas si difficile à produire. La raison pour laquelle un processus aussi simple de production n’a pas été mis en route à échelle de masse beaucoup plus rapidement s’explique par le fait que cela a été laissé à l’initiative privée. Les autorités ont refuser d’envisager d’exiger que les chaînes de production soient réorganisées pour assurer que ce qui était nécessaire soit fourni à la collectivité.

    La capacité de test a été considérablement augmentée, mais des problèmes apparaissent déjà. Dans certaines régions, les tests ne sont pas effectués si une personne ne présente aucun symptôme. Nous avons entendu l’exemple d’une personne à qui un test avait été refusé alors que plusieurs de ses collègues avaient été infectés ! Son médecin généraliste a dû manipuler les faits et affirmer qu’elle présentait des symptômes légers pour obtenir un test. Le déploiement à grande échelle de millions de tests se fait attendre. Cela peut toutefois être relativement simple : à l’Université de Liège, la salive de 30.000 membres du personnel et étudiants est testée chaque semaine. Pourquoi ne pas faire de même ailleurs ? En plus d’un tel test salivaire (qui est moins fiable), il est bien sûr nécessaire de disposer d’une capacité de tests plus sensibles plus importante à plus grande échelle. Il faut également assurer que les résultats puissent être connus plus rapidement, sans avoir à attendre trois ou quatre jours. “Si les personnes sans symptômes ne sont plus testées, alors nous sommes de nouveau dans la situation où nous étions au début du mois de mars”, a déclaré le biostatisticien Geert Molenberghs dans la quotidien flamand De Standaard. Retour à la case départ ?

    Le traçage n’est pas près d’avoir lieu non plus. Nous connaissons probablement tous maintenant des personnes qui ont été infectées et qui peuvent témoigner des défaillances du système de traçage. Nous avons entendu l’exemple d’une personne à Bruxelles qui a été testée positive au Covid-19 et qui a rapidement reçu un message l’avertissant d’un coup de fil à venir du service de traçage. L’appel n’a jamais eu lieu. Des dizaines similaires, il en existe des dizaines. Afin de connaître la propagation des infections, il est important de savoir où elles ont lieu. Toutefois, il n’existe aucune trace de cela dans notre pays. Pourquoi ? Les données britanniques permettent de comprendre ce silence. Le Royaume Uni a organisé un registre des lieux où les infections sont contractées à l’extérieur : 38% dans les écoles et les établissements d’enseignement, 26% au travail, 18% dans les maisons de repos, 4% dans les hôpitaux, 4% dans les restaurants et 10% ailleurs. Ces données sont peut-être limitées, mais elles indiquent que de nombreuses infections se produisent au travail et dans l’enseignement (supérieur). Ce sont justement les deux domaines où les hommes et femmes politiques préfèrent prendre le moins de mesures possibles…

    Les décisions se succèdent au pas cadencé, mais les mesures visent principalement notre vie sociale : les loisirs, la culture, les bars, le sport,… Ces mesures manquent de popularité, ce qui entrave leur efficacité. Qui croit encore les autorités ? Limiter la question à la communication, c’est ce que l’on trouve dans les livres de marketing que les présidents de partis traditionnels dévorent. Mais pour la population ordinaire, la vie sociale et la santé ne sont pas des questions de marketing. Ce sont des préoccupations quotidiennes. D’autre part, les inégalités présentes dans notre société sont exacerbées par la crise sanitaire. La seule chose qui convainc aujourd’hui les gens de faire preuve d’un certain degré de discipline en matière de coronavirus est la crainte du virus lui-même.

    Les lieux de travail et les écoles resteront ouverts aussi longtemps que possible. Le besoin de contacts sociaux et d’éducation des jeunes est mis en avant par les autorités, mais e qu’elles ont en tête est d’assurer que les parents aient les mains libres pour aller travailler. Ce sont les intérêts économiques qui restent centraux. L’impact des mesures sanitaires est bien entendu énorme, elles ont déclenché une contraction économique qui couvait depuis un moment déjà, la plus forte depuis des décennies. Nous assistons au début d’une vague de licenciements. Mais si cela démontre une chose, c’est à quel point ce système est bien peu capable de répondre à un défi tel qu’une crise sanitaire. L’économie capitaliste était déjà mal en point au départ. Quand le coronavirus est apparu, il a rapidement fallu placer l’économie sous respirateur artificiel avec d’impressionnantes mesures.

    La politique traditionnelle n’est pas suffisamment préparée à une deuxième vague de virus, plusieurs mois après l’apparition du virus. Le personnel de santé est encore épuisé par la vague précédente et ne dispose que de promesses d’amélioration. Des années de politiques d’austérité ont laissé le secteur de la santé à lui-même, les maisons de repos et de soin à la merci de la marchandisation et les mesures sanitaires essentielles (telles que les équipements de protection, les tests, le développement et la distribution de vaccins) à l’initiative privée. L’approche des politiciens traditionnels échoue partout pour une raison : le capitalisme qu’ils défendent tombe en faillite. Il est grand temps d’adopter un autre système, un système qui repose sur les besoins de la majorité de la population, un système qui ne repose pas sur le chaos du marché mais sur une approche démocratiquement planifiée : une société socialiste démocratique.

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