Category: Europe

  • La dette grecque, une tragédie européenne

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    Il y a un an, exactement le 17 juin 2015, la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque rendait public son rapport préliminaire. Une vidéo d’animation, dont la sortie se fera le 5 juillet 2016 (date d’anniversaire du referendum grec !) se propose de vulgariser le contenu du rapport de la Commission.

    Voici ci-dessous un teaser de cette vidéo d’animation « La dette grecque. Une tragédie européenne », disponible en plusieurs langues (français, anglais, espagnol et italien), accompagné d’une interview publiée sur ce site en juin 2015 au sujet de la commission d’audit de la dette publique.

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    Interview de Jeremie Cravatte (CADTM), de retour de Grèce, sur la commission d’audit de la dette publique

    Le 4 avril 2015, Zoé Konstantopoulou, présidente du Parlement grec, a mis en place une Commission d’audit de la dette publique composée de 15 personnalités étrangères et de 15 grecques. Nous en avons discuté avec Jeremie Cravatte – permanent du Comité pour l’Annulation de la dette du tiers-monde (CADTM) et membre de la plateforme pour un Audit citoyen de la dette en Belgique (ACiDe) – à son retour de la deuxième session de travail de la Commission à Athènes. Il nous livre ses impressions.

    Par Nicolas Croes

    Quelle est la nature de cette initiative?

    Le mandat de cette commission consiste à identifier les caractères illégaux (dette contractée sans respecter le droit en vigueur), illégitimes (en violation de l’intérêt général et au bénéfice d’une minorité privilégiée), odieux (qui viole les droits fondamentaux de la population) et insoutenables (qui empêche de fournir les services de base à la population) de deux périodes d’endettement du pays, à savoir de 1990 à 2010 et de 2010 à 2015. Cette deuxième période est la plus urgente à analyser dans le cadre des négociations avec la Troïka. De plus, l’écrasante majorité de la dette publique actuelle provient de cette période et 80% de cette dette est aujourd’hui détenue par la Troïka.

    Les médias dominants et l’establishment politique et économique nous parlent d’une ‘‘crise de la dette’’. Cette appellation n’est-elle pas un vaste mensonge?

    En effet, cela cache le véritable problème. En Europe (et ailleurs) ce ne sont pas les dettes publiques, mais bien les dettes privées des entreprises, essentiellement financières (banques, assurances, fonds de pension) qui pose questions. Elles ont pris des risques au sein d’une économie capitaliste et leurs pertes se sont vues socialisées. Le cas de la Grèce est particulièrement emblématique à ce sujet.
    Toutes les opérations menées depuis 2010 par les autorités grecques et les institutions de la Troïka (Fonds Monétaire International, Banque centrale européenne, Commission européenne) ont consisté à dégager les banques privées allemandes, françaises, italiennes, belges, etc. de leurs risques et de transférer ces derniers sur le dos des populations grecque et européenne. Selon les estimations, entre 75% et 90% de l’ensemble des prêts fournis à la Grèce depuis 2010 ont directement atterri sur les comptes de ces banques. La restructuration de la dette de 2012 – présentée par les médias dominants comme un cadeau fait à la population grecque – a en réalité permis un transfert de la dette grecque des mains d’investisseurs privés aux mains d’institutions publiques (FMI, BCE, 14 États membres de la zone euro et Fonds européen de stabilité financière FESF).

    Les plans dits de ‘‘sauvetage’’ de la Grèce avaient pour seuls objectifs de sauver les plus grandes banques privées européennes, tout en servant de prétexte à l’application d’une politique de contre-réformes structurelles austéritaires (tout comme dans les pays dits du ‘‘tiers-monde’’ depuis les années 1980).

    Quels débats cette remise en question de la dette publique suscite-t-elle au sein de SYRIZA?

    Plus que de débats, il est malheureusement plutôt question d’un silence jusqu’à présent. Pourtant, lors de la séance d’inauguration de cette commission, tous les ministres du gouvernement, Tsipras et Varoufakis compris, étaient présents et ont annoncé soutenir le travail de la Commission. Mais force est de constater qu’ils n’en font pas grande publicité. La stratégie de négociation avec les créanciers a jusque maintenant montré que la direction de SYRIZA n’entend pas remettre en cause la légitimité et le paiement de la dette.

    Une suspension de paiement permettrait toutefois de renverser le rapport de force. De plus, l’audit est de nature à donner des arguments au gouvernement pour une telle confrontation. Cette situation n’est pas très étonnante, mais l’absence de réaction de la plate-forme de gauche au sein de SYRIZA soulève davantage d’interrogations. Pour le moment, cette plate-forme ne donne pas l’impression de se saisir activement de cet outil pour renforcer une ligne de rupture face à la domination des créanciers et de l’establishment capitaliste européen en général. Inévitablement, cette rupture face aux créanciers en amènera d’autres revendications: contrôle strict des mouvements de capitaux, socialisation du secteur des banques et des assurances, voire expropriation d’autres secteurs-clés de l’économie.

    Qu’elle le fasse ou non, c’est à la population grecque de se saisir de ce travail capable de déconstruire nombre de fausses idées sur les origines de la dette grecque et sur les solutions à y apporter. L’audit peut être un outil important dans le cadre de la mobilisation des masses grecques et internationales, qui reste l’élément décisif pour une réelle alternative au capitalisme.

  • Plus d'un million de manifestants à Paris contre la Loi Travail !

    GR_14juinCe 14 juin fut une nouvelle fois une journée de lutte massive contre la loi El Khomri qui vise à détruire la législation du travail existante et à accroître la flexibilité. Cela fait déjà des mois que la colère s’exprime dans la rue et par des grèves tandis que la jeunesse s’est fermement engagée dans ce combat social afin de défendre leur avenir aux côtés des travailleurs. Tous crient ensemble : nous ne sommes pas de la chair à patrons !

    Le gouvernement espérait sans doute que la Coupe d’Europe de football dévierait l’attention du combat contre le Loi Travail, il s’attendant certainement aussi à ce que le doute s’installe parmi les opposants à son projet antisocial. Les autorités misaient sur toutes sortes de raison qui auraient pu amoindrir la résistance de la rue, mais elles n’ont pas eu l’effet escompté.

    GR_14juin02Avec plus d’un million de manifestants, la manifestation d’hier fut particulièrement impressionnante. Il a fallu des heures et des heures au défilé pour quitter totalement son point de départ. Comme cela a déjà été le cas à plusieurs reprises ces dernières semaines, un groupe de militants du PSL s’est rendu en France soutenir activité politique de la Gauche Révolutionnaire, section française du Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge). Bien entendu, le mouvement qui s’y est développé contre la loi El Khomri fait immédiatement penser à la colère qui existe en Belgique contre la loi Peeters, Charles Michel et sa clique de brigands néolibéraux.

    Quant aux médias, ils ont eu le bonheur de pouvoir disposer de troubles en marge de la mobilisation afin de pouvoir se concentrer sur leurs images-chocs plutôt que sur la résistance sociale contre la politique antisociale du gouvernement PS.

    Vous trouverez ci-dessous le tract distribué par la Gauche Révolutionnaire ainsi que quelques photos de la manifestation.

    A lire également : France. “Crise idéologique et rejet du système dans son ensemble”

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    la loi «travail» et Valls-Hollande dégagez !

    GR_14juin03L’opposition à la loi El Khomri n’a pas faibli, bien au contraire. Les manifestations gigantesques, les grèves par centaines, confirment un rejet complet de Valls-Hollande et de toutes ces politiques au service des riches.

    La politique de Valls, ça n’est que le 49-3 partout. CRS dès le mois de mars contre les lycéens et contre les actions et rassemblements pour la plupart pacifiques. Répression judiciaire aussi, qui avait commencé contre les travailleurs d’Air France et de Goodyear et qui continue contre des dizaines de syndicalistes et de jeunes en lutte. A l’Assemblée bien sûr, où le 49-3 est venu rappeler que leur démocratie n’existe que pour les privilégiés.

    Tout ceci n’a pas donné une majorité à Valls-Hollande, bien au contraire. Ce gouvernement n’est qu’un groupe de mercenaires au service des grands patrons. Son ministre banquier Macron qui déclare que les entreprises doivent baisser les salaires, en est le parfait symbole. Et la droite et le FN qui traitent les grévistes de voyous sont dans le même camp.

    Retrait de la loi «travail»

    La loi Khomri ne sert qu’à une chose : nous faire bosser plus longtemps pour un salaire moindre, faciliter les licenciements, et renforcer la domination des grands patrons sur les travailleurs.

    Les soi-disant mesures positives disparaîtront dès que le centre de la loi (la possibilité pour les accords d’entreprises de ne plus respecter le Droit du Travail) sera adopté.

    Changeons d’avenir

    Les 40 premières multinationales françaises ont fait 54 milliards d’euros de profits en 2015. Il y a donc de quoi résoudre tous les problèmes sociaux. C’est pour cela qu’en même temps que nous luttons contre la loi «travail» il faut soutenir et encourager les grèves pour les salaires ou les créations d’emploi.

    C’est une lutte pour dire : stop ! On n’en veut plus de cette société de chômage, d’inégalités. On refuse l’avenir de précarité et de soumission à des petits chefs à la sauce Valls/Sarko.

    Les grèves montrent que ce sont les travailleurs qui font tourner les entreprises, les bus, les trains et toute la société, pas la poignée de super riches ni les politiciens qui les servent.

    Assez du capitalisme !

    Jeunes et travailleurs… tous ensemble nous sommes une écrasante majorité de la population. Nous pouvons changer la société, renverser le capitalisme et sa dictature du profit, sa destruction de l’environnement. Il faudra une révolution pour cela !

    La Gauche révolutionnaire lutte pour le socialisme démocratique, où l’économie sera publique et organisée démocratiquement pour satisfaire les besoins et non les profits d’une poignée. Nous luttons pour un monde débarrassé du racisme, du sexisme, des guerres, de l’exploitation.

    C’est le début d’un combat prolongé, il faut le continuer !

    Photos de Mario (Bruxelles) et de la Gauche Révolutionnaire

    France 14 juin // Photos de Mario + Gauche Révolutionnaire

  • [Soirée-Débat] Unidos Podemos : Vers un gouvernement de gauche en Espagne ?

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    Mercredi 29 juin à partir de 19h au Pianofabriek, 35 rue du Fort, Saint Gilles (Bruxelles).

    Avec pour oratrices :

    • Beatriz de la Cruz (militante d’Izquierda Unida – Bélgica)
    • Marisa Cabal (militante du PSL-Bruxelles et collaboratrice de Socialismo Revolucionario).

    Pour la première fois en Espagne, les deux partis de l’establishment, PP (droite) et le PSOE (social-démocratie), n’ont pas été capables de former un gouvernement. C’est une claire illustration de la crise des partis de la classe dominante ainsi que du rejet de l’austérité qu’ils ont appliquée.

    De nouvelles élections auront lieu le 26 juin et, cette fois, la formation d’une alliance de gauche («Unidos Podemos») entre Podemos, Izquierda Unida (Gauche Unie) et les confluences de gauche régionales redonne espoir au mouvement de lutte contre l’austérité. Selon les sondages, Unidos Podemos est en position de devenir la deuxième force politique en dépassant le PSOE et même de contester la 1e place au PP. C’est une excellente nouvelle. La classe dominante, qui espérait restaurer un peu son système bipartite, panique.

    Podemos défend un renforcement de l’État-Providence et des services publics via une imposition plus progressive, en introduisant de nouvelles tranches d’imposition sur les plus haut revenus. En plus de cette justice fiscale, Gauche Unie, qui a mis le cap plus à gauche avec son nouveau dirigeant Alberto Garzón, défend également des mesures socialistes comme la nationalisation des secteurs stratégiques de l’économie.

    Pour changer de politique et l’orienter vers l’intérêt de travailleurs, est-ce suffisant de gagner les élections avec un programme anti-austérité ? Peut-on stopper l’austérité en entrant en coalition avec la social-démocratie ? Un gouvernement de gauche minoritaire reposant sur les propres forces du mouvement des travailleurs est-il possible ? Quel programme peut éviter un nouveau Tsipras en Espagne?

    Le PSL, qui soutient la campagne d’Unidos Podemos, organise une soirée-débat en collaboration avec la campagne Blokbuster afin d’analyser les résultats de ces nouvelles élections et de discuter des perspectives du mouvement des travailleurs. Rendez-vous ce mercredi 29 juin à partir de 19h au Pianofabriek, 35 rue du Fort à Saint Gilles.

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  • Un gouvernement irlandais (provisoirement) sur pied. La taxe sur l’eau suspendue.

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    Après deux mois de négociations, un laps de temps exceptionnellement long selon les normes irlandaises, un nouveau gouvernement a enfin vu le jour. Le Fine Gael formera un gouvernement minoritaire avec le soutien du Fianna Fáil (les deux partis traditionnels du capitalisme irlandais) et certains députés indépendants. Le Premier ministre Enda Kenny, à la tête du Fine Gael, rempile donc à ce poste pour un second mandat. Mais pour combien de temps ?

    Par Jeroen (Gand)

    L’establishment dans la tourmente

    L’establishment irlandais est, depuis plusieurs années, sous une pression forte de la part de la base de la société. Les élections de février ont été une vraie claque pour les partis au pouvoir, le Fine Gael et le parti travailliste, qui ont respectivement perdu 26 et 30 sièges. Ces élections ont marqué la fin du système des ‘‘deux partis et demi’’ qui voyait systématiquement l’alternance du Fianna Fáil et du Fine Gael au pouvoir avec le parti travailliste comme partenaire d’appoint. En février, le Fine Gael et le Fianna Fáil ne sont même pas parvenus ensemble à récolter 50 % des voix. Pendant un certain temps, il a été question d’une ‘‘grande coalition’’ de ces deux partis, mais il ne restait alors plus de parti d’opposition fiable pour l’establishment. Cela aurait considérablement renforcé l’influence de la gauche sous la forme de l’AAA-PBP, une coalition de gauche radicale à laquelle participe notre parti-frère irlandais, le Socialist Party (voir nos éditions précédentes).

    Un gouvernement instable

    Cette solution d’un gouvernement sans majorité parlementaire est essentiellement un signe de faiblesse. L’aspiration de la majorité de la population pour un changement reste complètement ignorée. La taxe sur l’eau profondément détestée (et qui a donné lieu à de nombreuses mobilisations de masses ces derniers mois) est temporairement suspendue en attendant l’avis d’une commission parlementaire. Dans le cadre de ce mouvement de masse, le Fianna Fáil ne s’est prononcé qu’à contrecœur et du bout des lèvres contre cette taxe. Aujourd’hui, le parti prétend que cette suspension est “sa” victoire, alors que c’est clairement le résultat de la pression du mouvement. Tôt ou tard, la question fera l’objet d’un vote au Parlement et le Fianna Fáil ne pourra plus se cacher.

    Construire une véritable alternative de gauche

    Le peuple irlandais exige des solutions pour de nombreux problèmes importants : la crise du logement, l’austérité, la crise des soins de santé, l’illégalité de l’avortement,… L’establishment politique est incapable d’y remédier puisqu’il refuse de toucher aux privilèges de la classe capitaliste.

    Sous la pression du mouvement de masse, des concessions peuvent être arrachées, ce qui est clairement démontré par la récente victoire contre la taxe sur l’eau. Mais les masses ne peuvent se reposer ni sur les candidats ‘‘indépendants’’ prêts à tout pour un poste prestigieux et grassement rémunéré, ni sur des forces politiques telles que Fianna Fáil et le Sinn Féin qui n’ont aucun scrupule à conclure des accords qui renient leurs promesses. Le Socialist Party et l’AAA-PBP (Anti Austerity Alliance – People Before Profit) s’efforceront de poursuivre la construction d’une voix politique de gauche conséquente.

  • «La lutte, c’est notre dignité!» Meeting de Jean-Luc Mélenchon à Paris

    franceinsoumiseC’est ce dimanche 5 juin que Jean Luc Mélenchon a présenté sa candidature lors d’un meeting de masse à Paris, place Stalingrad, dimanche 5 juin. Les organisateurs parlent de près de 10.000 participants à l’évènement ! Une petite équipe de militants du PSL s’y est rendue et y a rejoint de militants parisiens de la Gauche Révolutionnaire, section française du Comité pour une Internationale Ouvrière et organisation-sœur du PSL.

    Comme ce fut le cas les différentes fois que nos militants se sont rendus en France, les discussions furent nombreuses concernant la «Loi Travail à la belge». De part et d’autre de la frontière, on regarde bien évidemment la manière dont les luttes se développent contre la casse de nos législations du travail.

    Peu à peu, la foule a rempli la place, jusqu’au point que la sécurité juge de ne plus permettre à de nouvelles personnes d’entrer dès avant le discours de Mélenchon. L’atmosphère, très accueillante, était propice aux discussions politiques.

    Il est certain que les interventions télévisées de Mélenchon ou ses interviews dans la presse sont bien reçues. Il critique vertement les médias et leurs mensonges, défend les mobilisations contre la «Loi Travail» et appelle à y participer,… Avant qu’il ne prenne la parole, de nombreux militants se sont d’ailleurs succédé sur le podium : cheminots, postiers, travailleurs des soins de santé,… Il était difficile de mieux illustrer le slogan du meeting et de la campagne de Mélenchon : «La France insoumise». Un appel à construire une grève générale pour balayer le « monde de la Loi Travail » aurait très bien couronné le tout.

    Concrétiser la «révolution citoyenne».

    Nous sommes totalement d’accord avec lui lorsqu’il parle de «réorganiser de fond en comble la société humaine». Reste à savoir comment. Dans ce sens, l’appel à la 6e République et à un changement de Constitution ne met à notre avis pas suffisamment l’accent sur la sortie du capitalisme et la prise du pouvoir par les travailleurs.

    Comme l’expliquait le tract de la Gauche Révolutionnaire distribué à cette occasion (disponible ici) : «Nous pensons que Mélenchon a eu raison de refuser la « primaire », tout comme il a raison de se placer en opposition directe au gouvernement. Mais sa candidature ne sera un point d’appui que si elle se place réellement au service des travailleurs et de la population et mette en avant la nécessité de changer la société et de renverser le capitalisme et non de proposer quelques améliorations seulement.

    “Nous ne partageons pas, par exemple, qu’il dise que son objectif n’est pas de “nationaliser l’économie”. Au contraire, la vraie puissance, ce sont les multinationales qui l’auront tant qu’elles sont la propriété d’une poignée de super riches et de groupes d’actionnaires. Il n’y aura pas de vraie démocratie tant que tous les jours, des millions de travailleurs devront se vendre pour un patron qui amassera des millions sur leur dos. Et il n’y aura pas non plus d’agriculture et d’industrie respectueuses de l’environnement, tant que régnera la loi du profit.» Cela nous semble pouvoir admirablement compléter sa défense d’une «planification écologique» ainsi que son appel à «reprendre en main notre destin dans l’intérêt général humain».

    Il faut défendre les revendications de hausse des salaires, d’amélioration des conditions de travail, mais également de mise en propriété publique des principaux secteurs de l’économie, à commencer par le secteur financier (banques, assurances etc.) qui doit être entièrement en monopole public, sous la gestion démocratique des travailleurs et de la population. C’est en avançant vers une société réellement démocratique et fraternelle, vers le socialisme authentique, que nous pouvons en finir avec cette société de haine et de misère.

    5 juin 2016 "La France insoumise"

     

  • ‘‘Merci patron’’, merci pour ce film qui donne envie de rejoindre la lutte de classe!

    mercipatron_02Il y a toujours quelque chose de réjouissant à ce qu’un film réalisé avec de tout petits moyens rencontre le succès. C’est ce qui se passe avec Merci patron de François Ruffin. Déjà connu comme journaliste, fondateur du journal satirique Fakir, collaborateur du Monde Diplomatique et de l’émission radio ‘Là-bas si j’y suis’,François Ruffin signe là son premier film. Il l’a réalisé avec 150.000€ à peine quand la moyenne pour un documentaire est le double,au bas mot. Pourtant, il enregistre des scores d’entrés dans les salles à faire pâlir les grosses productions. À la fin du mois de mai,quelque 500.000 spectateurs avaient déjà visionné le film, sorti en février en France.

    Par Simon (Liège), article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Son retentissement fait que le pitch de Merci patron est désormais connu: une famille de chômeurs, les Klur,autrefois licenciés par le groupe LVMH(propriété de la plus grosse fortune de France, Bernard Arnault) est aux abois. Leur maison va être saisie due à une dette impayée. L’auteur leur propose de monter une arnaque pour extorquer de l’argent à Arnault et, contre toute attente,ça marche. Les Klur font mine de monter une campagne dénonçant la responsabilité de Bernard Arnault dans leur situation et menacent de médiatiser leur cas à l’aide d’une campagne de presse et d’actions de mobilisation.L’ingéniosité et le culot de la bande qui oeuvre avec la complicité de quelques activistes bien connus (on assiste notamment à la mise en scène d’une réunion de planification d’une action de la CGT jouée en réalité par la compagnie politique musicale et théâtrale Jolie Môme) font danser l’homme de main de LVMH jusqu’à extorquer40.000 € à la compagnie et un emploi en CDI pour l’un des membres de la famille.

    Voilà les grands patrons mis à l’amende:on se réjouit de voir les sbires de LVMH tomber dans le panneau, on applaudit d’observer une victoire dans notre camp et cela fait sans doute beaucoup pour le succès du film. Dans une France où les travailleurs voient depuis des décennies leur situation se dégrader au profit des super-riches, où la mobilisation s’étend face à la casse du Code du travail, le film montre que l’on peut gagner contre les puissants et les arrogants.

    Au-delà d’une certaine mise en lumière de la lutte de classe, voilà probablement la plus grande vertu de ce film : il met la pêche. Les débats qui émaillent les fins de projections dans les salles sont là pour en témoigner.Merci patron est un film mobilisateur,qui renforce l’envie de lutter. Étant donné le contexte social et la nécessité de renforcer la résistance contrela loi El Khomri, on comprend l’atout que représente un tel film.

    Un bon film, mais certainement pas un guide pour l’action

    Pourtant, Merci patron tient plus de la farce ou du film de braquage que du film social. Frédéric Lordon, comparse de Ruffin dans le mouvement ‘‘Nuit  Debout’’, le définit même comme un film d’action directe, ce qui apparaît peut-être comme la meilleure façon de caractériser cet OVNI cinématographique.

    Bien sûr, François Ruffin ne propose pas de réelle alternative – mais on ne pourrait le lui reprocher, tant la force du film vient de l’énergie combattive qu’il véhicule. Cependant, le rapport de force n’est pas du tout absent de ce film. Comme le dit le réalisateur lui-même: ‘‘l’une des morales qu’on peut tirer de cette fable, c’est : on est parfois plus forts qu’on ne le croit, ils sont plus fragiles qu’on ne le pense.’’(1)

    En effet, le ressort du montage imaginé par François Ruffin et ses acolytes repose sur la surprise et la menace de médiatiser la situation de la famille Klur pour amener LVMH à céder cequi ne représente finalement pour la société qu’une peccadille : 40.000 € etun CDI chez Carrefour. Ceci ne saurait bien sûr pas tenir lieu de plan d’action général pour contrecarrer la casse de nos conquêtes sociales. Il est important de noter que dans le stratagème mis au point pour faire plier la multinationale,c’est la menace de mobiliser la CGT etles Goodyear qui permet de l’emporter.Cette approche a d’ailleurs été mise en avant par François Ruffin à plusieurs reprises : le rôle des organisations traditionnelles de défense des travailleurs- au premier rang desquelles les organisations syndicales – sont essentielles pour construire un rapport de force qui permettra de repousser les attaques du patronat et des gouvernements à sa solde. Cette mise au point est d’autant plus notable que le réalisateur est largement impliqué dans le mouvement Nuit Debout dans les rangs duquel règne un anti-syndicalisme certain.

    Ceci doit être clarifié et répété : si les syndicats ne sont pas exempts de toute critique (les lecteurs de Lutte Socialiste savent que notre journal ne cache pas ses réserves à l’égard des directions syndicales), ils restent le meilleur instrument dont nous disposons pour nous défendre collectivement.Nous devons y intervenir de façon à en faire des lieux démocratie garantissant le contrôle de ses luttes par la base.

    Ceux qui voudraient s’inspirer de Merci patron pour construire un modèle de lutte seraient vite confrontés à une impasse.

    Un enthousiasme sur lequel construire

    Autre chose serait de profiter de l’enthousiasme suscité par le film pour tenter de faire passer à l’action le public au sortir des séances de projection.C’est exactement ce qu’a fait le mouvement des Bloqueurs des 45 h lors d’une avant-première à Liège en distribuant un tract appelant à la manifestation contre la Loi Peeters et c’est encore ce que proposait la réplique liégeoise de Nuit Debout en organisant une assemblée à proximité du cinéma. Cette assemblée à laquelle le réalisateur a participé a également été l’occasion d’un dialogue entre militants syndicaux et nuitdeboutistes, illustrant de façon criante comment l’art peut être un facteur de mobilisation et de convergence des luttes.

    Derrière le nombre d’entrées en salle,c’est tout un type de public, pas précisément engagé, pas forcément amateur de Ken Loach (réalisateur britannique connu pour ses films à visée sociale et politique), qui découvre non seulement une analyse de classe des enjeux de société, mais aussi la nécessité de la lutte et qui constate qu’il est possible de l’emporter. L’actualité se charge d’amplifier la charge subversive du film : quand la direction d’Europe 1a refusé d’inviter Ruffin, quand des journaux tels que Le Parisien ont refusé des articles au sujet du film, il est clairement apparu aux yeux de tous comment le système s’auto-protège et comment les puissants s’entraident de façon à maintenir leurs positions.L’indignation qu’a suscitée cette campagne de censure n’a bien sûr fait que renforcer la notoriété du film.

    Grâce à son talent et à sa verve,François Ruffin, désormais le Michael Moore français, a fait plus pour l’éducation politique des masses que dix ans de films sociaux et de documentaires pédagogiques. François Ruffin a fait son boulot de journaliste et de réalisateur engagé, à nous de faire le nôtre !Se servir de ce contexte pour faire passer de l’indignation à l’action les milliers de spectateurs de Merci Patron,impulser la stratégie et les méthodes qui permettrons de stopper l’offensive sur nos conditions de vie et d’aller arracher de nouveaux droits sociaux,voilà la tâche qui se trouve devant les militants les plus conscients.

    (1) ‘‘Merci Patron ! Mode d’emploi.’’ www.fakirpresse.info

  • France. “Crise idéologique et rejet du système dans son ensemble”

    france_juin Organiser la colère vers le blocage de l’économie

    En France, la ‘‘loi travail’’ a déclenché une puissante lame de fond sociale. Cette attaque frontale équivaut à condamner une importante partie des travailleurs à la précarité à vie (sans contrats de travail stables et sans droits collectifs réels). La résistance développée contre ‘‘la loi travail et son monde’’ a ouvert un nouveau chapitre dans la lutte de classes, dans une situation qui ‘‘dérive vers une crise idéologique et un rejet du système dans son ensemble’’, comme l’a exprimé le Service Central de Renseignement Territorial (SCRT, 28 avril 2016).

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Le gouvernement comptait sur un agenda parlementaire serré pour que cette loi passe au plus vite. Mais les mobilisations se sont succédé à partir de la première journée de manifestations le 9 mars dans laquelle la jeunesse a joué un rôle de tout premier plan qui ne s’est pas démenti par la suite. La colère a continué à gagner en ampleur depuis lors : les sondages font état d’une opposition de plus de 70 %!

    Cela n’a rien de surprenant. L’axe central du projet vise à donner la primauté aux accords locaux d’entreprises sur les conventions collectives de travail nationales, brisant ainsi le Code du travail promulgué en 1910.L’objectif est de totalement soumettre le travailleur aux intérêts du patron,à l’instar de ces entreprises des États-Unis qui ne connaissent aucune garantie collective dans le contrat de travail, mais bien des contrats signés entre l’employeur et son subordonné.Il s’agit d’une contre-révolution complète dans le domaine de la législation du travail. Il est en outre certain que gouvernement et patronat ne s’arrêteront pas en si bon chemin s’ils emportent la victoire. Le pire serait encore à venir.

    Face à l’incertitude de réunir un vote suffisant à l’Assemblée nationale,le gouvernement a fait appel le10 mai dernier à l’article 49 alinéa 3de la Constitution qui permet de faire adopter un texte sans passer par le vote (il reste encore à le discuter ensuite au Sénat). Ironie de l’histoire,le 10 mai, c’est également la date de la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1981, qui avait à l’époque suscité de grands espoirs bien vite trahis. Ce 10 mai 2016,ceux qui doutaient encore que le PS n’est plus qu’un larbin servile, parmi d’autres, aux ordres du monde patronal ont pu être convaincus.

    Avec ce passage en force à l’ouverture même des débats parlementaires et quinze mois après y avoir eu recours pour faire passer la loi Macron(concernant notamment le travail le dimanche et la nuit), le gouvernement espérait aussi porter un sérieux coup aux mobilisations. Mais le dégoût provoqué par la manoeuvre a surtout donné de l’eau au moulin de ceux pour qui, après plus d’une demi-douzaine de journées de mobilisation, il est devenu nécessaire de dépasser le cadre des manifestations traditionnelles en bloquant l’économie du pays.

    Quelques jours après, à l’occasion de l’édition d’un journal de France Culture, un conducteur de bus toulousain expliquait : “Il suffit d’une petite étincelle pour que tout se décante.Vous savez, à la veille de 68, personne n’aurait dit qu’il y aurait des manifestations monstres et des usines occupées.Le peuple peut toujours se réveiller à n’importe quel moment.” Ce témoignage et bien d’autres éléments illustrent que quelque chose a résolument changé dans le pays. C’est cela que craint le plus le gouvernement,le patronat et les médias dominants.Tous essayent de dévier l’attention sur les violences en marge des manifestations(dans lesquelles les ‘‘forces de l’ordre’’ portent une responsabilité écrasante) pour tenter de masquer ce qui se développe sur le terrain des entreprises.

    Les appels à la grève se multiplient dans tous les secteurs

    Dès avant le ‘’49.3’’, la centrale Santé du syndicat SUD avait déposé45 jours de préavis de grève dans les hôpitaux et la CGT deux fois 15 jours,tandis que l’intersyndicale (CFTC, FO,CGT, SUD) appelait à des journées communes de grèves à la fois contrela ‘‘loi travail’’ et contre le plan de suppression de 22.000 emplois dans la santé. Ailleurs aussi, la ‘‘loi travail’’survient simultanément à d’autres offensives antisociales, comme à la SNCF avec le décret ‘‘socle’’ (un alignement du statut des cheminots sur celui du privé) et la privatisation du rail (qui vise à se débarrasser de 30 %des cheminots). Mentionnons encore les intermittents du spectacle dont l’assurance chômage est menacée ou encore les agriculteurs écrasés par la pression des banques.

    Le secteur automobile a été frappé par de grands plans de licenciements ces dernières années, mais l’instauration du nouveau concept ‘‘push topass’’ à Peugeot (accélérer soudainement le niveau de production des véhicules)va encore s’attaquer à la masse salariale et représentera un précédent pour les autres usines. Deux usines du sous-traitant automobile MGI Coutier viennent d’arracher 200 euros de prime et de nouveaux acquis suite à deux jours de grève. C’est cette méthode qu’il faut suivre et qui se développe,bien qu’encore péniblement.

    La journée de mobilisation du 17 mai a, à ce titre, constitué un point tournant du combat. Le début de la grève reconductible dans les raffineries(avec des assemblées générales prévues à la mi-journée pour reconduire la grève et les piquets), le blocage des zones portuaires et les barrages filtrants des routiers aux abords des grandes villes, etc. a modifié l’ambiance générale. Plusieurs secteurs stratégiques ont posé la question de la reconduction du mouvement de grève et la nécessité de bloquer l’économie du pays. Chez les cheminots, la CGT a appelé à cesser le travail chaque mercredi et jeudi de la semaine et SUDRail tous les jours à partir du 17 mai jusqu’au 11 juillet. Et des syndicats appellent à des actions chaque jeudi.Un basculement plus profond de la lutte pourrait être en germe au moment d’écrire ces lignes, après des semaines où l’intersyndicale n’avait nationalement sérieusement préparé qu’une seule journée depuis le début du mouvement, le 31 mars, quand plus d’un million de personnes étaient descendues dans les rues à travers le pays. C’est également à cette date qu’était apparu le phénomène ‘‘Nuit Debout’’.

    Construire la grève générale

    Il est crucial de soutenir et développer les grèves en entreprises et de défendre le blocage de la production et donc des profits des grandes entreprises. Frapper fort, c’est frapper là où ça fait le plus mal : au portefeuille du patronat dont les intérêts sont derrière la ‘‘loi travail’’. La colère fourmille dans la société française, il faut la coordonner et en fusionner les diverses expressions dans la construction consciente d’un rapport de force décisif. C’est ainsi que l’on pourra aussi donner confiance aux travailleurs et aux jeunes qui n’osent pas encore entrer en lutte.

    Cette question est en débat partout,notamment dans le mouvement ‘‘Nuit debout’’ où des tensions se développent entre ceux qui cherchent principalement à expérimenter de nouvelles formes de discussion démocratique et ceux qui s’efforcent de créer un pont avec le mouvement des travailleurs -seule force sociale capable de bloquer toute l’économie par l’arme de la grève- et à oeuvrer à la ‘‘convergence des luttes’’. Cela ne signifie bien entendu pas qu’il faille balayer la question de la démocratie, bien au contraire ! Mais il faut lui donner un objectif concret,orienté vers les revendications à porter et les actions à mener, décidées démocratiquement, ensemble.

    La multiplication des Assemblées générales et des comités de lutte démocratiques- dans les entreprises pour décider de la reconduction de la grève et des modalités d’action, dans les lycées et aux universités, sur les places comme le fait Nuit Debout,etc. – est la seule manière d’assurer que la lutte soit réellement prise en main par les travailleurs et la jeunesse.Cela évite qu’elle ne soit pas à la merci d’un accord pourri conclu entre le gouvernement et l’une ou l’autre direction syndicale.

    Résistance internationale

    La casse de la législation du travail et la casse des conventions collectives de travail sont un fil rouge du projet des gouvernements européens. Nous le constatons en Belgique également.Le plan d’action syndical belge peut constituer une grande source d’encouragement et d’inspiration en France,de la même manière que la pratique des Assemblées générales est une question cruciale en Belgique pour éviter de voir se répéter la situation qui avait suivi la grève générale nationale du 15 décembre 2014, quand le mouvement avait été laissé sans suite alors que le gouvernement Michel vacillait.

    Un autre sujet central est posé des deux côtés de la frontière : celui de l’alternative politique à défendre contre des gouvernements de combat pour les riches, qu’ils soient dirigés par le PS en France ou par la droite‘‘officielle’’ en Belgique. Il nous manque encore un outil de masse, une force politique des travailleurs et de la jeunesse, capable de réunir toute l’opposition à l’austérité, sans exclusive,dans le but d’oeuvrer démocratiquement à la défense des intérêts de l’écrasante majorité de la population contre la rapacité des super riches et les politiciens à leur service. Cela exige aussi de défendre une alternative claire au capitalisme et de ne passe focaliser sur les élections au point que l’organisation concrète de la lutte de masse devienne secondaire ou disparaisse.

  • Appel à la solidarité: Attaque brutale des patrons contre les dockers de Lisbonne en grève

    portugal_greveL’Association des Opérateurs du Port de Lisbonne, qui représente les intérêts des entreprises qui opèrent au port de Lisbonne, a décidé, dans une attaque horrible et désespérée, de lancer un licenciement collective des dockers de Lisbonne. Ils sont en ce moment en grève contre la loi des ports et contre l’accord de travail proposé par les patrons, qui permettrait une augmentation dramatique de la précarité et une diminution sévère des salaires et des droits des travailleurs, ouvrant ainsi la voie à plusieurs nouvelles attaques contre les droits des travailleurs des ports et les lieux de travail à travers l’Europe. Ce licenciement pourrait affecter plus de 320 dockers de Lisbonne et leurs familles.

    Par Socialismo Revolucionário (section portugaise du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Les dockers de Lisbonne sont en grève pour défendre une véritable convention collective de travail qui en finirait avec la précarité, qui préserverait leurs droits difficilement conquis et inclurait les travailleurs précaires en leur donnant les mêmes droits que les dockers permanents. Ils luttent avec bravoure contre les attaques patronales et pour des droits identiques pour tous les dockers, dans une lutte qui peut avoir un effet décisif au Portugal et en Europe.

    Les dockers de Lisbonne ont une fière tradition d’internationalisme et de solidarité, ils ont dirigé et soutenu plusieurs luttes contre l’austérité au Portugal et, au travers de l’International Dockworkers Council, ils ont également soutenu l’action des travailleurs dans le monde. Le syndicat des dockers va aussi organiser une marche contre la précarité et l’austérité le 16 juin à Lisbonne. Il nous faut soutenir leur combat.

    Cette dernière attaque a été la plus forte d’une longue campagne de peur, d’intimidation, de chantage et d’agression organisée par les patrons contre les dockers de Lisbonne. Nous exprimons notre totale solidarité avec eux et nous condamnons l’attaque brutale des patrons.

    Envoyez vos messages de solidarité au syndicat des dockers de Lisbonne ainsi que des lettres de protestation aux entreprises du port. Vous trouverez ci-dessous différents modèles de lettres.

    Les lettres de solidarité doivent être envoyées au Syndicat des Dockers :  setc@sapo.pt.

    Les lettres de protestation doivent être envoyés à l’Association des Opérateurs du Port de Lisbonne et membres associés:

    • L’Association des Opérateurs du Port de Lisbonne (AOPL) – email: diraopl@aopl.pt; phone +351 21 393 99 11
    • Liscont – site: www.liscont.pai.pt Phone +351 213 927 500
    • TCSA/SOTAGUS email: administracao@sotagus.pt Phone: +351 21 862 56 30
    • TMB email : tmb@tmb.pt ; Phone: +351 218 621 160
    • Multiterminal: email- multitcsa@mail.telepac.pt ; Phone: +351 213 474 805

    Lettre de solidarité

    “Salutations

    À travers nos camarades de Socialismo Revolucionário, nous avons pris connaissance de la lutte des dockers de Lisbonne contre la précarité et pour les droits des travailleurs, et de l’attitude honteuse des patrons qui veulent procéder à un licenciement collectif des dockers de Lisbonne.

    Nous sommes totalement solidaires des dockers de Lisbonne et du Portugal dans leur lutte pour de bonnes conditions de travail et de salaire.

    Nous nous opposons complètement à cette attaque des patrons et de l’AOPL : au licenciement collectif des dockers de Lisbonne et à la campagne de peur, d’intimidation et de chantage contre les travailleurs et les syndicalistes qui luttent avec bravoure pour leurs droits mais aussi pour les droits de tous. ”

    Lettre de protestation

    “À qui de droit,

    Nous avons pris connaissance du licenciement collectif des dockers de Lisbonne que votre organisation est en train de mener. Nous  considérons cela comme une actions des plus lâches et méprisantes dans une campagne de peur, d’intimidation et de chantage contre les travailleurs qui essayent de protéger leur droits difficilement conquis et mérités.

    Nous condamnons complétement l’attaque que votre organisation est en train de perpétrer contre les dockers de Lisbonne, et vos actions pour les casser les salaires, les droits du travail et pour accroitre la précarité et l’insécurité au travail.

    Nous sommes totalement solidaires des dockers de Lisbonne et du Portugal dans leur lutte pour droits de travail et contre la précarité et les salaires misérables.”

  • France: Nouvelle journée de mobilisation contre la "Loi travail". Construisons la grève générale!

    France_16Une nouvelle journée de grèves et de manifestations a eu lieu hier en France contre la Loi Travail. Comme cela a déjà été le cas le 28 avril, une équipe de militants du PSL et des Etudiants de Gauche Actifs était présente aux mobilisations de Valenciennes et de Lille en solidarité afin que pour y soutenir le travail de nos camarades de la Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière).

    Depuis cette date, des blocages de raffineries ont commencé ainsi que plus de grèves. Mais la répression s’est également faite plus sévère. Avant d’arriver sur place, nos camarades ont été fouillés à plusieurs reprises et le dispositif des forces de répression était impressionnant. Illustration parfaite du slogan «police du capital», chaque banque disposait de son équipe de CRS.

    Nous avons pu avoir de très bonnes discussions aux deux manifestations. Beaucoup de personnes étaient intéressées d’apprendre que le même type de “loi travail” est en discussion en Belgique. Nous avons pu discuter du type de plan d’action nécessaire pour riposter. La soif d’échanges d’expérience pour disposer de perspectives et de méthodes pour remporter le combat était impressionnante. Dans ce cadre, l’arme de la grève générale est d’une importance cruciale.

    Photos : Emily

    France 19 mai 2016
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    VALLS-HOLLANDE TENTENT DE PASSER LA LOI TRAVAIL EN FORCE. IL FAUT RIPOSTER EN MASSE LYCÉENS, ÉTUDIANTS, TRAVAILLEURS, TOUS ENSEMBLE

    Des millions de personnes ont montré leur opposition à la loi El Khomri sur le travail, plus de 70% de la population est contre à celle-ci selon les sondages. Depuis le début de la lutte, Valls multiplie les provocations : répression et violence policières, sanctions pénales lourdes contre des jeunes ou des syndicalistes,… Valls-hollande ont dit qu’ils « iront jusqu’au bout ». Répondons tous : nous aussi !

    Tract de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    La bataille est loin d’être terminée

    L’utilisation du 49-3 pour faire passer la loi Khomri sans même la voter, c’est une preuve de faiblesse d’un gouvernement que plus personne ne soutient. La démocratie, l’avis du peuple, c’est du baratin pour les journaux télés au service du système.

    Et L’Assemblée nationale n’est qu’un mauvais théâtre rempli de politiciens carriéristes qui n’ont, pour la plupart, jamais travaillé. Ce sont ces gens là qui demandent toujours aux mêmes, aux travailleurs, aux jeunes, de faire des sacrifices pendant que les grands patrons et les super riches s’en mettent toujours plus dans les poches.

    C’est pour cela qu’est faite la loi sur le «travail» : pour permettre aux groupes d’actionnaires, aux banquiers, de faire encore plus de profits en faisant travailler les salariés encore plus longtemps et pour un salaire toujours plus faible.

    Amplifions la lutte

    Il y a 3,5 millions de chômeurs, et les 40 premières multinationales françaises ont fait 54 milliards d’euros de profit en 2015. Il y a donc les moyens de résoudre tous les problèmes : en réduisant le temps de travail à 32 heures pour embaucher les chômeurs, en augmentant les salaires, en nationalisant les banques et tout le secteur financier sous le contrôle des travailleurs et de la population…

    C’est en étant unis pour ces revendications et contre la loi El Khomri, jeunes et travailleurs, qu’on peut construire une vraie grève générale. C’est cela que craignent le gouvernement et le grand patronat. Les grèves et blocages des dockers, des routiers, des agents muncipaux… montrent la voie, tout comme les centaines de luttes en cours partout. C’est en les soutenant et en les multipliant qu’on gagnera. Car elles ont toutes un point commun : marre d’être exploité pour gagner à peine de quoi vivre.

    Construire une grève générale

    Ce qui fait peur à Valls et aux grands patrons, c’est la construction d’une lutte de masse tous ensemble. Il faut multiplier les Assemblées Générales dans les lycées comme dans les entreprises, sur les places comme a fait Nuit Debout, créer des comités démocratiques de lutte pour décider ensemble des actions à mener.

    En développant les grèves dans les entreprises et en les soutenant, on peut avancer vers le blocage de la production et donc des profits des grandes entreprises. On tape ainsi où ça fait mal : dans la poche des riches et des actionnaires.

    Les syndicats qui rejettent la loi travail doivent le dire clairement : Valls-Hollande, on n’a plus rien à discuter avec vous et nous, on appelle à construire une grève générale !

    Changer cette société pourrie !

    La lutte a permis de montrer qu’en fait nous sommes des millions contre ces politiques au service des riches, qu’elles viennent du PS, de la droite, ou du FN. Mais il ne s’agit pas de lutter seulement contre les pions du système, que ce soit les flics ou le gouvernement.

    Il manque un outil de masse, une force politique des travailleurs et de la jeunesse capable de défendre les intérêts de l’écrasante majorité de la population contre la rapacité des super riches et les politiciens à leur service.

    La lutte est loin d’être terminée. La Gauche révolutionnaire se bat pour renverser ce système injuste, contre le racisme, le sexisme, les guerres… N’hésite pas à t’organiser avec nous.

    Il faudra une révolution !

    Le capitalisme est un système barbare, qui provoque les guerres, réduit les enfants en esclavage à l’autre bout de la planète pour fabriquer des baskets. C’est toute la société qu’il faut changer, c’est le capitalisme qu’il faudra renverser.

    Nous luttons pour le socialisme : une société démocratique, où l’économie sera organisée et planifiée par les travailleurs et la population en fonction des besoins, en mettant en propriété publique les principaux secteurs de l’économie et en finir ainsi avec l’exploitation. Nous luttons pour cela en France et dans le monde entier.

    Dégageons la politique de Valls-Hollande et le capitalisme avec !

    «Une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses.» Karl Marx

    banderoleGR

  • France : la lutte contre la casse du Code du travail continue !

    france_LoiTravailDès sa sortie, le projet de loi ‘‘El Khomri’’ visant à réviser le Code du travail a massivement fédéré contre lui les jeunes et les travailleurs. Et la colère n’est pas prête de diminuer au vu de la détermination exprimée lors des mobilisations pour faire plier le gouvernement Valls-Hollande et lui faire retirer cette loi maudite.

    Par Baptiste (Hainaut), article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Pour rappel, ce projet de loi vise à casser toute une série de protections sociales au travail acquises par le mouvement ouvrier au cours de décennies de luttes : facilitation des licenciements, flexibilisation accrue du temps de travail et des horaires de travail d’une semaine à l’autre, diminution des plages de repos minimales entre journées de travail, diminution du taux de majoration des heures supplémentaires, possibilité pour les patrons de négocier des baisses de salaire et des augmentations du temps de travail au sein de leur entreprise, etc.

    Soi-disant, ces mesures permettraient de diminuer le taux de chômage. Après la fable de Sarkozy ‘‘travailler plus pour gagner plus’’, le gouvernement PS nous a inventé un grotesque ‘‘licencier plus pour embaucher plus’’. Comme si une précarisation accrue des conditions de travail allait améliorer le taux d’emploi… La réalité est que ce gouvernement veut utiliser le chômage massif comme moyen de pression pour généraliser une dégradation des contrats et conventions. La conséquence ne peut être qu’une augmentation des symptômes de la surexploitation (maladies, burnout, accidents…) et un appauvrissement généralisé.

    Le patronat, son gouvernement et ses larbins médiatiques s’offusquent de ce rejet massif mettant en avant que cette réforme serait une nécessité économique pour la France, sous peine d’être pénalisé dans la course internationale à la compétitivité. Le ‘‘modèle allemand’’ est à nouveau mis en avant pour vanter les mérites d’une telle ‘‘réforme du marché du travail’’ (comprendre : liquidation des droits des travailleurs). La réalité est qu’en Allemagne une couche de plus en plus grande de travailleurs pauvres s’est développée : on estime que 12,5 millions de personnes se retrouvent sous le seuil de pauvreté ! Est-ce un modèle de progrès économique à généraliser ? La seule nécessité économique à laquelle répond cette réforme, c’est celle des capitalistes, patrons, actionnaires, et spéculateurs de la finance. La volonté de ce 1% de nantis est d’accroitre leur taux de profit malgré la crise de leur système, et ils veulent le faire en nous vidant les poches !

    Ce mouvement de masse doit aboutir à la construction d’une grève générale

    Chaque avancée du patronat constitue un dangereux précédent. La France instrumentalise la situation de l’Allemagne. Et à présent, le gouvernement Michel en Belgique tente à son tour de rentrer dans la danse avec le projet des 45 h/semaine. Cette spirale infernale doit être brisée une bonne fois pour toutes ! À notre tour de créer des précédents : faisons tomber ces projets pour inspirer les travailleurs des pays voisins.

    Les mobilisations du 17 et 31 mars ainsi que du 9 avril furent conséquentes. Après avoir eu 450.000 personnes dans la rue le 9 mars, ce sont plus d’un million de personnes qui se sont mobilisées le 31 mars. L’ampleur du mouvement s’explique par un ras-le-bol généralisé vis-à-vis de la dégradation sociale continue, mais aussi vis-à-vis de tous les autres sujets de la vie quotidienne : l’instrumentalisation sécuritaire du terrorisme par le gouvernement et la droite, la xénophobie disséminée partout pour étouffer la crise de l’asile et la faillite des politiques de guerre, la destruction de l’environnement sur l’autel du profit des grands groupes énergétiques,… C’est une contestation d’ensemble de la société qui se manifeste, le refus des nouvelles générations d’être sacrifiées et la volonté de se battre pour avoir droit à un avenir décent.

    Le gouvernement a été surpris par ce réveil des masses. La répression et la criminalisation du mouvement social sont à la hauteur de leur peur qu’une contre-offensive s’organise. À la suite des mobilisations, certaines concessions ont été faites sur le projet de loi. Mais celles-ci sont très maigres et ne sont pour l’essentiel que des amendements sur la formulation de certaines mesures ou des complications tordues comme la surtaxation des CDD. Pour l’essentiel, le gouvernement maintient sa détermination à appliquer ce projet néolibéral.

    Si le gouvernement fait preuve de détermination, ça n’est pas moins le cas des jeunes et des travailleurs. Le potentiel est encore présent pour engager une lutte sur la durée ; il faut maintenant concrétiser ce potentiel. Les mobilisations actuelles sont les premiers avertissements. L’étape suivante est la grève générale, durant laquelle les masses démontrent encore plus leur force en bloquant l’ensemble de l’économie. Un tel rapport de force doit être minutieusement préparé, à travers l’organisation d’assemblées générales dans les écoles et les entreprises, l’organisation de comités de mobilisation,… C’est de cette manière qu’on pourra obtenir une victoire !

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    Nuit Debout : le ras-le-bol des politiques néolibérales des partis traditionnels s’exprime à nouveau

    “‘Les gouvernements changent, la politique reste la même’’. Au plus les années passent, au plus ce sentiment est partagé par des couches de plus en plus nombreuses de jeunes et de travailleurs.
    Et pour cause : depuis 30 ans, le néolibéralisme est le fil conducteur du programme de tous les partis traditionnels. Il n’y a plus aucun autre projet de société. Il n’y a plus aucune place pour la défense de nos intérêts. Plus aucune place pour des services publics… François Hollande présentait pourtant sa présidence comme un renouveau après les années Sarkozy. Au bout du compte, plus personne n’est dupe : ils défendent les mêmes intérêts, ceux de la classe capitaliste. Nous sommes dans une situation où les 99% de la population n’ont plus de représentation politique !

    Ce n’est pas un hasard si des mouvements citoyens d’occupation de places publiques prennent place à travers le monde depuis quelques années, avec en particulier les Indignados en Espagne et le mouvement Occupy aux USA. À présent, Nuit Debout se développe en France et fait tache d’huile en Belgique. La lutte contre la loi El Khomri a véritablement fait précipiter tout ce qu’il y avait dans l’air depuis longtemps. Et des milliers de jeunes sont à la recherche d’une alternative à ce système et à sa logique destructrice. Dans ce sens, ces mouvements sont des évènements politiques. Mais paradoxalement, du fait du rejet des partis traditionnels, une attitude ‘‘anti-politique’’ et ‘‘anti-parti’’ est souvent émise. Pourtant, le défi des nouvelles générations est bien celui de s’organiser politiquement pour faire valoir ses droits et à aboutir à une transformation de la société.

    En Espagne et aux USA, les phénomènes Indignados et Occupy présentaient les mêmes contradictions et ont fini par aboutir à une transformation du paysage politique avec l’émergence de Podemos et avec la candidature de Bernie Sanders aux primaires du Parti démocrate. Dans chacun des cas, c’est l’ambition de briser la mainmise de l’establishment capitaliste sur la vie politique qui a généré un enthousiasme et un soutien massif. Dans ces deux cas, beaucoup de défis restent présents pour obtenir de réelles victoires politiques capables d’aboutir à des changements sociaux. Mais c’est déjà l’illustration qu’un nouveau parti qui défendrait les 99% de la population est non seulement une nécessité absolue, mais qu’en plus il bénéficierait d’un enthousiasme incroyable parmi les masses.

    Nous devons arriver à concrétiser ces mouvements sociaux en une alternative politique, porteuse d’un autre projet de société, où les ressources et les richesses sont produites en fonction des besoins et non des profits.

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