Category: Europe

  • France. 28 avril, dernière étape avant une grève générale?

    france_lille01

    Une nouvelle journée de grèves et de manifestations a eu lieu hier en France contre la Loi Travail. Une équipe de militants du PSL et des Etudiants de Gauche Actifs étaient présents aux mobilisations de Valenciennes (où un millier de personnes ont manifesté) et à Lille (15.000 personnes) en solidarité afin que pour y soutenir le travail de nos camarades de la Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière).

    france_CIOA l’heure où le gouvernement Michel propose par la voix du ministre Peeters une “modernisation” du travail en Belgique qui en finit avec la journée des 8h et la semaine des 38h, il est des plus importants de partager les expériences de lutte et de renforcer nos combats communs contre la logique austéritaire et le capitalisme. Dans ce cadre, l’arme de la grève générale est d’une importance cruciale.

    Le texte disponible ci-dessous est le supplément à L’Egalité, le journal de nos camarades français, spécialement édité pour l’occasion (version PDF). Indication très révélatrice de l’importance des discussions sur la suite à donner au mouvement, tous les exemplaires de ce supplément et de l’Egalité que nous avions avec nous ont été vendus, de même que plusieurs exemplaires de notre propre journal, Lutte Socialiste.

    [divider]

    Ce mois de mars 2016 aura vu le printemps des luttes arriver en avance. La loi « travail » attribuée à la ministre El Khomri en a été le déclencheur. Logique, elle représente une attaque majeure contre nous tous, une régression sociale complète qui entraînera, de fait, un changement de société, avec une précarité à vie (pas de contrats de travail stables, pas de droits collectifs réellement utilisables) pour une partie importante des travailleurs. La lutte se fait désormais contre « la loi Khomri et son monde », contre le rétablissement d’une véritable dictature du patron qui s’installera dans de nombreuses entreprises ou s’aggravera dans celles où les droits sont déjà difficiles à faire respecter.

    Une unité entre les jeunes et les travailleurs en lutte

    L’agitation sociale qui a convergé le 9 mars en une première journée de grèves et de manifestations unissant jeunes et travailleurs, s’intensifie. Le 31 mars, plus d’un million de personnes sont descendues dans les rues, activement en grève dans de nombreuses entreprises notamment du privé, et déjà, à une échelle large, la nécessité d’une grève générale était au cœur des préoccupations et des discussions. C’est cette étape de la lutte qu’il faut atteindre si on veut non seulement jeter la loi travail à la poubelle mais également stopper enfin ces politiques qui ne font que plonger toujours plus les gens dans la précarité et les difficultés sociales.

    Le fait que la jeunesse se soit investie dans ce combat, particulièrement dans les lycées et dans les Universités, est un point d’appui et un encouragement pour des millions de travailleurs. Cette alliance des jeunes et des travailleurs est à la fois le meilleur carburant pour faire avancer la lutte mais également la plus grande crainte de tous les politiciens qui soutiennent le système non seulement ceux du gouvernement de Valls-Hollande mais également ceux de droite et du FN. C’est cette alliance et cette unité dans un mouvement de masse, déterminé à stopper cette loi, qui permettra de gagner.

    La lutte va continuer, avec l’appel intersyndical à une nouvelle journée de grève et de manifestation le 28 avril, pour le retrait de la loi Khomri. Cette journée doit être la dernière étape avant l’annonce nécessaire par les directions des syndicats combatifs d’une date pour démarrer tous ensemble la grève générale. La colère est là, l’envie de ne plus subir ces politiques au service des riches aussi, le ras le bol des magouilles politiciennes et de leur ton méprisant relayé par les médias encore plus, il faut donc avancer, faire monter la lutte en puissance pour utiliser notre meilleure arme, celle qui bloque l’économie et démontre que les grands patrons et les politiciens à leur service ne servent à rien : la grève générale tous ensemble.

    Une triple colère

    Nous l’écrivions dans nos articles depuis plus d’un an : une vaste colère dans la société était présente, et le moment allait approcher où cette colère allait, et devait, se transformer en révolte.

    C’est ce qui s’est révélé le 9 mars, et qui a fait le succès de la grève du 31 mars. C’est ce qui fait que ce mouvement cherche sans arrêt à aller plus loin et à infliger une vraie défaite à ce gouvernement.

    En résumé, c’est une colère contre les sales coups que nous subissons depuis le déclenchement de la crise du capitalisme en 2007-2008. Tous ces sales coups n’ont qu’une seule origine : les capitalistes ont cherché à sauvegarder et augmenter leurs profits sur notre dos, et l’activité des gouvernements successifs a été de les aider en cela. Près de 10 ans de Licenciements, bas salaires, suppressions de services publics, dégradation des conditions de travail, harcèlement par les petits chefs…On n’en peut plus. Et ce gouvernement qui se prétendait de « gauche » n’a évidemment rien fait pour améliorer les choses, il a même été le digne successeur de Sarko-le-champion-des-riches.

    Depuis que Hollande a été élu en 2012, il y a une hausse ininterrompue du chômage, 3,5 millions de personnes sans aucun emploi, mais les 500 premières fortunes ont une richesse cumulée de 460 milliards d’euros.

    Donc quand Hollande dit, lors de son allocution télévisée du 14 avril que « la France va mieux », évidemment, on ne parle pas de la même France car on ne vit pas dans le même monde que ces gens-là.

    L’affaire des évasions fiscales de masse révélées sous le nom de Panama Papers par des journalistes n’a même pas étonné. Cela a confirmé que ce système est corrompu, et que toutes les élites, du FN au PS en passant par les grands patrons et les banques, trempent dans cette corruption. Ces mêmes super riches qui appuient une politique qui demande toujours plus de sacrifices à la grande majorité de la population qui vit pourtant péniblement. Ces mêmes super riches qui s’arrangent pour payer le moins d’impôts possible alors qu’ils profitent des services publics et des infrastructures.

    Alors évidemment, une loi qui permet de nous obliger à travailler encore plus pour être payés encore moins, au seul bénéfice de ceux-là qui ont déjà tout, il n’est pas question que cela passe !

    Ambiance étouffante

    La deuxième raison de cette colère, c’est l’ambiance étouffante qui s’est installée depuis les années Sarkozy et qui s’est encore aggravée : omniprésence du FN et des réactionnaires de tout genre dans les médias, agitation du racisme contre les musulmans, les réfugiés… la mise en place de l’état d’urgence, avec des pouvoirs accrus à la police.

    Cette ambiance étouffante, qui a vu des petits Sarko et des petits Valls fleurir partout avec des petits chefs qui harcèlent les salariés, des proviseurs qui se prennent pour des patrons, une « liberté d’expression » qui n’existe que pour les médias au service du système, il y en a vraiment ras le bol. Avant on disait « la dictature c’est ferme ta gueule » et « la démocratie c’est cause toujours ». Aujourd’hui, avec Valls, c’est de plus en plus « ferme ta gueule ».

    Ce sentiment d’être réprimé ou méprisé quand on dénonce la course folle d’un monde qui nous emmène dans le mur ne pouvait pas rester sans expression. C’est aussi cela qui explique le vaste mouvement de révolte autour de la loi travail, tout comme le phénomène de rassemblement sur les places publiques qui s’appelle Nuit Debout.

    Et à nouveau, face à cela, le mépris et la répression. Le simple fait de se regrouper pour discuter est attaqué par la police dans de nombreuses villes. Et le harcèlement policier contre les lycéens montre que ce système veut une jeunesse docile, qui ne conteste rien et ne réfléchit pas.

    On le voit, en fait de « démocratie », on vit sous une dictature « démocratique » des capitalistes.

    Les syndicats face à la riposte

    Face à tous ces éléments c’est l’absence de véritable volonté d’action par les directions des principaux syndicats qui est devenue elle-même insupportable. Tout comme le refus de toute une série de partis et de courants qui se prétendent à la « gauche » du PS d’entrer en réelle opposition à Valls-Hollande. Des attaques qui passent comme les suppressions d’emploi dans la Santé, dans l’Éducation, les plans de licenciements et les fermetures d’entreprises, tout cela vaguement accompagné de la routine des journées d’action sans véritable revendication ni plan d’action, malgré la volonté des travailleurs concernés d’en découdre, a commencé à peser aussi.

    La mollesse (et le mot est faible !) de la réaction initiale de la direction nationale de la CGT contre la loi Khomri a été intolérable pour tant de militants qui se battent au quotidien. L’appui développé par les réseau sociaux avec notamment la pétition sur Internet a permis de voir que ce ne sont pas quelques dizaines de milliers de gens qui en ont assez mais bien des millions, et qu’ils sont prêts à agir et à s’exprimer si on leur donne les moyens et les possibilités. Là où auparavant la routine syndicale disait « bah on voudrait bien mais quand on appelle à une grève, il n’y a pas assez de monde », il a été possible de montrer que c’était faux. Cela s’est traduit par le succès du 9 mars et plus encore par celui du 31 mars et ses 1,2 millions de manifestants dans plus de 200 villes et avec des grévistes de très nombreuses entreprises du privé.

    Et maintenant la direction de la CGT, dont chacun sait que cela reste le syndicat le plus à même de mener un combat déterminé, se fait tirer l’oreille pour avancer une véritable perspective de lutte, vers la grève générale. Une fois encore, les militants cherchent à donner de la voix, au travers des débats du 51ème congrès de la CGT, des nombreuses grèves locales, et même du phénomène des « Nuits Debout ». C’est bien une grève « dure », généralisée, qui mettra à bas cette loi et il n’y a qu’elle qui stoppera la politique de Valls-Hollande.

    Des grèves qui sont parties partout

    Depuis la mi-mars, les grèves locales se sont multipliées tandis que la mobilisation des lycéens et des étudiants continuait d’alimenter la colère contre la politique au service des riches de ce gouvernement.

    C’est un climat de lutte qui s’est désormais instauré et qui s’amplifie. Des luttes éclatent sur les salaires et les conditions de travail (Campanile Tour Eiffel, différents restaurants Mac Donald’s, entreprises de métallurgie, de transport…). Des grèves déterminées, longues parfois, se multiplient : Calcia (ciment) XPO logistics, Lisi-Creuzet (métallurgie), postiers, agents des écoles, de l’aide à domicile, TCAR (transport urbain de Rouen)…

    De fait, il y a une dynamique de grève de masse, où la loi Khomri est unanimement rejetée, où les autres revendications viennent renforcer et s’appuyer sur la lutte d’ensemble.

    Mais cela manque encore d’outil et de véritable direction démocratique pour la lutte à une échelle suffisamment large, même au niveau local. L’intersyndicale ne remplit pas ce rôle, et les assemblées générales de travailleurs sont rares. C’est encore principalement à l’intérieur même des syndicats ou directement dans la grève d’entreprise que se passe le débat (et la bataille) pour avancer vers la grève générale.

    Nuit Debout agite la place

    C’est en partie pour cela que le phénomène Nuit Debout a remporté un certain écho sans être pour le moment un événement aussi réellement très massif. Le fait qu’il s’étende à de très nombreuses villes montre avant tout un besoin (et une envie) de discuter, de rompre l’isolement, et d’appuyer la question de la grève générale tous ensemble. Mais cela vient après une longue période de luttes isolées et de faibles débats dans la société. Du coup, les débats sont tellement nombreux qu’il est parfois difficile de savoir par où commencer.

    La grève générale est dans toute les têtes, la volonté de battre ce gouvernement aussi. Le rejet du capitalisme encore plus. Mais pour le moment, si Nuit Debout est un espace où il est possible de proposer et de débattre, le phénomène manque d’assurance et de clarté pour décider et impulser à une échelle large. De fait, peu de décisions sont réellement prises et l’objectif premier, qui est celui de faire reculer le gouvernement sur la loi « Travail », tend à être mis à part alors que ce devrait être le cœur de la mobilisation. Le fait que les syndicats y viennent trop peu (principalement les secteurs en lutte, beaucoup de militants CGT de manière individuelle, quelques syndicats de la fédération Solidaires du rail, de la Poste et de l’Éducation) n’accélère pas suffisamment le rythme du débat. Mais en même temps, la persistance du phénomène encourage les luttes, déstabilise l’ensemble des forces politiques au service du système et les fait craindre que ce ne serait là que les premiers pas vers une remise en cause active du système tout entier.

    S’épaulant sans pour autant réellement se croiser hormis lors des grandes journées de grève, la mobilisation lycéenne, celle des étudiants, les débats internes aux syndicats, ceux de Nuit Debout, sont pour autant dans la dynamique d’une même convergence vers la grève générale, dont le 28 avril doit être la prochaine étape avant la possibilité d’une grève plus longue en mai.

    La lutte va continuer, avec la grève des cheminots du 26 avril et les possibles grèves dans de nombreuses entreprises. Le 3 mai, la loi est présentée à l’Assemblée Nationale. D’ores et déjà les directions des syndicats opposés à la loi Khomri devraient appeler à ce que ce soit une journée de grève générale et défendre la nécessité d’une grève longue jusqu’au retrait de la loi. L’appel a une date claire, courant mai, la possibilité de continuer la grève après le 28 avril doivent être proposés dans les réunions syndicales, les assemblées générales, les Nuits Debout… Même sans attendre les appels d’en haut, bien qu’il les faut, construire cette grève générale que nous voulons tous et toutes si nous ne sommes pas entendu.

    La répression d’un système en crise

    La haine du FN et de la droite contre les Nuits Debout, l’acharnement des éléments les plus répressifs de la police (CRS et Brigade anti-criminalité qui ont tapé et gazé sans ménagement les lycéens), les déclaration de nombreux dirigeants du PS contre les Nuits Debout en dit long sur leurs peurs : le fait qu’il devient clair qu’une majorité n’a plus confiance en ce système et n’a plus envie de les suivre. Il ne manque désormais qu’un mouvement décisif pour que cette défiance se transforme en action et en rébellion complète.

    L’inquiétude règne au sommet du gouvernement et des partis politiques. On voit les dirigeants de la droite, du FN et du PS attaquer la CGT pour son affiche dénonçant les violences policières. On voit le patronat hésiter en exigeant du gouvernement qu’il revienne au projet initial de la loi « travail » tout en ayant de plus en plus de voix dissidentes dans ses rangs qui craignent le conflit social généralisé. Et on a vu les ténors de la droite, chacun obligés de reculer en leur temps face à des mobilisations, Juppé et dans une moindre mesure Fillon, régulièrement dire leur inquiétude d’un mouvement qui serait trop fort et condamnerait la possibilité d’une « réforme » (casse) du droit du travail.

    Jusqu’à certains à gauche du PS qui semblent n’attendre qu’une chose : que ce mouvement se termine pour qu’on recommence à discuter des choses qui leur semblent sérieuses mais dont une majorité n’attend rien – les élections présidentielles de 2017.

    Un mouvement de masse qui peut gagner et tout changer

    La situation peut basculer dans la victoire ou la défaite, il y a peu de chances qu’elle reste ainsi incertaine. Le camp de la lutte se renforce, malgré la répression, qui est souvent l’aveu de faiblesse du système et qui n’entame pas la détermination de ceux qui luttent.

    Le patronat est divisé, une partie craint que le gouvernement recule trop, une autre que le mouvement soit trop fort. Gattaz tente de faire serrer les rangs en agitant la menace d’un boycott de négociations sur l’assurance chômage. Mais nous n’avons pas à négocier le poids de nos chaînes, nous avons à les briser. Que Gattaz boycotte ce qu’il veut dans son coin, ce qui fait notre force c’est notre unité dans la lutte sur nos revendications, et les millions que nous sommes face à cette poignée de parasites.

    La société du « travaille, consomme, et ferme ta gueule » ne fait plus envie, elle étouffe, aliène, détruit, tout ce que la majorité de la population voudrait pourtant voir au centre de la société : la solidarité, la fraternité, le travail socialement utile, et non l’exploitation, le racisme, le sexisme, l’intolérance, le harcèlement par les petits chefs,… C’est à la fois le capitalisme, sa loi du profit et sa dictature de l’exploitation, mais également tout ce qu’il impose comme rapports humains pourris qui est remis en cause. Tous ceux et toutes celles qui participent à la lutte veulent jeter la loi Khomri à la poubelle, la politique de Hollande Valls avec et le capitalisme aussi pour une grande partie.

    Et si beaucoup regardent avec sympathie les actions diverses comme les manifestation spontanées, ils ne veulent pas d’un mouvement limité et minoritaire mais bien d’une lutte de masse, tous ensemble, unissant jeunes et travailleurs.

    Depuis deux ans, la Gauche révolutionnaire défend que les journées isolées de grève doivent avoir pour objectif d’avancer la nécessité d’une lutte d’ensemble, en recourant à des grèves militantes et combatives pour les salaires, contre les suppressions d’emplois, contre les mauvaises conditions de travail. Cela permettait d’unir une majorité de travailleurs. Aujourd’hui, la loi Khomri résume à elle seule cette unité sur les revendications et sur le mode d’action. La lutte contre la loi Khomri pose la question de la grève générale car cette loi représente une telle contre révolution sociale que l’accepter ce sera accepter le règne des patrons tout-puissants et de l’exploitation des travailleurs jusqu’à l’épuisement. Même le petit patronat dénonce dans la loi El Khomri le règne des très grands patrons des multinationales.

    Dans les discussions, la réduction du temps de travail, la hausse des salaires, l’organisation du travail de manière collective et démocratique, pour le bien de la collectivité et non les profits d’une poignée, reviennent sans cesse. Sans que cela soit exprimé encore consciemment, la nécessité d’une révolution, d’un renversement du capitalisme, de la construction du socialisme où l’économie serait organisée démocratiquement pour la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux de tous grâce à la mise en propriété publique des principaux moyens de production, d’échange et de distribution, sont dans chaque discussion.

    La Gauche révolutionnaire défend à la fois la perspective proche de la grève générale, la construction de celle-ci, la nécessité de débats de fond sur le monde que nous voulons, que ce soit à Nuit Debout ou dans les luttes, car nous pensons tout cela doit aller dans le même sens. Nous défendons la nécessité d’une véritable parti de lutte et de masse face aux partis et organisations au service du capitalisme. C’est ce qu’il nous manque aujourd’hui pour unir les travailleurs et les jeunes qui ont déjà compris qu’il faudra renverser ce système barbare et injuste.

    Nous luttons pour une véritable révolution qui permette de construire une société réellement démocratique, sans exploitation ni injustices.

    Et la grève générale, comme le moyen d’action le plus puissant, parce que cela montre que la société ne fonctionne pas sans les travailleurs, que les marchandises ne sont pas produites et ne circulent pas, que les patrons n’ont aucun profit à soutirer de notre travail, est désormais comprise comme un objectif à atteindre.

    C’est cela qui est à l’ordre du jour de la lutte, qu’il faut construire, et réussir pour dégager la loi Khomri et tout le monde qu’elle représente.

    28 avril. Journée de mobilisation en France contre la Loi Travail

  • Turquie: quel antidote à la guerre, la terreur et l'exploitation?

    erdogan_assassinPour l’unité des classes ouvrières turque et kurde!

    Les deux attaques terroristes en l’espace d’un mois n’ont pas seulement pris beaucoup de vies innocentes, mais ont aussi fait le jeu du régime d’Erdo?an, en discréditant les revendications de liberté du peuple kurde et leur lutte contre le régime. En termes de méthode utilisée et de résultats, ce type d’actes politique n’est pas différent des attaques des jihadistes assassins contre les Kurdes, la classe ouvrière et les socialistes. Cela ne peut pas être la voie vers un monde libéré de la violence et de l’oppression. Quelle que soit la justification, Sosyalist Alternatif ne s’identifie pas aux actes politiques et aux méthodes qui font le jeu de la classe dominante, car ces dernières ternissent la réputation de la lutte légitime de la classe ouvrière et du peuple Kurde. La principal de ces méthodes est le terrorisme individuel.

    Par Sosyalist Alternatif, section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat turc

    Deux attentats terroristes ont eu lieu au cœur des deux plus grandes villes de Turquie. 42 personnes sont mortes dans ces attaques ; celle d’Ankara a été revendiquée par TAK (Teyrêbazên Azadiya Kurdistan/Faucons de la Liberté du Kurdistan) ; l’autre a été menée par Daesh à Istanbul.

    Comme ces attaques visaient directement les civils et ont généré la peur et l’inquiétude, ceux qui défendent leur pouvoir essaient de nous faire croire que c’est la « destinée ». Par exemple, Abdulkadir Aksu, un journaliste pro-AKP très connu, a déclaré que nous devons « nous habituer » à vivre avec le terrorisme.

    Le président Erdo?an et le premier ministre Davuto?lu ont essayé de mettre le bombardement de janvier sur le compte des Kurdes des PYD, pour l’utiliser comme prétexte pour une intervention militaire contre Rojava en Syrie. Ils ont l’intention d’utiliser les dernières attaques pour qualifier tous ceux qui s’opposent à eux de terroristes, et donc les réprimer. D’après cette logique, ils vont élargir la signification de « terrorisme » à tout opposant d’Erdo?an ! Ils ont déjà concocté le concept de « terroriste sans armes » et ont commencé à l’utiliser.

    Erdo?an, qui adore défier les Etats occidentaux dans ses discours, les imite en fait. Erdo?an et le gouvernement AKP utilisent les mêmes méthodes que les gouvernements impérialistes des USA, de France et de partout comme opportunité de tailler dans les droits démocratiques à l’encontre des revendications de la classe ouvrière et de renforcer les pouvoirs de la police. Ils comptent faire passer une loi sur ces lignes en attisant la peur que la dernière attaque a inévitablement créé dans une grande partie de la population.

    Toute les lois et régulations planifiées par Erdo?an et le gouvernement sont élaborées pour réprimer toutes formes de revendications et de droits par la classe ouvrière turque et kurde. Ce sont des moyens politiques de répression contre tous ceux qui s’opposent à la corruption, au chômage, au coût élevé de la vie et à la destruction de l’environnement (à Artvin Cerattepe, une ville au Nord-Est de la Turquie, les habitants ont organisé la résistance contre les activités minières pour défendre l’environement) de même que contre les revendications continuelles des Kurdes pour les droits démocratiques. La législation sera utilisées contre les métallurgistes qui luttent pour leurs revendications, et contre tout autre lutte possible des travailleurs dans la prochaine période.

    Erdo?an et l’AKP sont responsables

    Erdo?an et ses partisans du gouvernement AKP sont les premiers responsables de cela. Ils ont transformé la question Kurde en « guerre civile » et ont soutenu les groupes jihadistes, pour servir leurs ambitions néo-ottomanes sur la Syrie.

    Aucune attaque terroriste ne peut arrêter les massacres de l’Etat. Le peuple Kurde a vécu une grande tragédie depuis juillet 2015. Ayant brutalement interrompu les négociations avec les Kurdes, Erdo?an mène une énorme guerre au nom du « contre-terrorisme » en utilisant toutes les sections des forces armées. La situation à Cirze après trois mois de couvre-feu est de plus en plus comparable à celle d’Aleppo et Kobane, qui a été détruite par le siège de Daesh. Récemment, 200 personnes, surtout des civils et des blessés, qui étaient piégés dans les sous-sol d’un bâtiment, ont été assassinés sour les yeux de toute la Turquie. Devenir insensible à ces attaques contre les Kurdes n’est pas différent de rester silencieux sur les attaques terroristes qui ont frappé Ankara et Istanbul.

    L’AKP n’a jamais hésité à soutenir les horribles organisations jihadistes, à cause de ses ambitions néo-ottomanes et de son « cauchemar », la possibilité que les Kurdes du Nord de la Syrie utilisent leur droit à l’auto-détermination. En résultat, l’Etat Turque s’est tourné vers l’arrière-cour des jihadistes. Jusqu’ici, les jihadistes ont commis des attaques contre les Kurdes, le mouvement ouvrier, les socialistes et les touristes non-Musulmans. Trente-trois jeunes socialistes à Suruç, 102 manifestants à Istanbul ont été tués par cette boucherie. Apparemment, Daesh n’a pas pris l’Etat pour cible ; quand cela arrivera, ce sera le commencement de la « Pakistanisation » de la Turquie. Les partisans de Daesh en Turquie et les militants qui se battent dans leurs rangs en Syrie aimeraient certainement transformer la Turquie en un nouveau Afghanistan ou Pakistan, où l’infrastructure est détruite et où des gens perdent la vie chaque jour – même si la société en Turquie est plus développée que dans ces pays, et la classe ouvrière plus forte.

    Pendant ce temps, Erdo?an et le gouvernement accusent toute voix critique et tout opposant au régime d’espionnage ou de soutien au terrorisme. Can Dundar et Erdem Hul ont été accusés et traduits en justice pour espionnage juste parce qu’ils ont révélé des documents d’Etat sur les politiques d’appui aux forces jihadistes. Donc, rester silencieux dans cette situation signifie rester silencieux sur la « Pakistanisation » rampante de la Turquie.

    Nos méthodes sont les grèves, les manifestations de masse et les occupations

    Il est très ironique que les deux attaques, celle menée par TAK, qui dit lutter pour les droits du peuple kurde, et celle commise par Daesh, qui ont brûlé vifs, décapité et tué des gens sans pitié ont été fortement associées dans l’esprit des gens.

    Dans son interview au service Turque de la BBC, Serhat Varto, porte-parole du KCK (l’organisation urbaine du PKK) a déclaré : « Nous ne luttons pas seulement pour le peuple kurde. Nous luttons pour que tous les peuples de Turquie vivent en égaux, librement et fraternellement… De tels actes politiques nuisent à nos objectifs. Nous appelons tout le monde à éviter cela. Tout en menant des actes contre les forces de l’Etat, nous devons rester à distance des attitudes qui peuvent éroder le désir et la volonté de co-existence ». Il a nié toute connexion avec les attaques ; cependant, il n’est pas convaincant que TAK ait mené ces attaques sans que le PKK soit au courant.

    Si la situation continue, il sera de plus en plus difficile de construite l’unité entre la lutte légitime des Kurdes et la lutte de la classe ouvrière plus large. L’HPD a condamné les attaques terroristes ; cette position politique correcte a partiellement déçu Erdo?an et les nationalistes. Sosyalist Alternatif (section-soeur du PSL en Turquie) soutient cette déclaration de l’HPD. Ceux qui vivent dans l’Ouest du pays ne sont pas responsables des massacres par l’Etat dans le Nord du Kurdistan, ni les Kurdes qui demandent leurs droits démocratiques responsables des bombardements terroristes.
    Une lutte contre à la fois Erdo?an et l’AKP est nécessaire. Pour un régime qui détruit même les derniers vestiges de la légalité, arrête les académiciens juste pour avoir signé un traité de paix, emprisonne les journalistes pour avoir fait leur travail et répondent à la moindre manifestation avec des canons à eau, la seule façon de survivre est la division. Nous rejetons les tentatives de la classe dirigeante de maintenir leur domination en nous divisant. Sur une base de classe, nous sommes la majorité et ils ne sont qu’une poignée. Nous sommes les plus forts tant que nous nous organisons consciemment pour cette lutte. La classe ouvrière détient un énorme pouvoir dans le processus de production et dans l’économie en général. Rien n’arrivera si nous ne déchaînons pas ce pouvoir par des grèves de masse, des manifestations et des occupations.

    Non aux guerres, aux massacres, à l’exploitation, ni à Ankara ni à Cizre !

  • Crise des réfugiés : aucune solution n’existe sans en finir avec l’impérialisme

    europe_forteresseUne réponse socialiste à la guerre et à la crise des réfugiés

    Les articles et reportages au sujet de la tragédie humanitaire des réfugiés issus de Syrie, de Libye, d’Irak, d’Afghanistan ou encore de Somalie n’ont pas manqué dans les médias de masse. Le traitement qui leur est réservé par les divers pays européens a également été largement couvert. Par contre, le traitement des raisons de cet exode désespéré fut extraordinairement pauvre. La réalité des chiffres est pourtant implacable : parmi les demandeurs d’asile qui arrivent en Europe par la Grèce (actuellement plus de la moitié du total), plus de 85 % sont issus de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et de Somalie. Dans tous ces pays, les interventions militaires occidentales ont fortement contribué à créer les situations de cauchemar, contraignant une partie de la population à prendre la fuite. En Belgique, plus de 70 % des demandeurs d’asile proviennent de pays en guerre.

    Dossier, par Nicolas Croes

    Les interventions impérialistes menées en Afghanistan (depuis 2001) et en Irak (depuis 2003) au nom de la ‘‘guerre contre le terrorisme’’ ont conduit à une situation explosive au Moyen-Orient. En avril 2015, un rapport intitulé ‘‘Body Count : Casualty Figures after 10 Years of the ’War on Terror’’’ a été publié par les organisations de médecins Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, Physicians for Social Responsibility et Physicians for Global Survival. Ce rapport fait état de la mort d’au moins 1,3 million de personnes en Irak, en Afghanistan et au Pakistan (essentiellement victimes de drones américains) entre 2001 et 2013. Ce ne serait du reste qu’une ‘‘estimation basse’’ ne tenant pas compte d’autres pays en conflit comme le Yémen, la Somalie, la Libye et la Syrie. Les trois associations évoquent un ‘‘crime contre l’humanité proche du génocide’’. Ce rapport, qui n’a pas été contesté, a été quasiment ignoré par la suite dans toute l’agitation autour de la situation au Moyen-Orient.

    Couplées à l’échec partiel des soulèvements de masse contre les régimes dictatoriaux de la région qui avaient notamment mis fin aux règnes de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Égypte en 2011, ces destructions ont ouvert la voie à la violence sectaire et au développement de forces réactionnaires telles que l’État Islamique. En Syrie, avec le soutien indirect et ‘‘stratégique’’ de puissances occidentales à des factions ne menaçant pas leurs intérêts, le mouvement de masse contre Bachar al-Assad a dégénéré en une sanglante guerre civile. Plus de 250 000 syriens ont perdu la vie, pendant que plus de 11 millions de personnes devaient fuir le pays. Les attentats terroristes sont devenus une réalité quotidienne au Moyen-Orient : en 2015, 78 % des décès liés au terrorisme ont eu lieu en Irak, au Pakistan, en Afghanistan, en Syrie et au Nigeria.

    Les bombardements actuellement effectués par les USA en Syrie aux côtés de la France et d’autres pays ne feront rien pour ramener la paix, ils ne feront qu’augmenter le nombre de morts, la misère et le flot de réfugiés contraints de fuir pour sauver leur vie. Quant à la Belgique, les États-Unis viennent de formellement demander qu’elle étende à la Syrie ses missions de bombardement menées jusqu’ici en Irak.

    Une sanglante tradition

    La responsabilité de l’impérialisme occidental dans les massacres et l’oppression de la région a déjà une longue histoire derrière elle. À la suite du dépeçage de l’Empire Ottoman et du processus de décolonisation, chaque force qui a menacé les intérêts des différentes puissances occidentales a dû faire face à des interventions de différentes formes.

    Quand, en 1956, le dirigeant nationaliste égyptien Nasser a annoncé la nationalisation du canal de Suez, les gouvernements français et britannique se sont associés au gouvernement israélien pour lancer une invasion – désastreuse – de l’Égypte. Peu avant, en 1953, le nationaliste iranien Mohammad Mossadegh a subi la colère des puissances occidentales après avoir nationalisé l’industrie pétrolière du pays, jusqu’alors sous contrôle britannique. Il fut renversé par le coup d’État du général Fazlollah Zahedi avec l’aide occidentale, puis placé en résidence forcée jusqu’à sa mort. Les exemples de ce type sont légion.

    Diverses forces réactionnaires ont parallèlement bénéficié des largesses de l’impérialisme. La doctrine wahhabite de l’islam politique (partagée par l’élite dirigeante d’Arabie saoudite et du Qatar ainsi que par l’État Islamique) a été soutenue par les autorités britanniques après la première guerre mondiale, puis par les Etats-Unis après la deuxième. Le régime saoudien a ainsi été autorisé à commettre des actes barbares sans que cela ne pose le moindre problème pour peu que l’accès au pétrole soit garanti. Cela a aussi permis aux États-Unis de disposer d’un accès facile à des alliés tels que les moudjahidines (dont sont issus les talibans), en lutte contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan après 1979. Ce n’est qu’après les attentats du 11 septembre 2001 que l’impérialisme américain s’est retourné contre son ancien allié.

    Quelle approche défendre ?

    En Libye, en 2011, les révoltes à Benghazi et à Tripoli n’avaient pas au début un caractère réactionnaire, mais faisaient partie de ce que l’on a appelé le “Printemps arabe”. Les jeunes qui avaient commencé la révolution disaient explicitement ‘‘ceci est notre révolution, nous ne voulons aucune intervention de l’impérialisme’’ à l’aide de banderoles, etc.

    Mais des forces réactionnaires ont utilisé la brutalité du régime Kadhafi et la peur de ses chars qui marchaient sur la ville pour s’emparer de la direction du mouvement à Benghazi. Pour Kadhafi, cela a constitué une excuse parfaite. Il ne s’attaquait plus maintenant à une révolution, mais à des réactionnaires. Pour l’Otan, c’est cela qui a ouvert la voie aux bombardements et qui a permis à l’impérialisme occidental d’à nouveau affirmer son rôle dans la région.

    Si un parti révolutionnaire avait défendu la réorganisation du mouvement des jeunes révolutionnaires, des travailleurs et des pauvres par l’instauration de comités de défense démocratiques tout en lançant un appel à la solidarité envers les troupes de Kadhafi et les masses de Tripoli, qui elles aussi étaient descendues en masse dans les rues au commencement, les choses auraient été complètement différentes.

    En Syrie, nous nous opposons aux interventions des impérialistes et de leurs alliés et sommes favorables au retrait de toutes les troupes étrangères ainsi qu’à la mise en place de comités de résistance unitaires et non sectaires afin de défendre contre les attaques religieuses sectaires les travailleurs, les pauvres ainsi que les autres couches opprimées. Nous défendons la garantie de droits démocratiques pour tous – quelle que soit l’ethnie, la religion et la nationalité – ainsi que la tenue d’élections démocratiques honnêtes pour une assemblée constituante révolutionnaire et pour une confédération socialiste libre du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

    Dans une situation qui entre-temps a dégénéré en guerre civile, tout cela peut sembler improbable et lointain. Une situation difficile et sans issue ne nous dispense cependant pas de montrer et de défendre des éléments de sortie de crise pour le mouvement des travailleurs. Mettre “en pause” la lutte de classes signifie de laisser l’initiative aux forces réactionnaires. Il est correct de s’opposer à une intervention impérialiste, mais l’alternative à l’intervention n’est certainement pas une “solution politique” entre les forces impérialistes et les régimes dictatoriaux de la région. Nous ne devrions alors compter que sur ceux qui ont justement déclenché la guerre civile, le régime d’Assad et les rebelles armés par l’impérialisme, l’Arabie saoudite et le Qatar.

    Aucun conflit armé, où que ce soit dans le monde, n’a jamais pu être réglé de cette manière. La seule “solution politique” qui peut permettre de mettre un terme à un conflit armé entre ces forces, est soit lorsqu’un de ces camps est si affaibli qu’il ne peut plus s’en sortir autrement, soit lorsque les deux camps sont totalement épuisés. Nous ne pouvons hélas pas exclure le fait que c’est ce dernier scénario qui attend la population syrienne. Même alors, toute trêve créera un espace pour une restauration graduelle du mouvement des travailleurs. Mais nous ne proposons pas d’attendre cette trêve sans que le mouvement social ne prenne la moindre initiative indépendante afin de hâter la fin du conflit.

    Et en Europe ?

    avionsdechasse
    Manifestation anti-guerre ce dimanche 24 avril, à 14h, Gare Centrale à Bruxelles.

    Le mouvement qui s’est opposé à la guerre en Irak en 2003 a marqué les mémoires par son caractère massif. Des centaines de milliers de personnes avaient défilé à plusieurs reprises à travers le monde contre cette intervention. Toute une génération de jeunes militants est entrée dans l’activité politique par ce biais. Aujourd’hui, les différents mouvements de solidarité avec les réfugiés – des manifestations aux collectes de vivres – ont illustré le potentiel qui existe pour un mouvement large. Cependant, les revendications doivent impérativement sortir de l’approche uniquement humanitaire pour aborder des thèmes politiques, comme l’opposition aux aventures impérialistes. On proposera aussi d’aller chercher chez les plus riches les ressources nécessaires à un accueil digne pour les réfugiés. Ceci peut assurer à chacun, réfugié ou non, de bénéficier d’un véritable avenir, avec une sécurité sociale renforcée, un emploi de qualité, un accès gratuit à un meilleur enseignement,…

    Il faut saisir cette richesse dans les caisses de la classe capitaliste en Europe comme à l’étranger. Les régimes du Moyen-Orient ne font rien non plus pour aider les réfugiés, pas même reconnaître le droit d’asile dans leur pays. De vastes sommes détenues par les élites milliardaires d’Arabie saoudite et d’autres régimes du Moyen-Orient sont placées au loin dans les pays européens. Plus de 80 % des propriétés d’une valeur de plus de 2 millions de £ à Londres sont par exemple propriété de personnes issues des milieux d’affaires de l’étranger, dont beaucoup du Moyen-Orient. Les richesses des élites du Moyen-Orient en Europe devraient être elles aussi saisies pour s’occuper des réfugiés qui fuient leurs régimes et leurs guerres.

    L’accueil des réfugiés et la faillite du projet européen capitaliste

    La discussion portant sur les réfugiés menace de déchirer l’Union européenne et met en évidence à quel point les politiciens capitalistes – européens ou non – sont incapables d’offrir une solution à la crise des réfugiés. Ils tentent tous de se décharger du problème sur d’autres pays que le leur, tout en laissant les réfugiés vivre dans des conditions inhumaines effroyables.

    L’UE n’est pas connue sous le nom d’Europe-forteresse pour rien. La tragédie des réfugiés qui se noient dans la Méditerranée a précisément été causée par la politique de l’Union au cours de ces dernières années.

    La construction de murs énormes, gardés par des soldats armés, a stoppé les gens qui traversent l’Europe par voie terrestre. Ceux-ci ont donc pris la mer. Les politiciens capitalistes ont réagi en réduisant le nombre de navires de sauvetage, pour tenter de rendre le trajet plus dangereux encore que les pays d’origine des réfugiés – et donc décourager les candidats à l’exil. Le nombre de noyés a donc augmenté. En avril 2015, on estime que 1 308 migrants sont morts en mer, contre 42 en avril 2014, quand les bateaux de l’opération Mare Nostrum étaient encore en activité.

    L’été dernier, les politiciens capitalistes ont temporairement changé leur fusil d’épaule et un certain nombre de pays – en particulier l’Allemagne – ont ouvert leurs frontières, permettant à plus de réfugiés d’entrer. Cette phase n’a cependant pas duré longtemps. Rapidement, les différents pays de l’UE ont commencé à se chamailler en essayant de se refiler des réfugiés. L’accord de Schengen censé permettre la libre circulation dans de grandes parties de l’UE a été suspendu dans les faits, divers pays réintroduisant les uns après les autres des contrôles à leurs frontières.

    L’accord avec l’État turc

    La dernière ruse qui a émergé d’un sommet de l’UE est d’essayer de payer le gouvernement turc pour qu’il agisse comme une police des frontières, en retenant les réfugiés qui tentent d’atteindre l’Europe.

    Dans son désespoir de se décharger de la crise des réfugiés sur la Turquie, l’UE a fermé les yeux sur le caractère antidémocratique du régime turc et la guerre qu’il mène contre le peuple kurde. Le gouvernement turc est encore récemment intervenu pour reprendre en main le plus grand journal du pays, qui avait osé le critiquer. Le président Erdogan pense même à étendre la définition de terroriste aux journalistes !

    Le gouvernement turc mène une guerre civile brutale contre le peuple kurde dans le sud-est du pays, faisant des centaines de morts. Il a également bombardé des villages contrôlés par les Kurdes en Syrie, ce qui a efficacement aidé l’Etat Islamique. Les puissances européennes n’ont rien fait de plus que de doucement réprimander Erdogan pour ce crime.

    Tout ce qui nous divise nous affaiblit

    Les propositions de l’UE visent aussi à transformer la Grèce en un enclos géant – un camp de prisonniers en réalité – pour les réfugiés. Suite à la fermeture de la frontière entre la Grèce et la Macédoine, il y aura bientôt environ 70.000 réfugiés bloqués en Grèce. Cette décision n’a pas été prise par le gouvernement macédonien à lui seul, elle provient d’un ‘‘mini-sommet’’ qui a réuni les autorités autrichiennes et les États d’Europe centrale et orientale. La Grèce n’a même pas été invitée.

    La grande majorité des réfugiés n’a pas pour objectif de rester en Grèce mais de traverser le pays pour se rendre en Europe du Nord. Ils se retrouvent maintenant affamés et sans abri dans les rues. La Grèce souffre déjà des conséquences d’une vicieuse politique d’austérité imposée par l’UE, avec plus de 50 % de taux de chômage parmi les jeunes, et un salaire moyen qui a chuté de plus d’un tiers depuis le début de la crise. Le pays est maintenant censé se débrouiller avec les réfugiés qui parviennent à atteindre l’Europe.

    Le contrôle des décisions d’accorder ou non l’asile ne peut pas être laissé entre les mains des conservateurs ou des gouvernements tout aussi impitoyables du reste de l’UE. Le mouvement des travailleurs à travers l’Europe devrait exiger que des comités élus des travailleurs, avec des représentants des organisations de migrants, disposent du droit d’examiner les demandes d’asile et d’accorder l’asile.

    Beaucoup de travailleurs et de pauvres – en Grèce et ailleurs – estiment qu’alors qu’ils compatissent avec les souffrances des réfugiés, les services publics de leur pays et l’offre de logements ne peuvent pas faire face au nombre de personnes à la recherche d’un abri. Cette idée est martelée par les politiciens de droite, qui racontent constamment que si les travailleurs ne sont pas assez payés ou ne peuvent pas trouver de logement ou d’emploi décent, c’est à cause des migrants.

    Les politiciens capitalistes à l’échelle continentale se présentent comme des ‘‘durs sur la migration” en jouant sur les craintes des travailleurs, alors que ce sont ces mêmes politiciens capitalistes qui ont orchestré la dégradation sociale et le saccage des services publics.

    Les réfugiés et les migrants ne sont pas responsables de l’austérité sans fin que nous avons endurée dans toute l’UE. Si nous laissons les gouvernements européens rejeter – à tort – la responsabilité de l’austérité sur les migrants, au lieu de pointer du doigt le système capitaliste en crise et les banquiers et milliardaires qui en bénéficient, les capitalistes vont réussir à broyer nos conditions de vie. Il est vital que le mouvement des travailleurs offre une issue, faute de quoi l’extrême droite pourra en profiter.

    NON à l’Europe capitaliste, pour une Europe des travailleurs !

    Le fait que l’UE soit en pleine crise existentielle devant son incapacité d’accueillir environ un million de réfugiés sur une population totale de 500 millions est une vibrante condamnation du projet capitaliste européen. Pourtant, selon le journal britannique The Guardian, il y a onze millions de foyers inoccupés dans l’UE, alors même que le nombre de sans-abris est estimé à 4,1 millions. En Belgique, les chiffres sur l’inoccupation des logements s’obtiennent difficilement. Mais dans la Région bruxelloise, la Cellule logements inoccupés de la Région estime que 48.000 logements ne seraient pas habités, sur un parc bruxellois total de 300.000 adresses privées. S’en prendre à ce gaspillage permettrait de résoudre la crise du logement de la population et d’abriter les réfugiés.

    L’UE n’est pas un projet internationaliste. C’est en substance un rassemblement de grandes entreprises à travers l’Europe, avec pour but la maximisation des profits. Loin d’aboutir à l’harmonie européenne, comme l’illustre la crise actuelle des réfugiés, tout problème grave conduit à une augmentation des tensions nationalistes, alors que les différentes classes capitalistes d’Europe tentent d’assurer qu’elles ne doivent pas supporter le fardeau.

    Les lois et les traités de l’UE sont conçus pour aider les classes capitalistes d’Europe au détriment de la classe ouvrière et des pauvres. En conséquence de quoi, les plus modestes propositions visant à faire payer le 1 % le plus riche de la société pour la crise seraient déclarées illégales en vertu du droit de l’UE. Bien sûr, cela ne suffirait pas pour empêcher un gouvernement socialiste déterminé à mettre en œuvre de telles politiques, mais cela représenterait une difficulté supplémentaire à surmonter.

    Un gouvernement qui instaurerait une politique véritablement socialiste ne serait pas isolé. Il serait même extrêmement populaire, non seulement dans son pays mais aussi à l’échelle internationale. Il serait en mesure de lancer un appel international pour mobiliser le soutien des travailleurs à travers l’Europe et le monde.

    La seule manière de mettre définitivement fin à la crise des réfugiés est de se battre pour un monde socialiste démocratique basé sur la reprise en main collective et démocratique des secteurs clés de l’économie tels que la finance, la chimie, l’énergie,… Une société socialiste pourrait exploiter les richesses, la science et la technique créées par le capitalisme pour satisfaire les besoins de la majorité de la population à travers le monde. Ce n’est que sur cette base qu’il serait possible de disposer d’un monde où les gens seront libres de se déplacer s’ils le souhaitent et non pas pour fuir un cauchemar.

  • France. La loi «Travail» ne passera pas! Lycéens, étudiants, travailleurs… Samedi 9 avril tous en manif !

    gaucherevLa loi « travail » ne passera pas ! Contrairement à ce qu’assènent tous les jours les médias, nous avons très bien compris que cette loi c’est le retour à l’âge de pierre du travail.

    Tract de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Si elle passe, une entreprise pourra licencier des travailleurs sans avoir de difficultés économiques. Elle prévoit de nouveaux accords qui permettront carrément de baisser les salaires ou d’augmenter le temps de travail. Et si on est pas d’accord avec des changements dans son contrat… on pourra être viré aussi !

    Leurs discours sur la flexibilité c’est du pipeau. C’est quand même simple : baisser les salaires ça ne mènera qu’à encore plus de pauvreté. La loi n’est là que pour permettre encore plus la surexploitation des travailleurs au seul bénéfice des super riches, des gros actionnaires… Pas d’avenir pour les jeunes et chômage pour tous ? Assez de cette société !

    Amplifions encore la lutte !

    Nous nous sommes déjà mobilisés jusqu’à être 1,2 millions dans la rue jeudi la semaine dernière. On a fait grève, bloqué nos bahuts, on a été avec les travailleurs dans les manifs, sur les piquets de grève, encouragé et soutenu leurs luttes.

    Samedi prochain une nouvelle manifestation contre la loi est organisée dans des dizaines de villes de France. Il faut qu’on y participe tous massivement ! Plus on sera mobilisés ce week-end et plus on pourra maintenir la pression sur ce gouvernement au service des riches pour qu’il recule !

    Ras-le-bol de cette société injuste

    Ce gouvernement veut généraliser la précarité alors que dans cette société les 500 plus riches de France ont une fortune de 460 milliards d’euros. Et encore, ce n’est pas celle qui est dans les paradis fiscaux ! Le scandale « Panama Papers » a révélé que l’argent que les riches y cachent pourrait payer tout le déficit public et créer des postes partout où on en a besoin (Santé, Éducation…) avec de bons salaires.

    Bien évidemment les patrons et les politiciens tentent de nous faire croire qu’ils sont outrés et promettent des « enquêtes » (qui auraient pu avoir lieu il y a bien longtemps) mais c’est tout leur système, où une minorité s’enrichit sur le travail de l’immense majorité d’entre nous, qui est en cause!

    Par contre, du gouvernement Valls-Hollande à la droite et au FN, on pointe surtout pas ceux-là du doigt ! Et cela ne les dérange pas que des lycéens se fassent tabasser par les CRS en manif ! Alors qu’on ne fait que défendre notre avenir et dire qu’on veut une autre société où chacun puisse vivre et travailler dignement.

    Construisons la grève générale !

    On a déjà vu que le gouvernement avait peur de notre mobilisation. C’est pour cela qu’il met autant de flics pour réprimer nos manifs. Il a surtout peur d’une chose : c’est qu’on soit tous en grève, qu’on cesse les cours, le travail…, lycéens, étudiants, travailleurs – qu’on bloque l’économie et qu’on mette la France à l’arrêt. Parce que sans nous, rien ne tourne. Les patrons, leurs potes les politiciens… ne servent qu’à faire marcher le capitalisme, ce système injuste et barbare ; alors que nous on crée des richesses et du savoir.

    En participant tous super nombreux à la manif de samedi, avec la poursuite des occupations de place de NuitDebout, en y défendant la nécessité d’une telle grève, on peut créer les conditions pour qu’on reparte en grève, avec les travailleurs, les semaines prochaines et à la rentrée.

    Avec notre mouvement et en étant organisés, on peut transformer le vent de révolte en véritable lutte pour changer cette société. Il faudra une révolution pour retirer aux capitalistes leur pouvoir d’exploiter la planète et les gens. À la Gauche Révolutionnaire, nous luttons (en France et à l’international) pour le socialisme, pour une société vraiment démocratique où l’on pourra organiser l’économie en fonction des besoins, en respectant l’environnement, et non pour les profits d’une poignée de capitalistes.

    Pour changer le système, il faut s’organiser ! N’hésite pas à nous contacter pour agir avec nous.

  • Ruth Coppinger, première femme candidate Premier ministre d'Irlande

    Ruth01

    La crise politique se poursuit en Irlande. Aucun des deux grands partis historiques du pays (le Fianna Fail et le Fine Gael) n’est parvenu à obtenir une majorité, ils se retrouvent à tenter de négocier avec des élus indépendants pour s’en sortir. Deux semaines après la première session parlementaire, une deuxième a eu lieu cette semaine dans le but d’élire le Premier ministre (le “Taoiseach”).

    La fraction AAA-PBP (Anti-Austerity Alliance – People before Profit) a présenté son propre candidat, sans illusions quant à une éventuelle nomination mais afin d’utiliser le Parlement pour défendre une alternative de gauche. C’est notre camarade Ruth Coppinger (élue de notre parti-frère le Socialist Party tous comme les deux autres députés AAA) qui a été présentée. C’est la première fois de l’histoire d’Irlande qu’une femme est ainsi présentée pour ce poste.

    Alors que l’actualité de ces derniers jours est essentiellement consacrée au scandale des Panama Papers, Ruth Coppinger a été la seule candidate à en parler au Parlement. Les autres n’étaient pas à l’aise sur cette question, ils défendent après tout le système de la course aux profits à l’origine de ces évasions fiscales.

    Prise de parole de Ruth Coppinger

    Présentation de sa candidature par Mick Barry

  • Pologne : levée de bouclier pour le droit à l'avortement

    pologne_avortementLe 31 mars, la premier ministre polonaise Beata Szyd?o a déclaré qu’un projet de loi interdisant totalement l’avortement était en discussion. De nos jours, l’avortement n’est légal en Pologne qu’en cas de viol, de danger pour la vie de la femme enceinte ou de malformations du fœtus. Les médecins qui pratiquent l’IVG clandestinement risquent des peines de prison.

    Par Tiphaine, Alternatywa Socjalistyczna (section polonaise du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Les évêques polonais ont appelé dans une lettre ouverte à revenir sur ce « compromis », pour que l’avortement devienne illégal dans tous les cas sauf danger pour la femme, et que toutes les personnes impliquées puissent être poursuivies. Après Beata Szyd?o, plusieurs dirigeants du parti conservateur au pouvoir (le PiS) ont apporté leur soutien à cette proposition.

    Suite à la victoire électorale du PiS, on pouvait s’attendre à des attaques contre les droits des femmes. Mais il ne semble pas que le gouvernement comptait jouer cette carte si tôt, alors qu’il profite encore de l’effet de ses promesses.

    Malgré le caractère imprévu de cette annonce, la réaction spontanée a été énorme. Des rassemblements ont eu lieu dès le lendemain. Les groupes féministes et le parti de gauche Razem ont mobilisé sur les réseaux sociaux pour des manifestations le dimanche 3 avril. Un des groupes facebook a réuni 66 000 utilisateurs en 2 jours !

    Ce dimanche 3 avril, 4000 à 5000 personnes se sont rassemblées à Varsovie, 2000 à Cracovie et plusieurs centaines dans différentes villes de Pologne, ainsi qu’à Londres et Oslo. Pour la Pologne, ces chiffres représentent une grande mobilisation. A Varsovie et Cracovie, les manifestants étaient plus nombreux que pour la journée internationale des femmes, alors que celle-ci est préparée plusieurs mois à l’avance.

    Un autre mot d’ordre était de se retirer de l’église le dimanche matin lors de la lecture de la lettre des évêques. Bien entendu, beaucoup admettent qu’ils se sont rendus à la messe exprès pour cette occasion, mais le nombre à sortir a été impressionnant et les vidéos des églises se vidant ont fait le tour d’internet. Dans certaines églises de Cracovie, les prêtres ont préféré renoncer à lire le texte.

    Les cintres, symbolisant les avortements clandestins, sont devenus le symbole du mouvement. A Varsovie, les manifestants en ont couvert les arbres en face du conseil municipal. Ils rappellent que l’illégalité de l’avortement n’en limite pas le nombre mais en rend les conditions plus dangereuses. Chaque année, 80.000 à 200.000 femmes en Pologne avortent dans l’illégalité, avec le manque de suivi médical et le coût financier que cela représente. Outre la santé, d’autres slogans revendiquent le droit de disposer de son corps et la fin de l’ingérence de l’Eglise dans la politique polonaise.

    Dès le lundi 4 avril, la Premier Ministre a battu en retraite et déclaré qu’elle n’avait fait « qu’exprimer une opinion personnelle ». Plutôt que de faire rentrer les manifestants chez eux, cela va probablement leur donner confiance en leur force à faire plier le gouvernement. Un nouveau comité, « Entente pour Reconquérir le Choix », appelle à manifester samedi devant les bureaux du Premier Ministre.

    Au sein de ce comité, certains s’opposent projet de loi sans vouloir revendiquer l’avortement libre et gratuit. Ce serait une erreur, premièrement parce que le soi-disant « compromis de 1993 » ne garantit même pas de pouvoir avorter dans les cas prévus par la loi : les médecins ont le droit de refuser de pratiquer une IVG (et même de prescrire la contraception!) au nom de leurs convictions personnelles. Les femmes sont alors contraintes de se rendre d’hôpital en hôpital pour trouver un médecin qui accepte de s’occuper d’elles. Certains font aussi en sorte de prolonger la procédure jusqu’à ce que le délai légal soit dépassé.

    Mais ce serait aussi manquer une occasion unique d’obtenir un droit réel à l’avortement. La spontanéité et l’ampleur, relativement à la Pologne, de la réaction, montrent que nous pourrions être à l’aube d’un mouvement de masse qui pourrait faire fléchir le gouvernement malgré le lobby de l’église. Si c’était le cas, cela serait aussi un formidable précédent pour les futures luttes sous le mandat du PiS. Si au contraire nous laissons passer cette occasion, il faut s’attendre à d’autres attaques contre les droits des femmes, des LGBT et des migrants.
    Une partie d’Entente pour Reconquérir le Choix est pour une approche apolitique, c’est à dire pour se limiter à la question de l’avortement et ne pas afficher son appartenance politique au sein du mouvement. Cela ne pourrait qu’affaiblir la lutte, alors que la lier aux questions sociales, notamment les bas salaires, la faible converture sociale et les coupes dans les hôpitaux, permettrait de l’élargir à de nouvelles couches de la population.

    Alternatywa Socjalistyczna s’est jointe avec enthousiasme à cette lutte pour obtenir le droit à l’avortement libre et gratuit, tout en montrant en quoi le capitalisme n’offre aucune porte de sortie pour les femmes, mais utilise également leur oppression pour maintenir sa domination.

  • En France et ailleurs: la social-démocratie n’a que l’austérité à nous proposer!

    La jeunesse en première ligne contre la casse du code du travail.

    Il n’en fallait pas plus pour remettre la machine en route. Le projet de loi déposé par la nouvelle ministre française de l’emploi Myriam El Khomri (PS) visant à réformer le Code du Travail a mis le feu aux poudres. A l’occasion de la première mobilisation nationale du 9 mars, 500.000 jeunes et travailleurs sont descendus dans la rue pour protester contre ce plan de casse sociale estampillé Valls-Hollande.

    Par Baptiste (Hainaut), article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

    Cela fait des mois que le patronat fait pression pour obtenir la casse du Code du Travail, ce texte formalisant dans la loi de nombreux acquis sociaux acquis au fil des luttes des travailleurs. Ce souhait a finalement été exaucé à l’occasion du remaniement ministériel du gouvernement Valls 2 avec la sortie de ce maudit projet de loi. Au menu : facilitation des licenciements (allègement des motifs et des indemnités), flexibilisation accrue du temps de travail et des horaires de travail d’une semaine à l’autre (jusqu’à 60h/semaine !), diminution des plages de repos minimales entre journées de travail, diminution du taux de majoration des heures supplémentaires etc.

    Le projet de loi entend également transférer une série de matières du Code du Travail vers les conventions d’entreprises, ou à la bonne volonté du patron quand il n’y a pas d’organisation syndicale dans l’entreprise. Cela permet aux patrons d’isoler les travailleurs les uns des autres et d’accroître leur rapport de force pour tenter d’imposer, entre-autres, des baisses de salaire, des augmentations du temps de travail,… au sein de leur entreprise.

    Un gouvernement PS totalement acquis au patronat

    medef-300x148Avec cette attaque néolibérale pur jus, le gouvernement Valls 2 prétend chercher à diminuer un taux de chômage qui ne cesse de croître depuis le début de la crise, en particulier chez les jeunes. Ce genre de prétention ressemble à de l’humour noir quand derrière cela il y a une facilitation des licenciements et une augmentation du temps de travail et de la flexibilité ! En réalité, ce gouvernement PS ne fait qu’instrumentaliser la problématique du chômage pour précariser et niveler vers le bas l’ensemble des conditions de travail de l’ensemble des salariés.

    Ce projet de loi constitue une ligne de plus au CV antisocial de la présidence de François Hollande. Le PS a à nouveau démontré que non seulement il défendait les intérêts des nantis et des patrons, mais qu’en plus, en temps de crise, il était prêt à mener une guerre contre les travailleurs pour préserver au mieux les profits des entreprises. Des travailleurs d’Air France à ceux de Goodyear, le PS saute sur chaque occasion pour réprimer et criminaliser le mouvement syndical, tout en instrumentalisant l’état d’urgence pour organiser la répression des mouvements sociaux.

    Il n’est même plus surprenant qu’une telle déferlante néolibérale soit initiée par un parti social-démocrate comme le PS. En Europe, il n’y a plus un seul pays où les PS, SPD, New Labour, Pasok, PSOE etc. n’ont pas été à l’origine de gouvernements néolibéraux faits de casse sociale, de privatisation et de détricotage des services publics. La concertation sociale avec les syndicats et les mouvements sociaux est présentée comme l’atout progressiste de ces partis. Mais ça fait longtemps que cette concertation ne fonctionne plus qu’à sens unique : faire avaliser les plans néolibéraux par les directions syndicales avec lesquelles des liens historiques sont maintenus, tout en s’assoyant bien fermement sur toutes les revendications des jeunes et travailleurs.

    Non seulement ces partis ont perdu leur base ouvrière, mais en plus leur discrédit parmi les masses est tel que certains d’entre eux ont disparu de l’échiquier politique (Irlande, Grèce…). En Grande-Bretagne, le processus de radicalisation contre l’austérité s’est par coïncidence exprimé au sein du parti travailliste, le New Labour, avec Jeremy Corbyn. Mais il s’est directement heurté à toute la machine du parti et une guerre civile politique s’est développée dans le parti. C’est l’inévitable conséquence d’une politique de gestion du capitalisme en temps de crise. Tant qu’existe une certaine croissance économique, une marge reste relativement accessible pour faire certaines concessions aux luttes des travailleurs (pour peu qu’elles soient acharnées) et permettre l’obtention d’acquis. Mais en temps de crise, gérer le capitalisme ne revient à rien d’autre que mener la guerre de classe des riches et des patrons contre les travailleurs, les jeunes, les retraités, les pensionnés, les allocataires, les sans-papiers… Sur l’année 2015, les entreprises du CAC40 (le principal indice boursier de la Bourse de Paris) ont ainsi cumulé quelques 54 milliards € de profit !

    La jeunesse et les travailleurs reprennent le chemin de la lutte

    Le mouvement ouvrier a traversé pendant de longs mois une atmosphère d’abattement, où la colère anti-austérité a été temporairement étouffée par l’instrumentalisation sécuritaire des attentats de la part du gouvernement et par l’instrumentalisation xénophobe de la crise migratoire par le FN et d’autres populistes de droite. Cette réforme du Code du Travail, de par sa brutalité généralisée, a un effet fédérateur parmi les jeunes et les travailleurs qui a stimulé la volonté de retrouver le chemin de la lutte contre l’agressivité du patronat et de son gouvernement.

    Un sondage indique que 71% des Français sont opposé à la ‘‘loi Khomri’’. Parmi les 18-34 ans, l’opposition est de 78%! La journée de mobilisation du 9 mars fut un succès enthousiasmant qui doit servir à préparer les prochaines dates et à construire un mouvement généralisé en vue du 31 mars, journée pour laquelle 7 syndicats ont déjà appelé à la grève.

    Le gouvernement, probablement surpris et apeuré par l’ampleur des mobilisations du 9/03 a d’ores et déjà lâché quelques maigres concessions avec le retrait de certaines réformes, en particulier le plafonnement des indemnités en cas de licenciement abusif qui n’aurait plus qu’une valeur indicative. C’est de la poudre aux yeux ! Ces concessions sont insignifiantes et ont pour seul but de semer la division entre organisations syndicales et casser l’unité. Il ne faut pas se faire berner et maintenir les mobilisations en vue du 31/03 avec comme objectif le retrait de ce projet de loi. Non seulement le contenu de cette loi est nocif en France, mais aussi pour le reste du mouvement ouvrier européen, car si de telles régressions passent, elles constitueront des précédents que s’empresseront de vouloir appliquer d’autres gouvernements néolibéraux sous prétexte de ‘‘maintien de la compétitivité’’.
    Nous avons besoin d’un relai politique qui défende les intérêts des travailleurs !

    Un mouvement généralisé peut faire tomber un projet de loi et marquer une rupture avec l’atmosphère moribonde dans la société. Mais nous avons également besoin d’un outil politique pour porter un programme qui défende les intérêts des jeunes et de travailleurs contre le néolibéralisme. Une telle alternative à gauche est indispensable si l’on veut pouvoir empêcher l’extrême droite et autres populistes de tirer profit des pénuries et de la désintégration du tissu social dans la société consécutive à l’austérité appliquée par les différents partis traditionnels.

    En définitive, cette attaque illustre une nouvelle fois que, sous le capitalisme, un acquis n’est jamais définitivement acquis. Dès que les capitalistes ont un rapport de force ascendant, ils tenteront d’y mettre fin en mettant les travailleurs au défi à l’aide de tout l’establishment. Une rupture avec ce système est indispensable si l’on veut développer des conditions de vie et de travail décentes pour le plus grand nombre. Jamais autant de richesses n’ont existé dans la société, le problème est que celles-ci sont accaparées par une minorité. Les richesses doivent être prises là où elles sont pour créer massivement des emplois entre-autres par une diminution du temps de travail sans perte de salaires et avec embauches compensatoires. C’est seulement de cette manière que le chômage peut être diminué et que des millions de jeunes peuvent se projeter dans l’avenir.

    Un système économique où les moyens de production ne seraient plus aux mains des ultra-riches mais contrôlés démocratiquement par les travailleurs à travers une économie planifiée permettrait une telle redistribution des richesses, en fonction des besoins, de sorte à résoudre les pénuries, et non en fonction des profits. Un tel système est ce que nous appelons le socialisme.

  • [VIDEO] Paul Murphy & Kshama Sawant: construire la révolution politique

    SA_meeting

    paul_political_revolutionUn meeting de nos camarades américains de Socialist Alternative vient de se tenir à Seattle au sujet de la révolution politique à construire contre la classe des milliardaires. Au côté de Kshama Sawant, élue au conseil de la ville de Seattle, se trouvait Paul Murphy, membre du Parlement irlandais où il a été élu en tant que candidat de l’Anti-Austerity Alliance. Il est également membre du Socialist Party, notre parti-frère irlandais. Il y a pris la parole au sujet de la situation politique bouillonnante en Europe dans des pays comme l’Irlande, l’Espagne et le Portugal, où le soutien aux partis de l’establishment s’est effondré tandis que des partis anti-austérité ont connu un prodigieux essor.

    Paul Murphy sera également présent ce 9 avril à Bruxelles pour notre journée “Socialisme 2016”.

    kshama_paulKshama Sawant a abordé la manière de construire la révolution politique aux USA au-delà des primaires présidentielle du parti démocrate et de la candidature de Bernie Sanders. Bernie se bat toujours, et il a raison. Mais il est temps de regarder sobrement quelle est la situation et de tirer des leçons de cette expérience. Il faut débattre de la façon d’éviter que l’engouement pour la révolution politique contre la classe des milliardaire peut sortir de la camisole de force du Parti Démocrate dominé par Wall Street.

  • Le cruel système capitaliste est responsable de la crise des réfugiés

    La campagne référendaire pour le maintien ou nom de la Grande-Bretagne dans l'Union Européenne se prépare et la question des migrations a été placée au centre du débat par les campagnes pro-big business tant du côté du maintien que de celui de la sortie. Certains de ceux qui sont – à juste titre – repoussés par le nationalisme de la campagne capitaliste pour quitter l'UE seront tentés de voter pour rester en son sein dans l'espoir que cela puisse être synonyme d'une attitude plus humaine envers les réfugiés fuyant la guerre.

    Éditorial de l’hebdomadaire The Socialist, journal du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles) 

    Mais la vérité est toute différente. La discussion portant sur les réfugiés menace de déchirer l’UE, elle met en évidence à quel point les politiciens capitalistes – européens ou non – sont incapables d’offrir une solution à la crise des réfugiés. Ils tentent tous de se décharger du problème sur d’autres pays que le leur, tout en laissant les réfugiés vivre dans des conditions inhumaines effroyables.

    Les politiciens capitalistes à l’échelle continentale se présentent comme des «durs sur la migration» en jouant sur les craintes des travailleurs quant à la capacité des services publics à faire face à une augmentation du nombre de réfugiés, services publics dont les budgets été coupés jusqu’à l’os par ces mêmes politiciens capitalistes.

    Contrairement à la propagande des gouvernements capitalistes, la plupart de ceux qui tentent d’atteindre l’Europe n’ont entamé un tel périple qu’en conséquence d’une situation véritablement désespérée. Parmi ceux qui arrivent d’abord en Grèce (actuellement plus de la moitié du total) plus de 85% sont issus de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et de Somalie. Dans tous ces pays, l’intervention militaire occidentale a contribué à créer les situations de cauchemar qui contraignent maintenant la population à prendre la fuite. La plupart n’atteindront jamais l’Europe. Autour de six millions et demi de réfugiés syriens sont par exemple déplacés à l’intérieur même du pays.

    La guerre d’Irak

    Le gouvernement travailliste de Grande-Bretagne dirigé par Tony Blair a pris part à l’invasion de l’Irak en 2003 malgré l’opposition massive de la population, intervention qui a marqué le début de l’enfer sur terre qui a depuis lors englouti une bonne partie du Moyen-Orient – surtout la Syrie. L’actuel gouvernement britannique conservateur de David Cameron a rejoint les bombardements effectués par les USA en Syrie aux côtés de la France et d’autres pays. Cela ne fera rien pour ramener la paix en Syrie, cela ne fera qu’augmenter la mort, la misère et le nombre de réfugiés contraints de fuir pour sauver leur vie.

    Et cela coûte une fortune – 438.000 £ (environ 556.000 euros) par raid aérien selon le journal Metro. Alors qu’une fortune est dépensée pour faire pleuvoir la mort sur les Syriens, peu d’entre eux se voient accorder l’asile. Au cours du dernier trimestre de 2015, après que Cameron ait été forcé de promettre d’aider les demandeurs d’asiles syriens sous la pression publique, seuls 339 d’entre eux ont reçu le statut de réfugié par le gouvernement britannique.

    Mais l’UE n’est pas non plus un havre pour les réfugiés: elle n’est pas connue sous le nom d’Europe-Forteresse pour rien. La tragédie des réfugiés qui se noient dans la Méditerranée a précisément été causée par la politique de l’UE au cours de ces dernières années.

    La construction de murs énormes, gardés par des soldats armés, a stoppé les gens qui traversent l’Europe par voie terrestre, ils ont donc pris la mer. Les politiciens capitalistes d’Europe, y compris le gouvernement britannique, ont réagi en réduisant le nombre de navires de sauvetage. La logique barbare de l’argument était que si plus de réfugiés se noient, cela convaincra les autres de ne pas venir.

    Cette incroyable cruauté n’a bien entendu pas fonctionné. Le nombre de noyés a augmenté de façon exponentielle. En avril 2015, 1.308 migrants sont soupçonnés d’être décédés de cette façon, contre 42 dans le mois d’avril précédent, quand les bateaux de l’opération Mare Nostrum étaient encore en activité.

    L’été dernier, les politiciens capitalistes ont temporairement changé leur fusil d’épaule face à la clameur publique qui a suivi les photographies d’un enfant en bas âge syrien noyé, Aylan Kurdi. Un certain nombre de pays – en particulier l’Allemagne – ont assoupli leurs frontières et ont permis à plus de réfugiés d’entrer. Cette phase n’a cependant pas duré longtemps.

    Rapidement les différents pays de l’UE ont commencé à se chamailler en essayant de se décharger des réfugiés. L’accord de Schengen censé permettre la libre circulation dans de grandes parties de l’UE (sans la Grande-Bretagne) a été suspendu dans les faits alors que divers pays ont réintroduit des contrôles à leurs frontières nationales les uns après les autres.

    L’Etat turc

    La dernière ruse qui a émergé d’un sommet de l’UE est d’essayer de payer le gouvernement turc pour qu’il agisse comme une police des frontières en retenant les réfugiés qui tentent d’atteindre l’Europe. En retour, les dirigeants européens ont promis 6 milliards € d’aide à l’Etat turc (bien que l’engagement précédent de 3 milliards € n’a toujours pas été effectivement payé) et d’accélérer les négociations d’adhésion à l’UE.

    En outre, pour chaque individu renvoyé dans l’Etat turc, l’UE a accepté de prendre un réfugié syrien de ce pays (où il y en a actuellement plus de 600.000). Ce plan désespéré sera un cauchemar logistique quand il faudra le mettre en oeuvre.

    Cela n’incitera pas non plus le gouvernement Erdogan à essayer d’arrêter les bateaux de réfugiés qui partaient pour la Grèce. Au contraire, l’Etat turc peut conclure que permettre aux bateaux de partir forcera l’UE à accepter plus de Syriens.

    Dans leur désespoir pour se décharger de la crise des réfugiés sur l’Etat turc, l’UE a fermé les yeux sur le caractère antidémocratique du régime turc et la guerre qu’il mène contre le peuple kurde. Le gouvernement turc est encore récemment intervenu pour reprendre en main le plus grand journal du pays parce qu’il avait osé le critiquer.

    Le gouvernement turc mène une guerre civile brutale contre le peuple kurde dans le sud-est du pays qui a fait des centaines de morts. Il a également été bombarder des villages contrôlés par les Kurdes en Syrie, ce qui a efficacement aidé l’Etat Islamique (Daesh). Les puissances européennes n’ont rien fait de plus que de doucement réprimander le président Erdogan pour ce crime.

    Les propositions de l’UE visent aussi à transformer la Grèce en un enclos géant – un camp de prisonniers en réalité – pour les réfugiés. Il y aura bientôt environ 70.000 réfugiés bloqués en Grèce suite à la fermeture de la frontière de la Grèce avec la Macédoine. Cette décision n’a pas été prise par le gouvernement macédonien à lui seul, elle provient d’un «mini-sommet» qui a réuni les autorités autrichiennes et les Etats d’Europe centrale et orientale. La Grèce n’a même pas été invitée.

    La grande majorité des réfugiés n’a pas pour objectif de rester en Grèce mais de traverser le pays pour se rendre en Europe du Nord. Ils se retrouvent maintenant affamés et sans abri dans les rues de Grèce. La Grèce souffre déjà des conséquences d’une vicieuse politique d’austérité imposée par l’UE, avec plus de 50% de taux de chômage parmi les jeunes et le salaire moyen qui a chuté de plus d’un tiers. Le pays est maintenant censé se débrouiller avec les réfugiés qui parviennent à atteindre l’Europe .

    Le contrôle des décisions d’accorder ou non l’asile ne peut pas être laissé entre les mains des conservateurs ou des gouvernements tout aussi impitoyables du reste de l’UE. Le mouvement des travailleurs à travers l’Europe devrait exiger que des comités élus des travailleurs, avec des représentants des organisations de migrants, disposent du droit d’examiner les demandes d’asile et d’accorder l’asile.

    Beaucoup de gens de la classe ouvrière – en Grèce, mais aussi en Grande-Bretagne et dans d’autres pays – estiment qu’alors qu’ils sympathisent avec les souffrances des réfugiés les services publics de leur pays et l’offre de logements ne peuvent pas faire face au nombre de personnes à la recherche d’un abri. Cette idée est martelée par les politiciens de droite qui racontent constamment que si les travailleurs ne sont pas assez payés ou ne peuvent pas trouver de logement ou d’emploi décent, c’est à cause des migrants.

    Les plus pauvres

    Parallèlement, ce sont généralement les communautés les plus pauvres de la société qui doivent accueillir les réfugiés. En Grande-Bretagne, par exemple, les entreprises privées sur lesquelles le gouvernement s’est déchargé de la responsabilité des réfugiés en matière de logement ont un «modèle d’affaires» pour loger les réfugiés dans des logements compris dans les endroits de Grande-Bretagne où les loyers sont les plus bas.

    Pendant ce temps, dans les arrondissements les plus riches de Londres, il y a environ 75.000 propriétés résidentielles inoccupées, la plupart appartenant à des spéculateurs uniquement intéressés par les profits qu’ils peuvent réaliser. Si les maisons appartenant aux spéculateurs étaient réquisitionnées par le gouvernement, cela permettrait de fournir des logements tant pour les 68.000 ménages actuellement enregistrés comme sans-abri en Grande-Bretagne que pour les réfugiés.

    Les réfugiés et les migrants ne sont pas responsables de l’austérité sans fin que nous avons enduré en Grande-Bretagne et dans toute l’UE. En Grande-Bretagne 80 milliards £ (environ 100 milliards d’euros) ont été coupés des dépenses publiques sous le précédent gouvernement de David Cameron (où les conservateurs étaient en coalition avec les Libéraux-Démocrates). Ce montant est identique à celui des bonus reçus par les banquiers depuis que la crise économique a commencé.

    Si nous laissons les gouvernements européens rejeter à tort la responsabilité de l’austérité sur les migrants au lieu de pointer du doigt le système capitaliste en crise et les banquiers et milliardaires qui en bénéficient, les capitalistes vont réussir à broyer nos conditions de vie. Il est vital que le mouvement des travailleurs offre une issue faute de quoi l’extrême droite pourra en profiter.

    Le fait que l’UE soit en pleine crise existentielle devant son incapacité d’accueillir environ un million de réfugiés sur une population totale de 500 millions est une vibrante condamnation du projet capitaliste européen. Pourtant, selon le journal The Guardian, il y a onze millions de foyers inoccupés dans l’UE, soit assez pour résoudre la crise du logement de la population et abriter les réfugiés.

    La richesse existe pour fournir une aide aux réfugiés – mais elle ne doit pas être recherchée dans les poches de ceux qui souffrent déjà d’austérité. Cette richesse, il faut la saisir dans les caisses du pourcent le plus riche de la société, à la fois en Grande-Bretagne et à l’étranger. Abdullah Kurdi, le père des tout-petits qui se sont noyés dans l’été, a ainsi souligné que les régimes du Moyen-Orient ne font rien non plus pour aider les réfugiés, pas même reconnaître le droit d’asile dans leur pays.

    Le référendum sur l’appartenance à l’Union Européenne

    De vastes sommes détenues par les élites milliardaires d’Arabie Saoudite et d’autres régimes du Moyen-Orient sont placées au loin en Grande-Bretagne et dans d’autres pays européens. Plus de 80% des propriétés d’une valeur de plus de 2 millions de £ à Londres sont propriétés de personnes issues des milieux d’affaires de l’étranger, dont beaucoup du Moyen-Orient. Les richesses des élites du Moyen-Orient en Europe devraient être elles aussi saisies pour s’occuper des réfugiés qui fuient leurs régimes et leurs guerres.

    The Socialist (hebdomadaire de la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles) exhorte ses lecteurs à voter en faveur de la sortie de l’UE lors du prochain référendum sur cette question, sur une base socialiste et internationaliste. L’UE, comme le démontre le traitement réservé aux réfugiés, n’est pas internationaliste.

    C’est en substance un rassemblement de grandes entreprises à travers l’Europe afin de maximiser les marchés et les profits. Loin d’aboutir à l’harmonie européenne, comme l’illustre la crise actuelle des réfugiés, tout problème grave conduit à une augmentation des tensions nationalistes alors que les différentes classes capitalistes d’Europe tentent d’assurer qu’elles ne doivent pas supporter le fardeau.

    Les lois et les traités de l’UE sont conçus pour aider les classes capitalistes d’Europe au détriment de la classe ouvrière et des pauvres. En conséquence de quoi les plus modestes propositions visant à faire payer le 1% le plus plus riche de la société pour la crise seraient déclarées illégales en vertu du droit de l’UE. Bien sûr, cela ne suffirait pas pour empêcher un gouvernement socialiste déterminé à mettre en oeuvre de telles politiques, mais cela représenterait une difficulté supplémentaire à surmonter.

    Un gouvernement qui instaurerait une politique véritablement socialiste ne serait pas isolé. Il serait même extrêmement populaire, non seulement dans son pays mais aussi à l’échelle internationale. Il serait en mesure de lancer un appel international pour mobiliser le soutien des travailleurs à travers l’Europe et le monde.

    La seule manière de mettre définitivement fin à la crise des réfugiés est de se battre pour un monde socialiste démocratique. Il y aura toujours des gens contraints de fuir leur pays, non pas par choix, mais en désespoir de cause à la suite de guerres, d’une catastrophe environnementale et de famines en restant dans le cadre du système capitaliste.

    Une société socialiste pourrait exploiter les richesses, la science et la technique créées par le capitalisme pour satisfaire les besoins de la majorité de la population à travers le monde. Ce n’est que sur cette base qu’il serait possible de disposer d’un monde où les gens seront libres de se déplacer s’ils le souhaitent et non pas pour fuir un cauchemar.

    ref_band

  • Portugal. Pour un gouvernement de gauche anti-austérité, non à ‘‘l’austérité douce’’!

    p10portugalAprès des années d’austérité, la résistance et la pression exercée par la classe des travailleurs sur la situation politique se fait de plus en plus visible au Portugal.

    Par Ben (Charleroi), article tiré du mensuel Lutte Socialiste

    Officiellement, la situation économique portugaise s’améliore : croissance et exportations en hausse, chiffres du chômage en baisse, etc. Mais à côté des chiffres officiels se trouve la terrible réalité de la crise et des conséquences de l’austérité. Un quart des Portugais sont sous le seuil de pauvreté, les coupes ont été nombreuses dans les dépenses publiques, les salaires ont connu une baisse de l’ordre de 15%, les pensions ont été rabotées, etc. La situation est telle que l’émigration atteint des sommets : près de 400.000 Portugais ont préféré émigrer. Si cela n’avait pas été le cas, les chiffres du chômage seraient d’ailleurs largement plus élevés.

    Une nouvelle période d’instabilité politique

    Aux dernières élections générales d’octobre 2015, aucun des anciens partis établis – l’ex-social-démocrate ou la précédente coalition de droite – n’a pu gouverner seul. La coalition gouvernementale est restée première sortante des élections avec un peu moins de 37%, mais elle a perdu sa majorité dans un contexte d’abstention record de plus de 44%. Seule une petite minorité de la population a donc voté pour eux. Comme un camarade l’expliquait: ‘‘durant la campagne, ils ont essayé de cacher le vrai visage des leaders du gouvernement- des exécutants qui mènent les travailleurs vers un degré d’exploitation jamais vu depuis la révolution d’avril 1974.’’

    La panique des commentateurs de droite du moment est un des éléments permettant de mesurer la crise politique extrême dans laquelle est entré le pays. Pour les masses, il est devenu très clair que tous ces partis – y compris l’aile droite du Parti soi-disant Socialiste – sont des partis de l’austérité et d’un capitalisme pourrissant. La classe dominante portugaise et européenne a montré sa peur de chaque remise en question de l’austérité par la tentative du Président d’alors de remettre le pouvoir à la coalition de droite sortante, en dépit des résultats. Cela n’a pas fonctionné et, sans majorité claire, le Portugal s’est retrouvé avec un gouvernement ‘‘Socialiste’’ minoritaire grâce au soutien parlementaire de la gauche – le Bloc de Gauche et le Parti communiste – suite à des négociations entre ces partis. Ce gouvernement est donc très instable et cela s’est aggravé avec l’élection du candidat de droite Marcelo Rebelo de Sousa aux élections présidentielle de fin janvier.

    Et maintenant ?

    La coopération du Bloc de gauche et du PCP, si elle devait prendre forme de manière plus principielle, ne pourrait se faire qu’en se basant sur des négociations publique point par point. C’est-à-dire face à l’opinion des travailleurs en mouvements et permettant donc aux masses portugaise d’exprimer ouvertement leurs positions. Ce n’est malheureusement pas le cas, la gauche a choisi de laisser la classe des travailleurs en dehors du processus, faisant des négociations à huit clos, celles-ci aboutissant à des accords plus à droite.

    De toute manière il est clair que seule la mobilisation des masses portugaise pourra mettre la pression nécessaire pour que les revendications des travailleurs soient implantées. Le Portugal est entré dans une nouvelle période très complexe qui présente de grandes opportunités mais aussi de grands dangers. Sous la pression des événements internationaux, mais aussi des luttes de masses qui s’étaient développées contre le précédent gouvernement, l’ex-sociale-démocratie, dans sa tentative pour survivre, pourrait être forcée de faire quelques concessions. Cela pourrait susciter des illusions (très brèves) dans le réformisme, et maintenir les travailleurs à domicile. Mais d’un autre côté, la gauche a eu une croissance parlementaire importante, surtout le Bloc de Gauche, et cette visibilité attire une nouvelle génération de travailleurs et de jeunes dans les luttes.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop