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  • [DOSSIER] L'Union Européenne: un projet antisocial dès ses origines

    UE_protestLe modèle social européen «est déjà mort», comme l’a un jour déclaré Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne. La réalité de la crise économique, l’empressement avec laquelle le monde politico-économique s’en est servi pour aller vers toujours plus de néo-libéralisme ont piétiné l’illusion de la soi-disant «Europe sociale» promue par tous les sociaux-démocrates de la communauté européenne. Certains pourtant, y compris dans les rangs de ceux qui la critiquent, persistent à défendre le retour à une Europe meilleure et plus sociale.

    Le texte qui suit est issu de la brochure de PAUL MURPHY «TSCG, un traité qui rime avec austérité» écrite dans le cadre du référendum irlandais de 2012 consacré au Traité de Stabilité, de Coopération et de Gouvernance (TSCG), le pacte budgétaire européen. Paul Murphy était à l’époque député européen du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière). Il est aujourd’hui député au parlement irlandais.

    Il s’agit encore d’une idée fausse. L’Union Européenne n’a pas été transformée, «l’Europe de l’Austérité» n’a pas pris la place de «l’Europe Sociale». La crise économique lui a au contraire permis d’apparaître sous son vrai jour maintenant que le capitalisme et ses représentants montrent leurs dents. Les divers textes législatifs ont, les uns à la suite des autres, façonné une Europe conçue dans l’intérêt du capital et non dans celui des travailleurs.

    L’Union Européenne, que ce soit dans ces formes anciennes ou actuelles, n’a jamais eu vocation à être sociale. Il s’agit depuis toujours d’un club pour les capitalistes qu’elle représente et grâce auquel ils peuvent mieux apparaître sur le marché mondial. Sa création ne participe pas d’un processus élaboré à la base avec l’implication des travailleurs et à leur bénéfice. Comme l’a observé le révolutionnaire Léon Trotsky dès 1923 : «les forces de production capitalistes ont dépassé le cadre des Etats nationaux européens». A l’époque déjà, les classes capitalistes étaient à la recherche de plus grands marchés et souhaitaient obtenir un plus grand pouvoir politique.

    La construction européenne eut pour premier déclencheur la fondation de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier en 1951. Les capitalistes français, soutenus en cela par l’impérialisme US, entendaient contenir la domination allemande dans l’Europe d’après-guerre. Pour y parvenir, ils enfermèrent ce pays dans un projet de développement à l’Ouest du continent. On redoutait également la force du mouvement ouvrier, alors une menace pour le capitalisme en Europe. On espérait protéger le capitalisme de la révolution par la stabilité qu’apporterait le développement économique.

    A mesure que le projet européen avançait, deux processus émergèrent pour satisfaire les besoins des classes capitalistes en Europe.

    1. Par la construction d’un marché commun, dans lequel la libre circulation du capital et de la main d’oeuvre en Europe rendrait possible une pression à la baisse sur les salaires et les droits des travailleurs, tandis qu’elle s’emploierait à étendre le libéralisme.

    2. Par une action commune sur la scène internationale en mutualisant les ressources fut-ce en sacrifiant une certaine souveraineté. Cette stratégie comporte deux volets: le premier consiste à accroître leur pouvoir pour mieux exploiter les peuples et les ressources dans les pays les moins développés, grâce à la possibilité de négocier en tant que bloc; les accords sur le libre échange en sont un bon exemple. Quant au second, il s’agit de concurrencer une Amérique sur le déclin tandis que la Chine commence à émerger. On retrouve cette préoccupation dans l’ensemble des documents rédigés par l’élite politique européenne au cours des dix années écoulées. Que cela soit dans ces formes anciennes ou actuelles l’Union Européenne n’a jamais eu de vocation sociale.

    Conflits entre capitalistes européens

    On observe des tensions entre ces deux objectifs clé, tout comme des conflits entre différentes formes de capitalisme. Du côté britannique, le lien spécifique avec l’impérialisme américain conduit à privilégier le premier aspect ; en France au contraire on insiste sur l’intégration politique et l’indépendance de l’Europe pour ne plus subir la main mise américaine. Cela eut pour conséquence l’opposition du président de Gaulle à l’entrée de la Grande Bretagne dans le Marché Commun en 1963 et, si elle y est parvenue ultérieurement, elle n’a jamais montré beaucoup d’enthousiasme dans sa participation (rappelons que ce texte a été écrit avant le vote du Brexit, NDLR).

    Les tensions à ce propos ont toujours été de mise parmi les différents capitalistes d’Europe. On parle généralement pour cela d’une opposition entre l’approche «fédéraliste» et l’autre, «intergouvernementale». L’Allemagne pousse le plus souvent vers une Europe «fédérale» dans laquelle les principaux pouvoirs seraient attribués à la Commission Européenne et dans une moindre mesure au Parlement. A l’inverse les gouvernements français ont toujours insisté sur la nature intergouvernementale du projet. Ils cherchent ainsi à donner le pouvoir au Conseil Européen dans lequel chaque état membre est représenté. Ces différences illustrent tant la confiance du capitalisme français dans sa capacité à mieux négocier dans un cadre intergouvernemental que l’ambition allemande d’étendre sa domination à l’Est, d’où son besoin croissant en institutions fédérales.

    On a vu les traités se succéder, chacun dépassant son prédécesseur pour rendre l’Europe encore plus néo-libérale. Le Traité de Maastricht et ses «Critères de Convergences» suivi du Pacte de Croissance et de Stabilité affichent la volonté de graver ce modèle dans le marbre, d’accélérer dans toute l’Europe les attaques contre les travailleurs par la réduction des dépenses publiques. Ce phénomène, tout comme le processus d’intégration politique et militaire prit de l’ampleur à Nice et à Lisbonne.

    Malgré l’idée suggérée puis abandonnée d’une conscription européenne par les partisans du OUI à Lisbonne II, les establishments politiques doivent disposer d’une force militaire pour consolider leur pouvoir. Le président français Sarkozy a souligné ce concept sous-jacent en déclarant: «L’Europe ne peut à la fois être un nain en matière de défense et un géant économique.» Quant à Javier Solana, ancien Haut Représentant de l’UE, il a déclaré alors qu’il nommait un chef de l’Agence de Défense Européenne: «L’Europe a plus que jamais besoin de mettre son potentiel militaire à la hauteur de ses aspirations. Il nous faut aussi mieux répondre aux défis auxquels sont confrontés nos industries de l’armement. Cette Agence peut changer beaucoup de choses.»

    Retardé par une large opposition des opinions publiques aux différents traités, ce processus s’est cependant poursuivi, celui de Lisbonne permettant d’établir des alliances militaires internes au sein même de l’Union,

    Une Europe sociale?

    Les aspects plus «sociaux» de l’Europe capitaliste comme les «Etats providence» et les droits des travailleurs, sont des réalisations d’après-guerre; non pas de généreux cadeaux offerts par le système économique, mais au contraire le fruit de luttes menées par un mouvement ouvrier relativement fort. Y compris dans les occasions où la transposition de la législation européenne au cadre national irlandais a par exemple permis d’améliorer la condition des salariés et des femmes, on doit y voir le résultat de luttes menées tant sur en Irlande que dans l’ensemble de l’Europe, et non un don octroyé par le système. De façon générale cependant, l’Union Européenne et ses leaders ont préféré travailler à leur réduction et à leur sape plutôt qu’à leur sauvegarde.

    Ces vingt dernières années, les partis dits «sociaux-démocrates», comme le Parti Travailliste, le Parti Socialiste en France et le SPD en Allemagne ont connu une profonde mutation. Malgré une direction acquise au capitalisme, ils possédaient autrefois une base ouvrière ; ce n’est plus le cas aujourd’hui. Toutefois, si les directions ne se sont jamais réclamées d’une authentique transformation socialiste, ces partis offrirent jadis une réelle alternative à l’orthodoxie capitaliste.

    Sous l’effet combiné de graves défaites ouvrières dans les années ‘80, comme la grève des mineurs britanniques, et de la chute du stalinisme, ces appareils se trouvèrent désorientés et effectuèrent un virage à droite significatif. Une fois perdu le lien avec la classe ouvrière, ils devinrent ouvertement des partis capitalistes. Les sociaux-démocrates ont mené des politiques néo-libérales dans toute l’Europe, minant les précédentes conquêtes que l’on pouvait dans une certaine mesure porter à leur crédit.

    L’intégration européenne et la montée de ce que l’on appelle couramment le néo-libéralisme se sont déroulées simultanément. Le néolibéralisme a été porté par des économistes comme Milton Friedman et des chefs politiques comme Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Dans les grandes lignes, l’idée est de prôner une intervention réduite de l’Etat, la privatisation des services publics, la réduction des dépenses sociales, tout ceci accompagné d’une politique monétaire donnant priorité au contrôle de l’inflation sur la lutte contre le chômage.

    Pendant la crise des années ’70, ce courant de pensée devint majoritaire dans le camp capitaliste, tant dans les milieux universitaires que politiques. David Harvey en explique les causes dans son livre Une Brève Histoire du Néo-Libéralisme: «la baisse des profits a amené la classe capitaliste à augmenter le taux d’exploitation des travailleurs et à diminuer la part des salaires dans la répartition des richesses; il a également fallu ouvrir de nouveaux marchés, privatiser la santé et l’éducation.» (David Harvey, « Brève Histoire du Néo-Libéralisme », Oxford Press, 2005.)

    Le lancement de l’euro

    La création du Mécanisme de Maintien des Taux de Change en 1979, puis le lancement de l’euro comme monnaie commune en 1999 constituent d’autres étapes vers la construction de ce club pour capitalistes. De leur point de vue, ce processus servait un double objectif tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

    A l’intérieur il devait mener à une plus grande intégration du le marché commun, par la baisse du coût des transactions et une meilleure rétribution du capital. Le néo-libéralisme se forgea une autre arme : il créa la Banque Centrale Européenne, qu’il voulut indépendante et donc libre de tout contrôle démocratique. On lui donna un rôle encore bien plus limité que celui de la Réserve Fédérale : en effet sa seule fonction consiste à limiter l’inflation, sans chercher à parvenir au plein emploi. Combler un déficit de compétitivité par la dévaluation étant devenu impossible, la pression sur les salaires et les conditions de travail se fit plus forte.

    Autre idée, créer une nouvelle monnaie de réserve pouvant rivaliser avec le dollar sur les marchés internationaux; elle contribua à établir la primauté du capital financier et fit de l’Allemagne un élément clé dans ce système international.

    Aujourd’hui encore, le processus d’intégration reste truffé de contradictions, traversé par les conflits entre les différents capitalistes d’Europe, car le capitalisme européen continue d’opérer au niveau national ; il repose sur des grandes entreprises implantées dans des états-nations particuliers, généralement celui où elles sont nées et qui représente leurs intérêts.

    On a sans doute assisté à une «européanisation» du capital au moyen de fusions transfrontalières ; certaines entreprises ont d’ailleurs accru leur activité dans un pays différent du leur.

    Concrètement, cette tendance s’est traduite par la création de lobbies agissant au niveau de l’Union telle La Table Ronde des Industriels, même si dans leur majorité les grosses entreprises restent liées à un Etat en particulier.

    Ces contradictions sont devenues un facteur prépondérant dans la crise économique ; l’absence d’union politique et fiscale d’une part, la divergence plutôt que la convergence économique de l’autre ont contribué à les exacerber. Sous l’effet de la crise, on a vu apparaître – en plus de l’opposition capital/travail – des conflits à l’intérieur même de la classe capitaliste dont les intérêts ne sont pas homogènes.

    Et la démocratie?

    La démocratie n’est jamais été l’apanage du projet européen, conçu par les élites politiques et économiques, auquel les peuples n’ont jamais été associés. A son stade actuel, il rappelle beaucoup les propos de Friedrich von Hayek: à une époque, ce théoricien du néo-libéralisme défendit ardemment la perspective de l’intégration ; il y voyait un effet un moyen de réduire la capacité d’intervention des Etats dans l’économie.

    Comme l’a expliqué Peter Gowan : « Pour Hayek, les problèmes de l’Europe prennent leur source dans la montée de la souveraineté populaire et dans le possible contrôle démocratique de l’économie. Il perçoit de façon brillante comment les lois contenues dans ce traité international permettent de transgresser celles en vigueur dans les parlements nationaux classiques ; il en est de même pour leurs choix politiques. Qu’un traité puisse statuer sur des questions propres à chaque Etat permet donc d’empêcher ceux-ci de les élaborer démocratiquement, d’où ce zèle exercé depuis les années ‘80 pour l’établir. L’Europe selon Hayek se doit donc d’agir en force négative, en obstacle au contrôle démocratique des économies nationales.» (Peter Gowan, L’Etat de l’Union, le Contexte International, Euromemo Annual Workshop, 2005)

    Cela reste vrai à l’heure actuelle. Karel De Gucht, alors ministre belge de la politique étrangère et ensuite commissaire européen a ainsi expliqué le lien entre le Traité de Lisbonne et la Constitution que les peuples français et néerlandais ont rejetée : «Le Traité Constitutionnel avait pour but d’être lisible à l’inverse de celui-ci […] La Constitution visait à être claire alors que ce traité se doit d’être obscur. Pari gagné.» (Flanders Info, 23 juin 2007.)

    Il s’agit d’adopter une approche technocratique de la politique et de l’économie. Des discussions importantes relatives à notre vie quotidienne se tiennent au niveau de l’Union Européenne ; leur sens est cependant occulté par un langage technocratique. Ainsi, les peuples peuvent difficilement les suivre, encore moins s’y opposer et le pouvoir de décision leur échappe.

    Les Institutions Européennes

    L’Europe dispose d’une architecture institutionnelle profondément anti-démocratique, y compris selon les critères du parlementarisme bourgeois, car elle constitue un moyen terme entre ses principaux protagonistes, certains partisans du fédéralisme, d’autres d’une structure intergouvernementale. De fait, seuls les membres de la Commission et du Conseil, instances non élues, y détiennent un réel pouvoir.

    Les membres de la Commission Européenne sont nommés par différents gouvernements de l’Union. Son rôle consiste à élaborer des politiques conformes aux intérêts du capital en Europe et son seul pouvoir se résume à proposer des lois ; vient ensuite le Conseil Européen qui réunit les chefs de gouvernement et les ministres des différents Etats.

    Le soi-disant Parlement Européen n’en possède que le nom, dépourvu de son droit le plus élémentaire, celui de proposer des lois et de demander des comptes à l’exécutif. Perry Anderson a très bien résumé son rôle : «C’est une machine à produire une mise en scène gouvernementale bien plus que des lois ; elle donne à voir une façade symbolique assez semblable, dirais-je, à la monarchie britannique.» (Perry Anderson, Ce Nouveau Vieux Monde, p 23, Verso 2009.)

    Grâce à cette façade on crée une illusion de démocratie ; on peut par exemple citer le droit d’ «Initiative Citoyenne» qui assure aux auteurs d’une pétition qu’elle recevra «toute l’attention» de la Commission Européenne à une condition : avoir recueilli un million de signataires.

    Que les adeptes du Traité de Lisbonne aient bruyamment annoncé un pouvoir accru au Parlement ne les a guère empêchés de l’ignorer et l’Europe actuelle fonctionne encore moins démocratiquement qu’à sa création.

    Le projet européen n’a même jamais été social-démocrate ; il est depuis toujours inspiré par les pouvoirs capitalistes à l’intérieur de l’Union, dont le «masque social» est tombé avec la crise. Une chose apparait désormais clairement : l’Europe capitaliste n’offre aucune perspective à la classe ouvrière ; il faudra donc en construire une autre.

    SocialistWorld_jeunesL’ALTERNATIVE SOCIALISTE

    Le capitalisme et les politiques néo-libérales ont mené l’Europe à une grave crise : l’UE doit faire face à la stagnation économique, alors que les Etats à sa périphérie connaissent un sérieux déclin. Les salariés en font les frais: le chômage a explosé depuis l’arrivée de l’euro -17 millions de chômeurs dans la zone euro et 25 dans l’ensemble de l’Union. Le niveau de vie, les services publics sont menacés et les solutions préconisées par le traité ne font qu’aggraver les choses.

    Voici l’Europe à la croisée des chemins. Si elle continue dans cette voie, elle est condamnée à une grave dépression économique, à un effondrement qui suscitera à la fois l’instabilité et une crise massive, une pauvreté jamais connue depuis des décennies. Cela annonce également plus d’oppression pour les peuples car la dictature des marchés et de la finance se maintiendra au détriment des droits démocratiques.

    Une solution radicale s’impose, allant à contre-courant du traité, un changement révolutionnaire pour rompre avec l’actuelle Union Européenne capitaliste. Il faut dépasser une société et une économie façonnées conformément aux intérêts des banquiers, des grosses entreprises et des plus riches ; pour ce faire il faut mettre en place des gouvernements au service des travailleurs d’Europe, déterminés à accomplir des changements socialistes et ainsi donner priorité aux besoins des peuples sur les profits d’une minorité.

    Un combat commun à tous les travailleurs d’Europe

    La nécessité de se battre contre les politiques d’austérité qui détruisent la vie des gens s’impose dans toute l’Union. Ce sont les institutions européennes comme la Commission et la Banque Centrale qui ont elles-mêmes lancé cet assaut si bien coordonné contre le niveau de vie, aidées en cela par les gouvernements allemand et français.

    Le mouvement ouvrier européen est d’abord confronté à une tâche à moyen terme : coordonner et unifier les luttes contre l’austérité. Cela permettrait également d’enrayer la montée des nationalismes qui visent à le diviser. Les errements des directions syndicales européennes, organisant au mieux une journée de protestation sans réel caractère en freinent la progression ; la mobilisation n’est donc pas à la hauteur de l’enjeu. Il revient à la base de lancer un appel massif à l’unité d’action et à la coordination des luttes.

    Ces deux dernières années (2010 et 2011, NDLR), le Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière) a pris des initiatives en ce sens, relayées par des parlementaires de la fraction Gauche Unie Européenne au Parlement européen: l’une d’entre elles fut l’organisation d’une manifestation en Grèce qui rassembla plusieurs milliers de participants et au cours de laquelle Joe Higgins (à l’époque député irlandais du Socialist Party) prit la parole. Le dernier appel date de l’an dernier (2011), signé par 11 euro-députés ainsi que moi-même; en voici un extrait :

    «Nous demandons solennellement aux syndicats européens de tout mettre en oeuvre pour faire du 21 juin une grande journée de protestation et de grèves contre l’austérité. Pour ce faire des actions solidaires exprimant une opposition claire à l’establishment européen devraient se tenir dans toute l’Union pendant les semaines à venir. Nous appellerons à un rassemblement des partis politiques, des syndicats et des associations auxquelles nous sommes affiliés.

    Dans tous les pays le niveau de vie est menacé. Les travailleurs, la jeunesse, les chômeurs, les exclus et les retraités doivent d’urgence organiser la réplique unitaire. Cette première étape devra déboucher sur d’autres actions de même ampleur, y compris dans les entreprises, afin d’aboutir à une journée de grève générale dans toute l’Europe.»

    Cet objectif demeure essentiel. Une journée européenne de grève générale contre l’austérité montrerait la capacité des travailleurs à se mobiliser et sèmerait la peur chez tous les capitalistes de l’Union. Ce sera le point de départ pour une action dans l’ensemble des pays du PIIGS; le mouvement ouvrier doit désormais s’organiser à ce niveau.(PIGS (littéralement, « porcs » en anglais) est un acronyme1 utilisé pour la première fois en 2008 par quelques journalistes britanniques et américains, spécialisés en finances ou en économie, pour désigner quatre pays de l’Union européenne : Portugal, Irlande, Grèce et Espagne (« Spain », en anglais) Parfois, l’Italie est incluse dans le lot, ce qui donne PIIGS)

    Pour des gouvernements ouvriers

    Appeler à une «Europe sociale» mythique ne suffit pas pour défier la logique de l’austérité et de la crise économique dont les travailleurs subissent les conséquences ; il faut aussi proposer une politique alternative. Pour tous ceux qui dans le monde pensent comme nous, au Comité pour une Internationale Ouvrière, cela signifie une rupture radicale avec le système capitaliste qui conditionne l’organisation sociale à la recherche du profit.

    Nous nous battons au contraire pour un gouvernement des travailleurs qui briserait cette logique, leur donnerait le pouvoir au lieu de l’abandonner aux représentants du grand capital et mettrait en oeuvre des politiques socialistes planifiées démocratiquement ; nous satisferions ainsi les besoins du peuple et non du capital.

    Détailler ici ce que serait une politique 100% socialiste serait trop long. Nous nous contenterons de mettre en avant quelques grands axes de référence pour plusieurs pays d’Europe.

    D’où viendraient les ressources ?

    Quoiqu’en dise la propagande, l’Europe ne manque pas de richesses. En Irlande comme ailleurs, la crise a profité aux riches. Un rapport publié par Merrill Lynch en 2011 montre que le «Club des riches» d’Europe possède plus de 7.5 trilliards d’euros, soit deux fois le PIB de l’Allemagne, la plus grande puissance économique européenne. Malgré la crise les énormes profits réalisés par les grandes entreprises continuent d’augmenter ; dans la zone euro elles ont enregistré jusqu’à 3.6 trilliards de bénéfices en 2010. Une taxation des excédents à au moins 50%, un impôt sur les richesses, les gros revenus et les bénéfices des grandes entreprises, permettrait de socialiser cet argent et de l’employer au bien-être de tous plutôt qu’à l’enrichissement de quelques-uns. Les entreprises qui refuseraient d’investir leurs énormes profits dans la création d’emplois seraient nationalisées et placées sous contrôle public démocratique ; elles serviraient ainsi la société dans son ensemble.

    Refusons de payer les dettes

    Des niveaux de dettes insupportables paralysent l’économie des pays à la périphérie de l’Europe. L’Irlande devra rembourser 7 milliards d’intérêts en 2011 et ce chiffre dépassera les 9 milliards dans les années à venir. Faire supporter cela aux peuples est une injustice. L’intérêt des salariés doit l’emporter sur ceux qui des obligataires. Pour toucher des compensations ils devraient prouver que leur argent ainsi investi est indispensable au paiement des retraites des travailleurs ayant placé leurs économies dans des fonds de pension ou à la garantie de leur épargne. Aux riches d’assumer eux-mêmes les conséquences de leur crise.

    Aidons les peuples, pas les banques.

    La crise économique a montré l’immense pouvoir du secteur financier que banquiers et spéculateurs emploient actuellement à mener des politiques de droite. Les travailleurs du monde entier s’exposent à la colère des marchés s’ils refusent des baisses de salaires ou des coupes dans les services publics. Nationaliser les secteurs clés de la finance permettrait d’inverser la tendance ; l’argent profiterait alors à la collectivité par des prêts bon marché attribués aux patrons de petites entreprises ou exploitations agricoles ; les prêts immobiliers et leurs mensualités seraient recalculés en fonction de la valeur de l’habitation. Les banques centrales passeraient sous contrôle démocratique de sorte à servir les intérêts des travailleurs et non plus ceux du capital.

    De ce fait la puissance et la richesse du secteur financier seraient employés à libérer les peuples du poids de la dette, plutôt qu’à soutenir les banques, les actionnaires et les riches obligataires.

    De l’investissement public pour créer des emplois

    En Irlande comme ailleurs, l’effondrement de l’investissement privé explique en grande partie cette profonde crise économique. En Europe, sa chute en termes d’apport en capital brut a atteint 565 milliards, la perte totale atteignant 611 milliards, ceci malgré les 2 trilliards de réserves injectés dans la trésorerie des principales entreprises. Nous assistons donc à une baisse de l’investissement et à une explosion de la richesse associées à un chômage tel qu’un investissement public massif s’impose pour y remédier. Lors de sa proposition de pré-budget en 2011, l’Alliance de la Gauche Unie a mis l’accent sur un pan d’investissement public qui créerait 150 000 emplois : cela inclurait un programme de collecte des eaux de pluie, la remise en état et l’isolation de bâtiments publics, la démolition de tous les logements sociaux désormais inadaptés et leur remplacement par des constructions conformes aux normes du développement durable. La demande pour de tels programmes s’étend à toute l’Europe. Si de plus celle-ci devenait socialiste, on pourrait élaborer un vaste programme d’investissement public dans l’infrastructure pan-européenne.

    En lieu et place de la crise capitaliste, la planification démocratique

    Cette crise économique, cause de souffrances pour des milliards d’entre nous n’est autre que celle du capitalisme. Ce système s’appuie à la fois sur la possession de capitaux privés et de scandaleuses quantités de richesses : il doit disparaitre. Une Europe des Travailleurs nationaliserait les secteurs clés de l’économie qui deviendraient propriété des salariés ; ils seraient gérés démocratiquement selon une planification rationnelle pour satisfaire les besoins des peuples.

    Ce que nous proposons n’a rien à voir avec la caricature de planification socialiste en vigueur sous le stalinisme où elle s’exerçait de manière bureaucratique sous une dictature. Bien au contraire, le contexte serait celui d’une authentique démocratie ; chaque citoyen prendrait part aux décisions relatives au fonctionnement de la société, de l’économie au lieu de s’en remettre à une main invisible uniquement vouée à augmenter les profits des grosses entreprises. Dans une telle société socialiste, les représentants élus seraient révocables, rendraient compte à leurs mandataires et recevraient un salaire équivalent au leur.

    Une planification socialiste coordonnée et démocratique permettrait de consacrer les ressources de l’Europe à l’industrie, au développement et à la recherche sur tout le continent qui a subi une désindustrialisation au cours des précédentes décennies. Cette tendance s’inverserait dans un plan respectueux du développement durable ; on investirait dans la transition des carburants fossiles vers les énergies renouvelables et leur usage efficient. Cela apporterait une croissance tant économique qu’écologique, à l’inverse des bulles immobilières financées par le crédit comme ce fut le cas en Irlande et en Espagne.

    NON à l’Europe des Patrons OUI à une Confédération Européenne Démocratique et Socialiste

    Une Europe démocratique et socialiste ne naîtra pas des cendres de l’Europe capitaliste. Les travailleurs devront arracher le pouvoir à ceux qui aujourd’hui le détiennent.

    L’impact mondial des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient, l’occupation grandissante des places publiques montrent la puissance de l’exemple, alors que les idées et le désir d’action se propagent à la rapidité de l’éclair. Qu’un seul pays d’Europe devienne socialiste et l’impact révolutionnaire sur les autres serait immédiat. Qu’en Grèce ou au Portugal les travailleurs prennent le pouvoir dynamiserait ceux des autres pays de l’Union.

    L’avènement du socialisme dans certains pays nécessiterait un débat: faudrait-il limiter l’expérience à ces pays ou fonder une confédération d’états socialistes européens? Il ne s’agirait pas seulement de « réformer » l’Europe capitaliste, mais d’en construire une autre, complètement différente dans son organisation, fondée sur les principes de solidarité et d’égalité.

    A l’opposé de ce que nous connaissons dans l’actuelle Union, où les peuples sont le plus possible maintenus éloignés des décisions, une société socialiste déplacerait le pouvoir au niveau local, comme le lieu de travail ou de résidence. Des représentants élus démocratiquement, révocables prendraient des décisions au plan européen. On utiliserait l’investissement public et la planification économique pour aider au développement des pays aux économies les plus faibles et assurer l’égalité entre les différents états.

    Pour mener à bien ce combat, il nous faut non seulement refuser le Traité d’Austérité, mais aussi construire dans toute l’Europe des partis qui se consacreront à élaborer ces changements révolutionnaires. Le Socialist Party ainsi que d’autres partis frères au « Comité pour une Internationale Ouvrière » (www.socialist-world.net) est pleinement engagé dans cette tâche essentielle. De même, nous nous attachons à reconstruire le mouvement ouvrier : nous voulons pour cela que les syndicats deviennent des outils démocratiques servant les luttes des travailleurs ; nous travaillons également à la construction de nouveaux partis politiques de masse représentant la classe ouvrière. Ici en Irlande, le lancement et la création de l’Alliance de la Gauche Unie constitue une large part de ce processus.

  • Grèce: augmentation du soutien au Grexit; chute du soutien à SYRIZA

    daniel_grece_10L’opposition à la zone euro atteint des records à la suite du Brexit

    De nombreuses réserves peuvent être exprimées au sujet de l’exactitude des prévisions issues des sondages, en particulier concernant les partis politiques. Les deux derniers sondages publiés en Grèce, le premier de l’ALCO pour le journal ‘Parapolitika’ et l’autre pour l’Université de Macédoine, mettent cependant en évidence l’atmosphère présente dans la société grecque.

    Par Kyriakos Halaris (article traduit du site de Xekinima, section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    • SYRIZA subit une forte baisse de soutien: 86% des personnes interrogées ne sont pas satisfaites du gouvernement. Même 69% des électeurs de SYRIZA déclarent se déclarent insatisfaits. La confiance du peuple envers le gouvernement a atteint un plancher record.
    • Le parti Nouvelle Démocratie est nettement en avance dans les sondages après avoir consolidé le soutien de 86% de ses électeurs de septembre 2015

    Ces deux aspects illustrent que la chute de SYRIZA, moins d’un an après sa victoire électorale, semble irréversible. D’autant plus que ce n’est que depuis la semaine dernière (après que ces sondages aient été réalisés) que les retraités ont pu ressentir ce que la nouvelle «législation de sécurité sociale» signifie dans leurs poches et ce qui signifie réellement l’ampleur des coupes dans leurs pensions. Les politiques imposées par le «troisième mémorandum» commencent seulement à avoir un effet réel sur la société.

    Dans le même temps, la Nouvelle Démocratie (ND), le parti traditionnel de la bourgeoisie, se remet de sa crise interne de ces six derniers mois et se prépare pour une revanche électorale depuis que les politiques traditionnellement soutenues par la ND sont maintenant imposées par SYRIZA.

    Les fascistes d’Aube Dorée, en dépit de leur crise interne, de la persécution juridique de leur direction et de l’absence de toute initiative de leur part ces deux dernières années, réussissent tout de même à stabiliser leur soutien à 7-8%, ce qui leur donne la troisième position dans les tous récents sondages.

    Les partis de gauche (KKE, LAE, ANTARSYA et Pleysis (le parti de l’ancienne présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou) tournent autour de leurs faibles pourcentages normaux, le KKE (parti communiste grec) étant la seule force capable d’entrer au parlement. Cela leur rend très difficile (pour des raisons différentes pour chaque parti) d’être en mesure de vraiment jouer un rôle important, à un certain niveau, dans la prochaine période.

    Cependant l’aspect le plus important que ces sondages démontrent ne concerne pas le soutien électoral de ces partis. Tout le monde peut déduire cela de l’atmosphère, de toute façon.

    Le Brexit et le Grexit

    L’élément le plus important de ces sondages est le soutien qui penche en faveur du Brexit et du Grexit. Dans le sondage ALCO, 39,4% des personnes interrogées voteraient en faveur du Grexit, par opposition à 48,3%. Les autres ne “savent pas”.

    Dans le sondage de l’Université de Macédoine, 40,5% estiment que le Brexit est un développement positif pour la Grande-Bretagne, par opposition à 43%. En ce qui concerne la participation de la Grèce à la zone euro, 53,5% voteraient pour que la Grèce reste en son sein tandis que 37% préféreraient un retour à une monnaie nationale. Les autres ne “savent pas”.

    Ces tendances expriment des pourcentages toujours plus élevés contre l’UE et l’Euro! Ils sont importants pour deux raisons.

    Tout d’abord, aucun des grands partis ne soutient la sortie de la zone euro, à l’exception du KKE. Même après l’intégration de SYRIZA dans le bloc bourgeois, il est évident que la classe dirigeante ne peut pas convaincre la société des «avantages» de l’euro. Malgré le fait que tous les partis parlementaires, à l’exception du KKE, soutiennent un “Gremain” à tout prix, de grandes parties de la société vont dans le sens opposé.

    Ces tendances montrent ensuite l’énorme vide qui existe à gauche. Même si le soutien au Grexit devient beaucoup plus grand, même si environ la moitié de la population considère le Brexit comme un développement positif et même si les travailleurs grecs subissent les effets désastreux des politiques qui ont été mises en œuvre afin de rester dans la zone euro, la principaux partis de gauche restent faibles et dans un isolement relatif de la société.

    Le problème est subjectif: ce n’est pas en raison des circonstances objectives et de la société qui «ne comprend pas», contrairement à ce que ne se lassent pas de répéter certaines sections de la gauche et, en particulier le KKE. C’est fondamentalement dû aux «déficiences» de la gauche, aux politiques et tactiques erronées employées par les partis de gauche. Si la gauche ne surmonte pas ces lacunes et n’essaye pas de les comprendre, cela ne sera jamais résolu et le vide à gauche ne sera pas occupé.

  • France. La politique d’austérité du gouvernement tue dans la Santé !

    Paris_santé

    Cela fait un an et demi que les travailleurs des Hôpitaux de Paris luttent contre la » réforme Hirsh » qui va les précariser davantage en supprimant des RTT, en ne comptant plus les heures supplémentaires, ou en flexibilisant les horaires. Il y a eu de nombreuses grèves et manifestations, les personnels hospitaliers ont été là contre la loi travail, à Nuit Debout, malgré les réquisitions. La réforme dans les hôpitaux a été passée sans l’accord des syndicats, en mode 49.3.

    Par Matthias, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Les travailleurs sont pressés comme des citrons

    22 000 suppressions de postes prévues pour les prochaines années, plus de 15 000 fermetures de lits d’ici 2017, c’est un massacre organisé alors qu’un gaspillage incroyable a déjà lieu en embauchant des intérimaires (!) à la pelle. Cela n’a pas l’air d’émouvoir autant Valls que trois stupides coups portés aux vitres de l’hôpital Necker à Paris…

    La politique managériale s’installe pour mettre la pression sur les travailleurs. Le 13 juin, un infirmier s’est suicidé dans son bureau à l’hôpital Rangueil (31) et cela a été reconnu comme accident du travail. Le 24 juin c’est une infirmière du Groupe hospitalier du Havre (76) qui s’est aussi suicidée en laissant une lettre mettant en cause la dégradation constante de ses conditions de travail.

    Notre santé en danger

    La loi « santé » (qui défend autant la Santé que la loi « Travail » le travail…) de Marisol Touraine commencera à être appliquée le 1er juillet. Des Groupements Hospitaliers de Territoires (GHT) permettent d’organiser les suppressions de postes en rendant dépendants les établissements de taille moyenne aux plus gros. Déjà de nombreux services, chirurgies, urgences de nuit, maternités ont été supprimés, jugés pas assez rentables par les Agences Régionales de Santé.

    Cette politique a déjà des répercussions. En 2015, l’INSEE a relevé une augmentation de la mortalité de 7.3 %, du jamais vu depuis la seconde guerre mondiale et aussi un premier recul de l’espérance de vie. Le vieillissement et la dégradation des conditions de vie l’expliquent mais l’accès aux soins rendu plus difficile a aussi un impact.

    Cette casse de l’hôpital public a pour but, sans privatiser directement, de remplacer une partie croissante du système de santé public par le privé pour les profits des capitalistes, et au détriment de notre santé ! Il est nécessaire d’en finir cette loi du profit.

    Il nous faut un vrai service public de santé unique, gratuit, de qualité et accessible à tous. Pour cela exigeons :
    – Le retrait de la loi « santé », de la réforme Hirsh…
    – L’arrêt des fermetures des services et une répartition des structures sur tout le territoire selon les besoins définis démocratiquement et non plus pour la « rentabilité »
    – La titularisation de tous les précaires et l’embauche massive dans les hôpitaux en fonction des besoins, l’augmentation des salaires
    – Une santé publique et gratuite pour tous et toutes : remboursement à 100% par l’assurance maladie de tous les soins et médicaments !
    – Pas de place pour le business dans la santé : nationalisation de tous les grands groupes et cliniques privées !
    – Gestion et contrôle des équipes de travailleurs et travailleuses du secteur eux-mêmes en lien avec les usagers des besoins, des budgets et des embauches

  • Attentat à l’aéroport Atatürk. Non à la guerre et au terrorisme! Oui à l'unité et à la solidarité des travailleurs!

    Ambulance cars arrive at Turkey's largest airport, Istanbul Ataturk, Turkey, following a blast June 28, 2016.     REUTERS/Osman Orsal - RTX2IQUY

    Une attaque terroriste, présumément commise par l’État islamique (Daesh) a tué au moins 43 personnes et blessé 239 autres à l’aéroport Atatürk d’Istanbul le 28 juin dernier. Trois kamikazes ont ouvert le feu sur des passagers et le personnel de sécurité à l’aide de fusils automatiques avant de se faire sauter au contrôle de sécurité à l’entrée de l’aéroport. Le modus operandi et le moment choisi pour cette attaque, alors que Daesh est confronté à d’importants revers militaires dans la région, suggère que l’infâme organisation djihadiste est bel et bien derrière ce nouveau bain de sang terroriste. Elle cherche à afficher au grand jour sa capacité destructrice opérationnelle.

    Par Ahmet Küçük, Sosyalist Alternatif (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat turc)

    L’aéroport Atatürk d’Istanbul dispose de normes de sécurité relativement élevées en comparaison des aéroports européens. Des contrôles de sécurité sont également effectués à son entrée. Ces mesures ne peuvent toutefois assurer qu’il s’agisse d’un îlot de sécurité vis-à-vis du terrorisme. Cette récente attaque illustre les limites d’une approche exclusivement basée sur le renforcement de l’appareil de sécurité en négligeant de traiter les causes sous-jacentes du terrorisme. La manière de lutter contre le terrorisme est devenue une question de la plus haute importance dans un pays secoué par 10 attentats terroristes commis contre des civils au cours de ces 11 derniers mois et qui ont causé plus de 250 décès parmi les civils.

    Sosyalist Alternatif (CIO-Turquie) s’oppose totalement aux attaques terroristes à l’encontre de la population civile de même qu’à l’idéologie de l’organisation qui les opère. Chacune de ces attaques a été utilisée comme excuse pour s’en prendre aux droits démocratiques et renforcer les pouvoirs du président Erdo?an et de la machine d’Etat. Après l’attaque de ce 28 juin, le gouvernement a temporairement bloqué les médias sociaux, tout comme ce fut le cas après chaque incident, et tous les reportages ont été censurés ou interdits.

    Il est particulièrement important d’examiner et de combattre l’atmosphère politique qui a créé le terrain pour de telles attaques terroristes. Le gouvernement turc dirigé par l’AKP a déclaré un jour de deuil national après ‘attentat de l’aéroport. Il s’agit d’hypocrisie pure et simple. Les attaques de Daesh contre des cibles turques font penser à un chien qui mord la main qui l’a nourri. L’AKP (le Parti de la Justice et du Développement) a soutenu les rebelles armés de l’opposition soi-disant «modérée» en Syrie des années durant. En pratique, la Turquie est devenue une «autoroute djihadiste» et une zone d’appui pour Daesh derrière les lignes de front. Ironie du sort, l’aéroport Atatürk d’Istanbul est un aéroport par lequel un nombre considérable de combattants djihadistes et de recrues étrangères de Daesh ont transité dans le cadre de leur voyage vers le soi-disant Califat de l’Etat islamique. Ce n’est que récemment que les mesures ont été renforcées pour empêcher ce flux de djihadistes, probablement l’une des raisons pour lesquelles Daesh a commencé à se retourner contre l’Etat turc. Mais c’est majoritairement la population ordinaire qui paie le prix de ce jeu cynique.

    Ces deux dernières années, les groupes terroristes islamistes radicaux ont développé un réseau de cellules terroristes dans toute la Turquie. L’instabilité causée par les guerres en Irak et en Syrie ainsi que l’approvisionnement en armes de ces pays par les puissances impérialistes et régionales ont augmenté les possibilités d’accès aux armes lourdes et automatiques de même qu’aux explosifs dans toute la région. La répression du gouvernement AKP contre ses opposants politiques, y compris contre le parti pro-kurde HDP (Parti démocratique du peuple), ainsi que la destruction des villes kurdes et le massacre de civils sous le prétexte «d’opérations militaires contre le PKK» nourrit l’instabilité politique et la polarisation croissante dans la société. Cela crée un terrain plus fertile pour le terrorisme.

    La croissance du terrorisme à laquelle nous assistons en Turquie est pour une grande part un choc de retour pour la politique du gouvernement turc. Il est évident que l’on ne peut accorder aucune confiance à un gouvernement lui-même responsable de la terreur d’Etat pour prendre en main nos inquiétudes concernant la sécurité. Pour commencer, une enquête indépendante doit être menée au sujet des événements du 28 juin, avec l’implication des syndicats et des représentants des travailleurs de l’aéroport.

    Mais, plus fondamentalement, nous avons besoin d’un changement fondamental politique et économique en Turquie. Cela ne viendra pas du sommet de la société. Le mouvement syndical, le HDP et la gauche ont besoin de se rassembler et de mobiliser en masse les travailleurs et la jeunesse contre la terreur et les dévastations militaires de l’Etat contre les Kurdes ainsi que pour la justice sociale et les droits politiques. Cette lutte permettrait de développer les forces d’une alternative politique indépendante pour la classe ouvrière, une alternative socialiste, en liaisons avec la défense de la transformation socialiste de la société à travers le Moyen-Orient.

  • Brexit : Organiser la colère contre les conservateurs et leur politique !

    brexitLe 23 juin, une majorité de Britanniques ont voté en faveur d’une sortie de l’Union européenne. L’establishment, tant en Grande-Bretagne que dans le reste de l’Europe, est ébranlé. Directement, il a été question d’électeurs ne comprenant rien ou de motivations unilatéralement racistes. Mais ce n’est pas ça. Ce résultat provient d’une révolte des travailleurs qui en ont assez. Nous en avons discuté avec Hannah Sell, du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles).

    “‘Avec le Socialist Party, nous avons fait campagne pour quitter l’UE. Mais nous n’avons rien en commun avec Nigel Farage (UKIP) ou les politiciens conservateurs Boris Johnson et Gove de la campagne pour le Leave (‘‘quitter’’). Notre campagne visait tout d’abord à protester contre le fait que ces gens aient obtenu le statut officiel de porte-paroles de la campagne pour le Leave. Nous savions, en effet, qu’ils allaient utiliser des millions de livres sterling et leur temps d’antenne dans les médias pour un appel à quitter l’UE basé sur le nationalisme et le racisme.

    ‘‘Nous nous opposons à l’Europe du capital, et c’est ce qu’est l’Union européenne. Il s’agit d’une union patronale qui agit dans les intérêts du 1 % le plus fortuné. L’UE impose des privatisations et des coupes budgétaires dans nos services publics. Nous nous opposons donc à l’UE, tout comme la classe ouvrière britannique qui a voté en faveur du Brexit, ainsi que des millions de travailleurs à travers l’Europe, en Grèce, en Espagne et au Portugal, qui souffrent de l’impact des politiques brutales de l’UE.

    ‘‘Il y a un sentiment d’euphorie parce que nous avons infligé une défaite à l’establishment ce 23 juin. Mais nous comprenons aussi que de nombreux travailleurs et jeunes ont voté remain (‘‘rester’’) et soient préoccupés par l’impact de la sortie de l’UE. Beaucoup craignent que ce soit une nouvelle fois les gens ordinaires qui payent le plus lourd tribut suite à la crise économique provoquée par la sortie de l’UE. Ils sont aussi inquiets concernant le danger que constitue la montée du racisme, du nationalisme après le référendum.

    ‘‘C’est un danger réel, peu importe qui a gagné le référendum. Les politiciens capitalistes des deux côtés du débat référendaire ont usé de postures anti-immigrés durant la campagne. Malheureusement, une position indépendante et massive du monde du travail était absence. Les dirigeants du Parti travailliste et malheureusement également la grande majorité des dirigeants syndicaux ont appuyé la position de la campagne officielle du Remain. Le racisme est un danger, mais nous pouvons le combattre avec un mouvement unitaire de lutte contre le racisme et l’austérité.

    ‘‘Les dirigeants syndicaux doivent être clairs : chaque tentative de s’en prendre aux conditions de vie des travailleurs prétextant les suites du référendum pour le Brexit doit immédiatement être combattue par une grève générale de 24 heures pour bloquer l’austérité.

    ‘‘Parallèlement, nous devons passer à l’offensive et, dès à présent, nous battre pour des élections anticipées. La droite ne ressortira pas nécessairement comme le vainqueur après ce référendum. Comme l’a dit à juste titre le président du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, des millions de personnes ont voté contre l’austérité par ce référendum. Nous devons maintenant convertir cela en un mouvement.

    ‘‘Les sentiments sont partagés parmi les travailleurs face au résultat du référendum. Mais parmi l’élite – les grandes entreprises et les capitalistes – il y a unanimité. Ils sont unis dans leur choc, car ce résultat n’est pas dans leur intérêt. Le Financial Times a ainsi résumé ce sentiment le 24 juin dans son édito : ‘‘The pitchforks are coming’’ [traduction : “les fourches arrivent”]. C’est de cela qu’ils ont peur. Ils sont affaiblis et leur parti traditionnel – les conservateurs – est dans les cordes. Tellement détesté, le Premier ministre David Cameron a dû annoncer sa démission.
    ‘‘La gauche et la classe des travailleurs doivent utiliser cette situation à leur faveur. Nous savons qu’un gouvernement de gauche avec un programme anti-austérité, reposant sur les intérêts de la majorité de la population est le cauchemar de l’establishment. Comme nous l’avions prévenu, les représentants de l’establishment au sein du Parti travailliste (les partisans de Tony Blair) vont essayer de se débarrasser de Jeremy Corbyn après le référendum. Il n’y a pas de compromis possible avec les représentants du capitalisme.

    ‘‘Corbyn doit se montrer ferme et immédiatement exiger la tenue de nouvelles élections pour y défendre un programme clairement anti-austérité. Le programme qu’il a défendu pour accéder à la présidence du parti est un bon point de départ : une augmentation du salaire minimum à 10 £ par l’heure, la construction massive de logements sociaux, la renationalisation des chemins de fer et du secteur de l’énergie. Il doit également insister sur la nécessité de s’opposer à la politique antisociale dans les municipalités et s’engager à ce que toute municipalité contrôlée par le Parti travailliste n’applique pas l’austérité dans son budget.

    ‘‘Un tel programme serait un bon début, mais nous devons aller plus loin. Nous luttons pour un programme socialiste développé comprenant la nationalisation sous contrôle démocratique par les travailleurs des grandes entreprises qui dominent notre économie. Nous allons mener campagne en faveur de ce programme. Mais si Jeremy Corbyn défend un programme anti-austérité, cela pourrait générer beaucoup d’enthousiasme. Il existe de nombreuses possibilités pour le mouvement des travailleurs afin de répondre au mécontentement, mais nous devons nous organiser pour saisir ces opportunités.’’

  • Aéroport de Notre dame des Landes : c’est toujours non !

    nddlLa petite manœuvre de Hollande qui avait annoncé en février dernier un « référendum local » pour statuer sur l’aéroport de Notre Dame des Landes a donc eu lieu dimanche 26 juin. Sur 51% de votants, 55 % se sont exprimés pour le déplacement de l’aéroport actuellement à Nantessa construction sur le site de Notre Dame des Landes.Quelles sont désormais les perspectives pour cette lutte qui dure depuis cinq années ?

    Une consultation faussée et sans fondement

    La démarche a des airs démocratiques mais il n’en est rien. D’une part ce référendum local n’a aucune valeur juridique. D’autre part, il vient après un débat public en 2003, puis une enquête publique en 2006, il y a 10 ans. A cette époque déjà, les nombreux points négatifs avaient été mis en avant : destruction d’un site protégé, augmentation du trafic routier car le nouvel aéroport sera très éloigné de Nantes (20 km contre 5 pour l’actuel), gouffre financier… Malgré de nombreux avis défavorables, les autorités avaient persévéré dans la même voie.

    Ce faux référendum n’est là que pour imposer un projet à des gens qui n’en veulent pas.

    Hollande, Valls et Royal cherchent une nouvelle légitimité après plus de cinq ans de lutte mais rien n’est moins sûr. En effet, les disparités sont nombreuses et 34 communes sur 212, en majorité autour du site ont voté « non ».

    A Notre-Dame-des-Landes même, 73,6 % des votants ont voté « non » ! De même que dans les communes alentours, comme à Grandchamps-des-Fontaines (66,57 %), Casson (63,53 %) ou Vigneux-de-Bretagne (69,42 %). Et à Nantes, dans la ville de Jean-Marc Ayrault, le soutien de poids à ce déplacement d’aéroport, le « oui » l’emporte de justesse avec seulement cent voix d’avance ! ceux qui ont voté « oui » sont donc loin de la zone concernée…

    En réalité donc, on se retrouve dans une situation assez similaire à celle d’ il y a quelques mois. Les opposants ne désarment pas sur le plan juridique ni pour remobiliser plus largement, tant mieux !

    La lutte continue !

    Entre 50 et 60 000 personnes avaient manifesté le 27 février dernier contre ce grand projet inutile qui dévorerait des centaines de millions d’euros de fonds publics et des milliers d’hectares de nature pour le seul bénéfice de multinationales telles que Vinci. Adieu certaines espèces protégées que le gouvernement est déjà prêt à éradiquer par arrêté préfectoral… Peu importent les déclarations du (déjà lointain!) sommet de la COP21 sur la réduction des gaz à effet de serre et le CO2, il s’agit de continuer à faire des profits en polluant et en détruisant les espaces naturels. Les 9 et 10 juillet prochains, le grand rassemblement de l’été aura à nouveau lieu à Notre Dame des Landes. La mobilisation n’est pas près de s’arrêter ! Stoppons les grands projets inutiles du gouvernement et des multinationales !

    Article de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

  • Déclaration du syndicat des pompiers britanniques FBU sur le résultat du référendum sur l'UE

    fbuMatt Wrack, secrétaire général de l’Union des Brigades d’Incendie, en réponse à l’annonce que le Royaume-Uni a voté pour quitter l’Union Européenne, a déclaré: «Le gouvernement de Westminster doit respecter le résultat du référendum d’hier et prendre des mesures pour le mettre en œuvre.

    “La démission de David Cameron (NT : le premier ministre britannique) ne sera pas pleurée par les pompiers ou les autres travailleurs, il serait même préférable que l’ensemble du gouvernement démissionne. Depuis 2010, Cameron a supervisé un programme visant à faire baisser les salaires et de réduire le financement des services publics. En conséquence, les salaires et le niveau de vie ont stagné, les services publics sont dans un état critique et nous sommes confrontés à une crise croissante de logements. C’est ce contexte qui a marqué le référendum.

    “Dans le cadre des services d’incendie et de secours, nous avons subi une attaque honteuse sur les pensions des pompiers, sur la rémunération du secteur public et on nous a imposé les pires coupes budgétaires de l’Histoire des pompiers.

    “Les syndicats doivent maintenant lutter pour veiller à ce que les travailleurs ne paient pas le prix de toute l’agitation politique ou économique qui suit le vote. Le gouvernement (…) doit donner l’assurance que les droits en matière d’emploi, de sécurité, (…) seront protégés pour les travailleurs britanniques. Ils doivent aussi protéger les emplois qui seront à risque en raison de la turbulence économique après le vote.

    “Toute tentative d’introduire un budget d’urgence qui attaque davantage les services publics ou cherche à augmenter les taxes sur les travailleurs, doit être combattue par le mouvement syndical et le Parti travailliste.

    “Les syndicats doivent faire campagne sur la base de l’unité. Nous devons nous assurer que tout débat sur l’immigration ne pointe pas les travailleurs immigrés comme boucs émissaires, ceux-ci servant par milliers dans nos soins de santé et dans nos services d’incendie et de secours. Là où d’autres veulent la division, nous devons répondre avec l’unité et la solidarité.

    “Nous disons à tous les travailleurs du Royaume-Uni : si vous avez voté Leave (NT : quitter l’Union Européenne) ou Remain (NT : rester dans l’Union Européenne), nous devons combattre ensemble dans la défense des emplois, de nos droits et de nos services publics.”

  • Unidos Podemos: des résultats en dessous des espérances mais qui confirment le potentiel à gauche

    espagne26J

    Dimanche 26 juin, les Espagnols se sont à nouveau rendus aux urnes, six mois après les élections de décembre 2015. L’instabilité politique consécutive au discrédit croissant des deux partis traditionnels qui ont appliqué l’austérité a rendu caduques les tentatives de formation d’un gouvernement. Même si on est encore loin du record de la Belgique de 541 jours sans gouvernement, pour l’Espagne c’est une première.

    Par Boris (Bruxelles)

    Pas de restauration du bipartisme

    Les élections de décembre 2015 ont été marquées par la fin du bipartisme du PP (Parti Populaire, droite) et du PSOE (social-démocratie) et par un tournant à gauche avec la percée de Podemos (20,7 %). Il faut y voir l’expression de la radicalisation d’une large couche de la population et de l’essor de divers mouvements de masse. Les résultats de ces nouvelles élections confirment généralement ce processus, malgré un électorat et une campagne très volatiles.

    En juin, le PP a consolidé sa position de premier parti malgré les multiples scandales de corruption qui l’éclaboussent. En décembre, il avait perdu plus de 3,6 millions de voix tandis que le PSOE obtenait le pire résultat de son histoire. La bourgeoise espagnole et l’establishment européen ont prôné un gouvernement de grande coalition PP et PSOE, éventuellement élargi au petit parti populiste de droite émergeant Ciudadanos, pour fidèlement continuer sur le chemin de l’austérité.

    Avec ces nouvelles élections, ils espéraient quelque peu restaurer leur autorité. Le PP a pu récupérer 700.000 voix et remonter de 28,7 à 33 %. Il reste encore très éloigné de sa majorité absolue, mais un gouvernement minoritaire de droite n’est pas à exclure. Le PSOE arrive à se maintenir à 22 %, une réussite selon lui au vu des sondages qui prévoyaient qu’il soit dépassé par Unidos Podemos, l’alliance conclue entre Podemos, Izquierda Unida (IU, Gauche Unie) et les confluences régionales en Catalogne, en Galice et en Communauté valencienne. L’abstention qui a augmenté de 3,7 % a surtout impacté le score d’Unidos Podemos. Malgré le recul d’un million de voix pour Unidos Podemos obtenant 21,1 % et de 400.000 voix pour Ciudadanos avec 13 %, la classe dominante ne peut toutefois pas rétablir son système bipartite et résorber profondément l’instabilité politique.

    Podemos juge les résultats peu satisfaisants, même si la gauche conserve ses 71 députés. Une certaine déception est compréhensible surtout au vu des sondages qui, dès l’annonce d’une alliance entre Podemos et IU, les avaient immédiatement propulsés devant le PSOE, à une position de combat face au PP. En proie à la panique, tout l’establishment a mené une campagne d’intimidation contre Unidos Podemos et le ‘‘spectre du communisme’’. Le résultat reste néanmoins très important et illustre le grand potentiel à gauche. Le soir des élections, Pablo Iglésias – le leader de Podemos – a estimé correcte l’alliance avec IU et Alberto Garzon – le nouveau leader d’IU – et a appelé à continuer cette confluence de gauche.

    Développer Unidos Podemos comme nouvelle social-démocratie ou défendre un programme de rupture anticapitaliste ?

    La construction d’une confluence de gauche dans toute l’Espagne est une avancée rendue possible par la progression du soutien à cette idée parmi la base de Podemos et d’IU, ainsi que par le poids moins prépondérant de Podemos vis-à-vis d’IU dans les sondages.

    Le processus de “modération” de Podemos s’est traduit, durant la période de tentative de formation d’un gouvernement avant l’annonce des nouvelles élections, par des concessions visant à conclure un accord de coalition avec le PSOE en prétendant faire ainsi barrage à la droite. Cela a même provoqué une courte crise du fait qu’une aile de la direction était favorable à accord avec le PSOE et Ciudadanos. Le PSOE, comme l’a confirmé son accord avec Ciudadanos, n’est pas prêt à en finir avec l’austérité. C’est inhérent à la bourgeoisification des partis sociaux-démocrates.

    Pablo Iglésias, lors de la campagne, a présenté Podemos comme “la nouvelle social-démocratie” en proposant au PSOE une “quatrième voie” basée sur des investissements publics financés par de nouvelles tranches d’imposition sur les plus hauts revenus et en étalant un peu la réalisation des objectifs budgétaires de façon négociée avec l’Union européenne. Cette même approche a conduit Syriza à appliquer l’austérité en Grèce. Toute une couche d’activistes craint la perspective d’un Tsipras espagnol.

    Alberto Garzon (IU) a, quant à lui, fait pencher la balance à gauche dans la rhétorique et le programme d’IU et a mieux tiré les leçons de la capitulation de Syriza. Il juge l’UE irréformable et est “prêt à assumer les conséquences d’une politique économique souveraine en faveur de la majorité, telle que l’expulsion de notre pays de l’UE” tout en défendant des mesures socialistes dans son programme comme la nationalisation de secteurs stratégiques de l’économie. IU peut jouer un rôle important à condition de maintenir ses critiques de gauche envers la direction de Podemos.

    Une dynamique de comités de campagne s’est mise en place, comme durant les élections locales. Ce développement peut varier de ville en ville, mais il est important. Notre section-sœur en Espagne, Socialismo Révolucionario, a activement participé à la campagne tout en défendant des mesures socialistes (investissements publics massifs, refus du paiement de la dette publique, droit à l’autodétermination des peuples, nationalisation des banques et des secteurs stratégiques de l’économie, etc.).

    Si Unidos Podemos peut être développé au point de constituer une véritable confluence de gauche à la base, avec des comités ouverts à tous ceux qui veulent résister à l’austérité et réunissant militants de gauche, syndicalistes combatifs et activistes des nouveaux mouvements sociaux, la dynamique pourrait aller bien au-delà des urnes pour construire la lutte dans la rue et dans les entreprises afin d’en finir avec l’austérité et de créer les conditions pour un futur gouvernement des travailleurs.

    [divider]

    [Soirée-Débat] Unidos Podemos : Vers un gouvernement de gauche en Espagne ?

    Mercredi 29 juin à partir de 19h au Pianofabriek, 35 rue du Fort, Saint Gilles (Bruxelles).

    Avec pour oratrices :

    • Beatriz de la Cruz (militante d’Izquierda Unida – Bélgica)
    • Marisa Cabal (militante du PSL-Bruxelles et collaboratrice de Socialismo Revolucionario).

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  • Grande Bretagne. Après le référendum, dégageons les Tories!

    toriesoutDe nouvelles élections maintenant ! Luttons pour une grève générale de 24 heures !

    « Le référendum pourrait très bien rentrer dans l’Histoire comme un point tournant », a déclaré le journal Financial Times, se faisant l’écho de la colère et du désespoir de l’élite britannique suite à la décision de la majorité des électeurs en Grande-Bretagne de quitter l’Union Européenne. Pour la classe capitaliste britannique et à travers l’UE toute entière, il s’agit d’un coup majeur, décrit par le Financial Times comme « le plus gros recul de l’histoire de l’UE ».

    Par Hannah Sell, Socialist Party, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre & au Pays de Galles

    Pour le capitalisme britannique en particulier, c’est une terrible défaite. Elle pourrait mener à la scission du Royaume-Uni s’il y avait un nouveau vote sur l’indépendance de l’Écosse, et conduire à l’effondrement du parti conservateur, le Tory Party, qui compta parmi les partis capitalistes les plus prospères de la planète.

    Il est également possible que le parti travailliste, le Labour Party, scissionne à la suite des événements du 23 juin, alors que la droite du parti, pro-business, complote pour faire tomber Jeremy Corbyn [l’actuel secrétaire du Labour, NdT]. Le champ politique est en pleine tempête.

    Beaucoup des 17 millions de personnes qui ont voté pour sortir de l’UE, cependant, se seront réveillés avec un sentiment d’euphorie car ils ont pu exprimer leur rage face à tout ce qu’ils ont eu à endurer à cause du big business qui a voulu faire payer à la classe ouvrière la crise économique de ces dernières années : salaires faibles, contrats zéro heure, coupes dans les aides sociales, manque de logement à prix abordables, et des services publics qui subissent coupe après coupe.

    De plus, ce faisant, ils ont forcé Cameron – le tant détesté Premier ministre – à annoncer sa démission.

    Ce n’est pas seulement en Grande-Bretagne mais aussi à travers l’Europe que de nombreux travailleurs ont pu être inspirés par ce vote contre l’UE des patrons. Il n’y a aucun doute sur le fait que de nombreux travailleurs en Grèce, dont les conditions de vie ont été dévastées entre mains des institutions de l’UE, se seront réjouis du résultat du référendum.

    En réponse au résultat du référendum, les marchés financiers sont dans la tourmente, avec la livre sterling plongeant à son niveau le plus bas depuis trente ans. C’est en partie à cause du fait que les financiers, les « maîtres de l’univers », avaient arrogamment calculé que ce seraient leurs propres choix qui l’emporteraient, et ils n’étaient pas prêts à cette victoire du Brexit.

    Les fluctuations des marchés financiers ne se refléteront pas nécessairement immédiatement dans une nouvelle crise dans l’économie « réelle », ni en Bretagne ni à l’échelle mondiale. Cependant, le débat autour du référendum a été utilisé par le chancelier Osborne pour détourner l’attention des signes d’une nouvelle étape de la crise économique, à la fois pour le Royaume-Uni et le capitalisme mondial, nouvelle étape qui se développe indépendamment du Brexit, et qui peut s’ajouter aux ondes de choc causées par le résultat du référendum.

    Le « Projet Peur »

    Pendant le référendum, le « projet peur » [une campagne médiatique anti-Brexit, NdT] a atteint des proportions gigantesques. La catastrophe économique, la troisième guerre mondiale et la peur de la montée du racisme et de l’intolérance ont toutes été utilisées pour essayer d’intimider les électeurs et soutenir le camp du « Remain », « rester ». Des peurs légitimes autour de ces questions ont été des facteurs majeurs et expliquent pourquoi 48% des gens ont finalement décidé de voter pour « Remain ». En particulier, il semble qu’une majorité de jeunes a voté « Remain » partiellement à cause de leur peur que le racisme augmenterait s’il y avait un vote pour le Brexit.

    Néanmoins, c’est incroyable le nombre de gens qui ont voté pour le « Leave », « Partir », et qui se sont servis du référendum comme d’une opportunité pour s’opposer à l’UE non démocratique et lointaine et pour protester, ignorant les menaces des dirigeants de tous les partis de l’establishment britanniques, et de tous les dirigeants mondiaux, de Merkel à Obama.

    De manière incroyablement cynique, même le terrible meurtre de la députée Labour et militante de la campagne « Remain », Jo Cox, a été utilisé pour essayer d’augmenter le nombre de voix pour le « Remain ».

    Sans aucun doute, l’atmosphère dangereuse exacerbée par les politiciens de droite pendant les débats autour du référendum ont augmenté le danger d’attaques racistes et d’extrême droite. Mais ce n’était pas que le racisme du côté du « Leave » officiel, mais aussi les attaques constantes de Cameron contre les migrants, avec la droite du Labour qui a même demandé qu’il aille encore plus loin dans les derniers jours de la campagne ! Indépendamment de l’issue du référendum, il aurait été tout autant nécessaire pour le mouvement ouvrier d’adopter une position claire pour l’unité, contre le racisme et en défense des droits des travailleurs migrants en Grande Bretagne.

    De même, il est complètement faux de suggérer que le vote pour le Brexit avait – dans l’ensemble – un caractère droitier ou raciste. Bien sûr, certains de ceux qui ont voté pour le Brexit l’auront fait pour des motivations racistes ou nationalistes, mais le caractère fondamental du vote pour le Brexit était un vote de révolte de la classe ouvrière.

    En particulier avec un référendum, ou les électeurs font face à un choix binaire de « Oui » ou « Non », il y a forcément des motivations différentes parmi les votants, de part et d’autre. Mais dans les faits, aucun mouvement de la classe ouvrière n’est 100% pur, complètement vierge d’éléments réactionnaires ou de courants sous-jacents. C’est la tâche des socialistes révolutionnaires de voir ce qui prime – dans ce cas, un soulèvement électoral largement ouvrier contre l’establishment.

    En général, il y a eu une corrélation entre le niveau de pauvreté dans un endroit et à quel point les habitants y ont voté pour le Brexit. L’Écosse et l’Irlande du Nord, où le référendum était vu différemment, étaient des exceptions. Pourtant, en Angleterre et au Pays de Galles, ce n’étaient pas que les zones plus ouvrières et blanches mais aussi les zones ouvrières plus diversifiées ethniquement qui ont voté pour le Brexit.

    Une majorité à Bradford, avec une forte population asiatique, a par exemple voté pour le Brexit. Même si à Londres – avec une population plus jeune et relativement plus riche – une majorité a voté pour le « Remain », le nombre de gens ayant voté pour le Brexit était plus élevé dans les quartiers plus pauvres. À Barking et Dagenham, où moins de la moitié de la population s’identifie comme britannique blanche, 62% des gens ont voté pour le Brexit. Non loin, à Newham, un des endroits les plus pauvres et les plus diversifiés ethniquement du pays, 47% ont voté pour le Brexit.

    Alors que l’ampleur de l’immigration est devenue un sujet central de la campagne sur le referendum pour la majorité il ne s’agissait pas en général de s’opposer à ce que des gens d’autres pays viennent en Grande Bretagne. Non, c’était plutôt à partir de l’expérience de patrons utilisant tous les moyens possibles – dont l’emploi de travailleurs d’autres pays – pour baisser les salaires, plus la colère contre les immenses coupes budgétaires qui ont eu lieu dans les services publics et la peur de ne pas pouvoir faire face à une augmentation de la population.

    Le fait que même Farage [le leader du parti de droite populiste Ukip, NdT] ait dû dire qu’il n’était pas pour que les migrants de l’UE perdent leur droit à rester dans le pays est un reflet de cela, même si bien sûr le mouvement ouvrier doit se battre pour s’assurer que cela soit bien le cas.

    Ceci doit être lié à la lutte pour un salaire minimum de 10 £ de l’heure pour tous les travailleurs, et l’opposition aux coupes dans les services publics comme seul moyen de défendre le droit de tous les travailleurs, indépendamment de leur pays d’origine.

    Une colère qui s’exprime

    Le soulèvement électoral qui a eu lieu avait été prévu par le Socialist Party. Comme nous l’avons expliqué dans le document voté à notre Conférence nationale de mars : « Comme le vote sur l’indépendance de l’Écosse de 2014, il est possible que le référendum sur l’UE puisse devenir un moyen grâce auquel beaucoup de travailleurs expriment leur rage contre une austérité sans fin. Nous devons poser le référendum dans ces termes, en expliquant que le vote “Leave” pourrait mener à la possibilité de dégager les Tories. ».

    À présent que le référendum est terminé, cela a été faiblement reconnu par Momentum, l’organisation initialement montée pour soutenir Jeremy Corbyn, quand ils ont déclaré : « Des millions semblent avoir choisi le vote “Leave” pour voter contre la mondialisation débridée qui a vu les conditions de vie stagner ou chuter alors que le coût de la vie a augmenté. » Malheureusement, ils ne l’ont reconnu qu’aujourd’hui, le jour du résultat, alors qu’ils ont passé la durée du référendum à faire campagne pour le « Remain » !

    En fait, la révolte a eu lieu malgré la faillite complète de la majorité des dirigeants des syndicats et malheureusement de Jeremy Corbyn aussi à mettre en avant une position indépendante de classe en dirigeant une campagne socialiste et internationaliste pour le Brexit, de manière complètement indépendante et en opposition aux « Little Englanders » de Ukip & Co.

    C’est ce qu’a fait le Socialist Party : expliquer que nous sommes contre l’UE des patrons, qui agit dans l’intérêt des 1%, mais que nous sommes en faveur de la solidarité entre les travailleurs à travers le continent et que nous défendons une confédération socialiste volontaire d’Europe.

    En lieu et place de cela, Frances O’Grady, secrétaire générale de la confédération syndicale TUC, est apparue aux côtés du dirigeant des Tories en Écosse, Ruth Davidson, sans prononcer une seule critique contre le gouvernement Tory.

    Jeremy Corbyn et John McDonnell [un membre de la direction parlementaire du Labour] ont, eux, correctement refusé d’apparaître aux côtés de politiciens conservateurs, mais ont néanmoins été impitoyablement utilisés par David Cameron pour essayer de gagner une majorité pour le « Remain » et sauver sa peau.

    Dans le journal The Observer (12 juin 2016), David Cameron a impudemment déclaré qu’il ne pouvait pas être « accusé de mener un coup monté de l’establishment » parce qu’il « disait d’écouter Jeremy Corbyn et les Verts ».

    La situation politique aurait été transformée si Jeremy Corbyn était resté sur sa position historique de s’opposer à l’Union Européenne car, comme il le disait à l’époque du Traité de Maastricht : « Il retire aux Parlements nationaux le pouvoir de définir sa politique économique et abandonne celui-ci à un groupe non élu de banquiers. »

    Une campagne qui aurait expliqué comment la nationalisation des chemins de fer ou de l’industrie métallurgique est illégale sous législation européenne, et en solidarité avec les travailleurs en Grèce, en Irlande et dans le reste de l’UE, aurait augmenté la majorité pour le Brexit et forcé non seulement Cameron à démissionner, mais aussi de nouvelles élections générales, avec la possibilité de l’arrivée au pouvoir d’ un gouvernement Labour dirigé par Jeremy Corbyn.

    L’absence complète d’une voix des travailleurs à une échelle de masse dans le référendum a laissé le champ libre à Nigel Farage, l’ex-Tory, l’ex courtier en valeur, pour se poser comme la voix des « petites gens ». En réalité bien sûr, les idées nationalistes et réactionnaires de Ukip n’offrent pas de solution aux travailleurs.

    Toutefois, malgré les graves erreurs faites par la majorité des dirigeants du mouvement ouvrier dans la campagne sur le référendum, ce n’est pas automatique que l’Ukip et leurs semblables en soient les gagnants.

    Un appel, dès à présent, pour des élections générales immédiates pourraient toujours voir l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement Labour avec Corbyn à sa tête, surtout si un programme anti-austérité est mis en avant.

    Par ailleurs, le mouvement syndical doit passer à l’offensive contre ce gouvernement Tory faible et divisé, et lutter pour qu’une grève générale de 24 heures soit appelée contre toute nouvelle menace austéritaire dans le sillage du Brexit.

    Le vote à 91% en faveur de la grève par le syndicat enseignant le NUT donne une indication du climat qui se développait même avant le référendum. Tout comme les votes, passés par les membres des exécutifs locaux des syndicats Unite et Unison, la conférence du syndicat GMB et la branche galloise de la TUC, pour exiger que les conseils municipaux ne votent pas de budgets de coupes.

    Toutefois, ces résolutions doivent être transformées en action. La conférence du National Shop Stewards Network [NSSN, Réseau National des Délégués Syndicaux] qui aura lieu le 2 juillet prochain, sera une importante opportunité pour les syndicalistes de base de se réunir et de discuter de comment construire un tel mouvement.

    Bien sûr, pour le big business en Grande Bretagne, un gouvernement Labour dirigé par Corbyn est un cauchemar qu’ils feront tout pour éviter, tant ils craignent les espoirs qu’un tel gouvernement créerait parmi les travailleurs qui ont souffert année après année d’austérité.

    Ainsi, la classe capitaliste et leurs loyaux représentants au sein du Labour sont, comme nous avions averti, déjà en train d’essayer de rejeter la responsabilité du vote en faveur du Brexit sur les épaules de Jeremy Corbyn et ainsi essayer d’utiliser cela comme une excuse pour manœuvrer contre lui.

    À l’heure où nous écrivons, deux députées de la droite dure du Labour, Margaret Hodge et Anne Coffey, ont présenté au groupe parlementaire Labour une motion de défiance contre Jeremy Corbyn.

    L’élection de Jeremy Corbyn comme dirigeant du Labour était l’expression du climat anti-austérité qui grandissait dans la société. Malgré qu’il ait pu trouver, de manière inattendue, une expression dans la bataille pour la direction du Labour, il s’agissait essentiellement d’un mouvement depuis l’extérieur du Labour, surtout de jeunes et de « vieux revenants » Labour qui recherchaient quelque chose de différent comparé à la suite de dirigeants de partis – Tory comme New Labour – qui ont agi dans les intérêts du 1%.

    Malheureusement cependant, depuis le début, Jeremy Corbyn a été entouré d’une machine blairiste (en référence à Tony Blair, le dirigeant travailliste qui a supervisé le virage à droite du parti dans les années ’90) déterminée à le discréditer puis le faire tomber.

    Les derniers mois ont montré, comme nous avions averti, qu’aucun compromis avec ces représentants de l’establishment capitaliste n’est possible. Au contraire, tout nouveau recul de la part de la direction du Labour conduirait inévitablement à un reflux du soutien envers Corbyn parmi ceux qui sont enthousiasmés par son attitude.

    Les bravades de la droite devraient être confrontées implacablement et avec détermination. Jeremy Corbyn a correctement dit que d’aucuns avaient voté pour le Brexit pour protester contre l’austérité.

    Combattons l’austérité

    Il devrait à présent lancer la bataille contre l’austérité, avec comme point de départ le programme qu’il avait quand il se présentait pour la direction du Labour. Cela devrait comprendre une position claire contre l’austérité, d’où qu’elle vienne : Bruxelles, Westminster ou les conseils locaux. Une telle position – y compris un salaire minimum de 10£/heure et la construction massive de logements – pourrait enthousiasmer non seulement ceux qui l’ont élu à la tête du Labour, mais également de plus en plus de travailleurs, peu importe ce qu’ils ont voté dans le référendum.

    La classe capitaliste est face à une crise : ils trépignent pour essayer de trouver un moyen de trouver des parties fiables pour agir en leurs intérêts. Il ne leur sera pas aisé d’éviter une élection générale. Il est même possible à présent que les divisions à la fois dans le Labour et chez les Tories, qui ne tiennent debout en réalité que grâce au système électoral, amène à un réalignement de la politique britannique. Une scission des Tories et du Labour pourrait mener à un nouvel alignement de l’aile pro-capitaliste du Labour Party et des Tories pro-UE.

    Ce n’est pas pour rien que Janan Ganesh a écrit dans le Financial Times (14 juin 2016) : « Les modérés Tory et Labour qui commencent à se mélanger dans les bureaux de “Remain” vont plutôt bien ensemble. » Il est même possible que la classe capitaliste puisse promouvoir un changement du système électoral vers une représentation proportionnelle pour essayer de mettre une telle coalition au pouvoir.

    Mais alors que la classe capitaliste est en plein chaos, il est urgent que la classe ouvrière trouve sa propre voix politique. Le résultat du référendum montre le potentiel énorme pour une riposte de masse contre l’austérité en Grande Bretagne. La tâche est de créer un parti politique de masse capable de diriger une telle riposte, politiquement armée de politique réellement socialistes.

  • Elections en Espagne. Pour la fin de l’austérité et une alternative des travailleurs !

    unidos-podemos-logoEn raison du blocage dans la formation d’un gouvernement depuis les élections de décembre, de nouvelles élections doivent se tenir fin juin. Cette fois-ci, il a finalement été possible de conclure une coalition entre Podemos, Izquierda Unida (Gauche Unie) et les confluences de gauche régionales. Nous avons eu l’occasion d’en discuter avec Ángel Morano, membre de Socialismo Revolucionario (parti frère du PSL dans l’État espagnol) à Barcelone.

    Propos recueillis par Marisa

    Quelles ont été les réactions parmi la base des militants et activistes de gauche ainsi que parmi la classe ouvrière en général ?

    Les élections du 20 décembre ont été positives pour tous ceux qui se sont battus dans les rues des années durant et pour tous ceux qui espéraient un changement après des années de gouvernement du PP (Parti Populaire, droite). Podemos, les conf luences de gauche et Izquierda Unida (IU) avaient recueilli plus de 6 millions de votes. Malgré ces bons résultats, l’impasse dans la formation du gouvernement et le sentiment généralisé que rien ne changerait avec de nouvelles élections a plongé la majorité de la population dans l’apathie et la résignation. C’est ce qu’ont confirmé tous les sondages publiés avant l’annonce de la coalition de gauche.
    Cet accord a donné naissance à Unidos Podemos (coalit ion entre Podemos et IU). De nombreuses incertitudes subsistent encore, mais cela a radicalement changé la situation. Les personnes plus politisées ont montré leur enthousiasme et les sondages illustrent déjà une certaine augmentation des intentions de vote. Des comités de campagne se sont vite mis sur pied dans tout le pays et le sentiment qu’il s’agit d’un moment historique pour la gauche est clairement présent.
    Comment se fait-il que ce ne soit que maintenant que Podemos et IU entrent en coalition ? Quel a été le processus qui y a conduit ?
    Souvent, les responsables politiques essayent d’adapter la réalité à leur manière de voir les choses. Mais tôt ou tard, ils doivent faire face à cette réalité. C’est un peu ça qui s’est produit avec le thème de la confluence. L’idée que la confluence était vraiment nécessaire a grandi parallèlement parmi la base des deux formations et cela a fini par peser.
    Si cette influence de la base ne peut être niée, le processus a toutefois été mené par les directions, la base des deux organisations n’ayant été consultée que par la suite. Tout est encore à construire. L’attitude qu’adoptera cette base militante pendant la campagne est cruciale pour obtenir le succès. Si les militants se limitent à suivre les consignes de la direction, ils ne feront que coller des affiches. Mais si, au contraire, la base est capable d’organiser la campagne avec ses propres consignes et par une forte mobilisation, l’impact pourra devenir très grand. Socialismo Revolucionario défend depuis déjà longtemps la constitution d’une telle confluence de gauche.
    Comment allez-vous maintenant vous impliquer dans la campagne ?
    SR a accueilli très favorablement cette candidature. Son existence même est un facteur positif qui encourage la combativité dans la lutte des classes. Différents secteurs de la gauche se voient forcés d’œuvrer ensemble et de naturellement confronter leurs idées. SR veut participer à ce processus, il s’agit d’une de ces situations où la conscience de la classe ouvrière peut nettement augmenter.
    Penses-tu qu’Unidos Podemos pourrait dépasser le PSOE (équivalent espagnol du PS) ?
    Cette candidature unique de gauche radicale est clairement en mesure de dépasser le PSOE pour devenir la principale force de gauche. Il n’est même pas exclu que son résultat soit proche de celui du PP. Aux dernières élections, là où des confluences de gauche régionales avaient été constituées, ces dernières avaient reçu un très bon accueil.
    Pendant les négociations pour la formation du gouvernement, la direction de Podemos avait proposé au PSOE d’entrer ensemble en coalition. Ce dernier avait préféré discuter avec Ciudadanos (des populistes de droite) ce qui impliquait de poursuivre la mise en œuvre de l’austérité.
    Quel doit être l’attitude des forces de gauche envers la social-démocratie ? Un gouvernement anti-austérité est-il possible avec le PSOE ?
    Au vu des campagnes précédentes, il est fort probable que le discours de la direction d’Unidos Podemos se concentrera sur l’idée abstraite d’un changement politique sans beaucoup plus de précisions, en utilisant comme message clé l’unité contre le PP. Cela ira probablement jusqu’à proposer au PSOE de former un gouvernement de coalition.
    Nous estimons qu’il s’agirait d’une erreur. De taille. La lutte pour une véritable démocratie et la fin de l’austérité ne peut être couronnée de victoire qu’avec un véritable programme de rupture anticapitaliste autour de mesures socialistes telles que la nationalisation des banques et des secteurs stratégiques de l’économie, le refus du paiement de la dette publique, des investissements publics massifs ou encore le droit à l’autodétermination des peuples.
    Tout cela est totalement incompatible avec l’idée de former un gouvernement de coalition avec un parti pro-austérité comme le PSOE. Ce dernier est prêt à légèrement atténuer l’austérité, mais il n’ira jamais jusqu’à la racine fondamentale du problème : l’incapacité du capitalisme à offrir une vie décente à la grande majorité des travailleurs et de leurs familles de l’État espagnol. Le PSOE est fermement lié à l’establishment capitaliste espagnol. En tant que représentant de cet establishment, il ne se démarquera pas de la ligne officielle du capitalisme mondial. Un accord de gouvernement entre Unidos Podemos et le PSOE ne consolidera pas un virage à gauche du PSOE, il signifiera la capitulation d’Unidos Podemos face à la droite.
    Nous ne pouvons laisser aucune marge à l’illusion qu’un changement politique réel peut être obtenu sans être accompagné de la construction d’une puissante relation de force à partir de la mobilisation sociale. Parallèlement, pour faire avancer le mouvement des travailleurs, un gouvernement de gauche doit être muni d’un programme de rupture capable de porter ses revendications jusqu’au bout.

    [divider]

    [Soirée-Débat] Unidos Podemos : Vers un gouvernement de gauche en Espagne ?

    Mercredi 29 juin à partir de 19h au Pianofabriek, 35 rue du Fort, Saint Gilles (Bruxelles).

    Avec pour oratrices :

    • Beatriz de la Cruz (militante d’Izquierda Unida – Bélgica)
    • Marisa Cabal (militante du PSL-Bruxelles et collaboratrice de Socialismo Revolucionario).

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