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France : la lutte contre la casse du Code du travail continue !
Dès sa sortie, le projet de loi ‘‘El Khomri’’ visant à réviser le Code du travail a massivement fédéré contre lui les jeunes et les travailleurs. Et la colère n’est pas prête de diminuer au vu de la détermination exprimée lors des mobilisations pour faire plier le gouvernement Valls-Hollande et lui faire retirer cette loi maudite.
Par Baptiste (Hainaut), article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste
Pour rappel, ce projet de loi vise à casser toute une série de protections sociales au travail acquises par le mouvement ouvrier au cours de décennies de luttes : facilitation des licenciements, flexibilisation accrue du temps de travail et des horaires de travail d’une semaine à l’autre, diminution des plages de repos minimales entre journées de travail, diminution du taux de majoration des heures supplémentaires, possibilité pour les patrons de négocier des baisses de salaire et des augmentations du temps de travail au sein de leur entreprise, etc.
Soi-disant, ces mesures permettraient de diminuer le taux de chômage. Après la fable de Sarkozy ‘‘travailler plus pour gagner plus’’, le gouvernement PS nous a inventé un grotesque ‘‘licencier plus pour embaucher plus’’. Comme si une précarisation accrue des conditions de travail allait améliorer le taux d’emploi… La réalité est que ce gouvernement veut utiliser le chômage massif comme moyen de pression pour généraliser une dégradation des contrats et conventions. La conséquence ne peut être qu’une augmentation des symptômes de la surexploitation (maladies, burnout, accidents…) et un appauvrissement généralisé.
Le patronat, son gouvernement et ses larbins médiatiques s’offusquent de ce rejet massif mettant en avant que cette réforme serait une nécessité économique pour la France, sous peine d’être pénalisé dans la course internationale à la compétitivité. Le ‘‘modèle allemand’’ est à nouveau mis en avant pour vanter les mérites d’une telle ‘‘réforme du marché du travail’’ (comprendre : liquidation des droits des travailleurs). La réalité est qu’en Allemagne une couche de plus en plus grande de travailleurs pauvres s’est développée : on estime que 12,5 millions de personnes se retrouvent sous le seuil de pauvreté ! Est-ce un modèle de progrès économique à généraliser ? La seule nécessité économique à laquelle répond cette réforme, c’est celle des capitalistes, patrons, actionnaires, et spéculateurs de la finance. La volonté de ce 1% de nantis est d’accroitre leur taux de profit malgré la crise de leur système, et ils veulent le faire en nous vidant les poches !
Ce mouvement de masse doit aboutir à la construction d’une grève générale
Chaque avancée du patronat constitue un dangereux précédent. La France instrumentalise la situation de l’Allemagne. Et à présent, le gouvernement Michel en Belgique tente à son tour de rentrer dans la danse avec le projet des 45 h/semaine. Cette spirale infernale doit être brisée une bonne fois pour toutes ! À notre tour de créer des précédents : faisons tomber ces projets pour inspirer les travailleurs des pays voisins.
Les mobilisations du 17 et 31 mars ainsi que du 9 avril furent conséquentes. Après avoir eu 450.000 personnes dans la rue le 9 mars, ce sont plus d’un million de personnes qui se sont mobilisées le 31 mars. L’ampleur du mouvement s’explique par un ras-le-bol généralisé vis-à-vis de la dégradation sociale continue, mais aussi vis-à-vis de tous les autres sujets de la vie quotidienne : l’instrumentalisation sécuritaire du terrorisme par le gouvernement et la droite, la xénophobie disséminée partout pour étouffer la crise de l’asile et la faillite des politiques de guerre, la destruction de l’environnement sur l’autel du profit des grands groupes énergétiques,… C’est une contestation d’ensemble de la société qui se manifeste, le refus des nouvelles générations d’être sacrifiées et la volonté de se battre pour avoir droit à un avenir décent.
Le gouvernement a été surpris par ce réveil des masses. La répression et la criminalisation du mouvement social sont à la hauteur de leur peur qu’une contre-offensive s’organise. À la suite des mobilisations, certaines concessions ont été faites sur le projet de loi. Mais celles-ci sont très maigres et ne sont pour l’essentiel que des amendements sur la formulation de certaines mesures ou des complications tordues comme la surtaxation des CDD. Pour l’essentiel, le gouvernement maintient sa détermination à appliquer ce projet néolibéral.
Si le gouvernement fait preuve de détermination, ça n’est pas moins le cas des jeunes et des travailleurs. Le potentiel est encore présent pour engager une lutte sur la durée ; il faut maintenant concrétiser ce potentiel. Les mobilisations actuelles sont les premiers avertissements. L’étape suivante est la grève générale, durant laquelle les masses démontrent encore plus leur force en bloquant l’ensemble de l’économie. Un tel rapport de force doit être minutieusement préparé, à travers l’organisation d’assemblées générales dans les écoles et les entreprises, l’organisation de comités de mobilisation,… C’est de cette manière qu’on pourra obtenir une victoire !
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Nuit Debout : le ras-le-bol des politiques néolibérales des partis traditionnels s’exprime à nouveau
“‘Les gouvernements changent, la politique reste la même’’. Au plus les années passent, au plus ce sentiment est partagé par des couches de plus en plus nombreuses de jeunes et de travailleurs.
Et pour cause : depuis 30 ans, le néolibéralisme est le fil conducteur du programme de tous les partis traditionnels. Il n’y a plus aucun autre projet de société. Il n’y a plus aucune place pour la défense de nos intérêts. Plus aucune place pour des services publics… François Hollande présentait pourtant sa présidence comme un renouveau après les années Sarkozy. Au bout du compte, plus personne n’est dupe : ils défendent les mêmes intérêts, ceux de la classe capitaliste. Nous sommes dans une situation où les 99% de la population n’ont plus de représentation politique !
Ce n’est pas un hasard si des mouvements citoyens d’occupation de places publiques prennent place à travers le monde depuis quelques années, avec en particulier les Indignados en Espagne et le mouvement Occupy aux USA. À présent, Nuit Debout se développe en France et fait tache d’huile en Belgique. La lutte contre la loi El Khomri a véritablement fait précipiter tout ce qu’il y avait dans l’air depuis longtemps. Et des milliers de jeunes sont à la recherche d’une alternative à ce système et à sa logique destructrice. Dans ce sens, ces mouvements sont des évènements politiques. Mais paradoxalement, du fait du rejet des partis traditionnels, une attitude ‘‘anti-politique’’ et ‘‘anti-parti’’ est souvent émise. Pourtant, le défi des nouvelles générations est bien celui de s’organiser politiquement pour faire valoir ses droits et à aboutir à une transformation de la société.
En Espagne et aux USA, les phénomènes Indignados et Occupy présentaient les mêmes contradictions et ont fini par aboutir à une transformation du paysage politique avec l’émergence de Podemos et avec la candidature de Bernie Sanders aux primaires du Parti démocrate. Dans chacun des cas, c’est l’ambition de briser la mainmise de l’establishment capitaliste sur la vie politique qui a généré un enthousiasme et un soutien massif. Dans ces deux cas, beaucoup de défis restent présents pour obtenir de réelles victoires politiques capables d’aboutir à des changements sociaux. Mais c’est déjà l’illustration qu’un nouveau parti qui défendrait les 99% de la population est non seulement une nécessité absolue, mais qu’en plus il bénéficierait d’un enthousiasme incroyable parmi les masses.
Nous devons arriver à concrétiser ces mouvements sociaux en une alternative politique, porteuse d’un autre projet de société, où les ressources et les richesses sont produites en fonction des besoins et non des profits.