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L’allocation universelle: avancée sociale ou entourloupe?

Le débat sur le revenu de base – ou allocation universelle – a repris vigueur ces derniers mois. L’idée directrice de cette proposition est de permettre à chaque personne de bénéficier d’un revenu fixe, indépendamment de sa situation sociale ou familiale. Où est le piège ?
Par Clément (Liège), article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste
En France, le candidat à la présidentielle Benoit Hamon (PS) en a fait un de ses principaux axes de campagne. En Belgique, c’est Philippe Defeyt (écolo) qui a récemment avancé des propositions concrètes pour ce modèle(1). Dans leur grande majorité, les partisans du revenu de base envisagent celui-ci dans un but de progrès social. Il s’agirait de permettre à chacun de mener une vie décente, de changer le rapport au travail, de mettre un terme à la stigmatisation des travailleurs sans emplois, etc.
Cependant, l’idée d’un revenu de base dispose également d’un soutien parmi les représentants les plus dévoués de la classe capitaliste, dont le multimillionnaire Roland Duchâtelet (Open VLD) et Georges-Louis Bouchez (MR). Selon eux, cela permettrait avant tout de comprimer les salaires qui viendraient ‘‘compléter’’ le revenu de base, généralisant ainsi des emplois subventionnés par la collectivité. Le secteur de l’intérim et des petits boulots hyper-flexibles et précaires (du type Uber & cie) en sortirait grandement renforcé. Cerise sur le gâteau, ce serait aussi un bon moyen de démanteler la sécurité sociale (allocations de chômage et familiales, couverture des soins,…) sous prétexte de financement. C’est en substance la proposition de Georges-Louis Bouchez.
Pour mener à une réelle amélioration, un revenu de base devrait être d’un montant élevé et être financé sans entrainer d’augmentation du cout de la vie (dans les soins de santé, les transports en commun,…) qui entraverait son effet. En France, Benoit Hamon tente de se parer d’une image de gauche, il articule sa campagne présidentielle autour d’un revenu de base de 750e additionnel au chômage et au salaire. S’il est assez précis sur les retombées positives de cette mesure, la question de son financement reste floue et celle de sa mise en œuvre régulièrement rectifiée. Hamon joue à l’équilibriste en essayant de trouver une solution à la progressiste et acceptable pour la classe capitaliste. Une telle solution n’existe pas : la classe dominante a déjà clarifié qu’elle ne concéderait volontairement aucun de ses privilèges. De l’étouffement de la Grèce de Tsipras au sabotage de la campagne de Bernie Sanders aux USA, toutes les expériences récentes vont dans ce sens.
Pour une augmentation du salaire minimum et des allocations sociales !
La popularité du revenu de base est une illustration de la recherche d’alternatives dans un contexte de paupérisation généralisée. Histoire d’être certains que la sécurité sociale soit protégée, pourquoi ne pas défendre plutôt l’instauration d’une allocation de chômage inconditionnelle de 1.200 euros par mois et l’élévation du salaire minimum à 15 euros de l’heure ? Cela exercerait parallèlement une pression à la hausse sur les salaires et conditions de travail de chacun. Bien entendu, cela exigera de se battre pour aller chercher les moyens là où ils le sont, dans les poches des grands actionnaires.
(1) Voir sur notre site web : ‘‘L’allocation universelle en débat : Philippe Defeyt propose un ‘fine tuning’ social’’