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Category: Contre le racisme
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Cordon sanitaire rompu à Ranst: le Vlaams Belang au secours de la vieille culture politique
À Ranst (province d’Anvers), la vieille culture politique a repris la main après avoir été sanctionnée pour conflit d’intérêts en 2018. Pour continuer à dérouler le tapis rouge aux promoteurs immobiliers, les forces politiques sanctionnées n’ont pas hésité à ouvrir la porte au Vlaams Belang. Selon le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, mettre en difficulté les arrivistes et opportunistes accrochés au pouvoir serait la raison d’être de sa carrière politique. Anti-établissement ? Anti-corruption ? Ce sont des slogans bons pour les élections, rien de plus. Une fois les élections passées et sans imposer la moindre condition, le VB se retrouve à visage découvert face à l’establishment précédemment soupçonné de corruption.
Article extrait de blokbuster.be
La politique de clocher
En 2018, la coalition Open VLD / CD&V avait été rejetée par les électeurs de Ranst. Des rumeurs persistantes de conflits d’intérêts avaient tué l’ancienne administration. L’ancien bourgmestre Lode Hofmans, par ailleurs homme d’affaires actif dans l’immobilier et les assurances, a pris ses distances avec son parti, l’Open VLD, en 2019 en raison des nombreuses accusations.
C’est son opposition à l’ancienne administration qui a valu à la N-VA de remporter les élections de 2018. Le parti avait notamment souligné qu’au cours de la législature 2012 / 2018, l’échevin Vermeesch (Open VLD) a dû quitter 192 des 223 sessions du conseil communal en raison d’un conflit d’intérêts ! Le bourgmestre Hofmans avait dû faire de même pour 52 séances.
Ces liens assez étroits entre le secteur immobilier et l’administration communale ne sont pas une exception à la règle. Actuellement, cette question fait également l’objet de nombreuses discussions dans la commune de Boechout. Dans la périphérie d’Anvers, la pression pour la construction d’appartements supplémentaires est très forte. La population vieillit, les centres-villes offrent des possibilités d’appartements coûteux et le secteur immobilier cherche à faire des bénéfices.
Mais que la N-VA se permette de dénoncer ça, c’est tout de même très hypocrite. A Anvers, l’empereur de la N-VA Bart De Wever ne cache pas sa fierté d’entretenir d’excellentes relations avec ce secteur. Après tout, les constructions à faire ne manquent pas, selon lui. A Boechout, la N-VA est intervenue depuis Anvers pour faire taire la section locale qui s’opposait à trop de projets.
Cette atmosphère d’entre-soi a alimenté un mécontentement qui a profité à la N-VA et surtout à Groen en 2018. Ils ont ensuite formé une coalition ensemble. Le véritable changement espéré n’a pas eu lieu, ce qui a donné l’occasion aux vieux crocodiles de revenir.
L’ancienne administration composée d’anciens libéraux et du CD&V s’est métamorphosée. Les anciens noms de partis ont disparu et un nouveau projet a été lancé : PIT. Le fait que quelques membres de l’Open VLD se soient présentés avec leur propre liste sous le nom de « Vrij Ranst » n’a pas empêché cette liste de devenir la première force électorale avec 34%. C’est à peu près la même chose que l’Open VLD et le CD&V combinés en 2018, mais un siège supplémentaire, car les grands partis ont un avantage avec le système électoral communal. En outre, Vrij Ranst a gagné 3 sièges. La coalition communale N-VA / Groen a perdu respectivement 3 et 2 sièges.
Une coalition entre PIT et la N-VA était l’option la plus logique au vu des résultats. Cependant, les querelles personnelles ont pesé lourd. Pour garantir les bénéfices des sociétés immobilières amies, les élus locaux libéraux et démocrates-chrétiens n’hésitent pas à faire de Ranst la première commune où le cordon sanitaire est rompu. Peut-être comptent-ils sur Christel Engelen, échevine du Vlaams Belang, pour être suffisamment docile pour ne pas se mettre en travers du chemin.
Le VB se débarrasse de son masque anti-establishment
Parler, lors des campagnes électorales, de lutte contre la corruption et se présenter comme un outsider s’opposant à l’establishment est une chose. La réalité est bien différente. La position du Vlaams Belang à Ranst le démontre une fois de plus. Puisque la propagande sur la rupture du cordon sanitaire est plus importante pour ce parti, aucune condition n’est fixée pour former une majorité. En ce qui concerne la répartition des postes, le fait que le VB ne dispose que d’une seule échevine n’est pas important, il est cependant vrai qu’un vrai candidat pour un deuxième poste d’échevin n’existait pas vraiment à Ranst. Soutenir de vieux crocodiles libéraux et démocrates-chrétiens – qui étaient même incapables de se présenter sous le nom de leur propre parti en raison de leur passé – ne pose aucun problème à la bande de Van Grieken. Ils en sont même fiers.
Le VB critiquera-t-il les « amis de l’immobilier » ? Il y a peu de chances. Des journalistes du site d’information Apache ont clairement démontré où se situe le VB. Le promoteur immobilier anversois Erik Van der Paal a invité De Wever au restaurant étoilé ‘t Fornuis. Apache avait alors filmé leur arrivée au restaurant et les images avaient ensuite été publiées quelques semaines plus tard sous le dossier “Le promoteur immobilier préféré de Bart De Wever”. Mais Van der Paal est tout aussi à l’aise avec le Vlaams Belang. L’épouse de Gerolf Annemans a travaillé comme secrétaire à ses côtés. Lors du vote sur l’immunité parlementaire d’Alain Mathot (PS), un important partenaire commercial de Van der Paal, en 2016, Dewinter et son assistant anversois de l’époque, Penris, ont soudainement dû faire une pause pipi urgente, ce qui les a empêchés de voter. Le Vlaams Belang n’avait même pas beoin d’être au pouvoir quelque part pour soutenir ceux qui y sont.
Un danger pour la population
Beaucoup d’habitants de Ranst estiment que la participation du Vlaams Belang à l’administration locale ne sera pas très remarquée. Avec 3 sièges au conseil communal et bientôt une échevine, son poids est en effet limité. Mais imaginez que vous soyez un demandeur d’asile et que vous vous retrouviez dans le centre d’hébergement de Fedasil à Broechem (un quartier de Ranst) avec un conseil communal hostile. La section locale du VB n’est cependant pas opposée aux personnes migrantes en toutes circonstances : elles sont les bienvenues pour travailler dans les fermes et exploitations fruitières pour des salaires de misère. Mais soyons clairs : le VB au pouvoir signifie la normalisation de l’extrême droite et du profond racisme qui est dans son ADN.
Le soutien du VB aux décideurs politiques de l’ancienne administration agravera l’impact des promoteurs privés et des sociétés immobilières qui font grimper les prix. Le nouveau conseil communal veut déjà supprimer un projet de logements sociaux à Emblem « parce qu’il est trop grand ». L’ancien bourgmestre Lode Hofmans s’est personnellement rendu à une réunion de quartier pour mener l’opposition à ce projet. Lorsqu’ils étaient au pouvoir, ces politiciens prenaient rarement des initiatives en faveur du logement social, ce qui leur a même valu des remarques de la part du gouvernement flamand, qui est loin d’être champion en la matière. Pour les libéraux, les chrétiens-démocrates et maintenant l’extrême droite, faire baisser les loyers par ce biais n’est tout simplement pas une option.
Cette immonde coalition illustre jusqu’où sont capables d’aller les vieux politiciens, mais aussi à quel point le Vlaams Belang est capable de se mettre à plat ventre. La nouvelle administration communale sera faite d’un mélange d’extrême bienveillance envers les promoteurs immobiliers et de racisme exacerbé pour les personnes du centre d’asile de Ranst.
Dans les semaines et les mois à venir, la situation à Ranst sera suivie de près, y compris par nous. Nous nous préoccupons du sort des personnes hébergées dans le centre d’asile, des jeunes qui ne trouvent pas de logement abordable, des personnes victimes de racisme, du manque de services de proximité pour la population et nous nous opposons à l’impact du secteur immobilier. Vous habitez à Ranst ou dans ses environs et vous voulez agir ? Commencez par porter le triangle rouge, symbole de la résistance au racisme et au fascisme. Commencez à parler aux gens de votre quartier. Suivez la politique locale à Ranst. Participez aux actions nationales contre les politiques antisociales qui nous sont proposées. Nous sommes prêts à soutenir les actions et les campagnes antifascistes dans la région à la mesure de nos moyens.
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La solidarité, pas la haine. Manifestation antifasciste contre Voorpost
Samedi 21 septembre. 14h De Coninckplein Anvers
Contre qui manifestons-nous?
Le 21 septembre, Voorpost manifestera à Anvers pour de la « remigration » (=déportations de masse) et contre le « grand remplacement » (une théorie de conspiration des nazis).
Voorpost est le « service d’ordre » du Vlaams Belang. Il veut importer ici les émeutes racistes de cet été en Grande-Bretagne. Le 30 juin, ils ont fait une descente dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Zutendaal (Limbourg). Ils ont intimidé les familles (des enfants inclus) présentes à l’aide de fusées éclairantes et de bombes fumigènes.
Un incendie a effectivement été déclenché dans un futur centre d’asile à Bilzen en 2019. L’homme arrêté, soupçonné d’incendie criminel, était un dirigeant local du Voorpost et actif au sein du Vlaams Belang à Zutendaal au moins jusqu’en 2006.
Pourquoi protestons-nous?
Contre la haine de l’extrême droite, nous lançons un message fort de solidarité. Ce faisant, nous nous opposons également au terreau du VB.
La solidarité signifie aller à l’encontre du système qui accroît les inégalités et les problèmes sociaux. Nous nous organisons pour protester en faveur d’une société qui ne laisse personne de côté.
Nous sommes solidaires des réfugiés, des migrants, de tous ceux qui subissent le racisme, et de la protestation contre le génocide à Gaza.
Nous sommes favorables à un investissement massif dans les ressources publiques : logements sociaux, services publics (tels que l’éducation, les soins de santé, les transports publics) et formation des enseignants (pour lutter contre le sexisme, le racisme et la LGBTQIA+phobie et mettre l’accent sur l’inclusion du genre), ainsi qu’à une augmentation du salaire minimum à au moins €17 de l’heure.
Qui organise cette manifestation?
Nous sommes des antifascistes (bien ou non) associés à diverses organisations. Le 25 avril, nous avions organisé ensemble une manifestation à Anvers contre une marche du club étudiant d’extrême droite NSV.
Nous sommes ouverts à tous ceux qui reconnaissent notre approche.
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L’ère du désordre fait le bonheur des monstres d’extrême droite
L’extrême droite est sortie gagnante des élections européennes. Sa participation au pouvoir est une question toujours plus concrète. Aux Pays-Bas, Geert Wilders rejoint le gouvernement après une longue crise de formation, sans toutefois beaucoup d’espoirs de stabilité. Ce gouvernement ne tient qu’à un fil, mais il est uni dans son aversion pour les personnes migrantes et les politiques antisociales. Mais ses rêves de stabilités ne sont que nostalgie d’une époque révolue. Bien entendu, il n’est pas question de la moindre mesure sociale. Le patronat s’attend par contre à une nouvelle avalanche de cadeaux.
Par Geert Cool
Le 18 mai, le président argentin Milei était l’orateur central d’une rencontre d’extrême droite à Madrid à l’intiative du parti d’extrême droite espagnol Vox, avec le soutien de partisans de Trump. Orban a envoyé une vidéo de soutien et Marine Le Pen avait fait le déplacement en personne. Mais la grande star, c’était Milei. En Argentine, sa politique massacre la protection sociale des travailleur.euse.s ou encore les droits des locataires. Il a annoncé la suppression de 5.000 postes de fonctionnaires et prévoit des coupes budgétaires inédites dans l’enseignement et ailleurs.
Voilà ce qui fait les choux gras de l’extrême droite. Comment est-ce possible d’attirer autant de voix avec de tels projets ? Le soutien dont bénéficie l’extrême droite illustre à la fois le rejet des partis traditionnels et toute la force du discours dominant qui rejette la responsabilité des problèmes sociaux sur les victimes de la politique menée. À cela s’ajoute l’écho renforcé du nationalisme dans un contexte de démondialisation croissante, de nouvelle guerre froide, de conflits et de guerres, de protectionnisme et de distorsion du commerce mondial, de bulles économiques et de spéculation. L’extrême droite parvient à se présenter comme une alternative différente des autres, tout en suivant le courant dominant.
Les partis traditionnels n’ont pas de réponse à offrir face aux problèmes sociaux ; ils sont minés par le discrédit. Pour tenter de s’accrocher au pouvoir, ils essayent de semer la division et individualisent la responsabilité de problèmes sociaux. À travers l’histoire, les exemples les plus marquants de la politique de diviser pour mieux régner ont souvent été liés à des régimes à l’étroite base sociale à partir de laquelle ils ont imposé leur autorité. Le colonialisme britannique a par exemple dominé le monde avec un appareil militaire et administratif très limité, mais reposant sur l’alimentation de divisions diverses.
Le virage à droite de nombreux partis traditionnels n’arrêtera pas l’extrême droite. Cette banalisation élargit au contraire sa marge de manoeuvre. Mais l’extrême droite elle aussi est dépourvue de réponse face aux problèmes sociaux. Ce n’est pas en mettant l’éducation au régime sec, en liquidant le secteur culturel à coups de bélier ou en renforçant la répression que la classe travailleuse accédera à des logements abordables et à davantage de services publics. Il ne fait aucun doute que cette faiblesse joue un rôle prépondérant dans la nature largement passive du soutien à l’extrême droite. Ne nous endormons pas pour autant. Chaque pas en avant de l’extrême droite donne de l’assurance aux groupes plus radicaux en son sein et rend le racisme, le sexisme et la LGBTQIA+phobie plus acceptables.
L’ère du désordre que nous connaissons est faite de contradictions, d’instabilité et de tensions. Cela engendre insécurité et peur. L’extrême droite tente de tirer les marrons du feu sur cette base en se présentant comme une force politique défenseuse d’un puissant sentiment d’identité et de fierté. Ce que cela signifie est modulé en fonction des destinataires du message. Si la nostalgie d’un passé qui n’a jamais vraiment existé ne conduit qu’à un cul-de-sac, c’est en même temps une réaction logique face aux incertitudes de l’époque actuelle. Comme le faisait remarquer le révolutionnaire italien Antonio Gramsci, “L’ancien monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans ce crépuscule naissent des monstres.”
Les marxistes cherchent à entretenir une approche plus large de l’évolution historique et tentent de la traduire en mesures concrètes pour mettre fin au capitalisme et à toutes les formes d’exploitation et d’oppression, grâce à l’action de la classe travailleuse dans toute sa diversité. Nous constatons la popularité des monstres d’extrême droite, mais nous remarquons également la décomposition sous-jacente du capitalisme ainsi que la radicalisation à l’oeuvre parmi la jeunesse et la classe travailleuse dans la recherche d’une issue et d’un changement de société. C’est là le coeur de notre activité : la défense d’une alternative socialiste démocratique.
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Les antifascistes deux fois plus nombreux que l’extrême droite à Anvers
L’Association des étudiants nationalistes (NSV), l’aile étudiante du Vlaams Belang, s’est sentie confortée par les sondages en Flandre et a organisé une nouvelle marche de la haine après cinq ans d’absence. Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, et son allié, Dries Van Langenhove, avaient appelé à se rendre à Anvers renforcer le cortège. En cette année électorale, les candidats du VB étaient désireux de s’afficher, d’autant plus qu’une mobilisation internationale avait également ramené des délégations des Pays-Bas, de France et même d’Autriche. En vain. Sous le slogan “La jeunesse flamande se soulève”, moins de 200 personnes ont manifesté, une bonne partie d’entre elles pouvait d’ailleurs très difficilement être qualifiée de “jeunesse” et, vu la mobilisation internationale, elle n’était pas non plus très “flamande”. Au pas cadencé rythmé par des tambours menaçants, la haine est toutefois bel et bien descendue dans la rue.

Bruno Verlaeckt, président de la section d’Anvers de la FGTB. Situation différente Dageraadplaats. A partir de là, une mobilisation antifasciste très diversifiée, vivante et dynamique a défilé dans les rues d’Anvers et du quartier de Borgerhout, sous les chaleureux encouragements des habitant.e.s. Le chiffre donné par la police juste avant le départ était une sous-estimation, nous étions un bon paquet au-delà des 250. Nous sommes partis à plus de 400 et la manifestation s’est encore agrandie en cours de route. Dans les discours prononcés au point d’arrivée, le président de la FGTB d’Anvers, Bruno Verlaeckt, a exprimé sa solidarité explicite envers les manifestant.e.s, jeunes pour la plupart, et a parlé à juste titre de 500 antifascistes. Son discours a souligné que l’extrême droite se trouve toujours de l’autre côté des barricades dans la lutte pour le progrès social. Le soutien du mouvement ouvrier organisé à la manifestation était très positif : l’extrême droite représente il est vrai une menace pour l’ensemble de nos droits sociaux, y compris nos droits syndicaux. Il est également excessivement positif que les jeunes activistes antifascistes, en tant que futurs syndicalistes, adoptent immédiatement cette approche à l’agard du mouvement ouvrier.
La manifestation antifasciste a réuni des groupes et des participant.e.s de nombreuses organisations. On retrouvé mélangés nombre d’activistes queer, un groupe de la Coordination Antifasciste de Belgique (CAB) où se trouvaient des antifascistes francophones et néerlandophones, une forte délégation de la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) et des Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA), divers groupes et individus anarchistes, des membres de Comac et du PTB, des membres d’Anvers pour la Palestine, des syndicalistes principalement issus de la FGTB (parmi lesquel.le.s des délégations du chemin de fer et de la société flamande de transports en commun De Lijn, des syndicalistes locaux et des activistes de Syndicalistes contre le Fascisme), Femmes contre le Fascisme et le Racisme… VegAnarchy était également présent et s’est chargé de fournir un bar à soupe pour les manifestant.e.s. A cela s’ajoutent encore bon nombre d’antifascistes inorganisé.e.s qui ont rejoint la mobilisation grâce à la campagne qui a été menée en amont de la manifestation.
L’atmosphère était combative et inclusive, avec un message sans équivoque : il nous faut une politique sociale qui s’en prend aux conséquences de la faillite du capitalisme. Les pénuries sociales en matière d’emploi, de logement décent et accessible, d’accès aux soins de santé,… nourrissent les divisions et la haine.
La différence entre l’extrême droite et les antifascistes était évidente dès les premières prises de parole aux deux manifestations. Alors que l’extrême droite a commencé par une tirade transphobe, les antifascistes ont entendu une personne transgenre appeler à la solidarité contre la haine.

D’autres orateur.trice.s de la manifestation antifasciste ont également dénoncé toutes les formes d’oppression et les ont liées au capitalisme. Par exemple, Nicky, de la Campagne ROSA et du PSL, a expliqué : “Tous nos problèmes sont censés être la faute des personnes homosexuelles, des personnes trans, des réfugié.e.s ou des musulman.ne.s… Il s’agit toujours d’une distraction par rapport à la véritable cause de nos problèmes. Les inégalités et les oppressions sont enracinées dans le système capitaliste. Il n’y a pas de capitalisme sans exploitation. Tout le monde est pointé du doigt, sauf la riche élite capitaliste qui détient le pouvoir.”
Dans notre tract, nous ajoutions: “Pour stopper l’extrême droite, nous devons nous attaquer au terreau qui le nourrit. Cela implique de défendre des investissements massifs dans le logement social afin d’éliminer les listes d’attente ; un financement public beaucoup plus important pour des services publics accessibles tels que l’éducation, les soins de santé et les transports publics ; une formation pour les enseignant.e.s afin qu’iels puissent s’opposer au sexisme, au racisme et à la LGBTQIA+phobie dans la salle de classe, ainsi qu’une éducation sexuelle axée sur l’égalité des genres ; une augmentation du salaire minimum à au moins 17 euros de l’heure ; un impôt sur la fortune pour les super-riches afin de libérer des ressources pour l’expropriation en cas de fuite des capitaux ; la nationalisation des secteurs centraux de l’économie afin que nous puissions en planifier démocratiquement le fonctionnement pour répondre aux besoins de la société.”
Ce n’est que le dernier jour que le NSV s’est montré à Anvers avec des affiches sur les campus et dans les quartiers étudiants. La tâche était cependant désespérée : l’espace public du quartier étudiant était dominé par des affiches et des autocollants appelant à la manifestation antifasciste. L’extrême droite espérait trouver se connecter aux étudiant.e.s anversois.es avec le soutien d’anciens membres du NSV aujourd’hui au Vlaams Belang (certains ayant un passé au cercle catholique d’extrême droite KVHV à Gand). Cela ne s’est pas concrétisé. La campagne antifasciste a joué un rôle crucial à cet égard.
Nous évaluons cette manifestation ainsi que la coopération pour l’organiser comme extrêmement positives. Nous continuerons bien sûr à nous organiser et nous espérons que les lecteur.trice.s de cet article voudront également s’impliquer.
Le 11 mai, par exemple, nous organiserons à Anvers un après-midi thématique sur l’antifascisme, suivi d’un quiz.
Le 18 mai, nous participerons à la Brussels Pride, un jour plus tard il y aura la manifestation contre le massacre génocidaire à Gaza.
Le 16 juin, la Coordination Antifasciste de Belgique organisera une manifestation nationale à Bruxelles, une semaine après la tenue des élections.
Le 30 juin, la Campagne ROSA organise une manifestation “Pride is a Protest” à Gand : trois semaines après le “dimanche noir”, un dimanche arc-en-ciel !
Un week-end antifasciste suivra les 6 et 7 juillet.
Le 10 août, nous participerons avec une délégation militante à la Pride d’Anvers et, le 24 août, à la Pride de Liège.






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Contre l’extrême droite : la lutte et la solidarité ! Manifestation antifasciste à Anvers le 25 avril
Crise du logement et des loyers, manque de moyens dans les transports en commun, listes d’attente à rallonge pour les soins de santé, un enseignement qui craque de partout, charge de travail insoutenable et aucune marge de manœuvre pour des augmentations de salaire. On serait furieux pour moins ! Les décideurs et décideuses politiques responsables de ces politiques ainsi que leurs institutions méritent une laque !
Mais ne nous trompons pas de colère. Le pouvoir aujourd’hui n’est pas du côté des réfugiés, des personnes LGBTQIA+, des syndicalistes ou des féministes, mais du côté des actionnaires et des profiteurs capitalistes. La poignée de personnes qui s’enrichissent parce que nous travaillons dur : les 500 plus riches qui se sont enrichis de 1.358 milliards d’euros supplémentaires en 2023. C’est leur système capitaliste d’exploitation et d’oppression qui est le problème, et non les victimes de ce système comme les réfugiés ou les demandeurs d’emploi.
La précarité d’existence et le malaise social permettent à l’extrême droite de remporter des victoires électorales. Quel sera l’effet si le Vlaams Belang atteint 30 % en Flandre ? Il ne mettra pas fin à la misère sociale infligée par les capitalistes, dont une part croissante se tourne d’ailleurs précisément vers l’extrême droite. Il n’apportera pas de réponse aux drames sociaux comme les centaines d’emplois menacés chez Van Hool. Ceux qui menacent notre avenir ne traversent pas la Méditerranée sur des bateaux de fortunes, mais dans des limousines et des jets privés. Ceux qui osent protester contre ces jets privés, comme l’a fait Code Rouge en décembre, sont accueillis par les matraques de l’appareil d’État. La N-VA et le VB ont tous deux salué cette violence étatique.
La croissance de l’extrême droite donne parallèlement de l’oxygène au renforcement des préjugés et des discriminations. Certains groupes d’extrême droite se sentent renforcés et encouragés à imposer leur sexisme, leur racisme et leur queerphobie par la force. Le cercle étudiant catholique d’extrême droite flamand KVHV a perdu sa reconnaissance de cercle à Gand parce qu’il a refusé de prendre ses distances avec les déclarations sexistes et racistes de Jeff Hoeyberghs en 2019. Le NSV (groupe étudiant officieux du Vlaams Belang) à Leuven n’est plus officiellement reconnu par l’université après avoir organisé une réunion raciste avec Dries Van Langenhove (fondateur de Schild & Vrienden) fin février. Ce dernier a notamment déclaré que « les classes avec beaucoup d’enfants africains réussissent moins bien » et que les préjugés sont « utiles et vitaux ».
Heureusement, les réunions avec Hoeyberghs et Van Langenhove ont à chaque fois fait l’objet d’une mobilisation antifasciste. Si nous ne nous organisons pas pour lutter, l’extrême droite peut dominer les débats publics, puis associer de plus en plus les paroles aux actes de violence.
Le VB rigole de la faillite de la politique traditionnelle, mais il défend des politiques encore plus antisociales. Il prétend s’opposer à l’élite, mais ses propres étudiants, vêtus de costumes sur mesure, méprisent la classe travailleuse et prônent, entre autres, l’augmentation des frais d’inscription. L’image sociale du VB est un écran de fumée pour imposer plus durement le racisme, le sexisme, la queerphobie, etc. Le VB s’attaque aux réfugiés, mais il soutient la guerre génocidaire contre la population palestinienne de Gaza. Dewinter et d’autres pontes du parti ne cachent pas leur bienveillance envers des dictateurs comme Assad et Poutine.
La menace d’un « dimanche noir » favorable à l’extrême droite en juin est très concrète pour tous ceux qui ne rentrent pas dans leur moule : les migrants, les féministes, les personnes LGBTQIA+, les syndicalistes… Sous couvert de « guerres culturelles », la politique de « diviser pour mieux régner » redouble d’intensité tandis que l’extrême droite cherche à enrayer les luttes contre l’oppression et, en fait, contre le système capitaliste lui-même. Elle présente le combat contre les oppressions comme « polarisant », alors que bien à l’inverse, se battre pour une société qui ne laisse personne de côté nous unit.
Nous pouvons limiter l’espace de l’extrême droite en nous organisant et en agissant. Le 25 avril, l’association des étudiants nationalistes (le NSV) organise une manifestation à Anvers. Ce n’était plus arrivé depuis la pandémie. À l’époque, la manifestation annuelle du NSV était toujours une marche de la haine dans laquelle les mandataires du Vlaams Belang défilaient fraternellement aux côtés de néo-nazis condamnés. Heureusement, il y a toujours eu une contre-manifestation antifasciste plus importante. Nous voulons perpétuer cette tradition et faire en sorte que l’extrême droite ne puisse pas poursuivre ses activités à Anvers le 25 avril.
Le NSV manifeste sous le slogan « État flamand, la jeunesse est prête ». Ces dernières années, les jeunes sont descendus dans la rue à plusieurs reprises pour défendre leur avenir. Ils ont manifesté pour une planète vivable et contre l’oppression. Ces revendications sont diamétralement opposées à celles du NSV. En protestant contre l’extrême droite et contre toutes les formes de division et d’oppression, nous pouvons renforcer la lutte pour une transformation fondamentale de société où les richesses et les ressources disponibles seront utilisées pour nos besoins en termes d’enseignement, de soins de santé, de logements abordables, d’emplois décents, de planète vivable… La classe travailleuse dans toute sa diversité fait tourner le monde et peut arracher le changement par la lutte et la solidarité.
Manifestation anti-NSV à Anvers le 25 avril, 19h, Dageraadplaats.
Départs Collectifs: rendez-vous à Bruxelles : 17h30, hall de la Gare Centrale // A Liège : 16h45, face à la gare des Guillemins.
Dimanche 30 juin : trois semaines après le “dimanche noir”, Pride is a Protest avec un “dimanche arc-en-ciel” à Gand.
6-7 juillet : week-end antifasciste

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[CARTE BLANCHE] Personne ne devrait être un citoyen de seconde zone
Contre la montée de l’extrême droite et la propagation du racisme, la plateforme nationale « Stand up against racism » appelle à s’unir ce dimanche 24 mars contre le racisme, pour les droits égaux. Rendez-vous ce dimanche 24 mars à Bruxelles, à midi sur la place Albertine (Gare centrale) : Uni·e·s contre le racisme, pour les droits égaux !
En France, les sondages mettent l’extrême droite à son plus haut score jamais atteint. Dans d’autres pays européens, l’extrême droite est déjà aux commandes. De nombreux citoyens s’inquiètent de la montée du racisme qui l’accompagne. Mais ils s’inquiètent aussi de la façon dont les discours et les propositions de l’extrême droite s’introduisent dans les partis traditionnels et les médias, ce qui met aujourd’hui les droits des citoyens et les associations sous pression.
Heureusement, il y a aussi une prise de conscience et une résistance croissantes. En Belgique également, la plateforme « Stand up against racism », une alliance de citoyens, de syndicats et de la société civile, a décidé d’envoyer un signal à l’occasion de la journée internationale contre le racisme et la discrimination. Ce dimanche 24 mars, cette alliance se rassemblera lors de la manifestation nationale à Bruxelles, à midi sur la place Albertine : Uni·e·s contre le racisme, pour les droits égaux.
Beaucoup de dicriminations, peu de condamnations
Ceux qui veulent stopper l’extrême droite aujourd’hui doivent prendre en compte la normalisation de la discrimination et du racisme dans notre société. Ceux qui vivent et travaillent ici depuis des générations sont encore trop souvent des citoyens de seconde zone. La discrimination prive les personnes issues de l’immigration du droit à un emploi, à une éducation ou à un logement de qualité. Des études montrent qu’à résultats scolaires égaux, les enfants issus de l’immigration sont plus susceptibles d’être orientés vers l’enseignement professionnel ou technique. Dans une demande d’emploi sur six, les candidats sont discriminés sur la base de leur couleur de peau ou de leur origine supposée. Les testings sur le marché locatif ont constaté la discrimination à l’encontre des candidats locataires à maintes reprises. La discrimination est illégale, mais les autorités n’effectuent pratiquement aucun contrôle et le nombre de condamnations se comptent sur les doigts d’une main.
N’oublions pas les personnes d’autres nationalités, dont certaines n’ont pas de documents de séjour légaux, qui ne bénéficient même pas des droits fondamentaux les plus élémentaires ni de la protection de notre gouvernement. La crise de l’accueil des réfugiés et les scandales de dumping social le prouvent douloureusement – encore et encore.
L’extrême droite sème activement et délibérément la haine. Cela contribue à la normalisation du discours de haine. Ce qui, à son tour, banalise les actes physiques de racisme. Des mosquées, des synagogues et des pierres tombales sont endommagées, des individus sont agressés physiquement.
Pour un gouvernement actif
Le racisme et la discrimination divisent notre société en citoyens de première et de deuxième zone. Et ce qui nous divise nous rend plus faibles. Une société et un gouvernement qui ne réagissent pas contre le racisme et la discrimination ouvrent la voie à l’extrême droite. C’est pourquoi nous voulons un gouvernement qui garantisse l’égalité des droits, qui contrôle et sanctionne proactivement les discriminations. Mais l’égalité des droits n’est possible que s’il y a suffisamment de logements abordables et d’emplois décents pour tout le monde. Sinon, les semeurs de haine auront beau jeu d’attribuer à « l’autre » la responsabilité du déficit.
Premiers signataires : Esther Kouablan (coordinateur MRAX), Astrid Murango (Ligue Droits Humain), Mehdi Kassou (directeur général BelRefugees), Alexis Deswaef (coprésident BelRefugees), Simon Gronowski, avocat et survivant de l’Holocauste (évadé du 20e convoi), Adriana Costa Santos (coprésidente BelRefugees), Thierry Bodson (président FGTB), Ann Vermorgen (président CSC), Valerie Del Re (directrice Greenpeace Belgium), Edgar Szoc (président de la ligue des droits humains), Hillal Sor (secrétaire général Metallos FGTB-ABVV), Pierre-Arnaud Perrouty (directeur de la ligue des droits humains), Grégory Mauzé (coprésident de la CNAPD), Martin Maréchal (coprésident de la CNAPD), Miguel Schelck (permanent Jeunes FGTB Bruxelles), Nell Van Slijpe (coordinateur Jeunes CSC), Emila Hoxhaj (présidente de la FEF), Mehdi Salhi (coordinateur d’Intal Belgium), Fabienne Richard (directrice du GAMS Belgique), Vincent Pestieau (secrétaire fédéral de la FGTB Charleroi), Sibylle Gioe (avocate et vice-présidente de la ligue des droits humains), Alain Vanoeteren (directeur d’Ulysse) , Marie Schiavon (permanente Jeunes FGTB Charleroi), Marcela de la Peña (coordinatrice de la Marche mondiale des femmes – Belgique), Benoît Decellier (jeune syndicaliste FGTB WAPI), Progress Lawyers Network (cabinet d’avocat), Baptise Cassart (militant à l’Union Syndicale Etudiante), Yvoire de Rosen (anthroposociologue et fondatrice de Mwanamke Collectif Afroféministe Belge), Cerina de Rosen (activiste et experte en industries créatives et culturelles, directrice d’Ethno Tendance Fashion Week Brussels), Sixtine Van Outryve (doctorante en droite et administratrice de la ligue des droits humains), Eylem Aydemir (présidente Jeunes FGTB Bruxelles), Lucile De Reilhan (animatrice Jeunes FGTB Bruxelles), Lison Dessard (permanente Jeunes FGTB Liège-Huy-Waremme), Hélène Debaisieux (coordinatrice de l’ASBL Quinoa), Germain Mugemangango (député PTB au Parlement Wallon), Marie Lecocq (députée Ecolo au Parlement Bruxellois), Parti Socialiste de Lutte.
La manifestation nationale « Uni·e·s contre le racisme » est soutenue par plus de 170 organisations de la société civile et syndicats. La manifestation se terminera par des messages de Thierry Bodson (FGTB) et An Vermorgen (CSC), des témoignages de travailleurs sans papiers, de prises de paroles de Tokozile Xasa (ambassadrice d’Afrique du Sud), de l’activiste palestinien Lema Nazeeh, d’Ayoub Bouda (Justice Pour Mehdi), d’Hind El Jadid (poète slam), et des contributions musicales de Frenetik, Miss Angel, HD La relève et d’autres artistes.
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Rassemblement antifasciste contre la présence de Dries Van Langenhove à la KU Leuven
Selon le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, la section du NSV (Association des étudiants nationalistes, organisation étudiante liée au VB) de Louvain se porte bien et son parti y a récemment trouvé de nouveaux collaborateurs. La position politique défendue par le NSV de Louvain est celle d’une extrême droite dure. En avril, le cercle a fait venir à Louvain le néonazi autrichien Martin Sellner, à l’origine des projets d’expulsion de masse contre lesquels des centaines de milliers de personnes ont manifesté en Allemagne ces dernières semaines.
C’était maintenant au tour de Dries Van Langenhove, membre fondateur de Schild & Vrienden, qui était censé parler d’agriculture mais qui a surtout utilisé cette tribune pour une tirade raciste. Voici quelques extraits parus dans un article du quotidien flamand Het Nieuwsblad : « Il y a tout simplement moins d’ingénieurs africains. Les classes où il y a beaucoup d’enfants africains réussissent moins bien, nous le savons grâce à la recherche scientifique », « Lorsque des femmes roms viennent vous demander leur chemin, vous commencez automatiquement à faire plus attention à votre téléphone et à votre portefeuille » ou encore l’idée selon laquelle entretenir des préjugés serait « utile et vital ». L’extrême droite se sent renforcée par les sondages et elle redouble de haine. C’est également ce que nous avions vu précédemment, après les élections de 2019, lorsque l’extrême droite a organisé une réunion sexiste et raciste avec le chirurgien Jeff Hoeyberghs à l’université de Gand, par exemple. Avec une nouvelle percée de l’extrême droite, celle-ci ira plus loin et passera de la rhétorique à l’action.
Heureusement, une contre-manifestation antifasciste a été organisée avec plus de 100 participant.e.s. La ville de Louvain n’a pas autorisé la tenue d’une manifestation. Une réunion publique qui transpire la haine à l’université ne pose visiblement pas de problème aux autorités communales, contrairement à une manifestation visant à exprimer son rejet du racisme, du sexisme et de la division.
Le rassemblement antifasciste était combattif et a réuni des activistes de différents horizons politiques. La Campagne ROSA et le PSL ont activement mobilisé pour l’événement, au côté de la Plateforme des activistes antifascistes de Louvain et toute une série d’organisations, y compris les syndicats de la KU Leuven et la Coordination antifasciste de Belgique nouvellement créée. Il est très positif que des représentants de la FGTB et de la CSC aient clairement pris la parole lors du rassemblement : tout ce qui nous divise nous affaiblit, c’est aussi une évidence dans l’intérêt de la sécurité du personnel de l’université.

Elise, de la Campagne ROSA, a souligné la nécessité de s’attaquer au terreau de l’extrême droite par une lutte sociale contre le capitalisme. Elle a précisé que nous devons mener cette lutte à l’échelle internationale et a évoqué, entre autres, la situation au Brésil. Fin mars, une féministe socialiste brésilienne prendra la parole à Louvain (le mercredi 27 mars à 19h30 dans la salle Romaanse Poort) et d’autres villes du pays, notamment à Bruxelles et Liège. Elise a également appelé à une présence antifasciste le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Défendre de manière offensive les revendications féministes fait partie de la résistance antifasciste.
Tous les orateur.trice.s ont souligné l’importance des manifestations antifascistes. Il a été fait référence aux manifestations de masse en Allemagne. En Belgique, les actions sont encore modestes, mais l’indignation massive contre la justice de classe et, en fait, contre l’ensemble du système d’oppression et d’exploitation de classe montre le potentiel existant. Elise a fait explicitement référence à Sanda Dia, ce jeune étudiant tué lors d’un baptême étudiant élitiste du cercle Reuzegom, dont les condamnations ont été scandaleusement faibles. Mais elle a également fait référence aux mobilisations de masse contre l’horreur à Gaza. L’antifasciste liégeois Constantin, des Etudiant.e.s de Gauche en Action, a fait valoir que le parti d’extrême droite « Chez Nous » avait du mal à s’organiser en raison des manifestations antifascistes systématiques soutenues et menées notamment par le mouvement des travailleur.euse.s. Néanmoins, le terreau est également présent du côté francophone et pourrait conduire à une percée de Chez Nous en Wallonie. Il est important de s’y préparer en s’organisant mieux. La création de la nouvelle Coordination antifasciste de Belgique est un pas important dans cette direction.
Les défis auxquels font face les antifascistes ne sont pas des moindres. Tout d’abord faire comprendre que l’extrême droite n’a en réalité pas de réponse aux problèmes sociaux. Ensuite, organiser la résistance contre la politique dominante qui adopte un cour de plus en plus antisocial, ce qui profite à l’extrême droite. Enfin et surtout, intensifier la lutte pour satisfaire les intérêts et les besoins de la majorité sociale, la classe travailleuse dans toute sa diversité.
Geert, de la campagne antifasciste Blokbuster et du PSL, a fait valoir que ce ne sont pas les réfugié.e.s qui suppriment 500 emplois à Barry Callebout pour maintenir des bénéfices records ou qui ne commandent pas les nouveaux bus de De Lijn à Van Hool, menaçant ainsi un drame social là aussi. Non, les migrant.e.s qui travaillent chez Barry Callebout et Van Hool sont tout autant victimes de la soif de profit d’hommes majoritairement blancs siégeant dans les conseils d’administration. Notre ennemi ne traverse pas la Méditerranée sur des canots pneumatiques, il arrive en limousines et jets privés. D’ailleurs, quiconque ose protester contre ces jets privés, comme l’a fait Code Rouge en décembre, est accueilli par les matraques de l’appareil d’État. La N-VA et le Vlaams Belang ont tous deux salué cette violence d’État !
La division entre les travailleurs et les opprimés n’a jamais rien donné. Elle a affaibli le mouvement syndical et la capacité à se battre ensemble pour des salaires plus élevés, de bonnes conditions de travail et un meilleur niveau de vie pour tous. Ce faisant, l’extrême droite a toujours été de l’autre côté des barricades, de la lutte pour la sécurité sociale à la protestation contre le massacre de Gaza aujourd’hui. Tout renforcement de l’extrême droite est un obstacle à notre lutte pour un changement fondamental, c’est-à-dire un changement de société qui place enfin au centre les besoins et les exigences de la majorité de la population. Une société différente est nécessaire pour concentrer les ressources et les richesses disponibles sur les soins de santé, l’éducation, les services et une vie meilleure plutôt que sur les crimes de guerre. L’élimination de la faim du profit ne se fera pas automatiquement, nous devrons nous organiser activement pour y parvenir. Ce faisant, nous défendons une alternative socialiste, une société dans laquelle nous décidons démocratiquement quoi et comment produire. C’est une société qui élimine le terreau de l’extrême droite et de toutes les formes d’oppression et d’exploitation. Nous ne le ferons pas pour moins que cela ! No Pasaran !

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Congrès du Vlaams Belang sur la migration. C’est au système qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes !
Il n’a évidemment pas fallu attendre bien longtemps pour que le Vlaams Belang exploite le choc de l’attentat de Bruxelles du 16 octobre pour répandre encore plus de haine. Cette terrible violence a été imputée au laxisme de la politique d’asile. Presque tous les partis et les médias traditionnels se sont joints à la surenchère raciste en qualifiant tous les réfugiés de terroristes potentiels. Théo Francken (N-VA) en a même profité pour relancer l’idée d’enfermer les enfants de sans-papiers dans les centres fermés en dépit de l’opposition de la Cour Européenne des Droits de l’Homme ! L’extrême droite se frotte les mains. Le monde n’en sera pas plus sûr, bien au contraire !
Comment l’extrême droite répond-elle à la haine et la violence aveugle ? Avec encore plus de haine et de racisme. Fred Hampton (1948-69), célèbre membre du mouvement américain des Black Panthers, avait bien résumé les choses à l’époque : « On ne combat pas le feu par le feu. Il faut combattre le feu avec de l’eau. Nous combattrons le racisme par la solidarité. Nous ne combattrons pas le capitalisme par le capitalisme noir. Nous combattrons le capitalisme par le socialisme ! »
Le Vlaams Belang se pare d’un masque social pour nous écraser encore plus. Le racisme et la haine ne sont en rien des réponses aux carences sociales croissantes. Au contraire, cela nous empêche de lutter ensemble contre les véritables responsables des inégalités sociales: les grandes entreprises et la classe capitaliste. Le masque social du Vlaams Belang est une tromperie. Ce parti déroule tapis rouge aux capitalistes et à leur soif de profits en distillant la discorde parmi la classe travailleuse et les personnes opprimées.
En Flandre, l’extrême droite est gonflée à bloc par les sondages, sans recevoir beaucoup de réponse en retour. Cela conduira inévitablement aux violences physiques et aux intimidations contre n’importe qui semblant issu de l’immigration ou de la communauté LGBTQIA+. C’est ce que nous avons déjà constaté en 2019 : la victoire électorale du Vlaams Belang avait nourri divers incidents criminels dont l’incendie d’un centre d’asile en construction à Bilzen. Les exemples ne manquent pas non plus à l’échelle internationale.
Une politique d’asile encore plus antisociale ne supprimera pas les raisons fondamentales qui forcent les gens à fuir et à choisir l’incertitude et les dangers de la migration. Aucune barrière n’est efficace contre les catastrophes climatiques, les guerres et le pillage néocolonial. Lors du congrès sur la migration qui se tiendra à Gand le 12 novembre, le Vlaams Belang défendra l’application d’une politique encore plus hostile envers les demandeur.euses d’asile, prétendument au nom de notre sécurité.
L’attentat de Bruxelles a montré qu’il est plus facile d’acheter une arme de guerre que d’obtenir des papiers et une perspective d’avenir. Le terrorisme et la haine sont les produits d’un système en crise et en déliquescence. Ils se développent lorsque les gens n’entrevoient aucun avenir. Cela ne justifie en rien les actes inhumains. Mais cela doit nous inciter à nous attaquer à la racine du problème. Cela s’impose également dans le domaine migratoire : nous avons besoin d’une société qui ne laisse personne de côté.
Le Vlaams Belang revendique l’arrêt intégral de l’aide humanitaire à Gaza. Leur politique est faite de crimes de guerre. Dans tous les domaines, elle prône une forme de capitalisme encore plus extrême et violente. Cela ne réduira pas le nombre de réfugié.e.s, au contraire, cela ne fera qu’augmenter la misère.
Rejoignez la manifestation du 12 novembre à Gand ! Répondons au racisme par la solidarité et par la lutte collective de toustes les travailleur.euse.s et jeunes, sans distinction de couleur de peau, de religion, d’orientation sexuelle ou d’identité de genre, pour des emplois corrects, des logements à loyer modéré et des investissements publics conséquents dans les services publics (y compris le travail social, les soins de santé, l’enseignement et les transports publics). Les pénuries créent un terrain propice à la division. Or, la société regorge de richesses. Nous devons les prendre en main pour satisfaire les besoins de la population.
Rendez-vous le dimanche 12 novembre à 13h30, place St Pieters à Gand.
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L’extrême droite, ennemie irréductible du féminisme
La flambée des luttes féministes dans les années 2010 autour de #metoo ou encore de Ni Una Menos (Pas une de moins) a imposé le féminisme au-devant de l’actualité ainsi qu’une certaine progression des consciences. En réaction, on assiste à un retour de bâton masculiniste et « anti-woke » (un mot-fantasme qui regroupe toutes les caricatures) mais, parallèlement, la nouvelle donne a été intégrée, y compris à l’extrême droite. Les femmes y sont de plus en plus visibles et y occupent des postes clés. « Cette victoire électorale c’est le triomphe de toutes les femmes italiennes », avait déclaré Paola Frassinetti, actuelle secrétaire d’État italienne « de l’Éducation et du mérite » au sujet de l’élection de Giorgia Meloni, présidente des Frères d’Italie et aujourd’hui Présidente du Conseil des ministres.
Par Odile (Liège)
On ne présente plus Marine Le Pen et Giorgia Meloni, mais on peut encore parler d’Alice Weidel (qui dirige le groupe parlementaire AfD, Alternative pour l’Allemagne) au côté de la création de nombreux groupes féminins d’extrême droite (comme le collectif Némésis) et de l’émergence de figures féminines influentes et très actives sur les réseaux sociaux comme les Françaises Thais d’Escufon, Alice Cordier, Virginie Vota et Charlotte d’Ornellas. Parallèlement, certains partis et figures d’extrême droite se sont autoproclamés défenseurs des femmes, mais uniquement dès lors que la question sert de prétexte pour véhiculer le racisme et la haine de l’autre. De la même manière, ces milieux ne parlent généralement des droits LGBTQIA+ que s’il s’agit de stigmatiser l’islam.
L’extrême droite à l’épreuve des faits
Pour l’extrême droite, l’organisation sociale et sexuée de la société existe comme elle l’est en raison de la « nature » et au nom de la tradition. De là découle l’importance des notions de virilité et de féminité, il est hors de question de remettre en cause la hiérarchie dominante des rôles. Une fois au pouvoir, cette approche se décline en politiques qui prônent le retour des femmes au foyer. En Hongrie, Orban a mis en place des aides à la naissance similaires à celles appliquées sous le nazisme pour encourager les familles nombreuses. Il s’est également attaqué aux études de genre dans les universités.
En Belgique, le Vlaams Belang ne mentionne les femmes dans son programme que dans le cadre de politiques familiales. Il avait par ailleurs voté contre la dépénalisation de l’avortement en 2019 (avec le CD&V et la NVA) et proposait jusqu’en 2011 régulièrement de le recriminaliser. Le VB a tout fait pour empêcher l’extension du délai d’avortement à 18 semaines et a même qualifié cette proposition « d’attaque contre les droits des femmes ». Il faut oser !
Comment l’extrême droite considère-t-elle les femmes ? Chez Schild & Vrienden, récupéré par le VB, cela donne ceci : « En tant que société, nous n’exigeons pas grand-chose des femmes : être une bonne mère et prendre soin d’elles, avoir une belle apparence. C’est à juste titre que les hommes se voient imposer des normes plus strictes, afin que nous puissions aller de l’avant. »
Cet été, le gouvernement italien s’est lancé dans une croisade conservatrice contre les familles homosexuelles : « Selon moi c’est plus grave que la pédophilie, nous sommes face à des personnes qui veulent choisir un enfant comme si c’était une décoration ou les meubles de la maison », a osé dire le député des Frères d’Italie Federico Mollicone. Jusqu’ici, les maires progressistes acceptaient d’inscrire les enfants de couples LGBTQI+ à l’état civil (la loi ne le permet officiellement toujours pas en Italie), mais le gouvernement a désormais interdit de procéder de la sorte.
Autre exemple : Giorgia Meloni avait assuré ne pas vouloir toucher à la loi de 1978 qui dépénalise l’avortement. Mais, au niveau local, les régions gouvernées par la droite et l’extrême droite multiplient les obstacles à l’avortement tandis que le discours officiel le condamne de plus en plus explicitement. Dans certaines régions, comme dans les Abruzzes ou en Sicile, 90 % des gynécologues sont aujourd’hui objecteurs de conscience et il y est quasiment impossible d’avorter.
Dans l’État espagnol, après les élections locales de mai dernier, le parti d’extrême droite Vox est entré dans plusieurs gouvernements régionaux ou coalitions municipales. À Valence, par exemple, où d’importants moyens sont déployés dans la lutte contre les violences faites aux femmes, on redoute une remise en cause des progrès réalisés depuis vingt ans. Son programme réclame l’exclusion des IVG du système de santé publique et s’oppose à la loi contre les violences sexistes qui avait été adoptée à l’unanimité en 2004 au parlement.
No Pasaran !
Les luttes féministes actuelles ont permis de réaliser des pas en avant. Mais chaque avancée est par nature fragile et précaire dans un système capitaliste qui s’enfonce dans la crise à tous les niveaux. Le combat féministe est par nature antifasciste, anticapitaliste et socialiste. Ce n’est pas un hasard si Clara Zetkin, militante pionnière du féminisme marxiste, fut également parmi les pionnières de l’analyse du fascisme et des stratégies pour le combattre. C’est cette tradition que nous poursuivons avec la Campagne ROSA.
Plusieurs données de cet article proviennent de l’étude « Féminisation de l’extrême droite. La comprendre pour mieux la combattre ? », Juliette Léonard, Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE ASBL), décembre 2022. Nous vous invitons à en prendre connaissance pour approfondir le sujet. URL : https://www.cvfe.be/publications/analyses/450-feminisation-de-l-extreme-droite-la-comprendre-pour-mieux-la-combattre
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Liège. L’antifascisme en Flandre : rencontre et discussion avec des antifascistes flamands
Antifascisme en Flandre : “Il est trop facile de dire que ça ne va pas, sans rien faire !”
Quand ? Le mercredi 4 octobre, 18h30.
Où ? Uliege place du 20 août, Amphithéâtre Wittert (le local sera fléché).À l’approche des élections, l’extrême droite est de plus en plus perçue comme une grande menace – à raison. En Flandre, un jeune sur 5 envisage de voter Vlaams Belang. Mais la Wallonie aussi n’est pas exempte d’organisations et d’idées d’extrême droite, plusieurs micro-partis réactionnaires dont le mouvement Nation ou encore le jeune parti “Chez Nous”, massivement financés par leurs homologues flamands et français, tentent d’exploiter le profond malaise social créé par des dizaines d’années de néolibéralisme brutal.
Qui plus est, les actes et propos violents existent également en dehors des organisations d’extrême-droite : le discours réactionnaire autour de l’EVRAS (ou se mélange fake news, complotisme, et propos homophobes, transphobes, contre l’IVG) a provoqué l’incendie de 8 écoles primaires.
Sur quoi repose l’attractivité de l’extrême-droite ? Comment devons-nous lutter contre les organisations et les idées d’extrême droite ?
Nous invitons pour l’occasion des antifascistes flamands qui ont notamment connu et organisé les mobilisations de Blokbuster contre le Vlaams Blok (ancêtre du Vlaams Belang) dans les années 90. L’objectif est de reparcourir cette expérience et tirer les leçons pour l’acutelle lutte contre l’extrême droite, en Belgique et à l’international.
Nous aborderons également de notre campagne “Pride Is a protest”, lancée il y a trois ans par la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le sexisme et l’austérité), qui associe un programme pour l’émancipation des personnes LGBTQIA+ à une lutte systématique contre l’extrême-droite.
Cette discussion doit nous servir à nous organiser : le rôle que nous avons est de construire activement et efficacement une opposition de gauche à ces groupes d’extrême-droite, car seul un programme social de rupture avec le système capitaliste pourra définitivement désinfecter le terreau sur lequel renaît l’extrême-droite.