Category: Politique belge

  • Le gouvernement flamand détruit les transports en commun. Et tant pis pour le climat…

    Les médias sont prompts à dénigrer le personnel de la société flamande de transport en commun De Lijn lorsque celui-ci dénonce tout ce qui n’y tourne pas rond. Il a fallu que le malaise atteigne des proportions telles que la direction a publiquement parlé d’un ‘‘navire en perdition’’ pour que le problème soit reconnu. L’évidence est d’augmenter les moyens publics pour améliorer la qualité du service et en élargir la portée. C’est d’ailleurs une urgence climatique. C’est aussi, bien évidemment, à l’exact opposé des projets du gouvernement flamand.

    Le gouvernement austéritaire arrogant de Jan Jambon (N-VA) a fait savoir on ne peut plus clairement qu’il ne saurait y avoir de protestations contre la politique menée. La jeunesse doit arrêter de manifester pendant les heures de cours. Quant à la société civile, elle voit ses subsides réduits, même la chaîne de télévision publique VRT est touchée. Il ne faudra pas s’attendre à des reportages critiques de ce côté-là, le manque de moyens rendra difficile d’aller au-delà de la simple répétition des déclarations des autorités.

    Le gouvernement n’entend pas changer de logique concernant De Lijn : chaque voix dissidente doit être réduite au silence. Ainsi, l’annonce des nouvelles mesures d’économies a immédiatement été liée à l’intention d’augmenter le niveau de service minimum en cas de grève. Toute l’absurdité de la situation tient au fait que le déficit de moyens humains et matériels est si criant que le service minimum est souvent impraticable en temps normal. Le niveau de service minimum requis en cas de grève signifiera bientôt que plus de personnel sera au travail les jours de grève qu’un jour normal !

    Il y aura des recrutements, c’est certain, essentiellement en raison du taux élevé de rotation du personnel. Les horaires rendus compliqués par le trafic de plus en plus dense et la limitation des périodes de repos ainsi que les salaires bien peu attractifs font que le nombre de travailleurs prêts à partir reste élevé. La pénurie de personnel permet d’ailleurs souvent de masquer le manque d’équipement. Un chauffeur de bus nous a raconté qu’un jour, un voyage sur quatre n’a pas été effectué à son dépôt, faute de chauffeur ! Difficile de rendre les transports publics fiables dans ces conditions, tandis que grandit la frustration des passagers et du personnel. Ce cocktail toxique est imposé par le gouvernement flamand et la direction de De Lijn.

    Aujourd’hui, même des cadres supérieurs jettent l’éponge ! Selon le quotidien flamand De Standaard, trois à cinq managers (sur un total de 55) quittent leurs fonctions tous les mois. Le journal a notamment relayé les propos d’un membre de la direction technique de la société, qui a déclaré sous le couvert de l’anonymat : ‘‘Un navire en perdition, on le quitte.’’ Un autre ancien directeur de De Lijn expliquait: ‘‘Avec les ressources qu’on m’a données, il m’était impossible de faire ce que j’avais à faire.’’

    Le pire est encore à venir. C’est à peine si l’accord de coalition flamand envisage d’investir dans De Lijn. Le gouvernement prévoit de laisser davantage pourrir la situation. Dans l’une des régions de transport (la Flandre est divisée en 15 de ces régions), un appel d’offres doit être lancé d’ici la fin de la législature pour que De Lijn ne soit plus la seule société de transport public. Tout ce qui fait barrage à l’arrivée d’opérateurs privé doit disparaître. Au profit de l’usager ? Nous en doutons. La libéralisation du marché de l’énergie a considérablement alourdi nos factures et il n’en ira pas autrement ici. Le gouvernement flamand a déjà annoncé que De Lijn ‘‘continuera à atteindre un degré plus élevé de recouvrement des frais’’, un jargon qui signifie que l’usager devra payer de plus en plus cher.

    Il y a des années, Noam Chomsky avait expliqué le mécanisme de privatisation de cette manière : ‘‘Comment détruire un service public ? Commencez par réduire son financement. Il ne fonctionnera plus. Les gens s’énerveront, ils voudront autre chose. C’est la technique élémentaire pour privatiser un service public.’’ A moins que nous résistions ensemble. L’appel grandissant en faveur de mesures climatiques peut être concrétisé par des actions offensives des jeunes en faveur de transports publics plus nombreux, meilleurs et gratuits. Associons cela aux protestations du personnel et des usagers en faveur de meilleurs services et donc de meilleures conditions de travail.

  • Après 5 jours de grève à l’Hôpital Brugman, une victoire potentielle

    Hier matin, alors que les travailleuses et travailleurs de l’équipe d’entretien du CHU Brugmann à Bruxelles entamaient leur 5e jour de grève, les premières propositions écrites de la direction sont finalement arrivées ! Jusque-là, la direction n’était pas sortie de son silence.

    Ce personnel est confronté aux plus bas salaires de la fonction publique. Ils et elles ont donc entamé une grève le mardi 5 novembre dernier dans le cadre du plan d’action des travailleurs des pouvoirs locaux bruxellois pour exiger « des salaires pour vivre et non pour survivre » et de bonnes conditions de travail par l’embauche de personnel supplémentaire. Concrètement, il est donc question du passage immédiat du grade E au grade D, de la revalorisation de tous les barèmes de 10%, d’un salaire minimum de 14€/heure ou 2.300 € brut par mois et de l’engagement de personnel supplémentaire afin de travailler dans des conditions acceptables.

    Après 4 jours de grève qui ont été marqués par une bonne participation parmi les près de 150 membres du personnel d’entretien, il avait été décidé en assemblée générale de reconduire la grève le mardi 12 novembre, par ailleurs également journée internationale de lutte pour un meilleur salaire minimum lancée aux Etats-Unis (en savoir plus).

    Les premières propositions écrites de la direction concernent différents points. Au sujet du passage vers le niveau D avec accélération de carrière, le calcul est en cours par les ressources humaines. Des discussions doivent commencer aujourd’hui sur son application concrète. Concernant la charge de travail, un groupe de travail (comprenant des membres du personnel) va être mis sur pied et devra remettre des conclusions pour début décembre au plus tard. Concernant les contrats précaires dans l’équipe, 3 CDD seront convertis immédiatement en CDI pour renforcer l’équipe mobile. Pour de futurs engagements que les grévistes estiment urgemment nécessaires, la direction renvoie vers les conclusions du groupe de travail précité. Dans le cadre de la politique de bien-être, des postes à la polyclinique devront être octroyés aux collègues en fin de carrière ou en aménagement de poste (modalités à définir dans le groupe de travail).

    L’assemblée des grévistes a donc convenu de suspendre la grève afin d’avancer sur ces engagements et perspectives d’améliorations.

    La délégation CGSP – ALR (Administration Locales et Régionales) précise toutefois directement, et à juste titre : « Les grévistes espèrent par contre que la direction tiendra ses engagements et annoncent déjà qu’ils sont prêts à repartir en action si les avancées ne sont pas suivies d’effet, certainement en ce qui concerne le passage de niveau E en D. Une stratégie a été définie dans ce sens et sera mise en pratique immédiatement si la direction ne respecte pas ses engagements. »

    Cette mobilisation et son résultat potentiel est bien entendu un exemple pour tous les travailleurs désireux de lutter contre les bas salaires ! C’est par la lutte et la construction d’un rapport de force que nous pouvons obtenir plus !

    Quelques photos pris lors de la grève du 7 novembre dans la fonction public bruxelloise

  • Bruxelles. Rassemblement en faveur d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure

    La campagne de la FGTB “Fight for €14” s’inspire directement des lutte menées aux Etats-Unis en faveur d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure. Chaque année a lieu une journée mondiale #FF15, soutenue par les organisations syndicales internationales EFFAT et UITA. Cette journée a pris place ce 12 novembre et plusieurs centaines de militants se sont donc rassemblés à Bruxelles ce mardi matin pour défendre l’augmentation du salaire minimum.

    Ce combat difficile qui a débuté dans la restauration rapide s’est mené à l’aide de campagnes de terrain dans de nombreuses villes et régions. En 2015, Seattle fut la première grande ville à instaurer ce salaire minimum, une victoire dans laquelle Socialist Alternative, son élue au conseil de ville Kshama Sawant (qui vient tout juste d’être réélue), et leur campagne “15NOW” ont joué un rôle crucial. Cette mesure s’est traduite par un transfert de 3 milliards de dollars des riches vers les pauvres sans entraîner de pertes d’emplois : au cours de la première année suivant l’introduction de la mesure, il y a eu une augmentation du nombre d’emplois de 2,5 % et le salaire moyen dans la ville a augmenté de 3,5 %. Ces chiffres étaient supérieurs à la moyenne nationale.

    En Belgique, le salaire minimum scandaleusement bas : 9,65€ brut / heure. Avoir un emploi ne garantit pas de vivre dignement : 230,000 salariés – soit 5% de la population active – sont considérés comme pauvre et 15% des employés gagnent moins de 2.300€ brut/mois (environ 1,400€ net). Ces chiffres alarmants et les nombreuses attaques des gouvernements sur nos conditions de vie et de travail aggravent le phénomène. Ces mesures touchent, de plus, davantage les femmes. Cette campagne de la FGTB est donc une excellente chose mais, pour obtenir des victoires en entreprises ou par secteur, il va falloir construire un rapport de forces sur le terrain !

    C’est ce que le PSL a défendu dans son tract (en savoir plus) et son intervention, à l’aide de deux exemples actuels. Le personnel des services publics locaux bruxellois se bat ainsi pour l’abolition du barème le plus bas et pour une augmentation de 10% de tous les autres à l’aide d’assemblées du personnel, d’arrêts de travail et maintenant de grèves plus longues. Une campagne est également en cours à l’Université de Gand où seule une petite partie du personnel gagne moins de 14 €/h, mais des milliers de signatures ont été recueillies auprès de l’ensemble du personnel et des étudiants. Si la direction ne change pas son fusil d’épaule, le personnel entrera ici aussi en action.

    Le Parti Socialiste de Lutte soutient pleinement la campagne de la FGTB « Fight for €14 » en y participant et en formulant des propositions constructives. Si vous voulez en savoir plus ou nous soutenir, contactez-nous et re-joignez-nous !

     

     

     

     

     

     

  • Face au gouvernement flamand arrogant et austéritaire : construisons la résistance !

    Le siège du gouvernement flamand à Bruxelles. Photo : Wikipedia

    Le gouvernement flamand de droite a également été durement touché par les élections. Mais puisque la marge était plus grande que du côté francophone, les trois partis perdants (N-VA, CD&V et Open VLD) peuvent remettre le couvert. Le ministre-président Jan Jambon (N-VA) a arrogamment aboyé contre l’opposition. Son parti aimerait le présenter comme ‘‘l’homme fort’’, mais cache mal le fait que le gouvernement flamand est moins stable et moins fort que le précédent. Avec la politique d’austérité antisociale qui s’annonce, les turbulences ne manqueront pas.

    Par Geert Cool

    Le social n’est qu’apparence

    A l’annonce de l’accord de gouvernement, Jambon a préféré ne pas publier immédiatement les chiffres du budget. Il voulait présenter son gouvernement comme un gouvernement social dans un certain nombre de domaines – avec des investissements limités dans les soins de santé ou autour de l’emploi. Par contre, les attaques contre les migrants étaient de suite très précises. L’idée était de faire passer le message selon lequel le ‘‘Flamand qui bosse dur’’ serait bien mieux lotis que les nouveaux arrivants.

    Cette fable n’a pas vécu très longtemps. Ce gouvernement va appliquer une austérité sévère et même la dissimulation des chiffres n’a pu cacher cette réalité. Pour éliminer les listes d’attente dans le secteur des personnes handicapées, il faut 1,6 milliard, le gouvernement ne fournissant que 270 millions. La seule ambition est d’espérer qu’elles ne s’allongent pas trop. Une grande partie de l’investissement dans le bien-être est du reste économisée ailleurs dans le même secteur. La prime à l’emploi est la mesure la plus coûteuse prise par le gouvernement Jambon : 350 millions d’euros sont alloués aux travailleurs à bas salaires. Une prime très limitée de 50 euros nets par mois est bien sûr la bienvenue, mais le gouvernement indique immédiatement que les patrons n’auront rien à payer de leur poche en salaire supplémentaire (avec les prestations sociales correspondantes). C’est la collectivité qui payera.

    Le caractère antisocial est très concret

    Suppression de l’allocation logement, réduction des allocations familiales à partir du troisième enfant, réduction des services publics, attaque contre les fonctionnaires, travaux d’intérêt général pour les chômeurs, démantèlement des transports publics, etc. La liste des mesures anti-sociales est longue et difficile à avaler pour les travailleurs et leurs familles. La mise en œuvre concrète de toutes ces mesures est la raison pour laquelle Jambon n’a pas voulu mettre immédiatement ses chiffres sur la table et a préféré faire taire le Parlement.

    Ceux qui pensaient que les nouveaux arrivants seraient les seuls à être attaqués se sont lourdement trompés. Les chômeurs se voient imposer un service communautaire obligatoire après deux ans de chômage (du travail forcé en d’autres termes, les gens ne travailleraient pas pour un salaire, mais pour leur allocation). Parmi les fonctionnaires, le gouvernement se prépare à commettre un massacre social : 1.500 emplois sont perdus à cause du non-remplacement des pensionnés. L’abolition de la prime au logement ou la réduction des allocations familiales fera également mal à une bonne partie de la population. La prime au logement était un cadeau au secteur immobilier (qui a pu augmenter ses prix grâce à la prime), sa suppression ne reviendra pas sur le cadeau (à Bruxelles, sa suppression n’a entraîné aucune baisse des prix).

    Les problèmes sociaux restent concrets. En Flandre, par exemple, il y a 150.000 personnes sur les listes d’attente pour un logement social… seuls 150.000 logements sociaux sont disponibles ! La réponse du gouvernement est de modifier la composition de la liste d’attente : si vous ne parlez pas assez bien le néerlandais, vous serez repoussé au bas de la liste. En d’autres termes, la concurrence entre ceux qui sont en difficulté sera intensifiée. Une réponse de gauche, en revanche, consisterait à construire de nouveaux logements sociaux.

    Le Vlaams Belang, architecte de l’accord de gouvernement ?

    Tom Van Grieken, le président du VB, a déclaré que son parti est l’architecte de l’accord de coalition flamand. Il a ajouté qu’il n’a aucune confiance dans le CD&V et l’Open VLD pour sa mise en œuvre. Van Grieken confirme ainsi qu’il n’a aucun problème avec les propositions antisociales de l’accord de coalition flamand. La rhétorique sociale adoptée par le VB durant la campagne électorale n’était qu’une imposture et un calcul électoral.

    Le manque de moyens dans les soins de santé, l’enseignement, le logement social,… démontre que la propagande sur les ‘‘migrants vivent sur notre dos’’ est tout simplement fausse. Ces dernières années, la sécurité sociale et les services publics ont été fortement réduits. Ce ne sont pas les nouveaux arrivants qui en sont responsables. Ce sont les grandes entreprises qui ont bénéficié de milliards d’euros d’exonérations fiscales diverses ! Ce cambriolage des caisses de la sécurité sociale et de la communauté n’a rien à voir avec les nouveaux arrivants. Mais le gouvernement veut leur faire payer leur cours d’intégration obligatoire 360 euros, une mesure qui ne pèse rien à côté des milliards d’euros que les grandes entreprises vont recevoir. Si nous voulons défendre notre bien-être, nous ne devons pas nous tromper d’ennemi !

    Il nous faut une lutte offensive

    Un certain pessimisme règne chez beaucoup travailleurs et jeunes : le VB et la N-VA obtiennent ensemble 40% des voix et dominent le débat public du côté flamand depuis plusieurs mois. Cela a bien entendu un impact sur les discussions au travail et entre proches. Mais il est possible d’inverser la tendance en se basant sur des revendications sociales concrètes pour la majorité de la population. Fin 2014, lorsque le gouvernement Michel vacillait, cela a illustré comment le débat public peut être tourné à l’avantage du mouvement ouvrier. Aujourd’hui, cela aurait d’ailleurs un impact encore plus considérable avec le plus grand nombre d’élus de gauche du PTB au parlement.

    Il faudra résister à ce gouvernement d’austérité arrogant et descendre dans la rue pour construire un rapport de force qui placera les préoccupations et les revendications des travailleurs et de leurs familles au cœur du débat public. Des revendications telles qu’un salaire minimum plus élevé (14 euros de l’heure), des pensions plus élevées, des horaires de travail réduits, des investissements publics massifs dans les infrastructures et les services publics (tels que les transports publics, les soins de santé, l’enseignement),… ne s’imposeront pas avec de bons arguments. Il faudra se battre parce que nos conditions de vie entrent en conflit avec la soif de profit d’une petite élite qui n’est que trop heureuse d’être servie par ce nouveau gouvernement flamand.

  • Préformation : PS et N-VA discutent, mais ne négocient pas

    Le gouvernement Michel/De Wever a été sanctionné dans les urnes en raison de sa politique profondément antisociale.

    Cinq mois après les élections, et bientôt un an après la chute du gouvernement fédéral, un gouvernement fédéral n’est toujours pas constitué. Demotte (PS) et Bourgeois (N-VA) sont peut-être officiellement des ‘‘préformateurs’’ et non des informateurs, il n’y a cependant pas de véritables négociations entre PS et N-VA. ‘‘On n’a pas évolué vers une phase de négociation. (…). Avec les informateurs on a des réunions informelles, où les partis exposent chacun leurs idées, ni plus ni moins’’, a expliqué Paul Magnette, récemment élu président du PS.

    Editorial de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Un certain nombre de journalistes et de politologues flamands appellent à la constitution d’une coalition violette-jaune (les libéraux rejoignant les sociaux-démocrates et la N-VA) car ‘‘la seule autre option avec une majorité fédérale (l’arc-en-ciel) n’a pas de majorité en Flandre’’. Sans succès jusqu’ici… Et chaque fois que l’on croit entrevoir une ouverture dans une remarque d’un membre du PS, la direction du parti ferme immanquablement la porte. La nécessité de disposer d’une majorité en Flandre n’impressionne pas beaucoup en Wallonie et à Bruxelles puisque la coalition suédoise ne représentait même pas un quart des voix francophones.

    Certains seraient enclins à voir de ‘‘petits jeux politiques’’ derrière tout cela, mais, en réalité, un gouvernement violet-jaune pourrait être mortel pour les deux principales formations en son sein, tant pour le PS que pour la N-VA.
    Bien entendu, le PS n’est – malheureusement – même pas à moitié aussi à gauche qu’il le prétend. Le parti applique fidèlement le programme de la bourgeoisie depuis la fin des années ‘80. Toutefois, rejoindre un gouvernement au caractère aussi ouvertement thatchérien que le précédent serait par contre un pont trop loin, surtout maintenant que le PS est concurrencé sur sa gauche.

    De plus, espérer qu’après avoir abandonné son confédéralisme, la N-VA fasse de même avec son discours et son programme de provocation socio-économique pour donner au PS le masque social dont il a besoin est tout aussi peu probable. C’est pourquoi, après la déclaration de Theo Francken fin septembre – ‘‘un gouvernement avec le PS n’est pas impossible’’ – nous avons également entendu un autre son de cloche chez le député anversois N-VA Peter De Roover : ‘‘si j’avais des actions violettes-jaunes, je les vendrais’’.

    Pas d’argents ni d’instrument politique pour un ‘‘compromis à la belge’’

    On lit encore des références au ‘‘compromis à la belge’’, essentiellement dans la presse flamande, mais celles-ci font fi de l’histoire et sont idéalistes. Le compromis à la belge qui trouvait toujours une solution pragmatique pour les différentes contradictions – entre travail et capital, Flamands et Wallons, catholiques et laïques – puise son existence dans une période et un contexte spécifiques, en particulier celui de l’après-guerre. Cette période est définitivement révolue.

    L’énorme croissance économique de cette période-là fut un premier élément rendant possible ce ‘‘compromis à la belge’’. Le capitalisme pouvait alors combiner profits juteux et augmentation des conditions de vie pour les travailleurs. La classe ouvrière devait toujours lutter pour obliger les capitalistes à améliorer les salaires et la protection sociale, mais en plus de son organisation et de sa volonté d’action à la base, elle avait encore une autre carte en mains : l’existence du ‘‘péril rouge’’ derrière le mur de Berlin. Ces deux éléments sont aujourd’hui derrière nous depuis plusieurs décennies.

    Tout d’abord, le compromis à la belge nécessitait, en réalité, d’énormes ressources dans tous les domaines : pour qu’une politique sociale puisse satisfaire la classe ouvrière, pour la coexistence de deux réseaux d’enseignement et de santé subventionnés par l’État, pour le partage du pouvoir au niveau national où chaque investissement en Flandre devait être compensé par un investissement en Wallonie et vice versa.

    Ces moyens ne sont plus disponibles depuis un certain temps déjà. Pendant une période, le compromis a encore pu survivre en tant ‘‘qu’équilibre des pertes’’. De win-win, nous sommes passés à une situation de loose-loose, à une histoire faite de démantèlements équilibrés. Les négociations pour un Accord interprofessionnel (AIP) sont ainsi passées de négociations où les secteurs les plus forts tiraient les plus faibles vers le haut, à des négociations où les possibilités des secteurs les plus faibles devenaient la limite à ne pas dépasser pour les secteurs forts. Les réformes de l’État ne répartissent plus les moyens entre les unités régionales, mais bien les efforts d’austérité. Lors du démantèlement progressif de l’enseignement et des soins de santé, les différents réseaux ont été touchés en mesure égale.

    Ensuite, la deuxième condition pour le développement du fameux compromis à la belge était l’existence de partis capables de l’incarner. En général, il s’agissait de tous les partis traditionnels, mais surtout de la démocratie chrétienne et de la social-démocratie, et tout particulièrement le CVP et le PS, les partis dominants dans leur zone linguistique respective, disposant par ailleurs de liens étroits avec les syndicats et les réseaux philosophiques. Aux dernières élections, le CD&V et le SP.a ont recueilli un peu plus de 25% des suffrages flamands. Le dernier sondage a encore fait chuter ce pourcentage en dessous des 20%. En Wallonie, la situation est légèrement moins critique : le PS et le CDH obtiennent encore ensemble 37% des voix, réduits à 31,5% dans le dernier sondage. Pour les quatre partis mentionnés ci-dessus, il s’agit des pires résultats obtenus depuis la Seconde Guerre mondiale. Même si on ajoute le troisième parti traditionnel – les libéraux – on n’obtient pas la moitié des voix ni en Flandre ni au niveau fédéral.

    Quelles options pour un gouvernement fédéral ?

    La violette-jaune ne peut pas être complètement exclue an cas de pression extérieure suffisante : avec une crise économique, des banques à sauver, des coûts sociaux qui augmentent rapidement,… Mais si le gouvernement suédois se querellait sans cesse, un tel gouvernement violet-jaune verrait vite ses différentes composantes en venir aux mains.

    Un gouvernement arc-en-ciel pourrait plus facilement inventer une histoire à dormir debout pour faire avaler une poursuite de l’austérité, mais au prix du renforcement des partis nationalistes flamands. Dans ce cas, la bourgeoisie peut espérer que la N-VA se renforcerait à nouveau contre le Vlaams Belang à partir des bancs de l’opposition fédérale.

    Si aucune de ces options ne s’avère possible, un gouvernement d’urgence avec un programme limité ne peut être exclu en cas d’urgence majeure. Ce qui est bel et bien exclu, c’est le retour à une politique stable de compromis !

  • Rassemblement de soutien à la lutte du peuple chilien

    Ce lundi 21 octobre s’est tenu un rassemblement de 150 personnes devant l’ambassade du Chili. Cette manifestation voulait apporter son soutien à la lutte actuelle du peuple chilien.

    On a pu entendre des slogans tel que « No son, no son, no son los 30 pesos, son los 30 años de falsos progresos” (ce ne sont pas pour les 30 pesos, mais pour les 30 ans de faux progrès) en référence au début du mouvement contre l’augmentation du prix du métro de la capitale de 30 pesos qui devient une remise en cause du régime « démocratique » depuis la fin de la dictature militaire il y a 30 ans.

    Des slogans ont également retenti en référence à l’alliance entre jeunes et travailleurs et en faveur d’une grève générale. On a pu y entendre des chants et d’autres slogans issus de la période du gouvernement de gauche d’Allende qui marqua le Chili par ses réformes sociales radicales. Beaucoup de jeunes chiliens étaient présents aux côtés d’exilés politiques de la dictature et les drapeaux chiliens flottaient aux côtés des drapeaux Mapuches.

    Une prochaine action prendra place ce samedi 26 octobre, de 17 à 19h, gare centrale à Bruxelles (événement Facebook).

     

  • Mobilisation antifasciste contre la présence de Dries Van Langenhove à l’université d’Anvers

    Une cinquantaine d’antifascistes se sont réunis mercredi soir devant l’entrée de l’université d’Anvers dans la Rodestraat, où le jeune député récemment élu du Vlaams Belang et fondateur du groupe néofasciste Schild & Vrienden Dries Van Langenhove devait prendre la parole lors d’une conférence. Les antifascistes ont clairement fait entendre qu’ils n’acceptent pas la haine et la division de l’extrême droite et veulent la combattons activement. Des slogans ont été criés en néerlandais, en anglais et en français, notamment « Résistance internationale contre le racisme et le capital » ou encore « Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés ». Les activistes brandissaient également des affiches qui reprenaient les plus sombres déclarations de Van Langenhove et ses amis d’extrême droite. Dries Van Langenhove n’est pas en prison, il est au Parlement, mais ce n’est pas une raison pour ignorer sa haine raciste et sexiste.

    L’initiative de cette action a été prise par la campagne antifasciste flamande du PSL Blokbuster et par les Etudiants de Gauche Actifs (EGA). Jusqu’ici, nous n’avons reçu que peu de réponses de la part d’autres organisations. Certains n’ont pas osé rejoindre la protestation, d’autres n’en ont pas vu l’importance. Il est évident que tout le milieu de l’extrême droite profite de la victoire électorale du Vlaams Belang pour se renforcer ou se reconstruire. A l’Université d’Anvers, le NSV (organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang) avait été extrêmement affaibli ces dernières années, mais il semble maintenant attirer du sang neuf. L’ancien cadre du Vlaams Belang comme les militants du Voorpost sont prêts à former ces nouveaux sympathisants et membres. Cela pourrait conduire à de nouvelles explosions de violence. Les néofascistes n’ont pas tendance à se déradicaliser tout seuls. Nous ne devons pas attendre et construire dès aujourd’hui un puissant mouvement antifasciste.

    Avec de telles actions de protestation, nous n’exprimons pas simplement le rejet de l’extrême droite largement ressenti dans la société, nous rendons également plus difficile de s’engager dans l’extrême droite. Si la résistance au racisme, au sexisme,… reste inaudible, il peut alors sembler que la logique de division domine. Mais ce n’est pas le cas : beaucoup de jeunes et de travailleurs ne veulent rien entendre de l’extrême droite ou du populisme de droite. A juste titre : le gouvernement flamand, dirigé par la N-VA, va prendre dans nos poches l’argent des allocations familiales, de la prime au logement, des budgets des services publics, de la sécurité sociale,… et le Vlaams Belang applaudit !

    Curieusement, certains critiques ont soutenu qu’une action de protestation irait à l’encontre de la liberté d’expression. Depuis quand une action collective comme celle de ce mercredi ne fait-elle plus partie de la libre expression de l’opinion ? Nous utilisons notre droit démocratique pour construire un rapport de force contre le racisme et la division.

    Nous invitons tous les antifascistes à contribuer à la construction d’une plate-forme plus large pour les actions à venir contre l’extrême droite à Anvers. Malheureusement, nous ne pouvons pas contrecarrer l’action du Vlaams Belang de ce dimanche : nos forces sont encore trop limitées pour organiser deux actions en cinq jours (renforcez-nous pour être en mesure de le faire !). Mais de telles manifestations peuvent encore avoir lieu et, en mars de l’année prochaine, le NSV organisera une marche de la haine à Anvers contre laquelle une forte mobilisation antifasciste sera nécessaire. N’hésitez pas à nous contacter pour coopérer : info@blokbuster.be ou à soutenir financièrement nos actions sur le compte BE05 0012 2824 0975 de Blokbuster.

  • Manifestation contre l’invasion du Rojava à Bruxelles : construisons un mouvement anti-guerre de masse!

    Des centaines de Kurdes et d’opposants à l’agression militaire de l’Etat turc contre le Rojava ont manifesté cet après-midi à Bruxelles. Le cortège est parti du rond-point Schuman pour rejoindre le Parlement européen, avec un arrêt et deux minutes de silence à la station de métro de Maelbeek à la mémoire des victimes du terrorisme. Au podium, notre camarade Nicolas Croes a pu exprimer la solidarité du PSL / LSP et de son internationale le Comité pour une Internationale Ouvrière.

    Il a notamment défendu la construction d’un mouvement antiguerre international de masse qui défendra notamment le droit à l’autodétermination des Kurdes et de tous les groupes opprimés. Ce serait également l’opportunité de débattre du type d’Etat et de société dont nous avons besoin : une société socialiste démocratique débarrassée des guerres, de la misère et de l’exploitation.

    PDF de notre tract

     

  • Bruxelles & Liège : Rassemblements de solidarité avec le Rojava

    Liège

    Quelque 600 personnes se sont réunies cet après-midi à Bruxelles, dans la commune de Saint-Gilles, pour dénoncer l’invasion turque du Rojava, au nord de la Syrie. Des militants du PSL étaient présents, comme c’était d’ailleurs également le cas hier à Liège pour un rassemblement similaire.

    A Liège, environ 250 personnes se sont réunies Place Saint Lambert à l’appel de la Coopérative politique Vega, de Vert Ardent, de Solidarité Liège Rojava, des JOC, d’Action antifasciste liégeoise, d’Ecologie sociale Liège, du Front Antifasciste 2.0 (auquel le PSL collabore également), d’Action autonome Liège et du PSL.

    Un groupe d’une quarantaine de jeunes sont venus provoquer le rassemblement avec des drapeaux turcs mais aussi du MHP, un parti d’extrême droite turc, en proférant des insultes et en faisant le signe de ralliement des Loups Gris, organisation turque néofasciste liée au MHP. Ces derniers ont décidé de charger le rassemblement de solidarité avec le Rojava alors que commençaient les prises de parole, mais ils ont été repoussés.

    Il est évident que la manœuvre visait à faire taire les Kurdes, mais aussi les soutiens qui étaient présents et qui tenaient à faire entendre leur solidarité face à cette agression. En s’attaquant au Rojava, Erdogan ne s’en prend pas qu’aux Kurdes : il s’agit d’un assaut porté contre chaque féministe, chaque antifasciste, chaque militant de gauche, chaque syndicaliste.

    Au côté des représentants kurdes, seul le conseiller communal de la coopérative politique Vega a finalement pu prendre la parole avant les échauffourées provoquées par les jeunes turcs mobilisés par l’extrême droite turque. Mais la députée écolo Sarah Schlitz et le conseiller provincial PTB Rafik Rassâa étaient également présents et auraient très certainement publiquement fait part de leur soutien à la lutte du Rojava, tout comme l’auraient fait le PSL et les autres groupes présents. Nous invitons d’ailleurs les différents groupes et associations désireux de montrer leur soutien au Rojava à venir la prochaine fois avec leurs drapeaux et leurs banderoles, tout comme l’ont fait le PSL et le Front Antifasciste 2.0 hier, pour démontrer le plus clairement possible que les Kurdes ne sont pas seuls !

    Bruxelles

    Liège

    Voir par ailleurs le reportage-photos du Collectif Krasnyi.

  • Face aux provocations d’extrême droite, il est temps de réagir à gauche!

    En juin, 500 antifascistes se sont réunis à Gand à l’initiative de Blokbuster.

    Avec la récente percée électorale du Vlaams Belang, l’extrême droite a gagné en confiance pour agir en dehors du parlement. Depuis les élections, des racistes ont attaqué un homme de couleur à la gare de Tongres, des lettres de menaces ont été envoyées à des habitants issus de l’immigration à Alost, Anuna De Wever et ses amies ont été attaquées au festival Pukkelpop. A Dour, de jeunes Flamands d’extrême droite avaient écrit des slogans tels que ‘‘Pas de Wallons’’ sur leur tente au milieu de la Wallonie…

    Par Kenzo (Gand)

    La fin de l’été n’a pas calmé les choses. Le Vlaams Belang (VB) tente de faire revenir son nouveau député Dries Van Langenhove (fondateur du groupuscule de jeunes néonazis Schild & Vrienden exclu de l’université de Gand) à l’université de Gand comme orateur, tandis que le cercle étudiant catholique ultra-conservateur KVHV tente d’utiliser sa photo sur de grandes affiches puisqu’il en fut un temps président. En septembre 2018, un reportage de la VRT (traduit et diffusé ensuite par la RTBF dans Question à la Une) avait fait grand bruit au sujet de Shild & Vrienden et de leur racisme et sexisme virulents. Un an plus tard, le chef de fil de cette bande nauséabonde n’a été condamné pour rien, il a même atterri au Parlement ! Les cercles étudiants d’extrême droite tels que le KVHV et le NSV se sentent ainsi renforcés.

    Cette confiance renouvelée est également évidente dans la reprise limitée des activités autour de Blood&Honour, un groupe de ‘‘néonazis à bières’’ devenu célèbre en 2006 et depuis lors condamné pour avoir organisé un groupe de néonazis dans l’armée belge. Le 15 septembre, leur dirigeant, Thomas Boutens, voulait organiser une manifestation à Bruxelles. Malgré une interdiction – qui portait scandaleusement aussi sur une manifestation antifasciste non-violente – des dizaines de militants d’extrême droite se sont venus et ont été immédiatement arrêtés. Des groupes comme Blood&Honour se développent dans le sillage du VB. Blood&Honour a d’ailleurs été fondé par des jeunes du VB au lendemain du dimanche noir de 1991 et a connu son «pic» au début de ce siècle, lors de la dernière percée du VB.

    L’extrême droite abuse du mécontentement contre la politique traditionnelle et prétend être opposée au monde de l’establishment, mais elle défend essentiellement les intérêts des responsables de ce système. Lorsque Raoul Hedebouw (PTB) a soulevé la question de l’indemnité de départ généreuse du patron de la poste Koen Van Gerven, Dries Van Langenhove a déclaré que ce salaire de 500.000 euros était normal à ses yeux ! L’extrême droite tente de nous dresser les uns contre les autres par le racisme et le sexisme pour mieux servir les intérêts des ultra-riches.

    Notre meilleure arme contre l’extrême-droite, c’est la mobilisation, de sorte qu’elle perde confiance et qu’elle ait plus de mal à s’organiser. A Gand, les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) ont pris l’initiative de protester contre la rencontre avec Dries Van Langenhove organisée par le KVHV le 26 septembre (tout juste après l’envoi de ce journal à l’imprimeur). Les positions parlementaires de l’extrême droite ne signifient pas qu’elle a les mains libres.

    Mais pour une lutte antifasciste efficace, il faut également nous opposer au terreau sur lequel il repose : les inégalités et la politique de casse sociale. La conclusion des élections est la suivante : les gens en ont assez de cette politique. Nous avons besoin de logements abordables pour tous, de transports publics plus nombreux et gratuits, d’une éducation libre et démocratique, d’un salaire minimum de 14 euros / heure et d’une pension décente.

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