Category: Politique belge

  • Gouvernement fédéral : s’entendre sur l’austérité ne leur épargne pas le casse-tête

    Il y a de grandes chances que l’année 2019 entre dans l’histoire comme une autre année où la Belgique n’avait pas de gouvernement fédéral en ordre de marche. Le très impopulaire gouvernement suédois est tombé fin 2018, après quoi l’équipe de Charles Michel a continué en affaires courantes sans la N-VA. Depuis lors, Charles Michel, Didier Reynders et Kris Peeters se sont enfuis à l’Europe. La formation d’un nouveau gouvernement fédéral n’est pas évidente dans ce contexte de discrédit des institutions politiques et avec en perspective une nouvelle récession économique. Les gouvernements régionaux seront eux-aussi soumis à des pressions croissantes.

    Par Geert Cool

    10 milliards à économiser

    Même avec un regard optimiste sur les perspectives économiques, le déficit budgétaire s’élèvera à 7,12 milliards d’euros cette année et à 10,33 milliards l’année prochaine. Le Bureau fédéral du Plan a abaissé les prévisions de croissance pour cette année à 1,1% et prévoit que seulement 37.000 emplois seront créés en 2020, soit près de la moitié des années précédentes. Après des années d’austérité, il est donc question de persévérer. La politique du gouvernement Michel n’a pas abouti aux résultats escomptés. Comment s’étonner que la confiance envers la politique soit en berne ?

    Les élections ont sévèrement frappé les partis du gouvernement Michel. La N-VA a tenté de camoufler sa politique antisociale derrière un discours anti-migrants, ce qui a pavé la voie au Vlaams Belang. Quatre mois après les élections, les autres partis traditionnels flamands sont tellement dans les cordes que la N-VA parvient à faire oublier que c’est elle qui a perdu le plus. Le premier sondage post-élection a été désastreux pour le parti, qui a chuté à 22,7% et a dû céder la place au Vlaams Belang.

    Si l’extrême droite parvient à marquer des points, c’est essentiellement en raison de l’absence d’une alternative suffisamment crédible. Les partis traditionnels sont aux commandes. Heureusement, il y a eu la percée du PTB, parti désormais représenté dans tous les parlements du pays. Le PTB peut utiliser cette percée pour organiser et renforcer les luttes dans la rue et sur les lieux de travail. Il faut éviter de revivre la situation de cet été, où la N-VA et le VB ont eu le monopole du débat public du côté flamand au point que le quotidien De Standaard a parlé du ‘‘silence de la gauche’’ et de ‘‘l’été de la droite’’.

    A quelle austérité s’attendre ?

    Avant les élections, le PSL a proposé de construire un rapport de force pour rompre avec le carcan budgétaire qui nous étrangle. Le meilleur moyen d’y parvenir est de mener des campagnes sérieuses autour de revendications offensives (les 14 euros de salaire minimum horaire, les 1.500 euros par mois de pension minimum, les 30 heures de travail par semaine sans perte de salaire et avec un embauche compensatoire, un programme massif d’investissements publics dans les infrastructures et les services publics,…).

    Et les accords wallon et bruxellois alors ? A en croire le PS, ils comprennent des propositions progressistes, quand bien même sont-elles prudentes et pas toujours clairement budgétées, comme la gratuité des transports en commun pour les plus de 65 ans et les moins de 25 ans à la STIB et progressivement au TEC, les 70.000 repas scolaires gratuits et les 12.000 nouveaux logements sociaux. Il est question d’investir dans la mobilité et le logement abordable. Si ces mesures sont efficaces, elles seront les bienvenues. Mais c’est encore insuffisant pour inverser l’impact de l’austérité et mettre fin à la pauvreté, à la pénurie de logements et à d’autres problèmes sociaux. A Bruxelles, les revendications du personnel des pouvoirs locaux et régionaux n’ont pas été satisfaites (voir par ailleurs en page 5) en dépit des promesses électorales. Au niveau de la Région wallonne et de la Communauté Wallonie-Bruxelles, Thierry Bodson (FGTB wallonne) fait valoir que les accords de coalition ne reflètent pas la voix des électeurs.

    Comment financer tout cela ? Certainement pas en allant chercher l’argent là où il est. Les libéraux ne veulent rien entendre. Les grands projets d’infrastructure devraient être exclus du budget pour bénéficier d’une marge supplémentaire en augmentant la dette. Entre 2014 et 2018, la dette des différentes régions est passée de 50 milliards d’euros à 60,4 milliards d’euros. L’Europe sera invitée à accepter la situation. Si elle refuse, l’argument est tout trouvé pour ne rien faire : la faute à l’Europe ! Pour certaines mesures symboliques, le financement pourrait être supporté par d’autres usagers, en augmentant les tarifs des transports en commun pour permettre la gratuité à certaines couches par exemple. De nombreuses ambiguïtés existent pour permettre d’éviter la mise en œuvre de mesures sociales très timides, mais tout de même très attendues. Parallèlement, les politiques d’austérité dans d’autres domaines ne manqueront pas d’être appliquées.

    Flandre : à droite toute ?

    Du côté flamand, la N-VA donne le ton. Il n’y aura pas de mesure sociale. Dans l’édition de septembre de Lutte Socialiste, nous avions écrit que la protection sociale allait être progressivement supprimée pour les migrants, mais que les choses n’en resteraient pas là. L’encre de notre journal était à peine sèche qu’était reprise la vielle proposition d’un service communautaire pour les chômeurs. Du travail forcé au lieu du travail salarié, en clair. Ce que nous connaissons déjà du projet du gouvernement flamand donne une idée claire de la direction adoptée : accès plus difficile à la protection sociale et absence totale d’investissement dans la sécurité sociale et les services publics. La pression des bons sondages pour le VB pousse les propositions de la N-VA encore plus à droite, même si le VB a obtenu cette position en se présentant hypocritement comme un adversaire de la politique antisociale.

    On peut se demander dans quelle mesure le CD&V, très affaibli, vendra la chose aux affiliés de la CSC. Les chrétiens-démocrates ont été sanctionnés pour leur politique antisociale, contre laquelle la base de la CSC a massivement manifesté. Une fois les élections passées, l’état-major du CD&V s’en est pris aux dirigeants de la CSC qui avaient (pourtant très prudemment) critiqué le parti. Il devient extrêmement compliqué aux dirigeants de la CSC d’expliquer pourquoi encore entretenir des liens avec le CD&V. Dans les sondages, le CD&V n’en finit pas de sombrer et semble suivre la voie du CDH.

    Qui va appliquer l’austérité, et avec qui ?

    Les informateurs Reynders (MR) et Vande Lanotte (SP.a) attendent que les gouvernements régionaux constituent un gouvernement fédéral. Jusqu’à présent, ils n’ont éliminé de l’équation que la gauche radicale et l’extrême droite. Le CDH a décidé de lui-même d’opter pour l’opposition, tandis qu’Ecolo refuse de négocier avec la N-VA et que Groen ne veut pas rejoindre un gouvernement sans Ecolo. Il reste donc quatre partis flamands et deux partis francophones, avec un parti flamand de plus qui pourrait abandonner. Ce n’est cependant pas en jouant à la chaise musicale en retirant une chaise à l’occasion que l’on parviendra à une équipe stable de survivants.

    La possibilité d’un gouvernement sans la N-VA demeure, mais elle est difficile à concrétiser car il n’y aurait pas de majorité du côté flamand. Un gouvernement avec la N-VA et le PS est difficile à vendre pour ces deux partis qui cachent systématiquement leurs propres échecs derrière leur hostilité l’un envers l’autre. La formation des gouvernements régionaux présentent des nuances, mais il est évident que tous ces partis acceptent la logique d’austérité : à la population de se serrer la ceinture pour donner un ‘‘répit’’ supplémentaire aux entreprises. Les plus grandes différences ne concernent que l’enthousiasme et le cadre dans lequel s’inscrit cette acceptation des limites du néolibéralisme. Le discrédit du monde politique accroît l’instabilité et rend le casse-tête encore plus difficile pour le gouvernement fédéral.

    Le mouvement ouvrier doit imprimer sa marque sur les événements

    Pour la classe dominante, la chose est évidente : qu’importe la composition du gouvernement, la majorité de la population devra trinquer. Résistons ! Après les élections, le mouvement ouvrier a à peine fait entendre sa voix dans le débat, très certainement du côté flamand où les syndicats et la gauche n’ont pas du tout été mentionnés. En conséquence, le débat public portait presque exclusivement sur l’identité flamande, le rejet des migrants et l’extrême droite.

    Nous ne pouvons pas blâmer uniquement les médias traditionnels : le mouvement ouvrier a la possibilité de prendre ses propres initiatives par des campagnes et des actions. Il suffit de voir comment, à l’automne 2014, les revendications sociales ont été au centre du débat grâce au plan d’action des syndicats allant crescendo. Il existe un potentiel de campagnes autour d’un salaire minimum plus élevé (Fight for €14), d’augmentations salariales (comme le personnel local bruxellois), de ressources plus importantes (comme dans le secteur des soins) ou d’une pension minimum (comme la pétition lancée par le PTB). Ces campagnes doivent être menées avec la participation la plus large possible dans la rue et sur les lieux de travail afin de convaincre nos collègues, notre famille et nos proches.

    Des campagnes combatives et bien constructives peuvent rendre les conversations sur le terrain moins dominées par le racisme et elles peuvent montrer clairement que le VB prétend être social, mais qu’il utilise seulement ce masque pour répandre davantage de divisions. Nous devrons nous battre pour faire respecter nos revendications. Dans le contexte d’une nouvelle récession, nous ne recevrons certainement rien en cadeau. Le PSL joue un rôle actif dans les mouvements de lutte, en défendant la nécessité d’un changement de société : une alternative socialiste contre les inégalités et les problèmes sociaux et écologiques inhérents au capitalisme.

  • CPAS : une charge de travail insoutenable. Entretien avec le président de la délégation CGSP du CPAS de Liège

    Ce jeudi 12 septembre, plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées devant les locaux du CPAS de Liège afin d’exiger des mesures permettant une diminution de la charge de travail. Nous en avons discuté avec Simon Hupkens, le président de la délégation CGSP. Entretien tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste.

    C’était une belle mobilisation de rentrée ! Qu’est-ce qui explique cette participation ?

    La coupe est pleine. Au CPAS de Liège, comme dans l’ensemble des CPAS du pays, le nombre de dossiers a explosé en 2015 suite à la limitation des allocations de chômage dites d’insertion. Cette année-là, selon la FGTB, 70.000 personnes ont été exclues de leur droit aux allocations de chômage ! Dans les faits, la charge des allocataires sociaux s’est déplacée en partie du fédéral vers les communes. Pour y faire face, les ressources supplémentaires allouées aux CPAS ont été très limitées. Elles ne couvrent absolument pas les besoins.

    Les assistants sociaux croulent sous les dossiers à traiter, jusqu’à 120 pour certains ! Dans une situation pareille, on ne peut faire que le minimum, c’est-à-dire assurer que l’usager reçoive son allocation d’insertion. Mais aider ces gens à sortir de leur situation, on oublie !

    D’autant plus que les dossiers sont plus complexes. Nous vivons dans une société de plus en plus violente, où la vie se fait plus dure et tout le monde ne dispose pas des mêmes ressources pour y faire face. Quand on émarge au CPAS, c’est précisément que l’on est arrivé au bout de ses ressources (famille, amis,). Quand tout est épuisé, on arrive au CPAS. Et en plus, les services d’aide sociale qui dépendent d’autres institutions sont également sous pression, dispensant de moins en moins d’aide. Ça aussi, ça pèse sur le fonctionnement des CPAS.

    Les travailleurs sociaux plus anciens affirment que les situations sociales sont plus complexes qu’il y a 20 ou 30 ans. Ils parlent de ‘‘couches de lasagnes’’ : à un problème de logement s’ajoutent un problème de santé mentale, un autre de violence familiale, etc., etc. Et quand les services publics sont démunis ou absents, les problèmes sont détectés plus tard et il est plus difficile de les traiter.

    Pourquoi réagir maintenant ?

    La première chose, c’est que nous sommes dans un processus de remobilisation de l’ensemble des collègues autour de la délégation syndicale, de manière très participative, avec une assemblée générale plénière correctement mobilisée tous les ans depuis 3 années comme événement central de l’action syndicale. Cette année, on a été un pas plus loin avec des Assemblées générales décentralisées. Dans tout ce processus, la question essentielle soulevée par les collègues était la charge de travail, qui ne permet pas d’aider correctement des gens en situation de détresse dramatique. La principale maladie professionnelle au CPAS, c’est le burnout, faute de pouvoir donner des réponses à des gens qui viennent expliquer qu’ils n’ont pas d’argent pour leurs enfants, pour des vêtements,… Donc les agents tombent en dépression ou démissionnent.

    La seconde chose, c’est que cette question de la charge de travail est reconnue comme problématique par le collège communal et mentionnée explicitement dans la déclaration de politique communale. Dans ce cadre, le CPAS de Liège devait rendre son PST (Plan stratégique transversal) censé reprendre les grandes orientations du CPAS pour la législature. Du coup, on s’est dit que le moment était opportun pour mettre la pression, pour demander des engagements, pour revendiquer une simplification administrative et une limitation des mesures de contrôle chronophages sur le personnel.

    Ce PST est maintenant disponible. Nous allons l’analyser, convoquer une nouvelle Assemblée générale, soumettre ce PST à nos critiques et remobiliser pour d’autres actions si nous n’y trouvons pas ce qu’on souhaite y trouver, c’est-à-dire prioritairement un renforcement des équipes.

    Nous savons que les caisses du CPAS ne sont pas extensibles. Mais un CPAS n’est pas isolé du reste de la société. Il y a des moyens à aller chercher. Si la direction souhaite entrer en lutte avec nous pour obtenir un refinancement des CPAS au fédéral, on sera très heureux de les accueillir dans ce combat. Sinon, on maintiendra notre position et nous lutterons pour obtenir de nouveaux moyens et, pourquoi pas, travailler à une coordination des différents CPAS pour exiger leur refinancement. Aujourd’hui, un revenu d’insertion est remboursé à 85% maximum par le fédéral (souvent c’est 70% à peine), le reste étant à charge des communes. Le remboursement intégral est le minimum à exiger par les CPAS, spécifiquement dans les grandes villes où se concentre la majorité de la pauvreté.

  • Flandre. La politique antisociale sanctionnée, mais Jambon en rajoute avec encore plus de suédoise

    Jambon. (Photo de Wikipedia)

    Les politiques antisociales des coalitions suédoises (au fédéral et en Flandre) ont été électoralement punies. Néanmoins, au niveau flamand, ce sera une réédition du gouvernement précédent. Les partis qui ont perdu persévèrent sur leur voie en en rajoutant une couche avec une politique encore plus antisociale. Ce ne sont pas seulement les migrants qui auront la vie dure, mais aussi les chômeurs, la société civile et les fonctionnaires. Qui sera à l’abri du danger ? Les plus riches, le lobby de l’immobilier, les grandes entreprises,… Il y a comme une marque du Vlaams Belang sur ce gouvernement qui semble utiliser pour devise : “les riches d’abord”. Ce sont les promesses sociales de l’accord de coalition qui sont mises en évidence dans les médias, mais il ne s’agit que d’une mince couche de vernis.

    Par Geert Cool

    Le manque de moyen ne résoudra aucun problème

    Le gouvernement Jambon fait semblant d’être “social” pour ceux qui vivent en Flandre – nous avons failli écrire “pour les vrais Flamands” – et plus strict pour ceux qui veulent en faire partie. Un coup d’œil à ce qui est proposé comme mesures sociales démontre clairement que cela n’a pas de sens. Les besoins dans les secteurs des soins, de l’éducation et du logement, pour ne parler que d’eux, sont particulièrement importants. Mais les moyens proposés n’y répondent pas.

    Il faudrait par exemple 1,6 milliard d’euros par an pour éliminer les listes d’attente dans les soins aux personnes handicapées selon l’Agence flamande pour les personnes handicapées (VAPH). Avec 270 millions d’euros, le nouveau gouvernement flamand en est loin ! Quant aux soins aux personnes âgées, il n’y aura pas de facture maximale et le gouvernement n’investira pas lourdement dans des soins de santé publics pour les aînés. Un grand nombre de personnes âgées devront tout de même augmenter leur budget consacré aux soins et la promesse de personnel supplémentaire ne fait que suivre les normes du secteur. Au total, l’aide sociale recevra un budget supplémentaire de 550 millions d’euros, soit un montant similaire à celui dégagé par l’ancien gouvernement flamand qui reste bien en deçà de ce qui est nécessaire.

    Le secteur immobilier n’a rien à craindre du gouvernement Jambon : en évitant d’investir dans des logements sociaux supplémentaires, le “marché du logement” est complètement laissé la proie du secteur privé. Des dizaines de milliers de nouveaux logements sociaux ne seront pas en chantier, même si la liste d’attente est passée à 153.910 personnes en Flandre en 2018 (presque autant que le nombre de logements sociaux disponibles : 156.280). Le gouvernement prétend investir dans le logement social, mais il n’est pas très ambitieux. L’accord de coalition affirme : “L’autorisation d’investissement pour les nouvelles constructions et les rénovations sera maintenue au niveau de 2019 pour les 5 prochaines années” avec un accent sur la rénovation. En bref : il n’y aura pas d’investissement supplémentaire et c’est à peine s’il devrait y avoir de nouveaux logements sociaux. L’aide flamande au logement social dans les grandes villes (Anvers, Gand) sera maintenue. Selon le président de la N-VA lui-même, c’est consciemment que la note de départ de De Wever a proposé de mettre fin à ce financement, pour ensuite revenir là-dessus. Les choses vont ainsi avec les mesures sociales de ce gouvernement flamand : soyez déjà content de garder ce que vous avez… Un statu quo insuffisant est ainsi présenté comme un « progrès ». Sans logement social supplémentaire, la seule solution proposée est d’en rendre l’accès plus difficile aux nouveaux arrivants.

    Il y a encore le bonus emploi : si vous gagnez moins de 1.700 euros brut par mois, vous recevrez une prime nette de 50 euros par mois. Si vous gagnez entre 1.700 euros et 2.500 euros brut, vous recevrez un bonus plus petit. Selon les libéraux, cela s’appliquerait à un travailleur sur trois. Cette mesure coûte 350 millions d’euros et est l’une des plus coûteuses prises par ce gouvernement. Les personnes à faible revenu vont certainement s’en réjouir, mais cela reste à voir : la mesure ne sera pas introduite avant 2021. L’idée derrière est que ce n’est pas aux employeurs de payer leur personnel, mais à la collectivité. Au lieu d’un salaire plus élevé donnant droit à des allocations sociales (par exemple des pensions), une prime sera versée à partir des caisses de la communauté.

    Les mesures “sociales” sont donc bien maigres et ne l’emportent pas sur les nouvelles propositions antisociales de l’accord de coalition.

    Contre les nouveaux arrivants, les chômeurs, les fonctionnaires,…

    Le Vlaams Belang avait raison de penser qu’il aurait laissé son empreinte sur l’accord de coalition. Il est remarquable que le VB n’ait pas critiqué les lacunes des mesures “sociales” proposées et qu’il se soit limité à demander que les migrants et les nouveaux arrivants soient traités encore plus sévèrement. L’accord de coalition reprend des mesures du tristement célèbre programme en 70 points du Vlaams Blok : la Flandre quitte le centre pour l’égalité des chances Unia et rend plus difficile l’accès, entre autres, à l’intégration civique obligatoire. Les nouveaux arrivants paieront 180 euros de frais d’inscription pour le cours d’intégration et deux fois 90 euros pour les examens de néerlandais et d’orientation sociale.Ce cours d’intégration de 360 euros est plus cher qu’un bachelier de trois ans pour un étudiant boursier.

    Le gouvernement flamand crée ainsi l’illusion que le déclin social de ces dernières années provient de la migration. Mais cela échoue à expliquer les bas salaires, le manque de moyens pour l’enseignement, l’insuffisance des infrastructures ou le déclin du secteur des soins. Tout cela résulte d’un transfert de ressources de la communauté vers les grandes entreprises via toutes sortes d’avantages fiscaux. Tous les gouvernements de ce pays – y compris le gouvernement fédéral à venir – refusent de s’opposer à cette logique. En prenant base sur les 43.397 nouveaux arrivants en Flandre en 2017 (les dernières données du Local Integration Monitor du gouvernement flamand), une contribution de 360 euros rapporterait un total de 15 millions d’euros. Rappelons que pour éliminer les listes d’attente dans les soins aux personnes handicapées, il faut 1,6 milliard d’euros, soit cent fois plus. En d’autres termes : les attaques contre les nouveaux arrivants sont principalement symboliques. Elles visent à donner l’impression que le gouvernement va d’abord défendre “son propre peuple”. Elles ne rapporteront presque rien, mais ces 360 euros représentent beaucoup d’argent pour des personnes sans moyens.

    Les attaques ne se limitent pas aux nouveaux arrivants. Les chômeurs, par exemple, sont traités plus sévèrement. Le VDAB aura plus de possibilités de suivre les demandeurs d’emploi de plus près avec un “accord obligatoire sur un itinéraire personnel pour se rendre au travail” (pour lequel le VDAB ne reçoit pas de ressources supplémentaires) suivi de la possibilité d’un service communautaire obligatoire non rémunéré après deux ans. Les communes peuvent commencer à se débarrasser de leur personnel : le travail forcé non rémunéré les remplacera bientôt. C’est littéralement ce que cette mesure a impliqué aux Pays-Bas. Les médias avaient pas exemple relayé l’histoire d’un balayeur de rue licencié qui a ensuite dû balayer ces mêmes rues gratuitement, sans salaire, dans le cadre de son service communautaire.

    Autre cible des attaques du gouvernement flamand : ceux qui travaillent pour lui. Désormais, les nouveaux employés ne seront engagés que sur base contractuelle, à l’exception de l’enseignement. Le statut de fonctionnaire sera totalement supprimé, ce qui constitue un grand pas en arrière pour le personnel concerné (en termes de sécurité d’emploi et de pensions, entre autres). Le gouvernement flamand veut un gouvernement “allégé” avec moins de personnel. En ce qui concerne les salaires, un pas en avant a été franchi en déclarant que “l’importance de l’ancienneté dans la formation des salaires” a été “réduite”.

    Les nouveaux arrivants, les chômeurs et les fonctionnaires sont rejoints par tous ceux qui peuvent être “embêtants” pour le gouvernement flamand de droite. Par exemple, la contribution financière au centre fédéral pour légalité des chances Unia sera supprimé. La VRT devra être un vecteur de diffusion de l’”identité flamande” et cesser de publier des articles d’opinion critiques (le site d’information de la chaîne ne pourra être utilisé que pour soutenir le matériel visuel). Le Forum des minorités disparaîtra. Les mutuelles de santé seront prudemment attaquées par la proposition que les fonds des soins (payés par la prime santé) fusionnent et deviennent distincts des mutuelles.

    Un accès plus difficile à l’enseignement supérieur

    L’accord parle d’attirer du nouveau personnel dans l’enseignement, y compris en prenant en compte l’ancienneté dans le secteur privé. Des moyens supplémentaires seront allouées à l’enseignement préscolaire. Le M-Decree – une tentative d’inclure les élèves ayant des besoins spéciaux dans l’enseignement ordinaire, sans fournir les moyens nécessaires à cette fin – sera une fois de plus aboli. Il n’est cependant toujours pas question d’un refinancement public sérieux du secteur.

    Ce qui change, c’est l’importance accrue accordée au rendement, notamment avec des tests standard obligatoires dans l’enseignement secondaire. Dans l’enseignement supérieur, les programmes de bachelier et de master seront fortement réduits, ce qui limite l’accès aux programmes de master (à moins que l’étudiant n’ait les moyens d’étudier plus longtemps). En outre, le gouvernement souhaite une “rationalisation” des programmes de bachelier qui menace les programmes comprenant moins de 115 étudiants.

    Pas d’investissement dans les transports publics

    De Lijn a réalisé des économies considérables ces dernières années et le gouvernement flamand souhaite poursuivre dans cette voie. Le gouvernement veut que nous payions plus cher : “En tout cas, De Lijn continuera d’atteindre un niveau plus élevé de recouvrement des coûts et l’efficacité des coûts restera une motivation permanente”. Le degré de recouvrement des coûts correspond à la part des coûts payés directement par les utilisateurs, en plus de la part que nous payons indirectement via les fonds de la communauté. En outre, le gouvernement imposera une libéralisation complète dans une région au cours de la seconde moitié de la législature : un opérateur y sera nommé par appel d’offres. Cela rendra les choses plus faciles aux entreprises privées : “Nous étudions également comment supprimer les obstacles réglementaires pour les initiatives de transport privé”, proclame l’accord.

    Le gouvernement flamand est conscient que cela risque de pousser au conflit avec le personnel. C’est pourquoi l’accord de coalition stipule : “Nous faisons un pas de plus vers un service garanti”. À cette fin, il est question de consulter les partenaires sociaux, mais si cela ne fonctionne pas, le gouvernement imposera les choses. « En l’absence de résultats dans le délai de six mois, le gouvernement prendra l’initiative d’atteindre l’objectif susmentionné. »

    L’identité flamande

    Lors du congrès de la N-VA, les dirigeants ont été les plus applaudis pour les mesures nationalistes. Alors qu’une interdiction totale des signes idéologiques est appliquée dans l’enseignement fondamental au nom de la neutralité, dont le voile, cette neutralité ne s’applique pas à la ceinture du bourgmestre, qui pourra désormais porter soit le tricolore belge, soit une version flamande. Nous verrons donc d’après la ceinture si nous faisons face ou nom à un bourgmestre nationaliste flamand. Un « canon flamand » sera développé. Dans la périphérie flamande, il pourrait y avoir une « règle de priorité » pour donner préférence aux “élèves de la communauté flamande”.

    Et le CD&V?

    La formation du nouveau gouvernement flamand a beau reposé sur la même composition que le précédent, cela n’a pas été facile. Il a fallu quatre mois pour aboutir à un document non chiffré qui a scellé la formation du gouvernement. Cela reste un gouvernement de perdants où la N-VA essaie d’utiliser la percée du VB pour élargir sa propre empreinte. Les libéraux sont juste heureux d’être là. Mais le CD&V aura encore plus de mal à prétendre être le « visage social » d’un gouvernement de droite avec cet accord. Le parti était déjà sous la pression des politiques antisociales des gouvernements suédois précédents, mais son sommet semble maintenant sincèrement enthousiaste quant à la poursuite des attaques. Les seules discussions semblent porter sur le rôle que chaque dirigeant du parti jouera. Le CD&V a reçu une nouvelle claque avec les dernières élections et les sondages d’aujourd’hui sont encore plus dramatiques. Qu’en fera le CD&V ? Une fois les élections passées, les le parti a multiplié les accusations contre les dirigeants de la CSC. Avec cet accord de coalition, il sera encore plus difficile au sommet de la CSC de justifier ses liens avec le CD&V.

    Entrons en résistance !

    Les mesures de l’accord de coalition s’inscrivent dans la lignée de l’ancien gouvernement flamand et vont plus loin à différents niveaux, notamment à l’encontre des migrants, des fonctionnaires ou du personnel et des utilisateurs de De Lijn. Les mesures sociales promises ne répondent pas du tout aux besoins et ne sont souvent qu’une confirmation de mesures déjà en place. Ce gouvernement se bat pour les riches. Les travailleurs ordinaires qui pensaient qu’ils seraient mieux lotis parce que les migrants seraient traités plus sévèrement se trompent. Cela commence avec les migrants, mais la logique d’austérité néolibérale ne se limitera pas à eux.

    Il faudra résister au gouvernement Jambon. Nous ne devons pas nous laisser entraîner dans la méthode raciste du “diviser pour régner”, que le gouvernement défend aujourd’hui avec insistance pour dissimuler son échec dans d’autres domaines. Les partis de droite ont été sanctionnés pour leurs politiques antisociales, mais ils y répondent avec des politiques encore plus antisociales. Le mouvement des travailleurs doit collectivement lutter pour répondre aux besoins de la majorité de la population. S’il n’imprime pas sa marque sur les événements, le débat public sera prisonnier du racisme « modéré » et du racisme dur, de l’austérité dure et d’une version plus douce.

  • La Belgique menacée d’être ingouvernable – ils n’ont tout simplement pas de solution !

    ‘‘Michel et De Wever, ça pèse lourd sur l’estomac ! Une production CD&V’’ – CGSP – Jeunes. Photo : Mediactivista

    La fragmentation politique et la disparition de la base sociale des partis qui gèrent le capitalisme belge depuis plus d’un demi-siècle ne sont pas des phénomènes propres à la Belgique.

    Edito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste, par Els Deschoemacker

    En Italie, des négociations sont actuellement en cours pour empêcher de nouvelles élections à la suite de la chute de la coalition prétendument anti-establishment de la Lega de Salvini et du Mouvement des cinq étoiles. La solution provisoire est un gouvernement d’urgence ou technocratique non-élu. C’est une manière de gagner du temps, mais il est illusoire de penser que cela mettrait un terme à la crise politique. L’objectif d’un tel gouvernement est de présenter un budget de réduction de la dette publique correspondant aux normes néolibérales et européennes qui érodent davantage les droits et revenus de la majorité des Italiens. Un budget d’austérité en somme. Cela ne peut que préparer une nouvelle victoire pour la Lega raciste.

    Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. En Grande-Bretagne, l’incapacité des partis politiques à répondre aux aspirations et aux besoins réels de la population, qui sont à la base des résultats du référendum sur le Brexit de 2016, a paralysé le parlement. Dans l’Etat espagnol, nous sommes sur la bonne voie pour les quatrièmes élections en quatre ans, et l’Allemagne ‘‘stable’’ est, elle aussi, au beau milieu d’une tempête politique. Les gouvernements minoritaires deviennent de plus en plus la norme et démontrent la nature fondamentalement antidémocratique du capitalisme d’aujourd’hui.

    La crise sociale conduit à la crise politique

    En Belgique également, la crise politique prend de l’ampleur. Le phénomène n’est pas neuf. En Flandre, les premiers chocs politiques ont eu lieu au début des années 1990. Les contre-réformes antisociales ont érodé la base sociale des partis traditionnels du pays au point qu’il est devenu très difficile de gouverner le pays, tout particulièrement au niveau fédéral.

    Aux élections municipales d’oct-obre dernier et aux élections de mai, les électeurs se sont prononcés contre la politique antisociale de la coalition suédoise. Mais le signal de l’électeur contre la dégradation des conditions de vie de la majorité de la population est ignoré. Il suffit de regarder la formation des gouvernements régionaux et les programmes discutés. En Flandre, la coalition suédoise se poursuit et met encore davantage l’accent sur la division à caractère raciste. Au lieu de garantir la protection sociale des gens, de plus en plus de groupes en sont exclus. Il faudrait davantage de moyens pour répondre aux besoins sociaux, mais c’est inenvisageable ! Une situation analogue se présente à Bruxelles où les quelques mesures cosmétiques proposées sont bien insuffisantes pour faire face à la crise sociale. Enfin, en Wallonie, les appels à la formation d’un gouvernement de gauche pour mettre fin à la politique d’austérité n’ont jamais été sérieusement considérés.

    Ces gouvernements n’ont pas l’intention de répondre aux souhaits de la majorité de la population. Ils cherchent simplement une formule pour continuer d’appliquer le programme du capitalisme belge.

    Les gouvernements régionaux donnent maintenant le ton, parce que la formation d’un gouvernement fédéral semble complètement impossible. Trois mois après le 26 mai, on spécule déjà ouvertement sur la tenue de nouvelles élections si l’impasse se poursuit au niveau fédéral ou sur la nécessité d’un gouvernement d’urgence si l’économie belge se retrouve en détresse dans le contexte d’une nouvelle crise internationale. Ce pourrait être un prétexte pour remplacer le gouvernement en affaires courantes, en route depuis décembre dernier sans majorité au parlement, par un gouvernement plus autoritaire avec ou sans pouvoirs spéciaux.

    Sauver le capitalisme belge sera en tout cas LA question, avec une nouvelle offensive contre nos conditions de vie. Même en l’absence d’une crise internationale immédiate, le prochain gouvernement devrait aller chercher au moins 10 milliards d’euros dans nos poches.

    Riposter à chaque attaque antisociale par l’action de masse et une alternative politique

    Quand Michel 1 est arrivé au pouvoir, il ne s’est pas écoulé un mois avant que la première mobilisation de masse ne commence. On craignait à juste titre que ce gouvernement tenterait de briser la forte organisation du mouvement ouvrier belge. Plusieurs mesures brutales ont été adoptées, mais il s’avère que le gouvernement tripartite Di Rupo a économisé plus que la coalition suédoise dirigée par le MR et la N-VA. Cela illustre le fait que presque tous les partis font passer les intérêts des capitalistes avant ceux des travailleurs et de leurs familles. Le puissant mouvement de grève de 2014 a ébranlé le gouvernement et a pu empêcher le pire. Mais cela ne suffit pas pour enrayer le déclin.

    La réalité, c’est que nous avons à l’époque raté l’occasion de renverser le gouvernement par des grèves générales et d’ouvrir un large débat sur l’alternative politique dont le mouvement ouvrier a besoin. La percée électorale du PTB est une expression de ce potentiel. Cela a poussé le débat politique vers la gauche en Wallonie et à Bruxelles, mais cela n’a pas été sans effet en Flandre également. Néanmoins, là-bas, ce ne sont pas les partis de gauche qui ont parlé des revendications du mouvement social avec le plus d’audace. C’est le Vlaams Belang qui a défié le gouvernement précédent de la manière la plus offensive, en se déguisant avec les vêtements de la gauche pour lier démagogiquement la colère sociale à une rhétorique raciste. Mais une fois les élections passées, le Vlaams Belang n’a plus parlé du salaire minimum ou de meilleures allocations sociales.

    Les jeunes grévistes pour le climat ont eu un impact majeur. L’action de masse a imposé ce thème sur le devant de la scène. C’était une leçon d’importance, mais ce ne fut pas la seule. L’incapacité des Verts, surtout en Flandre, à lier la transition climatique à un programme social – ne parlons même pas d’une alternative anticapitaliste – a gâché le potentiel que certains sondages laissaient entendre.

    L’action de masse doit rester la réponse de la classe ouvrière si elle ne veut pas rester piégée par des partis qui ne servent que les intérêts des plus riches. Cela doit être lié à la construction consciente d’un parti politique capable d’unir l’ensemble de la classe ouvrière derrière un programme de rupture anticapitaliste et socialiste.

  • La santé en lutte – Nous avons besoin de plus de personnel et de plus de moyens !

    Assemblée générale La Santé en Lutte

    Depuis plusieurs mois maintenant, le personnel de différentes institutions de soins est mobilisé pour réagir à la dégradation constante de leurs conditions de travail. Dans ce cadre, une grande Assemblée Générale de rentrée de La Santé en Lutte était organisée vendredi dernier à Bruxelles. Le texte ci-dessous est tiré du tract Hypertension (1) qui y a été distribué. Nous vous invitons par ailleurs à lire l’interview que nous avons réalisée de Karim Brikci, délégué permanent CGSP de l’hôpital Brugmann-Horta ainsi qu’à vous rendre sur le groupe Facebook La Santé en Lutte

    On exige toujours plus avec moins de personnel. Les soins sont enchaînés les uns après les autres, à la chaîne, sans plus avoir de temps pour les patients. La pression et la dégradation des conditions de travail sont devenues insoutenables. La dimension humaine des soins a été détruite par la charge de travail et la transformation des hôpitaux en usines. Des tableaux Excel interprétés par des consultants externes, ou autres bureaucrates, ne permettront jamais de saisir la réalité de terrain.

    “Sous le gouvernement Di Rupo, plus de 4 milliards d’euros ont été économisés dans l’assurance-maladie, dont 1 milliard d’euros ‘‘d’économies nettes’’. Sous celui de Michel, le compteur a été augmenté de 3,84 milliards d’euros, dont plus de la moitié sont des économies nettes’’(2). Nous sommes au début d’une véritable crise des soins de santé. Avec trop peu de moyens, un désinvestissement chronique et la commercialisation progressive de la santé, impossible que celle-ci fonctionne correctement !

    Tout ceci n’est pas une fatalité. Nous partageons matin et soir ce constat sur nos lieux de travail. La Santé en Lutte est un espace de convergence pour toutes les travailleuses et les travailleurs de la santé, afin de sortir de notre isolement et prendre conscience de notre force collective. Avec la grève des hôpitaux publics bruxellois le 3 juin, les mardis des blouses blanches et le mouvement dans les maisons de repos, le mouvement des travailleurs de la santé s’étend. Cela offre l’opportunité d’élaborer tous ensemble, avec la participation des différents syndicats, un plan d’action crescendo vers une journée d’action nationale commune pour tous les secteurs confondus de la santé.

    Dans une interview au Soir, Robert Verteneuil, le président de la FGTB a raison d’expliquer que le signal donné par les électeurs le 26 mai dernier, c’est celui des préoccupations sociales. Pour y répondre, il propose un plan national d’urgence socio-climatique : augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs via les salaires, relever la pension minimum à 1500€ net, le salaire minimum à 14€/heure brut, les minima sociaux au-dessus du seuil de pauvreté et des investissements dans le social et le climat. C’est un bon programme dans lequel La Santé en Lutte peut s’inscrire : les investissements publics nécessaires dans le secteur sont importants.

    La formulation de nos revendications peut varier, qu’on soit dans le public ou le non-marchand, dans les hôpitaux, les
    maison de repos, les soins à domicile, au SIAMU… Mais nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes.

    • Un refinancement public massif de la santé pour de l’engagement de personnel supplémentaire, de bonne conditions de travail et des soins de qualité pour tous.
    • Une augmentation de l’ensemble des salaires et un minimum de 14€/heure soit 2300€ brut par mois.
    • Un renforcement du système fédéral de sécurité sociale, pas de scission de celle-ci !
    • Une réduction du temps de travail à 30h semaine pour permettre un travail à long terme dans le secteur, avec
      embauches compensatoires, sans pertes de salaires et avec une interdiction formelle du travail à temps partiel
      involontaire.
    • Mettons un terme à la privatisation et à la commercialisation de la santé. Pour un service public national de santé gratuit,
      sous contrôle démocratique de la collectivité. Y compris la partie rentable du secteur, l’industrie pharmaceutique, duquel serait bannie l’avidité du privé.
    1. Hypertension (version néerlandophone : ‘Polsslag’) a vu le jour lors de la Colère Blanche (2004-2005) comme journal d’action pour des militants syndicaux combatifs et critiques, tant à la CSC qu’à la FGTB dans le secteur de la santé. Ce réseau s’est créé à l’initiative de délégués membres du Parti Socialiste de Lutte (PSL), mais est ouvert à tout activiste combatif dans le secteur. Contact : www.socialisme.be / info@socialisme.be
    2. Service national d’études des mutualités socialistes, décembre 2017.

  • 150 personnes au rassemblement et au meeting antifascistes à Bruxelles

    Ce dimanche 15 septembre, les militants néonazis de “Blood, Soil, Honour and Faith” & co s’étaient donnés rendez-vous à Bruxelles pour tenter eux aussi de bénéficier d’une plus grande visibilité et de capter une part du succès international de l’extrême droite, et plus particulièrement du Vlaams Belang en Belgique.

    Notre campagne antifasciste Blokbuster participe à la coalition “Stand Up” et a collaboré à la mise sur pied d’une riposte face à cette présence inadmissible de néofascistes ouvertement violents dans nos rues. Nous tenons à souligner que l’interdiction que le bourgmestre a décidée concernant notre rassemblement est parfaitement inadmissible. Son discours vise à renvoyer dos à dos les néofascistes et les antifascistes, à les mettre sur un pied d’égalité.

    Nous entendons également rappeler que l’extrême droite instrumentalise la colère contre les pénuries sociales. Ces dernières sont le fruit des politiques antisociales appliquées par les partis traditionnels, dont le parti du bourgmestre. Leurs politiques affament nos services publics, détruisent nos conditions de travail et bousillent nos pensions. Le succès du Vlaams Belang s’explique notamment par la colère contre les politiques néolibérales et l’austérité. Ce parti est parvenu à la dévier, caché derrière des thèmes sociaux et un profil prétendument anti-establishment qu’il a combiné aux préjugés racistes. Une fois les élections passées, le parti a directement balancé à la poubelle cette approche qui n’était qu’un leurre.

    Lors de la discussion, la coalition Stand Up a donné rendez-vous pour une manifestation à Gand le 26 septembre (événement Facebook). Le cercle étudiant catholique ultra-conservateur KVHV veut organiser un meeting avec le nouveau député du Vlaams Belang Dries Van Langenhove, par ailleurs chef de file du groupe néofasciste Schild en Vrienden.

    La coalition Stand Up organise ensuite le 28 septembre une après-midi de rencontre et de discussion suivie d’une soirée concert au Garcia Lorca à Bruxelles (plus d’infos).

    Dans le cadre de ce 15 septembre, nous avons distribué ce tract pour discuter notamment du programme pour la lutte anti-fasciste. No Pasaran !

    Les néonazis veulent avoir leur part du succès du Vlaams Belang aux élections : résistance !

    La victoire électorale du Vlaams Belang donne aux néo-nazis de notre pays une plus grande confiance en eux. L’été dernier, 25 néonazis se sont retrouvés au café De Bengel, au marché d’Anvers sur la Grand Place. Par la suite, cinq d’entre eux ont été arrêtés parce qu’ils faisaient le salut hiltérien sur l’avenue commerciale dans le centre. Parmi eux, Tomas Boutens a été reconnu coupable d’avoir mis sur pied un groupe neo-nazi armé Blood&Honour au début du siècle dernier. Ce groupe veut manifester à Bruxelles le 15 septembre pour tenter de répéter la “Marche contre Marrakech”, mais aussi autour de l’exigence que le Vlaams Belang entre au gouvernement.

    Les précurseurs de Blood&Honour ont été mis sur pieds aux Pays-Bas à la suite de la première percée électorale du Vlaams Blok au début des années 90. C’est à cette époque qu’ont eu lieu les premiers concerts avec des groupes nazis associés au groupe britannique Blood&Honour, un groupe ouvertement fan d’Hitler et des nazis. Ce n’est pas un hasard si l’un des premiers organisateurs d’un tel concert au début des années 90 a également été actif localement avec les jeunes du Vlaams Blok. Le parti n’a eu aucun problème avec cela. Au tournant du siècle, deux groupes de combat de Blood&Honour étaient actifs aux Pays-Bas. L’un d’eux a utilisé le nom de’Bloed Bodem Eer Trouw’ et comptait plusieurs soldats parmi les organisateurs. Le réseau des néo-nazis armés a été démantelé en 2006, après quoi les pionniers se sont surtout occupés de leurs problèmes juridiques.

    Les condamnations définitives ont été limitées : quatre prévenus, dont Boutens, ont été condamnés à des peines allant de quelques mois à cinq ans. Toutefois, le tribunal a déclaré qu’ils formaient un groupe terroriste qui voulait mener des attaques. Ces dernières années, le dirigeant du BBET, Boutens, est apparu plus régulièrement dans les manifestations d’extrême droite. Par exemple, il a assisté à plusieurs reprises à une manifestation du NSV (Nationalistische Studentenvereniging), le club étudiant non officiel du Vlaams Belang.

    Lorsque l’existence d’un groupe armé de néonazis est devenue largement connue par les médias en 2006, le VB a dû prendre ses distances. Cela a été plus explicitement fait par certains que par d’autres. L’ancien vice-président Roeland Raes a fait remarquer : “A droite de nous, la politique n’est pas possible. Nous nous abstenons d’adopter des positions qu’une petite minorité de nos membres trouvent attrayantes, mais qui nous ralentissent.” Il ajoute avec un peu de nostalgie : “Dans les années soixante-dix, il y avait moins de tabous sur le langage ou sur les réminiscences des années 30 et 40. Les mesures prises contre nous à l’époque n’étaient pas si fortes et déterminées.” En bref : selon le vice-président du VB, les partisans du nazisme appartenaient à “ nous “, c’est-à-dire au parti et à sa périphérie.

    Maintenant que le Vlaams Belang progresse à nouveau dans les élections, certains néonazis voient l’occasion de repartir avec plus de confiance en eux. Leurs actions antérieures n’ont donné lieu qu’à de légères punitions. Leurs collègues de Schild&Vrienden, l’élite nazie diplômée, ont pris leur propre route avec leurs déclarations racistes, sexistes et homophobes. Cela les ont incités à commettre des actes violents. Aujourd’hui le chef de ce gang a été catapulté directement au parlement par le Vlaams Belang. Alors pourquoi les nazis plus traditionnels, moins diplômés, ne tenteraient-ils pas leur chance à nouveau ? C’est dans ce contexte que s’inscrit la “marche” annoncée à Bruxelles le 15 septembre.

    Le Vlaams Belang a dû se dissocier, mais comme l’ancien vice-président Roeland Raes l’a fait remarquer il y a des années, certains membres du parti trouvent cette initiative “attrayante”. Le profil anonyme utilisé comme initiateur de la manifestation est, entre autres, un ami du président du VB gantois Johan Deckmyn. Sur Facebook, environ 1000 personnes ont indiqué qu’elles iraient à la manifestation. C’est impressionnant pour une initiative néo-nazie, même si, bien sûr, il devient extrêmement difficile d’égaler la manifestation des 5 500 à la manifestation contre l’accord de Marrakech et même s’il y a sans doute beaucoup de faux profils de trolls d’extrême droite sur les 1 000 personnes inscrites. La manifestation contre Marrakech a été activement soutenue par le Vlaams Belang et ses organisations amies (KVHV, NSV, Schild&Vrienden, ….) qui ont de nouveau été attirées par le succès du VB. Avec l’attention croissante accordée aux réfugiés, la N-VA a de nouveau renforcé le groupe d’extrême droite.

    Il est difficile de prédire ce que l’action du 15 septembre apportera, mais il n’est pas exclu que quelques dizaines de militants d’extrême droite tentent de faire une manifestation. On ne devrait pas permettre que cela se produise. Ll y a une discussion au sujet d’une contre-manifestation. Blokbuster est d’avis qu’une mobilisation s’impose, dans laquelle nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour manifester pacifiquement avec autant d’antifascistes que possible et limiter ainsi la portée de l’extrême droite.

    En même temps, Blokbuster défend la nécessité d’un programme social qui démasque les tentatives du VB de répondre à l’insatisfaction et à la peur justifiées concernant les salaires, les pensions, les soins de santé, les soins pour les personnes âgées, etc. Ce ne sont pas les réfugiés qui économisent sur notre sécurité sociale pour offrir des cadeaux aux super riches ; c’est ce que font les marionnettes néolibérales des grandes entreprises avec lesquelles le VB avait tant voulu former une coalition ! Depuis les élections, le VB a laissé son masque “ social “ pour ce qu’il est : il ne reste plus que le racisme et l’agitation du drapeau. Avec une lutte active autour de revendications telles qu’un salaire minimum plus élevé, une pension minimum plus élevée, des investissements publics dans les services publics et le logement social, …. nous pouvons aller à l’encontre de la politique d’austérité et dénoncer les fausses “réponses” de l’extrême droite pour ce qu’elles sont : semer la division qui entrave la lutte pour faire respecter nos revendications !

  • Pas de gouvernement de gauche en Wallonie. La faute au PTB ?

    Dans son interview du 6 août à la radio publique, le secrétaire général de la FGTB Wallonne Thierry Bodson a chargé le PTB et le CDH pour le retour aux affaires du MR dans les négociations wallonnes : ils ‘‘ont pensé à eux d’abord et pas aux gens d’abord’’. Le PTB porterait la responsabilité de l’échec de la formation d’un gouvernement de gauche en Wallonie comme le souhaitait la FGTB. Le PTB défend que l’absence de politique de rupture l’empêchait de participer. Thierry Bodson répond que le PTB aurait privilégié des calculs politiciens pour les prochaines élections au lieu de répondre aux demandes des jeunes, des travailleurs et des Gilets Jaunes qui ont manifesté. Cette idée rencontre un certain écho auprès de nombreux électeurs de gauche. Beaucoup d’autres estiment au contraire que le PTB a eu le courage de ne pas renoncer à son programme une fois aux portes du pouvoir.

    Par Boris (Bruxelles)

    La note remise au PS en Wallonie, ‘‘les lignes rouges du PTB’’, allait dans la bonne direction avec l’exigence de rompre avec les carcans austéritaires, le refus des partenariats publics-privés (PPP), la gratuité des TEC, la création de 40.000 logements sociaux, l’arrêt des exclusions du chômage, un pôle public de l’énergie et des investissements dans les services publics. Selon le PTB, les discussions avec le PS n’ont été qu’une mauvaise pièce de théâtre pour que le PS parvienne à justifier un futur accord avec le MR auprès de ses électeurs. Elio Di Rupo dément et y a répondu dans sa lettre envoyée à tous les membres du PS : ‘‘fin des partenariats publics-privés, davantage de logements publics, gratuité des TEC en Wallonie, (…), création d’un pôle public de production et de fourniture d’énergie, (…). Nous avons souligné ces convergences et la possibilité de former un noyau de propositions fortes constituant le cœur d’un futur accord de gouvernement. Les représentants du PTB n’ont rien voulu entendre.’’ Le PS est évidemment peu crédible à ce sujet après sa participation à toutes les politiques néolibérales passées. Aucune de ces propositions n’a d’ailleurs été reprise dans la note ‘‘coquelicot’’ commune avec ECOLO, une note où les services publics ‘‘ne sont pas cités une seule fois dans le texte’’ selon Thierry Bodson.

    Mais au lieu de quelques heures de discussions en coulisse, le PTB n’aurait-il pas mieux fait de prendre le temps, via des assemblées dans toutes les villes, d’impliquer le plus grand nombre possible de syndicalistes, de militants et d’électeurs dans un large débat public autour du programme et de la manière avec laquelle un gouvernement de gauche peut le réaliser ? Même en cas d’échec des négociations, cela aurait permis de préparer au mieux les mobilisations sociales à venir.

    La participation de syndicalistes au débat aurait même pu enrichir la note du PTB en y ajoutant, pour la fonction publique, les revendications d’un salaire minimum de 14€/h et la semaine de travail de 32h sans perte de salaire avec embauches compensatoires. Ces revendications figurent également dans le programme électoral du PS. Ne valait-il pas mieux en faire des conditions strictes pour un soutien de l’extérieur en faveur d’un gouvernement coquelicot tout en clarifiant que les élus PTB ne voteraient aucun budget d’austérité ?

    C’est vrai, nous ne devons pas nous bercer d’illusions sur les possibilités qu’un gouvernement minoritaire PS-ECOLO représente un véritable changement pour la vie des gens. Mais, si le PS avait accepté cette proposition, cela aurait pu aider à créer de l’enthousiasme pour développer la campagne de la FGTB ‘‘Fight for 14€’’ et la lutte pour remporter ce combat. Si au contraire le PS l’avait refusée, il aurait alors été évident aux yeux de tous que ce dernier choisissait délibérément de balancer par la fenêtre ses promesses électorales en matière de pouvoir d’achat une fois le scrutin passé.

    Le PTB a raison : un plan radical d’investissements publics répondant aux besoins sociaux nécessite de rompre les carcans budgétaires imposés par la Commission européenne et par le gouvernement fédéral. Beaucoup de gens ont été surpris que le PTB rompe les discussions pour un accord de gouvernement wallon sur cette question. Cela s’explique par le manque de préparation durant la campagne. Cette revendication figurait bien dans le programme du PTB, mais enfouie vers la fin de ses 252 pages et diluée parmi 840 autres revendications. Dans les tracts, la sortie des traités d’austérité européens était plutôt présentée comme un élément qui serait défendu par un député PTB dans l’enceinte du Parlement européen. Cela n’a d’ailleurs pas été mentionné par Raoul Hedebouw lorsqu’il énumérait les points de rupture du parti pour entrer en coalition avec le PS et ECOLO lors de ses meetings électoraux. Pendant les élections, seul le PSL a popularisé l’idée de briser les carcans budgétaires volontairement imposés autour de notre appel à voter en faveur du PTB.

    Le PTB émet aujourd’hui l’idée qu’un gouvernement de gauche en Wallonie ne saurait rompre avec ce carcan budgétaire s’il est soumis à un gouvernement de droite au Fédéral. Face à ce défi, un gouvernement de gauche en Wallonie devra prendre des initiatives audacieuses en vue de mobiliser le mouvement des travailleurs pour construire un rapport de force favorable tout en développant des liens solides avec le mouvement ouvrier en Flandre et à Bruxelles. Une telle approche préparerait le terrain pour un ‘‘gouvernement de la taxe des millionnaires’’ en Belgique, à condition de s’appuyer sur un programme de mesures socialistes.

  • CPAS de Liège : Charge de travail insoutenable, burn-out, démissions, turnover,… ÇA SUFFIT !

    Nous publions ci-dessous le tract de la délégation CGSP du CPAS de Liège et appelons à rejoindre le rassemblement prévu ce 12 septembre à 18h place Saint Jacques. Tract en version PDF

    => Evénement Facebook

    Il faut des mesures MAINTENANT pour diminuer la charge de travail. Nous devons demander l’ouverture de négociations pour demander:

    • des engagements
    • la fin des mesures de contrôle chronophages
    • la fin des tâches doublon
    • un plan de prévention du burnout

    C’EST MAINTENANT QU’IL FAUT SE MOBILISER

    A la rentrée va commencer un tour de concertation avec les organisations syndicales dans le cadre de la rédaction du Plan Stratégique Transversal que notre direction est tenue de communiquer à la région wallonne.

    Ce PST doit traduire de façon opérationnelle la note de politique générale du CPAS. C’est donc le bon moment pour envoyer un signal clair à la direction et lui faire savoir que les travailleurs du CPAS de Liège n’entendent plus travailler dans les conditions actuelles: la charge de travail va croissante, tant en raison de l’augmentation des dossiers que de leur complexité. Les dysfonctionnements réguliers du circuit (blocage des dossiers, retards de payement) le démontrent à suffisance.

    L’état de santé des agents en est la traduction physique. Tant pour nous-même que pour l’exécution des missions qui sont les nôtres, l’autorité doit mettre au coeur de ses préoccupations la diminution de la charge de travail.

    INTERPELLER EFFICACEMENT, C’EST D’ABORD FAIRE NOMBRE

    Nous savons qu’il n’est pas simple de trouver le temps de faire entendre une revendication collective, souvent coincés par les obligations familiales et professionnelles. Cependant, la délégation ne pourra être prise au sérieux que si les agents manifestent massivement leur ras-le-bol. c’est pourquoi nous invitons chacun à faire le maximum pour être présent au rassemblement auquel nous appelons. Cette action sera également l’occasion de discuter de la suite que nous devrions lui donner: vos avis nous seront précieux!

    QUE FAIRE D’ICI LA?

    Chacun peut jouer son rôle: faites tourner ce tract, discutez-en avec vos collègues, mettez-vous en relation avec la délégation afin de nous aider à populariser notre action, attirez notre attention sur un service dans lequel nous ne serions pas passés pour mobiliser, envoyez-nous vos témoignages concernant la surcharge de travail: il n’y a pas de petit geste. Chaque acte peut contribuer à assurer la réussite de cette action. Et bien entendu: soyez présents le 12 septembre!

    contact: cgsp.cpasdeliege@gmail.com

  • Leur système est en faillite : faisons leur payer la casse !

    Crise politique. Menace climatique. Et une nouvelle récession ?

    Les signes inquiétants d’un ralentissement de la croissance et d’une crise se multiplient à travers le monde. On s’attend à une contraction économique pour le troisième trimestre en Allemagne, le pionnier économique de longue date de la zone euro qui constitue par ailleurs un important marché d’exportation pour la Belgique. En Italie, la troisième économie d’Europe, le capitalisme se dirige également vers une année de croissance nulle, voire de récession. Le gouvernement populiste s’est effondré. Le pays gémit sous une dette publique de 132% du Produit intérieur brut (PIB).

    Par Peter (Louvain)

    Le capitalisme mondial est embourbé dans un marécage de problèmes. Il y a le Brexit fin octobre et la guerre commerciale prolongée entre les Etats-Unis et la Chine dans un contexte de ralentissement de la croissance dans tous les secteurs de l’économie mondiale. La question fondamentale est celle-ci : les patrons parviendront-ils à nouveau à nous faire payer la crise, comme ce fut le cas après celle de 2008 ?

    La classe dirigeante tentera de transformer le ralentissement économique ou la récession en pertes d’emplois, réductions de salaire, rabotage des pensions, restriction des avantages sociaux et destruction de nos services publics pourtant essentiels. Face à elle se trouve la puissance potentielle de la classe ouvrière et des jeunes, dans la lutte pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure, pour une pension de 1.500 euros minimum, pour la réduction du temps de travail avec maintien du salaire et embauches compensatoires, pour des investissements publics dans la mobilité et le logement social, etc. Une lutte historique pour une autre société nous attend afin que ces revendications deviennent des réalisations.

    C’est dans cette conjoncture économique morose que, selon le Bureau du Plan, le gouvernement fédéral belge devra faire face à un déficit budgétaire de 9,6 milliards d’euros l’an prochain. Dans ce contexte s’inscrit également la difficile formation de gouvernements bourgeois affaiblis au niveau régional et national, des coalitions composées de perdants.

    Une élite capitaliste déconnectée du monde et insatiable

    On manque d’argent ? Le CEO de BPost, Koen Van Gerven reçoit un ‘‘parachute doré’’ de 500.000 euros ! En plus de son salaire de 600.000 euros par an… Pour les sociétés du BEL20 (les principales entreprises belges cotées en Bourse), le salaire annuel d’un CEO est encore plus élevé : en moyenne près de 2 millions d’euros. Comparez cela à l’augmentation salariale maximale de 1,1 % pour les travailleurs comprise dans l’Accord Interprofessionnel (AIP) de cette année ! ‘‘Je n’ai aucun problème avec le fait que les personnes qui occupent des postes de direction gagnent 3 ou 4 fois plus, mais pas 50 fois plus’’, a fait remarquer à juste titre Raoul Hedebouw (PTB). Pour le PSL, un tel plafond de rémunération doit être considéré comme une étape intermédiaire dans l’objectif d’un contrôle et d’une gestion démocratiques de l’économie par les travailleurs. Nous ne pourrons en faire l’économie si l’on veut efficacement mettre un terme à la crise néolibérale.

    Au deuxième trimestre, les 1.200 sociétés les plus capitalisées au monde ont distribué un montant record de 513,8 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires. (La Libre, 21/8/19). En 2018, les entreprises belges ont expédié pas moins de 206 milliards d’euros vers les paradis fiscaux. L’année précédente, c’était 129 milliards d’euros… Si quelqu’un cherche à combler le trou dans le budget et à améliorer notre pouvoir d’achat et le financement des services publics, c’est là qu’il faut aller ! Selon le Professeur Denis-Emmanuel Philippe (Université de Liège), la cellule ‘‘paradis fiscaux’’ du SPF Finances étudie cette fuite de capitaux avec…. 4 employés à peine ! (LL, 21/8/19)

    Cela n’a pas empêché 50 chefs d’entreprise flamands d’exiger une réduction supplémentaire de l’impôt sur les sociétés à 20% en plus d’un service communautaire pour les chômeurs. Une richesse inouïe d’un côté et une pauvreté croissante de l’autre : une telle société est malade.

    Maintenant, nous savons aussi pourquoi la N-VA et le Vlaams Belang font tout leur possible pour détourner l’attention vers les migrants. Cela leur fait office de paratonnerre pour dévier l’attention du braquage organisé par les plus riches du pays, de la pénurie d’emplois bien payés ou de logements abordables et de l’absence de perspectives d’avenir. Le Vlaams Belang a jeté tous ses slogans prétendument sociaux par la fenêtre une fois les élections passées. Aujourd’hui, le parti considère que le cadeau de départ de 500.000 euros pour le CEO de Bpost est parfaitement normal.

    En Wallonie, le MR, le partenaire choisi par le PS, propose que les mesures vertes ne ‘‘sanctionnent’’ pas les entreprises. En Flandre, à Bruxelles et en Wallonie, les listes d’attente pour les logements sociaux continueront de s’allonger. A Bruxelles, il faut attendre entre 8 et 10 ans !

    Les syndicats doivent lutter en masse contre les nouvelles autorités publiques austéritaires. Pas en ordre dispersé, mais tous ensemble. Si le capitalisme ne peut pas distribuer la richesse d’une manière équitable – une utopie dans ce système basé sur les profits et la crise – alors nous devons lutter pour une planification socialiste démocratique des immenses richesses actuelles.

  • Dans l’ombre des négociations, ça doit être la pure panique…

    Un mois après les élections, après la reconduction de la coalition sortante de régionalistes, libéraux et sociaux-démocrates en Communauté germanophone, il n’y a de perspectives que pour la formation d’un seul gouvernement : celui de la Région de Bruxelles-Capitale. En Flandre, en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles (ex-Communauté française), les actuels partis à la manœuvre ne sont pas majoritaires et, dans le cas du fédéral, les informateurs ne sont nulle part.
    Un contexte économique qui implique à nouveau une austérité brutale
    Pendant ce temps, les mauvaises nouvelles pleuvent tant pour le fédéral que pour toutes les entités fédérées. La perspective générale est faite de nouvelles mesures d’austérité, ce à quoi s’ajoutent encore l’analyse des déficits et des dettes des régions et des communautés.

    Edito de l’édition d’été de Lutte Socialiste, par Anja Deschoemacker

    La dette de la Communauté française s’élève aujourd’hui à 8,2 milliards d’euros (contre 3 milliards en 1999) et elle devrait encore augmenter pour atteindre 12 milliards d’euros dans cinq ans, tandis que le déficit budgétaire est de 192 millions d’euros. A cela s’ajoutent les dettes de la Région wallonne (21,7 milliards) et de la Région Bruxelles-Capitale (5,5 milliards). En Flandre, la dette passera de 25 milliards aujourd’hui à 34 milliards en 2024 en raison notamment du coût de la Liaison Oosterweel (qui vise à boucler le ring périphérique anversois). Pour avoir un budget en équilibre, le nouveau gouvernement flamand devra trouver 600 millions d’euros (De Tijd 19/06). Le déficit fédéral devrait encore augmenter cette année jusqu’à 7,5 milliards d’euros et 9,6 milliards d’euros l’an prochain.

    Et à quoi sert d’avoir le taux de chômage le plus bas depuis la seconde moitié des années ’70 (9,5% en 2018 selon L’Echo, 19/6) si cela s’explique en partie par l’exclusion de plus en plus de gens de leur droit aux allocations ? Tous les CPAS du pays sont confrontés à une augmentation du nombre de personnes qui ont besoin d’un revenu d’intégration ou d’autres formes de soutien, et encore plus de personnes dépendent entièrement de l’assistance de leur famille (surtout les femmes et les jeunes, mais aussi de plus en plus de personnes âgées).

    La relativité des données concernant le chômage devient évidente lorsqu’on les compare à celles sur la pauvreté. Selon l’Office national de la statistique Statbel, la proportion de Belges ayant un revenu inférieur au seuil de pauvreté est passée à 16,4% en 2018, le niveau le plus élevé en 15 ans. En chiffres absolus, cela concerne 1,8 million de personnes !

    Aucune perspective de stabilité

    Il a été écrit dans les astres qu’il serait à nouveau très difficile de constituer un gouvernement fédéral. L’affaissement des partis traditionnels a atteint un point où même l’ancienne ‘‘grande coalition’’ des trois familles traditionnelles n’obtient de majorité ni en Flandre, ni dans l’Etat fédéral.

    En même temps, la victoire de la famille verte n’a pas été suffisamment spectaculaire pour placer Groen et Ecolo dans une position où une ‘‘grande coalition encore plus grande’’ ou une coalition totalement asymétrique pourrait encore bénéficier d’une certaine aura de gloire et au moins d’une apparence de cohésion.

    En Flandre

    Pour le précédent ‘‘sauveur’’ de l’élite belge – la N-VA – le déclin a commencé. Elle est maintenant talonnée par un parti qui ne peut pas être le sauveur de l’élite belge : le Vlaams Belang. Dès que cela a été clair lors des élections communales, la N-VA a fait toute une série de gesticulations qui ont illustré que sa fiabilité pour la bourgeoisie était très temporaire.

    Mathématiquement, l’ancienne coalition flamande peut poursuivre sa route. Pourtant, Bart De Wever parle jusqu’à présent sérieusement avec le Vlaams Belang, même s’ils ne disposent pas de majorité ensemble et que les autres partis excluent de coopérer avec le VB. De Wever tente désespérément de freiner la perte de voix en faveur du VB tout en évitant de se tourner vers le CD&V et l’Open VLD comme un mendiant. Un gouvernement minoritaire N-VA / VB serait une aventure qui pourrait bien mal se finir. Cela bloquerait également à la N-VA toute chance de participer à un gouvernement fédéral.

    Les autres partis flamands ne veulent pas négocier d’accord de coalition élaboré notamment par le VB. Mais en même temps, il est clair que ces 43% de votes pour des nationalistes flamands vont exercer une pression énorme sur eux dans les années à venir. La possibilité mathématique d’un gouvernement sans la N-VA et le VB – une coalition quadripartite qui a une majorité fédérale – comporte le risque d’une condamnation à mort pour le CD&V mais aussi pour l’Open VLD. Cela ouvre également la porte à une majorité absolue des deux partis nationalistes flamands d’ici cinq ans.

    En Wallonie et en Communauté française

    En Wallonie et pour la Communauté française, les négociations se sont jusqu’à présent déroulées à l’image de celles de Flandre. Ici aussi, les négociations des interlocuteurs actuels (PS et Ecolo) ne débouchent que sur un gouvernement minoritaire, le CDH et le PTB ayant déjà indiqué qu’ils n’étaient pas intéressés à soutenir un gouvernement de l’extérieur. Ensemble, PS et MR sont majoritaires, mais ce serait pour le PS la recette d’une érosion supplémentaire en faveur du PTB. Une coalition PS/MR/Ecolo est sans doute préférée, mais Ecolo n’y serait pas essentiel. Pour Ecolo, cela ouvrirait la perspective d’une nouvelle chute électorale à la suite d’une trop petite percée.

    Et bien sûr, il reste la possibilité mathématique d’une ‘‘coalition FGTB’’, ainsi nommée d’après l’appel de la FGTB wallonne pour un gouvernement de gauche PS/Ecolo/PTB. Cependant, les négociations avec le PTB ont rapidement été interrompues (plus d’informations à ce sujet en page 4).

    Le fait que le PS mène les négociations peut détourner l’attention du fait que le dernier parti traditionnel belge à rester le plus important dans sa propre région/communauté a encore reculé. Toutes les options à l’exception de la ‘‘coalition FGTB’’ renforceront ce déclin. La force du PS a toujours été son pilier : le syndicat et la mutualité avec l’énorme position qui est la leur parmi la population wallonne. L’appel de la FGTB montre clairement que cela commence à prendre fin, à l’image de la relation gravement perturbée entre le CD&V, la CSC et la mutualité chrétienne en Flandre.

    Fédéral : trois options seulement, l’une plus impensable que l’autre

    Soit le nouveau gouvernement fédéral tourne autour de la N-VA, une coalition suédoise complétée par le CDH et Ecolo/Groen (mais ces deux forces ont jusqu’ici écarté la possibilité), soit autour du PS avec une coalition quadripartite qui exclut la N-VA. Dans le premier cas, il n’y a (encore une fois) pas de majorité du côté francophone, dans le second cas, les deux principaux partis flamands sont exclus. Il y a une autre option : un gouvernement asymétrique autour du PS et de la N-VA – la ‘‘coalition FEB’’ en réponse à l’appel de l’organisation patronale – mais un accord de coalition entre ces partis semble impossible pour l’instant, tant au niveau socio-économique que communautaire. Les trois options mèneraient à un gouvernement très incohérent.

    La formation d’un gouvernement fédéral n’est donc pas pour demain. L’espoir des informateurs (Reynders et Vande Lanotte) que la nécessité d’un budget en septembre/octobre conduirait à quelque chose n’est qu’une tentative évidente de garder artificiellement confiance. C’est vrai, historiquement, la bourgeoisie belge a développé une très grande capacité d’improvisation. Mais le système belge de partage du pouvoir communautaire, le fameux ‘‘compromis à la belge’’, s’est enlisé dans ses contradictions et touche clairement à sa fin. Pour improviser, il faut disposer d’instruments suffisamment fiables et suffisamment soutenus par la population. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

    De nouvelles politiques d’austérité – dans le style du gouvernement Di Rupo ou dans le style thatchérien de la précédente coalition suédoise – saperaient inévitablement le dernier parti traditionnel faisant autorité, le PS bourgeoisifié. Et alors la chanson serait dite. En Belgique, une ‘‘option Macron’’ – une ‘‘solution’’ temporaire pour dépanner la bourgeoisie après la désintégration de ses partis – devrait disposer de soutien dans toutes les régions du pays. Y croire, c’est partir à la chasse aux dragons et aux licornes. De plus, Macron a échoué à obtenir un soutien suffisant aux élections. Ici aussi, l’effet d’un tel phénomène serait probablement extrêmement temporaire.

    La seule solution : un gouvernement de gauche en Wallonie et en Communauté française

    Une ‘‘coalition FGTB’’ entraînerait des réactions allergiques dans le paysage politique flamand, c’est certain. La réponse serait probablement un gouvernement fédéral de droite autour de la N-VA ou même la rupture du cordon sanitaire en Flandre. Cela mettrait l’unité de la Belgique sous très forte pression. Comment cela pourrait-il être une solution ?

    La politique de la coalition suédoise a été sanctionnée dans toutes les régions du pays. Les sondages démontrent que la population du pays est unie en faveur d’un certain nombre de mesures nettement à gauche. Malgré la cacophonie sur la scène politique fédérale et flamande qu’un tel gouvernement de gauche provoquerait, cela offrirait à nouveau la perspective d’un avenir décent pour la grande majorité de la population, de la fin de la pauvreté et des inégalités toujours croissantes, s’il est toutefois prêt à rompre avec le système capitaliste.

    Un gouvernement de gauche qui introduirait une semaine de travail de quatre jours sans perte de salaire, un salaire minimum de 14 euros de l’heure, une pension minimum de 1.500 euros par mois,… et qui financerait ces mesures en prenant le contrôle des secteurs-clés de l’économie sous contrôle démocratique, susciterait également un énorme enthousiasme dans les autres parties du pays et poserait les bases d’un basculement du rapport de forces. Face aux querelles entre forces bourgeoises et petites bourgeoises, cela pourrait augmenter de manière convaincante l’unité de la classe ouvrière belge. Cette classe – qui constitue la majorité absolue de la population – est la seule force de la société qui n’est pas intéressée par les divisions nationales ou autres. C’est la seule force qui peut faire en sorte que la Belgique ne s’effondre pas, ou qu’elle le fasse – si telle est la volonté d’une majorité de la population – de manière à ne pas appauvrir la majorité de la population et en excluant le risque d’une guerre civile pour Bruxelles.

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