Category: Politique belge

  • Coronavirus. C’est tout le système qui est malade !

    • Investissements publics massifs dans les soins de santé
    • Nationalisation de l’industrie pharmaceutique
    • Pour une planification démocratique de la gestion de la crise

    Des centaines de milliers d’infections, des milliers de décès, un confinement. Toutes les contradictions et les faiblesses du système sont exacerbées par la crise du coronavirus. Les coupes budgétaires qui ont eu lieu dans les soins de santé et les services publics ont rendu plus difficiles les possibilités de riposter face à la crise. La mondialisation du processus de production implique des conséquences économiques mondiales, il en va de même pour le virus. Si nous laissons la gestion de la crise à la classe capitaliste et à ses partis, ce sont les travailleurs qui en payeront le prix fort.

    Nous l’avons déjà constaté avec les mesures tardives prises contre la propagation du virus. Le gouvernement chinois a tenté de dissimuler la crise pendant quelques semaines cruciales. Il n’en a pas été autrement chez nous : la gravité du danger a tout d’abord été mise en doute. La raison principale était économique : le monde politique défendait les intérêts des grandes entreprises. Même là où il le confinement est complet, comme en Italie, le travail continue alors que le virus ne s’arrête évidemment pas aux portes d’une usine. En Chine, les autorités ont été beaucoup plus rapides à remettre la production sur les rails qu’à prendre des mesures contre la propagation du virus. En régime capitaliste les profits passent avant tout, y compris lorsqu’il s’agit de la santé publique.

    Les années de coupes budgétaires dans le secteur des soins de santé et dans les services publics, y compris les soins aux personnes âgées, rendent plus difficile la réalisation d’un plan efficace axé sur les besoins de la population. Les images du chaos dans les services d’urgence en Italie parlent d’elles-mêmes. Le dévouement remarquable du personnel soignant témoigne de la solidarité qui caractérise la classe ouvrière. Les infirmières travaillent littéralement jusqu’à tomber de fatigue alors que le contact quotidien avec des patients infectés comporte de grands risques : de 3 à 5% du personnel soignant des hôpitaux du nord de l’Italie est lui-même infecté. Néanmoins, ce personnel soignant travaille d’arrache-pied pour faire face à la crise. Nous le constatons à chaque catastrophe : la masse de la population et des travailleurs se surpasse pour aider les autres.

    Quel contraste entre cet engagement et cette solidarité du personnel et la cupidité des grandes entreprises et des capitalistes, qui n’hésitent pas à spéculer sur le prix des produits de protection (masques de protection, gel hydro-alcoolique, gants). La valeur en bourse des actions d’Orapi, l’entreprise française leader du marché européen des produits de nettoyage industriel, a augmenté de 30% lors du crash boursier du 9 mars. Les actions des grands supermarchés comme Wall Mart ont été relativement épargnées, car les spéculateurs supposent que les gens vont s’y précipiter. Au lieu d’élaborer un plan de distribution alimentaire efficace dans les régions les plus touchées, des profits spéculatifs sont accumulés sur base du chaos. Les entreprises pharmaceutiques sont en concurrence pour être les premières à développer un vaccin et toucher le jackpot. La collaboration et le partage d’informations seraient plus efficaces, mais c’est contraire à la concurrence et à la loi du marché.

    La crise du coronavirus dévoile l’échec du capitalisme. Ce système est malade : le secteur de la santé se fissure, les entreprises pharmaceutiques se font concurrence, il n’y a pas de plan efficace pour faire face à la crise. La Banque nationale belge a libéré une réserve d’un milliard d’euros pour les banques du pays. Elles sont protégées contre les pertes résultant de la crise du coronavirus. Les travailleurs et le secteur des soins de santé en général ne bénéficient pas d’une telle sollicitude. Il n’est pas question d’investir des milliards dans les soins de santé. Il n’est pas non plus question de protection pour ceux qui deviennent chômeurs temporaires. Le mouvement ouvrier doit s’organiser pour que ça change : imposer une planification démocratique de la gestion de la crise, afin que ce ne soient pas les travailleurs qui paient la note de ce système malade.

    Ce système capitaliste incapable de protéger notre santé doit être renversé de toute urgence. Nous avons besoin d’un remède efficace contre ce système malade. C’est pourquoi nous nous battons en faveur d’une société socialiste dans laquelle les secteurs clés seront placés entre les mains de la collectivité afin qu’une planification rationnelle et démocratique de l’économie axée sur les besoins de la majorité de la population soit possible.

  • Gand. Grève réussie à l’université pour de meilleures conditions de salaire et de travail

    A l’UGent, une grève remarquable a eu lieu hier en faveur d’un salaire minimum plus élevé d’au moins 14 euros de l’heure, de la nomination statutaire du personnel et de l’internalisation du service de nettoyage. Les membres du personnel d’UGent et du sous-traitant ISS sont partis en grève à l’initiative de la CGSP et de la Centrale Générale de la FGTB. Ils ont reçu le soutien de Women’s Strike UGent et de nombreux étudiantes et étudiants. Le piquet de grève fut particulièrement impressionnant au bureau du recteur durant l’après-midi.

    La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) et les Etudiants de Gauche Actifs avaient organisé la solidarité avec les grévistes en partant en manifestation avec un groupe d’étudiantes et d’étudiants de l’auditoire Blandijn au bureau du recteur.

    La journée était également un moment de mobilisation pour la quatrième Marche de Gand contre le sexisme, samedi prochain, dans le cadre de la Journée de l’égalité salariale.

    Le bureau du recteur a tenté de minimiser l’effet de la grève et a déclaré qu’il y avait peu de participation à la grève. La délégation syndicale de la CGSP-UGent a répondu :

    “L’UGent affirme que seul un quart du personnel des établissements étudiants est en grève, et que “6 des 8 restos” sont ouverts. Nous ne savons pas sur quoi le conseil de direction se base pour de tels chiffres. Tout d’abord, il y a 13 restaurants et cafétérias à l’UGent, et non 8. L’un d’eux est le Resto Sint-Jansvest, qui n’est plus en activité. Sur les 12 restants, 8 sont fermés en raison de la grève. 4 resto’s ont ouvert, mais tournent au ralenti. L’un d’entre eux a ouvert plus tard, après que des non-grévistes d’autres endroits y aient été amenés. Apparemment, la direction voudrait également ouvrir un autre le soir, après la grève. Même alors, nous ne comprenons pas comment obtenir les chiffres donnés à la presse. Peut-être que l’UGent devrait expliquer où sont passées les restos qu’ils ont “oubliés” et comment il se fait qu’avec seulement 25% de grévistes, il a été possible de fermer la grande majorité des restos ? Il faut aussi remarquer que de nombreux travailleurs soutiennent l’action, mais n’ont pas fait grève pour des raisons personnelles…

    “L’UGent affirme que seulement 15 personnes sur 190 ont fait grève dans le nettoyage. Deux fois plus de personnes de l’ISS étaient cependant présentes à l’action au bureau du recteur. Il est vrai qu’une campagne d’intimidation très intense a eu lieu ces derniers jours à destination du personnel de l’ISS: des personnes ont été appelées à plusieurs reprises et menacées. On leur a raconté des mensonges, et il a été clairement établi que quiconque ferait grève en subirait les conséquences (employés à temps partiel voulant un contrat à plein temps, priorité pour les remplacements, etc.) Nous savions que cela aurait un effet, et que cela réduirait la participation à la grève parmi les travailleuses et travailleurs de l’ISS. Apparemment, l’UGent est fière de ce genre de pratique et l’utilise maintenant comme argument contre la grève : est-ce vraiment ce genre d’employeur que veut être l’UGent ? Soyons clairs : le soutien est énorme parmi le personnel de l’ISS pour les revendications de la grève, la non-participation de la grande majorité était due à la peur, et pas au rejet de la grève.

    “Si cela avait été un examen, nous aurions dit : “revenez en septembre”. Il est dommage qu’une université en soit réduite à diffuser délibérément de fausses informations”.

    L’UGent avait également lancé un appel de dernière minute pour recruter des étudiants supplémentaires afin de maintenir un restaurant étudiant ouvert. Si la participation à la grève avait été aussi faible que ce que prétend l’UGent, cela n’aurait bien sûr pas été nécessaire.

    Reportage-photos de Jean-Marie:

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  • Communiqué de la FGTB : Ce vendredi 6 mars, les coursier-es liégeois de Deliveroo ne rouleront pas !

    Vendredi 6 mars, les livreurs liégeois de Deliveroo feront grève. Ils dénoncent le « free-shift » ou « free-login » un nouveau calcul de leur rémunération qui réduira encore leur salaire. Ils se rassembleront à 18h rue pont d’Avroy. Ils demandent notre soutien et appellent les clients à ne pas commander ce vendredi. RDV à 18H demain.

    COMMUNIQUÉ
    « Non au free-shift » – Ce vendredi 6 mars, les coursier-es liégeois de Deliveroo ne rouleront pas !

    Vendredi 6 mars, les livreurs liégeois de Deliveroo feront grève. Ils dénoncent le « free-shift » ou « free-login » un nouveau calcul de leur rémunération qui réduira encore leur salaire et accroîtra la compétition entre eux. Auparavant, les créneaux horaire de travail étaient réservés par un certain nombre de coursiers. Avec le « free-shift », tous les livreurs pourront s’inscrire dans tous les créneaux.

    « Aujourd’hui, on attend parfois une heure pour avoir une commande qui nous rapportera 5€. Avec ce système, si tous les coursiers se connectent au même moment, il sera encore plus difficile de gagner 12€ de l’heure en moyenne. Et moins de 12€ de l’heure pour rouler sous la pluie, ne pas être assuré en cas d’accident et même parfois être agressé par les clients, c’est pas grand-chose. » raconte un coursier qui a préféré ne pas dévoiler son nom de peur des représailles de la direction.

    Avec ce système de rémunération, Deliveroo s’assure de toujours avoir une armée de coursiers disponibles pour livrer ses commandes, sans considération des conditions de travail, du temps d’attente et de ses livreurs. L’entreprise, qui subit des actions en justice et fait face depuis des années à des mouvements de grèves en Belgique, aux Pays-Bas, en France, en Espagne et dans d’autres pays européens, ne respecte toujours pas ses travailleuses et ses travailleurs.

    Les coursiers liégeois veulent que Deliveroo renonce à ce nouveau système et améliore leurs conditions de travail. Travailler pour quelques euros de l’heure malgré la pluie, la neige et l’attente dans le froid, ce n’est pas décent, c’est de l’esclavage.

    La FGTB Liège-Huy-Waremme soutient le mouvement des coursiers liégeois et leur action.

    Les coursiers se rassembleront ce vendredi 6 mars à 18h00, rue pont d’Avroy pour exprimer leur colère et se faire entendre par la direction de Deliveroo : « non au free-shift ». Ils appellent les autres coursiers à venir les rejoindre et à se déconnecter de leur application.

  • Des milliers de personnes à la Grande Colère du PTB

    Hier, le PTB avait organisé une “Grande Colère”, une manifestation autour de revendications telles qu’une pension minimale de 1500 euros net, la réduction du nombre de ministres et la diminution de moitié des salaires des politiciens. Le PSL était présent pour discuter de la manière dont nous pouvons organiser la colère face à la crise politique et au manque de mesures sociales afin de mettre en œuvre efficacement une politique réellement différente. Nos militants ont vendu environ 80 exemplaires de notre mensuel “Lutte Socialiste”, qui comprenait notamment cet article : “PTB : De la Grande Colère à la lutte pour un gouvernement de la taxe des millionnaires ?”

    Reportage-photos de Liesbeth:

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  • PTB : De la Grande Colère à la lutte pour un gouvernement de la taxe des millionnaires ?

    Jos D’Haese, président du groupe du PTB au parlement flamand.

    Le 1er mars, le PTB a organisé sa Grande Colère, une marche pour une autre politique à Bruxelles en réponse à la crise politique actuelle. Le parti n’a pas chômé depuis le scrutin et a démontré qu’il n’est pas une formation comme les autres au Parlement.

    Par Boris (Bruxelles), article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Tous comme le PSL, le PTB est implanté en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, à l’image des luttes du mouvement ouvrier, quoi ont toujours dû aller au-delà des barrières linguistiques pour arracher de sérieuses victoires. Les élus du PTB gagnent l’équivalent du salaire moyen d’un travailleur alors que les politiciens traditionnels vivent dans une tour d’ivoire. Dans les enceintes parlementaires, ils ont fait entendre la voix des travailleurs. On leur doit le ‘‘Fonds blouses blanches’’ pour lequel une majorité parlementaire alternative a été trouvée sous la pression des mobilisations des blouses blanches et de La Santé en Lutte. Le PTB a lancé une pétition en faveur de la pension minimum de 1.500 euros net pour laquelle il a déjà récolté 170.000 signatures. Avec la Grande Colère, le PTB entend mobiliser ses forces pour peser dans le débat actuel autour de la formation d’un gouvernement fédéral. Aucun parti traditionnel n’a été aussi actif.

    La Grande Colère

    Le PTB affirme que le message social des élections est ignoré. Il a raison. Les partis de droite qui ont perdu les élections cherchent à en falsifier le résultat autour de l’idée de la soi-disant existence de ‘‘deux démocraties’’ avec une Flandre à droite et une Wallonie à gauche pour réclamer une nouvelle réforme de l’État et continuer d’appliquer une politique de droite. La réalité, c’est que la politique de casse sociale de la coalition suédoise a été sanctionnée.

    Dans son appel à manifester, le PTB explique la crise actuelle par le fait que la Belgique ‘‘est prise en tenaille par des politiciens qui jouent des petits jeux politiques, d’une part, et par des séparatistes qui veulent scinder le pays, d’autre part.’’ Il entend mobiliser la colère contre les politiciens autour de trois revendications : la pension minimum à 1.500€ net, la réduction de moitié des salaires des députés et la refédéralisation des compétences en matière de mobilité, de climat et de pauvreté.

    Cette approche et ces revendications très modestes semblent indiquer une volonté de partiellement reproduire la manifestation ‘‘Shame’’ qui avait rassemblé 45.000 personnes à Bruxelles le 23 janvier 2011 après 223 jours de crise de formation du gouvernement. Cette manifestation exprimait le mécontentement grandissant contre la crise politique et réclamait un gouvernement. Tout en désapprouvant le concept de l’appel, le PSL était intervenu dans la manifestation sur le thème :“Un gouvernement pour s’attaquer aux banques et aux spéculateurs, pas aux travailleurs et à leur famille.’’

    A l’époque de la crise de 2010-2011, le PTB n’avait pas encore réalisé sa percée électorale et aucune réponse n’émanait du mouvement ouvrier organisé. Aujourd’hui, l’atmosphère sociale est encore marquée par les grèves des jeunes pour le climat tandis que les travailleurs sont passés à l’action dans la santé, dans les prisons et à la SNCB. En Flandre, la résistance au gouvernement de droite a été enclenchée par le secteur culturel et le secteur social. Une lutte de longue haleine contre les bas salaires continue de se développer parmi le personnel des pouvoirs locaux à Bruxelles, dans le secteur des titres-services et à l’Université de Gand, où la campagne de sensibilisation de la FGTB ‘‘Fight for 14 euros’’ est concrétisée par l’action du personnel.

    A cela s’ajoute la manifestation syndicale FGTB du 28 janvier en défense de la sécurité sociale qui fut un premier succès pour préparer le mouvement ouvrier aux attaques à venir. Le président de la FGTB Robert Vertenueil a déclaré qu’un gouvernement doit reposer sur le pouvoir d’achat, le social et le climat autour d’une défense d’une sécurité sociale forte, d’une pension de minimum 1.500€ net, d’un retour de l’âge de la pension à 65 ans, d’un salaire minimum de 14€/h, d’allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté et d’un plan d’investissements d’urgence pour le social et le climat.

    Lutter pour un gouvernement de la taxe des millionnaires

    Après quatre décennies de politiques néolibérales, les partis traditionnels sont en crise et le centre de gravité des calculs politiques s’est progressivement déplacé vers les Régions. Tous ces partis traditionnels s’accordent à dire qu’il faudra une nouvelle cure d’austérité pour réduire le déficit public qui s’élèvera à 12,4 milliards fin 2020. La tâche sera ardue sans toucher à la sécurité sociale.

    Les partisans d’un gouvernement autour de la NVA et du PS veulent démanteler la sécurité sociale en régionalisant des pans entiers de celle-ci par une nouvelle réforme de l’Etat tandis que les partisans d’un gouvernement sans la NVA préfèrent l’option d’un démantèlement fédéral. A l’instar de la FGTB, la Marche Mondiale des Femmes (MMF) a bien compris l’enjeu du moment en plaçant la journée du 8 mars sous le signe de la défense de la sécurité sociale. Avec sa Grande Colère, le PTB semble être passé à côté du sujet.

    De la refédéralisation des compétences ne découle pas automatiquement une politique de gauche. L’idée est d’ailleurs partagée par bon nombre de libéraux. Les revendications de la Grande Colère ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Durant sa campagne électorale, le PTB avait revendiqué un plan radical d’investissements publics de 10 milliards d’euros par an pour faire face aux pénuries sociales et au défi climatique. Tout comme la FGTB, il a défendu l’instauration d’un salaire minimum de 14€/h mais aussi des propositions comme la semaine de travail de 30h et la taxe des millionnaires. Pourquoi ne pas avoir poursuivi sur cette lancée et chercher à transformer le soutien passif à ses idées en un début de résistance active le 1er mars ? Si nous voulons sérieusement qu’un gouvernement de la taxe des millionnaires voie le jour, nous devons sans relâche chercher à construire un rapport qui nous soit favorable.

    Mais un gouvernement de la taxe des millionnaires subira le chantage, l’obstruction et le sabotage (fuite des capitaux, etc.) de la part de la classe capitaliste. Un gouvernement des travailleurs devra donc recourir à l’arme de la nationalisation pour véritablement changer notre quotidien.

  • Enseignement néerlandophone : Non à l’élitisme, pour un enseignement de qualité pour tous !

    Un travail de qualité = un renforcement de de l’enseignement. Plus de moyens pour l’enseignement !

    Lorsqu’il est entré en fonction, le gouvernement flamand a fait part d’ambitieux objectifs pour l’enseignement : éliminer la pénurie d’enseignants, construire de nouvelles écoles et allouer des moyens supplémentaires à l’enseignement fondamental. Ces mesures sont nécessaires, c’est vrai. Mais comment tout cela sera-t-il concrétisé ? L’enseignement souffre de sous-financement chronique et cela va continuer. Seul le primaire a reçu un montant net plus élevé, mais la somme ne dépasse pas la goutte d’eau dans l’océan au vu des problèmes qui se sont accumulés au fil des ans.

    Par Thomas (Gand)

    Les enseignants savent très bien ce qui est nécessaire pour enseigner. Le 20 mars, une journée de grève a été organisée avec succès sous le slogan : ‘‘’Pourquoi ? Voilà pourquoi ! Même un enfant sait ce dont l’enseignement a besoin.’ La grève fut un succès auprès des enseignants qui ont spontanément organisé des actions sur le modèle de ce que leurs élèves faisaient autour de la crise climatique.

    Le baromètre flamand de l’aptitude au travail de 2019 a montré une fois de plus que l’enseignement obtient de très mauvais résultats. Pour 46,3 % des répondants, il y a un problème de fatigue mentale, pour 19 %, ce problème est même aigu. Cela fait de l’éducation le secteur qui obtient les plus mauvais résultats. L’équilibre entre travail et vie privée est problématique pour 23,7 % des répondants, dont 7,2 % affirment même qu’il est aigu. Encore une fois, c’est l’enseignement qui a le plus mauvais score. Les enseignants travaillent en moyenne 41 heures par semaine sur sur une année complète, vacances comprises. L’argument récurrent selon lequel les enseignants ont beaucoup de vacances ne dit rien du tout sur la pression du travail. Pendant une semaine de cours, le temps de travail moyen passe à pas moins de 49 heures ! Ce ne sont là que quelques-unes des raisons pour lesquelles beaucoup abandonnent le rêve de devenir enseignant. Un enseignant sur cinq démissionne en Belgique au cours des cinq premières années.

    Les profs ne sont pas seuls à souffrir des économies réalisées, les élèves et leurs parents en ressentent aussi les conséquences. Dans les tests PISA, notre pays s’enfonce de plus en plus loin. Toutes les études indiquent que l’enseignement confirme et renforce l’inégalité sociale en Belgique plus qu’ailleurs. Et les parents ont de plus en plus de choses à payer. En Flandre, il existe ainsi la ”taxe sandwiche” pour la simple utilisation du réfectoire. A Aalter, il y a même une ”taxe de sieste”: un jardin d’enfants facture la sieste 1 euro par jour et par enfant en bas âge.

    Pour compenser la pénurie d’enseignants, on recourt aux volontaires. Les écoles doivent organiser des événements et des soupers-spaghetti pour collecter des fonds. Et on attend bien entendu des enseignants qu’ils mettent la main à la pâte de leur plein gré. Certains enseignants retroussent leurs manches pendant les vacances pour rafraîchir leurs classes. Cela illustre le degré d’engagement et d’implication, mais ce n’est pas normal. Cela renforce les inégalités : les écoles où les parents sont plus à l’aise peuvent davantage investir dans les activités scolaires ou extra-scolaires.

    Il faut davantage de moyens publics pour l’enseignement, revenir aux 7 % du PIB comme c’était le cas au début des années 1980 serait un premier pas pour améliorer les cours, mais aussi pour que les écoles puissent disposer d’initiatives de soutien : des conseillers d’orientation à temps plein, des psychologues, des experts sociaux, des travailleurs sociaux,… Les enseignants pourraient alors se concentrer sur leur tâche principale : donner des leçons dynamiques qui impliquent les jeunes et leur permettent de développer leur potentiel.

    Ce gouvernement et ses prédécesseurs ont refusé de s’engager sur cette voie. Il va falloir les y forcer. La grève du 20 mars 2019 a démontré que de nombreux enseignants sont prêts à se battre. Mais nous devrons reconstruire les sections syndicales dans de nombreuses écoles. Cela ne se fera pas en mettant en œuvre les économies de manière contrôlée, mais en élaborant un plan alternatif qui réponde à ce dont l’enseignement a réellement besoin et en organisant des moments d’information et de discussion dans chaque école pour structurer la résistance aux économies et lutter pour un enseignement de qualité pour tous.

  • Bruxelles : l’eau plus chère et le contrôle budgétaire doit encore suivre…

    A l’occasion de ses voeux de nouvel an, Rudy Vervoort (PS), ministre président de la région bruxelloise, a dit espérer obtenir un accord complet du gouvernement bruxellois (PS-Ecolo-Défi-Groen-OpenVld-Spa) sur l’ajustement budgétaire d’ici le printemps et fixer un cadre pour les années à venir via une remise à plat de l’ensemble des dépenses et recettes.

    Par Boris (Bruxelles)

    Quand le budget 2020 a été élaboré, toutes les maigres promesses contenues dans l’accord de gouvernement concernant le social et le climat avaient été reportées à ce contrôle budgétaire : essentiellement la gratuité de la Stib pour les jeunes et les aînés, un toit pour 15.000 des 43000 Bruxellois en attente d’un logement social et un plan d’isolation du bâti. Le budget 2020 comprend 600 millions d’économies sur un budget global de 5,4 milliards d’euros, dont 180 millions de coupes sombres dans les budgets des différents ministères, avec 30 millions rien que pour Actiris, et le reste via un report d’investissements.

    L’infrastructure souffre d’un manque d’investissement chronique

    500 millions d’euros d’investissements sont également sortis du budget dont 470 millions pour la mobilité avec entre autres la rénovation de tunnels qui s’effondrent littéralement, le parking de dissuasion du Ceria et l’extension du métro. La cour des comptes a recalé le soi-disant équilibre budgétaire annoncé par Sven Gatz (OpenVld), ministre des finances, et acte un déficit prévisionnel, pour 2020, de 541 millions d’euros. Elle pointe aussi l’endettement de la région qui devrait passer de 5,5 milliards en 2019 à plus de 10 milliards à la fin de la législature.

    Bernard Clerfayt (Défi), ministre bruxellois de l’Emploi, a défendu cette flexibilité en argumentant qu’au vu des bas taux d’intérêts, c’est le moment de réaliser des investissements, mais sans s’endetter pour les dépenses courantes. Il vaut aussi mettre les navetteurs à contribution pour payer les investissements de mobilité via une taxe kilométrique. Il n’est donc pas question de sortir des carcans budgétaires et de s’en prendre aux énormes pénuries sociales dues à la politique de transfert des moyens publics vers les riches, une politique qui plombe les déficits. L’idée est donc de continuer à faire payer la facture à la population.

    Le ‘‘Tunnelgate’’ avait mis à jour le gigantesque sous-investissement public dans l’infrastructure liée à des décennies de politiques d’austérité néolibérale. Dans les années ‘80, la Belgique consacrait 4,5 % de son PIB à l’infrastructure, contre 1,7 % en 2012. Il n’est plus possible de faire face à l’usure naturelle en entretenant l’infrastructure existante. Même les organisations patronales plaident en faveur d’un minimum de réinvestissement au vu des dommages économiques engendrés pour les entreprises, notamment du fait des embouteillages.

    Ce réinvestissement arrive trop tard et est beaucoup trop limité. Une partie devra à nouveau être financée par des taxes injustes, notamment via l’augmentation du prix de l’eau qui a pris place au 1er janvier.

    Augmentation du prix de l’eau et bientôt des tarifs de la Stib ?

    Le gouvernement et le ministre en charge Alain Maron (Ecolo) ont jugé ‘‘raisonnable’’ l’augmentation de 2,19 % du prix de l’eau en la présentant comme une indexation. Mais il s’agit quasiment du double d’une indexation puisque l’inflation était de 1,44 % en 2019 et que l’on estime qu’elle sera de 1,2 % cette année. Cette taxe est socialement injuste, surtout alors qu’un quart des ménages est en état de précarité hydrique à Bruxelles.

    La compagnie intercommunale bruxelloise des eaux Vivaqua se justifie en expliquant que les prix n’ont plus été indexés depuis 2014 et que des moyens ont été alloués au réseau d’égouts. Nous avions pourtant déjà chèrement payé pour le plan de rénovation des égouts avec des augmentations de près de 10 % des redevances en 2010, 2011 et 2012.

    En 2015, le gouvernement bruxellois avait évité de nouvelles augmentations au vu de la forte opposition des syndicats et de l’atmosphère de lutte consécutive au plan d’action syndical de l’automne 2014. Il indiquait alors dans un communiqué de presse que ‘‘l’augmentation du prix de l’eau n’est aujourd’hui pas à l’ordre du jour et ce, d’autant que les ménages bruxellois seront touchés par les nouvelles mesures fédérales telles que la hausse de la TVA sur l’électricité, la hausse des accises sur le diesel et le saut d’index’’. Afin de préserver son image, il tentait alors de se distancer de l’austérité dure de son homologue fédéral.

    Sur le modèle de Vivaqua, la Stib, qui augmente le tarif du ticket papier au nom de l’écologie, souhaite également ‘‘indexer’’ (Sic!) tous ses tarifs de 2 à 3 % pour le 1er juillet prochain. Cela fera partie du débat d’ajustement budgétaire. Clerfayt s’est déjà prononcé en faveur de l’idée : ‘‘Si on ne paie pas le prix, on n’a pas la qualité’’. En réalité, le coût de la gratuité promise pour les jeunes et les aînés sera supporté par les utilisateurs et le personnel.

    Il n’est donc plus question des promesses électorales du PS concernant l’objectif d’une gratuité complète des transports en commun. Pourtant, la mesure s’impose face à l’urgence climatique en tant qu’alternative à la voiture. Au lieu de taxer les tickets papier, il serait plus écologiques d’abolir le gaspillage que représentent tous les titres de transports, les portiques et les BOOTIKs et de réaffecter l’ensemble du personnel concerné, avec de bonne condition de travail, au défi que représentera l’augmentation du nombre d’usagers.

    Briser les carcans budgétaires avec un plan radical d’investissements publics

    L’exercice budgétaire à venir sera un sérieux défi dans ce contexte de crise du capitalisme et alors que les carcans budgétaires volontairement imposés remettent en question jusqu’aux maigres mesures progressistes annoncées dans l’accord de gouvernement pour mieux emballer la politique d’austérité antisociale. Pour sauvegarder la gratuité de la Stib pour les jeunes (celle des aînés est déjà reportée) et assurer l’acquisition de bâti via un appel d’offre public cette année, de nouvelles coupes budgétaires seront probablement imposées ailleurs et de nouvelles taxes injustes seront introduites.

    Mais l’objectif fixé de 15% de logement à ‘‘finalité social’’ (il ne s’agit pas que de logement sociaux mais également de logement publics destinés à des revenus plus aisées, ce qui contribue à la gentrification, et de logements privés subventionnés par le public) ne sera pas réalisé. Comme Rudy Vervoort l’a admis sur Bel RTL : ‘‘Ça, c’est la norme. Je ne me fais pas d’illusion, on n’y arrivera pas. Mais il faut fixer une ligne.’’ Pourtant, avec la moitié des Bruxellois qui remplissent les conditions d’accès à un logement social, il faut 15 à 20% de logements sociaux publics afin d’exercer une pression suffisante sur l’ensemble des loyers. Cela revient à 60.000 nouveaux logements sociaux. D’autre part, le parc existant doit être urgemment rénové de fond en comble, le désinvestissement ayant causé d’énormes problèmes d’insalubrité.

    Quant au personnel des pouvoir locaux bruxellois, confrontés aux plus bas salaires de la fonction publique du pays et qui était en grève le 7 novembre dernier, le gouvernement a promis de faire un effort. Mais les promesses préélectorales ne seront certainement pas tenues. Ainsi, l’étude réalisée par le précédent gouvernement bruxellois concernant la diminution du temps de travail pour l’envisager sur cette législature est tombée aux oubliettes. Avant même les négociations avec les syndicats, Clerfayt a reporté la responsabilité sur les communes en citant en exemple sa commune de Schaerbeek comme un bon élève sur la réduction du nombre du nombre de personnel communal par habitant comparé à d’autres communes. Il invite ainsi les communes à couper dans l’emploi public et donc dans le service à la population pour trouver les moyens d’augmenter les salaires.

    Cela résume à merveille l’approche du gouvernement bruxellois : décider où couper plus fortement qu’ailleurs. Les difficultés sociales sont énormes à Bruxelles, mais ce gouvernement n’a aucune solution. Nous devons partir d’une toute autre logique, à partir des besoins à combler parmi la population. Pour y faire face, nous avons besoin d’un plan radical d’investissements publics dans les crèches, les écoles, les logements sociaux, les institutions de soin, le transport public, l’infrastructure,… Il nous faudra briser les carcans budgétaires et présenter la facture aux riches.
    Nous devrons lutter pour obtenir les moyens suffisants en stimulant l’action de masse des habitants et du mouvement ouvrier organisé et coupler nos revendications à la nécessité de mesures socialistes telles que la nationalisation des banques et des secteurs clé de l’économie ainsi que le non-paiement de la dette.

  • Le gouvernement flamand veut faire de la région un cimetière social

    ‘‘Ce sont des barbares qui économisent sur les gens sans défense !!!’’

    Les nombreux petits services du secteur social flamand ont évolué ces dernières décennies vers des organisations plus grandes et centralisées. En raison des tâches supplémentaires et de la pénurie de travailleurs sociaux, la charge de travail a explosé. Jusqu’à il y a quelques années, l’augmentation régulière des moyens ne répondait pas à la croissance des besoins, mais elle permettait tout de même de soulager quelques souffrances. Si les besoins augmentaient, le nombre total de travailleurs sociaux augmentait lui aussi, même faiblement. Le vent a maintenant tourné : après les restrictions subtiles du gouvernement précédent (ne pas tenir compte de l’ancienneté croissante du personnel dans le budget par exemple), le nouveau gouvernement a décidé d’attaquer le travail social à la hache.

    Par un travailleur du secteur

    De petites économies sur les services sensibles à l’opinion publique, tels que le Suicide Line et les Child Abuse Confidence Centres, sont combinées à des coupes massives sur l’aide aux personnes déjà exclues de la société, comme les sans-abris. L’aide aux sans-abris avait déjà besoin d’être réorganisée en raison de récentes coupes budgétaires qui ont par exemple conduit à la fermeture de trois centres de nuit et un centre de jour en Flandre orientale. Fin janvier, de nouvelles mesures seront annoncées dans toute la Flandre. Des centaines de personnes seront littéralement laissées à leur sort, certains problèmes ne bénéficieront plus d’aide appropriée et 75 personnes perdront leur emploi dans les structures d’accueil.

    Ce gouvernement flamand n’a cependant pas hésité à accorder des millions de subsides à des multinationales telles que le groupe chimique britannique Ineos pour soi-disant produire de manière écologique alors que cette société va commencer par abattre une forêt pour produire des particules de plastique à partir d’énergie fournie par du gaz de schiste américain… Dans le genre, difficile de faire mieux ! Les actionnaires s’enrichissent et les pauvres restent à la rue ! De plus les coupes budgétaires facilitent le contrôle rapproché des organisations du secteur et les poussent à accorder l’aide aux personnes avec restriction et condescendance au lieu de l’accorder comme un droit qui est dû.

    En décembre, une large opposition s’est développée en Flandre contre ces coupes budgétaires et contre les attaques visant le travail social. Le 3 décembre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Bruxelles, tous les centres d’aide ont fermé leurs portes et les slogans portaient sur la chute du gouvernement flamand ! La solidarité entre les différents secteurs s’est renforcée. Pourtant, il n’y a pas de force motrice dans ce mouvement pour défendre l’élaboration d’un plan d’action ambitieux. Ni les syndicats ni le Réseau d’action pour le travail social (SWAN) n’ont assumé ce rôle. De nombreux travailleurs sociaux sont passés à l’action pour la première fois et veulent aller plus loin. Il est temps de nous organiser en tant que travailleurs sociaux en relation avec les travailleurs des autres secteurs afin de lutter et d’arracher des résultats !

  • La sécurité sociale en ligne de mire – organisons notre lutte

    Notre sécurité sociale est en danger. Cela fait un bon moment que les patrons ont gardé pour eux une partie des cotisations à la sécurité sociale avec les baisses des prétendues ‘‘charges patronales’’. C’est donc une part de notre salaire indirect – canalisée vers les collègues qui ont besoin d’un soutien (maladie, pension, chômage) grâce la sécurité sociale – qui a été rabotée. L’opération ne se sentant pas directement au portefeuille, cela a pu se produire sans grandes protestations. Il n’empêche que le déficit de la sécurité sociale s’accroît. A partir de 2021, une partie du financement menace de disparaître puisque la ‘‘dotation d’équilibre’’ du fédéral ne sera plus garantie. Des attaques plus conséquentes sur la sécu sont donc inévitables. Il est temps d’organiser la résistance pour défendre et même étendre le champ de notre sécurité sociale !

    Par Geert Cool

    Qu’est-ce que la sécurité sociale ?

    La sécurité sociale est un système qui protège les travailleurs lorsqu’ils se révèlent en incapacité de travailler.

    Le mécanisme est né pour aider des travailleurs victimes du chômage (temporaire ou non), malades, invalides ou pour leur donner une pension à un certain âge. Les allocations familiales ont également été ajoutées afin de couvrir plus collectivement les coûts liés à l’éducation des enfants.
    Tous les travailleurs contribuent à la sécurité sociale et une part importante de nos salaires y est consacrée. Mais les avantages sont nombreux. Sans cette protection, la pauvreté serait largement plus répandue.

    Comment ce mécanisme a-t-il vu le jour ?

    Le 75e anniversaire de la sécu a été commémoré fin décembre, en souvenir de ce mois de décembre 1944 qui a vu la naissance de l’Office national de sécurité sociale / Rijksdienst voor Sociale Zekerheid. On en attribue souvent la paternité à Achille Van Acker (PSB), surtout dans les milieux sociaux-démocrates évidemment. Il ne s’agit pourtant que d’une partie seulement de l’histoire : chaque pas en avant vers la sécurité sociale est le fruit des luttes du mouvement ouvrier, dont certaines ont menacé l’existence même du capitalisme.

    Le système moderne de sécurité sociale a été mis en place par les travailleurs après plus de cent ans de grèves et de batailles contre le capital et l’appareil d’État. C’est par des grèves comme la grève générale de 1886 ou celles qui ont suivi la Première Guerre mondiale que le droit des travailleurs de s’organiser a été accepté, ainsi que le suffrage universel masculin et les premiers éléments de protection sociale. Au départ, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui ont organisé leurs fonds de solidarité mutuelle. Les luttes ont forcé les patrons à payer des cotisations pour les pensions des ouvriers (1924) et des employés (1925), pour les maladies professionnelles et les allocations familiales (1927) ainsi que pour les congés annuels (1936). La grève générale de 1936, qui s’est développée spontanément à partir de la base, a arraché les congés payés.

    Après la Seconde Guerre mondiale, la bourgeoisie était inquiète de la situation sociale. La résistance armée, dans laquelle les syndicalistes et les communistes ont joué un rôle important, bénéficiait d’un large soutien. Les travailleurs qui avaient combattu le nazisme n’entendaient pas tout simplement retourner à leur situation de misère. Ils exigeaient qu’on les respecte. Par peur des mouvements – peur justifiée au vu de la grève générale autour de la question royale en 1950 ou de la grève générale révolutionnaire et insurrectionnelle de l’hiver 1960-61 – des concessions ont été arrachées. Ce n’est pas le militantisme d’Achille Van Acker qui a fait céder la bourgeoisie, mais plutôt la peur de la révolution. Le fait que la sécurité sociale ait été inscrite dans une loi a néanmoins représenté un énorme progrès pour les travailleurs et leurs familles.

    Le mouvement ouvrier a fait valoir que les risques sociaux (vieillesse, maladie, chômage,…) ne devaient pas être supportés par la famille et dépendre de la charité. Les questions sociales doivent être supportées collectivement. Tout démantèlement de la sécurité sociale représente un pas en arrière vers l’individualisation des risques sociaux. Nous en voyons les effets dans les soins de santé, la crise du secteur pousse davantage de personnes âgées à être prises en charge par leur famille (essentiellement par les femmes).

    La sécu victime d’années d’économies

    Les principaux postes de dépenses de la sécurité sociale sont les pensions, les soins de santé et les allocations de chômage (y compris la retraite anticipée). L’année dernière, le déficit était de 3,1 milliards et, en 2024, il atteindra 6,4 milliards d’euros à politique inchangée. Selon les patrons, cela s’explique par l’augmentation des dépenses. Pourtant, de sérieuses économies ont été appliquées partout : pensions, secteur des soins, malades de longue durée, prépensionnés, chômeurs, etc. Personne n’a été épargné.

    L’âge de la pension a été porté à 67 ans par le gouvernement Michel, de sorte que les travailleurs ont perdu deux ans de droit à une pension. De plus, les conditions pour obtenir une pension complète ont été durcies et la retraite anticipée est devenue pratiquement impossible à obtenir. Techniquement, elle est aujourd’hui considérée comme une allocation de chômage. L’objectif de toutes les attaques contre la retraite anticipée (par les gouvernements Di Rupo et Michel) est de nous faire travailler plus longtemps.

    Dans le domaine des soins de santé, une ‘‘norme de croissance’’ a été imposée : les dépenses ne peuvent augmenter que de 1,5% par an. La norme avait été ramenée de 4,5% à 3% par le gouvernement Di Rupo et elle fut encore réduite de moitié par le gouvernement Michel. Alors que la population vieillit en général et que la charge de travail croissante entraîne davantage de problèmes de santé, les soins de santé ont été mis au régime sec. Les conséquences ne se sont pas fait attendre, la crise des soins est générale. Aujourd’hui, 14% des familles retardent leurs soins pour raisons financières. Parmi les 25% de familles les plus pauvres, ce chiffre s’élève à 27%.

    Sous le gouvernement Michel, le nombre de malades de longue durée a fortement augmenté : en 2018, il y en avait 415.000, soit 71.000 de plus qu’en 2014. Sans vouloir s’attaquer au problème de la charge de travail insoutenable et du stress psychologique, le gouvernement a réagi en poussant les malades à long terme hors du système. La ministre Maggie De Block a décidé que les malades devaient être plus rapidement de retour au travail : des sanctions sont apparues pour ceux qui ne suivent pas un projet de réinsertion. Les syndicats ont calculé qu’en 2018, pas moins de 68% des malades de longue durée qui ont participé à un projet de réinsertion ont finalement vu leur allocation leur être retirée. Le mécanisme est une machine à exclure.

    Ce qui nous amène aux allocations de chômage. Outre la suppression progressive de la retraite anticipée, le système de chômage avec allocation d’entreprise (RCC), les contrôles sur les chômeurs ont été renforcés et le nombre de sanctions a augmenté. Le nombre de personnes émargeant au CPAS a explosé : en 2018, 143.866 personnes dépendaient d’un revenu d’intégration, contre un peu moins de 100.000 en 2014. Le nombre de ‘‘chômeurs inscrits à titre obligatoire sans droit aux allocations de chômage’’ (tels que les personnes ayant un revenu d’intégration) a augmenté de 17,5% en 2019 par rapport à 2018. Derrière la baisse officielle du taux de chômage, on trouve une augmentation du nombre de personnes dépendante des CPAS.

    Nos droits et notre protection sociale ont souffert des économies réalisées dans tous les domaines. Il est donc bien compréhensible que les travailleurs ressentent qu’ils en ont moins pour leur argent. Nous devons toutefois bien prendre garde à ne pas nous tromper de coupable. Notre sécurité sociale ne s’est pas dégradée en raison des demandeurs d’asile ou des chômeurs : une bonne partie des fonds ont été donnés en cadeau aux patrons ! La sécurité sociale n’est pas impayable, mais il y a effectivement un problème si ses moyens diminuent sans cesse.

    La question fondamentale du financement

    Les moyens alloués à la sécurité sociale ont été réduits alors que les besoins augmentaient. Selon le gouvernement, c’était nécessaire pour maîtriser le déficit. Ce déficit résulte des cadeaux aux employeurs. Si les chômeurs sont soumis à un contrôle strict, cela ne s’applique pas aux grandes entreprises qui ont reçu des milliards en cadeau pour ‘‘préserver l’emploi’’ et qui font pourtant comme bon leur chante sans être inquiétées.

    Une mesure particulièrement coûteuse a été la réduction des prétendues ‘‘cotisations sociales patronales’’ de 32,4 à 25%. ‘‘Prétendues’’ car il s’agit en réalité de nos salaires indirects qui sont directement payés par les patrons à la sécurité sociale. Notre salaire indirect a donc été considérablement réduit. Selon le Bureau du plan, il s’agit de 5,8 milliards d’euros !
    Des mesures telles que le tax shift ou le saut d’index ont été présentées comme autant de nécessités pour renforcer la position concurrentielle des entreprises. Entretemps, les économistes s’accordent à dire que le ‘‘handicap salarial’’ par rapport aux pays voisins a été éliminé. Des mesures telles que le tax shift ne conduisent en outre pas à une augmentation des investissements dans la production. Ce cadeau a servi à augmenter les marges bénéficiaires, comme l’a constaté la Banque nationale en décembre. Depuis 2016, date à laquelle les ‘‘cotisations patronales à la sécurité sociale’’ sont tombées à 25%, les marges de profit en Belgique sont nettement supérieures à la moyenne de la zone euro.

    En outre, les possibilités pour les patrons de se soustraire aux cotisations de sécurité sociale sont de plus en plus nombreuses. Il suffit de penser aux flexi-jobs, qui représentent aujourd’hui environ 55.000 emplois. Ce système a été présenté comme un moyen de lutter contre le travail au noir, mais il est surtout utilisé pour convertir des emplois existants en emplois précaires. Même la Cour des comptes a dû admettre que 35% des flexi-jobs ne sont pas des emplois nouvellement créés. En plus, le gouvernement Michel a étendu la mesure des flexi-jobs à d’autres secteurs que celui de l’hôtellerie et de la restauration.

    Nous avons également assisté à une forte augmentation des avantages extra-légaux : voitures de société, chèques-repas,… qui permettent de verser une partie du salaire sous forme d’avantages en nature en évitant de payer des cotisations à la sécurité sociale. Cela semble intéressant pour les travailleurs ayant un salaire plus élevé : au-delà d’un plafond de 57.602,62 euros brut par an (un salaire net d’environ 2.500 euros par mois), les droits à la pension n’augmentent pas. Il semble alors plus intéressant d’opter pour des avantages supplémentaires en nature. La seule façon d’y répondre est d’exiger que ce plafond soit relevé.

    A la demande des syndicats, le gouvernement a fait étudier les effets de 11 prestations extra-légales : elles représenteraient une masse salariale de 6,8 milliards d’euros. Cela signifie un manque à gagner pour la sécurité sociale de 2,6 milliards d’euros. Certains avantages communs (comme l’assurance hospitalisation et les fonds de pension) n’ont pas été inclus dans l’étude, ce qui signifie que le montant total perdu par le système de sécurité sociale dépasse sans aucun doute les 4 milliards d’euros.

    Les cotisations de sécurité sociale représentent 72,9% de ses revenus. Si des milliards en disparaissent, cela aura bien entendu des conséquences. Les revenus des cotisations de sécurité sociale sont en retard par rapport à l’augmentation de la masse salariale. Si le montant de tous les salaires payés augmente, le revenu de la sécurité sociale devrait suivre la même trajectoire de croissance. Mais ce n’est pas le cas. Selon les prévisions pour 2020, la différence augmenterait par rapport à 2015 : la masse salariale augmenterait de 17%, les cotisations sociales de 9,5%.
    Les cadeaux aux patrons font que la communauté, c’est-à-dire nous, contribue pour une plus grande part pour combler le vide. Une partie de ce financement provient d’un ‘‘financement alternatif’’ avec une part des revenus de la TVA et du précompte mobilier, une autre partie est payée directement par le Trésor public. Cela inclut la ‘‘dotation d’équilibre’’, qui représente aujourd’hui 3% du financement de la sécurité sociale. Toutefois, cette dotation, qui vise à maintenir l’équilibre entre les dépenses et les recettes de la sécurité sociale, expire en 2020 en raison d’une décision du gouvernement Michel datant de 2017. Si la dotation d’équilibre n’est pas renouvelée, plusieurs milliards d’économies viendront à nouveau frapper la sécurité sociale alors qu’elle est déjà bien mal en point.

    Il est temps de se battre

    Si le mouvement ouvrier ne réagit pas, la sécurité sociale menace de fondre comme neige au soleil. De nombreux travailleurs ont le sentiment qu’ils obtiennent moins en retour de ce qu’ils paient, notamment puisqu’une partie importante de nos revenus est consacrée à la protection contre les risques sociaux. Avec les attaques contre les fins de carrière, cela se comprend. Aujourd’hui, il est parfois difficile de convaincre les collègues de se battre pour défendre la sécurité sociale à cause du déclin de la protection sociale et de la proportion de plus en plus grande versée par les travailleurs dans le total des cotisations à la sécu.

    Nous ne pouvons répondre à cela que par des revendications offensives : davantage de protection sociale et d’argent pour la sécurité sociale et pour les besoins de la communauté en général. Allons chercher l’argent là où il est : chez les patrons et les ultra-riches.
    Les manières de renforcer la sécurité sociale ne manquent pas : en augmentant les salaires, par un salaire minimum de 14 euros de l’heure par exemple, et en considérant tous les avantages comme des salaires (ce qui se traduit par une recette plus élevée pour la sécurité sociale et donc une meilleure protection) ; en rendant le travail plus humain (avec une réduction du temps de travail sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction de la charge de travail ; en augmentant les moyens par la suppression des cadeaux aux patrons et en permettant ainsi aux nantis de contribuer à la collectivité.

    A ce titre, défendre un impôt sur la fortune est important, ne fut-ce que pour remettre en question la logique de ces dernières années où les riches payent de moins en moins. Même la nouvelle dirigeante du FMI, Kristalina Georgieva, a fait remarquer : ‘‘A l’extrémité supérieure de la distribution des revenus, les impôts peuvent être augmentés sans affecter la croissance économique.’’ Un impôt sur la fortune ne viserait naturellement pas les travailleurs qui ont un salaire normal, mais la poignée d’ultra-riches. Il y a maintenant 29 milliardaires dans notre pays. À l’échelle mondiale, les 500 personnes les plus riches ont vu leur richesse augmenter de 1.200 milliards de dollars l’an dernier, soit une hausse de 25% en un an ! Si notre protection sociale est mise à rude épreuve, nous savons immédiatement pourquoi : un gigantesque transfert de ressources est à l’œuvre vers les ultras-riches. Cela ne conduit pas à des investissements productifs mais à des dividendes records et au capitalisme de casino.

    La concentration de la richesse dans une petite couche supérieure n’est pas un défaut du système, c’est dans l’ADN du capitalisme. Pour faire une réalité de nos revendications tout à fait légitimes et offrir une vie décente et toutes et à tous, nous devons affronter le capitalisme. Les patrons ne lâcheront rien sur base de nos bons arguments : il faut construire une relation de force. C’est ainsi que la sécurité sociale est née : la peur de la révolution ouvrière a fait céder la bourgeoisie. La défense et l’expansion de la sécurité sociale ne se feront pas autrement. Mais toute conquête sociale sous le capitalisme n’est que temporaire : les patrons saisissent chaque espace pour revenir sur ce qu’ils ont dû céder. En fin de compte, il faut renverser ce système et construire une société socialiste où, les travailleurs et leurs familles décideront ensemble démocratiquement de la manière d’utiliser les ressources disponibles dans l’intérêt de la collectivité.

  • La casse sociale, ça se combat !

    Prochain rendez-vous : le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes

    La sécurité sociale est née de la lutte acharnée des générations précédentes de travailleurs. Sans Sécu, il y aurait trois fois plus de personnes pauvres en Belgique. La sécurité sociale a pour but de couvrir les risques de la vie, ainsi que les charges de maternité et familiale en s’appuyant sur le principe de solidarité, afin que cela ne retombe pas uniquement sur le dos des individus et de leurs familles. Elle a, entre autres, créé les bases d’une plus grande indépendance des femmes.

    Par Emily, organisatrice nationale de la Campagne ROSA

    Ce système est cependant sous pression depuis plusieurs décennies et même asphyxié depuis le début de la crise de 2008. Des droits, comme les allocations de chômage, ont été fortement entamé et les attaques contre le statut de ‘‘cohabitant’’ l’ont rendu encore plus problématique. Ce statut a été introduit en 1980 et visait à réaliser des économies en limitant les allocations suite à l’augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail. La dégradation de ce statut par les gouvernements Di Rupo puis Michel ont imposé à de plus en plus de personnes (tout particulièrement des femmes et des jeunes) de dépendre encore plus de leurs partenaires ou de leurs parents. Ce qui limite sévèrement les choix qu’elles peuvent faire.

    Individualisation des allocations sociale et augmentation de leur montant au-delà du seuil de pauvreté !

    A politique inchangée, le déficit de la sécurité sociale s’élèvera à 6,4 milliards d’euros d’ici 2024. Ce n’est pas le fruit du hasard, cela fut organisé de manière très consciente. Et l’idée selon laquelle la régionalisation de la sécu la renforcerait n’est qu’un mythe. Les allocations familiales, qui relèvent désormais de la compétence régionale, ont diminué dans toutes les régions !

    Pour des allocations familiales qui couvrent les coûts réels de l’éducation d’un enfant

    Les cotisations patronales sont passées de 33% à 25% mais les emplois sont toujours plus précaires (temporaires, à temps partiel, bas salaires). Cela pousse de plus en plus de travailleurs – et encore plus les femmes et les jeunes – dans la pauvreté. De plus, ça limite la possibilité de nombreux travailleurs et travailleuses de rentrer en action contre les politiques antisociales, ce qui réduit à son tour la force de frappe des syndicats pour de bonnes conditions de travail et une sécurité sociale qui permette une réelle sécurité. Ce cercle vicieux, il faut le briser. En Belgique, le salaire minimum ne permet pas de vivre dignement (9,65€ brut/h). Les 10% d’emplois les moins bien rémunérés sont occupés à 70% par des femmes. A l’occasion de la Journée pour l’égalité salariale, participez à la désormais traditionnelle Marche contre le sexisme le samedi 14 mars à Gand organisée par la Campagne ROSA (15h, Hôtel de Ville de Gand).

    Pour un salaire horaire brut de minimum 14€

    La sécurité sociale a été obtenue par la lutte mais, sous le capitalisme, tout acquis reste précaire et temporaire. La FGTB a eu raison d’organiser le 28 janvier une manifestation pour la défendre. La période précédant les élections sociales est l’occasion de discuter de l’importance de ce combat lors de réunions du personnel. Afin de nous défendre contre les attaques antisociales du prochain gouvernement, quelle que soit sa composition, il faudra un plan d’action au moins aussi conséquent que celui de l’automne 2014, en combinaison d’un programme de progrès social offensif.
    La sécurité sociale a été acquise par la lutte, mais sous le capitalisme, tout ce qui a été acquis reste vulnérable et temporaire. Défendre et étendre la protection sociale exige de se battre. Pour assurer que cet acquis soit permanent, il faudra instaurer un autre système : une société socialiste dont le socle sera de satisfaire les besoins de la majorité de la population.

    Mobilisons vers le 8 mars

    La Marche Mondiale des Femmes, dont font partie les syndicats et des organisations féministes (telles que la Campagne ROSA), mobilise pour une grande manifestation nationale le dimanche 8 mars à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (14h, place de la Monnaie, Bruxelles). Cette journée est la suite logique de la mobilisation du 28 janvier. Combattre l’oppression des femmes passe par leur indépendance financière. Lutter pour une sécurité sociale de qualité est, à ce titre, aussi une revendication féministe ! Organisons une véritable mobilisation de terrain.
    Pour une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires et pour des investissements publics massifs dans les services publics afin de prendre en charge le travail domestique non rémunéré et permettre aux parents de concilier vies familiale et professionnelle.

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