Category: Politique belge

  • Vlaams Belang : des députés qui font froid dans le dos…

    Le 26 mai, le Vlaams Belang a obtenu 46 sièges dans plusieurs parlements. Un passage en revue de certains de ces élus illustre de façon limpide que le VB agit contre les intérêts de la majorité de la population. Ce parti est composé de marchands de haine. Il représente une menace pour tous les travailleurs, les allocataires sociaux, les femmes, les personnes LGBTQI+, les migrants,… Vous pensez qu’on exagère ? Tremblons ensemble avec le petit aperçu ci-dessous.

    Au Parlement européen : un bagarreur de rue condamné

    Tom Vandendriessche a beau être un nouveau venu au Parlement européen, la campagne Blokbuster le connaît depuis le milieu des années 90. À cette époque, Vandendriessche était le président du NJSV (une association d’écoliers nationalistes de droite) à Bruges. Sous sa direction, le groupe est passé à la violence physique. D’actions dans les cafés progressistes à l’intimidation lors de réunions de gauche en passant par un véritable raid sur une action de protestation contre le rôle de la multinationale pétrolière Shell au Nigeria. Lors de ce raid, Els Deschoemacker, militante de Blokbuster, a reçu des coups qui l’ont menée tout droit à l’hôpital. La violence à Bruges a encore dégénéré lorsqu’un membre du NJSV a commis une attaque à la grenade contre lui-même afin d’accuser Blokbuster. L’homme a été démasqué. Une campagne nationale contre la violence fasciste avec une manifestation en 1997 a fini par mettre fin à la violence du gang de Vandendriessche.

    Après cela, Vandendriessche est allé à l’Université de Gand. Après un court passage au NSV (association d’étudiants nationalistes), il a été plus longuement actif au KVHV, un club étudiant catholique de droite. Vandendriessche s’est vanté qu’on y buvait exclusivement du champagne. La violence a également repris. Le 15 février 2000, Vandendriessche et un ancien conseiller provincial du VB ont attaqué deux étudiants de gauche qui, sac poubelle à la main, demandaient à tout le monde de jeter les tracts du VB. Vandendriessche et son compagnon, Tanguy Veys, ont traîné l’un des étudiants dans les escaliers et l’ont frappé. Résultat: en novembre 2001, Vandendriessche a été condamné à un mois de prison et à une amende de 372 euros. En appel, la culpabilité a été confirmée, mais une remise de peine a été prononcée. Cela n’a pas empêché le KVHV d’avoir Vandendriessche comme président de sa section gantoise de 2001 à 2004.

    Après une courte carrière en dehors de la politique, Vandendriessche est revenu au Parlement européen en tant qu’assistant parlementaire de Gerolf Annemans. Il entre maintenant lui-même dans ce parlement en tant que successeur de Patsy Vatlet, élue en deuxième position sur la liste du VB – une de ces élues du Vlaams Belang qui a été immédiatement échangée contre un successeur masculin.

    A la Chambre et au Parlement flamand : des homophobes

    Dominiek Sneppe-Spinnewyn, la nouvelles élue homophobe de Flandre occidentale, pense que le mariage homosexuel est ‘‘un pont trop loin’’. Elle n’est pas la seule à penser ainsi au VB. L’ancien président du KVHV et nouveau député VB Filip Brusselmans a déclaré dans le magasine Humo l’année dernière : ‘‘Les transgenres sont une anomalie, une aberration. (…) Tout a commencé avec les personnes LGBT qui défendaient leur orientation sexuelle. Nous pensions alors que cela devrait être permis. Nous avons accepté que la reproduction et l’amour soient déconnectés. L’étape suivante a été le mariage homosexuel : les pouvoirs publics ont reconnu la relation homosexuelle. Le concept ‘‘d’amour’’ a reçu un sens différent : il n’était ainsi plus nécessaire qu’un enfant naisse de l’amour.’’

    Cette position n’est pas nouvelle : en 2011, Filip Dewinter a déclaré au Parlement flamand que la meilleure prévention contre le sida est de ‘‘promouvoir des relations hétérosexuelles durables’’. En 1998, le parti écrivait dans une brochure : ‘‘L’homosexualité, ne serait-ce que parce qu’elle n’est pas adaptée à l’ordre naturel (c’est-à-dire à la différence entre l’homme et la femme), n’est pas bénéfique à la société’’. (Un choix pour la vie, brochure du VB ‘Een keuze voor het leven’, 1998, p. 10).

    Dominiek Sneppe utilise explicitement le nom de son mari. Il faut dire que ‘Spinnewyn’ est un concept en soi dans les milieux nationalistes flamands. Le père Roger et ses fils ont joué un rôle central dans la milice privée interdite VMO (Vlaamse Militanten Orde). Roger Spinnewyn, décédé en 2013, était l’un des dirigeants du VMO, avec Bert Eriksson (qui disait jusqu’à la fin de sa vie être resté fidèle au Führer). Jusqu’en 2012, Roger Spinnewyn était sur la liste du VB à Zedelgem, où sa belle-fille poursuit maintenant sa carrière.

    Au Parlement flamand : un briseur de grève

    En 2014, une campagne a eu lieu sur les médias sociaux contre le mouvement de masse contre la politique antisociale du gouvernement Michel (notamment : recul de l’âge de la retraite et le saut d’index). Le KVHV a lancé la campagne ‘‘Nous ne faisons pas grève’’, avec 100.000 followers. Les grèves étaient qualifiées de ‘‘dictature des syndicats’’. L’auteur de la campagne, Bart Claes, a été immédiatement engagé par le VB et est maintenant parlementaire. Ce n’est pas un hasard : dans les années 80, le Vlaams Blok a fait campagne sous le slogan ‘‘Travailler est bénéfique, faire grève est nuisible’’.

    D’autres députés VB sont allés plus loin et ont eu recours à la violence physique. Les troupes de Van Langenhove (Schild & Vrienden) ont attaqué des piquets de grève. Juste après, un cambriolage a été effectué au bureau de la FGTB de Gand pour y voler un drapeau afin de le brûler à la façon Etat Islamique. Les milieux d’extrême droite ont toujours essayé d’intimider les militants syndicaux. C’est l’attitude du Vlaams Belang et précédemment du Vlaams Blok : contre les syndicats, mais aussi plus généralement contre les acquis sociaux des travailleurs.

  • Sombres perspectives budgétaires pour la région Bruxelles-Capitale

    Tunnel Kortenberg à Bruxelles. Photo : Wikimedia

    Les investissements nécessaires se heurtent au carcan budgétaire

    En début d’année, le Bureau fédéral du Plan publiait ses perspectives : le déficit budgétaire serait de 7,7 milliards € au Fédéral cette année. Il s’envolerait ensuite à près de 10 milliards en 2020. En mai, c’est le Centre de Recherches en Économie Régionale et Politique Économique (CERPE) de l’Université de Namur qui a sorti ses perspectives pour le budget de la Région Bruxelles-Capitale : le prochain exécutif ne disposera d’aucune marge budgétaire pour de nouveaux investissements publics et la dette de la région passerait de 4 à 8 milliards € de 2019 à 2024 !

    Par Nico M. (Bruxelles)

    Dans le cadre du pacte européen de stabilité et de croissance, les différents gouvernements doivent remettre leur budget à la Commission européenne pour être validé. Ce mécanisme assure que l’austérité soit appliquée à tous les niveaux de pouvoir, il est d’ailleurs utilisé par les politiciens traditionnels comme excuse pour leurs politiques asociales. Au vu des dépenses d’investissements à Bruxelles (275 millions en 2018, près du double en 2019) ce mécanisme ne permettra pas de marges pour d’autres investissements, à moins de geler des projets qui semblent inéluctables comme la rénovation des tunnels ou l’extension du métro.

    Une situation ni nouvelle ni isolée

    Le problème est profond : ce sont des décennies de sous-financement qu’il faut chercher à combler. Avec leur politique d’austérité, les gouvernements successifs ont transféré les moyens publics vers les profits des grandes entreprises, ou dans le sauvetage des banques. Les investissements publics en Belgique ont chuté de moitié en 25 années. Pour atteindre le niveau des années 70, il faudrait investir environ 15 à 20 milliards d’euros par an.

    Des budgets limités mais des besoins massifs : Bruxelles s’effondre littéralement

    Les chaussées effondrées dues aux canalisations vétustes illustrent les défis. Vivaqua prévoit de rénover 1,1% du réseau de distribution et 1,3% du réseau d’égouttage par an d’ici 2024. Problème : il faudra trouver 85 millions chaque année pour ne pas creuser la dette. Du coup c’est une hausse des factures d’eau pour les consommateurs qui est maintenant envisagée. Le manque de places de crèches, de logements sociaux, de classes d’école, les collections qui pourrissent à cause de l’humidité dans les caves des musées ou encore les tunnels bruxellois, sont autant d’exemples des graves carences dans l’infrastructure.

    Le manque de financement public touche aussi les travailleurs : manque de personnel, surcharge de travail, salaires sous pression… Les syndicats des administrations locales et régionales de la capitale mènent campagne depuis un an pour notamment des hausses de salaires de 10% et la suppression du barème le plus bas. Depuis, c’est le personnel soignant des hôpitaux qui est entré en lutte face au sous-effectif.

    Enfin, le mouvement de grèves internationales de la jeunesse contre le réchauffement climatique a forcé tous les partis traditionnels à promettre des investissements publics dans la transition écologique durant la campagne, par exemple dans les transports publics.

    Briser les carcans budgétaires

    Nous sommes pour un programme politique qui parte des besoins et qui cherchent les moyens de les combler. Après des années de négligence, il nous faut un plan radical d’investissements publics. Le débat crucial autour des limites budgétaires prend donc place plus largement aujourd’hui notamment autour des négociations avortées entre PS et PTB. C’eut été une occasion importante pour la gauche de tracer une perspective qui ne repose pas sur une logique de limites budgétaires volontairement imposées. Au contraire, pour que les intérêts de la population soient prioritaires, il faut briser la camisole financière.

    Face au manque de moyens publics, les partenariats public-privé ou les privatisations sont brandis comme l’alternative. La solution n’est pas l’avidité des entreprises qui vont chercher le profit maximal. Peut-on s’attendre à un assouplissement des règles budgétaires strictes et sortir certains investissements extraordinaires en dehors des calculs de la commission ? Mais alors qu’en est-il du manque d’effectifs en personnel, des demandes d’augmentation de salaires etc. Ceux-ci continueront à se heurter aux limites des budgets ordinaires. Qui va choisir quels investissements seront ou non comptabilisés ? Qui va nous faire croire que la dette publique ne sera pas approfondie et donc utilisée pour nous imposer de nouvelles cures d’austérité ?

    Nous sommes d’accord avec le PTB quand il explique qu’il faut ‘‘rompre avec les règles d’austérité imposées pour investir dans les besoins sociaux et écologiques’’. Mais alors le programme et les campagnes électorales doivent servir à préparer les électeurs, la classe des travailleurs aux défis que cela suppose.

    Un gouvernement progressiste qui voudrait briser les règles budgétaires devra compter sur la construction à la base d’un rapport de force. Une campagne électorale doit populariser largement cela et éviter les illusions concernant les promesses électorales. Une telle politique devra reposer sur la lutte collective pour le non-paiement de la dette publique, la mise sous propriété publique des banques et des secteurs-clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité. Et ainsi assurer que les moyens ne soient pas mobilisés dans des placements spéculatifs ou dans les poches des actionnaires, mais puisse servir de source de financement aux investissements publics nécessaires.

  • Stopper l’extrême droite par la lutte contre la politique antisociale

    ‘‘Des homos qui se marient et ont des enfants, c’est un pont trop loin’’, déclarait Dominiek Sneppe-Spinnewyn, députée nouvellement élue du Vlaams Belangau Parlement fédéral. En dépit de l’indignation massive que cela a – à juste titre – suscité, elle s’en tient à cette position. La direction du VB lui a conseillé de ne plus parler à la presse. Mais la figure de proue du parti Filip De Winter n’hésite pourtant pas à parler d’envoyer un ‘‘Go Back bus’’ à Bruxelles-Nord pour ‘‘ramener dans leur pays tous les migrants tuberculeux, atteint de malaria et autres’’. Quant à Dries Van Langenhove, il a été inculpé d’infractions à la loi sur le racisme, à la loi réprimant les faits de négationnisme, ainsi qu’à celle portant sur les armes dans le cadre de l’enquête sur les agissements de son groupuscule néonazi Schild & Vrienden.

    Par Fabian (Gand)

    Ce ne sont là que quelques-unes des personnes bien peu recommandables qui siégeront dans les parlements dans les années à venir et qui auront donc une tribune pour faire entendre leur haine et leur logique de division. Depuis les élections, Bart De Wever mène des négociations (de façade) avec le président du Vlaams Belang, l’ancien bagarreur de rue Tom Van Grieken, pour la formation d’un gouvernement flamand. Il se peut qu’il n’y ait pas (encore) de rupture du cordon sanitaire, mais ce terrain est sérieusement exploré pour l’avenir tandis que les textes rédigés ensemble par le Vlaams Belang et la N-VA sur la migration, l’éducation et le bien-être dans le cadre des négociations pour la formation du gouvernement serviront comme base pour la suite, avec d’éventuels partenaires d’une coalition autour de la N-VA. Après tout, c’est bien de cela qu’il s’agit : appliquer une politique de droite dure au profit des plus riches et au détriment des travailleurs et des pauvres. Cette même politique qui explique pourquoi les partis au pouvoir ont reçu une claque aux élections.

    Durant la campagne électorale, le Vlaams Belang prétendait être opposé à cette politique, au point même d’avoir repris des revendications syndicales (le retour de la pension à 65 ans ou encore l’augmentation des allocations sociales). Mais une fois le scrutin passé, Tom Van Grieken et sa bande ont annoncé se rendre aux négociations de coalition ‘‘sans points de rupture’’. La seule chose concrète qu’ils ont publiquement formulée depuis est la fin des subventions pour les organisations culturelles turques. Les promesses sociales n’ont pas mis longtemps à être jetées par-dessus bord.

    Partout où l’extrême droite accède au pouvoir, elle ne fait pas barrage à la politique antisociale : elle attaque au contraire de front les conquêtes sociales des travailleurs et des pauvres. Le gouvernement autrichien, qui comprend le FPÖ d’extrême droite, a immédiatement assoupli les horaires de travail pour permettre de travailler jusqu’à 12 heures par jour ! En Hongrie, Orban a introduit la possibilité de travailler jusqu’à 400 heures supplémentaires par an (sans compensation !) et a donc dans les faits introduit un sixième jour de travail par semaine. Au Brésil, Bolsonaro est déjà sous le feu de grèves massives contre sa réforme haïe des retraites (la grève générale a mobilisé 45 millions de travailleurs !) et contre les diminutions de budgets dans l’enseignement.

    L’extrême droite n’a aucune solution pour les bas salaires, le manque de logements à prix abordables, la pression au travail, le sous-investissement dans les services publics, etc. Ce n’est pas en montant les opprimés les uns contre les autres que l’on peut vaincre l’austérité et défendre nos conditions de vie ! Laisser le champ libre à l’extrême droite signifie simplement que la chasse aux boucs émissaires ira de plus belle et de manière plus violente. La victoire électorale du VB donnera plus de confiance aux groupes et individus d’extrême droite violents. Des habitants d’Alost issus de l’immigration ont ainsi été ciblés par une lettre anonyme raciste une fois les élections passées.

    L’accession de l’extrême droite au pouvoir est dangereuse, non seulement pour les minorités, mais pour tous les travailleurs. Ne laissons aucun espace à ses mensonges ! Démontrons par la lutte concrète que nous sommes les meilleurs défenseurs des revendications sociales qu’ils instrumentalisent ! Entrons en action pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure, une pension mensuelle minimale nette de 1.500 euros pour toute personne de plus de 65 ans et un enseignement gratuit et de qualité. De cette manière, nous pourrons exposer le Vlaams Belang pour ce qu’il est et offrir une alternative à sa haine et aux dogmes néolibéraux des partis traditionnels.

  • Succès électoral du PTB : 43 députés pour assister la riposte des travailleurs

    En 2014, le PTB envoyait les premiers élus de gauche radicale aux parlements régionaux de Bruxelles et de Wallonie ainsi qu’à la Chambre, une première depuis 30 ans. 5 ans plus tard, le PTB/PVDA est parvenu à s’attirer le soutien de 584.621 électeurs, avec à la clé 43 représentants : 12 députés à la Chambre (parmi lesquels 3 élus en Flandre), 4 sénateurs, 10 députés régionaux bruxellois francophones plus 1 néerlandophone, 1 sénateur coopté, 4 députés régionaux flamands, 10 députés régionaux wallons et un député européen ! Jamais la gauche radicale n’a bénéficié d’une telle situation pour défendre un programme de rupture anticapitaliste en Belgique.

    Par Nicolas Croes,, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    La percée du PTB était déjà remarquable en 2014. Aujourd’hui, elle donne le tournis. Raoul Hedebouw, surtout, et ses camarades avaient déjà assuré que la voix de la rue se fasse entendre aux Parlements et résonne plus fortement dans le débat public. Les interventions de Raoul à la Chambre sont régulièrement devenues virales sur le net et ont aidé à donner confiance à une résistance sociale qui faisait face à son l’équipe gouvernementale ennemie la plus déterminée depuis les années Martens-Gol.

    Le PTB disposait déjà de milliers de membres, et d’autres milliers vont naturellement le rejoindre à la suite de ses résultats électoraux. Nombre d’entre eux ont été poussés à franchir ce cap par envie d’être réellement impliqué sur le terrain pour assister la lutte sociale, mais aussi lui offrir une perspective positive. Qui n’a d’ailleurs jamais rencontré un militant enthousiaste du PTB avec une pétition en main ? Celle sur les pensions dans les mobilisations syndicales ou celle en faveur des transports publics gratuits dans le mouvement pour le climat par exemple. Ces initiatives ont rencontré un beau succès, chaque sondage a d’ailleurs systématiquement illustré qu’une majorité de la population était déjà convaincue.

    Jusqu’à présent, tous les efforts et le travail acharné des militants du PTB visait à obtenir davantage d’élus. Maintenant que c’est chose faite, ne nous limitons pas à défendre nos revendications au Parlement ! Ces élus doivent renforcer la lutte de terrain pour concrétiser ces revendications en faisant des propositions pour organiser la lutte, en prenant des initiatives pour construire un rapport de force et en anticipant les prochaines étapes de la lutte de classe.

    Prenons par exemple la pétition de la FGTB pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure. C’est certain, cette revendication nécessite d’être popularisée. Mais imaginons de plus ce qui serait possible si le PTB assurait d’en faire un thème de discussion dans les innombrables lieux de travail et délégations syndicales où le parti est présent afin de mener la bataille sur le terrain avec les collègues et d’obtenir ainsi des victoires en entreprises ? Il ne fait aucun doute que l’autorité du PTB gagnerait parmi les travailleurs et leur entourage, encore plus certainement qu’avec des pétitions à signer.

    Une attitude pareille permettrait aussi d’assurer qu’un maximum de délégations deviennent des bastions de résistance capables de s’opposer aux directions syndicales quand ces dernières prennent peur de poursuivre la lutte. De nombreux travailleurs gardent encore au en travers de la gorge la manière dont on nous a renvoyé chez nous alors que le plan d’action de 2014 avait remporté un large succès dans tout le pays. Le PTB doit réfléchir à la manière dont son poids politique peut servir à assister les militants syndicaux combatifs qui se sentent parfois abandonnés par leurs structures syndicales, tout particulièrement en Flandre.

    Cette approche aurait déjà un impact certain avec les milliers de membres dont dispose le PTB. Mais avec 43 députés… alors les patrons n’auraient qu’à bien se tenir ! Évidemment, se lancer à corps perdu dans la bataille exige d’élaborer une stratégie solide, d’être capable de s’adapter à la réaction inévitable du camp d’en face avec des virages tactiques appropriés. Cela nécessite de dépasser la construction patiente d’une assise électorale. Mais la crise du capitalisme ne nous laisse pas d’autre choix. Et comme le disait Bertolt Brecht, que le président du PTB citait dans son discours le soir des élections, ‘‘Celui qui se bat peut perdre. Celui qui ne se bat pas a déjà perdu’’.

    Autour des élections du 26 mai et du PTB :

  • Lettre ouverte d’un pompier de Bruxelles : le manque de personnel est inacceptable et dangereux

    Photo : Dominique Botte / Krasnyi Collective

    Une lettre ouverte de Merlin de Halleux, caporal chez les pompiers de Bruxelles.

    Hier, avec mes collègues nous sommes descendus dans la rue. Je me dois de dire quelques mots à ce propos parce que le traitement qui en est fait dans la presse est au mieux incomplet et ne décrit pas ce que nous vivons. Mais comment reprocher aux gens de ne pas saisir les problématiques d’un milieu si fermé que celui des secours et à fortiori des pompiers ?

    Il se fait qu’être pompier c’est assumer un grand nombre de situations, auquel le commun des mortels ne peut ou ne veut pas être confronté. Au delà des attentats qui ont profondément marqué un grand nombre de collègues, qui ont et auront à jamais ces images en eux, il faut aussi savoir que notre métier est usant par un grand nombre d’aspects : la misère sociale, la violence croissante de la société à mesure que la pauvreté s’installe, les cancers auxquels nous sommes exposés, ne sont que quelques facettes de ce que nous devons affronter.

    Et ces sacrifices nous y consentons et nous défendons les gens, jours après jours, avec ferveur et dévotion. Mais ces dernières années, les difficultés s’accumulent pour nous : tout d’abord une réforme qui devait venir améliorer la situation des secours de Belgique a tourné en une vaste opération de promotion des officiers au détriment de la base. Cela a clairement créé un fossé entre nous et les instances dirigeantes et politiques.

    Ensuite, des problèmes de corruption (n’ayons pas peur des mots) ont éclaté, entraînant une série de difficultés pour les hommes qui se voient privés de matériels, de tenues convenables, parfois même de chaussures. Cet hiver plusieurs casernes ont connu des pannes de chaudières tellement celles-ci sont mal entretenues et vétustes. Nous montons régulièrement de garde en sous effectif en raison du manque de personnel.

    La liste est longue de problèmes que nous rencontrons et dans la plupart des cas c’est les pompiers qui payent les erreurs venant d’en haut. Alors quand, suite à une erreur fiscale et à un conflit entre l’ONSS et le Service d’Incendie de Bruxelles, on nous a annoncé des changements dans notre mode de rémunération et que nous avons appris que celui-ci serait avantageux pour les officiers et défavorable pour les pompiers, cela a été la goutte qui a fait déborder le vase.

    Par ailleurs, il est clair qu’en se penchant plus avant sur cette proposition il apparaît que celle-ci est une voie royale vers un changement d’horaire de travail (de 24h de garde vers 12h de garde). Ce nouvel horaire permettrait à nos chers politiques de faire en sorte que nous soyons moins nombreux la nuit que la journée, ce qui est tout bonnement inacceptable. Inacceptable pour les pompiers mais aussi pour la population qui serait clairement mise en danger.

    En clair, les politiques envisagent d’économiser sur les dépenses liées aux pompiers sans se soucier de l’impact que cela aura sur les conditions de travail et sur l’efficacité du service. Il me semble que nous ne méritons pas un tel traitement. Les gens méritent qu’on donne les moyens à ceux qui s’engagent corps et âme dans la protection de la population de pouvoir travailler dans des conditions qui ne soient pas en soit, une épreuve supplémentaire.

    => Bruxelles. Les pompiers ripostent pour défendre leurs primes de garde et de spécialisation

  • Bruxelles. Les pompiers ripostent pour défendre leurs primes de garde et de spécialisation

    Ce lundi matin, 300 pompiers de Bruxelles sont sortis en manifestation pour soutenir les délégations syndicales et mettre la pression contre le cabinet de la secrétaire d’Etat Cécile Jodogne avec qui ils négocient. Ils comptaient bien se faire entendre contre une attaque menée par cette dernière qui vise à toucher aux primes de garde et de spécialisation des pompiers de Bruxelles. Mais la colère était aussi très grande contre l’ensemble des directions opérationnelles, administratives et politiques qui laissent littéralement pourrir leur service à la population. Lors d’une assemblée ayant précédé la manifestation, le lien a été fait entre la situation des pompiers et celle d’autres services publics tels que les urgences ou la police, où l’austérité est passée par là.

    La manifestation était très combative malgré le manque de slogans, mais avec énormément de pétards. Certains chefs de service en ont fait les frais en entrant dans le bâtiment où se tenait les négociations, preuve supplémentaire du fossé béant qui existe entre les officiers supérieurs et la troupe. Des initiatives ont été prises dans plusieurs casernes, comme à Anderlecht où la circulation a été déviée, des tracts ont été distribués et des banderoles affichées pour sensibiliser la population.

    D’autres actions sont prévues par les syndicats lors des prochaines négociations les 19 et 21 juin. Ceux-ci défendent en front commun le mot d’ordre: “Pas un pompier ne doit perdre 1€”. Si la secrétaire d’Etat ne recule pas sur les pertes de primes, les pompiers de Bruxelles sont bien décidés à faire monter la pression d’un cran. Certains parlent déjà d’empiéter sur le Tour de France…

    Photos : Merlin de Halleux

  • Tous ensemble à Gand le 23 juin contre le Vlaams Belang !

    Emploi, logement, enseignement, salaire,… L’extrême droite n’a aucune solution !

    Dimanche 23 juin, 15h, Gand,Vrijdagmarkt

    Le succès remporté par le Vlaams Belang aux élections du 26 mai fut un véritable choc : l’extrême droite est devenue le deuxième parti de Flandre. Deux jours plus tard, des milliers d’antifascistes sont descendus dans les rues de Bruxelles et des centaines d’autres se sont réunis à la même heure à Gand. Le lendemain, près d’un millier d’autres étaient à Liège. Ce n’était qu’un début, continuons la lutte ! Ne laissons aucun espace à leurs mensonges !

    Bien sûr, Theo Francken et sa N-VA ont normalisé le racisme et cela a ouvert la voie au Vlaams Belang. Mais il y a plus : les partis traditionnels ont perdu toute leur crédibilité. Le gouvernement antisocial Michel-De Wever a reçu une claque aux élections. Le SP.a et Groen se sont montrés incapables de représenter une réelle opposition : eux aussi acceptent le néolibéralisme et la soif de profits des ultra-riches !

    Le Vlaams Belang a su instrumentaliser le mécontentement social et le dévier pour remporter sa plus grande victoire électorale depuis 2004. Il a tout fait pour se présenter comme une ‘‘alternative sociale’’ à la N-VA. Les gens n’en peuvent plus du coût de la vie ? Le Vlaams Belang s’est dit opposé aux « taxes aburdes » comme la taxe kilométrique. Les gens sont en colère et désespérés pour leur pension ? Le Vlaams Belang a défendu le retour de l’âge de la pension à 65 ans durant la campagne. Mais il ment !

    Le parti et les autres groupuscules du type de Schild & Vrienden (les néonazis qui ont fait scandale l’année dernière après un reportage de la VRT) s’opposent toujours – et parfois physiquement – à ceux qui s’opposent concrètement à la politique de casse sociale, comme les syndicats. Le Vlaams Belang vote systématiquement contre les intérêts des travailleurs et des pauvres !

    Ne laissons aucun espace aux mensonges de l’extrême droite ! Rendons-nous à Gand ce 23 juin pour accompagner les antifascistes flamands à dire NON à l’extrême droite mais aussi à la société qui la nourrit !

    Nous devons nous organiser pour que les racistes et les néofascistes du Vlaams Belang et autres n’aient pas confiance pour occuper les rues et empêcher que ce score ne conduise à des attaques et à des violences contre les migrants, leurs opposants politiques et les militants syndicaux.

    Mais nous devons aussi les empêcher d’instrumentaliser la colère et la misère en luttant pour des transports en commun gratuits ; pour plus de moyens publics pour l’enseignement, pour les soins de santé et les services publics au sens général ; pour des emplois décents et de bons salaires. Des mouvements de masse autour de revendications concrètes (un salaire minimum de 14 euros de l’heure, une pension minimale de 1.500 euros, de meilleures allocations sociales,…) peuvent démasquer le Vlaams Belang et convaincre ses électeurs qu’il ne faut pas se battre les uns contre les autres pour des miettes, mais lutter ensemble pour plus, beaucoup plus !

    L’extrême droite instrumentalise les problèmes sociaux et la colère des gens, sans offrir la moindre solution viable, ni pour les guerres, ni pour la pauvreté, ni pour les changements climatiques, ni pour le chômage, ni pour le sans-abrisme, ni pour les bas salaires, ni pour les pensions de misère. Organisons-nous et occupons les rues ! Non seulement contre la discrimination, mais aussi pour une société qui réponde aux besoins de tous. Luttons contre le système capitaliste, qui engendre misère, haine et division pour satisfaire la cupidité de la classe dominante !

    Cette manifestation est appelée par un certain nombre de signataires, avec le soutien de la coalition antifasciste StandUp, du Front Antifasciste 2.0,… (plus d’infos)

  • Comment le PTB pourrait-il soutenir une “coalition portugaise” ?

    Le PTB pourrait soutenir «une coalition portugaise» conditionnée à la semaine de 4 jours et au salaire minimum de 14€/h

    Retour sur l’échec des coalitions progressistes PS-PTB-Ecolo en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles

    Les négociations en vue de coalitions progressistes PS-PTB-Ecolo ont avorté en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Pourtant, l’appel de la FGTB wallonne a reçu ces derniers jours un écho grandissant et de plus en plus de soutien. La déception et le mécontentement sont grands parmi nombre de travailleurs qui aspirent à dégager la droite. Le PS fait porter la responsabilité de la situation à un PTB qui refuse de prendre ses responsabilités. Pour le PTB, le PS a organisé une mise en scène visant à justifier une future coalition avec le MR.

    Par Boris (Bruxelles)

    Les tentatives visant à démontrer qui est de bonne foi en partant de ressenti, de confiance, d’horaires de réunions, de contacts informels ou non et de shows devant les caméras n’ont finalement que peu d’importance. Le mouvement des travailleurs est en droit d’attendre bien mieux. Toutes ces questions relèguent à l’arrière plan que la constitution de majorités progressistes nécessite un débat sérieux sur le programme permettant d’en finir avec la politique d’austérité et capable de signifier un changement concret dans la vie quotidienne de la population. Ce débat n’aurait d’ailleurs pas dû être cantonné à des négociations post-électorales dans les coulisses. Une telle discussion aurait dû viser à impliquer le plus grands nombre possible de militants et d’électeurs de gauche, de syndicalistes, de féministes, d’antiracistes et d’antifascistes, d’activistes pour le climat,… via des meetings et des mobilisations.

    La note de négociation du PTB est une contribution de gauche intéressante. Par exemple, l’exigence de créer 40.000 nouveaux logements sociaux en Wallonie les cinq prochaines années correspond au nombre de familles sur liste d’attente. Le PTB a raison d’approcher cette question avec pour point de départ les besoins auxquels il faut répondre et non pas le cadre de budgets volontairement limités. Le PTB estime qu’un tel plan d’investissement public reviendrait à un milliard d’euros par an pour le budget wallon. Il est vrai qu’un tel gouvernement de gauche – un gouvernement qui partirait des besoins à satisfaire – devra obligatoirement être un gouvernement de désobéissance car il faudra briser les carcans budgétaires.

    Nous reviendrons prochainement avec une évaluation plus approfondies de l’échec des majorités progressistes afin d’en tirer les leçons qui s’imposent. Mais le PTB, doit-il après cet échec, écarter aussi facilement la proposition du PS d’un « scénario portugais », c’est-à-dire d’un gouvernement minoritaire PS-ECOLO bénéficiant d’un soutien extérieur de la part du PTB ? Ou doit-il au contraire rouvrir la porte des négociations à ce scénario et comment ?

    Un gouvernement minoritaire « à la portugaise » ne revient pas à signer  un chèque en blanc

    Le PTB refuse d’emblée cette option en déclarant que « l’option portugaise revient à signer un chèque en blanc ». Pourtant, en 2016, Raoul Hedebouw déclarait autre chose concernant le soutien du Bloc de Gauche et du PCP à un gouvernement social-démocrate minoritaire au Portugal. Il disait à l’époque : « Pour le parti communiste portugais, c’est une manière de prendre ses responsabilités, puisque le peuple ne voulait plus de gouvernement de droite. C’est une forme de soutien extérieur, comme à l’époque du Front populaire, en France. Donc, l’histoire montre qu’il n’est pas indispensable de participer au pouvoir pour peser sur les décisions. » (“Rejeter l’austérité libérale” – Entretien avec Raoul Hedebouw, Revue Politique)

    Évidement, tout soutien extérieur visant à permettre au PS et à ECOLO de constituer un gouvernement minoritaire doit être conditionné à des avancées significatives pour le mouvement des travailleurs. Cette approche permettrait de concrétiser cette volonté très vivace parmi la population de balancer le MR dans l’opposition. Mais il est vrai que l’attitude du Bloc de gauche et du PCP au Portugal est trop inconditionnelle. A contrario, le PTB devra s’opposer à tous les budgets synonymes de réduction des moyens des services publics ainsi qu’à toute mesure anti-sociale et donc voter contre eux.

    Mais, durant la campagne électorale, le PS ne s’est-il pas prononcé en faveur d’un salaire minimum de 14€/h et de la semaine des 4 jours ? Ne peut-on d’ailleurs pas lire dans le programme du PS pour la Région Wallonne que « La Wallonie adaptera les principes généraux de la fonction publique locale de manière à ce que les pouvoirs locaux s’engagent dans une politique de rémunération de minimum 14 euros de l’heure » (en page 264) ? Ou encore que « le PS plaide pour une réduction collective du temps de travail (RCTT) de 38h à 32h par semaine, avec maintien du salaire et embauche compensatoire » (en page 235) ?

    Pourquoi ne pas en faire des points de rupture, des conditions strictes posées à un soutien extérieur pour la Région et la Fédération? Les négociations pourraient être relayées par des meetings publics ouvert à tous et des assemblées du personnel sur les lieux de travail concernés. De cette manière, les syndicats auraient directement leur mot à dire et pourraient contribuer à l’instauration de ces mesures.

    Si le PS accepte de respecter ses propres promesses électorales, alors les travailleurs des services publics régionaux et locaux mais aussi de l’enseignement, du secteur culturel et sportif, des crèches et des maisons de repos,… obtiendraient une avancée sociale significative. Le PTB démontrerait ce qu’il est capable de réaliser.

    Si le PS refuse, il serait alors évident aux yeux de tous que ce parti n’est même pas prêt à appliquer ses propres promesses et qu’il préfère s’allier à la droite. Mais dans ce cas, les meetings et les assemblées du personnel qui auront pris place auront eu le mérite d’ancrer la campagne « fight for 14 € » dans de nombreux lieux de travail afin de construire un rapport de force pour obtenir des victoires.

    Évidemment, un salaire minimum de 14 euros et une semaine de 4 jours, cela ne résoudrait pas tout, tout de suite. Mais cela provoquerait un énorme enthousiasme et cela poserait les bases d’une lutte pour obtenir bien plus en Wallonie mais également à Bruxelles et en Flandre.

    Autour des élections du 26 mai et du PTB :

  • Le cordon sanitaire survivra-t-il ?

    Dewinter lors d’un meeting du VB à Gand. Photo : Jean-Marie Versyp

    Le cordon sanitaire, un accord entre les partis pour ne pas former de coalition avec le Vlaams Belang, est à nouveau à l’épreuve. C’était déjà le cas après les élections communales, en particulier à Ninove, où la N-VA a bloqué la formation d’une coalition sans l’extrême droite. Cependant, il n’y a pas eu de coalition avec l’extrême droite. Aujourd’hui, une nouvelle étape est franchie pour minimiser le cordon sanitaire, même s’il n’y a pas encore de gouvernement avec le VB.

    Le président de la N-VA De Wever laisse la porte ouverte aux discussions avec le VB. Il a été immédiatement soutenu par les petits patrons de l’organisation patronale flamande VOKA. Ils veulent utiliser les votes pour le VB pour appliquer une politique de destruction sociale encore plus à droite et ainsi augmenter leurs profits. Le VB a attiré les suffrages d’électeurs insatisfaits de la politique d’austérité antisociale en défendant des revendications telles qu’un montant de pension plus élevée, un âge de départ à la pension plus bas, des allocations sociales plus élevées,… Mais cela était un leurre.

    Entre-temps, la N-VA s’est affaiblie, de sorte que De Wever ne peut pas simplement balayer le VB. Le président du VB Van Grieken a encore augmenté la pression en annonçant qu’il ne fixe aucun point de rupture pour la formation d’un gouvernement flamand. A l’Open VLD et au CD&V, quelques voix se sont élevées en faveur de la rupture du cordon sanitaire, mais les dirigeants du parti se sont immédiatement prononcés contre. Une coalition avec le VB est très improbable. Cependant, si le résultat de ces élections persiste lors des élections communales de 2024, les chances de coalitions communales avec le VB vont fortement augmenter. A Ninove, par exemple, le VB a confirmé le résultat des élections communales avec un score de 38% pour le Parlement flamand (contre 40% pour Forza Ninove aux communales) et 34% a également été atteint dans la commune voisine de Denderleeuw.

    Nous pouvons enrayer cette dynamique ! Les manifestations contre l’extrême droite, ainsi que la question nationale, ont été la raison pour laquelle les partis traditionnels n’ont pas osé s’allier au Vlaams Blok au début des années 1990 (contrairement à leurs homologues dans des pays comme l’Autriche, les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège, etc.) Mais cela n’enlève rien au terreau fertile qui nourrit l’extrême droite. Cela n’est possible qu’avec une politique qui rompt radicalement avec l’austérité et la polarisation sociale qui en résulte.

    => 23 juin : manifestation antifasciste à Gand

  • Exigeons des programmes et des politiques qui répondent aux besoins sociaux !

    Tous les partis de la coalition suédoise qui composait le gouvernement précédent (N-VA, MR, CD&V et Open Vld), ont défendu leur politique corps et âme jusqu’au dernier jour de la campagne et ont fait part de leur désir que la coalition rempile pour une nouvelle législature. Etendue au cdH bien sûr, car cette coalition de droite inédite avait perdu sa majorité dans les sondages un an à peine après sa formation !

    Par Els Deschoemacker, éditorial de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Analyser qui a perdu les élections, qui a limité les dégâts, qui a gagné et avec quel programme tout cela s’est produit est très intéressant, pour ceux qui veulent le voir en tout cas.

    Quand des centaines de milliers de personnes ont participé au plan d’action syndical de 2014 contre la casse sociale du gouvernement Michel, les commentateurs n’ont démontré que très, très peu de compréhension mais, aujourd’hui, nous entendons de toutes parts que le signal de l’électeur doit être respecté. Quant à savoir ce que représente exactement ce signal… Dans le quotidien De Tijd, le dirigeant de la CSC Marc Leemans faisait remarquer à juste titre que le résultat des élections en Flandre ne doit pas être unilatéralement interprété comme une clameur pour une politique plus à droite. ‘‘Qui croit vraiment que l’électeur a donné ce signal ? Si quatre partis gouvernementaux ont été punis pour cinq ans de politique libérale de droite, je réfléchirais à deux fois avant de défendre qu’il est question d’encore plus de politique de droite.’’

    Tous les médias affirment que la Flandre n’a probablement jamais autant voté à droite. Quelle était la dynamique derrière ce comportement électoral ? Le Vlaams Belang a gagné les élections en combinant un programme raciste et une critique de la politique antisociale du gouvernement, dont la N-VA était le champion. En mettant l’accent sur des revendications telles qu’un retour de l’âge de la pension à 65 ans, une pension minimum de 1.500 euros par mois, une augmentation des allocations sociales,… le Vlaams Belang semblait répondre aux inquiétudes populaires.

    C’est totalement hypocrite. Le Vlaams Belang a toujours voté contre chaque mesure visant à élargir nos droits sociaux. Tout à l’opposé d’un parti social qui s’attaque aux inégalités en s’en prenant aux profits des grandes entreprises, il fait commerce de la haine et de la division. Son programme ‘‘Nos gens d’abord’’ ne défend pas d’arracher plus de moyens, mais seulement de répartir autrement des moyens largement insuffisants avec l’exclusion des grands groupes de la sécurité sociale, du logement social, de l’emploi, …. Cela ne fait qu’accroître la concurrence au bas de la société, l’objectif principal de l’extrême droite !

    L’autre grand vainqueur des élections a été le PTB, surtout à Bruxelles et en Wallonie, mais aussi en Flandre où il a obtenu ses premiers élus. Groen n’a pas pu tirer profit de la révolte climatique car il n’était pas suffisamment social : il ne défendait même pas le rabaissement de l’âge de la pension ! Une grande partie de la classe des travailleurs craignait que le programme de Groen finisse par peser encore plus lourdement sur leurs épaules.

    Le PS a réussi à limiter la casse grâce à un programme plus fortement ancré à gauche, il reste le plus important parti en Wallonie et à Bruxelles. Ecolo a obtenu de bons résultats, mais n’a pas pu saisir le potentiel des sondages, en grande partie pour les mêmes raisons que Groen.

    Presque partout en Europe, les partis traditionnels qui ont dominé le capitalisme depuis la Seconde Guerre mondiale ont reculé. En Belgique, pour la première fois, une tripartite des familles traditionnelles autrefois toutes-puissantes est impossible. Avec les partis Verts, il y aurait une majorité fédérale, mais ce ne serait pas le cas en Flandre. Les partis qui ont fait payer la crise du capitalisme à la majorité de la population à maintes reprises ont connu un soulèvement électoral. Si le PS a mieux résisté, c’est grâce à des revendications sociales concernant les pensions, la réduction du temps de travail, l’impôt sur la fortune,…

    Si les élections du 26 mai ont démontré une chose, c’est que les électeurs en ont assez et qu’un revirement s’impose.

    Le défi consiste maintenant à organiser la résistance en une politique qui répond aux besoins sociaux et, par conséquent, qui remet en question le système capitaliste. Le mouvement des travailleurs est numériquement plus fort que jamais et nous avons encore des syndicats potentiellement très puissants. La classe des travailleurs est la force sociale qui peut apporter le changement, mais cela n’est pas une garantie automatique. Pour cela, il faut une organisation consciente autour d’un programme de changement et une lutte menée avec la plus grande implication possible des délégués, des militants et des affiliés.

    La percée du PTB dans toutes les régions du pays est le développement le plus important de ces élections en ce qui concerne le mouvement des travailleurs. Il offre une voix à ceux qui veulent sortir du marasme du déclin social. Pour en sortir, nous devons rompre avec la camisole de force budgétaire en Europe et en Belgique, et nous devons nous battre pour une politique qui ne soit pas axée sur les profits, mais sur les besoins de la majorité de la population.

     

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop