Category: Politique belge

  • « Retour au travail » des malades de longue durée. La Vivaldi part à la chasse…

    Alors que des milliers de travailleuses et travailleurs passaient à l’action ce 13 mai au cours de la journée de mobilisation du front commun syndical pour le pouvoir d’achat, le gouvernement fédéral présentait sa réforme du « Parcours de remise au travail des malades longue durée». Frank Vandenbroucke (Vooruit), le ministre de la Santé, prétend que le but n’est pas de punir, mais que la possibilité de sanction devrait suffire. Mais rien n’est prévu pour résoudre le problème à sa source.

    Par Julien (Bruxelles)

    Étant donné qu’il est politiquement difficile d’envisager une migration supplémentaire comme réponse à l’étroitesse du marché du travail, l’accent est mis aujourd’hui sur l’augmentation du taux d’emploi. Avec un demi-million de travailleurs en congé de maladie depuis au moins un an, il y a plus de malades de longue durée que de chômeurs totalement indemnisés. Pour atteindre son objectif de 80 % de taux d’emploi d’ici 2030, le gouvernement compte s’en prendre à ces malades, par ailleurs aujourd’hui plus nombreux que les chômeurs. En octobre dernier, le Bureau du Plan estimait que ramener 1 % des personnes en invalidité (c’est-à-dire en maladie depuis plus d’un an) permettrait d’économiser 25 millions d’euros. Selon Vandenbroucke, 25.000 travailleurs en invalidité seraient aptes à reprendre le travail, à temps partiel au moins. L’idée n’est clairement pas d’ « accompagner », mais de faire des économies.

    La réforme comprend 2 piliers. D’une part, pousser les travailleurs à suivre un parcours de réintégration, selon l’idée que les travailleurs abusent de la sécurité sociale et qu’il suffit de faire un petit effort. De l’autre côté, les entreprises seront sanctionnées en absence de mesures de suivi du nombre de travailleurs en invalidité. Sur le terrain, aucune raison d’espérer que les patrons diminuent les cadences infernales ou embauchent suffisamment de personnel pour diminuer la pression. Ils pourront encore plus presser les travailleurs en expliquant que c’est le gouvernement qui les force à agir de la sorte.

    En Belgique, selon les statistiques du Bureau fédéral du Plan,« les personnes avec les revenus les plus élevés souffrent moins d’une maladie ou d’un problème de santé de longue durée que celles avec de faibles revenus. » (1) En 2020, 36,9 % des personnes en invalidité le sont pour des troubles mentaux, et ce en augmentation depuis 2016. Les femmes sont majoritairement touchées par ces troubles (2).

    10 % de la population active est en maladie de longue durée. La réponse doit être à hauteur de l’ampleur du problème. Le 2 juin, le non marchand manifeste pour un réinvestissement massif dans le non marchand, pour des embauches supplémentaires et une revalorisation du secteur. Tout le long de l’épidémie, le groupe d’action militant La Santé en Lutte s’est mobilisé contre le sous-financement structurel du secteur des soins et contre sa marchandisation et sa privatisation.

    Le mouvement ouvrier a les solutions !

    Dix pour cent de la population active est malade de longue durée. Ce ne sont pas les malades eux-mêmes qui sont la cause du problème, mais le rythme de travail et un système intenable pour de plus en plus de gens. Le 2 juin, une action sera menée par le personnel du secteur non marchand. Une fois encore, les gens descendront dans la rue pour réclamer des investissements, du personnel supplémentaire et une revalorisation du secteur. Pendant toute la durée de la pandémie, le groupe d’action militant La Santé en Lutte a mené des actions contre le manque structurel de moyens dans le secteur des soins et contre sa commercialisation et sa privatisation. Répondre aux demandes du personnel qui crie dans les rues qu’il n’en peut plus, voilà la réponse qui s’impose.

    Ces dernières années, le débat sur la réduction collective du temps de travail s’est poursuivi. Dans le secteur des soins, entre autres, il s’agit d’une revendication essentielle pour rendre le travail tenable. Les opposants diront que l’étroitesse du marché du travail rend impossible une réduction du temps de travail, car il n’y a pas assez de personnel pour des embauches supplémentaires. Cependant, un travail réalisable, c’est-à-dire avec une charge de travail moindre, c’est le seul moyen d’éviter qu’un nombre encore plus grand de personnes ne soient pas en mesure de suivre le rythme. Nous sommes favorables à une semaine de 30 heures sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et sans augmentation de la charge de travail. Cela permettrait aux travailleurs de se reposer, de moins solliciter leur corps et de rester en bonne santé mentale.

    Des investissements massifs et une refonte radicale du système de santé, d’une part, et une réduction du temps de travail, d’autre part, permettraient de s’attaquer à la racine de nombreux problèmes de santé. C’est la seule alternative à la tentative de Vivaldi de faire reprendre le travail aux malades de longue durée à tout prix, indépendamment de leur santé mentale et physique.

    (1) https://indicators.be/fr/i/G03_LSI/Maladie_ou_probl%C3%A8me_de_sant%C3%A9_de_longue_dur%C3%A9e
    (2) https://www.inami.fgov.be/fr/statistiques/indemnites/Pages/incapacite-travail-longue-duree-combien-burn-outs-depressions.aspx

  • Le mouvement ouvrier doit défendre son alternative à la hausse des prix et à la guerre

    manifestation pour le pouvoir d’chat, Namur, 22 avril. Photo: Dominique Botte

    Incertitude économique, instabilité politique

    La pandémie n’était pas encore terminée que les prix ont commencé à s’envoler. Puis est venue la guerre en Ukraine. Les économistes s’accordent de plus en plus pour dire que les hausses de prix ne seront pas temporaires. Le mouvement ouvrier doit lutter pour sa propre alternative contre la hausse des prix et à la misère inhérente au capitalisme.

    Dossier de Boris (Bruxelles), issu de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    L’inflation n’est pas temporaire et ne se limite pas à l’énergie

    La Belgique est particulièrement vulnérable aux évolutions de l’économie mondiale en raison de son économie ouverte tournée vers les marchés internationaux, mais aussi de sa dette publique élevée, de sa dépendance énergétique et d’une couche d’entreprises plus énergivores. L’Europe est une des parties du monde les plus touchées par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine, qui a accéléré la flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation. Les pays limitrophes à l’Ukraine et à la Russie sont les plus touchés en premier lieu, mais même l’Allemagne devrait entrer en récession. L’économie est menacée par la stagflation, c’est-à-dire la combinaison de la stagnation économique et de l’inflation.

    L’inflation en Belgique se situait à 8,31% en mars dernier, soit le niveau le plus élevé depuis mars 1983. Elle devrait s’établir à 7,4% sur l’ensemble de l’année, pour un indice-santé de 6,9%. Selon les premières estimations de la Banque Nationale (BNB), la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie coûteraient 1% à la croissance de l’économie belge cette année et entraîneraient un recul de la consommation des ménages, confrontés à la perte de leur pouvoir d’achat de 1,8%. La BNB avertit toutefois : ce scénario est bien plus incertain que ses prévisions habituelles, car il a été élaboré sur base de données collectées début mars. À l’époque, l’idée d’une guerre de courte durée était encore de mise…

    En mars, son enquête mensuelle consacrée à la confiance des consommateurs indiquait le plus fort recul jamais enregistré, comparable à la situation du début de la crise sanitaire. Jamais les ménages n’ont autant anticipé une telle détérioration de leurs finances. La capacité d’épargne est en net repli. Quant à l’investissement privé, il préfère les investissements spéculatifs aux investissements productifs. Seul l’investissement public permet de freiner le ralentissement de la croissance. Il devrait croître de près de 6% cette année à la suite des différents plans de relance des autorités publiques.

    L’inflation en Belgique est plus élevée par rapport aux pays voisins et le patronat met en garde contre le danger d’une spirale prix/salaires en raison de l’indexation automatique des salaires et des allocations sociales. Après une marge salariale ridicule de 0,4% en plus de l’indexation pour les années 2021 et 2022 dans le cadre du dernier Accord Interprofessionnel (AIP), le patronat prépare le terrain pour le prochain AIP et une application stricte la loi sur la modération salariale (la « loi-prison » sur les salaires de 1996) et une marge salariale nulle pour les deux prochaines années. Tout en soutenant cette approche, le directeur de la BNB contredit toutefois l’idée : « Les marges bénéficiaires des entreprises sont assez élevées et constituent des coussins dont elles peuvent se servir pour éviter des hausses de prix trop importantes et persistantes. » Une hausse des salaires n’entraîne pas forcément de hausse des prix, elle peut se produire au détriment des profits. Voilà tout l’enjeu de l’entrée en action des travailleuses et travailleurs en défense de leur pouvoir d’achat et pour briser la camisole de force de la loi de 1996.

    Sur base de la reprise de l’économie en 2021, les capitalistes belges ont empoché des profits records. La BNB a avancé deux éléments qui y ont contribué : d’une part les subsides publics au paiement des salaires qui s’élèvent à 8 milliards d’euros par an et, d’autre part, le retard de la progression des salaires par rapport à l’augmentation des prix. Ceux-ci n’ont donc visiblement pas d’effet inflationniste, au contraire. Depuis un an, les entreprises ont déjà commencé à anticiper l’augmentation des coûts en les reportant sur les prix des biens et des services. Les capitalistes veulent sauvegarder leurs profits. Ainsi, la part du revenu national diminue pour les travailleuses et travailleurs au profit des capitalistes.

    La Vivaldi, résultat d’un contexte spécifique

    Il aura fallu non seulement le déclenchement de la pandémie et la crise sanitaire, mais aussi la crise économique de 2020 comme facteurs extérieurs pour imposer la formation d’un gouvernement, la coalition Vivaldi, et écarter la N-VA du gouvernement fédéral. L’ouverture – au moins temporaire – des robinets d’argent a facilité la conclusion d’accord entre PS et libéraux avec d’un côté l’obtention de la pension minimum à 1.500€ pour la fin de la législature et, de l’autre, le maintien de l’ensemble des contre-réformes du gouvernement Michel, dont le durcissement de la loi de 1996 sur les salaires et le report de l’âge de la pension à 67 ans.
    Le gouvernement Vivaldi se concentre sur la recherche de solutions pragmatiques pour gérer le capitalisme belge en crise. De nouvelles réductions drastiques de la sécurité sociale ont été repoussées au vu du rôle de celle-ci en tant qu’élément stabilisateur pour amortir le choc de la crise. Un certain retour, limité, sur les coupes budgétaires dans les soins de santé menée par le gouvernement Michel a dû être concédé.

    Les divers plans de relance des différents niveaux de pouvoir devraient avoisiner les 13 milliards d’euros (soit environ 2,7 % du PIB) sur 6 ans. L’ambition et l’ampleur sont bien moindres que dans les principaux pays voisins. En raison de sa dette publique élevée, la bourgeoisie belge ne veut pas être le moteur de la relance, mais profiter des plans voisins grâce à son économie ouverte tout en soutenant la dynamique. Une des particularités belges est l’effort conséquent porté par les Régions, ce qui entraîne des dettes et des déficits publics élevés à tous les niveaux de pouvoir.

    Lors de la confection du budget 2022, le débat fut un temps réouvert sur base de la reprise économique de 2021 : devait-on à nouveau recommencer à réduire les dépenses publiques, voire reporter certaines politiques de relance ou au contraire faire preuve de prudence au regard des facteurs d’instabilité qui accompagnaient la reprise ? L’effort budgétaire initialement prévu à 1 milliard d’euros a été augmenté à 2,4 milliards, dont 300 millions de coupes budgétaires dans la fonction publique fédérale et l’introduction d’une véritable chasse aux 500.000 malades de longue durée, nombre qui dépasse aujourd’hui celui des personnes au chômage.

    Mais comme l’indique le contrôle budgétaire du printemps, un réel retour à l’austérité n’est pas encore de mise. En s’appuyant sur l’impact de la guerre en Ukraine, le ministre fédéral des Finances Vincent Van Petheghem (CD&V) propose même que la suspension des règles européennes sur les déficits publics soit à nouveau prolongée en 2023. Mais il n’y a eu que des mesurettes pour le pouvoir d’achat des travailleuses et travailleurs de la part du gouvernement. Celles-ci n’ont en rien diminué la colère croissante contre les factures impayables. Cela conduit à des actions conduisant à la manifestation nationale du 20 juin prochain.

    Ce sont les investissements publics stratégiques à destination de la bourgeoisie qui ont à nouveau été favorisés. D’une part pour la course à l’armement avec un milliard d’euros supplémentaires pour accélérer la hausse des dépenses militaires de 1,12 % du PIB vers l’objectif de 1,54 % du PIB. D’autre part pour l’indépendance énergétique, avec 1,16 milliard d’euros supplémentaires (l’un des principaux aspects du plan de relance fédéral) avec la réduction de la TVA pour l’installation de panneaux solaires, de pompes à chaleur, de chauffe-eau solaires, le développement de l’éolien offshore et la dorsale hydrogène vers les bassins industriels. Comme le réclamait la FEB, le maintien de l’activité de deux réacteurs nucléaires destinés à être fermés a également été décidé. Qu’il s’agisse de la construction de l’éolien offshore ou des deux nouvelles centrales au gaz, le privé est arrosé de plantureux subsides publics. La politique de relance est taillée sur mesure pour les entreprises : les profits pour le privé, les coûts pour la collectivité.

    Ce dont nous avons besoin, c’est d’un plan radical d’investissements publics qui repose sur les intérêts des travailleuses et travailleurs et de leur famille : dans les soins de santé, dans l’enseignement, dans les crèches, dans le secteur social, dans les transports publics, dans les logements sociaux… Les pénuries sévissent à tous niveaux et très peu est fait. Qu’il n’y ait eu que 32 millions d’euros pour l’accord sectoriel accordé au personnel de l’enseignement francophone après autant d’efforts en première ligne durant la crise sanitaire n’est rien d’autre qu’une insulte. Avec la guerre en Ukraine, la nouvelle crise des réfugiés exige des moyens non seulement pour assurer un accueil digne – pour tous les demandeurs d’asile, d’où qu’ils viennent – mais aussi dans l’ensemble des services publics qui sont déjà exsangues. Sans cela, un boulevard sera offert au Vlaams Belang et à la N-VA pour qu’ils propagent leur logique de division et désignent des boucs émissaires.

    Dans un contexte de hausse de l’inflation et de hausse des taux d’intérêt, la pression sera croissante pour un retour à davantage d’austérité. Le gouvernement flamand accentue cette pression : après qu’un plan de réduction des coûts ait été proposé pour l’université de Gand (proposition renvoyée à la table des négociations sous la pression des protestations syndicales), une attaque contre le personnel de la VRT a suivi fin avril. L’austérité n’est pas propre à la politique de l’ère néolibérale qui a précédé la crise de 2020 et ne signifie pas un retour à celle-ci. Elle sera accompagnée d’une continuation de politiques d’investissements publics dans les secteurs stratégiques pour la bourgeoisie.

    De nouvelles coupes budgétaires remettront aussi la question nationale à l’agenda sur fond de pénuries avec de nouvelles demandes de régionalisations de compétences sans transfert de l’ensemble des moyens. Jusqu’à la pandémie, le discours nationaliste flamand était dominant à cet égard. Depuis celle-ci, nous assistons à une campagne, surtout dans la presse flamande, pour tenter de freiner temporairement et partiellement cela en renforçant le niveau fédéral. Le sentiment que nous serions « tous dans le même bateau » dans la crise sanitaire pourrait-il être exploité à la faveur d’une règle de priorité du fédéral sur les entités fédérées ?
    La campagne « We are one » du PTB embrasse certaines de ces illusions. Si la bourgeoisie belge qui a longtemps délaissé son État y parvenait, cela ne serait pas dans l’intérêt des travailleurs et créerait de nouvelles sources de conflits. Comment la bourgeoisie pourrait-elle au mieux faire payer la crise à la classe des travailleuses et travailleurs ? C’est ce qui sera au centre de ses réflexions. Nous devons nous opposer à toute réduction de budget, quel que soit le transfert de compétence. Le changement de tonalité nous donne une indication de ce que souhaite la bourgeoisie, mais pourrait-elle pour autant y parvenir ? C’est une tout autre histoire. Elle ne possède plus aucun instrument politique fort. Plus le Vlaams Belang et la N-VA s’approcheront d’une majorité dans les sondages en Flandre, plus le débat vers les élections de 2024 tournera autour de cela. Mais la question nationale et la lutte de classe fonctionnent comme un balancier.

    Le PTB et la lutte contre les profiteurs de guerre

    Pour la première fois depuis les élections, dans le dernier sondage du « Grand Baromètre » fin mars, le Vlaams Belang est passé derrière la N-VA et n’est plus le premier parti en Flandre. Avec la crise du pouvoir d’achat, c’est la question sociale qui s’impose à l’avant-plan. Le PTB était le grand gagnant de ce sondage avec 19,7 % en Wallonie ; 16,4 % à Bruxelles et 8,9 % en Flandre. Il passerait ainsi de 12 sièges à 21 sièges à la Chambre. Un tel succès favorisera la remise en avant d’idées de gauche dans l’agenda politique. Cela ouvrira de grandes possibilités de discussion sur l’alternative au capitalisme.

    Du côté francophone, c’est le PS qui serait le grand perdant. En acceptant de ne pas toucher à la loi de ‘96, à la chasse aux malades de longue durée et à la flexibilisation du marché du travail (avec une attaque sur la journée des 8 heures et sur la revendication de la diminution collective du temps de travail), ses liens avec la FGTB en tant que relai politique traditionnel sont sous tension intense. Le projet de réforme des pensions représente un recul même s’il peut créer un certain soulagement, car le pire a été évité. La CSC la soutient, la FGTB n’est pas enthousiaste, mais met surtout le PS en garde contre de nouvelles concessions à la droite.

    Les négociations salariales l’automne dernier n’ont absolument rien donné aux travailleurs. C’est tout le modèle de la concertation sociale qui est sous pression. Le PS ne suscite pas non plus d’enthousiasme en promettant de maintenir inchangé le mécanisme d’indexation en échange du maintien de la loi sur les salaires de 1996. Leurs homologues néerlandophones de Vooruit (ex-SP.a) ne semblent même pas prendre la peine de faire attention au mouvement syndical. Leur président Connor Rousseau compte sur sa popularité personnelle, principalement grâce à des apparitions dans le monde du divertissement.

    Le PTB a pris une première initiative importante avec la manifestation « Basta » pour mettre le thème du pouvoir d’achat en avant. Se limiter à la revendication du passage de la TVA sur l’énergie de 21 % à 6 % et à taxer les surprofits du secteur de l’énergie est par contre bien trop timide. Cela se distingue peu des propositions de Tinne Van der Straeten (Groen) pour taxer ceux-ci ou de Paul Magnette (PS) pour augmenter la rente nucléaire (la taxe que paie chaque année Engie-Electrabel à l’État belge) à 500 millions d’euros pour capter les surprofits d’Engie-Electrabel. Certes, le PTB est favorable à la création d’entreprises énergétiques publiques au lieu d’accorder des subsides au privé, mais il évite soigneusement de défendre la nationalisation des entreprises privées existantes.

    Pourtant à l’instar du secteur de l’armement, il est évident que le secteur de l’énergie est un des principaux profiteurs de guerre. Continuer à se limiter à une ou l’autre entreprise publique d’énergie au sein d’un marché dominé par le privé n’est pas à la hauteur des enjeux actuels. Avec le mouvement des jeunes pour le climat et le mouvement des travailleuses et travailleurs pour le pouvoir d’achat, la question de la nationalisation complète de ce secteur a rarement été aussi concrète qu’aujourd’hui ? C’est une nécessité pour endiguer la crise climatique et garantir des prix abordables.

    À cela s’ajoute, avec la hausse des prix, la question de l’énorme spéculation qui accompagne celle-ci. Une banque publique dans un marché privé serait soumise à la pression des hauts rendements spéculatifs. La nationalisation de l’ensemble du secteur financier, des banques et des assurances permettrait de s’en prendre à cette spéculation, de garantir des prêts bon marché aux petits commerçants, de placer nos épargnes en sécurité et servirait de source de financement pour un plan radical d’investissements publics dans les besoins sociaux. Une incursion dans la propriété privée du capital est incontournable pour permettre une augmentation significative du niveau vie des travailleuses et travailleurs ainsi que de leur famille.

  • Bruxelles. 1er mai de lutte 2022 contre les désastres capitalistes !

    Contre les désastres capitalistes : Premier mai de lutte internationaliste !

    Le Premier mai est depuis 1886 une journée de référence pour les combats des travailleur.se.s du monde entier. En 2022, notre camp social fait face aux multiples crises du capitalisme. Alors que la pandémie n’est pas encore terminée, que la catastrophe écologique empire et se fait sentir dans nos pays, c’est la guerre impérialiste de Poutine qui vient provoquer un nouveau choc mondial, sur lequel se gavent les spéculateurs : prix de l’énergie, armement, matières premières telles que le blé s’envolent, pour le plus grand plaisir des actionnaires. Dans nos organisations et mouvements, la pandémie a bousculé les pratiques militantes, mais notre colère et notre soif de justice sociale, elles, sont intactes. Nous appelons à être présent.e.s dans la rue en ce Premier mai 2022 pour le rappeler, de façon unitaire et combative.

    Le capitalisme nuit gravement à la santé.

    Deux ans après le début de la pandémie, la précarité a augmenté. Les sans-papiers se sont heurtés au cynisme de la Vivaldi qui n’a même pas daigné respecter sa parole en donnant des papiers aux grévistes de la faim de l’été 2021. Tandis que de nombreux secteurs ont pu accumuler des gigantesques profits et que le nombre de multimillionnaires a fortement augmenté, le patronat et la Vivaldi ont bloqué la hausse, hors indexation, des salaires à 0,4% pour 2021-2022. La FEB en veut plus et met la pression pour s’attaquer plus encore à l’indexation automatique des salaires, alors que le coût de la vie explose. « C’est la crise, braves gens », osent-ils ! La crise pour qui ? Par pour les capitalistes ! La classe travailleuse a vu le salaire minimum réel baisser depuis 1996 !

    Les contraintes ont encore été nombreuses jusqu’à présent pour nos vies, dans le but d’empêcher l’implosion à court terme des hôpitaux et/ou l’absentéisme de masse dans les entreprises… mais elles n’ont pas empêché la mort de plus de 30.000 personnes des suites du Covid. Dans les entreprises, on a trop souvent constaté le laxisme patronal sur les mesures de protection. Cette année, 212 travailleur.se.s de la STIB luttent encore au tribunal contre leur employeur et pour le droit de retrait. Pendant ce temps, l’isolement social s’aggrave.

    La production et la distribution de vaccins et remèdes sont une autre facette de la gabegie capitaliste : concurrence entre groupes pharmaceutiques, dans la recherche, le brevetage des produits et des processus, distribution inégale des vaccins à l’échelle mondiale, laissant les pays du Sud globalement sur le carreau… Le secteur reste guidé par le profit, même quand les mort.e.s se comptent par millions. Les besoins sociaux nécessitent de lever les brevets sur les vaccins et le contrôle public du secteur, contre le chaos du marché prôné par les dirigeant.e.s européen.ne.s, pour produire et distribuer massivement les vaccins et remèdes à travers le monde.

    La gestion libérale et autoritaire a délégitimé la politique sanitaire, installant la méfiance vis-à-vis de cette gestion et offrant un terreau fertile pour des récits de déni, individualistes, voire complotistes, ce qui a parfois installé des divisions entre des personnes pourtant du même camp social.

    Les femmes et les soins toujours en première ligne

    Les femmes sont majoritaires parmi les travailleuses des métiers essentiels (soins, enseignement, grande distribution…), elles sont aussi les premières à avoir fait les frais de la crise : bas salaires, chômage, risque sanitaire… Ce sont elles aussi qui ont dû effectuer la majeure partie du travail du soin et jongler entre tâches ménagères et travail salarié. Et les violences contre les femmes ont été aggravées avec les confinements. Les enseignant.e.s et élèves n’ont, de leur côté, jamais reçu les moyens suffisants pour un travail sûr en présentiel ni pour s’adapter au distanciel ! Les systèmes de santé sont sous pression extrême et les travailleur.se.s sont à bout de souffle, malgré des budgets supplémentaires gagnés par les luttes, mais encore loin des besoins.

    La crise a mis les femmes en première ligne : travailleuses des métiers essentiels (santé, enseignement, grande distribution), elles sont aussi les premières à faire les frais de la crise. Bas salaires, chômage, risque sanitaire. Avec le confinement, elles sont d’autant plus touchées par les violences conjugales. Ce sont elles aussi qui ont dû effectuer la majeure partie du travail du soin et jongler entre tâches ménagères et travail salarié. La crise met en avant la situation terriblement inégale des femmes dans nos sociétés.

    Notre seule boussole : la lutte collective.

    Les mouvements sociaux ont continué, malgré des conditions très difficiles, des restrictions sur les libertés et le danger sanitaire. Les sans-papiers luttent inlassablement pour leur survie et leur dignité, pour la régularisation ainsi que, avec d’autres, pour le droit au logement. Le mouvement féministe a continué à mobiliser autour du 8 mars et tout au long de l’année écoulée. Le mouvement contre les violences policières et contre le racisme structurel également. Le mouvement syndical et ouvrier se mobilise contre la vie chère et le blocage des salaires et doit reprendre le chemin des luttes et alliances entre autres contre le dérèglement climatique.

    Le front commun donne déjà rendez-vous le 22 avril et le 20 juin. Dans les entreprises, la colère monte. Le secteur des titres-services, notamment, mène un plan d’actions continu pour une vraie hausse des salaires et l’amélioration des conditions de travail. Les enseignant.e.s aussi restent en action pour arracher de vrais progrès sociaux à la ministre Désir (PS). Enfin, le mouvement contre la guerre de Poutine en Ukraine se construit : nous devons tou.te.s contribuer à son développement !

    Nous appelons les travailleur.se.s, leurs organisations syndicales et les mouvements sociaux à faire front et à être en lutte dans la rue en ce Premier mai 2022 contre ce capitalisme mortifère.

    Rendez-vous à 11h Place Poelaert le Premier Mai pour battre le pavé des rues de Bruxelles !

    ➡ Stop à la vie chère : contrôle des prix, nationalisation du secteur énergétique et indexation complète des salaires incluant le prix du carburant !
    ➡ Pour un plan d’action combatif face aux crises capitalistes !
    ➡ Face au chômage, réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    ➡ De l’argent il y en a : pour un salaire minimum de 14€ net/h, la pension à 1500€ net minimum, et la hausse des allocations sociales ! Non à la chasse aux allocataires sociaux !
    ➡ Stop au sexisme : des moyens massifs pour la lutte contre les violences faites aux femmes !
    ➡ Stop au racisme, à la répression, aux discriminations à l’embauche, au logement et dans le système scolaire !
    ➡ Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs/travailleuses : régularisation de tou.te.s les sans-papiers !
    ➡ Accueil digne et inconditionnel de tou.te.s les réfugié.e.s : d’Ukraine comme d’ailleurs !
    ➡ Non à l’agression impérialiste de Poutine et son armée en Ukraine, retrait total des troupes russes, pas d’illusions dans l’OTAN, annulation de la dette de l’Ukraine !
    ➡ Sanctionnons les milliardaires de Russie, pas les travailleur.euse.s, impôt de crise sur les grandes fortunes de Belgique !
    ➡ De l’argent pour les salaires, la sécurité sociale, la transition écologique et la culture, pas pour l’armement !
    ➡ Un toit c’est un droit : baisse des loyers, des investissements massifs dans le logement social, pour la réquisition des logements vides et la lutte contre les marchands de sommeil !
    ➡ Défense des services publics, le patrimoine de ceux qui n’en ont pas : refinancement et renationalisation !
    ➡ Pour un enseignement public, gratuit, critique et accessible à toutes et tous !
    ➡ Pour des soins de qualité accessibles à toutes et tous. Levée des brevets sur les vaccins et sur la production pharmaceutique dans son ensemble !

    A l’initiative de la CGSP Administrations locales et régionales Bruxelles. Premiers signataires de l’appel : FGTB Bruxelles, CGSP ALR Bruxelles, CSC Bruxelles, MOC Bruxelles, Le collectif afghans, La coordination des personnes sans-papiers de Belgique, PSL-LSP, LEF-FGE, Grec.ques solidaires de Belgique, Gauche Anticapitaliste.

    ➡ Vous souhaitez signer l’appel, contactez-nous sur premiermaidelutte@gmail.com

    #1ermaidelutte2022

  • Liège : Pas de pelleteuse à la chartreuse !

    A Liège, on ne présente plus le domaine de la Chartreuse, un ancien monastère devenu fort, aujourd’hui abandonné et devenu terrain de jeux, de promenades et de vie sauvage. Les pouvoirs publics ont vendu une partie de ce poumon vert au promoteur immobilier Matexi, qui veut y construire des dizaines de logements de “standing”. Hier, une manifestation (la “parade des oiseaux”, puisque les oiseaux construisent leurs nids dans cette période) a réuni quelques centaines de manifestants qui s’opposent à ce projet. Le texte qui suit est le tract diffusé par le PSL à cette occasion.

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    Luttons pour du logement abordable ET la préservation des espaces verts

    Fin du monde, fin du mois : même combat

    Les espaces verts sont notre bien commun : préservons-les

    La politique communale du logement met les espaces verts sous pression comme en témoigne la vente d’une parcelle appartenant à la ville à la société Matexi pour la construction de 51 logements sur le site du parc de la Chartreuse. Notre passé récent et notre futur proche nous montrent pourtant l’importance de préserver des espaces verts au cœur de nos villes. Les espaces verts urbains sont les jardins de ceux qui n’en ont pas et, comme l’ont démontré les périodes de confinement, disposer d’un coin de nature où se ressourcer est loin d’être un caprice.

    La présence d’îlots de verdure est également indispensable pour lutter contre les vagues de chaleur ou pour diminuer l’impact des fortes pluies : nos espaces verts joueront à l’avenir un rôle régulateur de plus en plus important pour conserver la qualité de la vie en ville. C’est leur protection et leur extension qui est urgente, pas leur destruction !

    Du logement pour qui ? Du logement comment ?

    La majorité communale PS-MR justifie ses choix de politique du logement en mettant en avant à la fois la nécessité de loger les Liégeois actuels mais surtout d’attirer les ménages à hauts-revenus en ville. L’objectif avoué est de disposer ainsi d’une population mieux nantie et mieux à même de contribuer à des finances communales exsangues. Logiquement, les projets immobiliers de standing sont priorisés et des concessions importantes sont faites aux grosses entreprises de la construction. Les « clauses sociales » négociées en contrepartie pour établir une minorité de logements sociaux dans les projets immobiliers (généralement 10%) ne peuvent cacher cette réalité : la ville se bâtit au détriment des classes populaires en rognant sur l’espace public.

    Loger tout le monde sans empiéter sur les espaces verts ? C’est possible

    Les autorités communales mettent en avant cette politique comme la seule possible en raison du manque de surface à bâtir mais des alternatives existent pour retrouver des espaces de logement : la réquisition du logement vacant (plus de 3000 sur le territoire communal) notamment les étages des grandes enseignes commerciales en centre-ville, la construction sur les friches industrielles après dépollution des sols ou la reconversion des immeubles de bureaux inoccupés.

    Cela ne pourrait se faire qu’en mettant en place un véritable service public de rénovation et de construction de bâtiments travaillant sous le contrôle et au bénéfice de la population. Cela ouvrirait également la voie à l’instauration d’un vaste programme public de rénovation et d’isolation des bâtiments, quartier par quartier. Pour cela, il nous faut un plan massif d’investissement public.

    Une telle politique exigerait évidemment des moyens qui font actuellement défaut au niveau local notamment en raison du service de la dette historique de Liège. Cette dette n’a pas été contractée au bénéfice de la population : nous ne devons pas accepter qu’elle hypothèque notre avenir. Au contraire, nous devons la dénoncer et construire une dynamique et un rapport de forces capables de faire de Liège une commune rebelle qui refuse de faire passer les intérêts des banques avant ceux de sa propre population.

    Des exemples historiques montrent qu’il est possible de faire reculer des créanciers et d’investir dans les besoins locaux grâce à la mobilisation de masse et à la solidarité : une campagne massive mettant à l’ordre du jour de telles revendications trouverait à n’en pas douter un échos dans les autres grandes villes du pays de manière à former un réseau de communes rebelles capable d’imposer l’annulation des dettes des communes.

    Soutenir l’occupation par la mobilisation de masse et la convergence des luttes

    L’occupation du site de la Chartreuse est un élément clef de la résistance contre la bétonisation du site. Mais les occupants ne tiendront pas face aux tentatives d’expulsion sans une solidarité massive des riverains et des autres collectifs similaires dans et autour de Liège. En cela, les premiers échanges qui ont eu lieu entre les occupants du site et le collectif Un air de Chatreuse ou la coordination Occupons le terrain nous apparaissent très encourageants dans cette nouvelle phase de la lutte contre le projet Matexi. Des liens restent à construire avec les collectifs de précaires, de mals-logés et avec le reste du mouvement social. Afin que ni Matexi ni la majorité communale ne puisse nous diviser en opposant fin du monde et fin du mois, revendiquons en plus de la préservation des espaces verts urbains :

    > Un plan d’investissement public massif dans la construction et la rénovation d’un parc immobilier public soutenable du point de vue environnemental pour répondre au besoin de logement.
    > La réquisition des espaces de logement vacants sans rachat ni indemnité sauf sur base de besoins prouvés.
    > Le refus du paiement de la dette de la ville, sans sur base de besoins prouvés.
    > La nationalisation des grandes entreprises du secteur de la construction sous contrôle de la population.

  • Énergie : hors de prix – Charge de travail : insoutenable. Leurs profits = notre misère

    La crise ? Quelle crise ?? C’est un peu l’ambiance qui règne chez les patrons du BEL20. Les profits réalisés en 2021 par les grands groupes et les banques battent tous les records. Au printemps 2021 les bénéfices ont bourgeonné tous secteurs confondus : +87% pour les entreprises du BEL 20 et même +160% pour les PME cotées à la bourse de Bruxelles ! C’est du jamais vu dans l’histoire économique de notre pays. Chez nos voisins, le Capital se porte très bien également, et particulièrement le secteur du luxe : LVMH signe des profits record en 2021 avec 12 milliards de bénéfice net. La santé insolente du numéro mondial du luxe montre à quel point les capitalistes du monde entier se sont gavés durant la pandémie. Les entreprises belges se portent mieux que leurs homologues des pays voisins. « Les entreprises belges réalisent les marges bénéficiaires les plus élevées jamais enregistrées », titrait De Tijd le 3 février.

    Par Jean (Luxembourg)

    À côté de cette euphorie chez les nantis, la grande majorité de la population souffre de plus en plus. Lorsque leurs profits étaient en baisse, les patrons pleurnichaient sans cesse pour que « chacun fasse des efforts pour redresser l’économie ». Pas besoin de sous-titres, nous savons tous ce que cela signifie. Mais par contre, quand le beau temps revient, pas question de partager les bénéfices. Il faut continuer à cadenasser les salaires « pour préserver la compétitivité des entreprises ». Toute augmentation des salaires est taboue et la flexibilité accrue que le gouvernement veut imposer avec la réforme du travail ne va pas encore assez loin pour les patrons.
    Alors que la pandémie n’a pas fini d’emmerder tous ceux qui sont en première ligne et qui se battent chaque jour pour que notre société ne s’effondre pas, l’inflation s’est réveillée brutalement, en particulier sur les prix de l’énergie. Les prix de l’énergie ont un double impact : pour la majorité de la population, il s’agit d’une dépense incompressible et d’autre part, ils ont un effet direct sur les prix d’un très grand nombre de marchandises (le pain, pour n’en citer qu’une) qui ont besoin d’énergie pour être produites. Pour beaucoup, la facture énergétique a doublé !

    Elle résulte notamment des tensions internationales croissantes, par exemple autour de l’Ukraine, mais aussi de la libéralisation du marché de l’électricité à l’échelle européenne, qui implique que c’est la centrale la plus chère qui fixe les prix, surtout lorsque la production est déficitaire. Elle est également due à l’absence totale de planification de la production et de la demande finale en énergie, mais aussi au manque d’investissement dans la transition. En bref : le système capitaliste échoue sur tous les plans.

    Au moment précis où beaucoup de ménages avaient de grandes difficultés à remplir leur cuve à mazout pour passer l’hiver, nos dirigeants brûlaient la même quantité de kérosène en moins d’une heure pour aller faire du greenwashing à la conférence de l’ONU sur le climat de Glasgow en novembre dernier.

    Le fossé entre la minorité de milliardaires insolents et la grande majorité de la population n’a jamais été aussi profond. Cette situation est intenable et nos dirigeants le savent. C’est pour cela qu’ils déploient tant d’énergie pour nous convaincre que la société est divisée entre vaccinés et non-vaccinés. Nous savons que c’est faux. Ils savent que nous savons que c’est faux. Ce jeu de dupes doit cesser, et la seule manière de l’arrêter, c’est de contre-attaquer et de défier le Capitalisme sur un terrain où il ne peut pas lutter : celui de la lutte des classes. Car, il faut le rappeler : c’est le travail qui crée la richesse, pas le capital. Ce qui veut dire au final que tout est à nous. Et que rien n’est à eux. Le meilleur moyen de rappeler cette vérité est de se mettre en grève et en mouvement. D’abord pour que la pression change de camp et ensuite pour commencer à bâtir ensemble une société orientée vers la satisfaction des besoins réels de la population, la protection de l’environnement et du climat. Rompre avec le chaos capitaliste est une nécessité impérieuse pour y parvenir. Il n’y a plus de temps à perdre.

  • Plus de 800 manifestants à Gand contre l’austérité budgétaire à L’UGent

    Plus de 800 membres du personnel, sympathisants et étudiants solidaires ont manifesté à Gand, ce mercredi 23 février, afin de dénoncer le plan d’économies à l’université. Après des années de coupes budgétaires imposées par le gouvernement flamand, l’administration de l’UGent s’attaque au personnel et donc, en fin de compte, aux étudiants. Les membres du personnel les plus durement touchés sont les héros mêmes qui ont permis à l’université de fonctionner pendant la crise sanitaire, par exemple dans les services de garderie.

    Ces attaques s’inscrivent dans le cadre d’une offensive politique plus large. Si ce projet passe à l’UGent, d’autres mesures suivront, là-bas et plus généralement dans l’enseignement flamand. L’augmentation des frais d’inscription pour les doctorants, par exemple, pourrait constituer un tremplin vers une augmentation générale des minervals des étudiants en communauté flamande. L’augmentation des tarifs pour le personnel dans les restaurants universitaires pourrait être un tremplin vers la suppression complète de ces restaurants en utilisant le prétexte de la baisse de la fréquentation consécutive à l’augmentation des prix. Des mesures similaires seront à l’ordre du jour dans d’autres universités et hautes écoles. La résistance du personnel et des étudiants est donc de première importance.

    La manifestation de ce 23 février représentait une étape importante dans la construction de celle-ci. Cette mobilisation a exprimé le manque de soutien pour les projets du conseil d’administration. Avec plus de 800 participants, il s’agissait de la plus grande manifestation du personnel universitaire depuis longtemps. Le personnel de la garderie était au premier rang, mais d’autres services concernés, comme le restaurant ‘t Pand, étaient également présents.

    Des militants syndicaux d’autres universités et hautes écoles étaient présents, mais également d’autres secteurs. Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) avaient réuni une belle délégation de jeunes après avoir mené campagne dans la communauté étudiante pour faire connaître l’existence de ce plan de coupes budgétaires et organiser la solidarité. Cet aspect est bien entendu essentiel : ensemble, nous sommes plus forts comme le dit le slogan de la FGTB.

    A la fin de la manifestation, des représentants des trois syndicats et des organisations sympathisantes telles que la Campagne ROSA et Women’s Strike UGent ont pris la parole. Une attention particulière a été accordée aux membres du personnel les plus touchés, avec un beau discours d’une représentante du personnel de la garderie, rejointe par de nombreux collègues sur le podium. Tout d’abord, Tim Joosen (délégué principal CGSP/ACOD UGent) a pris la parole. Il a remercié les participants et a déclaré que la poursuite de leur engagement dans cette lutte est nécessaire. L’organisation de cette manifestation entendait forcer le recteur à recommence à négocier, y compris au sujet des alternatives proposées par les syndicats. Les actions vont se poursuivre et s’intensifier, les prochaines dates étant le 8 mars (Journée internationale de lutte pour les droits des femmes) et le 18 mars (Dies Natalis, date anniversaire de la fondation de l’université). Si l’administration s’en tient à ses projets antisociaux, les actions deviendront des journées de grève.

    Cette lutte à l’UGent exige la solidarité la plus large possible. L’enjeu n’est pas des moindres : repousser la politique du gouvernement flamand du ministre de l’éducation Ben Weyts (N-VA) et du premier ministre Jan Jambon (N-VA). Seule la lutte permettra de vaincre cette offensive de droite.

    Photos de Liesbeth

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  • Des salaires plus élevés sans se tuer à la tâche : pas d’accord pour moins !

    Ce mardi, les sections bruxelloises des trois syndicats se sont mobilisées contre la loi salariale de 1996.

    L’accord du gouvernement fédéral sur le travail a été rejeté de toutes parts. Pour les patrons, cela ne va pas assez loin, les syndicats et l’opposition de gauche du PTB faisant remarquer – à juste titre – que l’augmentation de la flexibilité est inacceptable.

    Des changements dans la politique du travail s’imposent, c’est évident. Le nombre de travailleurs qui n’en peuvent plus de travailler est en forte augmentation. De nombreux secteurs sont à bout de nerfs. Les « nouveaux » secteurs se caractérisent par une exploitation extrême. Mais s’en prendre à cette situation globale n’est aucunement le point de départ de la réforme du travail du gouvernement De Croo.

    L’objectif des mesures proposées est d’accroître la flexibilité, présentée comme un choix personnel des travailleurs, alors qu’il s’agit bien entendu de faciliter la tâche au patronat. Tout ce qui a été obtenu en retour dans la lutte contre le faux statut d’indépendant dans les entreprises de plateforme va à peine au-delà de ce qui est proposé au niveau européen. Pour le PS, il s’agissait toutefois d’une question cruciale afin de maintenir l’apparence d’un « équilibre » de façade où l’on demande des efforts à la fois aux employés et aux employeurs. Les autres partis gouvernementaux de « gauche » ne font pratiquement aucun effort pour donner cette impression. Les Verts ont insisté sur le droit à la déconnexion, mais ce droit évident (si vous n’êtes pas au travail, vous n’êtes pas au travail !) ne s’applique qu’aux entreprises de plus de 20 employés. la La nécessité, dans les entreprises à horaire variable, de recevoir l’horaire de travail au minimum 7 jours à l’avance est positive. Peut-être le ministre ECOLO Gilkinet peut-il commencer à appliquer ce principe à la SNCB, où certains cheminots ne savent qu’un jour à l’avance quand ils doivent travailler !

    La proposition de la semaine de quatre jours n’est pas la réduction du temps de travail que les travailleurs préconisent depuis des années. Alors que nous sommes beaucoup plus productifs aujourd’hui qu’il y a quelques décennies, le nombre d’heures de travail prestées est resté quasiment identiques. De là découle une pression plus élevée au travail avec tous les problèmes de santé que cela comporte. Pour rétablir l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, une réduction du temps de travail serait logique. Nous défendons une semaine de quatre jours de travail, mais quatre journées de huit heures, tout au contraire de la proposition du gouvernement qui est de comprimer le travail de cinq jours en quatre. Bien entendu, certains travailleurs préfèrent travailler quatre jours au lieu de cinq – les médias nous bombardent d’exemples de ce genre – mais la réalité, c’est que ce ne sont généralement pas les travailleurs qui déterminent les modalités de leur travail.

    Depuis leur tour d’ivoire de la rue de la Loi, les décideurs et décideuses politiques pensent protéger les travailleurs en suggérant qu’ils doivent demander par écrit de travailler volontairement dans le système des quatre jours et des dix heures, le patron devant justifier une réponse négative. Dans presque tous les lieux de travail, c’est le patron qui décide quand et combien de temps il faut travailler. Combien de travailleurs seront poussés vers des systèmes plus flexibles de journées de travail plus longues, éventuellement complétées par des semaines de travail plus longues et plus courtes ? En outre, la porte est ouverte pour rendre plus facilement accessible le travail de nuit jusqu’à 24 heures. Le projet pilote de commerce électronique peut être rapidement reproduit.

    Les patrons et les commentateurs de droite ont largement dominé la réaction des médias. Ils sont venus nous dire que l’accord sur le travail est “loin d’être satisfaisant”, pour reprendre les mots de la fédération patronale VOKA. Des économistes tels que Stijn Baert et Ive Marx ont noté que rien n’a été décidé en matière de pensions, d’assurance maladie et « d’activation des malades de longue durée ». Traduit du langage de leurs patrons : travailler plus longtemps et pousser les malades vers la sortie. Pour être complet, il faut ajouter qu’Ive Marx a au moins ajouté la question des négociations salariales libres. Des salaires plus élevés et de meilleures conditions pour attirer le personnel sont toutefois des tabous pour les patrons. L’opposition de droite de la N-VA et du Vlaams Belang est en grande partie d’accord avec le VOKA : elle plaide pour des mesures plus sévères à l’encontre des chômeurs, entre autres. Le VB recourt bien évidemment au communautaire : « Pas une seule mesure n’est prise pour activer les nombreux chômeurs wallons ». Toutefois, la mesure proposée par l’extrême droite – la limitation des allocations de chômage dans le temps – frapperait également les chômeurs flamands. Non, l’extrême droite n’est absolument pas “sociale” !

    Les propositions du gouvernement De Croo ne sont pas dans l’intérêt des travailleurs et de leurs familles. Il est temps que les dirigeants syndicaux, avec l’opposition de gauche, disent clairement qu’il n’y a pas d’accord et que les actions seront intensifiées afin d’obtenir non seulement des augmentations salariales réelles mais aussi de meilleures conditions de travail, ce qui est également nécessaire pour continuer à travailler.

    Pour les patrons, ce n’est jamais assez et nous devons travailler de manière de plus en plus flexible, et de préférence pour presque rien, car cela renforce leur « position concurrentielle » (lire : les gros profits). Le mouvement ouvrier doit taper du poing sur la table avec ses revendications: rupture de la norme salariale et de la loi sur les salaires, rétablissement de l’index réel, salaire minimum de 14 euros de l’heure, réduction du temps de travail avec maintien du salaire et embauche compensatoire, protection de la journée des 8 heures, etc. La manifestation « Basta » du PTB le 27 février offre une excellente occasion de donner force à ces revendications. Si quelque chose doit être activé maintenant, c’est la lutte sociale !

  • Polarisation de la société : quels facteurs creusent le fossé ?

    « J’ai très envie d’emmerder les non-vaccinés ! ». Ce n’est pas une infirmière en burn-out qui a parlé ainsi, mais Emmanuel Macron, qui a estimé qu’ajouter de l’eau au moulin de la polarisation de la société française lui sera électoralement profitable. Lorsqu’elle a éclaté, la pandémie a plutôt suscité des élans de solidarité et d’entraide, venant des citoyens : les uns organisaient des réseaux de soutien pour approvisionner les personnes isolées, les autres fabriquaient des masques de protection, et les démonstrations de solidarité envers le personnel soignant étaient quotidiennes. Mais que s’est-il passé pour que la solidarité cède la place à la division ?

    Par Jean (Luxembourg)

    La réponse se trouve en grande partie dans la gestion de la crise sanitaire, parsemée d’errements et d’erreurs qui ont semé le doute et la défiance dans la population (seulement 29% des habitants font confiance au gouvernement De Croo dans sa gestion de la pandémie). Deux éléments sont à souligner : d’une part, les mesures du gouvernement qui s’éloignaient régulièrement des recommandations des experts sanitaires pour ne pas entraver l’économie, ou plutôt pour ne pas entraver les profits des patrons et des actionnaires. D’autre part, la stratégie qui a consisté à faire du vaccin LA solution à tous les problèmes, alors qu’il était clair dès le départ que ce vaccin devait jouer un rôle majeur, mais qu’il ne fallait pas compter uniquement sur lui pour éradiquer le virus.

    À cela s’ajoute un investissement toujours beaucoup trop faible dans les soins de santé, avec pour résultat un système de santé et des soignants sur les genoux. Dans ce contexte, les mouvements antivax ont pu trouver une audience significative en surfant sur la défiance croissante de la population envers le gouvernement et l’industrie pharmaceutique. Cette défiance parfaitement légitime a été exacerbée et extrapolée par les antivax pour contester des vérités scientifiques à coup de fake news et sur fond de complotisme préexistant. Pour le dire plus clairement, il y a de bonnes raisons de critiquer la politique vaccinale et de ne pas faire confiance aveuglément à « Big Pharma », mais ceux qui refusent par principe la vaccination nient dangereusement les évidences scientifiques et surtout, se trompent d’ennemi.
    Ceci étant dit, diaboliser les non-vaccinés, c’est également se tromper d’ennemi. Plus grave, c’est créer de la division, dans une situation où la cohésion et la solidarité sont plus nécessaires que jamais. C’est aussi renforcer le sentiment victimaire chez les non-vaccinés qui se considèrent à tort comme des « résistants » à une politique sanitaire « totalitaire ».

    Face à cette situation, nous devons nous battre contre 2 adversaires en même temps : le gouvernement et ses solutions bancales d’une part, les antivax radicaux fascisant d’autre part. Pour mener cette bataille, nous devons mettre en avant des solutions qui soient sans concession sur le plan sanitaire, et en même temps de nature à renforcer la solidarité, seul véritable rempart contre la polarisation.

    Nous devons exiger :
    • Le droit universel à la vaccination par la levée des brevets sur les vaccins.
    • Des tests de dépistage gratuits pour tous.
    • Un plan d’investissement public massif dans les soins de santé, à la hauteur des besoins réels, déterminés par les travailleurs et travailleuses du secteur ; pour l’engagement de personnel supplémentaire avec de bonnes conditions de travail et de salaire.
    • Un véritable service public national de santé, géré démocratiquement par les travailleurs et travailleuses, permettant une approche préventive des soins de santé ;
    • Une campagne de vaccination aussi large que possible pour lutter contre la pandémie, accompagnée d’une information publique transparente menée par des instances indépendantes du gouvernement et des Big Pharma. Il faut convaincre les non-vaccinés et non les réprimer.
    • La mise sous contrôle public de la recherche scientifique.

    Nous devons également rejeter toute atteinte aux droits des salariés sous couvert de politique sanitaire. La mise en place d’une obligation vaccinale ouvrirait inévitablement la porte à des licenciements. C’est inacceptable, surtout pour le personnel soignant qui a déjà payé un lourd tribut à cette crise sanitaire. Ce sont les travailleurs et leurs syndicats qui doivent décider des modalités d’application des règles sanitaires à mettre en vigueur dans leurs entreprises. Les règles sont toujours mieux acceptées quand on les a discutées et décidées ensemble, démocratiquement.

    Dans cette crise sanitaire, c’est le gouvernement qui a creusé le fossé. « Diviser pour régner » est une vieille recette qui fonctionne toujours. Mais la polarisation a également des causes systémiques : une gestion efficace et harmonieuse de la pandémie est tout simplement impossible dans le cadre du capitalisme. Tant que les profits passeront avant la santé et l’environnement, nous vivrons des crises en cascade.

  • La réduction de la TVA, ça ne suffit pas : nationalisation du secteur de l’énergie !

    La baisse de la TVA sur l’énergie à 6 % permettrait à une famille moyenne d’économiser plus de 500 euros par an aux prix actuels. Cela interviendrait après des augmentations de tarifs qui représentent plus de 2.000 euros par an en moyenne pour cette même famille. Donc, même avec un retour de cette TVA réduite, l’augmentation serait tout de même de 1.500 euros sur un an. Cette revendication est défendue de longue date par le PTB, qui fait à juste titre remarquer que l’énergie n’est pas un produit de luxe.

    Ce sont les libéraux qui y sont le plus opposés, arguant que les frais d’une réduction de la TVA (1,3 à 1,6 milliard d’euros) seraient récupérés chez les mêmes personnes via une augmentation des impôts. Maggie De Block a parlé de « tromperie des agriculteurs ». On n’entend pas la même chanson lorsqu’il s’agit de baisser l’impôt direct pour les grandes entreprises… Il est vrai que là, la logique est différente : prendre dans nos poches pour remplir celles des patrons.

    Auparavant, les partis « verts » étaient aussi opposés à une réduction de la TVA sur le gaz, notamment car il s’agit d’une énergie sale, apportant ainsi de l’eau au moulin de la droite qui aime présenter les mesures écologiques comme autant d’attaques contre notre porte-monnaie. La N-VA est la championne en la matière. Zuhal Demir n’a d’ailleurs pas hésité à dire que les prix élevés de l’énergie sont dus à l’augmentation des taxes sur le CO2 en Europe. Le parti plaide pour davantage d’énergie nucléaire sur base du modèle français. Bien sûr, la N-VA préfère passer sous silence la dépendance du modèle économique nucléaire vis-à-vis des investissements publics pour le démarrage ou encore la responsabilité de la collectivité pour la gestion des déchets et des risques environnementaux.

    Les Verts ont suivi la logique du PS, qui constatait qu’une réduction de la TVA profite autant aux gros revenus qu’aux faibles. Le PS s’est servi de la chose pour défendre un chèque énergie de 200 euros pour toutes celles et ceux qui gagnent moins de 3.500 euros bruts par mois. La TVA est effectivement un impôt forfaitaire antisocial qui est le même pour tous, de sorte qu’une réduction est aussi importante pour les gros revenus que pour les pauvres. Le problème, c’est la nature antisociale de la TVA elle-même. Cependant, tant le PS que les Verts refusent de proposer un impôt progressif sur les grandes entreprises et les grosses fortunes.

    Toute mesure qui touche à leurs profits est immédiatement combattue par les grandes entreprises du marché de l’énergie. Le prix de toute protection supplémentaire des consommateurs est répercuté sur ces mêmes consommateurs ou sur la collectivité. À Bruxelles, par exemple, des mesures ont été prises pour que les contrats puissent durer trois ans et un mécanisme de protection en cas de défaut de paiement a été instauré. Les entreprises réagissent soit en quittant le marché bruxellois, soit en augmentant les prix : à Bruxelles, vous payez en moyenne environ 300 euros de plus par an qu’en Flandre ou en Wallonie. Le coût du blocage des prix en France a été estimé à 3,8 milliards d’euros lors de son introduction en octobre, un coût qui est supporté par le gouvernement et donc la collectivité.

    Tant que nous ne nous attaquerons pas au cœur du problème, à savoir la question de la propriété du secteur de l’énergie, nous ne ferons aucun progrès. Les prix de l’énergie augmentent en raison des aléas du marché, d’un manque de prévoyance et de planification, de tensions géopolitiques croissantes… C’est un problème qui est lié de toutes parts à la manière dont le capitalisme est construit. Briser l’emprise du marché n’est possible qu’en confiant l’ensemble du secteur à la collectivité. Ce n’est que sous un contrôle et une gestion démocratiques qu’il est possible de réaliser une transition verte planifiée tout en maîtrisant les factures. Cette bataille commence au niveau national, mais elle doit finalement être menée au niveau international.

  • Pour une rupture anticapitaliste radicale : venez renforcer la marche « Basta » !

    La ‘Grande Colère’ organisée par le PTB en mars 2020.
    • Investissements massifs dans les soins de santé et le social

    • Nationalisation du secteur de l’énergie

    • Stop au gel des salaires

    • Levée des brevets

    Au cours de cette crise sanitaire historique, les 10 personnes les plus riches au monde ont doublé leur fortune : de 700 à 1.500 milliards de dollars. Oxfam a calculé qu’au cours de la même période, le revenu moyen de 99 % de la population mondiale a diminué. Impardonnable. Nos soins de santé et tous les services sociaux et publics craquent sous les coupes budgétaires et le manque de moyens. Mais les plus riches accumulent des quantités astronomiques de richesses.

    Tract du PSL/LSP – Tract en version PDF

    Le dimanche 27 février, le PTB appelle à manifester à Bruxelles sous le slogan « Basta ! Protégeons les gens, pas les puissants ». Nous saluons cette initiative. Il était temps que le PTB assume ce rôle et organise une manifestation pour qu’une critique explicite de gauche se fasse entendre non seulement au parlement mais aussi dans la rue. La gravité de la crise pour la classe des travailleur.euse.s exige la construction d’un large mouvement de lutte. La marche « Basta ! » peut y contribuer.

    Nous contribuerons à faire de cette action un succès et nous espérons que d’autres, y compris les syndicats, feront de même. Le défi est trop grand pour ne pas le relever ensemble.

    Les brevets assassins doivent disparaître ! Big pharma, la science, l’énergie et la santé aux mains du public

    Plus d’un an après la percée scientifique des vaccins contre le corona, seule la moitié de la population mondiale y a accès. Dans les pays à faible revenu, ce chiffre n’est que de 9,5 %. Pourtant, dans le monde néocolonial, il existe au moins 125 sites de production capables de produire ces vaccins. Ils sont inutilisés. Big Pharma veut le jackpot : produire tous les vaccins et en tirer le profit maximal.

    De nombreuses personnes estiment que la politique sanitaire ne tient pas debout et est bourrée de contradictions et d’absurdités. Ce bricolage conduit à des décès inutiles, à la division et au désespoir. Ce que cela a surtout démontré, c’est que le capitalisme est incapable d’élaborer un plan coordonné à l’échelle internationale pour lutter contre cette pandémie.

    Comme pour la gestion de la crise climatique, la coopération et la solidarité internationales sont cruciales. Il aurait aussi fallu mobiliser des ressources massives pour affronter cette crise. Nous n’avons rien eu de tout ça. À la place, nous avons eu le nationalisme vaccinal, la concurrence géopolitique, la crise dans les soins de santé et la protection des profits des grands capitalistes.

    Il est impossible de créer une île isolée du Covid-19, c’est désormais évident. Pendant que les gros actionnaires de Big Pharma amassent des fortunes hallucinantes, la pandémie continue ses ravages. Il faut mettre un terme à ces pratiques criminelles. Tant que les moyens de production resteront aux mains de particuliers, les besoins de la majorité des habitants de cette planète seront subordonnés aux profits de quelques-uns.

    La recherche et la production pharmaceutiques doivent être placées dans des mains de la collectivité, sous un contrôle et une gestion démocratiques exercés par la majorité de la population. Nous pourrions ainsi libérer la science des conséquences de la course frénétique aux profits qui l’emprisonne. C’est la principale raison de la méfiance croissante d’une partie de la population envers elle.

    La vie de plus en plus chère et nos salaires ne suivent pas

    La baisse des salaires et de notre pouvoir d’achat met en difficulté de nombreuses familles. La hausse des prix de l’énergie entraînera de plus un énorme transfert de moyens de la population vers les super-riches. Au même moment, les investissements massifs dans la transition énergétique font toujours défaut. On ne peut rien attendre de mieux des acteurs privés qui dominent le marché.

    La crise énergétique affecte le pouvoir d’achat de toutes et tous, mais elle frappe plus durement les plus socialement vulnérables. Les tragédies humaines s’accumulent. Ramener la TVA sur l’énergie à 6 % est une mesure de crise importante pour endiguer l’hémorragie. Il faut aller beaucoup plus loin pour faire baisser efficacement les prix. Les prix de l’énergie augmentent en raison de la logique à court terme dictée par les profits du privé et, par conséquent, de l’incapacité à planifier à plus long terme. Les tensions géopolitiques croissantes (Ukraine…) poussent également les prix à la hausse.

    Raoul Hedebouw remarque à juste titre : « Nous n’avons pas besoin de changer de fournisseur d’énergie, nous devons changer l’ensemble du système. » Même un éditorialiste de De Standaard du lundi 17 janvier affirme que le gouvernement devrait examiner « ce que le gouvernement peut reprendre du marché ». La revendication d’un secteur de l’énergie en mains publiques, telle que défendue par Raoul dans son discours du Nouvel An, devrait être une des revendications centrales de Basta ! Ce n’est que sous un contrôle et une gestion démocratiques qu’il serait possible de réaliser une transition énergétique planifiée tout en maîtrisant les prix. Cette bataille commence au niveau national, mais en fin de compte, elle doit être menée au niveau international.

    En action jusqu’à la fin du gel des salaires !

    Le PTB exige à juste titre la fin du gel des salaires. Il fait valoir que c’est la classe ouvrière qui fait fonctionner ce pays, et non les actionnaires. Pourtant, ces derniers s’approprient une part toujours plus grande du gâteau. Il faut que ça cesse.

    Il nous faut le rétablissement de l’indice complet, des négociations salariales libres et un salaire minimum de 14 euros de l’heure (ce devrait déjà être 15 euros). Les syndicats ont lancé une pétition signée par 25.000 personnes en une semaine. Ils prévoient également des actions et des manifestations dans le courant de l’année. Seul un véritable plan d’action crescendo, avec grève(s) générale(s) si nécessaire, peut construire le rapport de force qu’exige l’abandon de la loi sur la norme salariale. Des comités de mobilisation peuvent être mis en place sur les lieux de travail. Ils pourraient également collaborer avec les syndicats et les associations de consommateur.trice.s pour surveiller les prix et mesurer l’augmentation réelle du coût de la vie pour les travailleur.euse.s.

    Le 8 mars : une journée de lutte

    Le 8 mars, la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) organise des actions dans tout le pays. Cette année, elles se concentreront sur la lutte contre les violences de genre et en faveur d’investissements publics massifs dans les soins et le social. Rejoignez ces actions et contactez la Campagne ROSA pour agir ensemble contre la violence de genre, la culture du viol et la position économique plus vulnérable des femmes.

    La crise sanitaire a illustré toute l’importance de disposer d’un système de soins de santé solide, doté d’un personnel suffisant et rémunéré à hauteur de ses sacrifices. Nous avons besoin de beaucoup plus de moyens publics pour la prévention, l’élimination des listes d’attente, le logement social, l’Aide à la jeunesse, le conseil psychosocial, les soins aux personnes âgées, etc. L’éducation et la garde d’enfants ont besoin d’urgence de plus de ressources pour le personnel et les infrastructures. Les travailleur.euse.s des professions essentielles méritent d’être mieux payés et de voir leur charge de travail allégée. Une montagne de besoins sociaux nous fait face. Et les moyens existent. Nous n’y avons tout simplement pas accès ! La classe travailleuse doit prendre le contrôle des richesses qu’elle produit afin de pouvoir les satisfaire ses besoins.

    Un véritable parti de gauche ne doit pas se limiter à critiquer ce qui va mal. Nous devons également proposer une alternative. On attend bien plus qu’un diagnostic d’un médecin, même si un diagnostic correct est extrêmement important. On attend également un remède. Le diagnostic que nous partageons avec le PTB est que le capitalisme est un système en faillite.

    Le PSL relie le combat pour nos revendications immédiates à la lutte pour une transformation socialiste de la société. Aucune conquête sociale n’est sûre sous le capitalisme. Les bons arguments ou la bonne volonté ne convaincront pas les capitalistes. L’expérience grecque du gouvernement Syriza, entre autres, nous l’a montré. Tenter de réformer un système totalement antisocial, inefficace, destructeur et mortel n’est pas un remède. Le seul remède durable est de construire un système différent, un monde socialiste où la nature et l’être humain ne seront pas exploités au profit d’une infime élite.

    La marche Basta ne doit pas être une conclusion

    La manifestation du 27 février est une initiative importante. Mais il ne faut pas s’arrêter à cette manifestation. Une véritable lutte doit être construite autour des revendications de ce tract, par les syndicats, les partis de la gauche cohérente et les nombreux jeunes militant.e.s qui sont descendus dans la rue ces dernières années contre toutes les formes possibles de discrimination, le sexisme, le racisme, la LGBTQIA+-phobie,… et dans le contexte de la crise climatique. Ensemble, tout cela constitue la force sociale qui peut transformer la colère et la frustration de la société dans le changement social qui s’impose. Loin du capitalisme, pour un monde socialiste.

    D’autres actions et campagnes sont nécessaires autour de tous les revendications et thèmes abordés dans la marche Basta. Ce devrait être le point de départ d’un plan d’action global visant à construire un contre-pouvoir social capable d’imposer le changement. Nous avons besoin de plus que des manifestations ponctuelles. Des comités de lutte locaux pourraient être mis en place pour réunir les militant.e.s et les mobiliser pour la prochaine action. Des conférences locales et régionales de militant.e.s pourraient être organisées avec des syndicalistes, des activistes de gauche, des travailleur.euse.s, des jeunes en colère contre le changement climatique, des féministes et toutes celles et ceux qui défendent une société différente dans un puissant mouvement social.

    Rejoignez le PSL/LSP – Rejoignez le mouvement mondial ASI

    Lutter activement pour une transformation socialiste de la société, c’est ce que défend le PSL/LSP, section belge d’Alternative socialiste internationale (ASI). Participez à ce combat pour rendre possible un avenir socialiste !

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