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Polarisation de la société : quels facteurs creusent le fossé ?

« J’ai très envie d’emmerder les non-vaccinés ! ». Ce n’est pas une infirmière en burn-out qui a parlé ainsi, mais Emmanuel Macron, qui a estimé qu’ajouter de l’eau au moulin de la polarisation de la société française lui sera électoralement profitable. Lorsqu’elle a éclaté, la pandémie a plutôt suscité des élans de solidarité et d’entraide, venant des citoyens : les uns organisaient des réseaux de soutien pour approvisionner les personnes isolées, les autres fabriquaient des masques de protection, et les démonstrations de solidarité envers le personnel soignant étaient quotidiennes. Mais que s’est-il passé pour que la solidarité cède la place à la division ?
Par Jean (Luxembourg)
La réponse se trouve en grande partie dans la gestion de la crise sanitaire, parsemée d’errements et d’erreurs qui ont semé le doute et la défiance dans la population (seulement 29% des habitants font confiance au gouvernement De Croo dans sa gestion de la pandémie). Deux éléments sont à souligner : d’une part, les mesures du gouvernement qui s’éloignaient régulièrement des recommandations des experts sanitaires pour ne pas entraver l’économie, ou plutôt pour ne pas entraver les profits des patrons et des actionnaires. D’autre part, la stratégie qui a consisté à faire du vaccin LA solution à tous les problèmes, alors qu’il était clair dès le départ que ce vaccin devait jouer un rôle majeur, mais qu’il ne fallait pas compter uniquement sur lui pour éradiquer le virus.
À cela s’ajoute un investissement toujours beaucoup trop faible dans les soins de santé, avec pour résultat un système de santé et des soignants sur les genoux. Dans ce contexte, les mouvements antivax ont pu trouver une audience significative en surfant sur la défiance croissante de la population envers le gouvernement et l’industrie pharmaceutique. Cette défiance parfaitement légitime a été exacerbée et extrapolée par les antivax pour contester des vérités scientifiques à coup de fake news et sur fond de complotisme préexistant. Pour le dire plus clairement, il y a de bonnes raisons de critiquer la politique vaccinale et de ne pas faire confiance aveuglément à « Big Pharma », mais ceux qui refusent par principe la vaccination nient dangereusement les évidences scientifiques et surtout, se trompent d’ennemi.
Ceci étant dit, diaboliser les non-vaccinés, c’est également se tromper d’ennemi. Plus grave, c’est créer de la division, dans une situation où la cohésion et la solidarité sont plus nécessaires que jamais. C’est aussi renforcer le sentiment victimaire chez les non-vaccinés qui se considèrent à tort comme des « résistants » à une politique sanitaire « totalitaire ».
Face à cette situation, nous devons nous battre contre 2 adversaires en même temps : le gouvernement et ses solutions bancales d’une part, les antivax radicaux fascisant d’autre part. Pour mener cette bataille, nous devons mettre en avant des solutions qui soient sans concession sur le plan sanitaire, et en même temps de nature à renforcer la solidarité, seul véritable rempart contre la polarisation.
Nous devons exiger :
• Le droit universel à la vaccination par la levée des brevets sur les vaccins.
• Des tests de dépistage gratuits pour tous.
• Un plan d’investissement public massif dans les soins de santé, à la hauteur des besoins réels, déterminés par les travailleurs et travailleuses du secteur ; pour l’engagement de personnel supplémentaire avec de bonnes conditions de travail et de salaire.
• Un véritable service public national de santé, géré démocratiquement par les travailleurs et travailleuses, permettant une approche préventive des soins de santé ;
• Une campagne de vaccination aussi large que possible pour lutter contre la pandémie, accompagnée d’une information publique transparente menée par des instances indépendantes du gouvernement et des Big Pharma. Il faut convaincre les non-vaccinés et non les réprimer.
• La mise sous contrôle public de la recherche scientifique.
Nous devons également rejeter toute atteinte aux droits des salariés sous couvert de politique sanitaire. La mise en place d’une obligation vaccinale ouvrirait inévitablement la porte à des licenciements. C’est inacceptable, surtout pour le personnel soignant qui a déjà payé un lourd tribut à cette crise sanitaire. Ce sont les travailleurs et leurs syndicats qui doivent décider des modalités d’application des règles sanitaires à mettre en vigueur dans leurs entreprises. Les règles sont toujours mieux acceptées quand on les a discutées et décidées ensemble, démocratiquement.
Dans cette crise sanitaire, c’est le gouvernement qui a creusé le fossé. « Diviser pour régner » est une vieille recette qui fonctionne toujours. Mais la polarisation a également des causes systémiques : une gestion efficace et harmonieuse de la pandémie est tout simplement impossible dans le cadre du capitalisme. Tant que les profits passeront avant la santé et l’environnement, nous vivrons des crises en cascade.