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  • Russie: Poutine gagne les élections parlementaires

    AUX ELECTIONS parlementaires du 7 novembre en Russie le parti de Poutine, Russie Unie, a obtenu la victoire. Avec 37,1% des voix il va probablement être capable (avec les autres partis qui défendent la même politique asociale) de former une majorité des 2/3 à la Douma, le parlement russe. Cette suprématie va lui permettre de changer la constitution. Les lois régissant le travail et l’enseignement vont être les premières dans le collimateur.

    Laurent Grandgaignage

    Après Russie Unie, le Parti communiste (PC) et les Démocrates libéraux (LDPR) obtiennent respectivement 12,7% et 11,6% des voix. Le nouveau bloc nationaliste Rodina (Pays Natal) a obtenu 9,1%. Les autres partis n’ont pas obtenu le seuil électoral de 5%.

    La victoire de Poutine doit être relativisée par la faible participation aux élections. La population russe n’a plus confiance en la pseudo "démocratie dirigée" du Kremlin. La politique pro-occidentale de Poutine et de ses prédécesseurs n’a pas amélioré le niveau de vie du russe moyen.

    Russie Unie dispose maintenant d’une marge de manoeuvre pour mettre en application les libéralisations sans protestation d’une opposition sérieuse. Les travailleurs et les jeunes en feront les frais tant qu’il manquera un parti ouvrier capable de défendre les intérêts de la population.

    Ce n’est pas une coïncidence si depuis la chute de l’Union soviétique le parti du président obtient la majorité. Ces dernières années les droits démocratiques ont été systématiquement bafoués. Une nouvelle loi empêche les petits partis de mener campagne. Pour être "validé" un petit parti doit avoir un certain nombre de membres, une infrastructure (comme des bâtiments) et doit exister dans toute la Russie. Il est évident que les petits partis n’en ont pas les moyens.

    Comme le CIO l’avait prédit après la chute du stalinisme, il n’est pas possible de construire une démocratie capitaliste stable en Russie. Avec Poutine comme bonapartiste (quelqu’un qui se base sur la force ouverte de l’état) cette perspective à été confirmée.

    De plus, les médias sont sous contrôle de l’état. Pendant les élections, ils étaient du côté du Kremlin. Une potentielle opposition au gouvernement aurait été effrayée d’avance. A l’automne, l’arrestation de l’oligarque notoire Chodorkovski a été arrêté un avertissement aux capitalistes russes: soutenir l’opposition peut avoir des conséquences néfastes! Et Poutine a eu le soutien de la puissante bureaucratie d’état.

    Malgré les critiques des observateurs internationaux, sur un nombre de normes démocratiques qui n’ont pas été respectées et sur une éventuelle fraude dans quelques républiques de Russie, il n’y a quasiment pas d’opposition politique contre Poutine. Le PC a perdu sa crédibilité – beaucoup de ses membres sont passés à LDPR et Rodina – et donc a perdu à peu près la moitié de ses voix. Au cours des quatre dernières années, le PC na pas été capable de mener une opposition contre le Kremlin. De plus il a mis aux places éligibles sur ses listes majoritairement des industriels du pétrole.

    Nous ne pouvons pas oublier que 5% des électeurs ont utilisé l’option électorale "contre tous les candidats". Le vide politique à la gauche existe, mais les tentatives de deux fédérations syndicales indépendantes de fonder un parti ouvrier ont échoué.

    Résistance socialiste (la section du CIO dans la CEI) a accueilli, au début, favorablement les tentatives de former un parti ouvrier et voulait aussi le soutenir aux élections. Mais nous ne pouvions pas être d’accord avec la participation de ce groupe au bloc chauvin de Rodina. En fin de compte nous avons appelé a voter "contre tous les candidats" et en même temps à construire une alternative politique concrète. Seul un parti ouvrier fort avec un programme socialiste est capable de monter une opposition forte contre le Kremlin et contre le capitalisme russe.

  • Ecoles pour caïds. Quatre écoles pour le prix d’une!

    Ecoles pour caïds.

    Pierre Hazette, ministre (MR) de l’Enseignement secondaire en Communauté française a proposé en novembre 2002 la création d’un centre à Bruxelles pour élèves exclus d’écoles ou coupables de faits particulièrement graves. Cette école pour caïds aurait constitué une structure supplémentaire venant s’ajouter à ce qui existe déjà pour les élèves exclus du système scolaire. Un débat a eu lieu au gouvernement car le PS et Ecolo s’opposaient à une logique de ghettoïsation des jeunes difficiles et préféraient favoriser la mise sur pied d’équipes mobiles qui iraient dans les écoles. Ils voulaient également renforcer les dispositifs existants, c’est-à-dire les services sociaux chargés de s’occuper des jeunes en crise (SAS).

    Céline Moulin

    L’exécutif de la Communauté française a finalement décidé de subventionner quatre nouveaux SAS (à côté des 8 existants). En fait, cela revient à créer 4 écoles pour caïds au lieu d’une seule.Pierre Hazette admet cependant que cela risque d’encourager les écoles à exclure plus facilement les élèves difficiles mais il prétexte que le fait qu’il n’y ait que 4 fois 25 places limitera cette tentation. Il ajoute pourtant qu’il souhaite, par souci de proximité, multiplier ce type d’établissements et augmenter leur capacité d’accueil.

    Notons également que Pierre Hazette est un adepte des titres services qu’il tente de faire entrer dans l’enseignement: il suggère clairement aux écoles subventionnées d’y avoir recours pour faire face à certaines tâches administratives… Bref, de plus en plus d’exclusions "organisées" par les pouvoirs publics pour les jeunes les plus fragiles économiquement, le tout sur fond d’emplois précaires.

  • Manifeste avec nous contre le NSV!

    11 mars 2004 à Anvers

    Le 11 mars, le NSV (l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Blok) organise une marche fasciste à Anvers.

    Le NSV, Organisation étudiante Nationaliste, écrivait en 1996 dans son journal : "Un nègre, qui a grandi dans la jungle en Afrique, qui allonge les propres lobes de ses oreilles jusqu’au sol, qui enduit ses propres cheveux avec de la bouse de vache peut singer nos habitudes d’homme blanc, mais il n’arrivera jamais sur le plan intellectuel à notre niveau car entre autres le volume de son cerveau est de toute façon plus petit."

    Cette année le NSV a organisé un concert à Gand avec un groupe nazi le jour de la commémoration de la Nuit de Cristal (le jour où les nazis ont commencé, dans les années 30, les rafles contre les juifs).

    Blokbuster et Actief Linkse Studenten (ALS) appellent à une contre-manifestation le 11 mars pour empêcher le NSV de parader dans la métropole anversoise. La seule année où il n’y avait pas eu de contre-manifestation contre le NSV, en 1997 à Anvers, des immigrés et des militants de gauche ont été physiquement agressés par des nervis du NSV.

    Nous voulons manifester contre le NSV car ce n’est pas un banal cercle étudiant. C’est une pépinière de futurs parlementaires fascistes et un endroit où se préparent les coups de main violents. La lutte contre le fascisme n’est pas une lutte révolue: le concert nazi organisé lors de l’anniversaire de la nuit de cristal l’atteste.

    Avec cette manifestation, nous voulons nous protester contre le racisme mais aussi manifester pour une véritable opposition à la politique antisociale du gouvernement, une opposition de gauche qui résiste contre la politique d’austérité néolibérale qui crée le terreau idéal pour une montée de l’extrême droite.

    Nous vous appelons tous à participer à la préparation et à l’organisation de cette manifestation (mettre sur pied un comité de mobilisation, nous contacter pour faire des tractages, nous aider financièrement,…). Tous ensemble contre le racisme.

    NO PASARAN!

  • Un vrai emploi. OUI! Un petit boulot. NON!

    Vandenbroucke (SP.A) prétend créer 25.000 "emplois" grâce aux chèques services. Dans les six mois ceux qui travaillent en échange de chèques services doivent avoir au moins un mi-temps, sauf pour ceux qui travaillent en noir et qui passent dans le système des chèques services. Les chômeurs ne peuvent refuser car l’ONEm considère ces petits boulots comme un "emploi à part entière".

    Anja Deschoemacker

    Il s’agit d’une gigantesque mystification. La discussion sur les chèques de services ne tient pas compte des besoins réels de la société ni de comment y répondre. Elle vise à détruire la notion de véritable emploi avec un vrai salaire. C’est à dire un emploi qui procure un salaire à part entière.

    Les deux dernières décennies ont vu une extension phénoménale du travail à temps partiel. L’argument pour introduire massivement le travail à temps partiel, surtout pour les femmes, a été d’harmoniser la vie professionnelle et familiale. On voit aujourd’hui le résultat dans une société qui place les profits avant les besoins. Des chômeuses seront forcées de faire une partie du ménage des femmes qui travaillent dans le cadre d’un contrat précaire, sans salaire à part entière.

    Au lieu de socialiser les tâches domestiques, comme le revendiquent les marxistes, on propose une solution individuelle. Les acquis des travailleurs sont ainsi grignotés. Un temps de travail inférieur au mi-temps est aujourd’hui considéré comme "emploi à part entière". Vandenbroucke va de plus en plus loin pour placer la Belgique dans le sillage des Etats-Unis en matière de politique d’emploi. A défaut d’une résistance organisée, la catégorie des travailleurs pauvres va connaître dans notre pays une extension rapide comme outre Atlantique.

    On devrait s’attendre normalement à une résistance organisée par les syndicats. On voit au contraire Mia De Vits (FGTB) voler au secours du gouvernement pour mettre le SP.a et le PS d’accord. De Vits, qui devrait lutter pour de vrais emplois avec de vrais salaires pour tous, a proposé la régionalisation du système. Les exécutifs wallons et bruxellois auront donc une marge de manoeuvre dans la mise en application du système. Cela permettra au PS de sauver la face et de masquer sa responsabilité en matière de création d’emplois précaires.La flexibilité accrue, l’extension du travail à temps partiel, la possibilité de forcer les chômeurs à accepter un emploi à temps partiel inférieur à un mi-temps,… – et tout cela subsidié par le gouvernement (donc par nos impôts) – sabotent toute solution collective du chômage et aggrave la pression sur les travailleurs sur le lieu du travail. La solution pour donner un vrai emploi à chacun avec un vrai salaire est la diminution du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches supplémentaires et la création de services collectifs. C’est une solution qui répondrait au besoin de socialiser les tâches domestiques accomplies aujourd’hui quasi gratuitement par les femmes. Un service public, devrait créer en plus des emplois statutaires, à temps plein et avec un salaire décent.

    Ce n’est pas la voie suivie par le SP.a ni par le PS. Cela montre que pour eux il ne s’agit plus de créer des emplois mais d’enjoliver les statistiques du chômage et d’exclure encore plus les femmes d’un véritable emploi, seule garantie de leur indépendance financière.

  • Couvre-feu. Après Dinant et Seneffe,… bientôt Bruxelles?

    Richard Fournaux, le bourgmestre (CDH) de Dinant est à l’initiative d’une ordonnance de police interdisant le rassemblement à plus de 5 personnes entre 22 heures et 6 heures du matin.

    Céline Moulin

    Le conseil communal se justifie en invoquant que des personnes "perturbent la tranquillité publique par leurs jeux, leurs cris, la consommation de boissons alcoolisées, etc…". Les personnes risquent une peine de prison d’un jour minimum! Dans un article intitulé "Dinant ne sera jamais Chicago!", le bourgemestre déclare "qu’à l’heure où la violence gratuite éclôt chez les adolescents qui se disent incompris et qui, au nom de la liberté d’expression et d’action, se révoltent contre les usages ancrés dans le passé, il convient de redéfinir les bonnes et justes limites". C’est donc sur cette fine analyse de la situation qu’il s’attaque à la liberté de réunion pacifique. D’autre part, le Bourgmestre PS de Seneffe va dans le sens d’un couvre-feux pour les moins de 14 ans en expliquant qu’il doit tenir compte du sentiment d’insécurité de ses concitoyens (c’est bien une mesure populiste!). Ducarme déclare à son tour être intéressé par la formule à Bruxelles…

    Ce sont toujours les enfants des familles les plus pauvres qui sont visés. Il est bien plus facile de criminaliser le désoeuvrement et la pauvreté plutôt que d’agir sur les causes économiques qui les génèrent.

  • “La flexibilité à fond la caisse!”

    Les nouveaux esclavagistes

    CHAQUE JOUR des dizaines de milliers d’intérimaires travaillent dans les entreprises de Belgique. Engagés la plupart du temps pour une durée d’une semaine, ce sont des travailleurs sans droits car la moindre protestation entraîne le non renouvellement du contrat. Nous avons rencontré un travailleur intérimaire qui nous parle de ses conditions de travail. Comme il a besoin de travailler pour vivre, il a préféré garder l’anonymat. Nous l’appellerons donc René.

    Propos recueillis par Guy Van Sinoy

    Quand nous écrivons que les travailleurs intérimaires sont surexploités, certains pensent que nous exagérons. Peux-tu parler de ton expérience?

    René: Une mauvaise expérience dont je peux parler, c’est chez Mamma Lucia, une entreprise du zoning de Nivelles qui fabrique des lasagnes industrielles. La première chose qui frappe en entrant dans la boîte, c’est que la majorité des travailleurs sont intérimaires, ce qui est déjà illégal. En effet, la loi ne permet le recours aux intérimaires que pour remplacer des travailleurs contractuels malades ou en congé, ou encore en cas de travail exceptionnel. Chez Mama Lucia, l’exception est la règle!

    Deuxièmement: tu sais quand tu rentres mais tu ne sais pas quand tu sors. Il n’y a pas d’heures fixes (Ce qui est illégal car les horaires doivent être fixés par le règlement de travail décidé par le Conseil d’entreprise. ndlr). Si tu es en équipe d’après-midi, tu commences à 14h mais tu peux finir à minuit, 2h ou 4h du matin selon les besoins de la production.

    Cela fait donc parfois des journées de travail de plus de 12 heures?

    Cela m’est arrivé de rester au travail plus de 14 heures, mais eux ne comptent pas comme cela. Mon travail consistait à emballer les plats préparés sortant de la machine. Quand la machine de la production a du retard, on doit attendre à la cafétéria mais on n’est pas payé. Il se peut que l’on doive rester 1h15 à la cafétéria sans que cela ne soit considéré comme temps de travail.

    C’est le secteur de l’alimentation? Quel était le salaire horaire?

    Cela tournait autour de 10 euros de l’heure. Les primes d’équipes sont minimes: après 22 heures la prime est de 15%.

    En quoi consistait ton travail?

    Les plats préparés sortent de la chaîne et il faut les mettre à la main dans des plastiques qui sont pressés puis cela passe dans une machine qui étiquette. C’est assez stressant car il faut suivre le rythme, debout, avec masque, bottes et gants.

    Il n’y a pas de syndicat dans cette entreprise?

    Je n’ai jamais vu de délégué. Je suppose que le poids syndical doit être faible, voire nul, car la majorité des travailleurs sont intérimaires. Sans compter les employés qui sont dans les bureaux, j’estime qu’il doit y avoir une centaine d’ouvriers au travail dans cette usine dont 2/3 d’intérimaires.

    Comme les travailleurs sont en contact avec des denrées alimentaires, je suppose que les intérimaires passent – c’est prévu par la loi – un examen médical pour vérifier s’ils n’ont pas de maladies contagieuses?

    Oui, c’est possible, mais on ne m’a jamais fait passer d’examen médical! On m’a juste demandé d’avoir les mains propres!

    Où trouve-t-on ces lasagnes dans le commerce?

    Tu vas rire car c’est le même produit qui est emballé sous des noms différents: Mamma Lucia, Carrefour, GB. Tout à coup on arrête la chaîne, on change les étiquettes et on remet la chaîne en route!

    Tu étais engagé à la semaine?

    C’est même pis car ils font des contrats à la journée. Sur la semaine on te fait quatre contrats d’une journée car souvent on ne travaille pas le vendredi. C’est vraiment la flexibilité à fond la caisse!

  • Campagne contre la Bin tax : la lutte de masse s’amplifie et secoue le pouvoir

    Le Socialist Party a mené dans les années 1990 une campagne victorieuse qui obligea le gouvernement irlandais à annuler une taxe sur l’eau. De la même manière, il lutte depuis plusieurs années pour construire, avec d’autres organisations mais surtout avec les habitants des quartiers une campagne similaire sur la Bin Tax (taxe supplémentaire sur les déchets ménagers).

    Marie-José Douet

    "Fiers, sans regrets, combatifs , et encore plus déterminés à continuer la lutte."

    Ce sont les premières paroles de nos camarades, élus du Socialist Party, Clare Daly conseillère municipale de Dublin et Joe Higgins, député à l’assemblée irlandaise (Dail) à leur sortie de prison le 18 octobre.

    Ils avaient été condamnés à 1 mois de prison. Leur crime ? Défendre les pauvres et les travailleurs dans leur combat contre la taxe spéciale sur les ordures ménagères (BinTax). Comme l’a dit Clare avant d’entrer en prison (refusant la proposition de faire des excuses pour échapper à cette sentence) : "C’est notre mandat, nous avons été élus pour défendre les travailleurs qui refusent cette taxe ! "

    Nos camarades ont été rejoints en prison par plus d’une dizaine de militants de la campagne, très souvent des habitants des quartiers, grands-mères, jeunes, chômeurs. Tous avaient refusé de payer la taxe, donc de voir leur poubelle non ramassées. Tous ont refusé à leur procès de s’incliner devant l’injonction qui leur était faite de s’excuser et de jurer de ne pas reprendre toute activité liée à la campagne. Lisa, une jeune femme a été enfermée avec son bébé qu’elle allaitait !

    Pas une taxe écologique mais une double taxe !

    Le gouvernement justifie cette deuxième taxe sur les déchets pour des motifs écologiques mais 98% de la pollution ne provient pas des déchets ménagers !

    Pendant les années 1990, l’économie irlandaise a connu un boom important mais la crise économique mondiale touche aussi le capitalisme irlandais. L’écart entre les riches et les pauvres en Irlande du Sud est le deuxième plus élevé dans les pays de l’OCDE juste derrière les Etats-Unis. Alors tout est bon pour faire payer aux pauvres la crise qui s’accentue dans le pays. Et la Bin Tax est une mesure transitoire avant de privatiser les services communaux, restrictions budgétaires publiques obligent !

    La solidarité s’organise et la mobilisation grandit.

    Dès l’arrestation de nos camarades et des militants de la campagne, la solidarité a grandi. Une manifestation de 5000 personnes a eu lieu à Dublin le 11 octobre du centre de la ville jusqu’à la prison de Mountjoy. De nombreux syndicalistes y participaient. Car en décembre, des coupes budgétaires vont être votées à Dublin avec des licenciements à la clé. Les 14 et 15 octobre, les militants ont bloqué 7 dépôts de camions poubelles malgré l’intimidation des conseils municipaux et la répression policière. 90% du service poubelle de Dublin était fermé. En même temps, la solidarité internationale s’organise. De nombreux syndicalistes et élus d’Irlande et du monde entier (Suède, Écosse, France, Sri Lanka…) envoient des messages de soutien et demandent l’abolition de la Bin Tax. Des rassemblements devant les ambassades ont ainsi eu lieu à Bruxelles, à Londres, Lagos…

    Alliance des comités et des éboueurs

    Le pouvoir ignore cette mobilisation et multiplie les provocations. Il se moque du problème d’hygiène posé par le tri sélectif des déchets et envoie une entreprise privée ramasser les poubelles à Dublin sud si les habitants paient 100 euros ! La colère est immense chez les résidents. Le 27 octobre, 5 nouveaux blocages de dépôts ont lieu. Malgré plusieurs charges policières, les piquets tiennent, des éboueurs refusent de sortir les camions et quand les piquets sont levés, ils applaudissent les militants anti-BinTax ! En même temps, un tract à leur adresse est distribué expliquant ce que seraient leurs conditions de travail sous contrat privé, l’absence de droit syndicaux. Le soutien actif des éboueurs est de plus en plus important.

    La campagne a obligé les conseils municipaux à faire ramasser toutes les poubelles. Mais 20 personnes peuvent aller en procès dans les jours qui viennent. Si la détermination des militants et des éboueurs est grande, il est temps que les centrales syndicales se mobilisent. Ce mouvement peut être le début d’un mouvement social qui comprend les luttes contre la privatisation de la Poste, des transports en commun, de la compagnie aérienne et ouvrir une crise politique majeure. Joe et Clare ont été emprisonnés, alors que les élus les plus impliqués dans les affaires de corruption l’an dernier ne sont toujours pas passés devant le tribunal.

    Nos camarades élus, toujours dans les luttes de Dublin, maintiennent aussi la pression dans les conseils municipaux ou au parlement. Nous construisons cette lutte pour qu’elle soit victorieuse, avec d’autres militants organisés ou non bien sûr, tout en avançant toujours notre analyse du capitalisme et notre combat pour le socialisme.

  • Constitution européenne : Un pas de plus pour l’Europe libérale

    L’élaboration de la constitution européenne fonctionne comme un parfait miroir de focalisation des différentes tendances de la politique européenne des capitalistes et de leurs représentants.

    Geneviève Favre

    Tout d’abord l’opposition sur la structure des institutions de l’Union européenne entre les puissances dominantes comme La France et l’Allemagne et les petits pays comme la Pologne ou l’Espagne montre bien le fossé qu’il y a entre la volonté d’unifier les forces européennes et la réalité des divergences d’intérêts économiques et politiques. En effet alors que Chirac et Schröder souhaitent un axe franco-allemand dominant, les petits pays dont ceux qui vont rejoindre l’Union en mai 2004, refusent plusieurs aspects de la nouvelle constitution européenne (comme la restriction du nombre de commissaires à 15 à partir de 2009, ou l’obligation d’opter pour la politique commune de défense plutôt que pour l’Otan.)

    Cependant si concurrences et rivalités existent entre les capitalistes, il y a un terrain d’accord immuable : le renforcement de la casse des services publics, le développement du travail précaire et la facilitation des licenciements. Ainsi la partie de la constitution reprenant notamment les traités de Maastricht et d’Amsterdam, armes européennes contre les acquis des travailleurs, a été adoptée sans débat ni aucune difficulté. De plus une constitution ne vise traditionnellement qu’à définir les structures des institutions et non pas les politiques menées. Cette inclusion dans la constitution elle-même de traités définissant les politiques libérales européennes montre bien que les instances dirigeantes veulent une Europe clairement antisociale. A ceci s’ajoute l’indépendance accentuée de la BCE (Banque centrale européenne) et son alignement sur le libéralisme. Et même si nous n’avons aucune illusion à l’égard du parlement européen, qui est comme les autres institutions de la démocratie bourgeoise au service des classes dirigeantes, on ne peut que remarquer son maintien à une fonction législative très limitée, au profit d’un pouvoir accru du Conseil européen, notamment sur les questions de politiques économiques et sociales.

    L’objectif des capitalistes est clair : renforcer l’arsenal de lois anti-ouvrières dans toute l’Europe et arguer de l’Union européenne pour justifier dans chaque pays les mesures libérales de casse des acquis sociaux et des services publics. Aussi, les divergences actuelles au sein de la majorité en France ne tiennent qu’à une question de forme : comment va-t-on exploiter et museler la classe ouvrière, par des lois nationales ou par des lois européennes ?

    Ce n’est pas un hasard non plus de voir la droite du PS s’accorder avec la position des pro-européens de droite, en voyant dans le projet des " avancées significatives ". Hubert Védrine perçoit en effet ce texte comme " raisonnable " et " le meilleur résultat possible ". Tout au plus des dirigeants du PS désirent amender le texte sans changer les fondamentaux de la politique libérale. Le vieil argument du " C’est mieux que rien " est évidemment mis en exergue, notamment par les Verts. Certaines tensions néanmoins se font sentir à l’intérieur de l’ex gauche plurielle, certains militants prônant, comme le PC, un refus.

    Mais le " non "à cette constitution ne doit pas se faire sur des bases nationalistes (ouvriers et patrons ne partagent aucun intérêt commun , l’union sacrée pour la défense de la souveraineté n’a donc pas lieu d’être) mais sur la nécessité de construire une mouvement européen de défense des intérêts des travailleurs.

    Plus que jamais le sort des travailleurs est lié non pas aux manœuvres et ressorts des capitalistes sur cette question de la constitution mais avant tout dans leurs capacités à construire une réaction générale et massive à l’exploitation capitaliste, dans leurs capacités à mettre en avant une alternative socialiste de renversement du système actuel.

  • Algérie : multiplication des luttes

    Actuellement l’Algérie est en pré-campagne, la bataille va être rude entre le président sortant qui voudrait obtenir un nouveau mandat et l’ex-premier ministre. A 6 mois des élections présidentielles, un conflit pour la conquête du pouvoir s’aggrave entre ces deux principaux rivaux où c’est à celui qui séduira le plus les électeurs alors que tout le monde sait que ces deux candidats sont du même ex-parti unique. Il y a également des concurrents d’autres partis qui n’attendent que le moment propice avant d’entrer en scène.

    Wahiba Anes

    Entre temps le pays est paralysé par leur duel, et une grande crise politique et sociale pointe son nez.

    Depuis quelques semaines déjà les grèves se multiplient dans différents secteurs et deviennent de plus en plus dures. L’un des problèmes primordiaux est celui du chômage alors que la population est majoritairement jeune et que l’inflation et la misère gagnent du terrain sur fond de corruption généralisée.

    Le ras le bol atteint la majorité des gens qui perdent espoir et s’inquiètent. Délaissés et livrés à leur propre sort, ils ne cherchent qu’à s’en sortir face à des problèmes que l’Etat devrait résoudre.

    Ceux au pouvoir ne pensent qu’à détourner les biens du pays pour leur propre intérêt et celui de leur entourage.

    Après divers changements gouvernementaux, aucun n’a pu réellement apporter une réponse concrète aux divers problèmes que rencontre la population. Or l’Algérie est riche tant en or noir (elle en est un des premiers exportateurs) qu’en richesses industrielles, dont certaines non développées, s’ajoutant à celles laissées en jachère, dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme et de l’urbanisme. Certains s’interrogent donc sur le taux élevé de sans emploi, alors que les travailleurs et les jeunes demandent qu’à sortir de la crise.

    On comprend le désarroi de la société algérienne dans sa majorité, notamment tous ceux qui cherchent à défendre les intérêts de ce pays dans le bon sens, pour la construction et le partage des biens équitables. On comprend encore mieux tous ces jeunes qui ne cherchent qu’à émigrer pour une meilleure vie et pour faire valoir leurs droits.

    Désormais, la population s’exprime dans la violence et l’émeute devient presque le seul moyen de se faire entendre. Dans ce climat de tension, bon nombre d’Algériens redoutent le pire comme après la défaite des luttes de 1988.

    Des grèves prennent de l’ampleur, de plus en plus d’organisations syndicales de divers secteurs comme celles organisées par la CNAPST dans l’éducation secondaire et technique, et le syndicat des cheminots de la SNTF. D’autres en soutien se joignent un peu partout dans les grandes villes et les provinces pour manifester leur mécontentement et leur désaccord vis à vis du gouvernement et de sa politique.

    Les raisons du mouvement de grève pour les cheminots sont :

    – l’augmentation du salaire et primes

    – les conditions de travail par rapport aux risques encourus dans leur métier

    – la vétusté du réseau ferroviaires, déficience des voitures et voies ferrées

    – l’insécurité durant le parcours

    Pour l’instant, le mouvement de grève des cheminots à été suspendu en raison de l’augmentation de leur salaire de base mais ils sont loin d’être satisfaits sur toutes leurs revendications.

    En revanche celle de l’enseignement secondaire et technique continue depuis plus de 4 semaines (92% de grévistes). Leurs revendications sont :

    – l’augmentation de salaires

    – la baisse de l’âge de retraite

    – le refus de la suspension de plus de 300 enseignants pour "grève illégale"

    En attendant, la politique économique suivie par le gouvernement donne une multitude de conflits. Rien que pour la période de 2003, le CNES a compté un chiffre important de jours perdus ; si on le convertit en monnaie, ce sont des milliards de dinars que l’Algérie a perdu, alors le plus juste est de financer les augmentations et les rénovations de certains secteurs.

    Mais tant que le pouvoir reste sourd aux revendications et continue à pratiquer la manière forte il ne fait qu’aggraver la situation qui mène le pays vers une fracture sociale plus importante et une faillite de l’économie nationale. La politique de privatisations, au seul profit des capitalistes (parfois très obscurs comme Khalifa), s’accompagne d’un délaissement complet de la population : les sinistrés du tremblement de terre de Boumerdès sont toujours sous des tentes alors que l’hiver approche.

    Les élections prochaines risquent d’être un signal d’alarme, celui d’une guerre interne, explosive entre différents partis.

    Une chose est sure ce dont l’Algérie a besoin c’est d’une perspective nouvelle pour offrir aux Algériens une réelle alternative au système actuel avec ses bureaucrates corrompus au service du capitalisme.

  • Le peuple marocain toujours victime du régime

    Le mois dernier, Chirac s’est rendu au Maroc pour réaffirmer une nouvelle fois le soutien sans faille de l’Etat français au régime marocain.

    Pascal Grimbert

    Après les années terribles du règne d’Hassan II, réprimant férocement les opposants, maintenant son peuple dans la misère et soutenant l’impérialisme en toutes circonstances, Mohammed VI s’était présenté comme un dirigeant moderne et ouvert aux réformes. Pourtant, après 4 ans de règne, rien n’a changé : la misère et les bidonvilles sont toujours là (4 millions de personnes y survivent), la répression se poursuit (comme avec l’emprisonnement du journaliste Ali Lmrabet).

    Alors, quels étaient les enjeux de cette visite ?

    Pour le gouvernement français, c’est renforcer sa présence et son influence dans le Maghreb, où les Etats-Unis veulent développer leurs intérêts économiques, avec la signature d’un accord de libre-échange avec le Maroc.

    Pour le gouvernement marocain, il s’agit de redorer l’image déjà usée de Mohammed VI. D’abord comme soutien traditionnel de l’impérialisme occidental, ce soutien devenant problématique face au peuple marocain, avec la guerre et l’occupation de l’Irak et alors que se durcit la guerre Israël – Palestine. Ensuite en tant que " rempart " face à l’islamisme fondamentaliste, rempart ébranlé après les attentats de Casablanca et les progrès électoraux du PJD (Parti Justice et Développement). Le gouvernement a tenté à la fois de composer avec le PJD, réputé " modéré ", et de durcir la répression anti-islamiste avec une vague d’arrestations et de condamnations (dont 16 à mort), allant jusqu’à la condamnation de deux jeunes filles de 14 ans par la juridiction antiterroriste. Malgré ses effets d’annonce, Mohammed VI marche sur des œufs pour réformer le code de la famille, en particulier le statut de la femme, toujours considérée comme mineure socialement et juridiquement. La question du Sahara occidental n’est, elle non plus, toujours pas résolue, après plus de 25 ans de conflit.

    Sur toutes ces questions, c’est le peuple marocain qui fait les frais de la politique du gouvernement marocain et des impérialismes : la jeunesse, condamnée à la misère et au chômage, les femmes, toujours opprimées par un statut moyenâgeux, les paysans, menacés par l’accord de libre-échange, les travailleurs, alors que l’économie est toujours minée par la corruption et l’accaparement des richesses par quelques grandes familles.

    Tout ceci ouvre un boulevard à la démagogie des fondamentalistes islamistes, alors que le principal parti autrefois d’opposition, l’USFP, s’est totalement discrédité par sa participation à un gouvernement de coalition.

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