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  • Hautes écoles: Actions de masse ou palabres avec la ministre?

    LE DECRET DUPUIS (application en Communauté française des accords de Bologne) a provoqué la réaction des organisations représentatives des étudiants: la Fédération des Etudiants francophones (FEF) et l’Union des Etudiants de la Communauté Française (UnECoF). Si les deux organisations étudiantes ont eu, au départ, des revendications relativement fortes, cellesci se sont étiolées au fil des négociations avec la ministre Françoise Dupuis.

    Simon Hupkens

    Et en Flandre?

    Le recteur de la KUL (Univerité catholique de Louvain), André Oosterlinck, veut mettre les universités flamandes en concurrence à l’aune de leurs performances en matière de recherche. Il propose de remplacer les bourses par des prêts d’étude. Ce système existe déjà à la KUL pour les étudiants qui ne s’en sortent pas avec leur bourse d’études trop basse. Ces étudiants seront endettés de plusieurs milliers d’euros à l’issue de leurs études. Il veut aussi obliger tous les étudiants à étudier au moins une demi année à l’étranger… à leurs propres frais. Oosterlinck veut aussi augmenter le minerval comme en Angleterre. Le plafond des frais d’inscription dans les unifs anglaises va passer de 1.656 à 4.500 euros. Dans une phase ultérieure, les universités seront totalement libres de fixer le montant du minerval. Le recteur de l’université de Londres trouve qu’un minerval de 15.000 à 25.000 euros reflèterait mieux le coût et la valeur marchande d’un diplôme de son établissement…

    Le problème principal posé par les accords de Bologne, censés harmoniser l’enseignement supérieur en Europe, est celui de la libéralisation de l’enseignement: objectif que la FEF et l’UnECoF ont eu du mal à identifier. Ces organisations considèrent plutôt la marchandisation comme un risque potentiel. Elles ne sont pas opposées fermement au processus de Bologne et ont axé leurs revendications sur l’application des accords en Communauté française.

    Leurs revendications appelaient au refinancement et à la sauvegarde des acquis étudiants de 1968 en matière de représentation au sein des universités et hautes écoles, de liberté d’accès et de choix des cursus. En aucune manière leurs revendications n’ont été satisfaites. Françoise Dupuis s’est contentée d’accorder un semblant de refinancement aux universités (mécontentant du même coup les hautes écoles et divisant le mouvement de contestation naissant), de toute façon insuffisant pour financer ses réformes.

    De leur côté, les organisations traditionnelles de repré-sentation étudiantes se sont montrées incapables, voire, à l’échelon local, peu désireuses d’organiser la mobilisation. Une grande manifestation a réuni quelques 10.000 étudiants en début d’année, grâce surtout à la mobilisation des hautes écoles, pilotée par les directeurs et les pouvoirs organisateurs. Depuis, les directions de hautes écoles ayant obtenu ce qu’elles voulaient (un alignement sur les cursus universitaires pour certaines d’entre elles), le nombre d’étudiants n’a cessé de décroître de mobilisation en mobilisation.

    Etudiants de Gauche Actifs, notre organisation étudiante, sensibilise depuis longtemps les étudiants à la problématique de la libéralisation. Elle a dénoncé l’enseignement élitiste signifiant à terme l’allongement des études et la marginalisation des hautes écoles ainsi que les "efforts de concen-tration" de la ministre Dupuis nuisant à la qualité des formations en général et à l’existence de certains cursus en particulier. EGA a participé à toutes les mobilisations. Nous avons pu constater le manque de conviction des actions menées par les représentants étudiants officiels. Ceuxci n’ont pas l’impression que c’est en menant des actions de masse que les étudiants auront gain de cause. Ils préfèrent discuter avec la ministre sans comprendre l’utilité d’installer un rapport de forces en mobilisant les écoles et universités. C’est une mentalité bureaucratique qui ne tire pas les leçons du passé. C’est pourtant en investissant la rue que les étudiants ont fait passer leurs revendications durant l’année 9495 à l’époque du décret Lebrun.

    A l’époque, ces événements ont mis en lumière la nécessité pour les étudiants du supérieur de lier leur lutte avec celles des lycéens et des enseignants, l’utilité de mener des actions de masse visibles comme le blocage des grandes artères de la ville. C’est quand il y a des étudiants dans la rue que la FEF et l’UnECoF peuvent peser dans les négociations. C’est ce que les bureaucrates étudiants ont tendance à oublier et c’est ce que Etudiants de Gauche Actifs veut mettre en avant à travers ses actions. Nous mènerons ce genre d’action partout où cela est possible comme à Liège où, malgré le refus de la commune d’autoriser la manifestation et l’hésitation des représentants étudiants, nous avons organisé une manifestation au centre ville jusqu’au siège du PS. Grâce à cette action nous avons été reçu par les autorités, ce qui n’aurait pas été possible en restant sur place. Bien qu’il ne faille pas trop s’illusionner sur les résultats de cette action en tant que telle, elle reste un exemple de ce que l’ont peut obtenir par le biais d’actions de rue.

    Photo: liege.indymedia.org

  • Brésil: Mouvement pour un nouveau Parti des Travailleurs

    EN JANVIER, le Mouvement pour un nouveau Parti des Travailleurs a été lancé au Brésil. Les initiateurs sont des ex-membres et élus du Parti des Travailleurs (PT), des syndicalistes et des socialistes.

    Rik Lampaert

    Il n’y a qu’un an que Lula (PT) a été élu président. L’espoir était grand, mais il n’a pas répondu aux attentes. Quand il est arrivé au pouvoir, il a immédiatement essayé de rassurer la classe dirigeante et l’impérialisme. Pour la classe ouvrière et les opprimés, la première année sous Lula n’a suscité que déception et colère.

    Le gouvernement de Lula, qui comprend aussi des parti bourgeois, suit une politique budgétaire et monétaire encore plus stricte que les exigences du FMI en matière de surplus budgétaire. Entretemps le chômage a encore monté. Lula a trahi sa promesse de créer 10 millions de nouveaux emplois dans les 4 premières années.

    Les espoirs des paysans sans terre sont restés vains. Au début, le gouvernement avait promis des terres à 60.000 famille ; à la fin 2003, seules 13.000 familles avaient effectivement reçu une terre. Des activistes qui luttent pour les paysans sans terre ont été arrêtés et croupissent maintenant en prison sous un gouvernement dirigé par le PT.

    Une partie de la classe ouvrière est déjà entrée en mouvement contre les attaques du gouvernement. 600.000 fonctionnaires fédéraux ont fait grève pendant plus d’un mois contre les attaques sur les pensions et pour des augmentations salariales. Il y a eu une lutte contre les restructurations dans l’industrie métallurgique et automobile. Un mouvement s’annonce contre les minervals dans les universités et autour des revendications salariales des enseignants à Sao Paulo.

    La majorité des Brésiliens y croit toujours. Un sondage montre que plus de 60% soutiennent Lula. Ce soutien va diminuer au fur et à mesure que le gouvernement s’en prendra à la classe ouvrière.

    L’exclusion des élus du PT qui ont voté contre la réforme des pensions a rendu manifeste la nécessité d’une alternative un mouvement pour un nouveau parti. Cela pourrait signifier le coup d’envoi d’exclusions ultérieures dans les rangs de l’aile gauche du parti. La désillusion dans le PT pourrait aussi, par manque d’alternative, mener à l’indifférence politique chez une couche de gens déçus.

    Le lancement du nouveau mouvement signifie une nouvelle phase dans la lutte des militants ouvriers et socialistes. La section brésilienne du CIO, Socialismo Revolucionario, joue un rôle important dans la construction de ce nouveau parti et cherche en même temps à gagner du soutien à son propre programme socialiste révolutionnaire.

    Il y a des leçons à tirer des nouveaux développements au Brésil. Dans beaucoup de pays, il n’y a pas d’alternative aux partis qui ont jadis défendu les intérêts des travailleurs, mais qui suivent aujourd’hui la logique néolibérale. On a partout besoin d’un parti dans lequel les travailleurs puissent s’organiser indépendamment de la bourgeoisie autour d’un programme qui place les besoins des gens avant les profits.

    Un parti qui construit une implantation dans les entreprises, les écoles, les quartiers,…

    Un tel parti ne peut pas surgir du néant. Il y aura des bonds dans la conscience de classe suite à des mouvement massifs dans les entreprises comme au niveau politique jusqu’à ce que les travailleurs franchissent le pas de la construction d’un nouveau parti. Un tel développement serait un énorme pas en avant.

  • Sexisme: Il est temps de passer à la contre-offensive!

    Le chocolat, les voyages, les vêtements, les réfrigérateurs, les téléviseurs, les céréales, les téléphones,… Toutes ces marchandises ont toutes quelque chose en commun: pour les vendre on dépense des milliards en publicité. Avec un seul but: le profit! Pas besoin de savoir quels sont les besoins réels de la population, les entreprises les créent. Vive la culture de consommation! Chaque jour les journaux, la télévision, la publicité,… nous disent quel shampoing utiliser pour que notre vie soit parfaite.

    Marijke Decamps

    Mais ce n’est pas la seule chose que ces agences de pub ont compris: le sexe fait vendre. Pour chaque produit il y a au moins une marque qui utilise le corps féminin pour accroître les chiffres de vente.

    Mais il n’y a pas seulement le fait que le sexe fait vendre, le commerce du sexe connaît une réelle explosion. La presse érotique, les cassettes porno dans les magasins de vidéo (et aujourd’hui même dans les supermarchés), porno sur internet, le tourisme sexuel, le commerce des femmes et enfants de l’Europe de l’Est, la prostitution,… sont des secteurs qui rapportent. L’industrie du sexe, légal et illégal, rapporte plus que le commerce de drogues ou d’armes. Et ce sont de grandes multinationales qui récoltent les gigantesques profits qui en sont issus. Un exemple de grand fournisseur de porno parmi tant d’autres: le patron de la chaîne de vêtements suédois H&M, qui emploie des enfants dans ses ateliers de production de par le monde.

    Les femmes ne sont pas des objets

    Cette invasion d’images sexuelles crée une image faussée de la femme: comme si elles se réduisaient à des fonctions sexuelles! Au lieu d’un être humain le rôle des femmes est réduit à celui d’objet sexuel. Dans cette image la sexualité féminine n’est qu’une marchandise à vendre et à acheter. Bien sûr, la discrimination à l’égard des femmes ne se limite pas à cet aspect. C’est cependant une de ses expressions et l’impact sur la société n’est pas innocent. Une enquête dans les banlieues de Paris, l’année 2000, a montré qu’une majorité de jeunes musulmans français pense que si une femme dit “Non” cela veut dire “Oui” et que la douleur est normale et même désirée dans les rapports sexuels. Il y a aussi une grande banalisation du viol. A Edimbourg la moitié des hommes ont déclaré dans une enquête que le viol est acceptable dans certaines conditions. Un sur dix disait même qu’il le ferait s’il était sûr de ne pas en subir les conséquences. Qu’il y ait en même temps des mesures d’austérité dans l’enseignement et que l’éducation sexuelle soit réduite à sa plus simple expression joue aussi dans tout cela.

    La situation des femmes aujourd’hui

    La situation des femmes aujourd’hui est peu enviable. Les femmes trouvent plus difficilement un emploi, elles sont exclues plus rapidement des allocations et ne gagnent en moyenne que 70% du salaire des hommes. Une étude récente montre qu’au Pays-Bas seulement 38% des femmes qui travaillent ont une indépendance financière. C’est la base réelle de l’oppression, qui va sans doute encore s’accroître sous l’influence de la crise économique. C’est d’ailleurs aussi un moyen stratégique de diviser pour régner dans le système capitaliste. En payant les femmes systématiquement moins que les hommes souvent même pour le même emploi les patrons divisent la classe ouvrière et mettent sous pression les salaires de tous les travailleurs.

    Lutter contre le sexisme, c’est lutter contre le capitalisme

    Le fait que le sexisme soit plus toléré que le racisme est l’expression du recul de la situation des femmes dans la société capitaliste. Dans les années 60 et 70 le sexisme, y compris dans la publicité, provoquait des réactions. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. La chute du Mur de Berlin et l’offensive idéologique de la bourgeoisie qui s’en suivit a paralysé beaucoup d’organisations. Une des conséquences est que, quand on veut s’attaquer au sexisme, on est rapidement mis dans le camp des conservateurs et des bigot(te)s. Comme si nous n’étions pas en faveur d’une attitude plus ouverte en matière de sexualité. Aux EtatsUnis, les cités universitaires sont des lieux fort peu sûr pour les jeunes femmes, car les viols y sont monnaie courante. On estime qu’il y a un viol par jour et par campus. Mais si les victimes portent plainte (ce qui représente seulement 1,7%), cela reste dans la plupart des cas sans conséquences. Mais si Janet Jackson dévoile un sein nu, cela devient alors un scoop national et international.

    Il est grand temps de passer à la contreoffensive afin de re-gagner pas à pas le terrain perdu. C’est ce que nous voulons faire avec notre campagne dès mars dans les différentes universités, en s’attaquant notamment à l’avalanche d’affiches sexistes pour les fêtes étudiantes. Nous ne pouvons pas mener cette lutte seules. C’est ensemble que nous vaincrons.

  • L’unif d’Anvers envoie la police contre nos étudiants

    Le 9 février, des étudiants de l’unif d’Anvers ont été menacés par les autorités universitaires. La raison en était une action de protestation contre un meeting du NSV qui avait pu se tenir dans une salle de l’université. Ils nous ont finalement envoyé la police qui nous a priés de quitter le campus. Les policiers présents ont dû se retirer; ils se rendaient compte qu’il n’y avait aucune raison de nous arrêter.

    Jan Vlegels

    Nous trouvons scandaleux que l’université mette un auditoire à la disposition du NSV d’une part, interdise systématiquement à nos étudiants de faire campagne sur le campus d’autre part.

    Il ne faut pas chercher dans l’attitude du recteur à notre égard d’autre raison que celle de vouloir interdire toute opposition à sa politique. Lorsque nous sommes intervenus dans les premiers mois de l’année académique contre l’application des accords de Bologne, l’université nous mettait aussi chaque fois à la porte. Nous ne sommes pas d’accord avec la politique du recteur qui impose des économies aux étudiants et qui tolère les fascistes à l’unif, mais nous n’avons pas le droit, en tant qu’étudiants de cette unif, de diffuser sur le campus du matériel qui s’y oppose.

    Pas question évidemment de nous laisser faire: nous avons continuer à mener la campagne. Notre détermination a contraint l’université à nier dans un journal local qu’elle avait demandé à la police de nous arrêter.

  • Turnhout: une maison de jeunes attaquée

    Les semaines passées ont été émaillées d’incidents à Turnhout avec une bande de jeunes d’extrême-droite. Les skinheads s’en sont d’abord violemment pris à des membres du MAS/LSP qui sortaient de la maison de jeunes Wollewei. L’un d’entre eux a reçu un coup de pied. Il y a eu l’année passée à Turnhout une réunion d’un noyau local de Blood & Honour, un groupement néonazi qui ne répugne pas à la violence. Cette réunion s’est tenue dans un café étroitement lié au Vlaams Blok.

    Lors d’une journée avec des activités autour de musique rap au Wollewei, environ 25 skinheads sont arrivés en soirée, ont fait le salut hitlérien et ont commencé une bagarre. Ils sortaient d’un meeting au "De Schalmei", un café lié au Vlaams Blok.

    Nous appelons tous les antifascistes de Turnhout et des environs à faire campagne ensemble contre cette violence fasciste. Si nous nous organisons, nous pouvons mettre fin aux agissements de ce groupe de néonazis avant qu’ils ne parviennent à nous réduire au silence ou à faire fermer le Wollewei sous la pression d’une violence récurrente. N’hésitez pas à nous contacter!

  • Racisme: Tout ce qui nous divise, nous affaiblit

    MALCOLM X affirmait: "Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme". Il voulait ainsi dire que le capitalisme utilise le racisme pour maintenir sa domination. Le racisme n’a pas été inventé par le Vlaams Blok; il existe depuis la naissance du colonialisme et du capitalisme. Pour le capitalisme, seuls comptent les profits accumulés par une infime minorité. La bourgeoisie se sert de tous les moyens d’oppression pour affermir sa position et de continuer à exploiter les travailleurs. Le racisme est un de ces outils d’oppression.

    Nikei De Pooter

    Avant la Seconde Guerre Mondiale les manuels scolaires expliquaient que les noirs d’Afrique étaient moins intelligents que les Européens. Les classes dominantes avaient alors besoin de thèses pour justifier leur domination militaire directe du continent africain. Les premiers camps de concentration n’ont pas été construits par Hitler en Allemagne, mais en Afrique du Sud par l’Angleterre coloniale.

    Aujourd’hui le discours de la bourgeoisie a changé. Ses parlementaires n’ont plus recours au langage ouvertement raciste, mais ils utiliseront le racisme de façon plus subtile pour diviser tous ceux qui tentent de résister à la politique antisociale.

    Le capitalisme est un système fondé sur l’exploitation. Tant sur l’exploitation des travailleurs d’Europe et d’Amérique du Nord que sur celle des travailleurs du monde néo-colonial. Dans les pays néo-coloniaux nombreux sont ceux qui fuient la misère, les dictatures et les guerres. En Europe occidentale, la peur envers les candidats réfugiés s’amplifie d’autant plus que les travailleurs ayant perdu leur emploi et les allocataires sociaux ont de plus en plus de peine à joindre les deux bouts. C’est en partie dû au chômage, mais aussi aux lois restreignant le droit d’asile qui contraignent les candidats réfugiés à vivre sans papiers et à devoir accepter, par exemple, de payer un loyer exorbitant pour une chambre insalubre.

    Etre sans papiers c’est aussi devoir accepter, pour survivre, un travail clandestin sous-payé, sans avoir la moindre possibilité de faire valoir ses droits face au patron. Une telle situa-tionexerce une pression sur l’ensemble des salaires. Les couches les plus vulnérables de la population belge, les moins qualifiés, les exclus considè-rent les réfugiés comme des concurrents. Les slogans démagogiques sur «Les Immigrés qui prennent le pain des Belges» incitent les victimes de la crise à se battre contre ceux et celles qui sont encore plus bas et vivent dans des conditions pires.

    Les entreprises qui licencient massivement ici font aussi des profits exorbitants Afrique ou en Asie. C’est pourquoi nous avançons la revendication: Il faut s’en prendre aux multinationales et non à leurs victimes !

    Le racisme est un des piliers de la tactique «diviser pour régner». La bourgeoisie fera de même pour opposer les travailleurs ayant un emploi à ceux qui ont perdu le leur ("Les chômeurs sont des profiteurs"). Pour opposer les employés aux ouvriers, les hétérosexuels aux homosexuels, les hommes aux femmes, les Wallons aux Flamands, etc.

    La bourgeoisie utilise un parti comme le Vlaams Blok pour répandredes préjugés racistes. La seule réponse possible à cette stratégie de division et de haine est de lutter tous ensemble pour améliorer les conditions de vie et de travail de chacun.

    On convaincra peu de monde avec des arguments moralisateurs. On ne convaincra la masse des travailleurs de la nuisance des préjugés racistes qu’à partir d’une lutte concrète avec des intérêts communs à tous travailleurs, quelle que soit leur origine. L’opposition fondamentale de notre société n’est pas celle entre Flamands, Wallons, Belges ou Immigrés, mais bien celle entre le monde du travail et le monde patronal.

    Le Vlaams Blok et d’autres organisations néo-fascistes en Europe se basent sur la résis-tance passive de la part de la population. Dans chaque lutte qui se développe, à chaque piquet de grève, la nécessité de l’unité des travailleurs devient concrète. Une fois que la résistance se transforme en action, l’impact des idées d’extrême-droite recule.

    On a constaté cela en France après une lutte de masse contre le plan Juppé en 1995: le Front national a perdu du terrain et a fini par éclater en deux (Le Pen d’un côté, Megret de l’autre). Le gouvernement de la Gauche plurielle (PS + PC + Verts) porté au pouvoir, après la déroute électorale de la droite, a cependant mené une politique de droite, privatisant trois fois plus que le gouvernement Juppé. Cette politique antisociale du gouvernement de Gauche plurielle a de nouveau renforcé l’extrême-droite. Tout cela a permis au FN de regrouper ses forces et de faire un score électoral supérieur à celui de Jospin aux élections présidentielles de 2002.

    On voit donc que pour combattre l’extrême-droite et le racisme, il ne suffit pas seu-lement de lutter contre la politique antisociale. Il faut aussi construire une alternative politique de gauche crédible qui soit capable de faire barrage à la politique néo-libérale et au capitalisme. Si la classe ouvrière ne réussit pas à prendre en mains la direction d’un tel mouvement, et si elle ne pose pas d’alternative conséquente de gauche, toutes sortes de réflexes nationalistes et racistes écloront inévitablement.

    Dernier exemple: en Irak où les divisions selon les ethnies et les religions font rage. Les Kurdes contre les Turkmènes, les Chiites contre les Sunnites et ainsi de suite. Cette division conduira à une régression future du pays et une détérioration des conditions de vie de la majorité de la population irakienne. Si aucune alternative socialiste ne se présente, une alternative capable de combattre la pauvreté et l’exploitation, les divisions feront des ravages dans la population qui se bousculera pour ramasser les miettes laissées par la bourgeoisie.

    Plus que jamais il faut construire un parti mondial, socialiste et combatif!

  • Les troupes hors du Golfe

    "Bring the troops back home"

    Aux États-Unis ce sont les slogans du nouveau mouvement contre l’occupation de l’Irak. On y perçoit de plus en plus clairement la nature d’une guerre qui est officiellement finie depuis 9 mois déjà. Depuis lors, la privatisation de l’exploitation pétrolière va bon train. La reconstruction du pays n’était visiblement pas une priorité.

    Bart Vandersteene

    D’après Knack, «les chiffres moroses des premiers mois sont devenus encore plus moroses. 80% de la population vit dans la pauvreté, 60% dépend – tout comme à l’époque de Saddam Hussein – des colis alimentaires et de l’aide de l’Etat. Le chômage pourrait atteindre les 75%.»

    La résistance à l’occupation ne se limite pas à de petits groupes fidèles à Saddam. Chaque semaine entraîne son lot de manifestations de retraités ou de chômeurs qui réclament la pension ou le travail qu’on leur a promis.

    Les Etats-Unis veulent faire de l’Irak l’une des économies les plus ouvertes pour le commerce et l’injection de capital. Les impôts des personnes physiques et des sociétés seront ramenés à 15%, les tarifs à l’importation à 5% maximum et toutes les restrictions aux investissements étrangers seront levées. Le capital régnera sans partage en Irak.

    Un éventuel contrôle de l’ONU ne ferait que multiplier le nombre de pillards. Seule la population locale – organisée sous forme de syndicats ou d’autres organisations de masse – peut constituer une force alternative. Une force qui – avec le soutien d’organisations analogues au niveau international – utilisera les richesses irakiennes pour satisfaire les besoins essentiels du plus grand nombre plutôt que les profits d’une minorité.

    Aux Etats-Unis, de plus en plus de gens réalisent maintenant combien cette guerre va leur coûter. Et tout ça pour quoi? Pas la moindre trace d’armes de destruction massive; une menace terroriste toujours bien présente.

    L’angoisse et la colère montent au sein de l’armée américaine et des familles des soldats. Tim Predmore, de service en Irak, écrit: «Je croyais servir une bonne cause: défendre la constitution des Etats-Unis. Je n’y crois plus aujourd’hui. J’ai perdu toute motivation. Je ne veux plus servir ce que je pense être des demi-vérités et des mensonges grossiers».

    Un mouvement de la jeunesse et des travailleurs américains pourrait mettre fin à cette occupation à l’instar du Vietnam. Le MAS va bientôt s’atteler à la construction d’un mouvement contre l’occupation en Belgique. Avec nos organisations soeurs dans le monde, nous allons mobiliser la population contre la guerre et l’exploitation. Nous allons également participer à la journée d’action internationale contre l’occupation de l’Irak prévue pour le samedi 20 mars, avec notamment une manifestation à Bruxelles.

  • Prendre le mal à la racine

    Qui est Johan Weyts?

    Johan Weyts, la nouvelle recrue du Vlaams Blok, avait déjà fait parler de lui avant la controverse autour de son adhésion au comité des carriéristes ratés mis sur pied par Dewinter. En effet, il s’était déjà fait remarquer auparavant par ses opinions très à droite. Ainsi, il a sorti tout un plaidoyer en faveur de la suppression des Conventions collectives de travail et donc de la concertation sociale sur les conditions de travail.

    L’année passée, dans les colonnes du «Brugsch Handelsblad», il se plaignait qu’on ne tînt pas compte des électeurs du Vlaams Blok tout en niant qu’il pût y avoir des parallèles entre le Vlaams Blok et le fascisme…

    La motivation principale de son passage au Vlaams Blok est sans doute l’absence de place éligible pour lui sur les listes du CD&V pour les prochaines élections.

    Comment va-t-on réagir au sein du Vlaams Blok ?

    Tout le monde au Vlaams Blok n’approuve pas l’orientation actuelle de la direction du parti. Le vice-président Roeland Raes s’est ainsi fait remarquer par sa critique acerbe des positions atlantistes d’Alexandra Colen et, à travers elle, de Filip Dewinter, qui a affirmé maintes fois que son parti était favorable aux Etats-Unis. Raes juge ces propos tels qu’ils ont été rapportés dans ce qu’il appelle des «périodiques de "notre" courant» (il s’agissait d’une publication de la section bruxelloise du Vlaams Blok) «étonnants, si pas pire encore». L’actuelle opération de débauchage des mécontents d’autres partis et l’opportunisme qui va de pair suscitera de plus en plus de mécontentement auprès d’une partie de la vieille garde idéologique du parti.

    Les dernières semaines ont porté un coup décisif au cordon sanitaire. D’abord le vote sur les nouvelles circonscriptions électorales provinciales au parlement flamand a été acquis avec les voix du Vlaams Blok et, si l’on en croit le CD&V, cela s’est fait après des accords conclus entre le SP.a, le VLD et le VB. Peu de temps après, le Blok mettait sur pied un comité contre le droit de vote des immigrés qui a reçu le soutien d’un parlementaire CD&V et d’un parlementaire VLD.

    Geert Cool

    Depuis le fameux Dimanche Noir du 24 novembre 1991, où le Vlaams Blok a réalisé sa première percée électorale au plan national, les partis tradi-tionnels s’étaient mis d’accord pour ne conclure aucune alliance ou aucun accord poli-tique avec le Vlaams Blok. Cette tactique a été baptisée "cordon sanitaire".

    Le MAS-LSP n’a jamais nourri d’illusions dans le cordon sanitaire ni sur les procès judiciaires pour empêcher la croissance électorale du Vlaams Blok. De telles tactiques visent les conséquences et non les causes du succès dont jouit ce parti auprès d’une frange croissante de l’électorat. Le cordon ne tient pas compte des frustrations à la base de ces succès électoraux. C’est pourquoi nous avons toujours affirmé que le cordon sanitaire n’était pas un instrument utile au combat contre le Vlaams Blok. En re-vanche, nous avons annoncé que nous protesterions si ce cordon était rompu, car nous croyons en effet qu’une participation au pouvoir du Vlaams Blok comporte des risques considérables.

    Jusqu’ici le cordon s’était maintenu bon an mal an. C’est-à-dire jusqu’au vote sur les circonscriptions électorales provinciales. Le gouvernement Verhofstadt était confronté au fait que les Verts et le CD&V avaient refusé de voter pour. Pour obtenir les deux tiers des voix requises, le soutien du Blok était nécessaire et le gouvernement a fini par l’obtenir. Que tout cela ne posât pas de problème au gouvernement n’a pas de quoi étonner. Auparavant, plusieurs libéraux fla-mands (comme Jeannine Leduc ou Danny Smagghe) s’étaient fait remarquer par leurs propos racistes ou par leurs propositions à forts relents racistes comme celle sur l’interdiction du foulard à l’école.

    On perçoit mieux à présent le prix que le gouvernement va devoir payer: il est désormais clair aux yeux de tous que la bonne vieille stratégie électorale et la répartition des postes priment sur tous les principes. En outre, cela crée un précédent pour des collaborations ultérieures. Le Vlaams Blok a tout de suite annoncé la mise sur pied d’un Comité contre le droit de vote des immigrés avec Ward Beysen, mais également avec un parlementaire CD&V, Johan Weyts, qui a pour cela été exclu de son parti.

    Le remueménage au sein et autour du comité du Vlaams Blok est frappant. Il s’agit d’appâter avec toutes sortes de promesses des carriéristes de tout poil qui n’ont pas obtenu une place satisfaisante sur les listes pour les prochaines élections régionales. Tout cela démontre que le Vlaams Blok n’a d’yeux lui aussi que pour la lutte des places. Il peut se le permettre car son électorat est particulièrement passif et ne participe pas activement à la vie du parti.

    Nous protestons contre la rupture du cordon sanitaire. Nous protestons également contre l’introduction d’un seuil électoral qui empêchera les petits partis d’être représentés. Il ne faut pas y voir autre chose que des moyens pour empêcher la création d’une véritable opposition. Néanmoins la façon dont le Vlaams Blok s’est conduit dans la discussion sur la réforme électorale montre une fois de plus qu’il faut construire une opposition consistante qui se base sur les travailleurs et les jeunes au lieu d’entrer dans les jeux politiciens du gouvernement violet. Seule une telle opposition, enracinée dans les mouvements de lutte contre la politique antisociale, pourra stopper la montée du Vlaams Blok.

  • Dis-moi qui te paie et je te dirai qui tu es!

    Si on connaît les sources de financement d’un parti, on connaît son programme. Tous les partis traditionnels dépendent des grosses donations et du financement public qui a succédé aux pratiques de financement occultes après les nombreux scandales de corruption.

    Bart Vandersteene

    Nous avons opté pour un «développement durable» de notre parti. Nous collectons de nombreuses petites contributions via les dons des sympathisants et les cotisations mensuelles des membres. De cette façon, nous créons les conditions de notre indépendance financière. Pour paraphraser un vieux dicton, on pourrait dire «Dis-moi qui te paie et je te dirai qui tu es».

    Leur défaite électorale coûtera aux écologistes plusieurs millions d’euros par an. Agalev et Ecolo ont dû licencier respectivement 100% et 80% du personnel du parti.

    Les partis qui n’obtiennent aucun parlementaire ne reçoivent rien. L’introduction d’un seuil électoral de 5% va rendre encore plus difficile l’obtention de ce premier élu.

    Il faut cependant relativiser l’importance de tout cela vu le faible poids des élus au parlement. Si on se penche sur les changements fondamentaux qui ont été imposés dans le passé, on voit que ça a toujours été sur base d’un rapport de force dans la société.

    Soutenez le travail du MAS

    Nous sommes un parti qui veut et va faire ses preuves au jour le jour. Nous ne disparaissons pas entre deux élections. Nous lançons des campagnes dans les quartiers, les entreprises, les écoles, c-à-d que nous menons des actions, nous informons et mobilisons la population, nous construisons un vrai rapport de force.

    Nous avons besoin de votre soutien pour pouvoir faire tout cela. Nous avons prévu un budget de 8000 euros pour la campagne électorale. Ce sont des cacahuètes en comparaison avec les millions que les partis traditionnels vont dépenser. Mais aucune contribution ne sera de trop pour récolter ces 8.000 euros.

    Mais avant de pouvoir participer aux élections, avant de coller la première affiche, nous devons d’abord récolter 5.000 signatures de parrainage du côté flamand comme du côté francophone. Depuis fin janvier, nos sections ont reçu le matériel nécessaire pour entamer la campagne de récolte de signatures. Nous avons aussi besoin de votre aide pour cette campagne.

    Invitez le MAS chez vous

    Peut-être avez vous des voisins, des collègues, des amis qui sont intéressés par nos idées et qui seraient prêts à sacrifier une soirée pour en savoir plus. Invitez ces gens chez vous, demandez à quelqu’un de la section locale du MAS de passer avec le matériel électoral pour faire une petite présentation. De cette façon, davantage de personnes intéressées pourront faire connaissance avec nos idées, nos méthodes et nos campagnes.

  • UE: Le modèle néo-libéral imposé aux travailleurs et à la jeunesse

    Union européenne:

    LE 13 JUIN on votera aussi pour le Parlement européen. L’Union européenne est devenue ces dernières années synonyme de plan d’austérité et de privatisation. Combien de politiciens sociaux-démocrates ou verts se disent incapables d’empêcher les mesures asociales «à cause de l’Europe». Comme si c’était un ordre de venu du ciel. Et comme si leurs propres responsabilités devaient être mise de côté.

    Pour entrer dans la zone de l’euro, le gouvernement belge a imposé aux travailleurs, dans les années 90, une austérité de cheval. Le traité de Maastricht imposait de limiter le déficit public (la différence entre les recettes et les dépenses de l’état) à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB). De plus la dette publique devait être ramenée à 60% du PIB et les normes fixées en commun pour l’inflation (augmentation des prix) sont gérées par la Banque centrale européenne.

    L’Europe est un projet fait par et pour les capitalistes. Pensez par exemple au rôle de la Table ronde des Industriels européens, le plus important groupement de multinationales européennes. Ce club de capitalistes qui se partagent les profits déclare presque ouvertement que les mesures asociales doivent devenir la règle en Europe. De cette manière ils veulent devenir plus fort contre les deux autres blocs capitalistes importants: les États-Unis et l’Asie regroupée derrière le Japon.

    La phase de reprise économique de l’après-guerre et la menace du bloc de l’Est stalinien, a été le ciment qui a permis – même sur une base capitaliste – une certaine collaboration et une intégration européennes. Dès que le gâteau est devenu trop petit à partager, les intérêts nationaux ont refait surface. Même avec une régression générale depuis les années 70 en arrière-plan, la période temporaire de croissance des années 90 a permis le lancement d’une monnaie commune sous la forme de l’euro.

    L’Union monétaire européenne (UME) était dans une large mesure, contrainte sous la pression «d’en haut», d’accélérer la liquidation des droits sociaux des travailleurs. Nous retrouvons au travers de cela l’importance de l’unité des capitalistes européens.

    Aujourd’hui les chefs des états qui ont imposé le respect des critères de Maastricht sont beaucoup plus souples lorsqu’il s’agit de continuer à les faire respecter par leur propre pays. Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, va traîner la France et l’Allemagne devant la Cour de Luxembourg car ces pays ne respectent plus scrupuleusement la norme du pacte de stabilité des 3%.

    Les tensions entre états européens se sont aussi fait jour sur la question de la guerre en Irak. Plus récemment la procédure sur la répartition des postes de commissaires à la Commission, consécutive à l’élargissement de l’Union à dix autres pays, a mené à un conflit ouvert avec l’Espagne et la Pologne qui ne veulent pas que l’on touche à leurs intérêts nationaux.

    Ce n’est pas la bonne âme des capitalistes qui a préservé l’Europe de la guerre pendant ces 50 dernières années, mais l’importance de la classe ouvrière qui ne va pas renoncer à ses acquis sans bataille. A terme, les divergences entre les différentes bourgeoisies fera capoter l’Union européenne. Seule une Fédération socialiste des pays européens, et du reste du monde, peut véritablement créer l’unité.

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