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  • Un an après la loi sur le revenu minimum d’intégration

    CPAS négrier

    Il y a plus d’un an (26 mai 2002) une nouvelle loi (Van de Lanotte/Onkelinx) entrait en vigueur pour remplacer le minimex par un hypocrite «droit à l’intégration sociale».

    Cécile et Caroline

    Le CPAS est devenu un pourvoyeur de main-d’oeuvre au rabais et participe par là à la précarisation de l’emploi en général. La loi sur le minimex, de 1974, prévoyait l’octroi d’un revenu minimum à toute personne qui remplissait des conditions objectives (âge, nationalité, absence de ressources,…) et qui était disposée à travailler (une notion au départ moins contraignante que celle de la disponibilité sur le marché de l’emploi applicable en matière de chômage).

    Les aspects positifs de la loi de 1974 ont été anéantis par la loi de 2002. L’intégration sociale prend la forme d’un emploi et/ou d’un revenu d’intégration. Une pression financière est exercée sur les CPAS pour que ceux-ci poussent les allocataires à accepter n’importe quel boulot. Les CPAS sont sous-financés mais perçoivent une subvention du fédéral pour chaque personne mise au travail (à laquelle s’ajoutent des primes régionales, européennes, etc.).

    Comment le CPAS s’y prend-il pour contraindre à accepter aux allocataires des jobs précaires et mal payés? La nouvelle loi a remplacé le droit objectif (au minimex) par un «contrat» entre l’allocataire et le CPAS. Le contrat s’appelle «projet d’intégration». Bien entendu le rapport de force est inégal. Si la personne refuse le job proposé par le CPAS, elle perd l’allocation d’intégration sociale pour une période pouvant aller jusqu’à trois mois. C’est donc le retour au travail forcé!

    Quels «emplois» proposent le CPAS? Des travaux sub-alternes, généralement sans rapport avec les aspirations, les qualifications ou la vie familiale des intéressés. Ces derniers sont rémunérés au salaire minimum garanti et à durée déterminée. En fait le CPAS les met au travail juste le temps de cumuler l’ancienneté nécessaire pour émarger au chômage.

    C’est cela «l’intégration sociale»! Soit le CPAS engage des personnes ou les fait travailler dans le privé. Il peut même les faire travailler dans le cadre d’une «formation préalable», payée 1 euro de l’heure (en plus du revenu d’intégration sociale) et qui est exclue du champs d’application du droit du travail.

    Finalement, le CPAS joue le rôle «d’ORBEm ou de FOREm des plus pauvres» et ne propose que des petits boulots pré-caires là où on pourrait engager avec un vrai contrat et un vrai salaire.Les syndicats n’ont pas réagi à cette nouvelle précarisa-tion de l’emploi.

  • France: Front National, le 21 Mars 2004 sera t’il une réplique du 21 Avril 2002?

    Personne n’a oublié le choc qu’a été la présence de Jean Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle d’Avril 2002.

    Virginy Prégny

    Après deux semaines de manifestations et une pression médiatique énorme, Chirac était élu avec 82% des voix et était présenté comme le « sauveur de la République », le barrage contre le fascisme. Qu’en est-il aujourd’hui?

    Deux ans de politique ultra libérale et répressive plus tard, près de 1 français sur 4 se dit séduit par les thèses du FN et 28% ne seront pas choqués qu’un élu FN dirige leur région. Le Pen a de très sérieuses chances de remporter le siège de président de la région Provence Alpe Côte d’Azur (PACA), et il n’est pas exclu que des candidats FN obtiennent de gros scores, voire arrivent en tête dans certaines régions (n’oublions pas qu’en Mars 2002 Le Pen était en tête dans 9 régions sur 22 !) Et pour cause, la politique du gouvernement Raffarin –Sarkozy en terme de répression, d’immigration, d’attaques sociales contre les acquis des travailleurs ne peux que conforter ceux qui ont voté Le Pen à la présidentielle.

    Les raisons qui ont poussé de nombreux travailleurs à voter pour l’extrême droite sont toujours les mêmes, et les problèmes se sont aggravés. La gauche s’est définitivement rangée du côté des riches et des patrons, ne proposant aucune alternative crédible aux plus exploités par le capitalisme. Et quant à la droite elle mène la politique qu’elle avait annoncée, jetant dans la misère des milliers de travailleurs, de chômeurs, s’attaquant aux plus faibles de la société et menant une politique raciste.

    Le gouvernement Raffarin–Sarkozy a encore enrichi le terreau sur lequel pousse l’extrême droite : la misère. En l’absence d’un parti combatif qui impulse des luttes unifiant les travailleurs, en l’absence de réelle alternative sociale et économique à ce système barbare, c’est vers le FN que vont se tourner beaucoup de travailleurs déçus. Et Le Pen ne s’y trompe pas, son cheval de bataille pour les régionales sera d’appeler à sanctionner la politique de Chirac et de son gouvernement (pour ceux qui se déplacent encore pour voter !) sur le thème de « l’insécurité sociale ». Il s’adressera ainsi à tous ceux qui se sont fait licencier, ceux qui devront travailler encore plus pour une retraite de misère, les personnes âgées qui ont souffert de la canicule et qui craignent de ne plus voir leurs médicaments remboursés, aux chômeurs rayés des ASSEDIC, ceux qui risquent de perdre leur boulot parce que leur permis de conduire a été suspendu… et la liste est encore longue.

    Front républicain ou front de lutte des travailleurs ?

    Face à ce danger, les principaux partis font leur tambouille : qui va se désister en région PACA , et risquer de ne pas avoir d’élu pendant 6 ans ? Là n’est pas la question. La vraie question est de savoir comment réellement lutter contre l’extrême droite et ses idées.

    Ce n’est pas en faisant des alliances électorales pourries, ou en votant pour le moindre mal (comme en 2002) que l’on fera barrage au FN, mais c’est en s’en prenant à la racine du mal : à ce système économique qui exploite et divise les travailleurs pour engraisser une poignée de privilégiés. C’est en redonnant confiance aux travailleurs dans leur pouvoir de résister et de riposter contre ce gouvernement et tous ceux qui veulent les sacrifier sur l’autel du profit. C’est en donnant des armes politiques, en définissant clairement l’alternative au capitalisme que l’on attaquera profondément l’extrême droite. Tout comme en 2002, ce sont nos luttes qui pourront être les seuls barrages efficaces.

    Des luttes pour une société où l’économie est organisée et contrôlée par ceux qui produisent. Une économie planifiée pour satisfaire les besoins de tous et non les privilèges de quelques uns. Une société socialiste où les rapports humains seront basés sur la solidarité et non la concurrence.

    Cette société c’est à nous de lutter pour la construire, en votant pour les candidats anticapitalistes et surtout en s’organisant et en se mobilisant dans nos entreprises, nos écoles, nos quartiers contre le racisme, contre les licenciements, pour des services publics gratuits de qualité, pour une éducation ouverte à tous : contre le capitalisme, pour le socialisme.

  • France. Vers un nouveau parti pour les travailleurs en 2004?

    En ce début d’année 2004, l’alternative politique pour le monde du travail doit s’exprimer par la mise en avant de la nécessité d’un tel parti. Les listes Lcr-Lo sont créditées de plus de 10% dans les récents sondages.

    Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.

    Les travailleurs vont utiliser le bulletin de vote pour rejeter la politique du gouvernement et contester ceux qui, de la Gauche plurielle aux directions syndicales, les empêchent de lutter. Ce vote ne doit pas offrir aux travailleurs, aux jeunes et aux chômeurs un simple moyen de contestation politique mais aussi un débouché après les élections, une perspective de combat au quotidien.

    Le premier novembre 2003, la Ligue Communiste Révolutionnaire, lors de son congrès, a lancé un appel à “Rassembler la gauche anticapitaliste”. Cet appel propose la tenue de rencontres locales de débat et d’action ouvertes à toux ceux qui cherchent une alternative politique pour le monde du travail puis des Assises nationales fin 2004.

    Si cette volonté inscrite dans l’appel ne veut pas rester lettre morte, alors il ne faut pas attendre les résultats électoraux en juin 2004 pour la populariser et mettre en pratique. Découper les élections de la situation quotidienne des travailleurs serait faux et démobilisateur. Le débat serait abstrait et la participation sûrement limitée à un cartel d’extrême gauche, si pendant les mois de campagne électorale personne ne parlait de la nécessité d’un nouveau parti à une audience de masse.

    Un peu moins d’un an pour rendre vivante l’idée d’un nouveau parti des travailleurs?

    La LCR se démarque de plus en plus du programme socialiste. “Construire une grande force 100 % à gauche”, “ construire le parti des grèves ”, “ une grande force radicale ”, autant d’appellations floues traduisant une volonté de drainer tout ce qui erre à gauche de la gauche plurielle (réformistes, gauchistes, verts, etc.) dans un machin, une réunion de groupes politiques sans réelles structures ni principes. Ce qui est laissé à la porte, ce sont les fondamentaux du programme socialiste, c’est la masse des travailleurs.

    Arlette Laguiller par trois fois, en 95, en 2002 et en 2003 n’a pas réellement lancé le mot d’ordre de création d’un nouveau parti alors que les conditions objectives et subjectives de la classe ouvrière l’exigeaient. LO préfère s’enferrer dans une logique à la fois ultimatiste et électoraliste. LO reste arqueboutée sur son programme, refusant de concevoir le futur parti des travailleurs autrement que comme un “ parti communiste révolutionnaire ”. Bien sûr si un tel parti était formé nous lutterions pour que le programme de ce parti soit révolutionnaire. Mais nous n’en ferions pas une condition nécessaire à notre participation à un parti des travailleurs si l’on peut s’accorder sur une plate forme fondée notamment sur une orientation anticapitaliste et défendant les revendications des travailleurs.

    C’est pour cela que nous nous inscrirons dans toute initiative qui soit réellement en direction d’un nouveau parti des travailleurs, en y défendant non seulement des bases anticapitalistes mais également une perspective authentiquement socialiste. C’est ce combat que nous vous invitons à mener avec nous en nous rejoignant.

    Dès à présent, dans un climat de luttes très faibles, l’alternative politique doit se décliner dans la lutte contre tous les licenciements, contre les privatisations notamment d’EDF et de La Poste, pour la prise en mains des décisions par les travailleurs.

    C’est donc le moment de faire émerger un outil qui prolonge cette lutte sur le terrain politique. Les travailleurs ont besoin d’un parti ouvert à tous ceux qui s’opposent à la casse de nos conditions de vie et de travail, un parti qui s’oppose à tout ce qui dresse les travailleurs les uns contre les autres (racisme, sexisme, intolérance religieuse). L’extrême gauche en France est positionnée favorablement dans le renouveau du mouvement ouvrier organisé. Nous pouvons donc développer non seulement cette nécessité d’un parti mais aussi offrir la perspective du combat pour une société débarrassée réellement de l’exploitation capitaliste et de la misère, la perspective du socialisme. Mais pour cela, il faut saisir la situation politique sans plus attendre !

  • Faillite de la Sobelair. Les travailleurs laissés à leur détresse

    La faillite de la Sabena avait provoqué un choc important au sein du monde du travail: beaucoup de travailleurs y ont vu (avec raison) la conséquence de la privatisation et de la course au profit. Mais une partie plus large de la population avait été touchée et avait perçu la faillite de la Sabena comme la disparition d’un symbole national. Les travailleurs de la Sabena, et en particulier le personnel de cabine, avaient fait preuve d’une combativité résolue.

    Guy Van Sinoy

    Mais les directions syndicales n’étaient pas à la hauteur car elles n’avaient pas l’intention de mener une lutte de grande envergure pour sauvegarder l’emploi des travailleurs de la Sabena et des entreprises de sous-traitance. La manifestation nationale de solidarité organisée à Zaventem par les directions syndicales n’avait d’ailleurs pas eu pour but de lancer un mouvement de grèves allant en s’élargissant, mais seulement de montrer que les syndicats avaient «montré leur solidarité».

    Aujourd’hui les travailleurs de Sobelair sont bien seuls. D’abord parce que la Sobelair n’avait pas le prestige de la S-bena et qu’une large partie de la population n’accorde pas beaucoup d’importance à cette faillite. Ensuite parce qu’une partie des travailleurs de Sobelair sont des anciens de la Sabena et ont dû accepter une baisse de salaire de 25% pour être repris par Sobelair. Enfin parce qu’ils ont retenu de l’expérience de la Sabena que les directions syndicales ne sont capables de les soutenir qu’en organisant une manifestation symbolique au lieu de lancer une bataille pour le maintien de l’emploi avec une mobilisation d’autres secteurs.

    Le désarroi des travailleurs licenciés chez Sobelair fait peine à voir. A la fois ils dénoncent les manoeuvres de leur patron, l’affairiste Bruno Vastapane, tout en s’accrochant désespérément aux belles paroles des curateurs. Voir les travailleurs de la Sobelair applaudir les curateurs au lendemain de la faillite donne la mesure de leur désarroi. Nous ne sommes pas les apôtres de la violence. Mais il suffit de se rappeler la manière dont quelques travailleurs des Forges de Clabecq, poussés à bout par les huissiers qui les harcelaient, avaient traité les curateurs des Forges pour voir le gouffre qui sépare les travailleurs de la Sobelair de ceux de Clabecq. A Clabecq l’incident avec les curateurs n’avait rien arrangé: au contraire car les médias s’étaient jetés sur cet incident pour criminaliser les travailleurs des Forges et en particulier leurs délégués FGTB qui menaient le combat sur tous les fronts: contre les patrons, le gouvernement wallon et la bureaucratie syndicale. Les travailleurs des Forges de Clabecq avaient cependant compris que les curateurs ne sont pas là ni pour défendre l’emploi ni le sort des travailleurs mais pour solder l’entreprise et payer les créanciers. Dans le camp patronal, les vautours se pressent autour de la Sobelair pour la dépecer et acquérir à vil prix l’un ou l’autre bon morceau. Dans le camp syndical, les dirigeants syndicaux se font discrets.

    Partout dans le monde les travailleurs de l’aviation civile sont soumis à une dégradation brutale de leurs conditions de travail et de rémunération. Ainsi chez Ryanair le personnel de cabine doit nettoyer l’habitacle lors des escales. Dans son livre «Mike contre-attaque» (Stupid White Man), Michael Moore dénonce le fait que les pilotes d’American Eagle, une filiale d’American Airlines, ne gagnent que 16.800$ par an (soit l’équivalant 1.12O euros par mois!). La bourgeoisie, les gouvernements, le Fonds Monétaire International ne cessent d’invoquer le respect d’une logique: la rentabilité économique (le profit) des en-treprises. Mais les travailleurs ont une autre logique économi-que à respecter: celui de faire vivre leur famille! Dans cette bataille il n’y a pas d’espace pour une position intermédiaire entre les deux camps: soit on accepte avec résignation la logique capitaliste qui vous broie, soit on mène avec l’ensemble des travailleurs une résistance acharnée contre l’exploitation. Mais cette résistance ne peut être menée à bien qu’à deux conditions: renforcer le mouvement syndical à la base et y mener une lutte sans merci contre les dirigeants syndicaux qui acceptent la logique capitaliste.

  • Austérité pour le monde du travail

    Maximum à facturer pour les gros utilisateurs industriels d’énergie

    Les gros utilisateurs industriels font la bonne affaire

    Après le durcissement du contrôle des chômeurs, l’introduction d’un maximum à facturer pour la consommation d’électricité est de loin la mesure la plus importante du conclave. Les 25 plus grosses entreprises paient ensemble 40% de la facture totale de l’énergie en Belgique. Puisque l’industrie achète l’électricité à des tarifs inférieurs à ceux des particuliers, cela signifie que ces 25 entreprises consomment largement plus de 40% de la consommation totale d’électricité en Belgique. Le gouvernement veut rémunérer cela en «plafonnant» les taxes sur la consommation d’énergie. 145.000 entreprises vont en profiter, parmi lesquelles la SNCB. Etant un service public, la SNCB payait annuellement 2 millions d’euros en taxes sur l’électricité. Maintenant que l’entreprise va être scindée en vue de la libéralisation et de la privatisation, ce qui était impossible à discuter auparavant devient possible: la SNCB ne paiera plus que 250.000 euros au maximum en taxes sur l’électricité.

    C’était prévisible! La coalition violette ne tient pas debout. On cherche à grand peine une politique commune. En revanche, les annonces ministérielles pleuvent, les unes plus irréalistes que les autres (les Jeux Olympiques en Belgique, les trains gratuits,….). Il était donc temps pour le Premier ministre Verhofstadt d’impulser une dynamique de groupe. Le gouvernement a donc fait une retraite, le temps d’un week-end, dans une ferme château à Gembloux. Après ce week-end, les organisations patronales n’ont pas ménagé leurs éloges tandis que les syndicats affichaient leur déception. Et pour cause !

    Eric Byl

    Victoire libérale

    Tous les observateurs sont d’accord: les libéraux sont sortis vainqueurs du conclave. C’était nécessaire du point de vue du gouvernement. Le fait que la Belgique avait été critiquée internationalement pour la croissance des impôts sous la coalition violette doit surtout avoir été dur à avaler pour les partis «anti-impôts», le VLD et le MR. De plus, l’image de marque du bon père de famille, que le gouvernement aime à se donner, a été mise à mal par le Fonds Monétaire International. Le FMI a donné un avertissement au gouvernement pour la façon dont il a équilibré son budget. Le FMI aimerait voir remplacer la reprise des pensions de Belgacom et la vente de bâtiments par des mesures plus structurelles.

    Ensuite, il y eut les bricolages successifs de la déclaration libératoire unique (DLU), autrement dit de l’amnistie fiscale. A l’origine, celle-ci devait s’appliquer à partir du 1er janvier 2004. L’ordonnance d’application a été coulée par le Conseil d’Etat. Le cabinet du ministre des Finances Reynders a tenté d’arranger la chose, mais la nouvelle ordonnance est tellement ambiguë que les banques conseillent à leurs clients d’attendre encore un peu. Bref: l’ordonnance ne vaut rien.

    Tant de bévues devaient inévitablement mener à des grognements et à de la nervosité sur les bancs libéraux. Le VLD voit s’exprimer, depuis quelques semaines, sinon quelques mois, des voix dissidentes fortes sur son aile droite. Cela a commencé avec l’ancien ministre Daems, qui a déclaré à l’hebdomadaire populaire Dag Allemaal que la fraude sociale était pire que la fraude fiscale, tout en trônant sur le perron de sa luxueuse villa. Cela a continué avec la flibuste menée par Coveliers sur le droit de vote des immigrés, sa démission comme dirigeant de la fraction VLD au Sénat et sa menace de démissionner du parti. Puis ce fut à nouveau Dewael, qui a lancé à mauvais escient le débat sur le foulard. Enfin le VLD a été obligé d’exclure Claudine De Schepper, parlementaire anversoise, pour son adhésion au Comité contre le droit de vote des immigrés, lancé et contrôlé par le Vlaams Blok. Aller aux élections d’une manière aussi divisée et peu crédible n’était pas possible pour Verhofstadt et le VLD et, dans une moindre mesure, le MR. Ils avaient besoin de concessions pour apaiser leur aile droite et pour augmenter leur crédibilité. C’était là le véritable objectif de Gembloux.

    Un maigre résultat?

    "Quand les libéraux obtiennent un succès, alors c’est bien aussi pour les socialistes"

    (Steve Stevaert, président du SP.a)

    Selon la presse, en fin de compte peu a été décidé: de vieilles décisions ont été confirmées, d’autres reportées. Se-lon l’hebdomadaire Knack: «Il faut encore attendre le grand projet de société dont Guy Verhofstadt parlait dans ses Manifestes du Citoyen. Quel projet? «Le gouvernement sait pourtant que la même tâche l’attend que celle qui a déjà commencé dans les pays voisins, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Il s’agit de la réorganisation complète de notre sécurité sociale et du marché de travail.» Voilà qui est très clair, mais les journalistes pensaient-ils vraiment que le gouvernement annoncerait cela publiquement moins de six mois avant les élections?

    Qu’est-ce qui est alors sorti de Gembloux? Toutes sortes de cadeaux aux patrons sous la forme d’une réduction des charges sur le travail de nuit et le travail en équipes, de la possibilité de faire travailler le personnel des magasins le dimanche et de l’assouplissement de la loi sur l’implantation des centres commerciaux, d’une plus grande réductibilité des déjeuners et des dîners d’affaires. Le plus grand cadeau est le maximum à facturer sur l’utilisation d’électricité par les grands entreprises (voir cadre).

    Comme les petits indépendants s’opposent à la révision de la loi sur l’implantation des surfaces commerciales en faveur des grandes surfaces et à l’élargissement du travail de dimanche, le gouvernement leur offre en compensation un statut social meilleur… qu’ils payeront eux-mêmes au travers de cotisations plus élevées. Le gouvernement veut aussi réduire la TVA de 21% à 6% dans le secteur Horeca (mais ceci doit encore être approuvé par l’Europe). Bref: les libéraux ont obtenu les succès qu’ils voulaient.

    Il se peut que les succès des libéraux soient bien aussi pour certains «socialistes», surtout ceux qui – comme Stevaert – sont patrons d’une chaîne de cafés. La majorité des socialistes – et les travail-leurs qui ont été il y a long-temps «représentés» par eux – devront malheureusement constater que le gouvernement n’a pas seulement été géné-reux avec la santé des travailleurs – en impulsant le travail en équipe, le travail de nuit et le travail du dimanche – mais qu’il sera aussi de plus en plus difficile d’être malade ou vieux. En effet, pour favoriser l’engagement de travailleurs à bas salaires, le gouvernement à décidé de «donner» un «bonus crédit d’emploi». Ce-lui qui gagne moins de 1.956 euros brut par mois paiera moins de cotisations sociales, celui qui gagne moins de 1.095 euros brut n’en paiera même plus. Ainsi nous gagnerons plus en net, mais que se passera-t-il quand nous serons malades, licenciés où retraités? Nous devrons payer de notre propre poche parce que la baisse des cotisations sociales aura ruiné la sécurité sociale. Ainsi le gouvernement reprendra (largement) d’une main ce qu’il a donné de l’autre.

    Les chômeurs dupés

    Selon Alfons Verplaetse, l’ancien gouverneur de la Banque Nationale, la tâche de ce gouver-nement et de ses successeurs est comparable à celle de Wilfried Martens pendant les années 80. Les gouvernements de cette époque ont appliqué de lourdes mesures d’austérité. Durant cette période, les salaires ont baissé en moyenne de 15% et les allocations de 20% en moyenne. Simultanément la productivité des travailleurs est devenue une des plus élevées au monde. Les profits ont battu tous les records, la dette publique a triplé. En bref, ce fut un transfert massif de moyens financiers des pauvres vers les riches.

    C’est ce que le FMI, la Banque Nationale, la FEB et com-pagnie attendent aujourd’hui du gouvernement: un carnage social en limitant dans le temps le droit à une allocation de chômage et en allongeant la durée moyenne d’une carrière professionnelle. Les décisions concernant ce dernier point ont été reportées jusqu’après les élections. Nous pouvons deviner pourquoi. Le droit à une allocation de chômage n’a pas été officiellement limité dans le temps. Mais, en pratique, cela reviendra au même par la centralisation accrue du contrôle des chômeurs par l’ONEm fédéral au détriment des services d’emplois régionaux, l’ORBEm, le FOREm et la VDAB.

    Contrairement aux services d’emplois régionaux, qui accompagnent les demandeurs d’emplois dans leur recherche d’un emploi et essaient d’éviter une suspension, l’ONEm est purement un mécanisme de contrôle. Après 18 mois en moyenne de chômage, tous les demandeurs d’emploi seront obligés de prouver à l’ONEm qu’ils ont activement recherché du travail. Celui qui ne pourra prouver «suffisamment d’efforts» sera définitivement suspendu après trois convocations. Il faudra démontrer au moins 312 journées de travail dans une période de 18 mois pour avoir de nouveau droit à une allocation. Knack appelle cela «une percée de principe pour limiter le chômage dans le temps». Cette mesure asociale sera aussi appliquée aux chômeurs âgés (50 ans et plus). On comprend après tout cela pourquoi petits et grands patrons crient victoire… et pourquoi, à gauche, il vaut mieux être patron de café(*) que chômeur!


    (*) Steve Stevaert, président du SP.a, est patron de café.

  • Foulard. Quelques arguments contre une loi excluant les jeunes musulmanes de l’école publique

    Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.

    Ne faut-il pas défendre l’école publique et laïque ?

    On nous présente souvent la laïcité comme la neutralité à l’école où il ne faudrait aucun insigne religieux, politique, philosophique, etc. Autrement dit ce serait un sanctuaire qui préserverait les enfants des bagarres que se livrent les adultes. Raisonnons cinq minutes. Est-ce que ce gouvernement défend vraiment la laïcité en général ? Non. Dans sa campagne il ne s’élève à aucun moment contre le fait qu’en Alsace on trouve des croix sur les murs des écoles, que des aumôniers payés par l’Etat y enseignent… Ensuite l’année scolaire est organisée autour de la religion même pas chrétienne mais catholique : fêtes religieuses, congés scolaires organisés selon cette religion. Ajoutons que l’état subventionne les écoles privées.

    En vérité il s’agit bien d’une attaque contre les musulmans et ça fait partie du contexte actuel où on montre les musulmans du doigt comme une secte à part, qui aurait la "mauvaise religion", la plus "intolérante". De telles exclusions justifient la multiplication d’écoles coraniques privées et entame l’idée d’école laïque encore plus. Ces propositions racistes et les mesures adoptées par tous les gouvernements viennent du contexte de ségrégation depuis le 11 septembre. Celui-ci a ouvert la voie à ce genre de mesures, depuis la prétendue lutte contre le terrorisme, le "danger intégriste"…sous la pression de l’aile la plus réactionnaire de la droite.

    Ce gouvernement fait ça pour la défense des femmes…

    D’abord la liberté ne s’impose pas mais se conquiert. Depuis quand ce gouvernement lutte t-il contre l’oppression des femmes ? Il facilite des plans de licenciement mettant à la rue beaucoup de salariés, dont une bonne partie sont des femmes (contraintes alors ensuite à la dépendance du foyer). En finançant les établissements catholiques, il contribue à créer le contexte anti-femmes puisque ce genre d’écoles refuse les distributeurs de préservatifs, combat toute information sur la contraception…ou l’avortement. Même dans certaines écoles publiques, cela est remis en cause. Ce gouvernement veut tellement défendre les femmes qu’il expulse un bon nombre de sans-papières, les renvoyant dans leurs pays où elles risquent parfois, la prison familiale ou le mariage forcé…

    Le voile n’est-il pas un signe d’oppression ?

    Evidemment, le voile est un signe de l’oppression de la femme car il suggère que la femme doive se soumettre de manière visible. Mais c’est leur droit et ça n’est pas moins oppressif que les discours qui disent que la femme doit être avant tout désirable. Comment lutter alors contre cette oppression ? Certainement pas en les excluant. La logique de la gauche (qui utilise le plus l’argument de défense des femmes) revient à dire que c’est pour leur bien qu’on les exclut et que les laisser venir à l’école ne les aiderait pas à fuir le poids réactionnaire de leur environnement. Et les virer, c’est quoi ? En les expulsant, on les renvoie dans le carcan du foyer et on les condamne à être enfermées dans le cadre familial où le poids de la religion est plus lourd, avec parfois les grands frères ou pères qui jouent les flics au sein de la famille. Laisser venir ces jeunes filles à l’école, même voilées, c’est au moins leur permettre d’évoluer et de s’instruire, grâce à ce qu’il reste de qualité à l’enseignement. Enfin, pour la libération de la femme, il ne suffit pas simplement qu’une jeune fille puisse se mettre en mini jupe pour être émancipée. Quant aux raisons de le porter, le défi face à la société de ségrégation est l’un d’elles, il est donc urgent de renforcer la lutte contre le racisme. Seul le combat contre le racisme montrera aux jeunes qu’il n’y a pas besoin de la religion en tant que refuge mais qu’il faut lutter.

    Le mieux serait alors d’interdire tous les insignes politiques, philosophiques ou religieux car la loi concernerait tout le monde… C’est la position souvent annoncée par des partisans sincères de la laïcité. Mais une telle position reviendrait à expulser par dizaines de milliers des élèves de l’enseignement public. Car hormis la question du voile, on ne connaît pas tous les signes "ostensibles" dont parle ce gouvernement. On pourra éventuellement se faire expulser parce qu’on est communiste, parce qu’on portera un keffieh palestinien, un badge du Ché, un t-shirt Malcolm x ou encore parce qu’on aura une coupe de rasta ou des cheveux verts…La vraie position juste est de lutter pour la liberté totale d’expression et d’association pour tous les élèves, y compris vestimentaires, droits en partie arrachés par les luttes. L’école n’est pas un domaine particulier isolé de la société, la liberté d’expression et de conscience doit donc y être respectée.

    Et la neutralité de l’école, qu’en faites-vous ?

    On accuse souvent ces filles de mettre en cause la neutralité de l’école. Mais elle n’a jamais été neutre et ne peut pas l’être. Les manuels scolaires d’Histoire et d’instruction civique n’ont -ils pas toujours enseigné en concordance avec l’idéologie dominante ? En effet, l’Histoire de France dans les manuels scolaires n’a t-elle pas été enseignée en accentuant l’importance et la légitimité de l’empire français. Jules Ferry ne parlait-il pas alors de "devoir de civilisation des races supérieures" ? L’école n’est pas neutre. Cette prétendue neutralité sert à masquer l’idéologie dominante et à nous endoctriner pour que ce système tienne et soit adopté par tous.

    Mais l’intégrisme islamiste est très réactionnaire…

    La seule façon de combattre à la fois l’oppression et l’influence de l’intégrisme est de proposer une vraie alternative qui respecte chacun. Pourquoi l’Islam serait-t-il plus réactionnaire que les autres religions ? Il ne faut pas tomber dans ce piège car les arguments sur "l’Islam qui menace la civilisation de l’occident" de ce gouvernement sont racistes. Rien ne permet de dire que les filles expulsées sont intégristes ou de famille intégriste hormis quelques cas minoritaires. Leur exclusion est une attaque discriminatoire déguisée. Le plus juste est de défendre le droit de ces jeunes filles à l’école publique.

    Ce genre de campagne contre l’intégrisme musulman ou le "danger intégriste" nous fait aussi oublier un autre intégrisme, l’intégrisme catholique bien présent de ces gens qui manifestent contre le PACS, les droits de la femme tels que l’avortement ou la contraception, parfois violemment. Aucune campagne n’a été menée contre eux.

    La défense de la laïcité exige deux critères : la séparation complète des institutions religieuses et de l’état et une seule école publique et gratuite. Aucune condition n’est réalisée pleinement en France, pays pourtant considéré comme laïc. La laïcité ne concerne pas les élèves mais l’institution scolaire. Ça signifie au contraire la plus grande liberté d’expression et d’organisation pour tous les lycéens. Nous sommes pour que toutes les personnes, qu’elles soient athées, agnostiques, musulmanes, chrétiennes, juives, etc.…aient leur place en un seul système éducatif public et gratuit. Mais parce que cette idée se heurte aux institutions étatiques de ce système, la vraie laïcité passe par le renversement du capitalisme.

  • Bologne: Cheval de Troie de la privatisation

    Ces dernières semaines, plusieurs manifestations se sont déroulées contre le décret Dupuis, du nom de la ministre PS de l’Enseignement supérieur. Mercredi 12 novembre, 12.000 grévistes (personnel et étudiants des Hautes Ecoles flamandes) se sont rassemblés à Bruxelles.

    Nicolas Croes

    Le jeudi 11 décembre, 15.000 étudiants des hautes écoles francophones ont manifesté à Bruxelles. Peu avant, des milliers d’étudiants ont manifesté à Liège et à Mons pour exprimer leur colère, entre autres devant les bureaux du PS. Le décret de Dupuis vise l’application en Communauté française des accords internationaux de Bologne.

    Les principaux mots d’ordre des étudiants des hautes écoles mettaient en avant la différence de niveau probable, à l’avenir, entre écoles supérieures et universités. En effet, si le décret prévoit de porter le nombre d’années d’études universitaires à 5 ans au lieu de 4, rien n’est prévu pour les hautes écoles, qui garderaient des cycles de 3 ou 4 ans. Ces étudiants craignent donc que leurs diplômes ne soient dévalorisés sur le marché de l’emploi, et font de l’augmentation du temps d’études leur principal slogan. Cependant s’ils se prononcent contre le décret Dupuis, ils ne remettent aucunement en cause les accords de Bologne. Et pourtant…

    Par exemple, un des grands axes de Bologne est la mobilité, prévoyant d’encourager les études à l’étranger, valorisées par un système de points additionnels sur le diplôme (ECTS). Mais rien n’est prévu pour financer ces voyages. Tout favorisera donc les étudiants aisés… De plus, outre la disparité entre les différentes institutions d’enseignement, l’harmonisation prévoit surtout un enseignement orienté aux besoins du marché, donc dans lequel le patronat aurait beaucoup plus à dire.

    La législation européenne prévoit que nul secteur ne peut être privatisé s’il ne répond pas à deux critères: fournir la preuve que ce secteur peut être fonctionnel sans une intervention de l’Etat et s’assurer que ce secteur produit des marchandises exportables. En ce qui concerne l’enseignement sans aide de l’Etat, les écoles supérieures privées anglaises, très élitistes, montrent qu’elles peuvent très bien se passer d’une intervention de la communauté, leurs étudiants étant issus de milieux (très) aisés. Par contre, l’enseignement supérieur ne produira pas de diplômes exportables, tant que Bologne ne sera pas mise en application. Bologne signifie augmentation du minerval, diminution de la qualité des études, disparition de certains secteurs "non rentables", diminution de crédits pour d’autres "moins rentables",… Cette longue liste nous rappelle la situation dans d’autres secteurs privatisés. C’est pourquoi nous devons lutter tous ensemble.

  • Situations à l’américaine dans l’enseignement

    CELUI QUI lit "Mike contre-attaque" de Michael Moore trouve au cinquième chapitre un aperçu peu flatteur des situations intolérables dans l’enseignement américain.

    Kristof Bruylandt

    Infrastructures dangereuses, surpopulation, assujettissement du contenu des cours à la commercialisation sous l’effet du sponsoring, endoctrinement, personnel mal rémunéré et élèves démotivés. Celui qui pense que cela ne se passe qu’aux USA se trompe. Car chez nous ces situations sont aussi de plus en plus fréquentes.

    Un tas d’écoles belges ne sont pas à la hauteur des réglementations de sécurité, mais elles ne sont pas fermées car on manque de bâtiments. Dans certaines écoles, le nettoyage est même effectué par les enseignants. Ces derniers ne sont pas dédaigneux vis-à-vis de ce type de travail, mais le nettoyage ne fait pas partie de leurs tâches et en outre le personnel de nettoyage voit disparaître ses emplois.

    Entre-temps, différents groupes d’écoles proposent maintenant, après la privatisation des cantines, la sous-traitance du nettoyage aux firmes qui embauchent des nettoyeuses intérimaires qui "ne sont jamais malades". Les syndicats ont des arguments valables contre cette dégradation des conditions de travail, mais n’ont aucune stratégie pour s’opposer à cela. Dans beaucoup d’écoles ils donnent même leur aval "parce que il n’y a pas suffisamment d’argent pour continuer à payer une équipe de nettoyage avec une enveloppe beaucoup trop limitée."

    Sous prétexte d’autonomie locale, l’enseignement est impitoyablement mis sur la voie de la privatisation. Les enseignants syndiqués qui invoquent les conventions collectives pour s’opposer à la surcharge des tâches supplémentaires (ex: une colle le mercredi après-midi) doivent faire face au discours de la direction qui invoque la position concurrentielle de l’école. Les stagiaires qui ne plaisent pas au directeur qui n’ont pas suffisamment "l’esprit maison" sont écartés sous prétexte qu’ils nuisent à la réputation de leur établissement.

    Des profs de travaux pratiques sont mis sous pression par la direction pour qu’ils produisent pour des clients (par exemple des imprimés) au lieu d’apprendre aux élèves de nouvelles techniques. Et bien que la Constitution proclame que l’enseignement est gratuit jusqu’à l’âge de 18 ans, les parents doivent supporter chaque année des frais scolaires de plus en plus lourds. Dans certains établissements, les élèves doivent même payer pour l’accès à Internet.

    En Communauté française, le ministre de l’Enseignement secondaire, Pierre Hazette (MR) a lancé l’idée d’imposer aux professeurs du libre qui voudraient passer dans l’officiel subventionné une formation de 20h à la *neutralité+, ce qui, d’après Pierre Hazette, *ne serait pas un cours mais une formation à l’esprit de tolérance et à certaines valeurs qui feraient outre des conceptions idéologiques ou religieuses des enseignants, dans un but de neutralité indispensable à l’école publique+. En clair, cela signifie dépenser de l’argent pour former la main-d’oeuvre à la non-critique tout en maintenant par une autre voie les barrières liées à l’origine des diplômes, et ce alors que la pénurie d’enseignants est plus que jamais d’actualité.

    Le projet a finalement été revu, et ces cours de neutralité seront insérés dans la formation initiale de tous les futurs profs. On constate un réel refus de remédier aux vrais problèmes, tout en continuant d’appliquer les mesures d’austérité par la petite porte. Ainsi le même Pierre Hazette veut *apporter du renfort aux directeurs d’école+ par le système des titres-services, via les ASBL liées aux écoles. Autrement dit augmenter la flexibilité en favorisant une filière qui créerait de nouveaux sous-statuts dans l’enseignement. Les négociations salariales, quant à elles, sont en cours. Les syndicats exigent une augmentation des salaires de 10% en 7 ans. Mais ces revalorisations salariales ont une fâcheuse tendance à être écartées par la politique, qui préfère miser sur une nouvelle attaque sur les fins de carrière en instaurant un système de départ régressif à la retraite exprimé en 1/5 temps (au lieu de mi-temps ou temps plein), ceci afin de dissuader les vétérans de décamper.

  • STIB: construire le rapport de forces

    Les travailleurs de la STIB (tram, bus et métro bruxellois) et leurs organisations syndicales ont mené deux journées d’actions réussies les 6 et 12 décembre. Le samedi 6 les conducteurs ont fait rouler les bus, trams et rames de métro sans faire payer les passagers. Le vendredi 12 une grève de 24h a paralysé l’ensemble du réseau.

    Guy Van Sinoy

    L’étincelle qui a mis le feu aux poudres est l’arbitraire avec lequel la direction entendait distribuer, de façon inéquitable et uniquement au personnel du métro, une prime de certification (la prime allait de 200 euros à plusieurs milliers d’euros selon que l’on était conducteur de rame ou cadre de haut vol). Rien n’avait été négocié avec les syndicats. Lors des assemblées syndicales préparatoires aux deux journées d’action, la revendication d’une prime égale de 200 euros pour l’ensemble des 6.000 travailleurs de la STIB a émergé.

    Le 12 décembre, aux piquets à l’entrée des différents dépôts, le ras-le-bol des travailleurs éclatait: "La prime de 200 euros, ce n’est pas le plus important. On en marre des conditions de travail qui empirent: un conducteur n’a plus le temps de souffler pendant sa journée de travail. La montée des passagers par l’avant (une mesure qui vient d’être instaurée sur certaines lignes de bus) va faire perdre du temps. Au métro les conducteurs devront prendre leur service directement à l’une ou l’autre station sur le réseau. Jusqu’à présent ils commençaient par pointer au dépôt. Désormais le temps pour se rendre à la station de prise de service ne fera plus partie du temps de travail (surtout si on fait des services coupés) et on n’a plus l’occasion d’avoir le contact avec les collègues au dépôt. De plus il est prévu que l’entretien des nouveaux trams soit confié à des firmes de sous-traitance".

    D’autres sujets revenaient aussi sur le tapis: le mécontentement à propos de la dernière convention signée par les permanents syndicaux et les premiers délégués de dépôt, sans informer les travailleurs et contre l’avis de la majorité des délégués. Le calcul du temps de travail sur une moyenne annuelle va faire perdre des jours de récupération à certains conducteurs et suscite une grande méfiance. L’assurance-groupe auprès d’une compagnie d’assurances privée rencontre aussi une large opposition à la base.

    Au cours des semaines précédant la grève, le MAS/LSP a diffusé simultanément sur quasi l’ensemble des dépôts un bulletin d’information critique réalisé par des travailleurs de la STIB. Il est certain que ce petit bulletin, malgré les conditions modestes dans lesquelles il a été réalisé, a fait réfléchir et a apporté sa pierre au mouvement.

    Mais rien n’est encore gagné. A quelques mois des élections sociales, il faut craindre que les appareils syndicaux n’organisent la surenchère et la division entre syndicats.

    Les travailleurs n’ont que faire des divisions. Ils ont besoin d’unité comme de pain! Des assemblées générales dans les dépôts de tous les travailleurs peuvent souder le personnel et faire reculer les plans de la direction d’aller vers plus de flexibilité et vers une semi privatisation.

  • Prépensions. Lettre à Frank

    Cher ministre de l’Emploi et des Pensions,

    J’ai lu que tu vas commencer un débat sur l’avenir des prépensions et d’autres systèmes de pensions anticipés. Mais les élections sociales, européennes et régionales doivent d’abord être passées. Tu dois d’abord être sûr d’une victoire étourdissante des partis de la coalition violette, il faut d’abord répartir les postes et puis… il faut tirer des conclusions.

    Johan Douveren

    Parce que tu nous a avertis: "Sans une réforme profonde de notre marché de travail nous ne pouvons pas garder notre niveau de prospérité ". Le système des prépensions est donc en haut de la liste des choses à grignoter. Oui, je veux dire grignoter. Parce qu’il y a aussi une pression de l’Europe de bouffer le système en une fois. Mais viens, tu veux goûter. Peu à peu tu vas t’attaquer aux prépensions… jusqu’à un certain jour où les gens ne pourront plus jouir de la pré-pension lors d’une fermeture d’entreprise.

    Le grignotage a commencé. Cher Ministre, tu désires de nous que l’on travaille tous plus longtemps afin de continuer à pouvoir payer les pensions. Et nous devons construire notre carrière de façon plus flexible. Un de tes collègues libéral dit même que chaque homme/femme doit devenir le manager de son ou de sa propre carrière.

    Beaucoup de jolies phrases, mais que va-t-il se passer si la crise économique continue à ramper et si toi et tes amis violets continuez entre-temps de grignoter la sécurité sociale… Peut-être qu’une grande couche de la population devrait commencer à gérer leur vie dans la pauvreté? Je suis trop grossier? Probablement. Mes excuses, monsieur le Ministre, parce qu’ils disent que tu es le plus intelligent de la classe et le plus brave selon Yves Desmet du journal De Morgen. Le plus brave, parce que tu oses parler de la problématique du vieillissement et de la brève durée de travail des Belges, qui sont les causes pour lesquelles notre sécurité sociale est mise sous pression.

    Est-ce que ça demande tant de courage de chercher une solution en coupant dans les droits acquis des travailleurs, pendant que les profits de ceux qui ont vraiment le pouvoir restent intacts. Nous devons avoir le courage d’ouvrir véritablement le débat. Nous devons oser poser chaque question. Tout le monde se focalise sur le vieillissement, mais notre sécurité sociale n’est-elle pas sous pression parce que notre type d’économie est sous pression?

    Pourquoi dans ce débat ne parle-t-on jamais d’une économie des besoins au lieu des profits? Pourquoi crois-tu tellement dans une troisième voie (un marché libre avec des petits côtés sociaux) si tu sais (comme tu es le plus intelligent de la classe) que pendant une crise économique les côtés sociaux sont coupés avec les ciseaux du petit groupe qui a beaucoup de pouvoir?

    Ton président de parti appelle les socialistes qui choisissent la troisième voie des socialistes "modernes". Les socialistes qui ne choisissent pas cette voie sont nommés des "vieux" socialistes. Bien, monsieur le Ministre de l’Emploi et des Pensions, le MAS/LSP est en train de se construire avec beaucoup de "vieux" travailleurs, lycéens et étudiants,… pour un socialisme combatif. Le MAS/LSP lutte pour le maintien des prépensions, pour une pension complète à l’âge de 60 ans pour tous les hommes et les femmes, contre la privatisation du système de pensions, pour le rétablissement total de l’index et contre l’érosion des pensions d’état.

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