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  • Bas les pattes des prépensions!

    Là où certains verraient un bien, les patrons font mine de vouloir prévenir une catastrophe. L’Union européenne martèle en effet depuis des années que les taux d’emploi en Europe sont trop faibles par rapport à ceux des principaux pays concurrents. Résultat : partout, l’âge de départ à la retraite, le montant de la pension, les durées de cotisation,…sont modifiés systématiquement au détriment des salariés. Mais si les taux d’emploi sont trop faibles, pourquoi ne pas engager les dizaines de milliers de jeunes qui aboutissent au chômage chaque année?

    Cédric Gérôme

    En Belgique aussi, cela fait maintenant plus d’un an que gouvernement, patrons et médias balaient idéologiquement le terrain pour s’atteler au rallongement de l’âge de la retraite et au tronçonnage de nos prépensions. Sur le ton d’un alarmisme démesuré, tous se rejoignent pour affirmer que « si on veut que le système de pensions et celui des soins de santé restent viables, il faut augmenter le taux d’emploi des actifs sous peine d’être obligé de relever les cotisations sociales à un niveau intenable » (La Libre Belgique, 09/04/2005). Comme s’il ne s’agissait que d’un problème technique, sans conséquences pour l’ensemble de la société.

    Le phénomène du « papy-boom » sert dans ce débat d’argument massue, et prétend donner à ces affirmations un caractère incontestable. Cependant, même si le vieillissement de la population est réel, on occulte sciemment le fait qu’en Belgique comme ailleurs, la productivité a considérablement augmenté elle aussi; par conséquent, non seulement il y a suffisamment d’argent pour payer les pensions, mais il y en a même plus qu’avant. Le tout est d’aller le chercher là où il se trouve : dans les poches des grands patrons et des actionnaires. Electrabel affiche un bénéfice net de près d’un milliard d’euros. Fortis est en tête du classement avec un bénéfice de 3,358 milliards d’euros. Tandis que les profits des entreprises ont explosé au cours de ces dernières années, les travailleurs ont vu leur part du gâteau fondre comme neige au soleil. Et c’est de nouveau à eux que l’on demande de « faire des sacrifices »… Pas étonnant qu’en Grèce, en Autriche, en France et en Italie, la réforme des pensions ait provoqué des mouvements de masse, y compris des grèves générales. Solide leçon pour le gouvernement belge qui, après les nombreuses grèves et mouvements de lutte de ces derniers mois, marche sur des œufs. L’objectif du gouvernement et du patronat est d’augmenter de cinq ans l’âge effectif de la sortie de carrière, ainsi que de porter un premier coup de sabre aux prépensions. Mais la manière d’appliquer cette nouvelle offensive sur les acquis des travailleurs ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement. Voilà pourquoi le débat sur les fins de carrière est de nouveau reporté, pour la conférence de printemps qui aura lieu en mai. Certains n’hésitent pas à faire preuve d’une démagogie sans borne pour faire avaler la pilule aux travailleurs.

    C’est le cas de cet économiste de l’UCL, Sergio Perelman, qui affirme que « Si on remet les vieux sur le marché du travail, il y aura un effet bénéfique pour toute l’économie et donc sur l’emploi des jeunes». Effets bénéfiques? Un rapport publié par l’Organisation internationale du travail (OIT) révèle que le nombre de travailleurs morts dans l’exercice de leur métier dépasse, par an, les deux millions.

    Plutôt que de retarder l’âge de la retraite, il faut faciliter l’emploi de tous durant la vie active et permettre aux plus âgés de couler leurs vieux jours dignement. Mais pour cela, il faut changer de politique. Notamment en partageant le travail entre tous, avec maintien du salaire. Il faut stopper l’attaque contre les pensions et les prépensions. Aux côtés de syndicats combatifs, il faut un parti doté d’un vrai programme socialiste. C’est ce que nous construisons avec le MAS-LSP. Rejoignez-nous dans ce combat!

  • Partis et syndicats

    Le Premier Mai, fête internationale des travailleurs est l’occasion de revenir sur les relations entre partis et syndicats. En Belgique, le premier mouvement syndical a été créé par le Parti Ouvrier Belge (POB). Tout membre du syndicat était automatiquement membre du POB. C’est notamment à travers cette dépendance que les dirigeants réformistes du POB (Vandervelde & Cie) sont parvenus à canaliser, puis à contrôler les grèves générales. Le syndicalisme chrétien a été érigé, dans un premier temps, comme syndicat antisocialiste. Mais la lutte de classes en a fait progressivement un syndicat ouvrier.

    Guy Van Sinoy

    La création de la FGTB, après la Deuxième Guerre mondiale, a rassemblé plusieurs courants : socialistes, communistes, renardistes. Formellement la FGTB est devenue indépendante du PSB. Mais progessivement, la social-démocrate a repris le contrôle de l’appareil de la FGTB, totalement en Flandre. L’arrivée de Mia Devits à la tête de la FGTB a marqué un tournant à droite de la direction de la FGTB. L’élimination brutale d’Albert Faust de la FGTB de Bruxelles en a été une des conséquences. Mia Devits aurait voulu donner plus de poids aux régionales, au détriment des centrales, en vue de transformer le syndicat en organe de service. Cependant elle s’est heurtée aux appareils des centrales, jaloux de leur autonomie. Elle est donc partie faire carrière au parlement européen pour le compte du SP.a.

    La transformation progressive du SP.a et du PS en purs instruments de la bourgeoisie, leur adhésion à la politique néo-libérale, dont le soutien à la constitution européenne ne constitue que le dernier avatar, va tendre de plus en plus les relations entre la social-démocratie et la FGTB. La CSC de son côté, historiquement liée aux partis bourgeois chrétiens, est en train de rompre ses amarres historiques, surtout en Flandre. La combativité de la LBC lors de la grève du non marchand en témoigne. La question du débouché politique pour les travailleurs de la CSC va se poser de plus en plus. Le MAS défend l’idée d’un nouveau parti des travailleurs, qui soit le prolongement politique de l’action syndicale, et qui défende les intérêts des travailleurs avec le même acharnement que les partis bourgeois défendent les intérêts patronaux.

    Face aux contrôle bureaucratique des partis traditionnels sur le syndicat, le MAS est partisan de la démocratie syndicale la plus large: la parole à la base et aux assemblées, le droit de défendre une plate-forme de syndicalisme de lutte. Nous défendons l’in-dépendance syndicale par rapport à l’Etat. Mais cette indépendance ne peut être comprise dans le sens « d’apolitisme ». Pour défendre les intérêts des travailleurs, les syndicats ne peuvent se limiter aux problèmes économiques s’ils se heurtent systématiquement au cadre politique.

  • 1er Mai à Bruxelles. L’an prochain… avec les majorettes?

    La FGTB de Bruxelles a décidé cette année de ne pas organiser de fête de Premier Mai à la place Rouppe. C’était pourtant un rendez-vous annuel important pour toute la gauche à Bruxelles. Dès le début de l’après-midi, une foule d’organisations et d’associations politiques de gauche installaient leur stand, plusieurs milliers de personnes se rassemblaient autour du podium central où se succédaient une multitude de groupes musicaux tandis que les discussions allaient bon train autour des stands.

    Guy Van Sinoy

    Albert Faust, à l’époque président de la FGTB de Bruxelles et secrétaire général du SETCa, avait pris l’initiative en 1995 d’organiser la première fête du Premier Mai. Bernard Lavilliers y avait donné un concert. Cette initiative allait faire école puisque quelques années plus tard la FGTB de Liège décida de faire de même à la Place St-Paul. L’enterrement de cette fête de Premier Mai est un peu comme si on enterrait Albert Faust une seconde fois. Le motif officiel avancé pour annuler la fête est d’ordre financier (180.000 euros). Les communiqués aux journaux avancent que cette somme permettra d’organiser des formations (les syndicats reçoivent pourtant des subsides pour cela) et… d’envoyer des e-mail de solidarité aux travailleurs en lutte dans d’autres pays. Cela fait cher l’e-mail !

    Nous savons de bonne source que les responsables du SETCa bruxellois ont mis leur veto à l’organisation de cette fête en prétextant des difficultés financières. Or l’argent nécessaire à l’organisation de la fête était provisionné sur le plan interprofessionnel. Plus crûment, certains responsables du SETCa ont avancé «qu’ils en avaient marre de voir des tracts de soutien à Albert Faust». En sabordant la fête du Premier Mai, que Faust avait initiée il y a 10 ans, les responsables syndicaux actuels donnent la mesure du gouffre qui sépare le syndicalisme d’épicier du syndicalisme de panache. Car au-delà des gros sous, la fête du Premier Mai avait le mérite de placer la FGTB de Bruxelles au centre de tout ce qui gravite à gauche à Bruxelles. La social-démocratie n’était pas mise à l’écart, mais toutes les forces de gauche avaient droit à faire entendre leur voix.

    Dans les années 80, avant l’instauration de cette fête, après avoir écouté le discours de Philippe Moureaux, un maigre cortège de syndicaliste FGTB défilait, avec les mutuelles socialistes, derrière un groupe de majorettes. L’élimination de Faust a permis au PS de remettre la main sur l’appareil de la FGTB. Reverra-t-on bientôt les majorettes ?

  • Socialisme 2005: Un beau succès

    Le MAS/LSP a organisé à Bruxelles, les 2 et 3 avril, un week-end de débats, de discussions et de formations politiques. Ce week-end a rassemblé 135 militants et sympathisants. Les thèmes de discussion, en assemblée générale ou en ateliers, ont porté sur le capitalisme, les privatisations, le sexisme, la directive Bolkestein, l’enseignement, marxisme, des luttes de classes à travers l’histoire, etc.

    Julie Demulder

    Nous avons également discuté des luttes dans le secteur du non-marchand: pour des soins de santé de qualité et de meilleures conditions de travail, pour la réduction du temps de travail avec embauche compensatoire et pour une hausse des salaires dans le secteur. Les discussions ont aussi porté sur la stratégie et les tactiques d’actions pour combattre le capitalisme.

    Cette année, nous avons égale-ment accueilli des camarades d’organisations soeurs du MAS/LSP. Marc Treude, conseiller communal à Aix-La-Chapelle, et militant syndical, a fait un rapport sur les actions menées en Allemagne pour s’opposer à l’offensive du patronat contre les travailleurs, notamment, le passage de 35 à 40 heures de travail par semaine sans augmentation de salaire.

    Un camarade du United Socialist Party (USP), du Sri Lanka, a pris la parole pour évoquer la situation sociale sur place après le tsunami, qui a fait 40.000 morts au Sri Lanka et un nombre considérable de sinistrés. Les autorités locales ne versent aux sinistrés que des sommes dérisoires pour indemniser les familles des morts et des disparus et pour reconstruire l’habitat. Des dons considérables ont pourtant été récoltés à l’échelle mondiale pour secourir les victimes du tsunami! Les Etats-Unis, de leur côté, ont pris comme prétexte l’aide aux sinistrés pour déployer leur flotte militaire dans l’Océan indien. Pendant ce temps, les camarades de l’USP aident de toutes leurs forces les sinistrés:125 familles ont pu ainsi être sauvées. Dans cette tragédie, l’USP a perdu 88 sympathisants et 22 militants. Le Comité pour une Internationale Ouvrière a organisé une campagne de soutien aux camarades du Sri Lanka. Notre lutte est internationale et le gouvernement n’a aucun intérêt à aider la population.

    Pendant ce week-end fructueux, 8 camarades ont décidé de rejoin-dre le MAS/LSP. Un appel financier pour soutenir les prochaines activités a été lancé: nous avons récolté 2.600 euros.

    J’ai récemment adhéré au MAS/LSP. Ce week-end m’a beaucoup appris: les exposés, les discussions, et aussi l’expérience pratique de beaucoup de camarades. On sort de là, plus déterminé que jamais, à lutter contre les privatisations et à renverser le capitalisme, un système qui n’a pas toujours existé et qui n’existera pas toujours.

  • AIS Genk. Agression patronale contre un piquet de grève

    Chez AIS, une petite entreprise de peinture de Genk, un travailleur a été licencié car il avait osé se rendre auprès du syndicat avec une série de plaintes du personnel. Huit travailleurs de la PME, sur onze, ont alors débrayé pour s’opposer au licenciement. L’employeur est brutalement passé à l’attaque. Il a introduit une requête unilatérale au tribunal pour imposer des astreintes aux grévistes. Ceux-ci doivent payer 750 euros si l’accès à l’entreprise est refusé aux non-grévistes. Manifestement, le patron trouvait que ce n’était pas encore suffisamment musclé.

    Luc Wendelen et Tina De Greef

    Le 13 avril, lors d’une action de soutien aux travailleurs en grève, menée par la FGTB, le patron a foncé à toute allure avec sa voiture sur le piquet de grève. Quatre travailleurs ont été blessés. Le patron a été arrêté. La grève est menée contre le licenciement, mais aussi pour obtenir du matériel de sécurité et de meilleures conditions de travail. Dans une entreprise industrielle de peinture, les mesures concernant la sécurité et la protection du personnel ne sont effectivement pas un luxe superflu.

    Les travailleurs d’AIS doivent travailler dans des conditions épouvantables. Nous avons discuté avec un ouvrier gréviste: “Nous devons manger, nous doucher et aller aux toilettes dans le même petit baraquement où nous ne pouvons pas une seule fois y ranger nos vêtements tellement la puanteur pénètre partout. Il n’y a qu’une serviette éponge par semaine pour quatre ouvriers! Il manque des gants (qui coûtent 1,25 euro la paire), des masques et des casques. Il n’y a pas de chauffage et la porte doit rester ouverte. Pour avoir un minimum de lumière, nous devons parfois travailler dans des températures en-dessous de zéro. La poussière n’est pas aspirée après le sablage, le frein à main du charriot élévateur ne fonctionne pas, les câbles électriques doivent se trouver à 80 cm en-dessous du sol, mais sont partiellement nus…”

    Les ouvriers en grève exigent que le licenciement soit annulé. Ils revendiquent en outre un environnement de travail plus sûr et l’application de la convention collective sectorielle, qui stipule que des primes doivent être payées pour le travail insalubre. Pour finir, les travailleurs exigent le droit à une représentation syndicale dans l’entreprise. Effectivement, la situation intolérable chez AIS à Genk montre, une fois de plus, la nécessité d’une présence syndicale organisée dans les petites entreprises. C’est absolument indispensable pour répondre à l’extrémisme des patrons comme celui d’AIS à Genk.

  • SETCa/BHV : de plus en plus glauque

    Au SETCa de Bruxelles-Hal-Vilvorde, la purge de tous les militants contestataires, entamée lors de l’élimination d’Albert Faust en juillet 2002, continue. On ne compte plus les militants éjectés de leur délégation syndicale ou du comité exécutif (dernier en date : Polo Marcus, compagnon de route de Faust). Au comité exécutif du 22 février, deux secrétaires qui pèsent lourd, Van der Smissen et Frissen (inculpé de détournement de primes syndicales, mais néanmoins candidat au poste de secrétaire général du SETCa-BHV) ont proposé une modification des statuts qui donne encore plus de pouvoir aux secrétaires et dépouille le comité exécutif de beaucoup de ses compétences (notamment fixer le salaire des secrétaires).

    Au passage, les secrétaires s’octroient une indemnité mensuelle de 1.000 euros de frais généraux (en plus des frais de voiture). Malgré les protestations des opposants, les ¾ des délégués présents ont voté pour le projet (Van der Smissen avait interdit de déposer des amendements !). En fin de séance, quand tout le monde se lève pour sortir, un secrétaire annonce que les règles de désignation des mandats au congrès qui doit avaliser les nouveaux statuts sont changées.

    Ecœuré par le comportement dictatorial de Van der Smissen et de Frissen, Fabien Pierre, un délégué oppositionnel qui avait annoncé sa candidature contre celle de Frissen, se lève et fait le salut nazi à leur encontre. Il est immédiatement accusé d’être fasciste et fait l’objet d’une procédure d’exclusion du syndicat. Cerise sur le gâteau : Frissen a abreuvé d’injures sexistes une déléguée (pensionnée) des grands magasins.

  • Non-marchand: Bilan d’un mouvement social historique

    Non-marchand: Bilan d’un mouvement social historique

    Après une grève historique de 12 jours, les syndicats du non-marchand ont approuvé le 7 mars le pré-accord pour le secteur des soins de santé fédéraux. Bien que cet accord soit bien en-deça du cahier de revendications initial, c’est la première fois depuis longtemps qu’une lutte débouche sur une extension plutôt que sur la préservation d’acquis. Les effets n’ont pas tardé à se faire sentir. Depuis lors, le secteur de l’alimentation est passé à l’offensive, les ministères flamands sont entrés en action contre le gel des recrutements et même les syndicats de l’enseignement se sont réveillés.

    Eric Byl

    Les syndicats du non-marchand ont mené des actions pendant 14 mois. En décembre 2003, ils rédigaient un cahier de revendications commun à tout le secteur après avoir consulté 15.000 travailleurs. On y réclamait notamment 25.000 emplois supplémentaires, la semaine des 36 heures, un 13ème mois complet, une prolongation de la convention 45+ et la prépension à 57 ans. La facture se montait à 3,7 milliards d’euros. Ces revendications n’avaient rien d’excessif. 25.000 emplois supplémentaires dans un secteur qui compte 460.000 travailleurs, ça ne représente qu’une augmentation d’à peine 5% du personnel. Le gouvernement n’a que le mot vieillissement à la bouche pour nous convaincre de travailler plus longtemps. Mais il n’en tient pas compte dès lors que le secteur revendique des moyens supplémentaires.

    Les profits des entreprises ont fortement augmenté sur base de la hausse de la flexibilité et de la généralisation de conditions de travail malsaines. Cela entraîne une hausse des frais médicaux. Les patrons et le gouvernement sont d’accord d’encaisser les profits, mais pas qu’on leur présente la facture des soins de santé qui va de pair. Un groupe de plus en plus restreint doit abattre un volume de travail de plus en plus imposant. Le personnel est au bout du rouleau. Le gouvernement en est bien conscient, d’où le système de fin de carrière qui prévoit des jours de congés supplémentaires à partir de 45 ans. La prépension à 57 ans et l’extension du système de fin de carrière à tous les membres du personnel n’ont donc rien d’un luxe superflu.

    Une étude du HIVA (haute école du travail liée à la CSC flamande) a démontré que les salaires du non-marchand sont inférieurs de 10,5% en moyenne à ceux des fonctions similaires dans d’autres secteurs. Un 13ème mois complet ne ferait que compenser partiellement ce retard.

    Après 13 mois d’actions, le gouvernement était prêt à négocier. Entre-temps, les syndicats avaient fortement réduit leurs revendications. Il n’était ainsi plus question des 36 heures. Le cahier de revendications n’était plus que de 520 millions d’euros au moment où les négociations ont commencé. A titre de comparaison, c’est moins que les 700 millions d’euros que Belgacom veut verser cette année à ses actionnaires ou autant que ce que le gouvernement fédéral a mis sur la table pour soustraire le capital à risque au fisc.

    Mais c’était encore de trop pour le gouvernement qui ne voulait pas lâcher plus de 375 millions d’euros en 5 ans. Ceci a été rejeté le 22 février par les syndicats. Au Setca/BBTK, les militants ont à peine été consultés. Dans les comités professionnels les secrétaires ont déclaré après coup que la LBC accepterait l’accord et que ça n’avait donc plus de sens de continuer la grève. Par ailleurs, la fraction sociale-démocrate au sein du Setca/BBTK prétendait que la LBC ne faisait grève que parce que le CD&V et le CDh ne siégeaient pas au gouvernement fédéral. Pourtant la LBC faisait aussi grève dans les secteurs flamands malgré que la ministre CD&V de la santé provenait de ses propres rangs. Résultat: 66% du Setca/BBTK a voté pour la reprise du travail. Même le secteur non-marchand de la CGSLB libérale a voté à 75% contre l’accord. La LBC a consulté 350 militants et délégués à ses Etats-Généraux. Seuls 2 présents ont voté pour ce préaccord.

    “Grève au finish”

    Après le rejet de la proposition du gouvernement par la LBC, Walter Cornelis a déclaré que la coupe était pleine. Il a appelé à la " grève au finish " à partir du 24 février. Non seulement les militants syndicaux, mais pratiquement tout le personnel était enthousiaste à l’idée de participer à une lutte que les dirigeants syndicaux n’allaient cette fois pas stopper à mi-chemin. Au début des actions, dont le coup d’envoi fut donné par la concentration de militants en front commun à la salle de la Madeleine en décembre 2003, la mobilisation se limitait le plus souvent à des délégués renforcés par un groupe stable de manifestants.

    Cela a changé à partir du 24 février. Pour la première fois, des couches plus larges du personnel étaient impliquées. Dans plusieurs hôpitaux, des assemblées du personnel ont eu lieu, y compris pour les réquisitionnés. Ailleurs, des comités de grève ont été mis sur pied. Les travailleurs ne se sentent vraiment impliqués que s’ils peuvent participer aux décisions.

    La ministre de l’emploi, Freya Vanden Bossche (Spa), ne voulait pas négocier sous la pression d’une grève, mais son extension rapide l’a vite ramenée à la raison. Alors que les actions et les grèves s’élargissaient, que la conscience et la combativité croissaient et que les travailleurs étaient de plus en plus nombreux à rejoindre la lutte, … le gouvernement négociait un nouveau préaccord avec les syndicats pour un montant de 471 millions d’euros. Y figuraient notamment : la conversion de contrats ouvriers en contrats d’employés, une extension considérable du système de fin de carrière, une légère augmentation de la prime "d’attractivité" de 300 à 400 euros, une hausse dérisoire de 50% à 56% de la prime de compensation pour les prestations irrégulières et un supplément pour le cadre moyen. Concernant l’emploi: une augmentation des normes pour les soins et l’infirmerie, valable pour 3.432 emplois à temps plein (ETP) dans les hôpitaux. Dans le ROB/RVT 2.613 ETP, soit 80 dans les soins à domicile, 205 dans les soins psychiatriques et 900 pour compenser le système de fin de carrière. Total: 7230 ETP.

    Le gouvernement était manifestement pressé d’arriver à un accord. A tel point qu’il a fait des concessions qui doivent encore être avalisées par les employeurs pour être valables. Becoprivé, une organisation patronale en Wallonie et à Bruxelles, a déjà déclaré avoir des problèmes avec 5 points du préaccord et non des moindres. A l’heure où ces lignes sont écrites, l’accord des employeurs n’était pas encore acquis.

    Le "finish" était plus proche des attentes

    Beaucoup de travailleurs, motivés par la position dure de la LBC, ont été déçus de voir les actions s’arrêter soudainement sans qu’on prenne la peine de consulter ces couches larges qui s’étaient mises en branle. Beaucoup considéraient l’acceptation quasi unanime de l’accord par la LBC comme "incompréhensible" voire comme une "trahison". Les infirmières, surtout, se sentaient abandonnées. Il est manifeste que, sous pression de la base, la direction de la LBC avait suscité des attentes qu’il n’avait nullement l’intention d’honorer. La désillusion dans la direction du Setca était déjà un fait depuis le 22 février, ce qui se traduisait par une combativité accrue et une attitude plus critique des affiliés envers leur propre direction syndicale.

    Paradoxalement, Walter Cornelis a pu faire accepter cet accord en s’appuyant sur l’autorité qu’il avait acquise par sa fermeté lors du préaccord précédent du 22 février. A la LBC, l’accord (du 7 mars) a été voté lors d’Etats-Généraux: un grand meeting de 500 délégués et militants avec micro ouvert où chacun a une voix. Au Setca/BBTK, l’accord a été approuvé par le comité fédéral, composé principalement de secrétaires et de permanents, à l’exception de quelques sections dont Bruxelles-Hal-Vilvorde qui a d’ailleurs voté contre. Le vote se fait par section et n’est pas reporté à la proportionnelle, mais selon le principe "the winner takes it all" (le vainqueur gagne tout). Sous la pression du gouvernement, il fallait que l’accord soit approuvé à tout prix le lundi 7 mars. Le vote a donc fait l’objet de manipulation subtiles et moins subtiles. Au Setca/BBTK, le texte (qui est relativement long et détaillé) n’a été donné aux délégués qu’au début de la réunion. Il était donc impossible de le discuter de manière sérieuse.

    La LBC à fait encore mieux: les militants n’ont reçu le texte qu’après le vote (l’excuse étant que l’on était encore en train de le copier). Nous dépendions donc de la présentation powerpoint et du commentaire de la direction syndicale.

    En comparaison avec beaucoup d’autres secteurs, cet accord du non-marchand est un pas en avant important. Si on regarde les besoins du secteur et la rapidité avec laquelle le gouvernement – dès que la grève s’est corsée – à du céder, on voit non seulement qu’il fallait mais qu’on pouvait obtenir davantage. Les sympathisants du MAS dans le non-marchand publient un journal pour le secteur sous le nom "Hypertension". Nous sommes actifs à la LBC, à la CNE, au Setca/BBTK et à la CGSP. Vous voulez lutter pour des syndicats démocratiques et combatifs? Contactez-nous.

  • Di Rupo et Stevaert: une rhétorique de gauche doit cacher la politique de droite

    Frank Vandenbroucke pour l’emploi à la Marche des Jeunes ; Di Rupo et Stevaert contre la directive de Bolkestein et pour l’inscription dans la Constitution des droits sociaux ; attaque frontale de Demotte contre l’industrie pharmaceutique… La social-démocratie virerait-elle à gauche ? Un seul coup d’œil sur la réalité balaie cette illusion.

    Anja Deschoemacker

    Que Frank Vandenbroucke ose se montrer à la Marche des Jeunes signifie soit qu’il ne comprend pas le sens de cette manifestation, soit qu’il n’est qu’un crâneur arrogant. Grâce à lui, les allocations de chômage de centaines de jeunes ont déjà été suspendues et on dit aux jeunes mères célibataires lors de leur contrôle à l’ONEm que se plaindre de la difficulté de trouver une crèche est un signe de mauvaise volonté dans la recherche d’emploi!

    Qu’ont pensé les postiers des déclarations de Di Rupo et Stevaert contre Bolkestein ? En effet, dans le même temps, Vande Lanotte ferme 500 bureaux de poste après avoir déjà imposé, à travers « Géoroute », un rythme de travail infernal. Quant aux ex-travailleurs licenciés à Belgacom, ils doivent encore vivement se rappeler que le ministre responsable de la privatisation – et du bain de sang social l’accompagnant – était Di Rupo. Les sociaux-démocrates sont les meilleurs dans l’application d’un programme d’austérité parce qu’ils abusent de leurs liens avec la direction syndicale.

    De l’”attaque frontale” contre l’industrie pharmaceutique de Demotte il ne reste plus grand chose : tout juste l’application du « modèle kiwi » aux médicaments génériques.

    Et en définitive, l’inscription des droits sociaux dans la Constitution est-elle crédible ? Il faut pour cela une majorité de deux tiers, ce que la social-démocratie n’a pas, même avec les verts. Ce n’est donc qu’une proposition gratuite, qui n’a pas pour but d’être efficace, mais de permettre à la social-democratie de se profiler comme « sociale ». La Constitution nous garanti le droit au travail? Nous voilà bien avancé, tout comme le million de sans-emplois. Les droits ne sont que des mots sur papier si on ne prévoit pas les moyens nécessaires pour les réaliser. Et cela, la social-democratie ne le fait pas – au contraire elle suit une politique budgetaire stricte qui ne garantit en réalité que le droit de faire des profits.

    Le but est clairement de jeter de la poudre aux yeux. Entre-temps l’attaque suivante est préparée: celle contre nos pensions. Une rhétorique de gauche, combinée au charmant sourire de Di Rupo et aux bons mots de Stevaert, seront l’emballage de cette attaque.

  • Enseignement Flamand. Stop à la destruction!

    Le 20 avril, les trois syndicats organisent un rassemblement devant le ministère de l’Enseignement flamand à Bruxelles. Il est question d’une action symbolique, mais la colère du personnel enseignant montre que la réalité est plus profonde. Malgré la précédente ratification d’une convention collective, la direction syndicale est très vite débordée par ses propres militants qui veulent passer à l’action contre les mesures prévues.

    Militant CGSP-enseignement

    Cela fait 20 ans que les mesures d’austérités sont menées, notamment dans l’enseignement secondaire. Cela a laissé des traces: 1/3 des bâtiments scolaires sont déficients en matière d’hygiène et de sécurité, et des classes supérieures à 30 élèves sont monnaie courante. De plus, les professeurs se plaignent de l’énorme pression exercée sur leur emploi. On attend d’eux qu’ils enseignent, mais aussi d’être assistant social, psychologue, employé administratif,…

    Le ministre de l’Enseignement Vandenbroucke était conscient que ses mesures d’austérité n’arrivaient absolument pas au bon moment et qu’il devait les encadrer. C’est pourquoi il a réalisé une étude de marché sur l’enseignement via la Fondation Roi Baudouin. Les résultats de cette enquête sont mieux connus sous le nom de "Accent op talent". Un certain nombre de priorités sont établies pour l’enseignement dans la période qui vient. "L’accent" n’est pas mis sur plus de moyens, mais sur des projets précis qui doivent changer l’aspect "ringard" de l’enseignement. Donc le ministre ne veut pas investir dans l’enseignement professionnel pour atteindre l’égalité des chances, mais les écoles doivent s’acquitter de leur financement en prenant des initiatives qui vont dans le sens voulu par les entreprises.

    La tendance actuelle poussant les écoles à aller chercher des investisseurs privés est renforcée par les mesures d’austérité prévues par Vandenbroucke.

    Tout d’abord, à partir de septembre 2005, il y aura moins d’enseignants embauchés parce que les moyens ad hoc sont calculés sur base d’un chiffre datant d’un an et demi. Néanmoins, il est prouvé qu’une des plus importantes causes de la diminution qualitative de l’enseignement repose sur la dimension "problématique" des classes. Cette mesure va amplifier fortement l’évolution négative de l’enseignement.

    De plus, 5% d’économies vont être faits sur le personnel administratif. Dans certains secrétariats, des emplois vont de toute façon disparaître et la flexibilité actuelle du personnel administratif va s’accroître. La paperasserie sera prise en charge par les enseignants euxmêmes…

    Il est également prévu d’économiser 2% sur les CLB (centre pour l’accompagnement des élèves, anciennement PMS), ce qui équivaut à un montant de 284.000 euros. Le CLB est responsable de l’accompagnement des élèves dans le sens large du terme; de l’assistance médicale à la résolution de conflits entre le personnel et les élèves. Dans une période où les problèmes sociaux s’accumulent dans les écoles, cette mesure d’austérité est tout bonnement crapuleuse.

    Toutes ces mesures d’austérité s’élèvent déjà à un montant de 51 millions d’euros, bien plus donc que les 38 millions annoncés à l’origine. L’argent supplémentaire va servir à soutenir les initiatives du ministre Vandenbroucke comme "Accent op talent". Et c’est le personnel de l’enseignement qui va évidemment payer la note des initiatives du ministre!

    Le MAS/LSP sera présent au rassemblement du 20 avril. Nous interviendrons avec un tract qui condamne ces mesures d’austérité et qui propose un plan d’action. Il est très important d’être présent à cette action, mais pas seulement avec des enseignants. Des délégations étudiantes combatives peuvent montrer que la lutte contre les économie dans l’enseignement doit se faire de façon unifiée. Seul un programme avançant la nécessité d’étendre la lutte à d’autres secteurs pourra signifier une rupture avec la politique antisociale du gouvernement.

    Rendez-vous : mercredi 20 avril. 15h / Ministère de l’Enseignement flamand / Bâtiment Hendrik Conscience, boulevard Roi Albert II, n°15 / Bruxelles (près de la gare du Nord)

  • Trop de familles heurtées par l’endettement

    Economie capitaliste: vers une nouvelle crise?

    En 2004, 51.100 nouvelles maisons ont été construites en Belgique, record inégalé depuis 1994. Depuis la crise économique de 2001 aux USA, les pays développés essaient de stimuler la croissance en rendant l’emprunt plus accessible : les taux d’intérêt sont aujourd’hui historiquement bas.

    Peter Delsing

    Construire une maison n’est sans doute pas à la portée de tous. Pour des familles ouvrières où un partenaire ne travaille pas, ou pour ceux qui habitent seuls, c’est irréalisable. Des chiffres de l’ONEm pour 2004 montrent que 17% de la population active est complètement ou partiellement touchée par le chômage. Avec 1,17 millions de personnes, c’est un record. Pour ces familles, construire une maison est pratiquement exclu.

    Les familles dans lesquelles les deux partenaires travaillent, lorsqu’elles n’appartiennent pas à une catégorie aisée, craignent de ne plus pouvoir continuer à rembourser leurs emprunt si l’un des deux venait à perdre son emploi. Vu l’instabilité actuelle du capitalisme ce n’est pas une crainte irréelle.

    L’emprunt bon marché ne durera pas

    Le gouvernement a mentionné une plus grande consommation pour expliquer la croissance de 2,7% en 2004. Bien que supérieure aux pays voisins, cette croissance ne suffisait déjà pas à faire baisser le chômage, et elle sera encore moindre cette année. On peut s’imaginer les drames qui vont naître du nombre grandissant des pertes d’emplois…

    La croissance de la consommation allait de paire avec l’amnistie fiscale pour l’argent noir placé à l’étranger. De toute manière, emprunter à bon marché ou acheter à crédit ne peut pas se poursuivre éternellement. Le nombre de mauvais payeurs pour des lignes de crédits est passé en Belgique de 99.530 jusqu’à 190.226 entre 1997 et 2003. Aux Etats-Unis, le taux d’intérêt a déjà commencé à croître, afin surtout de ne plus élargir la bulle des dettes et les prix des maisons. Or, 85% de tous les emprunts effectués l’an passé dans notre pays peuvent être adaptés chaque année sur base des changements de taux d’intérêt. Quand le taux d’intérêt augmente, beaucoup de familles subissent une gifle financière.

    Economie mondiale instable

    Nous connaissons actuellement la relance économique la plus faible depuis la seconde guerre mondiale. Beaucoup de pays ont eu une croissance insuffisante pour maintenir l’emploi. En général, l’exploitation aggravée des travailleurs a élargi le fossé entre riches et pauvres. Depuis la crise de 2001, les entreprises américaines ont augmenté la productivité moyenne par travailleur grâce à l’introduction de nouvelles technologies et de nouvelles techniques de management. Durant les 3 derniers mois de 2004, la croissance de la productivité a ralenti, ce qui démontre que ces avantages pour les patrons commencent à être épuisés.

    Un autre élément est l’endettement. Après le 11 septembre, Bush a emprunté chaque année pour mener ses guerres en Irak et en Afghanistan. L’industrie de guerre a été bien servie, au détriment des projets sociaux dans lesquels Bush épargne pour limiter le déficit.

    Le taux d’intérêt peu élevé a stimulé les dettes. Pour chaque dollar de nouvelle croissance entre le début de 2001 et la fin de 2003 aux USA, 3,14 dollars de nouvelles dettes ont été faites par les familles, les entreprises et le gouvernement. Pour la première fois dans l’histoire, les dettes aux Etats-Unis représentent plus du double de la production annuelle (PIB). Ceci a contribué au rôle des Etats-Unis comme "marché de la dernière chance". Cela a aussi provoqué un flux de dollars vers d’autres pays, avec pour effet que la demande de dollars a diminué et donc également sa valeur.

    En Asie, les banques centrales ont massivement acheté des dollars ces dernières années, sous forme d’obligations d’états, afin de faire baisser leur monnaie avec le dollar et ainsi garder leur position d’exportation. S’il y avait une correction du dollar vers le bas, ils pouvaient se diriger vers d’autres monnaies. Une nouvelle forte baisse du dollar secouerait la stabilité internationale financière. L’exportation des pays de l’Europe, avec un euro encore plus cher, serait étouffée. Cela pousserait les pays de la zone euro dans une crise profonde.

    Il y a aussi les prix du pétrole qui grimpent et qui, fin mars, s’approchaient des 60 dollars par baril. Le "contrôle" de l’Irak, sensé entraîner les prix du pétrole vers le bas, est un rêve qui pour Bush est devenu cauchemar. Le prix du pétrole plus élevé mine la rentabilité des entreprises et stimule une augmentation générale des prix.

    Encore des pertes d’emplois

    En Europe, la croissance ne suffit pas à créer des emplois. L’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie ont connu lors du dernier trimestre 2004 une contraction de l’économie, en comparaison avec le trimestre précédent. La moitié de la production dans la zone euro va donc dans la direction d’une récession. En Allemagne le chômage est au niveau le plus élevé depuis les années ’30 : 5,2 millions de sans emplois. La crainte d’une lutte de classe plus intense chez les politiciens bourgeois, entre autre en France et en Allemagne, les pousse à enfreindre les règles budgétaires de la zone euro (le Pacte de Stabilité).

    On ne peut prédire le rythme d’une crise économique. Avec une croissance ralentie ou une récession, les pertes d’emplois vont continuer. Les capitalistes et leurs partisans ont fait leurs temps, il est désormais urgent que le mouvement ouvrier et les jeunes forment leurs instruments syndicaux et politiques pour défendre leurs intérêts dans la très instable période à venir.

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