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  • France. Le NON à la Constitution européenne dynamite la gauche

    A l’heure où paraît cet article, nous ne connaissons pas encore les résultats des référendums organisés en France et aux Pays-Bas sur la Constitution européenne. Par contre, en Belgique, une chose est certaine : 100% des Belges n’auront pas été consultés !

    Jean Peltier

    Il a été un moment question d’organiser en Belgique aussi une consultation populaire sur le sujet. Mais l’opposition des partis socialistes et chrétiens a enterré le projet. Motifs officiels : le seul parti parlementaire opposé au projet de Constitution européenne étant le Vlaams Belang, il ne serait pas indiqué de lui offrir une tribune d’expression « grand format » à l’occasion d’un référendum et il serait dangereux, en plus, de développer de nouvelles tensions communautaires à cette occasion. Au nom d’un antifascisme de pacotille et de la défense de l’unité du pays, on a donc décidé en haut lieu de faire ratifier ce projet à la sauvette par le Parlement fédéral puis les parlements régionaux. Et, pour ne prendre aucun risque, la « grande campagne d’information populaire » annoncée en contrepartie de l’absence de référendum a été enterrée avant même d’être lancée…

    La vraie raison pour la non-organisation d’un référendum est bien sûr ailleurs : c’est la peur que, comme en France, l’opposition à cette Constitution soit beaucoup plus forte que prévu et qu’elle provoque de grosses tensions au sein des partis, particulièrement au sein du PS et des Verts, et qu’elle creuse encore un peu plus le fossé entre la FGTB, où l’opposition à la Constitution est forte, et le PS et le SP.a.

    De son point de vue, Di Rupo a raison de se méfier des remous qu’un véritable débat sur cette Constitution pourrait provoquer dans son parti et dans la gauche belge quand on voit ce qui se passe chez nos voisins. C’est une véritable fracture qui s’est développée au sein de la gauche française. Les directions du Parti Socialiste et des Verts, ainsi que le syndicat CFDT, se sont ralliés sans le moindre état d’âme au libéralisme. Elles mènent activement campagne pour le Oui à la Constitution, aux côtés des partis de droite et du patronat et avec l’appui d’un bombardement médiatique rarement vu.

    Mais, malgré cela, elles se retrouvent aujourd’hui minoritaires au sein de l’électorat de gauche sur cette position. Car beaucoup de travailleurs et de jeunes ont vu l’occasion de transformer ce référendum en « raffarindum » et entendent bien se saisir de l’occasion qui leur est donnée pour dire à la fois « Non à Raffarin » et « Non à la Constitution ». Les dirigeants de droite et de gauche ont beau hurler que ces deux « non » n’ont rien à voir, de moins en moins de gens les croient. Car la politique de Raffarin – détricotage des 35 heures, attaques contre la Sécurité sociale, privatisations en cours à la Poste et dans les services publics de l’électricité et du gaz (EDF-GDF), suppression du lundi de congé de Pentecôte,… – n’est que l’application en France de la politique que la Commission européenne préconise et que la Constitution renforcerait.

    S’appuyant sur ce rejet populaire de la politique libérale du gouvernement, une alliance pour un « Non de gauche » s’est développée au cours de la campagne entre le Parti Communiste, les courants de gauche dans le PS et les Verts, une partie de l’extrême-gauche (la LCR), ATTAC, des syndicats de travailleurs (CGT et SUD), de paysans (Confédération Paysanne) et d’étudiants (UNEF) et quantité d’autres mouvements et associations. Les porte-parole de ce « Non de gauche » n’ont pas une perspective de rupture avec le capitalisme ni même avec l’Union de la Gauche qu’ils veulent simplement réorienter un peu plus à gauche que sous l’ère Jospin. Mais ces fractures dans la gauche politique et sociale et surtout l’ampleur de la mobilisation militante pour le Non montrent – quel que soit le résultat final du référendum – le potentiel énorme qui existe pour la formation d’un nouveau parti qui défendrait clairement les intérêts des travailleurs et se placerait en rupture avec les exigences du capitalisme. Le drame est qu’il n’y a actuellement que très peu de forces militantes qui mettent clairement en avant cette perspective.


    Pour une critique de la Constitution européenne, voir l’article« Une camisole de force ultra-libérale »

  • Contre l’Europe des banques et des patrons, votons NON à la Constitution européenne !

    Licenciements, bas salaires, délocalisations, privatisations, casse des services publics…Voilà les conditions de vie et de travail de la majorité des travailleurs et des jeunes en France et dans toute l’Europe !

    Tract de la Gauche révolutionnaire

    Les gouvernements s’en prennent aux services publics, aux retraites, à l’emploi… Ils veulent utiliser des traités comme la "Constitution européenne" pour aggraver l’offensive. Avant d’être soumise à Référendum, la "constitution" a été adoptée par les gouvernements européens : Blair, Berlusconi, Raffarin… C’est bien la même politique qui se retrouve dans la "constitution" européenne qu’elle permet d’accentuer en lui donnant un cadre légal européen

    Votons "Non" à l’Europe de l’économie de marché !

    La " constitution " dit que l’Europe sera une "économie sociale de marché" où "la concurrence est libre et non faussée". Seule la loi du profit comptera, permettant d’accélérer l’exploitation des travailleurs. Les services publics ne seront possibles que s’ils sont rentables et suivent les lois du marché. La "constitution" aidera à tout transformer (retraites, santé, éducation…) en sources de profits pour le seul bénéfice des patrons et des actionnaires.

    La Constitution souligne qu’il faut "une main d’oeuvre susceptible de s’adapter ainsi que des marchés du travail aptes à réagir rapidement à l’évolution du marché". En clair, pour être compétitif, ils faut des emploi toujours plus précaires et flexibles, au seul bénéfice des patrons.

    Les dirigeants politiques qui appellent à voter Oui sont tous sur la même idée : seule l’économie capitaliste serait possible selon eux. Une économie basée sur la “concurrence” dont on voit les dégâts chaque jour : licenciement, rivatisation, précarité…

    Cette Europe n’est pas la nôtre, "non" à l’Europe capitaliste !

    Luttons pour riposter !

    Face à ces politiques de casse sociale, la colère est là. En votant "non", on peut mettre une claque au gouvernement et au patronat. La victoire du "non" peut renforcer la confiance des travailleurs et des jeunes mais, seule, elle ne suffira pas. Il faut s’opposer activement à l’offensive patronale et gouvernementale avant, pendant et après le vote par la lutte.

    D’ailleurs, les 100 premiers patrons français ont lancé un appel à voter oui. Leur principal argument, ce n’est pas sur la “constitution” mais sur le fait qu’une victoire du non serait une aide à la lutte contre la politique actuelle du gouvernement. Cet déclaration des principaux capitalistes français montre bien que la campagne pour le Non et la lutte contre la politique de Raffarin et des patrons sont bien liées.

    Car les attaques continuent : délocalisations, Poste libéralisée, loi Fillon contre l’éducation,… Pour lutter, il nous faut une nouvelle journée de grève commune aux jeunes et aux travailleurs. Alors que les entreprises ont fait des profits énormes, le gouvernement nous vole un jour férié en nous obligeant à travailler gratuitement le lundi de la pentecôte. Les travailleurs de Total ont remporté une victoire en faisant grève et en obligeant les patrons de Total à les payer ce jour là. Et en plus, ils ont obtenus des créations d’emploi. Partout, les syndicats auraient du organiser le même genre de lutte !

    S’organiser pour lutter !

    Face à l’offensive patronale et gouvernementale en Europe, il nous manque un véritable parti de combat des travailleurs et des jeunes . un tel parti serait capable de coordonner les luttes, de les intensifier et de se battre contre l’Europe capitaliste. L’absence d’alternative au patronat et aux partis qui le servent pèse lourd sur nos capacités de riposte. Ce parti permettrait de réellement s’en prendre à cette société capitaliste qui marche pour les profits d’une minorité. Seule une société authentiquement socialiste, démocratique permettra une organisation de l’économie, par les jeunes et les travailleurs, pour la satisfaction des besoins de tous.

    Voilà pourquoi se bat la Gauche révolutionnaire, rejoignez-nous !

  • Mouvement de grève aux TEC

    Depuis le 29 avril, les Transports En Commun (région wallonne) sont en grève, des arrêts de travail ont eu lieu suite aux négociations pour le Contrat de Gestion 2004-2009 et les augmentations salariales.

    Vincent Devaux

    Alors que la SRWT (Société régionale wallonne des transports) estime qu’il faudrait 15.667.000 d’euros pour la sécurité et les ‘ressources humaines’ pour les cinq prochaines années, elle n’est prête à mettre que 500.000 euros. Or elle n’accepte de concéder qu’une augmentation de 6% sur 2 ans, index et augmentation barémique comprise. Donc une augmentation de 1.1 % pour les chauffeurs, dont il faut déduire les cotisations sociales, les impôts et l’augmentation du coût de la vie non intégralement compris dans l’index: en conséquence, une perte du pouvoir d’achat. Les chauffeurs réclament 3 % d’augmentation hors index et une augmentation barémique. Le 9 mai, la grève en front commun (CGSP-CCSP) a été suivie à près de 100 % en ce qui concerne les firmes publiques ; du côté des firmes privées, desservant plutôt les zones rurales et la province du Luxembourg, la grève était suivie à 30-40 %. Le mercredi 11, plus d’une centaine de bus ont bloqué les artères de Jambes où siège la SRWT. Pour la première fois, alors que les syndicats avaient déposé un préavis pour le mercredi 18 afin de couvrir les chauffeurs en grève, la direction des TEC a fait un lock-out, demandant aux centres régionaux de bloquer l’accès des bus aux chauffeurs.

    André Antoine, ministre CDH des transports, a annoncé que les chauffeurs gagnent entre 1.500 et 2.200 euros. Ces chiffres ne sont valables que dans le cas d’un grand nombre d’heures supplémentaires par mois et en y intégrant les titres-repas, primes de fin d’année, chèques vacances. Selon Charly Covaert, porte-parole de la CCSP (CSC), le salaire moyen des chauffeurs se situe entre 1.200 et 1.300 euros. Un argument utilisé contre les travailleurs est le budget à enveloppe fermée, mais lorsque les syndicats s’adressent à André Antoine, celui-ci répond que l’interlocuteur est la SRWT et qu’il n’est pas question de l’augmenter car cela se ferait au détriment du non-marchand ou de la fonction publique. Diviser les travailleurs pour mieux rêgner ! Malgré les mots d’ordre des syndicats de suspendre les actions durant les négociations, celles-ci ont eu lieu spontanément, notamment dans le Hainaut. Vu la détermination des travailleurs, il n’est pas exclu que le mouvement prenne de l’ampleur si la SRWT ne fait pas de concessions.

    Les mécontentements dans les TEC sont une facette de l’insuffisance de moyens qui touche tous les transports publics. Quelques exemples : De Lijn, dans le Brabant flamand a débrayé le 6 mai afin de protester contre le mauvais entretien des bus ; dans la région d’Alost et en Flandre Orientale, des actions ont eu lieu pour exiger de nouveaux engagements et de meilleures conditions de travail; à Bruxelles, la STIB a eu 6 jours de grève entre octobre et janvier derniers,… Seul un syndicalisme de combat et un élargissement de la grève peut obtenir des concessions et préserver les transports publics mis à mal par la politique néo-libérale.

  • “Liège a l’énergie” mais les directions syndicales en manquent!

    MANIFESTATION SYNDICALE A LIEGE

    Liège a l’énergie, donnons-lui les moyens”, c’est sous cet appel qui ressemble à une publicité pour une firme de chauffage central que le front commun syndical a appelé à une manifestation régionale à Liège samedi 14 mai 2005.

    Jean Peltier

    Des carnavals ratés

    Julie est une jeune chômeuse qui a rejoint récemment le MAS.

    " J’ai participé à la manifestation des chômeurs à Liège en février, à la Marche des Jeunes en avril et à la manif du 14 mai. Je suis déçue et en colère devant des manifestations où il n’y a plus de vraie combativité, où les syndicats ne lancent plus de slogans et ne font pas d’effort pour s’adresser aux gens sur les trottoirs,… et où tout cela est remplacé par de la musique diffusée à fond, des fanfares et des concerts ambulants sur des chars. Tout cela n’est pas très revendicatif et n’est pas d’une grande efficacité ! Quand est-ce que l’on reverra des manifestations qui ne ressemblent pas à un défilé de carnaval raté ? On dirait que la bureaucratie syndicale veut étouffer les luttes et la colère des gens ".

    C’est que la situation économique de la région se dégrade de plus en plus. Le 26 avril, le haut fourneau d’Ougrée a cessé ses activités, premier acte d’une fermeture progressive de toute la sidérurgie à chaud liégeoise qui sera terminée en 2009. Près de 2.000 emplois directs et 5.000 emplois indirects (surtout dans la sous-traitance) disparaîtront ainsi en moins de cinq ans. Et tout cela alors qu’Arcelor a réalisé au premier trimestre de 2005 les plus gros bénéfices de son histoire!

    Pendant ce temps, la reconversion économique, présentée l’an dernier dans un chœur touchant par les patrons, les politiciens et les dirigeants syndicaux comme le seul espoir de redresser la région, reste en panne. D’une part, les investissements patronaux – et en particulier ceux d’Arcelor qui a promis d’investir pour compenser l’effet des fermetures – se font attendre. D’autre part, les politiciens locaux sont empêtrés dans de véritables guerres de clans (surtout au PS) pour le contrôle de l’opération.

    Les directions syndicales assistent avec une inquiétude grandissante à cette déconfiture générale. Cela n’a cependant pas suffi pour leur redonner de la combativité. Elles n’ont organisé aucune mobilisation sérieuse pour riposter à la décision d’Arcelor d’avancer de deux mois la fermeture du haut-fourneau, ce qui encouragera certainement Arcelor à ne pas mieux respecter ses autres engagements pour l’avenir (calendrier de fermetures et promesses d’investissements). Par contre, FGTB et CSC ont appelé ensemble à une manifestation régionale samedi 14 mai (pour ne pas devoir organiser de grève un jour de travail !) afin de réclamer plus d’efforts patronaux et politiques pour la reconversion, mais aussi pour s’opposer aux menaces contre la sécurité sociale, les pensions et prépensions ainsi que les services publics.

    Cette manifestation n’a réuni que 2000 personnes. Le samedi de Pentecôte et le mauvais temps n’expliquent pas un tel échec. La vérité est que les diverses centrales syndicales, prises par les actuelles négociations salariales par secteur, n’ont même pas pris au sérieux leur propre décision d’organiser une manifestation. Résultat : on voit mal patrons et politiciens trembler devant des syndicats qui réunissent 2.000 manifestants alors qu’ils savent que des manifestations de ce genre en ont déjà réuni 15.000 et que celle qui avait suivi l’annonce de la fermeture de la sidérurgie à chaud en 2003 en avait réuni 40.000 !

    Or, l’inquiétude est grande parmi les travailleurs face aux fermetures, aux licenciements et au chômage et la multiplication de petites luttes dans les entreprises de la région ces derniers mois montre que la combativité n’a pas disparu. Mais il est de plus en plus clair que les directions syndicales n’ont aucune volonté de développer et d’unifier ces luttes. C’est plus que jamais aux militants syndicaux combatifs de reprendre cette tâche en mains.

  • Séance d’hommage à Albert Faust

    Samedi 21 mai 2005. Hommage au militant Albert Faust

    Organisé à l’initiative du MPDS(mouvement pour la démocratie syndicale) et d’Une Autre Chanson

    Espace Senghor, Chaussée de Wavre 366, Etterbeek (Bus 34-36 et métro: station Schuman).

    Albert Faust nous quittait le 18 juillet 2004. Lors de ses funérailles quelques 600 personnes s’étaient rassemblées au au cimetière d’Uccle. Il avait insisté dans son testament, pour qu’il n’y ait aucun "tralala" syndical mais éventuellement le discours d’un frère de loge franc-maçonne. Il avait surtout préparé lui-même les trois chansons qui devaient accompagner son dernier voyage.

    Nous, les militants du MPDS/BVSD et de Une Autre Chanson, avons souhaité lui rendre hommage à notre façon en continuant les débats d’aujourd’hui et de demain sur les enjeux politiques et syndicaux. Alors qui nous apprenons qu’il n’y auro plus de fête du 1er mai, c’est la meilleure façon de prolonger son héritage… avec, aussi, la chanson qu’il affectionnait tant.

    Programme de la journée:

    15h: Rencontres-débats. Luttes sociales & mouvements syndicaux

    19h30: Concerts et hommages. avec la participation de nombreux artistes dont : Claude SEMAL, Tom GOLDSCHMIDT, Myriam FUKS, LAZARE, MARCO, CLAUDINE, Laurent HORGNIES, Michel VEEVAETE etc…

    Toute la journée: expo, projections, bar-restaurant

  • Les derniers acquis de la Révolution d’Octobre attaqués en Russie

    C’était en janvier-février de cette année, à Saint-Pétersbourg et ailleurs en Russie; des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues, bloquant voies ferrées, autoroutes,… Tout en réclamant la démission de Vladimir Poutine. Pour la première fois depuis son accession au pouvoir en 1999, les sondages faisaient apparaître une majorité de russes le contestant.

    Nicolas Croes

    En cause, ce que l’on appelle la " monétarisation " des allocations. Les pensionnés bénéficiaient jusqu’alors de 50% de réduction pour leurs loyers et des transports en commun gratuits, avantages dont bénéficiaient également plusieurs secteurs de l’Etat. Tout cela fut supprimé et remplacé par une compensation financière ridicule. Les mobilisations qui suivirent furent les plus massives de l’ère Poutine, et prirent un tournant particulier, car ces attaques visaient les derniers acquis sociaux issus de la période soviétique, et se déroulaient très exactement un siècle après la révolution avortée de 1905. Ce n’était pas seulement Poutine qui était décrié, mais également le régime, et, de plus en plus, le capitalisme en lui-même.

    Différentes études parues lors des élections présidentielles de 2004 notamment avaient déjà permis de démontrer que l’offensive extrêmement violente menée à l’encontre du passé soviétique de la Russie n’avait pas abouti aux résultats attendus. Malgré le flot ininterrompu depuis 1991 d’articles, d’analyses d’archives, de livres ou d’émissions télévisées ou radio dénonçant le "communisme" et promouvant les "valeurs marchandes démocratiques", 57% des Russes veulent revenir au régime soviétique, même dégénéré et bureaucratisé comme il l’était.

    Quinze années après la chute de l’Union Soviétique, 45% de la population considèrent encore ce système comme meilleur que l’actuel, et 43% veulent une "révolution bolchévique". Quant à l’opinion des russes concernant les privatisations, 80% les définissent comme criminelles… Il faut toutefois nuancer cela, les jeunes n’ayant pas ou peu connu l’URSS sont de loin plus perméables à la propagande du Kremlin actuel.

    Les raisons d’un tel sentiment, malgré l’absence de démocratie ouvrière que connaissait l’URSS depuis le milieu des années vingt? C’est qu’à côté de la bureaucratisation de la société sortie de la révolution d’octobre subsistaient encore des acquis de cette révolution. Mais ceux-ci n’étaient plus que l’ombre de ce qui fut décidé à l’origine. On trouve à ce sujet d’intéressantes données dans le livre de Boukharine et Préobrajensky L’ABC du Communisme, publié en 1919. Ainsi, il était interdit d’utiliser le travail des mineurs âgés de moins de 16 ans, alors qu’ils étaient encore envoyés dans les mines en Belgique. Ceux-ci étaient graduellement retirés du travail et, tout en assurant leur vie matérielle, placés dans des écoles. Les femmes enceintes, ou ayant accouché, recevaient une allocation spéciale égale à leurs appointements, pour tout le temps de leur inactivité, ainsi qu’un subside supplémentaire pour les soins à apporter à l’enfant. De plus, les journées de travail étaient fixées à un maximum de 8 heures, moins pour les travaux plus pénibles, qui étaient par ailleurs interdit pour les adolescents et les femmes.

    Il existe une multitude d’exemples, comme l’assurance en cas d’accident, qui permettait d’indemniser toute la famille,… Les malheurs que connurent les travailleurs russes à ce moment n’étaient pas dus à de mauvaises lois, mais à une grande insuffisance découlant du blocus décrété par les puissances impérialistes et de la guerre civile.

    Tout cela peut se réduire au fait que la priorité n’était pas de faire du profit. Il y eut durant les premières heures du régime soviétique un réel accent sur le bien-être des travailleurs, et ce en dépit de l’isolement, de la guerre et de la famine. Non pas secondairement et dans le seul but de justifier le pouvoir accaparé par la bureaucratie comme ce fut le cas sous Staline et ensuite, mais tout simplement parce que là est le seul objectif du socialisme.

  • Garde des enfants. Quelles solutions pendant les congés scolaires ?

    C’est pendant environ 15 semaines par an que les travailleurs ou les personnes qui cherchent un emploi doivent trouver une solution pour faire garder leurs jeunes enfants. Ceci a un coût élevé pour les parents. A côté de cela, les salariés disposent d’une vingtaine de jours de congé (auxquels on ajoute selon les secteurs d’autres jours de congé légaux), soit une base de quatre semaines.

    Cécile Mangin

    Comment s’organisent les travailleurs aujourd’hui pour faire garder leurs enfants pendant les vacances scolaires ?

    Le stress commence à grandir quelques semaines avant les congés et les parents (souvent les mères) se mettent en quête d’une solution. Au même moment fleurissent les propositions de stages attractifs : sport, apprentissage d’une langue sur un mode ludique, cirque, théâtre, infrastructure super moderne, etc …. Prix de l’un d’entre eux : 240 euros par semaine par enfant ! C’est bien sûr inaccessible pour la plupart des parents. De plus, les horaires sont parfois incompatibles avec ceux des travailleurs (il faut par exemple aller rechercher son enfant à 16h).

    Certaines communes organisent des activités à un prix plus démocratique pendant les vacances. Parfois il s’agit simplement d’une garderie au sein d’une école communale. D’autres fois, les activités proposées aux enfants sont plus intéressantes mais les places sont rares.

    Du coup certains parents s’arrangent pour prendre congé chacun à leur tour et garder eux-mêmes leurs enfants. Ils ne sont dès lors peu ou jamais en congé ensemble et la totalité des vacan-ces scolaires n’est de toute façon pas couverte. De cette façon, le couple cède la place aux nécessités parentales. D’autres font appel à la famille élargie. Mais cela crée une situation de dépendance qui peut être source de conflits.

    Les parents sont mis devant l’obligation de trouver une solution et à leur frais ! Un salaire entier y passe facilement. Le coût peut aussi être d’ordre relationnel. On laisse la cellule familiale se débrouiller avec ce problème alors qu’il s’agit d’une nécessité sociale!

    Il est nécessaire d’organiser l’accueil des enfants dans des structures de qualité, accessibles à tous.

  • Allocations et pensions en danger!

    Il y a 60 ans, alors que la Belgique était encore occupée, le patronat et les syndicats négociaient un " Projet d’Accord de Solidarité sociale " qui jetait les bases de la Sécurité sociale actuelle. Il s’agissait surtout pour la bourgeoisie de préserver sa position de classe dirigeante alors que le stalinisme exerçait un grand pouvoir d’attraction sur la classe ouvrière du fait du rôle des partis communistes dans la Résistance et du prestige de l’URSS. Depuis la crise des années 70, la bourgeoisie n’a eu de cesse de démanteler la Sécu pour sauvegarder ses profits.

    Thierry Pierret

    Avant la Seconde Guerre mondiale, la Sécurité sociale en Belgique n’était qu’embryonnaire. Au 19ème siècle, les ouvriers ont créé les premières mutualités pour se prémunir contre les risques de l’existence. La misère était telle que la mort fut le premier risque à être couvert. Après avoir mené une vie infra-humaine, les ouvriers tenaient à avoir un enterrement et une sépulture dignes de ce nom. Ensuite, les mutualités ont tenté de prendre en charge les risques liés aux accidents de travail, aux maladies professionnelles et à la vieillesse. La question de la vieillesse était particulièrement brûlante, car les ouvriers n’avaient pas les moyens d’entretenir leurs parents âgés. Des milliers de mutuelles partiellement subsidiées par l’Etat voient le jour pour tenter de pallier à cette situation. En 1913, on comptait 5.000 sociétés d’assurance-maladie avec quelque 500.000 membres et 200 caisses de retraite avec 300.000 membres. Certaines de ces associations ne comptaient que quelques dizaines d’affiliés, ce qui rendait impossible de répartir les risques sur une base large. Si on ajoute que les cotisations étaient très basses, on comprendra aisément que la protection offerte était aléatoire et largement insuffisante pour couvrir les besoins.

    Le Pacte social de 1944

    Le Projet d’Accord de Solidarité sociale – en abrégé Pacte social – sera coulé en forme de loi par l’Arrêté-Loi du 28 décembre 1944. Il instaure un système basé sur 4 piliers : vieillesse (pensions), maladie-invalidité, chômage, allocations familiales. Le système est basé sur la triple contribution des patrons, des travailleurs et de l’Etat à l’Office national de Sécurité sociale (ONSS) qui finance les différentes branches de la Sécu. Cette triple contribution est évidemment un leurre. En réalité, la distinction entre cotisations patronales (versées directement à l’ONSS avant payement du salaire brut) et cotisations des travailleurs (prélevées sur le salaire brut) est purement technique. En effet, l’argent que les patrons versent directement à l’ONSS est une composante du salaire puisqu’il sert pour l’essentiel à financer des allocations de remplacement (pensions, chômage, maladie-invalidité) qui ne sont rien d’autre qu’un salaire différé. Cette présentation des choses permettait à la bureaucratie des syndicats et du PSB de justifier idéologiquement le maintien de l’autorité du patron dans l’entreprise comme " contrepartie " à la participation des patrons au système.

    La période de croissance économique exceptionnellement longue qui a suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale a permis à ce modèle de collaboration de classe de fonctionner jusqu’à la moitié des années 70. A ce moment, la baisse tendancielle du taux de profit (il faut toujours plus de capital pour un même niveau de profit) a rendu impossible le maintien du système tel quel pour les patrons. Les patrons doivent absolument restaurer le taux de profit en rognant sur le niveau de vie des travailleurs. Les patrons et les gouvernements successifs n’auront de cesse de réduire la part des revenus du travail dans le Produit intérieur brut (PIB) en bridant la croissance des salaires et des allocations sociales. La chute du stalinisme en 1989 ouvrira la voie à une offensive idéologique de la bourgeoisie contre les acquis sociaux et à la transformation des partis sociaux-démocrates en partis bourgeois. Désormais, l’offensive de la bourgeoisie contre la Sécu ne sera plus seulement quantitative (réduire le montant des allocations en termes réels et en exclure une partie des bénéficiaires), mais aussi qualitative. Il s’agit désormais de démanteler le système de la Sécu tel qu’il a été conçu en 1944.

    L’Etat social actif

    La philosophie qui soustendait la Sécurité sociale à sa fondation reposait sur l’idée d’assurance sociale. Les travailleurs s’assurent contre les risques de l’existence et cotisent pendant les périodes où ils sont actifs. Ils ont donc droit aux prestations de la Sécu dès lors qu’ils ont cotisé. Ce principe va être progressivement mis à mal. D’abord on va exclure du droit aux allocations plusieurs groupes de bénéficiaires. C’est surtout l’assurance chômage qui sera dans le collimateur ces deux dernières décennies qui sont caractérisées par un chômage de masse. On introduit l’article 80 qui permet d’exclure les chômeurs cohabitants (qui sont surtout des chômeuses) pour "chômage anormalement long". Un premier coup de canif est ainsi donné au droit illimité dans le temps aux allocations de chômage. Des dizaines de milliers de chômeuses seront ainsi exclues du chômage. Les chefs de ménage ne seront pas épargnés pour autant. Les chômeurs doivent accepter tout emploi convenable qui leur est proposé. Mais la notion d’emploi convenable va être interprétée de façon toujours plus large de telle sorte que nombre de chômeurs ont été contraints d’accepter un emploi bien en-deçà de leur qualification ou dans une région très éloignée de leur domicile. Le droit aux allocations est conditionné à la disponibilité sur le marché de l’emploi. Lorsqu’il n’y avait pas de chômage de masse, on estimait que cette condition était remplie dès lors que le chômeur ne refusait pas un emploi convenable. On va désormais exiger que le chômeur suive formations sur formations ou cherche activement un emploi et en fasse la preuve.

    Le système des Agences locales pour l’Emploi (ALE) qui oblige les chômeurs à accepter des petits boulots en partie subsidiés par les pouvoirs publics inaugure, sans avoir l’air d’y toucher, un changement fondamental de la philosophie du système. Ce changement de philosophie sera amplifié et prolongé par la réforme de la loi sur le minimex. Bien que le minimex ne dépende pas de la Sécurité sociale, cette réforme n’est pas sans incidence sur son fonctionnement. En effet, nombre de chômeurs exclus se sont retrouvés au CPAS où ils vivotaient grâce au minimex. Ils doivent maintenant travailler pour garder leur droit au "Revenu d’Intégration" qui remplace désormais le minimex. La philosophie qui soustend ces réformes est "l’activation des allocations de chômage". On n’a plus droit au chômage parce qu’on a cotisé, mais on doit désormais "mériter" son allocation en acceptant un job d’appoint sous-payé. Les allocations de chômage deviennent donc un moyen de faire payer par la collectivité les salaires d’une série de petits boulots. C’est un formidable outil pour casser le marché du travail dans la mesure où cela met une pression énorme sur les conditions de travail et de salaire de l’ensemble des salariés. C’est ce qu’on appelle "l’Etat social actif". On peut dire que c’est la marque de fabrique de la social-démocratie recyclée en outil politique principal de la bourgeoisie.

    L’offensive contre les pensions

    Après les allocations de chômage, c’est désormais le régime des pensions qui est dans la ligne de mire. Le gouvernement, les médias, les économistes font chorus pour nous mettre en garde contre le "péril gris". Ils évoquent l’an 2010 avec des accents quasi messianiques. A cette date, les générations nées après la guerre arriveront d’un coup à la retraite, ce qui mettrait en péril le financement des pensions. Et d’évoquer une pyramide des âges inversée à l’horizon 2050 où les plus de 60 ans représenteront le double des actifs contre la moitié aujourd’hui. Il ne s’agit pas de contester ces évolutions démographiques, mais bien les conclusions qu’ils en tirent.

    En effet, le financement actuel des pensions est basé sur le principe de la répartition. C’est-à-dire que les générations en âge de travailler cotisent pour payer les pensions de ceux qui sont partis à la retraite. On voudrait nous faire croire que le vieillissement de la population rendrait ce système intenable vu qu’il y aura de moins en moins d’actifs pour un nombre croissant de pensionnés. Et de mettre en avant la capitalisation comme alternative. Les travailleurs ne cotiseraient plus pour les générations précédentes, mais pour eux-mêmes. Des fonds de pension privés se chargeraient de récolter ces cotisations qu’ils investiraient en actions ou obligations. Ils les revendraient au profit du travailleur dès lors qu’il arrive à l’âge de la retraite. Le hic, c’est que, comme le démontre Gilbert De Swert dans son livre 50 mensonges sur le Veillissement, l’argument du veillissement joue aussi en défaveur de la capitalisation. En effet, il y aura toujours moins d’acheteurs potentiels de ces actions ou obligations puisque la génération suivante est moins nombreuse que la précédente. La faiblesse de la demande fera chuter leur valeur, ce qui privera le travailleur d’une pension décente. En outre, la capitalisation expose les travailleurs aux crises boursières qui résultent de la non-réalisation des profits escomptés. Le vieillissement sert d’alibi à une campagne idéologique en faveur de la privatisation des pensions.

    Le veillissement de la population est un fait et les projections démographiques à long terme sont spectaculaires. Mais, curieusement, les auteurs de toutes ces études "omettent" de faire les mêmes projections pour les baisses de charges patronales. Les baisses de charges cumulées totalisent à ce jour 5 milliards d’euros par an… Faites le compte de ce que la Sécu aura perdu d’ici 40 ou 50 ans. Il en va de même de la hausse cumulée de la productivité. A raison de 1,3% en plus chaque année, les générations futures produiront plus de richesses que les actuelles malgré le vieillissement.

    L’offensive actuelle de la bourgeoisie vise à faire table rase de tout ce qu’elle a dû concéder à une époque où le rapport de forces était plus favorable aux travailleurs tant sur le plan économique que sur le plan idéologique et politique. D’où l’idée d’un "financement alternatif" qui ne pèserait soi-disant plus sur les revenus du travail, mais qui permettrait surtout de passer d’un système de solidarité entre travailleurs à un système d’assistance "pour ceux qui en ont vraiment besoin". La Sécurité sociale sera le principal enjeu des luttes futures entre la bourgeoisie et le mouvement ouvrier.

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