Category: Nouveau parti des travailleurs

  • JournĂ©e pour la reconquĂȘte sociale Ă  Charleroi

    FGTB_charlLe samedi 24 octobre avait lieu Ă  Charleroi la journĂ©e de rĂ©flexion «Quelle stratĂ©gie pour une reconquĂȘte sociale?» organisĂ©e par la FGTB Charleroi – Sud Hainaut. Six partis politiques y Ă©taient invitĂ©s : le PTB, le PSL, la LCR, le PC ainsi que le PS et Ecolo pour cet Ă©vĂšnement placĂ© dans le cadre des activitĂ©s liĂ©es Ă  l’appel lancĂ© par cette rĂ©gionale FGTB le 1er mai 2012 et ses « dix objectifs d’un programme anticapitaliste d’urgence».

    Par Ben (Charleroi)

    L’idĂ©e de la journĂ©e Ă©tait que chaque parti vienne avec sa «boĂźte Ă  idĂ©es» ; des propositions concrĂštes et constructives afin de stimuler les discussions parmi les militants et dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux. Trois thĂšmes ont Ă©tĂ© dĂ©battus dans les ateliers du matin : « faire payer les grosses fortunes ? », « la rĂ©duction du temps de travail » et, enfin, «la rĂ©sistance sociale est aussi une affaire europĂ©enne !». L’aprĂšs-midi, des rapports de ces ateliers ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s en session plĂ©niĂšre avant de passer au dĂ©bat politique et Ă  la synthĂšse de la journĂ©e. De tels dĂ©bats sont bien Ă©videmment nĂ©cessaires et c’est avec enthousiasme que nous y avons participĂ©.

    Afin de concrĂ©tiser ces Ă©changes, nous avons soumis aux diffĂ©rents partis la proposition de s’engager ensemble, au minimum, Ă  signer une dĂ©claration commune relative aux dĂ©bats de la matinĂ©e : concernant l’Europe, s’engager Ă  n’accepter aucune directive europĂ©enne, aucun traitĂ© ou quoique ce soit qui implique d’appliquer l’austĂ©ritĂ© (ce que d’autres appellent la rigueur) ; concernant le temps de travail, s’engager Ă  n’accepter, Ă  aucun niveau de pouvoir (communal, rĂ©gional ou fĂ©dĂ©ral), aucune mesure visant Ă  augmenter le temps de travail (allongement de la carriĂšre, heures supplĂ©mentaires, etc.) ; et, enfin, concernant la fiscalitĂ©, s’engager Ă  ne pas participer Ă  un gouvernement qui refuse d’instaurer une taxe des millionnaires censĂ©e rapporter 8 milliards d’euros et Ă  supprimer le mĂ©canisme de la dĂ©duction des intĂ©rĂȘts notionnels.

    Ces propositions ne se basent pas sur le programme dĂ©fendu par le PSL pour changer la sociĂ©tĂ© ; elles sont beaucoup plus limitĂ©es. Nous sommes ouverts au dĂ©bat et prĂȘts Ă  travailler ensemble sur base de programmes et de revendications qui ne sont pas forcĂ©ment les nĂŽtres, pour peu qu’elles soient considĂ©rĂ©es comme Ă©tant un pas en avant par le mouvement des travailleurs et une bonne partie des forces de gauche.

    Malheureusement, ni le PS ni le PTB ne se sont prononcĂ©s en faveur de cette proposition, le PTB se limitant Ă  dĂ©noncer l’approbation de divers traitĂ©s d’austĂ©ritĂ© par le PS et Ecolo. Ecolo a par contre rĂ©pondu favorablement, mais avec deux nuances. La premiĂšre est que la suppression de la dĂ©duction des intĂ©rĂȘts notionnels soit comprise dans les 8 milliards d’euros prĂ©citĂ©s. La seconde Ă©tant que certains traitĂ©s europĂ©ens peuvent contenir de bonnes choses, notamment concernant la rĂ©duction des gaz Ă  effet de serre. Cela signifie-t-il qu’Ecolo serait prĂȘt Ă  accepter des mesures d’austĂ©ritĂ© pour peu qu’elles soient emballĂ©es dans un traitĂ© qui aborde la rĂ©duction des gaz Ă  effet de serre ?

    La FGTB de Charleroi a fait le choix d’ouvrir son initiative au PS et Ecolo, deux partis pourtant explicitement dĂ©noncĂ©s pour leur politique antisociale dans l’appel de 2012. Ce qui devait ĂȘtre un front anti-austĂ©ritĂ© est devenu un «front des progressistes». Ce changement d’approche est comprĂ©hensible vu la composition de gouvernement fĂ©dĂ©ral. L’arrivĂ©e du PS et d’Ecolo Ă  la table des discussions risque de susciter confusion et dĂ©ception chez de nombreux militants et dĂ©lĂ©guĂ©s qui pensaient en avoir fini avec les partis prĂ©tendument de gauche qui appliquent une politique de droite. Ceci explique par ailleurs probablement en partie le faible nombre de participants en comparaison avec la journĂ©e Ă  la GĂ©ode de 2013.

    Le dĂ©bat portant sur la stratĂ©gie pour une reconquĂȘte sociale doit se poursuivre et le PSL reste favorable Ă  la collaboration avec l’ensemble des forces de la gauche anti-austĂ©ritaire. Mais cette journĂ©e a dĂ©montrĂ© que ni le PS, ni Ecolo, ni le PTB ne veulent s’engager sĂ©rieusement. Le PS a d’ailleurs clairement refusĂ© la moindre pression extĂ©rieure sur le parti. La FGTB de Charleroi va devoir en tenir compte.


    Un groupe de citoyens a filmé quelques-unes des interventions de cette journée, celles-ci ont été publiées sur facebook.

    Voici sur le lien suivant l’intervention de notre camarade Benjamin.

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  • Nouvelles formations de gauche, rĂ©formisme ou rupture ?

    podemos_syrizaContrairement Ă  la tendance d’il y a quelques mois, la trajectoire ascendante de la nouvelle formation Podemos est aujourd’hui freinĂ©e. A l’occasion des derniĂšres Ă©lections rĂ©gionales espagnoles, en mai dernier, Podemos avait obtenu une digne mais insuffisante troisiĂšme position. Depuis lors, la formation violette laisse entrouverte la possibilitĂ© de conclure des pactes avec des partis traditionnels. L’ambiguĂŻtĂ© de Podemos par rapport Ă  la notion de classe devient maintenant dĂ©cisive Ă  l’heure de choisir entre rupture ou acceptation d’une austĂ©ritĂ© ‘‘light’’. L’une des questions clĂ©s, en vue des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de la fin de l’annĂ©e en Espagne, est la formation de coalitions post-Ă©lectorales et en particulier d’une possible entente entre le PSOE (la social-dĂ©mocratie) et Podemos.

    Par Marisa (Bruxelles), article tirĂ© de l’Ă©dition d’octobre de Lutte Socialiste

    Le PSOE s’est engagĂ© sur la voie du nĂ©olibĂ©ralisme et a appliquĂ© l’austĂ©ritĂ© au travers de coupes budgĂ©taires et de rĂ©ductions salariales. La social-dĂ©mocratie europĂ©enne a tout Ă  fait suivi le discours de la droite durant tout le processus de ‘‘nĂ©gociations’’ en GrĂšce. En gĂ©nĂ©ral, les partis sociaux-dĂ©mocrates ont Ă©tĂ© incapables de fournir des rĂ©formes progressistes et se sont ouvertement positionnĂ©s dans le camp des capitalistes et des contre-rĂ©formes. Malheureusement, Syriza a fini par trahir les intĂ©rĂȘts des travailleurs de la mĂȘme façon que le parti social-dĂ©mocrate grec Pasok.

    Cela a un impact pour la lutte contre l’austĂ©ritĂ© dans d’autres pays, comme le Portugal, l’Irlande, l’Italie ou l’Espagne. Les dirigeants de Podemos, aprĂšs avoir tournĂ© Ă  droite, ont dĂ©clarĂ© qu’ils auraient soutenu l’accord en GrĂšce ! Ils ajoutent que l’Espagne serait dans une meilleure position pour ‘‘nĂ©gocier’’ avec les institutions europĂ©ennes. Comme si la troĂŻka n’était pas disposĂ©e Ă  utiliser n’importe quelle mĂ©thode pendant les ‘‘nĂ©gociations’’ pour Ă©craser et discrĂ©diter tout gouvernement qui remet en question leur diktat !

    Si une chose est devenue claire aprĂšs la crise grecque, c’est que les nouvelles formations de travailleurs ont besoin d’un programme qui vise Ă  aller jusqu’au bout dans la lutte contre l’austĂ©ritĂ©. La victoire de Corbyn lors de l’élection pour la prĂ©sidence du Parti travailliste en Grande-Bretagne est aussi importante que l’émergence de Podemos en Espagne. Mais le plus intĂ©ressant, c’est que Corbyn s’est prĂ©sentĂ© avec un programme encore plus radical que celui de Podemos et avec une orientation claire envers la classe des travailleurs, ce qui montre que la recherche d’une alternative Ă  l’austĂ©ritĂ© se poursuit.

    Il est impossible de mettre en Ɠuvre un programme de rĂ©formes sans remettre en cause la base Ă©conomique du systĂšme capitaliste actuel. Une restructuration de la dette n’est pas suffisante et, en plus, elle est souvent utilisĂ©e pour rendre la dette plus soutenable et Ă©viter de dĂ©faut de paiement nocif pour les crĂ©anciers. Le point de dĂ©part pour un gouvernement de gauche est un programme qui exprime le vote anti-austĂ©ritĂ© avec des mesures socialistes telles que le refus du paiement de la dette, la nationalisation sous contrĂŽle dĂ©mocratique des travailleurs des secteurs-clĂ©s de l’économie et des investissements publics massifs pour rĂ©pondre aux nĂ©cessitĂ©s sociales.

    C’est seulement sur base d’une nationalisation du systĂšme bancaire sous contrĂŽle populaire qu’il serait possible de se dĂ©barrasser des spĂ©culateurs qui retiennent la classe ouvriĂšre en otage. Dans un secteur bancaire nationalisĂ©, le fardeau des prĂȘts hypothĂ©caires pourrait ĂȘtre remplacĂ© par des loyers abordables, les petites entreprises pourraient obtenir des prĂȘts bon marchĂ©, et des travaux publics tels qu’un programme de construction de logements massif pourraient ĂȘtre financĂ©s Ă  moindre coĂ»t. Il est clair qu’aucun parti pro-austĂ©ritĂ© n’accepterait de telles mesures de rupture et, par consĂ©quent, un pacte anti-austĂ©ritĂ© dans une coalition avec ces partis n’est ni ‘‘rĂ©aliste’’ ni ‘‘stable’’, c’est impossible.

    Pour clarifier cette question, il est important de se rappeler de ce qui est arrivĂ© lors des Ă©lections en Andalousie, oĂč Izquierda Unida (Gauche Unie) a obtenu le pire rĂ©sultat de son histoire. Personne n’ignore que IU a Ă©tĂ© punie pour sa participation Ă  un gouvernement de coalition avec le PSOE, un gouvernement qui a Ă©galement appliquĂ© l’austĂ©ritĂ© mais Ă  un rythme plus lent. Cela a Ă©tĂ© perçu par le public comme une erreur et la crĂ©ation d’une nouvelle coalition de Podemos ou d’autres formations alternatives avec des partis pro-austĂ©ritĂ© serait Ă  nouveau perçue comme une erreur. La nĂ©cessitĂ© d’une large confluence de gauche avec un programme anti-austĂ©ritĂ© pour les Ă©lections gĂ©nĂ©rales du 20 dĂ©cembre en Espagne – avec Podemos, IU et les mouvements sociaux – est plus qu’évidente.


     

    GrÚce : Abstention record aux élections du 20 septembre

    Tsipras et la direction de Syriza ont transformĂ© le ‘‘non’’ au mĂ©morandum en un ‘‘oui’’. Au lieu de s’appuyer sur le mandat populaire qui lui Ă©tait donnĂ© par les 61 % des voix contre l’austĂ©ritĂ©, Syriza est devenu rien de moins que le parti qui appliquera le nouveau mĂ©morandum austĂ©ritaire.

    Nous ne pouvons pas analyser les rĂ©sultats du 20 septembre sans commencer d’abord par faire remarquer le taux d’abstention record de 43,4 %. Si nous y ajoutons les 2,42 % des votes nuls ou blancs, cela signifie que prĂšs d’un Ă©lecteur sur deux n’a pas participĂ© aux Ă©lections. La frustration qui existe dans la population et dans de grandes parties de la gauche est Ă©norme. Le rĂ©sultat est un parlement avec 6 partis pro-mĂ©morandum, un parti nazi et le KKE (Parti communiste grec) comme seule expression de la gauche.

    Les deux partis ayant reçu le plus de votes, Syriza et Nouvelle DĂ©mocratie (droite), ont obtenu ensemble 3,45 millions de voix. En comparaison avec le rĂ©sultat des Ă©lections de janvier, Syriza a perdu 320.074 voix et ND 192.489. En 2004, l’ancien systĂšme des deux partis, le PASOK (social-dĂ©mocratie) et la ND, obtenait 6,36 millions de voix ensemble. Le ‘‘nouveau’’ bipartisme a moins d’impact et est plus instable que l’ancien. Cela affectera la coalition de Syriza / ANEL (droite nationaliste) qui sera rapidement testĂ©e lorsque le poids du mĂ©morandum provoquera les premiĂšres rĂ©actions politiques et sociales.

    Aube DorĂ©e reste, pour la troisiĂšme fois consĂ©cutive, la troisiĂšme force Ă©lectorale du pays, mais la formation d’extrĂȘme droite a perdu 10.000 voix en chiffres absolus, malgrĂ© que le procĂšs liĂ© Ă  l’assassinat du militant antifasciste Pablos Fyssas a dĂ©jĂ  commencĂ©. Le KKE a perdu 38.000 voix et UnitĂ© Populaire (scission de l’aile gauche de Syriza) n’est parvenue Ă  dĂ©crocher aucun siĂšge. UnitĂ© Populaire n’a pas Ă©tĂ© en mesure de prĂ©senter une alternative cohĂ©rente, ni un processus dĂ©mocratique ouvert et connectĂ© aux forces prĂ©sentes dans la sociĂ©tĂ©. Le mauvais rĂ©sultat Ă©lectoral de la gauche anti-austĂ©ritĂ© ne peut ĂȘtre que la base pour un nouveau commencement, en tenant compte des erreurs de la gauche rĂ©formiste.

    Catalogne : La justice sociale et le droit d’autodĂ©termination sont insĂ©parables

    La victoire des listes de confluence de gauche dans des grandes villes comme Madrid et Barcelone a reprĂ©sentĂ© un grand pas en avant. Les nouveaux Ă©lus ont dĂ©jĂ  mis en place des mesures pour arrĂȘter des expulsions, un audit de la dette municipale et la crĂ©ation d’un rĂ©seau des villes refuge face Ă  la crise migratoire. Cependant, les contraintes auxquelles ces coalitions sont confrontĂ©es commencent Ă©galement Ă  devenir palpables.

    Une nouvelle occasion se prĂ©sente pour utiliser la force accumulĂ©e par les luttes et les mobilisations de ces derniĂšres annĂ©es. À l’heure d’écrire cet article, les Ă©lections catalanes du 27 septembre sont imminentes et la question nationale jouera un rĂŽle trĂšs important dans celles-ci. Mais polariser la question autour du ‘‘oui’’ ou ‘‘non’’ Ă  l’indĂ©pendance favorise uniquement les secteurs plus rĂ©actionnaires. Quel que soit le rĂ©sultat final par rapport Ă  l’indĂ©pendance, le nouveau gouvernement devra choisir entre appliquer plus d’austĂ©ritĂ© ou s’y opposer.

    En outre, les questions sociale et nationale sont intrinsĂšquement liĂ©es. Il ne peut pas y avoir une vĂ©ritable justice sociale si ce n’est pas possible d’exercer le droit d’autodĂ©termination, et il ne peut pas y avoir une vraie indĂ©pendance si celle-ci n’est pas accompagnĂ©e de justice sociale. Toute collaboration avec des organisations bourgeoises sur un de ces sujets est une lourde charge pour les intĂ©rĂȘts dĂ©mocratiques et sociaux de la population.

    IdĂ©alement, il ne faudrait qu’une seule liste de gauche et de rupture, mais en pratique deux listes essayeront de jouer ce rĂŽle : la CUP (gauche indĂ©pendantiste et anticapitaliste) et Catalunya SĂ­ que es Pot (confluence de gauche anti-austĂ©ritĂ©). Mais voter n’est pas suffisant. Il est nĂ©cessaire que des nouvelles couches de travailleurs et de jeunes participent Ă  leurs campagnes et rentrent en masse dans l’activitĂ© politique. La lutte contre l’austĂ©ritĂ© et pour la dĂ©fense des droits dĂ©mocratiques des travailleurs ne sera pas possible sans une Ă©troite collaboration entre la gauche catalane, espagnole, europĂ©enne et internationale.

  • PS et SP.a dans les cordes malgrĂ© la rĂ©sistance sociale

    Ne soyons pas pris en otage par l’absence d’alternative politique!

    La lutte contre ce gouvernement a Ă©tĂ© impressionnante, avec un plan d’action allant crescendo Ă  l’automne jusqu’à une grĂšve gĂ©nĂ©rale nationale massive le 15 dĂ©cembre. Non seulement le gouvernement mais aussi toute la politique d’austĂ©ritĂ© se sont retrouvĂ©s vigoureusement secouĂ©s. Les derniers sondages indiquent toutefois que la N-VA et le MR ne reçoivent pas de sanction sĂ©vĂšre. Le PS et le SP.a ne bĂ©nĂ©ficient pas de l’énorme aversion qui vit des deux cĂŽtĂ©s de la frontiĂšre linguistique face Ă  l’austĂ©ritĂ©. Comment est-ce possible?

    Par Jarmo, article tirĂ© de l’Ă©dition de juin de Lutte Socialiste

    Une Ă©tude post-Ă©lectorale dirigĂ©e par l’institut ISPO (Instituut voor Sociaal en Politiek Opinie-onderzoek) a dĂ©voilĂ© quelques donnĂ©es remarquables concernant les Ă©lections du 25 mai 2014. Il semble que seuls 6% des Ă©lecteurs flamands ont dĂ©terminĂ© leur vote sur base de considĂ©rations communautaires. En 2007 et 2010, ce chiffre Ă©tait respectivement de 13,3 et 19,7%. AprĂšs 8 ans de crise, le communautaire a cĂ©dĂ© la place Ă  un certain nombre de problĂšmes socio-Ă©conomiques fondamentaux : pour 43% des Ă©lecteurs la crĂ©ation d’emplois Ă©tait une prioritĂ©, pour 37% la santĂ© et pour 32% les pensions. Ce n’est pas prĂ©cisĂ©ment ce sur quoi les forces de droite peuvent se baser.

    Sans surprise, la social-dĂ©mocratie belge n’a pas pu se dĂ©marquer sur ces thĂšmes. AprĂšs des annĂ©es de participation au pouvoir, le PS et le SP.a sont largement responsables de la destruction des conquĂȘtes sociales,
 Dans ces conditions, il n’est pas illogique de chercher une alternative ailleurs. Sans vĂ©ritable force de gauche capable de s’attirer la confiance des masses, la victoire de ce qui se prĂ©sente comme ‘‘alternative’’ est inĂ©vitable. La N-VA a remportĂ© les Ă©lections du 25 mai non pas sur ce qui fait son activitĂ© de base – le communautaire – mais sur l’absence de solution de rechange fiable face aux partis traditionnels.

    Le PS et le SP.a se concentrent maintenant sur eux-mĂȘmes. Les Ă©lections prĂ©sidentielles du SP.a, qui auront lieu en juin, ne sont qu’un concours de popularitĂ© oĂč – selon les mots de Frank Vandenbroucke lui-mĂȘme – l’essentiel est de ne pas donner l’impression que l’on voudrait faire un virage Ă  gauche. Le PS est quant Ă  lui en plein ‘‘chantier des idĂ©es’’. Mais derriĂšre les belles paroles (rĂ©pondre aux ‘‘contraintes europĂ©ennes et budgĂ©taires’’, rĂ©flĂ©chir sur le ‘‘capitalisme financier’’ qui gangrĂšne l’économie, faire ‘‘contre-poids’’ Ă  la droite et ‘‘l’idĂ©ologie nĂ©olibĂ©rale’’,
), on ne trouve aucun contenu concret ni mĂȘme la moindre remise en cause de la participation enthousiaste du PS Ă  la logique nĂ©olibĂ©rale durant les 25 annĂ©es oĂč il fut au pouvoir au niveau fĂ©dĂ©ral.

    En Grande-Bretagne, les conservateurs – pourtant largement dĂ©testĂ©s – sont parvenus contre toute attente Ă  gagner les Ă©lections aprĂšs 5 ans de politique austĂ©ritaire sauvage. Ce ne fut pas tellement une victoire de la droite, mais bien une dĂ©faite du Parti travailliste, incapable de convaincre l’opinion publique qu’il reprĂ©sente encore une alternative au gouvernement conservateur.

    Ce dĂ©veloppement a de profondes implications pour notre combat contre l’austĂ©ritĂ©. Les dirigeants syndicaux qui se baladent la main dans la main des partis comme le PS, le SP.a ou le CD&V ne peuvent que nous conduire Ă  l’impasse. Ils considĂšrent que la lutte est inutile tant que la N-VA reprĂ©sente un certains poids Ă©lectoral et que la social-dĂ©mocratie ne se dĂ©veloppe pas dans les sondages. Ils semblent ĂȘtre aveugles face au formidable coup que le mouvement syndical a infligĂ© au gouvernement Ă  l’automne dernier. A l’époque dĂ©jĂ , nous avons dĂ©fendu que le retour des autres partis traditionnels au gouvernement ne constituerait en rien une avancĂ©e fondamentale. DĂ©velopper nos luttes nĂ©cessite de lier le combat syndical au dĂ©veloppement d’une alternative politique prĂȘte Ă  se jeter Ă  corps perdu dans la bataille pour renverser ce gouvernement et reprĂ©senter les intĂ©rĂȘts du monde du travail.

  • MEETING Syriza, Podemos et perspectives de luttes en Belgique

    Syriza_charleroiQuelles sont les perspectives de luttes sociales en Europe et en Belgique ? Comment renforcer la solidarité européenne et internationale pour les soutenir ?

    « En janvier 2015, un Ă©vĂšnement d’une portĂ©e politique historique s’est dĂ©roulĂ© en Europe. En portant au pouvoir un parti qui refuse le discours nĂ©olibĂ©ral, le mouvement ouvrier grec a Ă©branlĂ© la classe dominante grecque et europĂ©enne. »

    MEETING en prĂ©sence d’orateurs de SYRIZA, mais aussi d’orateurs belges comme JEAN-FRANÇOIS TAMELLINI (secrĂ©taire fĂ©dĂ©ral de la FGTB) et BART VANDERSTEENE (porte-parole national du PSL).

    Ce samedi 30 mai, 15h, Ă  La Maison Des Huit Heures Ă  Charleroi, 23 Place Charles II.

    La crise Ă©conomique qui a Ă©clatĂ© en 2008 a dĂ©clenchĂ© une vague de politique d’austĂ©ritĂ©. AprĂšs avoir sauvĂ© le systĂšme bancaire mondial Ă  coup de milliers de milliards, les gouvernants ont prĂ©sentĂ© la note Ă  la population. Celle-ci n’est pas restĂ©e sans rĂ©action. De par le monde des vagues de femmes et d’hommes se sont levĂ©-e-s : rĂ©volutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient, luttes des Ă©tudiants aux Chili et au QuĂ©bec, luttes aux USA, combat autour de la question salariale Ă  Seattle, luttes des enseignants et dans les transports au BrĂ©sil, mais aussi Ă  Shanghai, en Afrique du Sud, au Burkina Faso, au SĂ©nĂ©gal,…

    L’Europe n’est pas restĂ©e Ă  l’écart de ce processus. En Europe du Sud, les luttes Ă©normes de la classe ouvriĂšre ont conduit Ă  l’Ă©mergence de partis politiques Ă  gauche des partis traditionnels. En Belgique, le plan d’action syndical de l’automne 2014 a dĂ©montrĂ© le potentiel du mouvement des travailleurs.

    Venez en débattre avec nous le 30 MAI à 15H à la « Maison des 8h » à CHARLEROI.
    Entrée à PRIX LIBRE.

    => Page de l’évĂšnement facebook

  • D’où provient la crise, quelle réponse de la gauche?

    Malgré son rejet, la proposition du PSL au PTB tient toujours

    Lors d’un dĂ©bat organisĂ© par Rood Ă  Gand le 13 novembre dernier, le modĂ©rateur a posĂ© les deux questions suivantes Ă  un panel de 7 invitĂ©s : D’oĂč provient la crise et quelle rĂ©ponse doit apporter la gauche ? Il a ainsi exprimĂ© le mystĂšre qui tracasse nombre de jeunes et de travailleurs depuis des annĂ©es maintenant. Comment expliquer que la crise du nĂ©olibĂ©ralisme et du capitalisme n’ouvre pas la voie Ă  la gauche, mais semble au contraire souffler dans les voiles de la droite populiste et de l’extrĂȘme droite ?

    Par Eric Byl, article tirĂ© de l’Ă©dition de dĂ©cembre-janvier de Lutte Socialiste

    • Lettre ouverte du PSL/LSP pour une union Ă©lectorale de nos forces en 2014

    L’espace manquait pour aborder la combinaison de facteurs qui a conduit Ă  cette crise qui dure depuis 5 ans. Stephen Bouquin, de Rood, a Ă©voquĂ© l’austĂ©ritĂ©, Ivo Flachet, du PVDA (nom du PTB en Flandre) s’est rĂ©fĂ©rĂ© Ă  la croissance des inĂ©galitĂ©s et le philosophe Bleri Leshi a insistĂ© sur l’importance de lire Marx. GĂ©nĂ©ralement, tous les orateurs s’accordaient Ă  dire que la crise est systĂ©mique, la consĂ©quence directe du mode capitaliste de production et de distribution. Cela a encore Ă©tĂ© confirmĂ© par l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE), le club des pays riches dont Yves Leterme est secrĂ©taire-gĂ©nĂ©ral adjoint.

    Dans son dernier rapport, l’OCDE dĂ©crit les Etats-Unis comme Ă©tant la plus importante menace pour l’économie mondiale. Pourquoi ? Parce que la croissance Ă©conomique s’y accĂ©lĂšre. La possibilitĂ© que le chĂŽmage diminue et que les prix augmentent est, par consĂ©quent, une perspective rĂ©aliste. Bonne nouvelle, penserait n’importe quel humble mortel. Mais cela ne marche pas comme ça. Cela peut pousser la RĂ©serve FĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine (la FED, la Banque centrale des Etats-Unis) Ă  raidir sa politique d’assouplissement monĂ©taire, ce qui fera grimper les taux d’intĂ©rĂȘts et rendra le crĂ©dit plus cher. La croissance Ă©conomique serait ainsi Ă©tranglĂ©e. Le second danger le plus important, toujours selon l’OCDE, se trouve en Europe. Le manque de croissance peut y conduire Ă  une spirale dĂ©flatoire, une baisse gĂ©nĂ©rale du niveau des prix avec en consĂ©quence l’arrĂȘt de la consommation et l’érosion de la rentabilitĂ© des entreprises.

    Bref: un cas classique de “cul de sac”. Qu’importe ce qui est tentĂ©, le rĂ©sultat est nĂ©gatif. Pour tout le monde ? L’an dernier, la fortune des 500 Français les plus nantis s’est accrue de 25%. Il ne s’agit pas d’un phĂ©nomĂšne français ou europĂ©en, mais d’un processus mondial. Pour certains, une crise est surtout synonyme d’opportunitĂ©. Ainsi, les patrons de la fĂ©dĂ©ration patronale flamande Voka s’en saisissent comme arme pour essayer de fortement rĂ©duire notre salaire indirect, les cotisations sociales nĂ©cessaires pour nous protĂ©ger contre la maladie, l’invaliditĂ©, le vieillissement et le chĂŽmage.

    Daniel Piron, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut, a dĂ©clarĂ© Ă  Gand que la gauche doit quitter la politique de casse “socialement” accompagnĂ©e pour adopter une attitude plus offensive, d’oĂč son plaidoyer pour unifier tous ceux qui se trouvent Ă  la gauche du PS et d’Ecolo. Sa collĂšgue Katrien Neyt de la FGTB de Gand a surtout pointĂ© du doigt le danger de la NV-A et des rĂ©glementations europĂ©ennes afin de plaider pour un front “de tous les progressistes”. L’échevin gantois Tom Balthazar (SP.a) a quant Ă  lui prĂ©tendu que l’index et la sĂ©curitĂ© sociale avaient Ă©tĂ© sauvegardĂ©s grĂące Ă  la social-dĂ©mocratie. Un plaidoyer peu convaincant.

    Egalement prĂ©sent comme orateur, j’ai utilisĂ© la ‘‘une’’ de l’édition prĂ©cĂ©dente de Lutte Socialiste, sur laquelle figuraient les cinq patrons d’entreprises publiques qui refusent de travailler pour un ‘‘pourboire’’ de seulement 290.000 euros. Quatre d’entre eux ont Ă©tĂ©s nommĂ©s par le PS et le SP.a ! J’ai aussi accentuĂ© que la gauche est plus forte dans les pays oĂč il y a plusieurs formations de gauche – les Pays-Bas, l’Allemagne, la France, l’Espagne, la GrĂšce,… – que lĂ  oĂč une seule formation a le monopole. A l’occasion de l’appel de Daniel Piron, j’ai Ă  nouveau proposĂ© au PTB de renforcer sa campagne avec le PSL et toute la gauche en vue des Ă©lections de mai 2014.

    Ivo Flachet a confirmĂ© au nom du PTB la rĂ©ponse que nous avions dĂ©jĂ  reçue au tĂ©lĂ©phone de Jan Hasaers, le responsable du PTB pour ces Ă©lections: le PTB ne dĂ©sire pas collaborer avec le PSL et n’en a pas besoin. Nous espĂ©rons que cette position sera revue. Un front ouvert, pluraliste et unitaire autour d’un programme d’urgence offensif tel que le propose la FGTB Charleroi & Sud- Hainaut reste nĂ©cessaire avant, mais surtout aprĂšs les Ă©lections afin de riposter contre l’attaque antisociale qui suivra ces Ă©lections.

  • Brochure FGTB Charleroi-Sud Hainaut – Quel était le programme de la FGTB en 1945 ?

    Le lien entre le syndicat socialiste et la social-dĂ©mocratie est sous pression, tout comme c’est le cas entre la CSC et la dĂ©mocratie chrĂ©tienne. MĂȘme la bureaucratie syndicale ne lance plus de campagnes enthousiastes en faveur des partenaires politiques, mais se limite Ă  un appel dĂ©fensif pour ‘‘le moindre mal’’. Elle s’en sort ainsi faute d’alternative Ă  gauche. Mais les choses commencent Ă  basculer. La rĂ©gionale de la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut cherche Ă  traduire la pression de la base, qui critique l’orientation politique de la FGTB, vers un rassemblement de toutes les formations Ă  la gauche des sociaux-dĂ©mocrates et des verts.

    Par Eric Byl

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    La FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut a publiĂ© une brochure intitulĂ©e ‘‘8 questions en relation avec l’appel du 1er mai 2012 de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut’’. Cette brochure est disponible en français et en nĂ©erlandais. Dans le numĂ©ro de novembre de Lutte Socialiste, nous avons voulu mettre en Ă©vidence un aspect discutĂ© dans la brochure : le contexte historique de la DĂ©claration de Principes de la FGTB de 1945.

    Comment se procurer la brochure ?

    En tĂ©lĂ©phonant Ă  la FGTB de Charleroi au 071/64.12.62. Ou en nous contactant au 02/345.61.81 ou via mail Ă  info@socialisme.be. DĂ©pĂȘchez-vous, elle partent trĂšs vite !

    Vous pouvez la trouver ici en format PDF

    Comment travailler avec elle ?

    En en discutant avec vos collÚgues, en proposant que la brochure soit discutée en réunion syndicale, en assemblée interprofessionnelle ou en comité exécutif et, par exemple, en invitant un orateur de la FGTB de Charleroi.
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    Les principes de la FGTB

    Pour cela la rĂ©gionale a mis en place un comitĂ© de soutien composĂ© de son propre bureau exĂ©cutif, de reprĂ©sentants de la gauche radicale et d’un observateur de la rĂ©gionale du syndicat chrĂ©tien des employĂ©s, la CNE. Ce comitĂ© de soutien a organisĂ© une premiĂšre journĂ©e de discussion le 27 avril dernier, avec une prĂ©sence de 400 participants. Depuis lors, la rĂ©gionale FGTB a publiĂ© une brochure oĂč figure Ă©galement la DĂ©claration de Principes de la FGTB de 1945. Ce n’est pas qu’un bout de papier, le texte reprend les conclusions que les anciens syndicalistes ont tirĂ©es de la pĂ©riode de la Grande DĂ©pression au dĂ©but des annĂ©es ‘30 Ă  la fin de la Seconde Guerre mondiale. La DĂ©claration a repris des couleurs depuis le dĂ©but de la grande rĂ©cession en 2008.

    La DĂ©claration de Principes se compose de 15 articles seulement. L’écart entre ces articles et ce que les dirigeants syndicaux disent lors de confĂ©rences et de rĂ©unions, ou encore dans les mĂ©dias ne saurait guĂšre ĂȘtre plus profond. La DĂ©claration est toutefois, jusqu’à ce jour, le principe officiel de la FGTB et est encore incluse dans les livrets d’adhĂ©sion, pour peu qu’ils existent encore. Pour les dirigeants syndicaux cependant, il ne s’agit de rien de plus qu’une piĂšce de musĂ©e qui ne bĂ©nĂ©ficie pas d’attention. Malheureusement, un grand nombre de membres et de militants ont aussi commencĂ© petit Ă  petit Ă  la considĂ©rer comme un idĂ©al dont on ne croit guĂšre en la rĂ©alisation.

    Quelques dĂ©cennies d’Etat-providence et, surtout, l’effondrement des caricatures de socialisme dans les pays staliniens du Bloc de l’Est ont sĂ©rieusement Ă©branlĂ© la confiance Ă©prouvĂ©e envers la possibilitĂ© d’une alternative Ă  l’exploitation capitaliste. Il en allait autrement en 1945. La DĂ©claration de Principes invoque dĂ©jĂ  dans son premier article que la FGTB vise Ă  ‘‘la constitution d’une sociĂ©tĂ© sans classe et Ă  la disparition du salariat, s’accompli[ssant] par une transformation totale de la sociĂ©tĂ©.’’ Toute illusion d’un capitalisme plus social, comprenant des conquĂȘtes durables pour les travailleurs, avait Ă©tĂ© balayĂ©e au cours des 15 annĂ©es qui avaient prĂ©cĂ©dĂ© 1945 sous les coups de l’agression patronale et de la sĂ©vĂšre rĂ©pression policiĂšre.

    Des concessions sur base de la lutte

    La pĂ©riode d’entre-deux-guerres avait pourtant commencĂ© de façon prometteuse. Des revendications, pour lesquelles un combat avait dĂ» ĂȘtre menĂ© des annĂ©es durant, avaient Ă©tĂ© obtenues. La vague rĂ©volutionnaire internationale Ă  la suite de RĂ©volution russe n’était pas Ă©trangĂšre Ă  la soudaine complaisance de la bourgeoisie. Cela a entraĂźnĂ© le suffrage universel masculin en 1919, l’instauration d’un indice des prix Ă  la consommation en 1920 et, en 1921, l’abrogation de l’article 310 du Code PĂ©nal rĂ©primant divers actes liĂ©s Ă  la grĂšve, ainsi que la loi sur la ‘‘libertĂ© d’association’’, de sorte que l’on ne pouvait plus ĂȘtre licenciĂ© pour appartenance Ă  un syndicat. Cette mĂȘme annĂ©e, la journĂ©e des huit heures et la semaine de 48 heures ont Ă©tĂ© ratifiĂ©es par la Loi.

    Curieusement, la position des dirigeants du Parti Ouvrier Belge (POB, ancĂȘtre du PS et du Sp.a) et de la commission syndicale Ă©tablie en 1898 – la paix sociale, la tranquillitĂ© et l’amĂ©lioration progressive par des moyens parlementaires – ont gagnĂ© ainsi en crĂ©dibilitĂ©. Toute l’histoire de l’union des travailleurs dans des syndicats se caractĂ©rise par l’alternance de pĂ©riodes de confrontation ouvertes avec le capitalisme, souvent contre la volontĂ© des dirigeants syndicaux, avec des pĂ©riodes d’intĂ©gration de l’appareil syndical au systĂšme. Pour miner les mouvements de grĂšve qui ont suivi la PremiĂšre Guerre mondiale, les commissions paritaires – des organes de consultation entre patrons et syndicats – ont Ă©tĂ© créées en 1919. Les conventions collectives de travail ont supplantĂ© les habituels contrats individuels.

    Le bourgeoisie veut faire marche arriĂšre

    Mais une fois la bourgeoisie remise de la crainte de la propagation de la RĂ©volution russe, elle a voulu revenir sur ces concessions. La marge pour de nouvelles conquĂȘtes sociales a Ă©tĂ© rĂ©duite pendant les annĂ©es ‘20. DĂšs le dĂ©but de la Grande DĂ©pression de1929, la situation s’est transformĂ©e en une politique agressive de dĂ©gradation sociale. Depuis le dĂ©but de la crise, les mineurs avaient dĂ©jĂ  dĂ» avaler des rĂ©ductions salariales de l’ordre de 24 % mises ensemble, mais dĂ©but juillet 1932, les patrons des mines ont annoncĂ© une nouvelle rĂ©duction de 10% d’un coup. Une grĂšve spontanĂ©e a alors Ă©clatĂ©, les mineurs du Borinage devenant dans les faits les maĂźtres de la rĂ©gion. L’état d’urgence a Ă©tĂ© instaurĂ©, des barrages et des postes de gendarmerie ont Ă©tĂ© Ă©tablis sur toutes les routes conduisant Ă  Bruxelles et devant tous les bĂątiments publics et l’aviation militaire survola le Pays Noir : mais rien de tout cela n’a pu inverser la tendance. La grĂšve a poursuivi son expansion, jusque dans le Limbourg. Ce n’est qu’en septembre qu’elle a perdu de sa vigueur, en partie Ă  cause de la faim, en partie parce que les patrons Ă©taient partiellement revenus sur leurs projets.

    L’atmosphĂšre Ă©tait combative, le POB s’est vu obligĂ© d’adopter un virage Ă  gauche Ă  la NoĂ«l 1933 avec le ‘‘Plan du Travail’’. Le Plan proposait une Ă©conomie mixte, mais exigeait aussi la nationalisation du secteur du crĂ©dit, des matiĂšres premiĂšres et de l’énergie, la socialisation des grandes entreprises monopolistiques et la soumission de la production Ă  une planification destinĂ©e Ă  orienter l’économie vers le bienĂȘtre gĂ©nĂ©ral plutĂŽt que pour le profit. L’enthousiasme entourant le Plan, cependant, faisait face Ă  l’hypocrisie des dirigeants du POB. C’est devenu clair en mars 1934, lorsque la Banque du Travail s’est effondrĂ©e suite Ă  la spĂ©culation tĂ©mĂ©raire, mais aussi quand les dirigeants Henrik De Man et Paul- Henri Spaak ont rejoint le gouvernement du banquier Van Zeeland en 1935, en larguant le Plan derriĂšre eux. En 1936, une grĂšve spontanĂ©e a de nouveau Ă©clatĂ© reprĂ©sentant, avec ses 15 millions de journĂ©es de travail perdues, la plus grande grĂšve de l’histoire belge. A la clĂ©, il y eut l’introduction de 6 jours de congĂ© payĂ© pour 1.500.000 travailleurs, une augmentation de salaire de 8%, l’instauration d’un salaire minimum et la semaine des 40 heures dans les industries insalubres, difficiles ou dangereuses. Le mouvement syndical s’est positionnĂ© de façon plus indĂ©pendante suite Ă  l’’expĂ©rience vĂ©cue avec le POB et, en 1937, la commission syndicale s’est convertie en ConfĂ©dĂ©ration GĂ©nĂ©rale du Travail de Belgique (CGTB). Les articles 3 et 4 de la DĂ©claration de Principes de 1945 qui soulignent l’indĂ©pendance syndicale puisent notamment leur source dans ces Ă©vĂ©nements.

    Les années de guerre

    Pendant l’occupation allemande (mai 1940), les grĂšves et les manifestations ont Ă©tĂ© prohibĂ©es, les comitĂ©s paritaires ont Ă©tĂ© suspendus et les syndicats ont Ă©tĂ© privĂ©s du paiement des allocations de chĂŽmage. CSC et CGTB Ă©taient divisĂ©s en deux camps avec, d’une part, ceux qui souhaitaient poursuivre leur travail adaptĂ© aux conditions de l’occupant et, d’autre part, ceux qui voulaient se conformer Ă  la dĂ©cision de 1938 visant Ă  la suspension du travail dĂšs que le pays serait occupĂ©. Le 22 novembre, la majoritĂ© de la CGTB – 12 des 22 fĂ©dĂ©rations), presque toutes les fĂ©dĂ©rations syndicales chrĂ©tiennes et le syndicat libĂ©ral – ont constituĂ© l’Union des Travailleurs manuels et intellectuels imposĂ©e par l’occupant allemand.

    La base syndicale, cependant, n’avait pas suivi les dirigeants. L’Union disposait de 250.000 membres en novembre 1940, pas mĂȘme le quart des membres qu’avaient tous les syndicats Belges avant-guerre. En 1942, il n’était plus question que de 110.000 membres, dont 17.000 seulement en Wallonie. Les 9 centrales de la CGTB qui n’avait pas rejoint l’Union, reprĂ©sentant ensemble 38% des membres, se prĂ©paraient quant Ă  elles au regroupement pour l’aprĂšs la guerre. Mais les travailleurs ne pouvaient pas se permettre d’attendre. À partir de septembre 1940, diffĂ©rentes grĂšves ont Ă©clatĂ© et plusieurs manifestations ont eu lieu sous les yeux de l’occupant, qui a parfois Ă©tĂ© obligĂ© de distribuer son approvisionnement alimentaire pour calmer les travailleurs. En mai 1941, une grĂšve d’une semaine, qui passera Ă  la notoriĂ©tĂ© sous le nom de ‘‘GrĂšve des 100.000’’, a conduit Ă  une augmentation salariale de 8%. L’Allemagne avait insistĂ© sur l’importance de cĂ©der aux travailleurs par peur d’une extension du conflit.

    La FGTB est lancée

    La rĂ©sistance a souvent Ă©tĂ© dirigĂ©e par les ComitĂ©s de Lutte Syndicale (CLS – qui deviendra plus tard la ConfĂ©dĂ©ration belge des syndicats unifiĂ©s – CBSU) du Parti Communiste Belge (PCB), par le Mouvement Syndical UnifiĂ© (MSU) d’AndrĂ© Renard, le Syndicat GĂ©nĂ©ral des Services Publics (SGSP) et la FĂ©dĂ©ration de Lutte des Mineurs de Charleroi – sous influence trotskyste. Avec le soutien du ministre du Travail du Parti Socialiste Belge (PSB) Achille Van Acker, qui tenait la CBSU soigneusement Ă  l’écart des commissions paritaires, et avec les allocations de chĂŽmage confiĂ©es aux caisses de chĂŽmage qui existait dĂ©jĂ  avant guerre, la CGTB a Ă©tĂ© capable de rĂ©cupĂ©rer en partie sa position Ă  la LibĂ©ration.

    Avec ses 248.259 membres, la CGTB Ă©tait nĂ©anmoins obligĂ©e de tenir compte de la force de la ConfĂ©dĂ©ration belge des syndicats unifiĂ©s (165.968 membres), du MSU (59.535) et du SGUSP (Syndicat GĂ©nĂ©ral UnifiĂ© des Services Publics – 51.789), qui ont reprĂ©sentĂ© ensemble plus de la moitiĂ© des membres de la nouvelle FGTB. La CSC a choisi de rester Ă  l’écart en s’accrochant au pluralisme syndical, mais aussi, et surtout parce qu’elle ne faisait pas confiance Ă  la doctrine, au programme et aux mĂ©thodes d’action de “certains syndicats”.

    La DĂ©claration de Principes de la FGTB de 1945 reflĂšte les relations en vigueur au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Elle contient des Ă©lĂ©ments radicaux, mais aussi des formules qui, sous pressions de la CGTB, demeuraient dĂ©libĂ©rĂ©ment vagues. Le PSL estime que la crise va mettre pression sur la politique syndicale d’intĂ©gration, et que la confrontation avec le capitalisme finira par devenir inĂ©vitable. Du cĂŽtĂ© des patrons et du gouvernement, cette confrontation a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© lancĂ©e.


    Abonnez-vous Ă  Lutte Socialiste ! Cet article est tirĂ© de l’Ă©dition de novembre de Lutte Socialiste. Vous n’avez pas encore d’abonnement ? N’hĂ©sitez pas, par abonnement d’essai (5 euros pour 3 n°, 10 euros pour 6 n°), abonnement normal (20 euros pour 12 n°), abonnement de soutien (30 ou 50 euros pour 12 n°) ou ordre permanent bancaire mensuel de minimum 2 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de “Socialist Press” avec pour mention “Abonnement”. Pour plus d’infos, des remarques, propositions d’articles,… : prennez contact avec nous via redaction@socialisme.be

  • Une brochure pour clarifier et pousser en avant l'appel de la FGTB de Charleroi !

    PrĂšs de 10.000 brochures ont Ă©tĂ© produites par la FGTB de Charleroi Ă  la mi-septembre et on parle dĂ©jĂ  d’une possible réédition. Une version en nĂ©erlandais est Ă©galement disponible et il se discute la possibilitĂ© de traduire dans d’autres langues comme par exemple l’italien. Le sujet? Ce fameux appel de la rĂ©gionale FGTB de Charleroi pour construire une alternative de gauche contre la crise capitaliste.

    Par Ben (Charleroi)


    Photo ci-contre : JournĂ©e du 27 avril 2013 dernier autour de l’appel de la FGTB de Charleroi


    L’idĂ©e de la brochure est Ă©videmment de clarifier la position de la FGTB carolo, mais ce sera surtout un outil pour la diffuser le plus largement possible en permettant Ă  chaque dĂ©lĂ©guĂ© ou militant syndical – de Charleroi ou d’ailleurs – de mener le dĂ©bat dans sa dĂ©lĂ©gation et plus largement avec l’ensemble de ses collĂšgues.

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    Comment se procurer la brochure ?

    En tĂ©lĂ©phonant Ă  la FGTB de Charleroi au 071/64.12.62. Ou en nous contactant au 02/345.61.81 ou via mail Ă  info@socialisme.be. DĂ©pĂȘchez-vous, elle partent trĂšs vite !

    Vous pouvez la trouver ici en format PDF

    Comment travailler avec elle ?

    En en discutant avec vos collÚgues, en proposant que la brochure soit discutée en réunion syndicale, en assemblée interprofessionnelle ou en comité exécutif et, par exemple, en invitant un orateur de la FGTB de Charleroi.
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    La brochure s’intitule ”8 questions en relation avec l’appel du premier mai 2012 de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut’‘. Lors de sa prĂ©sentation en assemblĂ©e interprofessionnelle, un dĂ©lĂ©guĂ© est montĂ© Ă  la tribune pour dire que le ”8” de la premiĂšre page lui faisait penser aux affiches de la campagne pour la journĂ©e des 8 heures au dĂ©but du siĂšcle dernier. ”Si on ne fait rien, a-t-il Ă©galement dit, c’est Ă  ça qu’on va arriver, Ă  un retour en arriĂšre de 100 ans, Ă  la perte de tous les acquis que les travailleurs ont gagnĂ© par leur lutte.”

    C’est en partant du mĂȘme constat que Carlo Briscolini, PrĂ©sident de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut, introduit la brochure. ”Nous continuons Ă  payer, depuis 1974, les consĂ©quences de ces crises successives dont nous ne sommes pas responsables. Nous devons rĂ©agir de toutes nos forces contre ce systĂšme capitaliste qui nous entraĂźne progressivement, mais sĂ»rement, vers la misĂšre. A Charleroi, nous voulons lutter pour un nouveau projet de sociĂ©tĂ©. (…) Rien ne tombe du ciel, rien n’est toujours acquis dĂ©finitivement et c’est dans le combat syndical que nous avons obtenu nos plus grandes victoires. (…) Pour changer les rapports de force face au patronat et Ă  la droite, nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une nouvelles force politique Ă  gauche digne de ce nom.” Et il conclut en disant qu’au ”travers de cette brochure informative et explicative de notre dĂ©marche, nous souhaitons lancer un large dĂ©bat dĂ©mocratique au sein des structures de la FGTB, mais aussi en dehors avec toutes les forces progressistes qui voudraient nous rejoindre.”

    AprĂšs la brĂšve introduction de Carlo, la brochure réédite la dĂ©claration de principes de la FGTB afin de rappeler Ă  chaque militant les fondements de la FGTB, dont son premier point: ”Émanation directe des forces laborieuses organisĂ©es, la FGTB proclame que l’idĂ©al syndicaliste, visant Ă  la constitution d’une sociĂ©tĂ© sans classe et Ă  la disparition du salariat, s’accomplira par une transformation totale de la sociĂ©tĂ©.”

    Elle continue par un extrait du rapport au CongrĂšs d’orientation politique du 4 mai 2010 oĂč la FGTB a dĂ©cidĂ© de reconsidĂ©rer le lien privilĂ©giĂ© qu’elle avait avec le PS et, accessoirement, Ecolo. Suit alors le discours du 1er mai 2012 dans son intĂ©gralitĂ©, ainsi qu’une motion de l’exĂ©cutif du 22 mai 2013. Enfin, les 8 questions/rĂ©ponses clĂŽturent la brochure.

    La premiĂšre question posĂ©e est de savoir si le syndicat peut s’occuper de politique, et la FGTB de Charleroi de rĂ©pondre ”Oui. Non seulement il le peut, mais il le doit. Notre FGTB dĂ©fend un projet de sociĂ©tĂ© sans classes. (…) Sa rĂ©alisation implique l’abolition de ce systĂšme et son remplacement par un autre, socialiste et dĂ©mocratique.”

    Face Ă  l’impasse de la stratĂ©gie de l’aiguillon sur les partis traditionnels, nous avons besoin d’une nouvelle stratĂ©gie politique : ”Nous avons Ă©videmment besoin en premier lieu d’un syndicalisme plus combatif et dĂ©mocratique. (…) Mais cela ne suffit pas. (…) Pour changer les rapports de forces face au patronat et Ă  la droite, nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une force politique nouvelle, anticapitaliste, Ă  gauche du PS et d’Ecolo. Aider Ă  l’émergence et au dĂ©veloppement de cette force pour qu’elle devienne la plus large possible, voilĂ  la stratĂ©gie politique que nous proposons Ă  la place de celle de l’aiguillon.’

    Une autre question posĂ©e est de savoir si la FGTB veut crĂ©er un nouveau parti politique : ”Nous proposons que la FGTB favorise activement l’apparition d’une nouvelle force anticapitaliste sur le champ politique et Ă©lectoral. Ce n’est pas la mĂȘme chose. Nous voulons mettre notre poids dans la balance pour rassembler celles et ceux qui aspirent Ă  une alternative anticapitaliste. Nous les mettons devant leurs responsabilitĂ©s de crĂ©er une force aussi fidĂšle aux intĂ©rĂȘts du monde du travail que les forces existantes sont fidĂšles aux intĂ©rĂȘts des patrons.”

    Un nouveau relais politique de la FGTB ?

    ”Non, nous voulons que se forme un nouveau relais politique du monde du travail dans son ensemble. C’est Ă©videmment au sein de notre organisation, la FGTB, que nous menons le dĂ©bat. Nous ne nous immiscerons pas dans le fonctionnement d’autres organisations syndicales. Mais la FGTB n’est pas la seule Ă  ĂȘtre confrontĂ©e Ă  l’impasse de la stratĂ©gie politique de l’aiguillon. La CSC est dans la mĂȘme situation. C’est pourquoi, dans le fond, notre appel Ă  une autre stratĂ©gie ne concerne pas que la FGTB. Le fait que la CNE a voulu s’associer Ă  notre dĂ©marche est trĂšs important. Cela montre que notre stratĂ©gie, loin d’ĂȘtre une source de division, peut contribuer au contraire Ă  dĂ©passer certaines divisions historiques du monde du travail.”

    Le texte continue sur cette idĂ©e, qui s’applique par ailleurs Ă©galement trĂšs bien Ă  la question du travail unitaire des formations de la gauche radicale ; ”Nous devons ĂȘtre conscients de la chance qui s’ouvre ainsi et, sans abandonner notre identitĂ©, mais dans le respect des diffĂ©rences, favoriser la convergence autour d’un projet politique commun. Nous devons bien voir que cette possibilitĂ© de convergence trouve son origine fondamentale dans l’extrĂȘme gravitĂ© des menaces qui pĂšsent sur le monde du travail.”

    Petit rappel

    Depuis plusieurs dĂ©cennies de participation ”socialiste” (on parle bien entendu du PS) Ă  diffĂ©rents niveaux de pouvoir, la colĂšre s’est accumulĂ©e dans les rangs syndicaux. Entre la rĂ©forme de l’enseignement, le plan global, le pacte des gĂ©nĂ©rations, le contrĂŽle de la disponibilitĂ© des chĂŽmeurs, jusqu’aux mesures du budget 2012, il a Ă©tĂ© chaque fois plus clair que la stratĂ©gie du ”moindre mal” menait tout droit dans le mur.

    Comme Daniel Piron l’expliquait lors de la confĂ©rence de presse de prĂ©sentation de la brochure, on peut dire qu’entre 2002 et 2010, il Ă©tait dĂ©jĂ  clair que l’action commune ne fonctionnait plus. C’est ce qui explique que lors du CongrĂšs d’orientation politique du 4 mai 2010 ”la FGTB a dĂ©cidĂ© de reconsidĂ©rer le lien privilĂ©giĂ© qu’elle avait avec le PS et accessoirement avec Ecolo et d’engager des rapports suivis avec tous les partis dĂ©mocratiques de gauche.”

    Fin 2011, L’arrivĂ©e d’un premier ministre PS a coĂŻncidĂ© avec le pire budget d’austĂ©ritĂ© que la Belgique ait connu depuis longtemps. Cela a menĂ© a la grĂšve gĂ©nĂ©rale du 30 janvier 2012 et lors de l’Ă©valuation qui en a Ă©tĂ© faite en assemblĂ©e interprofessionnelle Ă  Charleroi, de nombreux dĂ©lĂ©guĂ©s on dĂ©clarĂ© que ”Le PS nous a trahi une fois de plus, une fois de trop.”

    C’est ce long processus qui va nous amener au discours du 1er mai 2012 de la FGTB Charleroi, discours dans lequel il est clairement dit que la politique du moindre mal ne passe plus et que c’est pourquoi les instances de la FGTB de Charleroi appellent a un rassemblement a gauche du PS et d’Ecolo. Et comme l’a dit Daniel Piron dans cet appel, ”Je sais que cela ne sera pas chose facile, mais si chacun peut faire un pas vers l’autre, PTB, LCR, PSL, PC, gauche chrĂ©tienne peut-ĂȘtre, gauche du PS et d’Ecolo s’il en reste, sĂ»rement, nous pourrons certainement, nous l’appelons de toutes nos forces, renouer avec l’espoir du monde du travail.”

    Par aprĂšs, la FGTB de Charleroi n’a pas voulu interfĂ©rer avec les Ă©lections communales et ce n’est donc que dĂ©but 2013 qu’un comitĂ© de soutien Ă  l’appel s’est constituĂ© avec l’ensemble des partis Ă  gauche du PS et d’Ecolo. Les discussions ont conduit Ă  l’organisation d’une grande journĂ©e de lutte et de dĂ©bat le 27 avril 2013 Ă  Charleroi. PrĂšs de 400 militants syndicaux et politiques y ont participĂ© et ont Ă©mis le souhait que l’initiative montre qu’elle existe avant 2014. Une autre proposition y a Ă©tĂ© faite, l’Ă©criture d’un programme anticapitaliste pour la FGTB.

    Tout cela nous a amenĂ© au mois de septembre et a l’Ă©dition d’une premiĂšre brochure expliquant la dĂ©marche de la FGTB de Charleroi, qui sera suivie d’une deuxiĂšme, base pour un programme anticapitaliste de la FGTB.

    L’idĂ©e est de refaire une grande journĂ©e de dĂ©bat et de discussion autour de l’appel et du programme anticapitaliste de la FGTB entre la fin de cette annĂ©e et le dĂ©but de l’annĂ©e 2014. Mais cette fois-ci, en mobilisant plus largement et en y impliquant le plus de dĂ©lĂ©guĂ©s et de militants possibles.

    Ce dĂ©bat interne est d’autant plus important qu’il y a un congrĂšs de la FGTB en 2014.

  • Présentation de la brochure intitulée: "8 questions en relation avec l'appel du premier mai 2012 de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut"

    Conférence de presse de la FGTB de Charleroi

    AprĂšs la grĂšve gĂ©nĂ©rale du 30 janvier 2012, de nombreux militants syndicaux ont dĂ©noncĂ© les liens existants entre la FGTB et un PS qui “trahit” les travailleurs en appliquant la politique d’austĂ©ritĂ©. AprĂšs divers dĂ©bat dans le syndicat, la FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut avait lancĂ© un appel lors du 1er mai 2012, Ă  l’occasion du discours du secrĂ©taire rĂ©gional Daniel Piron. Cet appel invite Ă  un rassemblement politique anticapitaliste Ă  la gauche du PS et d’Ecolo. La brochure, produite en plusieurs milliers d’exemplaires, doit servir Ă  diffuser largement cet appel.

    Dans la presse:

    Rubrique de socialisme.be consacrĂ©e Ă  la nĂ©cessitĂ© d’un nouveau parti large des travailleurs

    Extrait de l’introduction de Carlo Briscolini :

    “Lors de son congrĂšs d’orientation du 4 mai 2010, la FGTB Charleroi-sud Hainaut a dĂ©cidĂ© de reconsidĂ©rer le lien privilĂ©giĂ© avec le PS et d’engager des rapports suivis avec tous les partis dĂ©mocratiques de gauche.

    Nous avons besoin d’une nouvelle stratĂ©gie politique car, sans relais politiques forts Ă  gauche, nous sommes condamnĂ©s au recul en permanence. Au mieux, nous limitons les dĂ©gĂąts mais sur le long terme, c’est le pire qui dĂ©truit toutes nos conquĂȘtes. Pour changer les rapports de force face au patronat et Ă  la droite, nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une nouvelle force politique Ă  gauche digne de ce nom.

    Aider Ă  l’Ă©mergence et au dĂ©veloppement de cette force pour qu’elle devienne la plus large possible, voilĂ  la stratĂ©gie politique que nous proposons Ă  la place de celle du “moindre mal” (social-dĂ©mocratie). C’est le sens de l’appel que nous avons lancĂ© le 1 Mai 2012.

    Nous voulons donc que se forme un nouveau relais politique fort à gauche pour un changement de cap des politiques menées ces derniÚres décennies.

    Au travers de cette brochure informative et explicative de notre démarche, nous souhaitons lancer un large débat démocratique au sein des structures de la FGTB, mais aussi en dehors avec toutes les forces progressistes qui voudraient nous rejoindre.

    Se taire ou se rĂ©signer, jamais.”

    Vous pouvez vous procurer la Brochure en tĂ©lĂ©phonant Ă  la FGTB de Charleroi au 071/64.12.62. ou en nous contactant au 02/345.61.81 ou via mail Ă  info@socialisme.be. DĂ©pĂȘchez-vous, elle partent trĂšs vite !

    Brochure au format PDF

  • L’enjeu des élections du 25 mai 2014… et le défi à relever pour la gauche

    Cela semble encore loin, mais dĂšs l’automne, tout sera consacrĂ© aux Ă©lections si redoutĂ©es du 25 mai 2014. La bourgeoisie traditionnelle et leurs partis parviendront-ils Ă  nouveau Ă  nous vendre leur politique comme un mal nĂ©cessaire ? A moins que la petite bourgeoisie flamande impatiente et ses extrĂ©mistes communautaires ne leur mettent des bĂątons dans les roues, au risque d’une nouvelle crise politique prolongĂ©e ? De leur cĂŽtĂ©, les dirigeants syndicaux parviendront-ils encore une fois Ă  mobiliser leur base derriĂšre le “moindre mal” ou le fossĂ© existant entre des pans du mouvement ouvrier et les partis traditionnels se manifestera-t-il enfin au Parlement ?

    Edito de l’Ă©dition de septembre de Lutte Socialiste, par Eric Byl, membre du Bureau ExĂ©cutif du PSL

    C’est avec satisfaction que la grande bourgeoisie belge peut regarder en arriĂšre et considĂ©rer le choix tactique auquel elle a poussĂ© il y a prĂšs de deux ans. Un gouvernement dirigĂ© par le PS Ă©tait en effet l’instrument le plus adĂ©quat pour faire avaler au mouvement ouvrier le programme d’austĂ©ritĂ© le plus sombre de l’histoire du pays. En deux bonnes annĂ©es, une demi-lĂ©gislature Ă  peine, le gouvernement Di Rupo a mis en Ɠuvre toute une batterie de rĂ©formes jugĂ©es nĂ©cessaires par la bourgeoisie. Nous allons maintenant travailler plus longtemps, la chasse Ă  ce qu’à droite on qualifie de “profitariat social” (allocataires sociaux, chĂŽmeurs, malades chroniques, handicapĂ©s, rĂ©fugiĂ©s politiques et autres immigrĂ©s) est passĂ©e Ă  la vitesse supĂ©rieure, les salaires sont gelĂ©s, la flexibilitĂ© accrue et la fonction publique Ă©touffĂ©e. Pour la bourgeoisie, ce sont de bonnes nouvelles.

    ParallĂšlement, les banques ont Ă©tĂ© soutenues avec les ressources de la collectivitĂ©, les spĂ©culateurs de la dette publique ont eu leur attention provisoirement attirĂ©e ailleurs et les entreprises ont Ă©tĂ© irriguĂ©es de subventions et d’allĂšgements fiscaux. De plus, le gouvernement a gracieusement pu Ă©riger une rĂ©forme d’Etat et l’unification des statuts ouvrier et employĂ©. Enfin, il a pu respecter avec un certain retard les normes budgĂ©taires imposĂ©es par l’Europe. La rĂ©sistance Ă  la politique menĂ©e a fait face Ă  une augmentation de la rĂ©pression. PĂ©titions et gentilles “manifestations” doivent soutenir la façade dĂ©mocratique, mais au- delĂ , mĂ©fiez-vous des Sanctions Administratives Communales (SAC). L’amnistie ou la rĂ©duction de peine ne sont que des privilĂšges pour les grands fraudeurs et autres criminels de haut vol, car lĂ  aussi il s’agit d’une sociĂ©tĂ© de classe.

    AprĂšs cinq ans de la plus grande crise du capitalisme depuis la Grande DĂ©pression des annĂ©es ’30, plus rien n’est garanti. On peut toutefois supposer que le gouvernement va passer en mode Ă©lectoral. Pour la N-VA, la casse sociale n’est pas assez dure. De Wever & Co vont tout faire pour augmenter la pression y compris, quand ils le peuvent, en utilisant systĂ©matiquement la rhĂ©torique de “responsabilisation” des partis traditionnels : tu as des droits, mais aussi pas mal de devoirs. AprĂšs les Ă©lections, la casse sociale prendra fortement de l’ampleur ; avec la N-VA pour illustrer la force du changement, ou sans elle pour montrer que “le changement” peut s’en passer. La N-VA sera l’enjeu majeur des Ă©lections et qu’importe la maniĂšre dont cela se jouera, cela annonce de mauvaise nouvelles pour le mouvement ouvrier.

    À moins toutefois que le mouvement des travailleurs ou certaines de ses sections ne commencent Ă  inflĂ©chir cette tendance en forçant les portes des Parlements avec un ou plusieurs Ă©lus indĂ©pendants de la bourgeoisie. C’est ce Ă  quoi la rĂ©gionale de la FGTB Charleroi & Sud- Hainaut et la CNE, la centrale des employĂ©s de la CSC, ont ouvertement appelĂ© avec sans aucun doute une large approbation de militants syndicaux de tout le pays. A LiĂšge et Anvers, surtout, le PTB est bien placĂ© pour ce faire. Comme d’innombrables autres militants, le PSL aimerait y contribuer, d’oĂč notre appel pour des listes unitaires sous le nom de PTB-UnitĂ©.

    Le PSL ne peut pas dĂ©terminer ce que pourrait faire le PTB de ses Ă©lus, mais nous avons quelques suggestions. Nous ferions de ces Ă©lus les porte-paroles de l’ensemble du mouvement, pas seulement de nos propres militants. Nous sommes Ă©galement d’avis qu’il ne faut pas chercher Ă  n’importe quel prix Ă  formuler des revendications acceptables pour le Parlement, mais rĂ©pondre aux besoins rĂ©els du mouvement, et aussi rester le plus loin possible de petits postes et des coalitions avec les partis de l’austĂ©ritĂ©. Enfin, nous souhaiterions les encourager Ă  utiliser leur position afin de populariser un vĂ©ritable programme socialiste dĂ©mocratique car cela renforcerait le mouvement.

  • Aperçu du Meeting à Bruxelles :“Les suites de l’appel de la FGTB de Charleroi afin de construire un rassemblement de gauche en Belgique !”

    La salle était comble ce 18 juin, une centaine de personnes étaient présentes pour participer à ce débat organisé dans le cadre des ‘‘Mardis politiques’’ du Garcia Lorca par ‘‘Alternatives à Bruxelles’’ (un collectif de sections de partis de gauche étrangers en Belgique : Izquierda Unida (Espagne), Rifondazione Comunista (Italie), Die Linke (Allemagne) et le Parti Socialiste Unifié (Maroc)), et par la fondation Joseph Jacquemotte.

    Par Boris Malarme

    Daniel Piron, secrétaire régional de la FGTB de Charleroi et Sud-Hainaut et Lahoucine Tazribine secrétaire permanent CNE-GNC dans le secteur privé, ont ouvert le débat, suivis par des orateurs de la gauche politique, Saïd Cherrid pour le Mouvement de Gauche, Anja Deschoemacker pour le PSL et Stephen Bouquin pour Rood! Voici un aperçu – non-exhaustif – de cette rencontre.

    Daniel Piron a expliqué la démarche de l’appel de la FGTB de Charleroi. Pour celle-ci, il fallait faire quelque chose et ne pas se contenter de gérer les restructurations et les plans d’austérité. Après la grève générale du 30 janvier 2012, de nombreux militants sont montés à la tribune pour s’opposer au lien existant entre la FGTB et un PS qui “trahit” les travailleurs en appliquant l’austérité. Après débat dans le syndicat, cela a conduit à l’appel du 1er mai 2012 appelant à un rassemblement politique anticapitaliste à la gauche du PS et d’Ecolo. Après les élections communales, la régionale de la FGTB s’est réunie avec 8 formations politiques invitées et avec la CNE, la centrale des employés de la CSC, pour créer un espace de discussion entre organisations.

    Le 27 avril de cette année, une journée de discussion sur ce thème avait rassemblé environ 400 personnes. Daniel Piron a expliqué que deux conclusions ressortaient de l’événement : une demande ‘‘d’exister avant les élections de 2014’’ et une demande d’étendre l’initiative parmi les travailleurs d’une part, à toutes les régions du pays d’autre part. C’est pourquoi la FGTB de Charleroi prépare une ‘‘plaquette’’ explicative qui sera distribuée en masse dans les entreprises à Charleroi et ailleurs.

    Pour Lahoucine Tazribine, il faut premièrement défendre des alternatives aux restructurations, comme la réduction collective du temps de travail. Ensuite, aucun élu des partis traditionnels n’a répondu à l’opposition des syndicats au traité européen d’austérité (le TSCG), la CNE compte bien le rappeler aux prochaines élections. Un autre élément est la percée du PTB, qui a notamment maintenant deux conseillers communaux à Bruxelles, ce qui reste insuffisant. C’est pourquoi il faut soutenir l’appel de la FGTB de Charleroi pour la construction d’un relais politique large pour les luttes des travailleurs. Il a poursuivit en expliquant que le combat de la gauche est celui de l’Egalité, et qu’il faut développer l’unité des travailleurs au-delà des frontières linguistiques et construire un front commun. Il a encore rappelé l’attachement de la CNE à l’indépendance syndicale, ce qui signifie de ne pas avoir de partenaire privilégié et de rester un contre-pouvoir. Il a conclu en expliquant que Bruxelles-Hal-Vilvorde représente la moitié des 160.000 affiliés de la CNE, la centrale s’impliquera donc activement à Bruxelles pour construire autour de l’Appel de Charleroi.

    Anja Deschoemacker, a développé que l’Appel de Charleroi est un fait historique en tant qu’expression du gouffre existant entre la basse syndicale et la social-démocratie. Quelle que soit la composition du prochain gouvernement, l’austérité sera approfondie et ce fossé est destiné à croître. Des figures telles que Hollande ou Di Rupo n’ont pas de solution face à la crise, aucun espace n’existe pour un programme néo-keynésien ou néo-réformiste. Appliquer un plan radical d’investissements publics pour répondre aux innombrables nécessités sociales (en termes de logement, d’enseignement, d’emploi, de soins de santé,…) exige de nationaliser les banques ainsi que les secteurs-clés de l’économie.

    Après ces éléments de programme, Anja a également développé la proposition du PSL de combiner la campagne autour de la ‘‘plaquette’’ avec un deuxième meeting à Charleroi en octobre après une campagne dans les entreprises de tout le pays afin d’en faire un succès plus massif. Même si ce sont les luttes des travailleurs qui peuvent changer la société, obtenir des élus de gauche en 2014 peut constituer une aide précieuse pour donner plus d’impact aux idées de gauche, développer la conscience de classe et représenter un porte-voix pour les luttes. Comme le PTB est actuellement dans la meilleure position électorale, le PSL a proposé à l’ensemble des formations de gauche de se présenter ensemble aux élections de 2014, sous la forme de listes ‘‘PTB-Unité’’ ou quelque chose de similaire, avec une composition de liste qui soit motivante pour toutes les formations, avec une bonne coordination et la liberté de chaque composante de diffuser son matériel politique propre et d’expliquer les raisons de sa participation à de telles listes.

    Ensuite ont suivi les orateurs du Mouvement de Gauche et de Rood!, avant que de nombreuses personnes interviennent de la salle pour exprimer leur soutien à l’Appel de Charleroi et leur volonté de s’engager à l’élargir. Parmi ceux-ci se trouvaient des militants et délégués du Setca et de la LBC à Bruxelles, ou encore des camarades de la gauche européenne comme Maïté Mola (Izquerdia Unida, vice-présidente du PGE, le Parti de la Gauche Européenne) et Giorgos Karatsioubanis (président de Syriza-Belgique). Le seul regret exprimé par la salle était le fait le PTB ait décliné l’invitation de participer au débat.

    L’organisation d’un prochain débat à Bruxelles plus orienté vers des syndicalistes a été proposée par les orateurs syndicaux en guise de piste de conclusion, ainsi qu’un appel aux organisations à faire réussir l’initiative, face aux risques qu’ont pris la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut et la CNE.


    Le PSL a envoyé le 24 mai dernier une lettre ouverte pour l’unité de la gauche. Ce texte est disponible ici.

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