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  • STIB. Convention collective 2005-2006: ne vous laissez pas rouler!

    Travailleurs de la STIB. Comme vous l’avez certainement appris par les journaux ou la TV, une série de conflits sociaux se sont déroulés (ou vont se dérouler) dans plusieurs secteurs à propos du renouvellement des conventions collectives (industrie alimentaire, assurances, non-marchand,…). En Wallonie, les travailleurs des TEC ont fait grève les 9 et 11 mai. A la STIB, où en est-on avec le renouvellement de la convention pour 2005/2006?

    La Planchette. Bulletin d’information aux travailleurs de la STIB, diffusé par le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) – n°2 – mai 2005

    Quels sont les pièges à éviter?

    Les patrons auraient voulu un accord interprofessionnel et une norme salariale de 4,5%

    Fin 2004, la FGTB, la CSC et la CGSLB ont négocié avec la Fédération des Entreprises de Belgique (la FEB, qui est en quelque sorte le syndicat des patrons) un projet d’accord interprofessionnel pour 2005 et 2006.

    Les patrons auraient voulu que, pour les années 2005 et 2006, la hausse du coût salarial soit limitée à 4,5%, y compris l’index. Les patrons auraient voulu inclure dans les «hausses salariales» l’index, c’est-à-dire l’adaptation des salaires au coût de la vie.

    Pour bien comprendre, prenons un exemple. Selon la Banque nationale, l’index a été de 1,6% en 2002, de 1,5% en 2003 et de 1,9% en 2004. Pour les trois ans, cela fait donc une moyenne de 1,7% par an. Si la situation économique reste pareille (ce qui est loin d’être le cas: elle risque de s’aggraver), cela ferait donc 3,4% en deux ans (1,7% en 2005 + 1,7% en 2006). C’est-à-dire qu’avec une norme salariale de 4,5% il n’aurait plus resté que 1,1% d’augmentation de salaire (4,5% – 3,4% d’index = 1,1%).

    Attention! Ces 1,1% d’augmentation de salaire en 2 ans, c’était BRUT! Il faut encore retirer les cotisations sociales et les impôts pour avoir le net. Autrement dit, la FEB proposait comme augmentation de salaire des cacahuètes!

    Pas d’accord interprofessionnel = pas de norme salariale

    La FGTB a finalement rejeté ce mauvais projet d’accord interprofessionnel et aucun syndicat ne l’a signé. Comme il n’y a donc pas d’accord, le gouvernement a alors décidé de l’imposer.

    Mais les 4,5% ne sont qu’indicatifs. Dans le projet d’accord interprofessionnel entre patrons et syndicats, les 4,5% avaient aussi ce caractère indicatif. Mais dans ce cas-là, les syndicats qui auraient signé l’accord auraient donné leur parole de ne pas revendiquer plus de 4,5% (index compris). Comme ils n’ont pas signé, ils ne se sont engagés à rien. Autrement dit, il n’y pas de norme salariale obligatoire.

    Index santé = index truqué

    Il faut rappeler que l’indexation des salaires, ce n’est pas une augmentation: c’est l’adaptation des salaires au coût de la vie. Ou plutôt «ce devrait être» l’adaptation au cout de la vie. Car depuis des années, l’index est truqué: il s’appelle «index santé»: l’alcool, le tabac et les produits pétroliers ont été retirés de l’index. En attendant, ces produits augmentent très fort et ne comptent plus dans l’adaptation des salaires et des pensions au coût de la vie.

    Mazout de chauffage, essence: les prix s’envolent

    Selon le journal La Libre Belgique (14 avril 2005), le prix du carburant a été multiplié par 6 en 35 ans! Il y a 2 ans, le litre d’essence super (sans plomb 98) côutait 1,01 euro, aujourd’hui 1,29 euro. Soit une augmentation de 28 eurocents le litre (plus de 11 anciens francs belges!). D’ailleurs on le voit tout de suite quand on passe à la pompe! Comment faire si on habite loin de son travail, que l’on commence tôt le matin et que l’on a absolument besoin de sa voiture pour arriver à l’heure?

    Le mazout de chauffage coûtait en mai 2003: 0,28 euro le litre. Aujourd’hui: 0,50 euro le litre. Il a presque doublé! Comment les familles doivent-elles se débrouiller pour chauffer leur logement si le prix du mazout de chauffage n’est plus repris dans l’index.

    La réponse est simple: dans les deux cas il faut une solide augmentation de salaire. Une partie de cette augmentation ne servira d’ailleurs qu’à rattraper ce qui a été perdu à cause de l’index truqué.

    Se loger à Bruxelles est devenu hors de prix

    Dans un dossier réalisé par le journal Le Soir (23 février 2005) sur le prix des logements à Bruxelles, on peut lire qu’il y a une disproportion totale entre la hausse des revenus et l’augmentation des loyers. De 1998 à 2003, le prix des maisons augmenté de 59% à Bruxelles et celui des appartements de 56%. Evidemment les propriétaires répercutent cette hausse sur les loyers.

    Aujourd’hui, la moyenne des ménages bruxellois doit consacrer 30% de son budget aux frais de logement. Pour les plus pauvres (chômeurs, minimexés, prépensionnés, petits pensionnés) cela grimpe jusqu’à 60% du revenu!

    Mais le plus scandaleux dans tout cela, c’est que dans l’index santé, on considère que les frais de logement ne représentent que 5,5% du budget d’un ménage!Autrement dit, chaque fois que les loyers montent, ce n’est presque pas répercuté dans l’indice santé.

    La aussi il faudrait une solide augmentation de salaire pour rattraper ce qui a été perdu!

    Unir le personnel derrière le cahier de revendications

    A la STIB, la présentation, devant la commission paritaire, du cahier de revendications a eu lieu le 18 avril. Ce cahier de revendications reprend plus d’une douzaine de points.

    Une première remarque: il faut en général éviter qu’il y ait trop de points différents, sans quoi le patron a beau jeu de dire: «Je ne peux pas tout satisfaire!»… et il choisit dans le cahier de revendications les points qui l’arrangent. Il fait donc donner un ordre d’importance aux différents points du cahier en donnant la priorité aux points qui concernent tous les travailleurs, de façon à unir le personnel derrière le cahier de revendications et à passer à l’action tous ensemble, si nécessaire.

    Et nous pensons que le point qui intéresse, en premier lieu, tous les travailleurs c’est les salaires.Augmenter les salaires et rattraper ce qui a été perdu

    Le cahier de revendications dit: «Augmentation salariale significative». Oui, mais que veut dire «significative»? 4,5% index compris? Si c’est ça, il faut dire non, car on ne voit pas pourquoi il faudrait accepter dans une convention ce qui a été refusé dans l’accord interprofessionnel.

    Selon nous, si on compte l’index dans la négociation, il faudrait au moins une hausse de salaire à deux chiffres (minimum 10%) si on veut avoir une véritable augmentation du pouvoir d’achat et si on veut rattraper une partie de ce qui a été perdu à cause de l’index truqué.

    Bas les pattes des prépensions!

    Depuis des mois, les patrons mènent une campagne de presse pour nous convaincre de travailler plus longtemps. Ils voudraient notamment supprimer les prépensions.

    Halte là! Quand on a, pendant des années et des années, travaillé matin, midi et soir, y compris les week-ends et jours fériés, on a bien mérité de partir plus tôt. D’autant plus qu’un prépensionné libère un emploi pour un jeune.

    Maintien des prépensions, mais pas à n’importe quelles conditions. Quand on voit le coût de la vie (loyers, essence,…), on ne doit pas se retrouver à devoir se serrer la ceinture après une vie de labeur. Prépension à 75% pour l’ensemble du personnel, même pour ceux qui n’ont pas 25 ans d’ancienneté car ils ont travaillé ailleurs.

    Ne vous laisser plus prendre comme la dernière fois!

    Tout le monde se souvient que, lors de la dernière convention, on vous a finalement imposé une assurance privée pour les soins de santé. Ne vous laissez plus prendre comme la dernière fois!

    De plus, certains points de la convention passée ne sont pas encore finalisés: chèques repas, règles de reconversion, réglement des conflits (voir La Planchette n°1).

    Démocratie syndicale

    Qui décide de ce qu’il faut accepter ou refuser? Travailleurs de la STIB, il s’agit de VOS salaires, de VOS prépensions et de VOS conditions de travail. C’est à VOUS de décider, et pas à des responsables syndicaux qui négocient discrètement. Les responsables syndicaux ne sont que vos représentants.

    C’est pourquoi vous devez exiger non seulement d’être informé correctement des les revendications et de l’évolution des négociations. Il faut la démocratie syndicale, notamment par des assemblées de tout le personnel dans chaque dépôt.

    NON à la division

    Faites bien attention, car il existe pas mal de trucs pour vous rouler. N’acceptez pas que les syndicats lancent une guerre de concurrence entre-eux. Que vous soyez Rouge, Vert ou Bleu, les salaires et les conditions de travail sont les mêmes pour tous. Il faut l’UNITÉ des travailleurs pour arracher les revendications. Ne vous laissez pas diviser par des prétextes futiles qui ne visent qu’à affaiblir votre résistance!

    Attention aux mois d’été!

    Les négociations commencent tard. Attention à ce que la direction ne traîne les choses en longueur, qu’on se retrouve en été, quand beaucoup de travailleurs sont en congé, et qu’une mauvaise convention soit présentée en vitesse à une assemblée non représentative! C’est un procédé auquel pas mal de patrons ont recours pour faire passer en douce une mauvaise convention.

    Si les discussions traînent jusqu’à l’été, il faut mieux attendre le mois de septembre pour décider, avec des assemblées massives dans tous les dépôts.

    Faut-il espérer que les secrétaires syndicaux (qui lisent d’ailleurs avec une grande attention La Planchette) respecteront la démocratie syndicale en organisant des assemblées massives de tout le personnel dans tous les dépôts en dehors des mois d’été? L’avenir nous le dira. Mais c’est à vous, travailleurs, d’aller secouer gentiment vos délégués pour imposer de telles assemblées et faire jouer la démocratie syndicale.

    Le MAS et les conventions collectives

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste est pour des syndicats forts, démocratiques et totalement indépendants du patron et de l’État.

    – UNITÉ: Non aux querelles de chapelle! Les travailleurs ont besoin d’unité.

    – DÉMOCRATIE SYNDICALE: Dans une entreprise la direction décide. Dans un syndicat cela doit être l’inverse: la base décide et les secrétaires ne doivent être là que pour appliquer ce que la base décide. Les secrétaires syndicaux et les délégués doivent être au service des travailleurs.

    – ASSEMBLÉES GÉNÉRALES dans les dépôts: La loi permet d’organiser des assemblées sur le lieu de travail pendant les heures de travail (donc payées!). Le renouvellement de la convention est une excellente occasion d’organiser de telles assemblées. D’abord pour que chacun soit bien au courant de ce qui se discute, et ensuite pour DÉCIDER: accepter, refuser ou passer à l’action.

    – PAIX SOCIALE: Attention aussi à bien lire ce qui figure à la fin de la convention. Bien souvent les patrons mettent en fin de convention une clause de paix sociale où les syndicats s’engagent à ne pas faire grève pendant deux ans.

    Il faut bien préciser deux choses:

    – cette clause ne vaut que pour les points de la convention (on peut faire grève pour d’autres motifs);

    – prévoir la mention «sauf imprévu» (il se pourrait que, par exemple, si la guerre s’aggrave encore en Irak, le prix de l’essence dépasse 2,50 euros le litre).

  • La lutte pour une organisation de jeunesse révolutionnaire

    Les jeunes et la politique

    Les jeunes (les lycéens, les étudiants et les jeunes travailleurs) ont accumulé une tradition énorme de lutte et de sacrifice. Leur lutte a inspiré la grève générale de Mai 68 en France, ils ont mis en marche le mouvement qui a jeté l’Apartheid dans les poubelles de l’histoire, ils ont affronté les chars staliniens en Chine, etc. Aujourd’hui aussi, les jeunes ont tout intérêt à lutter pour un avenir. Les jeunes sont les premières victimes de la crise et de l’exploitation. En France, des dizaines de milliers de lycéens ont fait grève il y a peu contre les réformes dans l’enseignement. Le gouvernement a pourtant refusé de céder quoi que ce soit. C’est pourquoi nous pensons que la défiance envers toute forme de politique ne fait pas avancer la lutte pour nos droits.

    Emiel Nachtegael

    La JGS dans les années trente

    Comme exemple édifiant d’une organisation politique combative en Belgique, il y a la JGS (Jeune Garde Socialiste), l’organisation du POB dans les années 30.

    Le chômage prenait alors des proportions hallucinantes: l’armée des chômeurs a crû jusqu’à un demi-million en février 1932 ! Les jeunes figuraient parmi les premières victimes. Les remous sociaux se généralisent et atteignent un point d’ébullition dans la grève des mineurs en 1932 où les JGS, avec les communistes et les trotskystes, ont joué un rôle de premier plan.

    En 1933, Hitler arrive au pouvoir sans rencontrer la moindre résistance de la part des puissants partis ouvriers allemands social-démocrate et stalinien (SPD et KPD) ; il les supprime l’un et l’autre ainsi que les syndicats. Les jeunes travailleurs belges ressentent instinctivement la menace et affluent massivement dans les organisations ouvrières. La JGS passe de 6000 membres en 1929 à 25.400 en 1934. En 1935, pas moins de 35.000 jeunes défilent lors de la manifestation annuelle de la JGS. Ils réclament des ‘réformes structurelles’ anti-capitalistes dans l’industrie et dans les banques afin de lutter contre la crise. Le congrès de la JGS en 1933 a traduit ce sentiment en se prononçant contre la participation gouvernementale, contre le parlementarisme et pour l’action énergique contre le danger de l’extrême-droite.

    La menace fasciste

    La JGS, la jeunesse communiste et les jeunes trotskystes concluent en 1934 un accord pour l’action unifiée contre le fascisme. Bientôt suivront des initiatives d’unité sur le plan local entre des sections du POB et le PC. Et ce malgré la direction nationale du POB qui a toujours condamné ces initiatives et qui leur préférait les alliances gouvernementales… avec les banquiers et les Catholiques. Face à cette position ambigüe, les JGS étaient au premier rang dans la lutte : dans les milices ouvrières armées, en mobilisant massivement contre des meetings fascistes, etc.

    Au congrès de la JGS de 1934, l’aile “révolutionnaire” dirigée par Dauge gagne la majorité: il faut répondre à la menace de guerre par la grève générale et l’insurrection armée des travailleurs. Le congrès reconnaît aussi la nécessité de construire un parti révolutionnaire sans toutefois se départir de sa position ambigüe envers la direction du POB. Ces tergiversations ont été sévèrement critiquées par le révolutionnaire russe Trotsky. La JGS ne s’opposera pas ouvertement à la participation gouvernementale du POB. Cette ambiguïté finira par conduire la JGS à la faillite.

    La lutte contre la crise allait de pair avec une lutte politique pour le pouvoir : soit le pouvoir des banquiers et des patrons avec un scénario fasciste soit le pouvoir des travailleurs dans une économie démocratiquement planifiée. Mais le POB a tout fait pour dépanner les partis capitalistes ; ceux-ci ne pouvaient plus diriger le pays sans le POB au gouvernement, qui seul pouvait endiguer les luttes.

    Le POB au pouvoir

    En 1935, le POB entre ainsi dans le gouvernmement d’Union Nationale de Van Zeeland, un banquier. Du « Rien que le Plan De Man !» scandé par le POB, il n’en restera que le premier mot. Cependant, De Man et les autres ministres socialistes s’acquittent très bien de leur tâche… en envoyant les gendarmes contre la grève générale en 1936.

    Quand ce gouvernement décide de garder les miliciens dans les casernes après leur service militaire, les comités de soldats de la JGS organisent des actions dans les casernes. Ces actions conduisent à des émeutes et à des manifestations de soldats. Lors de la grève générale, ces soldats refuseront de réprimer les grévistes. Le capitalisme belge tremblait sur ses bases et n’a dû son salut qu’à la direction du POB. La polarisation augmente de jour en jour. Lors des élections de 1936, tant les communistes que les rexistes (fascistes) en sortent vainqueurs. La direction du POB y répond par des exclusions et des mesures disciplinaires contre l’aile gauche. En 1936, 600 membres sont ainsi exclus de la JGS ; ils formeront ensuite la base d’une organisation de jeunesse trotskyste.

    Le refus de la direction d’opter résolument pour un programme révolutionnaire clair et sa politique de ‘soutien critique’ à la direction du POB ne pouvaient que conduire la JGS à la capitulation. Le processus de dégénérescence, commencé en 1935, aboutit en 1940 à un appel à la jeunesse belge à se rallier à la ‘défense nationale’. Les parlementaires de la JGS voteront en faveur des crédits de guerre. Après sa dissolution, beaucoup de militants de la JGS combattront côte-à-côte avec les staliniens et les trotskystes dans la résistance armée contre l’occupation. Mais la JGS ne sera plus que l’ombre d’elle-même.

    Aujourd’hui, le MAS-LSP pense qu’il faut plus que jamais s’organiser autour d’un programme socialiste qui doit faire l’objet d’un débat démocratique. Les jeunes du MAS renouent avec les traditions combatives de la jeunesse des années trente. Mais ce que nous retenons aussi des années trente, c’est qu’il nous faut un parti révolutionnaire des jeunes et des travailleurs pour ne pas laisser la victoire nous échapper. Construisons ensemble cette alternative ! Rejoignez le MAS-LSP !

  • G8 : ils sont huit, à décider contre la population mondiale

    Organisons la résistance pour une société socialiste

    Bush et Blair seront présents au sommet du G8 en Ecosse. Le G8 est le club des 8 pays capitalistes les plus riches et les plus puissants. Depuis sa fondation en 1975, cette institution défend les intérêts impérialistes de ses membres. Jusqu’à présent, elle n’a clairement pas réussi à apporter la moindre solution aux problèmes dans le monde. En juillet, le G8 se réunira à Gleneagles en Ecosse

    Karim Brikci

    La guerre en Irak

    Les leaders du G8 soutiennent l’occupation de l’Irak. Des millions de personnes manifestent contre cette guerre et l’occupation impérialiste, mais les leaders des pays les plus riches ignorent les revendications de la rue. Ils préfèrent défendre les intérêts des multinationales. L’occupation militaire de l’Irak coûte aux Etats-Unis 300 millions de dollars par jour !

    L’Afrique

    La politique que les 8 pays les plus riches ont menée en Afrique est désastreuse pour la population africaine. L’impérialisme est responsable de la pauvreté extrême de la majorité de la population. Depuis des années, le capitalisme pille les richesses de l’Afrique. Nous croyons que la seule solution pour les masses africaines est la lutte. Une lutte pour le contrôle démocratique des matières premières et de l’économie.

    Lutte et internationale

    Des millions de jeunes et de travailleurs veulent aider à améliorer les conditions de vie dans le monde néo-colonial (les dons importants récoltés pour les victimes du Tsunami le montrent). Mais en réalité, les leaders hypocrites du G8 pillent les richesses des pays néo-coloniaux et les exploitent, en faisant ainsi pression sur les conditions de travail et de vie des travailleurs des pays du nord. Internationalement, une nouvelle vague d’austérité attaque les travailleurs et la jeunesse. Les services publics, l’enseignement et les pensions sont sévèrement menacés. Mais la résistance s’organise et s’amplifie! Non seulement nous montrons notre solidarité politique, et concrète, avec le monde néo-colonial; mais en plus et surtout nous luttons ici en Europe contre la politique de nos gouvernements et pour une société socialiste. A bas le FMI, à bas le G8: ils sont responsables de la misère et de la famine en Afrique et dans le reste du monde!

    Chaque fois que le G8 se réunit, il est accueilli comme il se doit, par des manifestations anticapitalistes massives. C’était le cas à Gênes et à Evian. Et Gleneagles ne fera pas exception! Résistance Internationale a joué un rôle important dans des mobilisations contre la guerre et les institutions capitalistes. Nous organisons un camp de jeunes en Ecosse. Viens avec nous et participe aux discussions sur la crise du capitalisme et l’alternative socialiste.

  • ATTAQUES CONTRE LES pensions en europe

    Attaques contre les pensions en Europe

    La lutte contre les pensions est menée avec hargne par les patrons et les gouvernements à l’échelle internationale. Les raisons sont les mêmes dans tous les pays. Les gouvernements de l’Union européenne qui n’ont pas de déficit budgétaire peuvent être comptés sur les doigts de la main. Avec une population qui vieillit et une croissance économique extrêmement faible, les dirigeants craignent que la croissance des dépenses pour les pensions ne gonflent les dettes déjà immenses. De leur côté, les patrons espèrent augmenter leurs profits par des allocations de pensions plus basses. Par un système plus privatisé, ils veulent libérer de l’argent pour placer en bourse. L’argent ne doit pas stagner dans les coffres des gouvernements mais doit servir à faire du profit par la spéculation.

    Peter Delsing

    L’attaque généralisée contre les pensions est surtout due au changement du rapport de force entre les travailleurs et les patrons après la chute du stalinisme. L’offensive néo-libérale s’est accélérée ces 15 dernières années. Les patrons s’imaginent qu’ils peuvent abolir tous nos droits pour se remplir les poches. Beaucoup d’exemples montrent cependant que le thème des pensions est très sensible. Ce sujet peut provoquer des mouvements de masse dans la classe ouvrière. En Autriche, les attaques sur les pensions ont déclenché, en mai 2003, la plus grande grève générale depuis un demi siècle et ce après des décennies de luttes isolées et sporadiques.

    Italie

    En 1994, le premier gouvernement Berlusconi a échoué dans sa tentative de démanteler les pensions. Une grève et des manifestations de masse avaient suffit pour que la Ligue du Nord, partenaire dans la coalition, fasse tomber le gouvernement. Sa base ne pouvait pas avaler la réforme. Le mouvement contre Berlusconi avait ainsi porté au pouvoir la coalition de l’Olivier, qui se revendique de la gauche. Mais le gouvernement Dini a aussi introduit une réforme des pensions : pour les jeunes travailleurs, les pensions ne seraient plus comptées sur base du salaire – plus élevé – des dernières années de carrière, mais sur base des contributions pendant toute la carrière. Les travailleurs qui cotisaient depuis plus longtemps restaient, eux, dans l’ancien système. Le pire, c’est que cette stratégie de division a été soutenue par les trois grandes fédérations syndicales.

    De leur côté, les patrons ne voulaient pas du plan de Dini. Ils trouvaient que celui-ci n’allait pas assez loin. La politique antisociale de la coalition de l’Olivier a donné l’opportunité à Berlusconi de revenir au pouvoir. Confronté à des dépenses pour les pensions de près de 15% du PIB et à des dettes toujours plus importantes, Berlusconi a présenté un nouveau plan d’austérité en septembre 2003. Celui-ci prévoyait de faire cotiser les travailleurs italiens pendant 40 ans pour une pension complète, au lieu de 35 ans précédemment, et ce dès 2008. L’âge moyen de la pension, 57 ans, devait systématiquement augmenter à 65 pour les hommes et 60 pour les femmes. A terme, Berlusconi comptait économiser 12,5 milliards d’euros par an, soit 1% du PIB (dès 2012). C’est donc une pure mesure d’austérité. Le président du syndicat CGIL, Epifani, menaçait déjà à l’époque d’organiser une grève générale. Le jour suivant l’annonce du projet, de nombreuses grèves spontanées éclataient de toute part dans la péninsule.

    Le 24 octobre 2003, les trois grands syndicats – CGIL, CISL et UIL – organisaient une grève générale de 4 heures, à laquelle 10 millions de travailleurs ont participé. Plus de 100 manifestations ont été organisées. Bizarrement, le dirigeant de la CGIL Epifani déclarait qu’il ne s’agissait pas d’une « grève politique ». Il disait également que la chute du gouvernement Berlusconi en 1994 était la conséquence de la position de la Ligue du Nord et non pas des manifestations contre la réforme des pensions. Cette position souligne le manque d’alternative politique de la part des dirigeants syndicaux. A Rome, le dirigeant du parti d’opposition le plus important, la Gauche Démocratique (ex-communiste), a pris la parole lors de cette manifestation.

    Malheureusement, Bertinotti, dirigeant du grand parti de gauche Refondation Communiste, a essayé de s’appuyer sur les partis discrédités de la coalition de l’Olivier. Alors qu’il fallait garder une attitude totalement indépendante de l’ex-«aile gauche» de la politique bourgeoise. Refondation Communiste ne pouvait et ne peut pas regagner la confiance des travailleurs de cette façon.

    Le samedi 6 décembre 2003, à Rome, les syndicats organisaient une manifestation de 1,5 million de participants contre les plans de réforme des pensions de Berlusconi sous le slogan «Défendez votre avenir!». «Les contre-réformes ne passeront pas!», disait Angeletti, dirigeant de l’UIL. Le 26 mars 2004, une deuxième grève générale autour des pensions était organisée. De nouveau, plus d’un million de travailleurs étaient dans la rue. Mais aucun plan d’action réel n’était mis en avant pour chasser définitivement Berlusconi. Cela a permis au gouvernement de faire voter par le parlement les propositions de réforme pendant l’été 2004. Réaction de la direction syndicale: protestation verbale.

    France

    En France, les attaques contre les pensions ont également suscité des manifestations de masse. Le 13 mai 2003, une grève de la fonction publique, soutenue par quelques secteurs privés, a rassemblé près de 2 millions de manifestants dans 115 villes. Le mouvement contre la réforme des pensions de Raffarin montrait son potentiel à unifier les différentes luttes. Raffarin voulait allonger la durée de cotisation des travailleurs de la fonction publique de 37,5 ans à 40 ans pour une pension complète vers 2008 et à 42 ans vers 2020. Le 19 mai 2003, 700.000 travailleurs sont de nouveau descendus dans la rue.

    Les syndicats CFDT et CGC ont néanmoins signé un accord avec le gouvernement de droite, lui permettant ainsi de poursuivre dans la même voie. Cela a provoqué des remous à la base et dans certaines directions régionales à la CFDT. La question de la démocratie interne a été posée et certains ont demandé la démission du président du syndicat. Deux autres syndicats – CGT et FO – ont organisé une nouvelle manifestation, le 25 mai à Paris, contre la réforme des retraites. A nouveau 1,5 million de personnes étaient dans la rue. Dans un sondage publié dans Le Parisien, 65% des sondés déclaraient soutenir ces manifestations.

    L’appel pour une grève générale était toujours plus fort. Thibault, dirigeant de la CGT, craignait toutefois de perdre le contrôle de la base. Il s’est prononcé contre une grève générale parce que «ça affaiblirait la CGT pour des années». Le dirigeant du syndicat Force Ouvrière de l’époque, Marc Blondel, se prononçait dans un premier temps contre une grève générale – parce que ce serait «insurrectionnel» et cela poserait la question d’une «alternative politique». Ensuite il a été gagné à cette idée, mais « n’a pas voulu casser le front syndical»… C’est pourtant une grève générale de la fonction publique, en 1995, qui a torpillé le projet de réforme des retraites du gouvernement Juppé et qui a même mené plus tard à la chute du gouvernement. Les dirigeants syndicaux ne voulaient pas faire ce pas. Le 24 juillet 2003, la loi sur les pensions était voté par l’assemblée nationale.

    Leçons des mobilisations

    Les mobilisations contre la réforme des pensions peuvent mener à une lutte de masse de différents secteurs. Ces mobilisations ont la sympathie de la masse des travailleurs et peuvent – comme en France et en Italie – faire tomber des gouvernements. Les dirigeants réformistes sont un frein au mouvement. À la base,des comités de grève devraient être élus pour pouvoir décider de façon démocratique des objectifs de la grève. Ils devraient se rassembler régionalement et nationalement dans différents secteurs avec une force la plus efficace possible. Et cela pour démocratiser les syndicats et empêcher la trahison par la direction. Sur le plan politique il faut rompre avec les partis « progressistes » qui mènent une politique néo-libérale. La question d’un nouveau parti des travailleurs comme instrument politique de la lutte et la nécessité d’un gouvernement des travailleurs, appuyé sur les masses, deviennent alors des questions clés pour résoudre la situation.

    La rôle d’une gauche syndicale combative est fondamentale. En Grande-Bretagne nos camarades ont joué un rôle important dans différents syndicats pour mettre en avant l’idée d’une grève générale contre les plans de pensions de Blair. C’était par exemple le cas dans le PCS, le syndicat des fonctionnaires où plusieurs membres du SP ont été élus au bureau exécutif. Confronté à la menace d’une grève des services publics juste avant les élections parlementaires en mai, Blair a fait marche arrière, du moins temporairement. «Une défaite importante», selon les porte-paroles du capital. Nous devons nous organiser nous aussi en Belgique pour pouvoir répondre aux attaques des patrons et du gouvernement.

  • Minerval décuplé à la KUL

    Apartir de la prochaine année académique, les étudiants non-EEES (Espace européen de l’enseignement supérieur qui regroupe les pays membres de l’Union européenne ainsi que 15 autres Etats) devront payer 5000 euros de minerval à la KUL au lieu de 505 précédemment.

    Tina De Greef

    Une exception sera faite pour les étudiants des 72 pays en voie de développement à travers le monde qui auront présenté une “demande motivée”. Sur 30.455 étudiants cette année, 6,5% ne viennent pas de pays EEES, tandis que 0,5% proviennent des pays en voie de développement. Il s’agit d’une double offensive: non seulement les minervals deviennent hors de prix, mais en plus la Belgique était déjà très chère pour la plupart des étudiants étrangers.

    Cette mesure est à replacer dans le cadre de l’accord de Bologne qui prévoit une restructuration de l’enseignement supérieur. Dans le Décret du 30 avril 2004 du Ministère de la Communauté flamande concernant la flexibilisation de l’enseignement supérieur en Flandre, on peut lire dans la partie 5 (sur les étudiants étrangers), article 64, que l’organisme de gestion de l’institution peut librement décider du montant du minerval pour les étudiants qui ne touchent pas de bourse. Là-dessus, le 13 décembre 2004, le Conseil académique de la KUL a décidé d’augmenter les minervals de 900% pour ces groupes d’étudiants! De plus, on risque de payer plus de 5000 euros pour certaines orientations, par ex. : pour le « Master of Laws in Energy and Environmental Law » : 9000 euros! Et 290 euros de plus pour ceux qui désirent s’inscrire dans deux orientations.

    L’université s’attèle consciencieusement à démanteler pas à pas la démocratie dans l’enseignement. C’est le début d’une série d’offensives menées dans le cadre de l’accord de Bologne. L’université commence par augmenter le minerval d’un groupe marginal d’étudiants qui ne peuvent guère résister. Portucala – l’association des étudiants étrangers – est une association estudiantine traditionnelle qui, d’un côté, déplore les mesures, mais les accepte de l’autre, avant même d’en informer les étudiants. Les arguments invoqués pour justifier cette décision sont construits sur une rhétorique nationaliste: la Flandre n’a plus à être responsable des subsides des étudiants étrangers. Faut-il en conclure qu’un Portugais serait plus flamand qu’un Brésilien? Avec cette tactique de diviser pour régner, l’université prépare progressivement l’augmentation du coût de l’enseignement et, de ce fait, le pas à franchir pour introduire cette mesure auprès des étudiants flamands se réduit de plus en plus. La mesure s’inscrit aussi clairement dans le plan de l’université visant à faire de la KUL une université d’élite. La direction y révèle qu’elle mesure la qualité de l’enseignement à son prix. Pas besoin d’être un génie pour comprendre que seuls les étudiants riches pourront financer leurs études à la KUL. Les moins fortunés se tourneront vers des universités plus abordables, dotées – évidemment – de moins bons équipements.

    Dans la société actuelle, l’enseignement est devenu une entreprise qui doit être rentable ou, du moins, qui sait s’en sortir avec le moins possible de subventions de l’Etat. Avec EGA-Louvain, nous voulons dénoncer ces mesures et résister activement face à de telles offensives. Si les intérêts des étudiants étrangers sont en danger, ça nous concerne aussi. Si nous restons passifs, tous nos acquis risquent de subir le même sort. L’enseignement est un droit pour tous, pas une marchandise !

  • Le mouvement ouvrier chrétien à la recherche d’un nouveau parti

    "A la recherche d’un nouveau partenaire". C’est le titre de l’article du président de la CSC, Luc Cortebeek, dans Visie (hebdomadaire de la CSC en néerlandais) du 8 avril 2005. Il cite les différents conflits sociaux où les organisations de travailleurs sont diamétralement opposés au patronat et au gouvernement : les négociations pour l’accord interprofessionnel, la représentation syndicale dans les entreprises de moins de 50 travailleurs, et dans le dossier qui n’est pas le moindre : les pensions. Sa conclusion est qu’il n’y a pas de partenaires “avec qui nous pouvons lancer une discussion sur ces thèmes de manière sérieuse”.

    Bart Vandersteene

    Dans chacun de ces dossiers la CSC et la FGTB doivent mener la lutte contre un patronat agressif qui lance ses attaques sur nos salaires et nos conditions de travail et contre un gouvernement au sein duquel le SP.a et le CD&V jouent ouvertement du côté du patronat. Les ministres Vandenbroucke, Van den Bossche, Leterme, Vervotte,… se trouvent dans tous les dossiers de l’autre côté des barricades. Il est pénible de constater qu’Yves Leterme et Inge Vervotte sont prétendument des représentants de l’ACW (l’ACW est le mouvement ouvrier chrétien en Flandre) au sein du CD&V. Le grand écart de ces ministres pour, d’un côté prendre des responsabilités politiques au sein du gouvernement flamand, et de l’autre se donner l’image de mandataires de l’ACW devient de plus en plus délicat à assumer. A l’intérieur de l’ACW, il y a de plus en plus de voix qui s’expriment pour cesser de collaborer exclusivement avec le CD&V. La direction doit donc également manoeuvrer pour obtenir le soutien d’une résolution dans laquelle la préférence est de travailler ensemble avec le CD&V. Une formulation qui laisse certainement une large place à d’autres initiatives.

    Ce n’est pas un hasard si cette discussion, déjà vieille d’une décennie, remonte à la surface. Après une cure d’opposition de 5 ans, le CD&V prend à nouveau des responsabilités dans le gouvernement flamand. Dans l’opposition, l’aile ouvrière peut encore essayer de faire illusion avec un langage progressiste. Mais depuis le travail en commun structurel avec le NVA (fort à droite), la participation gouvernementale,… l’ACW se pose de plus en plus la question de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. En Wallonie, le PS domine et est conscient que de nombreux travailleurs chrétiens cherchent un parti qui les défende. C’est la raison pour laquelle Di Rupo crée une ouverture vis-à-vis du monde chrétien, place dans ses cabinets des représentants du MOC,… afin de donner une « alternative » aux déçus du CDh et de récupérer de précieuses voix aux élections. Cela ne peut faire illusion qu’un temps car de nombreux travailleurs sont conscients que le PS ne défend plus leurs intérêts.

    Le groupe autour du journal Beweging (Mouvement) dans l’ACW a formulé ce besoin d’un parti pour les travailleurs chrétiens dans un tract diffusé en octobre 2004 après le congrès de l’ACW: «Les travailleurs, les allocataires et leur famille, ont besoin d’un véritable parti social qui défende radicalement les intérêts et la solidarité parmi les travailleurs et ceux qui ont droits à des allocations, jusqu’à amener sur le terrain politique la défense de ses positions. La constitution de l’ACW en tant qu’organisation sociale autonome avec un programme socialprogressiste peut constituer un pas important.» C’est l’exigence de rupture avec le CD&V et la création d’un parti des travailleurs distinct. Cette dynamique changerait la politique dans le pays et pèserait sur la FGTB qui reste dominée par une social-démocratie embourgeoisée.

  • Il y a 120 ans naissait le Parti Ouvrier Belge. De l’espoir à la résignation

    "LA BelgiQUe est le confortable paradis et la chasse gardée des propriétaires fonciers, des capitalistes et des curés» résume de manière saisissante Karl Marx en 1865. «Le prolétariat européen doit apprendre à parler belge» affirme en 1902 la révolutionnaire allemande Rosa Luxembourg, impressionnée par les grèves générales successives menées par les travailleurs belges pour l’obtention du suffrage universel.

    Jean Peltier

    C’est qu’en moins de quarante ans, la combativité et l’organisation de la classe ouvrière belge ont fortement changé, et la création du Parti Ouvrier Belge en 1885 y est pour beaucoup. Qui peut douter en 1865 que la Belgique est un paradis pour les capitalistes et un enfer pour les ouvriers? Si la Belgique est alors la deuxième puissance industrielle du monde derrière la Grande-Bretagne, c’est à l’exploitation sauvage des ouvriers que les patrons belges doivent leur prospérité. La journée moyenne de travail d’un ouvrier est de douze heures, femmes et enfants peinent à l’usine ou à la mine, les accidents de travail sont quotidiens. Le logement est insalubre et plus de la moitié de la population est complètement illettrée. L’alcool fait des ravages et la religion fait le reste, ce qui permet à un industriel de déclarer en 1886 «Donnez Dieu au peuple et il n’y aura plus de révoltes contre le capital».

    Vers le suffrage universel

    Et pourtant, face au refus des patrons et de leurs politiciens catholiques et libéraux de toute concession qui améliorerait le sort des travailleurs, des grèves éclatent, spontanées et locales, quasiment chaque année à partir de 1866 dans le textile gantois, les mines du Borinage ou les usines métallurgiques liégeoises. Chaque fois, les forces de l’ordre tirent et tuent tandis que les dirigeants de ces grèves sont emprisonnés et lourdement condamnés. Dans ce monde ouvrier qui reste complètement inorganisé naissent dès 1875 les premiers groupes socialistes à Gand puis à Bruxelles.

    Il faut pourtant attendre les 5 et 6 avril 1885 pour que naisse le Parti Ouvrier Belge représentant 59 groupes locaux. L’espoir est en marche, celui d’une organisation de l’ensemble de la classe ouvrière pour revendiquer ses droits, et en particulier les droits politiques par le suffrage universel. Celui-ci semble aux dirigeants du POB le meilleur moyen d’imposer des réformes favorables à la classe ouvrière dans un pays où il y a seulement 1 électeur pour 50 habitants! Tout au long des années qui suivent, le POB multiplie meetings et manifestations et prend même l’initiative d’organiser une grève générale en 1893 pour cette revendication. Les avancées conquises suite à cette grève permettent au POB d’envoyer 28 députés socialistes à la Chambre. Ce résultat est d’autant plus impressionnant que le parti ne dispose que de moyens financiers dérisoires, est à peine toléré et que toute sa campagne repose sur le dévouement de militants encore peu nombreux, mais en qui des centaines de milliers de travailleurs se reconnaissent. Il faudra encore deux autres grèves générales, en 1902 et 1913, et surtout la peur de la contagion de la révolution russe au lendemain de la première guerre mondiale pour que la bourgeoisie cède enfin et accorde le suffrage universel – pour les hommes uniquement ! – en 1919 ainsi que la limitation de la journée de travail à 8 heures.

    Réformisme et légalisme

    Mais si la création du POB a permis à la classe ouvrière de marquer son indépendance politique face à la bourgeoisie, la politique suivie par ce parti a imposé de sévères limites à cette indépendance. Quand éclate la première grève générale belge en 1886, le POB s’en tient prudemment à l’écart. Il dénonce la répression sanglante (24 morts) mais il considère que ce mouvement spontané est un gaspillage d’énergie qui éloigne de la lutte pour le suffrage universel. La composition du parti aide à comprendre cette orientation: les coopératives et les caisses d’assistance mutuelle y ont une forte influence, les groupes purement politiques sont minoritaires et, même au sein de ceux-ci, l’orientation est à la réforme du capitalisme plutôt qu’à la préparation de la révolution.

    La direction du parti voit dans la grève générale non pas une expression de la puissance revendicative de la classe ouvrière qui renforce sa confiance pour préparer de nouvelles luttes mais un simple moyen de pression sur la bourgeoisie pour forcer celle-ci à concéder des réformes. Quand les dirigeants du POB se résignent à appeler les travailleurs à la grève pour le droit de grève pour tous, c’est après s’être assuré que ceux-ci seront bien encadrés et qu’il n’y aura pas de poussée insurrectionnelle. Avec cette politique qui a pour but de ne pas effrayer les alliés possibles parmi les libéraux, il ne faut pas s ‘étonner non plus que le POB ne sera jamais en pointe des luttes politiques ni pour les revendications d’égalité des femmes, ni pour la reconnaissance des droits du peuple flamand, ni contre le colonialisme belge en Afrique. Cette politique légaliste et réformiste conduira rapidement le POB à participer au gouvernement, à s’intégrer dans les institutions puis à accepter le capitalisme comme horizon indépassable.

    L’histoire du POB et du PS qui lui a succédé montre que la formation d’un parti représentant les intérêts des travailleurs peut être un levier formidable pour la libération de ceux-ci mais que, sans un programme vraiment socialiste et une indépendance totale vis-à-vis de la bourgeoisie, ce parti risque de finir par devenir un frein dans cette lutte.

  • STIB. Un projet d’accord qui en dit long…

    Début avril, un envoi postal anonyme arrive dans la boîte postale du MAS. L’enveloppe contient un projet d’accord entre la direction de la STIB et les secrétaires des trois syndicats (CGSP, CCSP, CGSLB).Le document n’est pas récent (17 décembre 2004), mais trois points attirent l’attention : c’est un projet de convention sur le «mode de règlement des conflits» ; à la mi-décembre les affiliés de la CGSP étaient en plein conflit social ; personne parmi les travailleurs de la STIB n’a entendu parler de ce projet d’accord resté secret. Plus pour longtemps cependant car le MAS a décidé de le rendre public en le publiant sur son site et en diffusant un bulletin d’information aux travailleurs de la STIB (La Planchette).

    Guy Van Sinoy

    Une mise sous tutelle du droit de grève

    Ce projet constitue une mise sous tutelle du droit de grève et de l’autonomie syndicale. Il prévoit la création d’un bureau paritaire de conciliation chargé d’intervenir lorsqu’une partie dénonce une convention, lors de l’application du statut de la délégation syndicale et des crédits d’heures syndicaux, lors du dépôt d’un préavis de grève ou d’action. Pourquoi créer un tel bureau alors qu’il est possible d’avoir recours à un conciliateur social du ministère? Pourquoi soumettre à cet organe paritaire l’application du statut syndical alors que celui-ci est bétonné dans la convention nationale n°5 («le temps et les facilités nécessaires pour les délégués syndicaux») ?

    Avant le dépôt d’un préavis, le bureau devra impérativement se réunir. Si le préavis est déposé (car le but est évidemment d’empêcher ou de retarder au maximum le dépôt du préavis) celui-ci doit être adressé à l’employeur, mais aussi au bureau (sans doute pour permettre à celui-ci de juger du bien fondé du préavis).

    Le projet prévoit que si UN des éléments n’est pas respecté, la grève sera considérée comme «sauvage», non reconnue et non indemnisée par les syndicats et ceux-ci doivent «appeler leurs affiliés à reprendre le travail sur le champ».

    Une telle convention signifierait que les syndicats perdent leur autonomie pour reconnaître ou non un mouvement de grève (puisque le non respect de la procédure dicte le tout). Par la même occasion, cela transformerait automatiquement les responsables syndicaux en hommes de main du patron chargés de casser la grève.

    Sanctions contre les délégués et contre les travailleurs

    Le projet prévoit des sanctions contre les délégués syndicaux (diminution du nombre de crédits d’heures syndicaux) si la procédure n’est pas respectée.

    L’article 12 mérite qu’on le cite en entier : «Tout jour de grève, reconnue ou non, ne fait pas l’objet de paiement, sous réserve d’autres sanctions que l’employeur pourrait prendre, allant jusqu’au licenciement.» Au moment où, partout dans le mouvement syndical, on proteste contre les atteintes au droit de grève (notamment contre les astreintes décidées par les tribunaux), on trouve à la STIB un patron et des secrétaires syndicaux qui préparent en cachette un projet de convention avec des sanctions contre les grévistes (même si la grève est reconnue!)… pouvant aller jusqu’au licenciement!

    Grâce à de tels irresponsables syndicaux, la direction de la STIB n’aurait même plus besoin d’aller au tribunal pour imposer des astreintes puisque la convention admet le principe de sanctions contre les grévistes. Comment un travailleur, licencié pour fait de grève, pourra-t-il faire admettre par le tribunal du travail que son licenciement est abusif si une convention prévoit en cas de grève «des sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement»?

    Il faut nettoyer les écuries

    Nous avons déjà écrit que lors des 6 jours de grève à la STIB, entre octobre et janvier derniers, les secrétaires de la CCSP et de la CGSLB avaient ouvertement trahi la lutte en s’opposant à la grève. Nous avons aussi écrit que le secrétaire de la CGSP aurait sans doute souhaité faire de même, mais n’était pas de taille à affronter le mouvement de révolte de sa base et avait préféré laisser pourrir le mouvement pour l’étouffer. Nous en avons maintenant la confirmation. En pleine grève, ces briseurs de grève préparaient une convention en cachette pour empêcher de futures actions..

    Ce projet en dit long sur l’intégration des secrétaires syndicaux de la STIB, complètement inféodés à l’employeur. Il appelle d’autres questions. Dans quelle mesure sont-ils encore indépendants du patron ? Quelle est leur salaire? Touchent-ils des jetons de présence au conseil d’administration et au conseil de gestion ? Combien ? C’est une question de démocratie syndicale.

    Mais cela va au-delà de la STIB. Car si un tel projet d’accord venait à être signé, cela ferait un précédent. Les secrétaires syndicaux de la STIB resteraient sans doute discrets sur ce qu’ils ont signé, mais pas mal de bureaux d’avocats patronaux y verraient matière à jurisprudence à faire appliquer dans d’autres secteurs. Il faut une réponse ferme. On ne peut pas brader le droit de grève conquis de haute lutte. Interpellez les secrétaires syndicaux concernés pour leur demander des comptes ! (*)


    (*) CGSP : Alex Vonck, rue du Congrès 17, 1000 Bruxelles / CCSP : Jean-Pierre Naniot, rue Plétinckx 19, 1000 Bruxelles / CGSLB : Chris Dreesen, Boulevard Baudouin 11 – 1000 Bruxelles

  • Conventions collectives. Revendications salariales: les patrons l’ont bien cherché!

    Conventions collectives.

    L’Accord Interprofessionnel (AIP) continue à faire des vagues. Les grèves dans l’alimentation et le non-marchand sont à peine, voire pas encore, terminées qu’un préavis de grève vient d’être déposé pour le 21 avril par le secteur du papier et du carton. Le lendemain, c’est le secteur du métal qui débraye pour la première fois depuis 1959. Les travailleurs et les syndicats de divers secteurs revendiquent de meilleures conditions de travail et veulent sauvegarder leurs droits à la pension. Ce qui frappe, c’est la place importante qui est faite aux revendications salariales.

    Eric Byl

    Les patrons l’ont cherché. Wilfried Steentjes, conseiller en placements, écrit: «Les investisseurs européens sont submergés de profits en hausse ces derniers temps. Ce n’est pas un secteur spécifique mais pratiquement toutes les entreprises.» Il poursuit : «Les fortes hausses des profits sont dues à la stricte maîtrise des coûts. L’argent s’entasse dans les entreprises. Nous retrouvons cela dans les bilans plus vigoureux et les augmentations des dividendes. De plus, les entreprises empruntent de moins en moins, ce que nous retrouvons dans les cours élevés des obligations d’entreprise.» Enfin, il évoque – en termes choisis – le fait que les entreprises masquent leurs profits aux yeux du fisc et des travailleurs en accélérant l’amortissement des investissements. «En 2002, les amortissements des investissements ont même crû jusqu’à 140%. Des amortissements d’une telle ampleur ne sont pas chose courante pour des investissements réalisés. Il est donc logique que les profits s’accélèrent les années suivantes. Les profits, mesurés en % du Produit national brut, n’ont jamais été aussi élevés en 75 ans.»

    Les managers s’en mettent plein les poches

    Les profits vertigineux sont de bonnes nouvelles pour les managers et pour les actionnaires. Ainsi Belgacom verse 720 millions d’euros, 75% de son bénéfice total, aux actionnaires. Chez Picanol en Flandre Occidentale, le chef d’entreprise Jan Coene est parti avec 20 millions d’euros en 3 ans sur un bénéfice total après impôt de 46,5 millions d’euros pour la même période. Dans nombre de cas, le management et les actionnaires pillent les richesses produites par les travailleurs. L’exemple le plus récent est celui de Roover, menacé de fermeture. Quatre «dirigeants» y ont subtilisé 58 millions d’euros. Entretemps, le fonds de pension des travailleurs accuse un déficit inexplicable de 600 millions d’euros.

    La norme de 4,5% peut être dépassée

    Les travailleurs revendiquent leur part. Mais ils doivent le faire avec les mains liées dans dos puisqu’un Accord interprofessionnel a été décidé au niveau national qui ne prévoit qu’une norme salariale indicative de 4,5% en 2 ans. Après l’indexation, les augmentations barémique des employés, la hausse de productivité, il ne reste plus rien pour une véritable augmentation.

    Dans le pétrole, la chimie, le non-ferrugineux, l’alimentation et le bois, des accords sectoriels ont été conclus. Dans la chimie, la norme salariale peut être dépassée légèrement si on y inclut les conventions d’entreprise. Ce ne sont que des miettes. En 2002, le bénéfice de BASF à Anvers était de 284 millions d’euros, soit quelque 80.000 euros par travailleur. C’est loin d’être une exception dans le secteur. Dans le non-ferrugineux, on en est resté à 4,3% plus une prime d’entreprise. Dans le secteur du bois et des meubles, l’augmentation nominale des salaires n’excède pas 4%.

    Dans le secteur du papier et du carton, les patrons exigent encore plus de flexibilité et une marge salariale de seulement 3,7%. Le comité paritaire se réunit le 19 avril, 2 jours avant l’échéance du préavis de grève. Dans les 15 plus grosses entreprises, totalisant 5.000 travailleurs, la grève se prépare. Entretemps, Febeltex, l’organisation patronale du textile, veut limiter la hausse salariale à l’indexation. Elle refuse d’augmenter de 1% sa participation au fonds social du textile. Il n’y a pas encore de préavis de grève pour les 35.000 travailleurs du textile, mais les syndicats ont mis le patronat en garde.

    C’est surtout dans le métal qu’on va à la confrontation. Agoria n’offre que 4% et une prime de 0,5% liée aux résultats. De plus, elle songe à des CCT provinciales afin de diviser le secteur. Le lundi 18 avril, la CMB organise des grèves et des interruptions de travail dans 150 entreprises, le lendemain elle met la pression sur les négociations avec une manifestation devant les bâtiments d’Agoria et le vendredi 22 avril tout le secteur part en grève en front commun !

    Dans le secteur tertiaire

    Dans le secteur de la distribution, les pourparlers se déroulent «péniblement». Dans les banques, les assurances et la Commission paritaire nationale auxiliaire pour Employés, la grève menace. Dans le non-marchand, Cornelis, le dirigeant de la LBC, vient de mettre en garde le gouvernement flamand. S’il n’y a pas d’accord d’ici le 6 mai, le secteur flamand partira en grève pour une durée indéterminée dès le 9 mai! Puisque le gouvernement fédéral refuse de tenir ses promesses envers le secteur fédéral, cela pourrait déboucher sur une grève de tous les secteurs du non-marchand.

    L’agression du patronat et de ses laquais politiques se heurte à la résistance des travailleurs. Le gouvernement et sa politique de droite ne doivent leur salut qu’au refus des dirigeants syndicaux de mobiliser tous les secteurs à la fois. Mais l’emprise des dirigeants syndicaux sur la base n’est pas absolu. Aidez-nous à lutter pour des syndicats combatifs où c’est la base qui donne ses consignes à la direction et non l’inverse et qui sont complètement indépendants du patronat et de ses représentants politiques, y compris ceux du PS, du SP.a et du CD&V.

  • Quel instrument politique? Un nouveau parti des travailleurs doit se doter d’un programme socialiste

    Depuis la transformation en partis bourgeois des anciens partis ouvriers comme le PS et le SP.a, toutes sortes d’initiatives nouvelles ont vu le jour un peu partout dans le monde pour donner un prolongement politique à la lutte de millions de gens contre les atteintes à notre niveau de vie. Certains de ces nouveaux partis sont issus d’une scission des anciens partis ouvriers. D’autres sont nés dans le feu de la lutte ; d’autres encore sont le fruit du rassemblement de différentes forces de la gauche politique ou syndicale.

    Els Deschoemacker

    Quelques unes de ces nouvelles formations veulent s’atteler à la construction d’un nouveau parti de lutte. D’autres se limitent à des alliances électorales lors des élections. En tout cas, il y a de multiples leçons à en tirer pour résoudre le problème de l’absence d’un instrument politique et d’un parti de lutte pour la classe des travailleurs.

    Un parti comme instrument de lutte et de discussion

    Comment lutter contre les pertes d’emploi, pour de meilleurs salaires et conditions de travail, pour le maintien et l’extension de la Sécurité sociale, pour le droit à un enseignement de qualité pour tous,… Ces partis devront apporter des réponses à ces questions. Nous voyons un regain de la lutte des classes en Belgique comme au niveau international. Rien qu’en avril, il y a eu des manifestations des ouvriers du textile, des métallos, des travailleurs du non-marchand et des enseignants.

    Leurs revendications n’ont trouvé d’écho chez aucun parti. Toute nouvelle formation ne pourra être viable et former un pôle d’attraction pour les travailleurs en lutte qu’en mettant en avant un programme d’action pour engager la lutte contre les réformes néolibérales. La lutte pour la réduction du temps de travail en tant qu’outil de répartition du travail disponible sur toute la population active en est un exemple. La revendication du maintien d’une Sécurité sociale unitaire en est un autre. Mais la lutte pour de meilleurs salaires, une pension garantie,… doivent également figurer dans le programme.

    L’ASG en Allemagne

    Bien que nos membres en Allemagne participent à la nouvelle initiative électorale de gauche ASG dont ils mesurent le potentiel, nous ne pouvons pas pour autant en ignorer les faiblesses. L’ASG est une initiative de bureaucrates syndicaux et d’anciens buraucrates du SPD. Elle veut se présenter à la gauche du SPD de Schröder lors des élections. C’est une réaction au mécontentement croissant dans la population et à la chute brutale du SPD dans différents sondages et scrutins.

    L’existence d’une liste de gauche et l’attention médiatique qu’elle suscite suffisent à en faire un pôle d’attraction pour ceux qui se détournent avec dégoût du SPD et cherchent une alternative. Ils risquent pourtant de tourner le dos à cette initiative si elle reste absente de la lutte concrète contre les mesures néolibérales. Dans une première phase, l’ASG pourra certainement surfer sur les illusions réformistes et électoralistes qui vivent au sein de larges couches de la population. A terme pourtant, une stratégie purement électoraliste ne pourra qu’aboutir dans une impasse. L’adhésion annoncée de l’ex-dirigeant du SPD Oskar Lafontaine ne manquera pas de renforcer le caractère réformiste de cette initiative. Lafontaine était une personnalité populaire dans le SPD, mais il ne sortira pas du cadre du capitalisme.

    On interdit déjà à nos membres – organisés au sein du SAV – d’adhérer à l’ASG à cause de leurs tentatives de faire de l’ASG un parti de lutte. Tout indique que la direction va utiliser des procédés anti-démocratiques pour empêcher les travailleurs et les jeunes d’infléchir le programme dans un sens plus radical.

    Le Psol au Brésil

    Le développement du Psol au Brésil est d’un tout autre calibre. Ce nouveau parti est issu de la lutte des travailleurs et des jeunes contre le néolibéralisme de ce qui fut un parti des travailleurs – le PT. Des parlementaires dissidents ont été exclus du PT pour avoir voté contre la réforme des pensions de Lula. Ils se sont associés avec des socialistes révolutionnaires pour créer une nouvelle formation, le Parti pour le Socialisme et la Liberté.

    Contrairement à l’initiative précédente, cette formation se prononce ouvertement contre le capitalisme et le néolibéralisme qui va de pair. Elle reconnaît le rôle de la classe des travailleurs dans la lutte contre le capitalisme et se prononce pour une transformation de la société dans un sens socialiste.

    Surtout, les responsables de l’initiative, parmi lesquels les membres de notre section brésilienne, comprennent que la démocratie et la liberté de discussion sont essentielles pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs. A ce stade de la lutte des classes, il y a encore beaucoup de confusion sur la direction à prendre et la stratégie à suivre. C’est pourquoi il est d’une importance cruciale qu’on puisse tester et discuter les différents points de vue pour pouvoir en tirer des leçons utiles pour l’ensemble du mouvement ouvrier.

    Mais la pression de l’électoralisme s’y fait aussi sentir. La nécessité d’être prêt pour les élections présidentielles de 2006 afin d’y présenter une alternative au PT met les militants sous pression. Ce serait pourtant une faute énorme de se tourner vers ces élections sans tenir compte du fait que des mouvements de lutte de grande ampleur vont poser la question des méthodes de lutte et du programme. Le Psol risque de manquer une occasion importante de transformer l’écho qu’il reçoit aujourd’hui en sections de parti capables d’organiser les travailleurs et les jeunes radicalisés du Brésil dans la lutte contre Lula.

    On peut tourner les choses comme on veut : ce n’est que lorsque la classe ouvrière et les masses paupérisées auront tiré les leçons de leurs confrontations avec l’ordre établi qu’on pourra imposer des changements réels. Lorsque leur expérience de la lutte leur fait prendre conscience du rôle qu’elles peuvent jouer dans la lutte pour une transformation socialiste de la société.

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