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  • 10 ans après… Numéro 100 de notre mensu

    Il y a près de 10 ans, le 1er Mai 1995, le 1er numéro de l’édition en langue française de notre mensuel paraissait. Notre journal s’appelait alors Le Militant. C’était une aventure! Car si la section du CIO en Belgique existait depuis plusieurs années, nous n’étions qu’une poignée de militants francophones bruxellois à l’avoir rejointe en octobre 1994.

    Guy Van Sinoy

    Tout était à faire: écrire et corriger les articles, plier le jour-nal, le vendre et tenter de faire des abonnements. Le tout dans des conditions matérielles difficiles car l’organisation avait très peu de moyens. Nous avions trois vieux ordinateurs: deux d’entre-eux, fournis par des camarades hollandais, étaient pourvus de claviers qwerty (sans touches pour les accents !). Mais ces difficultés ne nous arrêtaient pas car nous étions plein d’enthousiasme d’avoir rejoint une organisation marxiste internationale capable d’aller à contre-courant de la vague de démoralisation qui avait foudroyé pas mal d’organisations et de militants après l’effondrement des pays staliniens en Europe de l’Est.

    Malgré notre petit nombre, je me souviens que nous avons vendu 400 exemplaires de notre journal le 1er Mai 1995. En quelques semaines, nous avons fait plusieurs dizaines d’abonnés. Nous avons négocié avec les messageries de la presse pour être présent pendant 6 mois dans 300 kiosques !

    En éditant un journal en Belgique francophone, nous avions planté un drapeau. Il fallait maintenant élargir notre petit noyau et construire une organisation. Du côté francophone, nous avions plusieurs délégués syndicaux mais pas le moindre jeune. Nous avons dû limiter notre intervention syndicale et consacrer du temps à forger des instruments pour la construction de l’organisation: le journal, les finances, le fonds de lutte,… Nous avons ramé pour intervenir dans les luttes des étudiants et des enseignants en 1996 contre les mesures d’austérité appliquées par Onkelinx car nous n’avions, à l’époque, personne dans les écoles francophones. Nous avons fait une première percée avec la lutte des travailleurs de Clabecq, fin 1996: alors que certains tournaient le dos aux ouvriers des Forges, calomniés par la presse, nous les avons soutenus de toutes nos forces en bataillant pour faire notre place. En juin 1997, nous avons gagné la majorité de l’organisation Socialisme International : cela nous a permis de prendre pied plus solidement en Wallonie. Tout au long des épisodes importants de notre développement, la diffusion de nos idées et de notre programme, grâce à notre journal, a rempli un rôle central. 1999: candidats sur les listes PC (Chambre) et Debout (Europe). 2000: campagne «Résistance Internationale» en vue du sommet de Laeken de fin 2001. Lancement de notre organisation étudiante «Etudiants de Gauche Actifs» (EGA). 2003: nouvelle campagne électorale sur les listes PC et création d’une section à Mons. 2004: récolte de 7.000 signatures de parrainage pour notre propre liste aux européennes, nouvelle section à Verviers. 2005: nouvelle section dans le Brabant wallon. Venez participer à la suite du scénario: prenez non seulement un abonnement à notre mensuel, mais prenez part activement à la construction de notre parti.

  • Les dirigeants du syndicat étudiant montrent leurs vrais visages à la manifestation de Haifa.

    Ce 23 Mars 2005, les dirigeants du syndicat étudiant ont organisé “une manifestation calme” contre les coupes et les privatisations dans l’ éducation superieure.

    Dolev Rahat, Maavak Sotzialisti, Haifa

    Ces manifestations ont montré une fois de plus exactement ce que le syndicat étudiant, controllé par une poignée de fonctionnaires, est capable de faire et dans quelle direction ils dirigent la lutte.

    Il y avait plusieurs milliers de participants à la manifestation et 7 membres de Maavak Sozialisti y sont intervenus. Au début, la manifestation était relativement calme et avec quasi aucun contenu en relation avec la lutte menée – les passants ne pouvaient savoir si c’ était une manifestation ou un jour de fête étudiante. Le syndicat avait aussi invité le parlementaire Matan Vilna’i, un membre de l’ aile droite du gouvernement Sharon, qui a été hué et qui a du finir plus tôt son speech. Par contre, de simples étudiants qui ont essayé de prendre la parole ont été écartés et la direction du syndicat étudiant, assistée par des gardes de sécurité de l’ université, les ont empêchés de se rendre sur la scène.

    La manifestation continua ainsi pendant plus d’ une heure, quand qques étudiants decidèrent d’ exiger une manifestation plus active. Ils ont commencé à crier “Nous voulons une manif pas une fête” et ont conduit un défilé de plusieurs centaines d’ étudiants pour bloquer la route de l’ entrée de l’ université. En bas de la rue, nous avons été stoppés par une large force de police. Si l’on en juge selon le nombre de policiers, de voitures de police et d’ autopompes, certains auraient pu croire que ce groupe d’ étudiants reclamaient la suppression de l’ enseignement supérieur en Israël.

    Les manifestants ont essayé de s’ addresser aux policiers avec des appels tels que “ Policiers, refusez, parce que demain vous aussi vous allez avoir faim”. Une tentative violente de la part de la police pour dégager la route débuta presque immédiatement, durant laquelle 19 manifestants furent arrêtés, comprenant deux membres de Maavak Sozialisti. Certains manifestants ont été frappés pendant leur arrestation, ainsi que des membres de Maavak Sozialisti, et ont été trainés par des groupes de 6 ou 7 policiers jusqu’ au véhicule ou ils ont été détenus.

    A ce moment là, apparu, comme venu de nul part, le parlementaire Ran Cohen, qui organisa un sale arrangement avec la police : La libération des dirigeants du syndicat étudiant arrêtes en échange de la fin du blocage de la route. Cette proposition fut recue très mal par la plupart des étudiants qui se sont mis à scander “ libérez les tous” et cela en faisant des appels contre les attaques dans l’ éducation avec des slogans tels que “Juifs et Arabes luttons contre l’ austérité dans l’ éducation”.

    Les dirigeants du syndicat ont alors commencé à répandre des rumeurs comme quoi certains détenus auraient été relachés, tels que les dirigeants du syndicat, les détenus juifs,…Plus tard ils déclarèrent que tous les détenus avaient été relachés et que la manif pouvait finir. Les manifestants directement appellèrent leurs camarades détenus, et il s’est alors apparu que la plupart d’ entre eux étaient toujours détenus par la police. Cette astuce a été répétée plusieurs fois par les représentants du syndicat.

    Ces rumeurs n’ont seulement fait qu’ augmenter l’ agitation chez les manifestants, et cela a atteint un point culminant quand le dirigeant principal du syndicat de Emek Israel college se vanta lui-même d’ avoir porté plainte avec la police contre un étudiant qui aurait utilisé de la violence contre un policier. Toutes ces astuces n’ ont pas fonctionnées, et les manifestants sont restés sur la route jusqu’ à ce que la police se retira et que la plupart des manifestants fûrent relachés. Plus tard ils ont marché jusqu’ au poste de police ou leurs camarades étaient encore détenus pour exiger leur liberation.

    Les dirigeants du syndicat étudiant se sont opposés aussi à la proposition de se rendre au poste de police, et specialement les leaders du syndicat étudiant de Hebrew University à Jérusalem, qui apparemment ne pensaient pas que leur position entraînait quelque responsabilité pour les étudiants arrêtés pendant la manif. Ils ont finalement accepté de se rendre au poste de police sous pression des étudiants.

    Pendant la manifestation, on remarqua que le syndicat étudiant de l’ universite de Haifa, s’était empressé d’ envoyer un communiqué de presse expliquant que la manifestation était calme jusqu’ à ce que des membres de l’ organisation étudiante du Parti Communiste et des étudiants arabes(la plupart des membres du PC Israëlien sont des Palestiniens israëliens) étaient responsables de l’ initiative de bloquer la route. Cette annonce est clairement pour nous une tentative de diviser les étudiants sur une base nationaliste.

    Cette manif était un pas important pour la coopération de militants étudiants au niveau national pour déveloper une véritable lutte, en opposition aux méthodes de protestation du syndicat étudiant : manifs calmes avec la participation de politiciens qui trahissent les étudiants dès qu’ ils en ont l’ occasion. Il est nécessaire de continuer dans la même direction que la manif militante de Haifa. Les étudiants ne doivent pas lutter seuls : ils doivent joindre leurs forces avec les profs, les lycéens et les travailleurs luttant contre les coupes budgétaires, les privatisations et les attaques sur les conditions de travail. C’ est seulement en unissant ces luttes et en assurqnt la création d’une direction unie démocratique que l’ on peut arriver à stopper ces attaques!

  • Furnes: Un marxiste élu dans le conseil d’école

    Marc Puyol, lycéen affilié au MAS/LSP, a été élu à l’unanimité pour siéger dans le conseil de l’école. Malheureusement Marc est à sa dernière année. L’an prochain, un nouvel élève sera élu.

    Jasper Rommel

    Le Conseil d’Ecole, qué?

    L’année passée le parlement flamand a voté un nouveau décret « sur la participation à l’école et dans le Conseil d’Enseignement Flamand ». Le but de Vanderpoorten (VLD), à ce moment encore ministre de l’enseignement flamand, était surtout d’améliorer la participation des parents, des enseignants et les lycéens dans les écoles de l’enseignement libre. Jusque récemment encore, le conseil de participation, maintenant remplacé par le conseil d’école, était nommé par les directions. Dans la pratique, cela signifiait qu’il s’agissait simplement de pions. On était en droit d’attendre beaucoup d’enthousiasme de la part des partis politiques avec ce décret pour augmenter la participation et la démocratie. Mais au moment où le décret devait être voté, le 1 avril 2004, il n’y avait pas assez d’élus dans le parlement pour le voter. Les parlementaires ont donc dû revenir le landemain.

    LSP-Furnes a sauté sur l’occasion..

    En principe, le conseil d’école doit être élu à travers des élections générales parmi les lycéens, les enseignants et les parents. Dans beaucoup d’écoles libres, et aussi dans le collège de Furnes, on a tenté d’éviter des élections et en ce qui concerne les lycéens, ils y sont parvenus. La direction a invité à une réunion sur le conseil d’école tous les élèves du deuxième et troisième degré qui sont déjà actifs dans un conseil ou l’autre.

    Comme collaborateurs de Oxfam-Magasins du Monde à l’école, nous avions le droit de mettre en avant un candidat. Finalement il y avait 12 candidats, dont trois devaient être élus.

    … et a obtenu un élu!

    Marc est allé à la réunion pour les candidats comme l’un des huit candidats de sixième année. Il y avait deux tours de vote, mais déjà lors du premier il était clair que le candidat du LSP avait le plus grand soutien. Il a obtenu trois votes, les autres un seul.

    Un nouveau tour a été organisé entre Marc et un contre-candidat. Ce dernier était le candidat rêvé par la partie conservatrice de la direction : un élève conservateur, hyper-carriériste, dont la mère siège dans le comité conservateur des parents. En plus, le garçon a des sympathies pour l’extrème-droite. Il a été rejeté ! Marc a été élu de façon unanime par les lycéens présents et est vu par eux comme celui qui pouvait le mieux défendre les intérêts des lycéens dans le conseil d’école. Et c’est ce qu’il va faire !

  • Le Liban en ébullition

    L‘assassinat de l’ex-Premier ministre Raffic Hariri le 14 février a plongé le Liban dans une crise de régime qui couvait déjà depuis quelques mois. La classe dirigeante a étalé ses divisions tandis que des centaines de milliers de Libanais manifestaient tour à tour pour ou contre le gouvernement et la puissance tutélaire syrienne. La polarisation est telle dans ce pays de 3,5 millions d’habitants qu’une nouvelle guerre civile n’est pas à exclure.

    Thierry Pierret

    L’origine de la crise remonte à septembre 2004. Raffic Hariri, alors Premier ministre, démissionnait avec fracas pour protester contre la prolongation anti-constitutionnelle du mandat du président pro-syrien Emile Lahoud. Avant d’entrer en politique, Hariri avait amassé une fortune colossale en investissant dans la reconstruction d’un pays ravagé par 15 ans de guerre civile. L’énorme chantier de la reconstruction a fait affluer les capitaux de la diaspora libanaise et la main d’œuvre syrienne.

    Mais la reconstruction n’en a pas moins creusé les inégalités sociales. Si les grandes infrastructures et le centre commercial de Beyrouth ont connu une véritable résurrection, les quartiers populaires et les camps de réfugiés palestiniens n’ont pas fini de panser leurs plaies béantes. Le marché de la reconstruction a généré des fortunes colossales et une corruption galopante qui a arrosé les politiciens de tous les partis. Le Liban est également devenu la plaque tournante de toutes sortes de trafics illégaux avec la complicité des militaires et des services de renseignement libanais et syriens qui se sucrent au passage. Cette situation a nourri l’exaspération des nombreux laissés-pour-compte du " miracle libanais " envers le régime et l’occupant syrien. L’assassinat de Hariri est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.

    Quelle issue à la crise?

    Nombre de Libanais accusent la Syrie. A l’appel de l’opposition, des centaines de milliers de Libanais de toutes confessions sont descendus dans la rue à plusieurs reprises, provoquant la démission du Premier ministre pro-syrien. L’opposition se sent pousser des ailes dans le dos depuis le vote l’année passée de la résolution 1559 de l’ONU qui exige le retrait des troupes syriennes. La France espère bien reprendre pied au Liban tandis que les Etats-Unis y voient un levier pour renverser le régime ba’thiste syrien. En effet, un Liban libéré de la tutelle syrienne priverait Damas de tout moyen de pression sur Israël en mettant le Hezbollah au pas et expulserait sans doute tout ou partie du million d’immigrés syriens qui contribuent à maintenir l’économie syrienne à flot en envoyant une partie de leur salaire au pays.

    Mise sous pression, la Syrie a commencé le retrait de ses troupes. Mais elle n’hésitera pas à déstabiliser le Liban si l’opposition devait gagner les élections prévues en mai. Des attentats ont déjà eu lieu dans des quartiers chrétiens et ils vont sans doute se multiplier à l’approche des élections. La Syrie a commencé à allumer des contre-feux en mobilisant ses partisans libanais. A l’appel du Hezbollah, 500.000 Chiites manifestaient le 8 mars à Beyrouth en soutien à la Syrie. Si la capacité de mobilisation du Hezbollah repose davantage sur le clientélisme que sur l’adhésion, le risque de confrontation intercommunautaire n’en est pas moins réel. D’autant plus que certaines composantes de l’opposition attisent délibérément la haine contre les immigrés syriens et les 400.000 réfugiés palestiniens du Liban. Cette attitude ne peut que pousser ces communautés à faire bloc avec Damas. D’autres états, avec ou sans le soutien de l’impérialisme, chercheront alors des relais au sein de l’une ou l’autre communauté libanaise pour contrer la Syrie. Le Liban risque de redevenir ce champ de bataille où tous les protagonistes du Proche-Orient règlaient leurs comptes par Libanais interposés.

    L’absence d’une opposition ouvrière et socialiste crédible se fait cruellement sentir. Une opposition qui lie la lutte contre l’occupation syrienne à la lutte contre les capitalistes libanais et la classe politique corrompue. Une opposition qui défende l’égalité politique et sociale des travailleurs libanais, syriens et palestiniens pour forger l’unité de toute la classe ouvrière du pays.

  • 19 mars: manifestation de masse réussie à Bruxelles

    Ce 19 mars, Bruxelles a accueilli une masse de manifestants. Trois manifestations se sont rassemblées en une énorme manif avec 80.000 participants provenant de toute l’Europe. La manifestation montrait la force de la mobilisation européenne, la radicalisation et la volonté d’action croissantes à la base, mais aussi le manque d’un instrument politique, ce qui permit aux partis traditionnels d’être présents.

    Nikei De Pooter

    La Marche des Jeunes était à la tête de la manifestation. Là se trouvaient à peu près 2000 jeunes. Notre délégation comprenait à peu près 300 travailleurs et jeunes, avec également la présence de camarades des Pays-Bas, de France, d’Allemagne et de Grande-Bretagne. Ce n’était pas une coïncidence si les plus grandes délégations à la Marche des Jeunes étaient les délégations politiques radicales. Les Jeunes FGTB et CSC étaient présents avec des camions de carnaval et avec une musique assourdissante, mais ils n’ont pas réussi à faire marcher plus de quelques dizaines de jeunes dans leurs délégations.

    Nous avions discuté avec eux dans le courant de la campagne sur le type de Marche qu’il fallait. Selon eux, les jeunes ne s’intéres-sent pas à une marche combative, mais plutôt à une sorte de love-parade. Cela s’exprimait aussi dans le logo infantile des Power rangers sur l’affiche de mobilisation. Ils ont tenté d’éviter que la Marche des Jeunes ne se profile comme radicale. Leur argument était qu’une marche « trop radicale » ferait peur aux jeunes et qu’un programme vague et large permettait à une grande variété d’organisation de participer.

    Cette stratégie allait tellement loin que les différents partis gouvernementaux n’étaient pas seulement sur l’affiche, mais participaient réellement à la Marche. Le CD&V en donnant un tonneau de bière gratuit sur un bar mobile, le N-VA en buvant le tonneau. Animo, les jeunes du SP.A, ont réussi à faire porter leur banderole par le « ministre de la chasse aux chômeurs » Frank Vandenbroucke. Notre délégation disait bienvenue à tous ces types avec le slogan  « néoliberalen = dikke asocialen ! » (néo-libéraux = gros asociaux)

    Le MAS a mis la Marche des Jeunes sur l’agenda. Nous avons mené une campagne pendant des mois. Pour nous, l’important n’était pas seulement la manif elle-même, mais aussi la construction d’une relation de force à la base. Ces derniers mois, nous avons augmenté notre présence aux bureaux de pointage et y avons obtenu un soutien grandissant, bien que souvent passif. Nous avons utilisé l’occasion de construire une présence plus large dans les entreprises. Dans ce travail il était important de présenter un programme d’unification des mouvements de lutte et de proposer une initiative concrète. Ce fut chose faite avec la Marche des Jeunes.

    Pour nous, la campagne était réussie. Nous avons formé une délégation combative, vendu plus de 500 exemplaires de notre journal et 100 exemplaires des journaux d’autres sections du CIO (notre internationale) et nous avons récolté 400 euros de fonds de lutte. La Marche des Jeunes est peut-être venue trop tôt ; la volonté de transformer le mécontentement large mais passif contre le chômage croissant, la flexibilité, le travail interim,… en une opposition active est toujours limitée. Mais après la manifestation contre l’accord interprofessionnel en décembre et les actions dans divers secteurs (le non-marchand, Splintex, le secteur d’alimentation,…) la Marche des Jeunes et la manifestation de la CES (Confédération Européenne des Syndicats) venait à un excellent moment. Puisque pour nous cette Marche n’a jamais été vue comme une fin en soi, mais comme une occasion de mettre à l’agenda la nécessité de construire une opposition de gauche dans les syndicats et la nécessité d’un instrument politique. Leen Pontezeele des Jeunes CSC a déclaré dans les médias que pour elle cette Marche des Jeunes n’était qu’un premier. Nous sommes ravis de ce point de vue et faisons appel à tous pour faire une évaluation ensemble, pour ensuite retourner sur le terrain et commencer à construire une nouvelle Marche des Jeunes !

    CGT et FNV: délégations combatives

    La CES manifestait contre la directive-Bolkestein (sur la libéralisation des services) et il y avait aussi la manif du FSE (Forum Social Européen). Dans la manif de la CES, les délégations de la CGT (France) et du FNV (Pays-Bas) se sont fait remarquer. La CGT avait à peu près 30.000 membres présents dans sa délégation, et celle du FNV comprenait aussi des milliers de travailleurs. La CGT se profilait contre la constitution européenne, sur laquelle un referendum est organisé en France. La mobilisation contre la constitution européenne montre une rage et une combativité crois-sante contre la politique néo-libérale de l’Europe. Ce n’est pas une coïncidence si les délégations de la CGT et du FNV étaient les plus grandes. Dans les deux pays, il y a un processus de radicalisation qui se développe contre les attaques antisociales du gouvernement et du patronat.

    La délégation du FSE était plus limitée. Quelques milliers de membres des différents “mouvements sociaux” manifestaient. Il est pour eux d’une importance cruciale de se retrouver dans la classe ouvrière.

  • Les infrastructures sportives de l’ULB menacées par la direction!

    Interview d’Alby, étudiant en éducation physique.

    Pierre et Gégé.Au début du mois de mars, les étudiants d’ISEPK (faculté d’éducation physique et de kinésithérapie) ont appris que l’ULB comptait les délocaliser pour 2007 à Erasme. C’est la seule information qui nous a été fournie dans un premier temps. Tous les étudiants se posaient des questions car le site d’Erasme n’est pas du tout adapté pour nous accueillir. Par exemple, il n’y a pas de locaux de sport et tout le monde se demande où est-ce que nous allons pouvoir faire du sport. De plus, les auditoires et les locaux sont déjà en saturation. Ils veulent nous y caser en plus des horaires déjà prévus, ce qui est une pure folie. Rien ne nous a été expliqué officiellement, on se demande vraiment ce qu’on va devenir et il semble que l’ULB n’en ait vraiment rien à foutre.

    EGA : -Peux-tu nous expliquer en quelques mots ce qui s’est récemment passé dans la faculté d’ISEPK ?

    Alby : Au début du mois de mars, les étudiants d’ISEPK (faculté d’éducation physique et de kinésithérapie) ont appris que l’ULB comptait les délocaliser pour 2007 à Erasme. C’est la seule information qui nous a été fournie dans un premier temps. Tous les étudiants se posaient des questions car le site d’Erasme n’est pas du tout adapté pour nous accueillir. Par exemple, il n’y a pas de locaux de sport et tout le monde se demande où est-ce que nous allons pouvoir faire du sport. De plus, les auditoires et les locaux sont déjà en saturation. Ils veulent nous y caser en plus des horaires déjà prévus, ce qui est une pure folie. Rien ne nous a été expliqué officiellement, on se demande vraiment ce qu’on va devenir et il semble que l’ULB n’en ait vraiment rien à foutre.

    Un autre problème est que dans son projet, la direction compte également raser le hall sportif pour en faire un nouvel auditoire. C’est une décision qui risque de toucher tous les étudiants de l’ULB car cette salle est tout le temps utilisé et ouverte à tous les étudiants toute la journée.

    EGA : -Comment avez-vous appris ce projet ?

    Alby : Nous l’avons appris jeudi passé du fait qu’il y a eu une fuite qui est arrivée jusqu’au conseil facultaire, où le projet a donc été dévoilé au grand jour. Nous n’avions cependant que très peu d’informations concrètes sur les détails du projet.

    EGA :-Quel impact penses-tu que cela puisse avoir au niveau social et financier sur les étudiants, et sur leurs conditions d’étude ?

    Alby : Je pense que ce qui se cache derrière ce projet est le fait que la faculté ISEPK coûté trop chère à l’université. Pour exemple, pour certains cours, il arrive que nous ayons un prof d’athlétisme pour 8 ou 10 étudiants. Cela revient évidemment plus cher que les cours qui sont donnés par un prof dans un auditoire de 200 ou 300 étudiants. L’ULB veut donc faire des économies, mais cela au détriment de la qualité de notre enseignement. J’estime qu’à partir du moment où les étudiants paient un minerval de 700 euros, la moindre des choses est qu’ils aient droit à un enseignement de bonne qualité. Il est pourtant clair que les mesures qui vont être appliquées vont dans le sens contraire. On va priver de distractions sportives non seulement les étudiants de notre faculté, mais en réalité tous les étudiants de l’université. Sans compter que des gens de l’extérieur utilisent également ces infrastructures sportives. Par exemple, le hall de sport accueille chaque mercredi 200 enfants à qui nous donnons cours. Si le hall est rasé, non seulement ces enfants n’y auront plus accès, mais en plus, nous perdrons un acquis supplémentaire, dans le sens que le fait de donner cours à des enfants nous permettaient d’avoir un petit job rémunéré sur le site même de l’université. Ce ne sera plus le cas.

    EGA : -Quel est l’état du matériel de sport aujourd’hui ?

    Alby : La salle n’est pas très neuve, ce n’est pas le grand luxe mais nous ne pouvons pas nous plaindre. Par contre, s’il n’y a plus de hall de sport, tout ce que la direction est capable de nous répondre, c’est qu’ « on aura qu’à aller à l’ADEPS à Auderghem ». Ce qu’ils ne nous disent pas, c’est que le site d’Auderghem se trouve à 1h30 en transport en commun à partir d’Erasme, et qu’il n’y a pas de station de métro pour y arriver. Vous vous imaginez faire systématiquement l’aller-retour Erasme-Auderghem à chaque fois que l’on a cours de sport ? C’est impensable.

    EGA : -Comment ces décisions sont vécues chez les étudiants et les professeurs ?

    Alby : Le sentiment général est que le fait, en soi, d’aller à Erasme ne serait pas une mauvaise chose si dumoins il y avait les moyens financiers et les infrastructures nécessaires pour que cela puisse se faire dans de bonnes conditions. Je connais à la VUB des étudiants en éducation physique. Ils sont beaucoup mieux lotis (piscine, piste d’athlétisme, …). Ca prouve qu’avoir de bons équipements est quelque chose de réaliste. Cependant, je pense qu’à terme, les étudiants des autres universités seront victimes de la même politique. Je ne l’espère pas pour eux mais je crains fort que c’est ce qui risque d’arriver. Toutes les décisions prises par la direction de l’ULB ces dernières années n’ont rien apporté de bon aux étudiants. Encore dernièrement, ils ont voulu réintroduire le numérus clausus chez les kinés…

    EGA : -Que penses-tu du mouvement qui vient de s’enclencher ?

    Alby : Je pense que c’est très positif, ça montre que beaucoup de gens sont conscients du danger. Un autre point que j’estime important, c’est que, si ce sont les profs qui ont entamé le mouvement, tout de suite une solidarité s’est crée entre les profs et les élèves. Il est clair que si l’ULB n’est pas décidée à changer d’optique, il faudra continuer le mouvement et surtout l’élargir et mobiliser davantage.

    EGA : -As-tu encore quelque chose à ajouter ?

    Alby : Oui. Je pense que le sport est un facteur socio-culturel important, et que c’est particulièrement déplorable, pour une université qui se dit « libre », de vouloir nous l’enlever. Pour moi, « libre » ne rime pas avec…libéral.


    Pour EGA, il est clair, que cette nouvelle attaque sur les infrastructures sportives et toute la faculté de l’ISEPK se retrouve dans le cadre de l’élitisation de l’enseignement supérieur. Le processus de Bologne vise (et on a déjà pu entendre de nombreuses fois le recteur Demarret en vanter les mérites) à instaurer la compétition entre les différentes universités d’Europe, et ainsi, créer des pôles d’excellence, universités de référence, d’élites, très coûteuses et dans lesquelles se retrouveront uniquement les cours les plus demandés et les plus intéressants sur le marché du travail.

    On peut déjà imaginer avec cette mesure, qu’à terme, l’ULB, pour se débarrasser définitivement de cette faculté qui ne l’intéresse pas, la fusionnera avec la Haute Ecole pratiquant le même enseignement, et se trouvant, comme par hasard, juste à côté d’Erasme. C’est malheureusement le début de toute une série de mesures offensives que l’on prévoit sur toutes les facultés « trop peu rentables », contre lesquelles il va falloir se battre vigoureusement. Pour empêcher l’application de ces mesures d’austérité et surtout pour préserver ou arracher les acquis que nous sommes en train de perdre sur l’université, la seule solution est de s’organiser pour lutter, étudiants, travailleurs, et professeurs ensembles. Pour que les étudiants de l’ISEPK n’essuient pas un échec, il est fondamental d’élargir le mouvement un maximum, vers toute la population de l’université, et de faire un lien clair avec toutes les attaques que mène actuellement la direction de l’ULB sur nos acquis (privatisation des services sur le campus, fermetures des infrastructures pour les étudiants, augmentation du minerval intermédiaire, limitation d’accès à la bibliothèque, envoie des forces de l’ordre sur les étudiants…) !

    EGA est pour un refinancement massif de l’enseignement à tous les niveaux et s’oppose bien évidemment à son élitisation. Nous sommes pour un enseignement gratuit, de qualité et accessibles à tous. Mais c’est seulement par la lutte que nous pourrons imposer aux élites dirigeantes l’enseignement démocratique auquel nous avons le droit.

  • Un jour triste et décevant pour notre droit de protester

    Un jugement marque un recul pour nos libertés civiques

    socialistworld.net

    Ce matin, à la Cour Royale de Justice, un verdict a été rendu suite aux plaintes initiées par deux personnes ayant été détenues dans un cordon de police le 1er mai 2001.

    Le Juge a conclu que la Police Métropolitaine avait le droit de détenir les manifestants et d’autres dans un cordon de police, dans le but d’empêcher des actes de violence.

    Plus de 3000 personnes ont été détenue à Oxford Circus pendant plus de 7h sans nourriture, eau et toilettes. Lois Austin (membre du Socialist Party – CIO en Angleterre), une des deux personnes qui portait plainte, a été détenue dans le cordon sans être autorisée à sortir pour aller chercher sa fille à la crèche.

    Lois a déclaré: "C’est un jour triste et décevant pour le droit de protester. Le jugement marque un recul pour nos libertés civiques et en particulier pour le droit de manifester sans subir une detention et des abus policiers. Cela criminalise des manifestants pacifiques et cela va être vu pour la police comme une ligne qu’ils peuvent reproduire dans le future”

  • Des actions et lettres de protestation internationales ont forcé les autorités universitaires à reculer.

    Daniel Dukarevich, Maavak Sozialisti, Israel

    Des membres de Maavak Sozialisti ( MAS-LSP en Israël), ainsi que d’ autres activistes, viennent de finir leur campagne électorale menée avec le nom de Front Social des Etudiants (SSF). C’était une campagne extrêmement difficile à organiser pour nous. Dès le début, nous avons été victimes de menaces et de diffamation de la part des autorités académiques parce que notre campagne soulevait des questions sur le fonctionnement du Syndicat Etudiant ( salaires élevés touchés par les élus,…). Toutes nos affiches ont été systématiquement arrachées et nos meetings ont été interdits. C’est pourquoi notre campagne s’est aussi transformée en une campagne active pour le droit de s’organiser et le droit de s’ exprimer sur nos campus. Pour finir notre liste a réussi à avoir trois élus dans le syndicat étudiant.

    Les membres de Maavak Sozialisti remercient tous ceux qui ont envoyé des lettres de protestation et ceux qui ont organisé des actions de solidarité à travers le monde. Cela a mit une grosse pressions sur les autorités universitaires et nous a permi d’obtenir des concessions importantes de leur part.

    Grâce à cette campagne, à partir de maintenant, un espace special sera alloué pour permettre aux étudiants de faire des stands politiques et un mur special nous est fourni pour accrocher notre matériel politique sur les campus.

    Nous remercions encore tous ceux qui nous ont soutenu. Cela était particulièrement important dans le sens ou maintenant beaucoup d’étudiants ont prit confiance dans le fait qu’ il était possible de faire reculer les autorités universitaires.

  • Chirac face à la défaite?

    Les mobilisations contre le gouvernement de Raffarin fusionnent avec l’opposition à la constitution européenne. Ce 10 mars dernier, plus d’un million de personnes sont descendus dans les rues de France pour demander de meilleurs salaires et pour lutter contre l’allongement du temps de travail. Les travailleurs du secteur privé se sont joints à leurs collègues du secteur public, les “vétérans” d’un grand nombre de manifestations ont manifesté côte à côte avec de jeunes travailleurs et des lycéens qui participaient à leur première manifestation.

    Karl Debbaut

    C’était le cinquième jour de mobilisation nationale depuis le début de 2005 et le plus important depuis le printemps 2003, période ou avaient eu lieu de grandes luttes contre la réforme des pensions du gouvernement de droite dirigé par Raffarin. Selon les syndicats, la participation aux 150 manifestations à travers la France a doublé en comparaison au dernier jour d’actions nationales du 5 fevrier. Cette démonstration impressionante de la force des travailleurs a poussé le gouvernement et les patrons francais sur la défensive.

    Le gouvernement Raffarin, guidé par les stratèges de l’ organisation patronale, le MEDEF, et le président de la république, Jacques Chirac, pensaient avoir brisé la resistance des travailleurs au printemps 2003. A ce moment là, la faillite des directions syndicales à organiser une grêve générale a permi l’ application de la réforme des pensions. Le gouvernement a continué à appliquer l’ offensive patronale : semi privatisation du gaz et de l’ électricité, attaques sur les services sociaux et l’ éducation,… La Poste et la SNCF, la compagnie nationale des chemins de fer, ont été réorganisées afin de les préparer à la privatisation. Le 8 février dernier, le gouvernement en a finit avec la semaine des 35 heures, autorisant ainsi les patrons à faire travailler les travailleurs plus longtemps sans payer les heures prestées en plus des 35 heures.

    Il y a une énorme colère par rapport aux tentatives des patrons d’ allonger le temps de travail. Mais beaucoup de travailleurs n’ ont pas oublié l’expérience de l’ introduction de la semaine de 35 h par le dernier gouvernement de la gauche plurielle – une coalition compose par les sociaux démocrates, les “communistes”, les verts et des indépendants- quand cela a été utilisé pour introduire une “flexibilité” sauvage dans le secteur privé. Dans l’enterprise automobile Citroën, à Saint-Denis, la production a augmentée jusqu’à 6000 voitures sur une période de 4 jours, alors qu’ avant la même quantité était produite en 5 jours.

    Les tentatives des patrons pour allonger la longueur de la semaine de travail a mené en réalité à une coupe supplémentaire dans les salaires réels des travailleurs du privé. Les 5.2 millions de travailleurs du secteur public ont déjà souffert de la même érosion de leurs salaires. Selon la CGT, le deuxième plus grand syndicat, les revenus ont chuté en termes réels de 5-6% ces trois dernières années. Le gouvernement a offert aux travailleurs du secteur public une maigre augmentation de salaire de 0.5% à partir du 1er février 2005 et une autre de 0.5% au 1er novembre.

    Raffarin a attendu trois jours avant de répondre à la mobilisation syndicale du 10 mars. Après avoir invité les dirigeants syndicaux à reprendre les négociations sur les salaires du secteur public, il a déclaré dans son style inimitable : "Le courage aujourd’hui, c’est la réforme…La lucidité politique conduit à l’équilibre entre l’écoute et la détermination. Je montrerai dans les jours prochains, concrétement, que je sais mettre en pratique l’une (l’écoute) et l’autre (la détermination)."

    Il a aussi appellé les patrons à regarder à des initiatives concrètes pour commencer les négociations sur les salaires des travailleurs du secteur privé.

    Antoine Seillière, le patron des patrons, à la tête du Medef, a déclaré que ni le gouvernement ni la fédération patronale n’ a l’ autorité de déterminer les salaires dans le secteur privé. Il a aussi déploré que le gouvernement réagisse si rapidement à la pression de la rue.

    Raffarin et Chirac ont décidé de changer de stratégie. Ils sont inquiets par rapport au nombre croissant de travailleurs du public et du prive qui prennent part aux manifestations, et spécialement au sujet de la résistance qui se développe contre l’ Union Européenne et la Constitution Européenne. Les travailleurs francais regardent les politiques de l’ UE et celles du gouvernement francais et tirent la conclusion qu’ elles sont des “jumelles diaboliques”. Les politiques néo-libérales de privatisation, de dérégulation et d’ attaques sur les conditions de vie et de travail de millions de travailleurs sont les mêmes que ce soit en France ou en UE.

    La CGT appelle à voter NON lors du référendum sur la Constitution Européenne prévu le 29 mai prochain. En faisant cela, cela a élevé le référendum au niveau d’ une question centrale dans la mobilisation des travailleurs contre Raffarin, et cela a rajouté une pression énorme sur les partis pro-constitution dans le gouvernement et dans l’ opposition. Vu que les prochaines élections nationales prendront place dans deux ans, le référendum sera la première opportunité de frapper de plein fouet le gouvernement.

    Le soutien public à la Constitution Européenne a chuté solidement en France. On est maintenant à seulement 10 semaines du vote et le soutien est tombé à 56%, 10% de moins qu’ il y a trois mois. Un sondage publié dans le Parisien le 18 mars montre que le soutien à la Constitution Européenne ne serait que de 49%, avec 51% contre. Un autre sondage publié par Le Figaro montre que 52% sont certains de voter contre. C’ est la première fois que les opposants à la constitution sont en tête dans les sondages et cela va certainement secouer pas mal de dirigeants européens.

    La droite est divisée sur cette question, par exemple l’ ex-ministre de l’ interieur Charles Pasqua a déclaré : "La Constitution européenne n’est pas, comme on aimerait leur faire croire, l’aimable jubilé de la paix et de l’amitié entre les peuples européens. C’est au contraire l’acte fondateur de la «Nouvelle Europe» chère à Donald Rumsfeld, inféodée aux marchés financiers, coulée dans le moule atlantiste avec lequel l’adhésion de la Turquie va la faire coïncider exactement, intégrée de facto dans le «nouvel ordre mondial».

    Le Parti Socialiste a organisé un référendum interne pour décider de la position du parti. Le leader du PS, François Hollande, a mené campagne pour le oui et a gagné. Son principal concurrent était l’ ancien premier ministre, Laurent Fabius, vu généralement comme le numéro deux du parti. Le camp du non a quand même obtenu 42%. Cela ne veut pas dire que le débat interne est clôturé. De nouveaux sondages avancent l’ idée que si le scutin était réorganisé aujourd’ hui le camp du non obtiendrait 59%. Fabius et d’ autres leaders du PS continuent de mener campagne pour le non, cela en ayant comme ambition de diriger le PS dans les prochaines elections de 2007. Les tensions internes sont importantes et un futur regroupement interne ou une fracture ne sont pas à exclure. Henri Emmanuelli, leader du Nouveau Monde, une des minorités dans le PS qui s’oppose à la constitution, compare les membres du PS qui soutiennent la Constitution Européenne avec les socialistes qui ont voté pour un soutien complet aux collaborateurs du régime de Vichy du Maréchal Henri Pétain en 1940.

    La question du référendum a atteint une telle envergure que Chirac se déclare aujourd’ hui publiquement contre la directive Bolkenstein sur les services. Il disait que c’ est inacceptable. Il a aussi demandé au président de la Commission Européenne, Jose Manuel Barosso de “garder contrôle sur ses membres de la commission”. Récemment, différents membres de la commission européenne ont vexé les médias francais à cause de leur franchise néolibérale. Danuta Hübner, membre de la commission pour la politique régionale, a déclaré que “au lieu de metre fin aux délocalisations, l’ UE devrait les encourager au sein de l’ UE”. Nelli Kroes, membre de la commission pour la concurrence, ajoutait : "Les subventions de l’ UE des pays riches pour les pays pauvres devraient être stoppées”. Vladimir Spidla, membre de la commission pour les affaires sociales, avancait encore plus clairement ceci : “L’ objectif est premièrement et avant tout la flexibilité”. Peter Mandelson, récompensé par Tony Blair en obtenant le poste à la commission européenne sur le commerce, a lui rappellé aux etats membres qu’ “ ils doivent continuer a réformer leur marché du travail et leur système de sécurité sociale”.

    En France, le gouvernement et l’ élite se trouvent sur le tranchant d’un couteau. La stratégie de Raffarin est de proposer des négociations et d’ essayer de casser l’ unité croissante entre les travailleurs du public et du privé. En offrant un rien aux bureaucrates syndicaux, il va essayer de faire dérailler les mobilisations et, en même temps, essayer d’obtenir une victoire pour le camp du oui au référendum. Les travailleurs et la jeunesse en France ont montré clairement leur compréhension de la situation et l’ énergie qu’ ils ont pour combattre le capitalisme. Ces mouvements ont sauvegardé la France des plus mauvais excès du néo-libéralisme et du capitalisme, une situation décrite par le nouveau ministre des finances, Thierry Breton, comme “ le refus collectif de toute une génération…de réformer ce qu’ il faut et d’ éliminer les “déchets”.

    Le mouvement actuel en France et la possibilité d’ un vote contre la Constitution Européenne le 29 mai peuvent avoir une influence profonde sur les dévelopements politiques.

    Cela pourrait conduire à des scissions dans les partis de centre-gauche et de centre-droit, ainsi qu’ à un regroupement des forces politiques. Les travailleurs sont pour le moment retenus en arrière à cause de l’ absence de leur propre véritable force politique socialiste. Bien que beaucoup d’ occasions ont été ratées dans le passé pour construire un tel nouveau parti des travailleurs, les évènements actuels vont créer de nouvelles opportunités pour les travailleurs francais et européens pour avancer sur la route du socialisme.

  • 120e anniversaire de la fondation du POB. Leur socialisme et le nôtre

    120e anniversaire de la fondation du POB

    Pour le centenaire de sa création, le slogan mis en avant par le PS était "100 ans de socialisme". 20 ans plus tard, les dirigeants du PS ne jugent plus utile de faire référence au socialisme, et parlent de "120 ans de progrès social"… Cela pourrait être vu comme la parfaite confirmation de la thèse selon laquelle il fut un temps où les intérêts de la classe ouvrière étaient réellement défendus par la social-démocratie. Rien n’est pourtant moins certain.

    Nicolas Croes

    La création d’un parti ouvrier était un pas en avant, mais la direction sociale-démocrate fut d’emblée gênée par la référence au socialisme. On préféra dès lors parler de Parti Ouvrier Belge, "ouvrier" étant moins contraignant que le terme de "socialiste", qui, beaucoup plus qu’aujourd’hui, faisait directement référence à un changement radical de la société: d’un système de production géré pour et par une infime minorité d’exploiteurs vers une gestion collective des moyens de production dans l’intérêt de tous.

    Fossé entre le programme minimum et l’objectif du socialisme

    Le choix du nom reflète d’ailleurs bien l’orientation suivie par la social-démocratie. Le congrès de fondation du POB fut un rassemblement de groupes hétéroclites, et il n’y eut aucune confrontation programmatique, les différentes revendications avancées furent donc extrêmement basiques. Le futur Parti Socialiste se développa uniquement autour de projets compatibles avec la "démocratie" bour-geoise, tels que le suffrage universel et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Et de fait, il n’y eut jamais vraiment de réflexions sur la future société socialiste, même si tout un tas de problème se voyaient relégués à cet avenir dont les dirigeants ne voulaient pas parler. Les travailleuses, par exemple, n’eurent pendant longtemps comme unique réponse à leurs problèmes que l’assurance que l’émancipation des femmes se ferait naturellement sous le socialisme. Quant à savoir comment et que faire en attendant…

    De plus, le mouvement ouvrier ne fut jamais vu par la direction du POB comme autre chose qu’un outil qu’il fallait contrôler. Jamais il ne fut question de donner un appui à la légitime révolte des travailleurs, et lorsqu’un an à peine après sa fondation éclatèrent les grèves spontanées de 1886, le POB déclara qu’elles étaient "prématurées" et qu’il ne fallait pas les supporter.

    Mais le parti se renforça, étant à l’époque la seule organisation politique ouvrière en Belgique, et son discours prôna de plus en plus clairement l’entrée au gouverne-ment, l’entente avec les libéraux, et en définitive l’hostilité envers la lutte des classes.

    Soutien du POB à la guerre impérialiste

    Arriva alors la première guerre mondiale. Tout naturellement, à l’instar de la quasi-totalité de ses organisations sœurs à l’étranger, la social-démocratie belge se rangea derrière sa bourgeoisie nationale. Au nom du patriotisme, le POB entra dans un gouvernement bourgeois (avec catholiques et libéraux) et appela les ouvriers belges à tirer sur leurs frères allemands. Pourtant, quelques mois plus tôt, promesse avait été faite d’éviter à tout prix une guerre qui ne servait que les intérêts des capitalistes. Mais que valent l’internationalisme et la solidarité face à cette entrée au gouvernement tant désirée et au nom de laquelle toute la politique sociale-démocrate avait été subordonnée…

    A tel point d’ailleurs qu’Emile Vandervelde, futur président du POB, se rendit en Russie en 1917 afin d’exhorter les soldats russes à bout de souffle à continuer le combat plutôt que de penser à la révolution socialiste. Il dut pourtant les remercier d’avoir accordé à ses paroles leur juste valeur, car c’est avant tout grâce à la révolution russe et à la vague révolutionnaire qui déferla ensuite en Europe que le suffrage universel fut appliqué en Belgique. Suffrage universel qui profita au POB, mais fut utilisé par la bourgeoisie pour évacuer la pression née de l’émancipation des travailleurs russes. Les capitalistes avaient grand peur d’une classe ouvrière en mouvement. Même si le Parti Ouvrier Belge pouvait être dépassé par sa base, ses dirigeants étaient fort utiles pour canaliser et annihiler la colère ouvrière. Il faut dire que les ouvriers commençaient à sympathiser avec les soldats allemands, et défilaient ensemble, le drapeau rouge remplaçant ceux du capitalisme allemand ou belge.

    Participation à des gouvernements bourgeois

    Les succès électoraux qui suivirent le suffrage universel amenèrent la social-démocratie à participer frénétiquement aux différents cabinets ministériels, même si presque aucun espace n’existait pour des réformes. Réfractaire à toute offensive de la classe ouvrière, le POB fut totalement désarmé quand survint la crise des années trente, quand la bourgeoisie jugea qu’elle ne pouvait plus se permettre de "faire joujoux". Revenu dans l’opposition, le parti se redynamisa quelque peu, et Henri de Man présenta en 1933 son célèbre Plan du Travail. Celui-ci visait à renforcer le rôle de l’Etat bourgeois dans l’économie la nationalisation de banques et d’industries, et prévoyait également une réduction du temps de travail et une augmentation des salaires. Ce plan n’était qu’un aménagement du capitalisme, mais il souleva un véritable enthousiasme et des mobilisations massives. Elles permirent au POB de revenir aux affaires en 1935, à l’intérieur d’un cabinet de coalition avec les catholiques. Prisonnier de ses habitudes et de ses dirigeants, le POB "oublia" le Plan, et mena au gouvernement une politique au strict service de la bourgeoisie. Elle ne l’oublia pas, et récompensa le parti en l’acceptant dans tous ses gouvernements jusqu’en 1940.

    Le POB, dissout au début de la Deuxième Guerre mondiale, res-surgit en 1945 sous la forme du Parti Socialiste Belge, qui devait, en 1978, se scinder sur base linguistique. Commença alors une période d’avancées sociales: devant le prestige et l’influence de l’Union Soviétique, face à une reprise économique visible par tous, il était plus sage de lâcher quelques concessions aux ouvriers.

    Le PSB ne lutta pour des réformes que dans le seul but de ne pas être dépassé par sa base, et n’hésita jamais à appliquer lui-même des mesures qu’il avait dit vouloir combattre. A titre d’exemple, la loi unique qui mena aux grèves de 60-61 fut morcelée et appliquée sous la législature suivante par le PSB que ces grèves avaient porté au pouvoir. Et quand la crise revint, le rôle du PSB, puis du PS et du SP, fut de plus en plus clairement de faire avaler aux travailleurs les plans d’austérité de la bourgeoisie.

    Mais l’activité du PS ne s’est pas limitée à cela. Hésitant à défendre les intérêts des travailleurs, la social-démocratie fut fort prompte à renforcer l’appareil répressif de l’Etat bourgeois, et ne souffrit d’aucun état d’âme en envoyant gendarmerie et matraques contre les ouvriers et les étudiants. Il est vrai que ce ne fut jamais le PS, mais bien ses ministres de l’Intérieur, bourgmestres, … En définitive, ces élus pour lesquels la social-démocratie s’est exclusivement battue, de tous temps, arguant que l’on ne pouvait changer la situation que par ce biais, ne furent et ne sont que des freins aux luttes des travailleurs.

    Construire un nouveau parti des travailleurs

    Nos acquis ne furent aucunement l’œuvre des mandataires du PS ou de ses ancêtres, mais bien des luttes des travailleurs, des mobilisations. Contrairement aux sociaux-démocrates, nous pensons que la politique se mène prioritairement dans la rue, dans les usines, bureaux, écoles… Nous sommes pour une démocratie ouvrière où l’ensemble de la population est associée aux décisions économiques et politiques et où les délégués sont élus et révocables à tout moment. Si pour Di Rupo la lutte s’effectue en siégeant au conseil d’administration de Dexia, pour nous, elle s’effectue à l’exemple de la Commune de Paris, de la Révolution russe, espagnole, de celle dite "des œillets" au Portugal, de Mai 68, …

    Un parti ayant la volonté de défendre les travailleurs doit être sous leur contrôle, et ne peut qu’être le relais politique de leurs luttes. Jusqu’à la fin des années 80′, la base ouvrière du PS pouvait encore remplir ce rôle, mais le PS possède dorénavant plus de liens avec l’Etat bourgeois ou les entreprises qu’avec la classe ouvrière, ce qui laisse l’opportunité à la direction de suivre de plus en plus facilement les caprices de la bourgeoisie. Le PS ne peut pas être un relais politique des luttes des travailleurs, il ne peut que les étouffer par peur de perdre son pouvoir. C’est pourquoi nous appelons depuis mi-90′ à la création d’un nouveau parti des travailleurs.

    L’ouverture officielle du 120e anniversaire de la social-démocratie belge se tiendra les 18 et 19 mars prochain. Mais à cette date, ceux qui veulent réellement parler du socialisme seront dans la rue, à l’occasion de la Marche des Jeunes pour l’Emploi.

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