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  • Après une longue grève, les travailleurs de Bridgestone reprennent le travail

    Vendredi dernier, l’assemblée générale a accepté le projet d’accord entre les syndicats et la direction avec 63 votes pour, 47 contre et une abstention sur un total de 111 présent. Cet accord prévoit le reclassement externe des 8 travailleurs licencié dans des entreprises de la région avec des salaires censé être identiques à ceux qu’ils percevaient à Bridgestone et une prime de départ.

    Ben (Hainaut)

    L’accord prévoit aussi la transformation d’une bonne partie des travailleurs sous CDD en contrat à durée indéterminée. Il y a également une sorte de volet « sécurité d’emploi » pour les 132 ouvriers restant, ainsi que la promesse de la direction de ne plus prévoir de restructuration. Enfin, à tout cela s’ajoute le fait que les syndicats proposeront pour le 15 septembre au plus tard une proposition de CCT 90, permettant la mise en place d’un système de prime nette d’impôt en fonction d’objectif déterminé de production.

    On peut bien évidemment douter de l’utilité du volet « sécurité d’emploi » puisqu’il en existait déjà un avant le conflit et que le patronat de Bridgestone ne l’avait pas respecté mais cet accord est tout de même légèrement meilleur que le précédent. Il est seulement un peu surprenant que les syndicats acceptent une augmentation du rythme de travail pour quelques primes.

    Quel bilan tirer ?

    Si le patron a du faire certaines concessions, c’est grâce à la solidarité et au courage des ouvriers de Bridgestone car ils ont montré une combativité et une capacité de résistance au patronat longtemps oubliée dans la région. Avec 58 jours de grèves, ce conflit est l’un des plus long que la région de Mons Borinage ait connu. Chaque ouvrier de Bridgestone devrait donc reprendre le travail avec fierté et ne pas laisser le management croire que le rapport de force est en sa faveur.

    Cependant, la reprise du travail va être difficile, c’est toujours le cas suite à de pareils conflits, et c’est dans ces moments la qu’il faut se serrer les coudes. Des conflits comme celui-ci sont rares, ils nous permettent de renouer avec la lutte collective, la seule méthode qui paye. Si on en tire les leçons, on peut apprendre vraiment beaucoup grâce à ce type de conflits. Faire le bilan du conflit est donc utile.

    Ce genre de bilan doit être discuté, mais selon nous, l’absence d’assemblée générale régulière et d’un comité de grève a contribué au fait que la grève se termine ainsi. C’est plus pratique d’avoir des assemblées car ça permet à tous les travailleurs de participer. Ensuite, pour contrecarrer les tactiques et les manœuvres du patronat, mettre en place un groupe de travailleurs autour des délégués aurait permis une organisation plus concrète et la possibilité de prendre des initiatives plus facilement. L’une d’elles aurait pu être de mettre en place un système de visites à domicile des travailleurs pour les tenir informé et s’assurer qu’ils n’ont pas trop de difficulté financière ou familiale. Avec de tels mécanismes, la cohésion des travailleurs se trouve renforcée, et aussi bien ceux souvent présent au piquet que ceux qui sont pris par d’autres obligations se sentiraient partie prenante dans le mouvement.

    Sur le piquet, le sentiment qu’on ne gagne pas une grève sur les 10 m² devant l’entreprise était présent. Beaucoup discutait de la nécessité de populariser et d’élargir le soutien au conflit. C’est avec cette idée en tête que les militants du PSL ont essayé d’aider du mieux qu’ils pouvaient. Nous avons participé pleinement au comité de soutien, nous avons distribué des tracts et essayé de populariser la grève sur nos lieux d’interventions habituels. Nous avons fait appel aux délégations et aux syndicalistes avec qui nous sommes en contact pour leur proposer de voter des motions de soutien.

    Au début de l’année, les travailleurs de Bekaert sont rentrés en lutte, et c’est intéressant d’y jeter un œil car la solidarité en dehors de l’entreprise qu’ils étaient parvenus à obtenir nous a fortement impressionné. Ils ont organisé des distributions de tract dans les entreprises du coin et ils ont été discuter directement de leur situation. Peut être qu’on aurait pu faire ça a Bridgestone, on a tous vu qu’il existait des possibilités énormes pour organiser un soutien large dans les entreprises notre région, on a vu beaucoup de délégué, de travailleur et d’habitant de la région montrer des marques de soutien et de solidarité. Le syndicat ou peut être un comité de grève aurait pu organiser ces distributions de tract et ces prises de paroles dans les entreprises du zoning pour organiser le soutien. Et si la proposition d’une grève régionale de solidarité de 24h pouvait paraître téméraire en période de vacance, proposer une manifestation régionale de soutien comme ça été fait à Bekaert aurait été possible.

    Pour un relais politique aux luttes.

    Un point de conclusion dans le conflit, c’est certainement l’isolement de la lutte sur le plan syndical. On sait que sans relais politique, une délégation syndicale est presque irrémédiablement vouée à l’échec. Les relais traditionnels des syndicats ne sont plus prêt à mener la lutte pour défendre chaque emploi. PS et CDH ont beau faire de grandes déclarations, dans les faits ils sont dans tous les mauvais coups contre les travailleurs. Il faudrait que la FGTB et la CSC coupent leurs liens avec ces partis traditionnels. Et pour que nos revendications soient portées au niveau politique, il nous faut un nouveau parti des travailleurs, un parti créé par et pour les travailleurs, un parti de classe qui se fait le porte parole politique des revendications syndicales.

  • Tout ce qui nous divise nous affaiblit !

    Le PSL mène activement campagne contre les divisions, qu’elles soient provoquées par le racisme, le sexisme, l’homophobie… Car, sans réaction collective, ces divisions ont encore de beaux jours devant elles et elles représentent un vrai danger. Avec la crise économique, les problèmes augmentent pour chacun. Pour les jeunes, la situation est particulièrement pénible: enseignement en manque de moyens, chômage en augmentation rapide,… Dans ce contexte, les divisions peuvent facilement faire leur nid, ce que nous refusons et combattons.<p<

    Des emplois, pas de racisme!

    Par Geert Cool

    Si le Vlaams Belang et le Front National ont subi une défaite ce 7 juin, cela ne signifie évidemment pas que le danger a disparu ou que les campagnes antiracistes sont devenues superflues. Ailleurs en Europe, et notamment là où la crise a déjà frappé plus durement, les néofascistes ont réalisé des percées.

    Le parti néonazi hongrois Jobbik a ainsi récolté 14% des voix, le BNP britannique 6%. Celui-ci a obtenu ses deux premiers députés au parlement européen. Il faut encore parler des populistes de droite qui ont, eux aussi, obtenu de bons scores, particulièrement le PVV hollandais de Geert Wilders, le Parti du Peuple danois et le Perussuomalaiset finlandais («le vrai finlandais»).

    L’aversion que suscitent les partis traditionnels et leur politique ouvre un espace pour toutes sortes de néofascistes et de populistes de droite. La différence est que les chefs populistes existent surtout via la TV et mettent surtout en avant leur personnalité tandis que les néofascistes essaient de construire en plus un appareil politique et une présence permanente dans les quartiers (même si, chez nous, le FN a montré une furieuse incapacité à le faire).

    Le déclin du VB est uniquement du au fait qu’il n’est plus le seul pour qui la rhétorique populiste constitue le fond de commerce. La chute a toutefois été amortie : avec 15%, il reste le deuxième parti de Flandre et les positions électorales tant de la NVA que de la Lijst De Decker sont loin d’être stables. Une crise économique peut brusquement rouvrir un espace aux idées racistes.

    Car de plus en plus de gens – en perdant leur emploi, leur logement,… – vont aussi perdre la plupart de leurs liens avec la société. Cela peut conduire à une montée des frustrations et de la violence gratuite, y compris sur une base raciste. La Russie et l’Europe de l’Est nous donnent déjà un aperçu de ce genre de situation.

    Il est cependant possible de stopper l’extrême-droite avec des mobilisations sur le terrain et un mouvement de gauche fort. La différence entre les élections européennes en Grande-Bretagne et en Irlande est éloquente de ce point de vue: les deux gouvernements ont été lourdement punis mais, là où une formation de gauche conséquente existait (le Socialist Party, notre parti-frère irlandais) aucun néo-fasciste ou populiste n’a pu profiter de la situation alors que le Socialist Party a gagné un siège au Parlement Européen.

    En nous unissant pour lutter pour nos emplois et notre avenir, nous pouvons donner un sens à la colère et au mécontentement qui existent dans la population afin de construire un projet de changement véritable, dans la perspective du socialisme. Avec une réponse collective du mouvement ouvrier, le terreau sur lequel se développent le racisme, la violence et l’extrême-droite peut disparaitre.

    Stop au sexisme et à la violence contre les femmes!

    Par Margaret Collins (Etats-Unis)

    En mai, la presse a accordé beaucoup d’attention à la pop star américaine Rihanna, battue par son copain le chanteur Chris Brown au cours d’une violente dispute.

    Un sondage de la Commission pour la Santé Publique de Boston (USA) réalisé auprès de 200 adolescents a révélé que près de la moitié des sondés considéraient que c’était la faute de Rihanna si elle s’était fait battre et que 71% d’entre eux pensaient que la violence était une des composantes «normales» d’une relation amoureuse.

    Un rapport du Journal Américain de Médecine Préventive estime qu’entre 25,5 et 53,6% des femmes vont subir un acte de violence conjugale dans leur vie. Bien que les hommes, hétéros ou homos, soient aussi victimes de ce genre de pratiques, ce sont les femmes qui de loin sont les plus affectées.

    Selon le Bureau de Justice, la violence conjugale est la première cause de mort prématurée pour les femmes afro-américaines entre 15 et 45 ans et la septième cause de décès prématuré pour l’ensemble des femmes américaines. Cette violence ne touche pas toutes les femmes de la même manière en fonction des conditions sociales et économiques.

    Les recherches montrent que c’est la pauvreté, et non la couleur de peau qui est le principal facteur de risque de violence conjugale. Le stress économique ne mène pas systématiquement à la violence, mais tous les types de violence, y compris la violence conjugale, sont plus fréquents dans les quartiers pauvres.

    La crise amplifie ce phénomène, comme l’illustre la Ligne Téléphonique Nationale contre la Violence Domestique, qui faisait état au premier trimestre 2009 d’une hausse de 21% des appels par rapport à l’année précédente. La majorité des personnes qui appelaient ont mentionné la baisse de leurs revenus.

    Des emplois stables avec un salaire correct, davantage de logements sociaux, des soins de santé meilleur marché, des services sociaux plus nombreux (entre autres dans le domaine des crèches) permettraient déjà de résoudre une bonne partie des problèmes. La lutte contre les violences infligées aux femmes doit donc partie de la lutte contre un capitalisme en crise qui a de moins en moins de perspectives à nous offrir.

    NON à l’interdiction du voile!

    Fin juin, la direction de l’athénée de Rooseveltplaats à Anvers a décidé d’interdire le foulard à partir de l’an prochain. Tous les symboles religieux et politiques sont bannis au nom de «l’égalité des chances».

    La direction parle aussi du «respect nécessaire envers ceux qui pensent autrement» dont doivent faire preuve les filles musulmanes. Que la direction montre du respect vis-à-vis de ses élèves est visiblement moins nécessaire : elle a interdit le foulard d’un coup, sans discussion.

    Ce sont les foulards musulmans qui sont visés aujourd’hui, mais le reste peut aussi être touché. Pourra-t-on bientôt encore porter un T-shirt Che Guevara? Et que se passera-t-il pour celui qui a une croix au cou? Beaucoup de filles ne considèrent pas leur foulard comme un symbole religieux, mais comme une partie de leur identité, visiblement peu et mal acceptée. Ce n’est pas la première fois qu’une telle discussion arrive, il y a déjà eu celles portant sur les piercings ou sur le renvoi de deux filles ‘gothiques’ d’une école d’Anvers.

    Il y a des problèmes dans des écoles à taux élevés d’immigrés comme l’athénée de Rooseveltplaats, mais ce ne sont pas les jeunes qui sont responsables de cette situation. Nous nous opposons à l’interdiction du foulard, mais aussi à ceux qui veulent imposer son port dans la communauté immigrée ou dans les pays musulmans.

    Interdire les foulards n’est pas un signe de «neutralité» ou «d’objectivité». Le professeur de Droits de l’Homme Eva Brems a affirmé : «Les partisans d’une interdiction trouvent apparemment l’animosité active plus neutre que la tolérance passive». Elle a qualifié l’interdiction du foulard de «pseudo-objectivité qui joue la carte de l’intolérance».

    Nous considérons le foulard comme un choix individuel. Les filles doivent elles-mêmes pouvoir décider de ce qu’elles portent sur leur tête.

  • MARX: LE RETOUR

    Avec EGA, en résistance contre le capitalisme!

    Il y a déjà un bail que Karl Marx a affirmé que le système capitaliste serait incapable de répartir équitablement les richesses: seule une petite minorité en profiterait vraiment tandis que la pauvreté prendrait des proportions gigantesques à travers le monde dans un système traversé de crises de surproduction. Pas mal d’économistes ont passé leur vie à démontrer à quel point Marx s’était gouré, mais là, ça devient franchement dur…

    On l’a entendu, et réentendu, et on va encore l’entendre: nous sommes entrés dans la pire crise économique depuis le désastre de 1929, en plus d’une crise écologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Là encore Karl Marx a été parmi les premiers à dénoncer l’impact néfaste du capitalisme sur l’environnement: «Chaque progrès de l’agriculture capitaliste représente un progrès non seulement dans l’art de dépouiller le travailleur, mais dans celui d’appauvrir la terre» a-t-il notamment écrit, bien avant que l’agro-industrie ne devienne le monstre répugnant qu’elle est aujourd’hui.

    L’éditorialiste du «Financial Times» avait, au tout début de la crise économique, parlé de ces craintes qu’elle ne «détruise (…) la légitimité politique de l’économie de marché elle-même.» Cette légitimité part en effet en morceaux et de plus en plus de jeunes et de travailleurs sont à la recherche d’une alternative à cette société où l’homme est un loup pour l’homme.

    Pour un milliard de personnes, le capitalisme signifie la faim. Des milliards d’euros sont trouvés sans problème pour aider les banques et les actionnaires mais, pour les affamés, pas de plan de sauvetage.

    De même pour les centaines de milliers de travailleurs qui perdent leur emploi en conséquence de la crise : au cours des 3 premiers mois de cette année, dans les 16 pays de la zone euro, 1,22 million d’emplois ont été perdus. Qu’arrivera-t-il à la génération qui achève maintenant ses études? Il est déjà difficile de trouver un boulot et c’est souvent un job flexible et précaire. Un emploi précaire pour un avenir précaire?

    «Notre théorie n’est pas un dogme, mais un guide pour l’action!» avaient affirmé Marx et Engels. Pour éviter que l’énergie des masses en révolte ne soit gaspillée, il faut apprendre des erreurs – et des réussites! – des luttes du passé. Mais il faut également déjà préparer les prochaines luttes d’ampleur en se forgeant une expérience dans les mouvements actuels – mêmes s’ils sont actuellement restreints – tout en y diffusant la nécessité d’avoir un programme, une stratégie et une organisation basés sur la théorie marxiste.

    Etudiants de Gauche Actifs (EGA) est une organisation de jeunes menant des campagnes, que ce soit pour une gratuité réelle de l’enseignement (nous avons pour cette raison participé à la campagne nationale RESPACT), contre le racisme et l’extrême-droite (avec l’an dernier le blocage d’un meeting du FN, une mobilisation de plus de 1.000 jeunes contre le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang,…), contre le sexisme et pour les droits des femmes, contre l’homophobie ou encore pour la préservation de notre environnement.

    Dans chacune de ces campagnes, nous mettons en évidence la racine commune de tous ces maux, le système capitaliste, ainsi que l’antidote: la construction d’un mouvement de masse socialiste luttant pour une société socialiste démocratique. C’est aujourd’hui que cet avenir se prépare: rejoins EGA, participe à nos campagnes! Ne subit plus sans réagir, mais deviens au contraire actif dans une organisation déterminée et combative!

  • “La stratégie du choc” ou… Comment les catastrophes représentent de belles opportunités

    Nombreux sont ceux qui ont vu les images magnifiques de films comme «Un jour sur terre» ou «Home». Comment peut on laisser sombrer tant de merveilles? De même, à la lecture de rapports ou d’articles consacrés à la pollution et au réchauffement climatique, on se dit qu’il faut être fou pour continuer à assister à la catastrophe en cours sans rien faire: on parle maintenant de 700 millions de réfugiés climatiques pour 2050 (1), soit environ 10% de la population mondiale fuyant les inondations, la sécheresse, etc.

    Par Nicolas Croes

    On peut calmer son angoisse en se disant que les autorités finiront bien par réagir. Mais c’est oublier qu’elles sont pieds et poings liés non à la sauvegarde du bien commun, mais à la préservation des intérêts d’une minorité de parasites: multinationales, grands actionnaires et gros patrons.

    Pour ceux-là, les catastrophes ‘naturelles’ et les désastres sont des opportunités, des moments-clés à saisir pour faire passer en force des projets qui ne pourraient pas être facilement acceptés si la population n’était pas sous le choc. C’est cette réflexion qui est à la base du livre de Naomi Klein «La stratégie du choc – la montée d’un capitalisme du désastre», mais deux exemples illustrent particulièrement l’avenir qui nous est réservé dans un monde aux catastrophes naturelles croissantes qui resterait aux mains des multinationales et des super-riches.

    Katrina et le tsunami : des «pages blanches» pour les investisseurs

    En 2005, Katrina a déferlé sur la Nouvelle-Orléans. Officiellement, cet ouragan a fait 1.836 morts et 705 disparus. Un véritable désastre pour la population. Mais qui n’est pas vu de la même manière par le monde des affaires. L’un des promoteurs immobiliers les plus riches de la ville a ainsi déclaré: «Nous disposons maintenant d’une page blanche pour tout recommencer depuis le début. De superbes occasions se présentent à nous» (2). Il était loin d’être le seul à penser ainsi.

    Le grand gourou du néolibéralisme, Milton Friedman, avait écrit au même moment dans le Wall Street Journal «La plupart des écoles de La Nouvelle-Orléans sont en ruines, au même titre que les maisons des élèves qui les fréquentaient. (…) C’est une tragédie. C’est aussi une occasion de transformer de façon radicale le système d’éducation». Le mot est faible : un an et demi plus tard, la quasi-totalité des écoles publiques avaient été remplacées par des écoles exploitées par le privé. Ces écoles privées étaient bien entendu plus chères tandis que les enseignants qui y travaillaient avaient moins de droits et des salaires moindres. Pour ces derniers, ce projet était purement et simplement de la «spéculation immobilière appliquée au monde de l’éducation».

    Fin 2004, un tsunami a balayé l’Asie du Sud-Est, faisant 250.000 victimes et 2,5 millions de sans-abris dans la région. «Le tsunami qui a dévasté le littoral à la manière d’un bulldozer géant a fourni aux promoteurs des occasions inespérée, et ils n’ont pas perdu un instant pour en profiter» a écrit un journaliste dans l’International Herald Tribune. De grands et luxueux centres balnéaires ont été construits, et tant pis pour les centaines de milliers de pêcheurs qui ne pouvaient plus reconstruire leurs villages au bord de l’eau et se sont retrouvés sans-emplois et déracinés.

    La soif de profits tue la planète

    Dans ces deux exemples, les gouvernements ont été complices des promoteurs immobiliers et autres entreprises de construction, accordant diminutions de taxes, assouplissements de la législation du travail…. Si tout le monde doit se serrer la ceinture en cas de situation critique, nous ne sommes décidément pas tous du même monde: la population a payé avec ses impôts et ses salaires diminués tandis que les entreprises ont réalisé de si juteux bénéfices qu’elles attendent avec impatience une autre opportunité de cette taille.

    Tant que nous laisserons le monde des affaires faire sa loi, la protection de l’environnement sera toujours éclipsée par les profits. Cela s’est clairement vérifié avec la crise économique: sur l’année 2008, la chute des investissements écologiques (qui ne l’étaient d’ailleurs pas vraiment tous) a été de 50%(3). Si les gouvernements investissent plus de leur côté, ces investissements sont bien souvent des aides masquées à des entreprises en difficulté (comme des subventions au secteur automobile pour produire des voitures ‘propres’).

    Pour lutter contre la dégradation extrêmement rapide de notre environnement, nous devons retirer le contrôle de la société des mains du privé, nationaliser les secteurs clés de l’économie sous le contrôle de la population. La production économique doit être le résultat d’un plan concerté, discuté et élaboré par les travailleurs et les usagers pour répartir au mieux les richesses naturelles et non les gaspiller comme aujourd’hui. Ce serait aussi la seule manière d’utiliser les talents et les compétences immenses offerts par la science pour le bien de la collectivité et non pour maximaliser les profits, enrichir l’industrie de l’armement,…


    (1) In search of Shelter, étude réalisée par Care-international, l’Institut pour l’environnement et la sécurité de l’Université des Nations unies (UNU-EHS) et l’Université Columbia de New York

    (2) Cette citation et les suivantes sont tirées de La stratégie du Choc – La montée d’un capitalisme de désastre, par Naomi Klein, Actes Sud, 2008, 25 euros

    (3) Etude réalisée par Deloriste & Touché et Clean Tech Group

  • La recette de vacances réussies : un polar par semaine (4)

    Power Play de Joseph Finder

    Jack Landry est un jeune technicien, cadre subalterne d’une multinationale de l’aéronautique, l’Eurospatiale. Une défaillance de son supérieur hiérarchique va l’amener à le remplacer à l’occasion d’un séminaire auquel participent les grosses huiles de la boîte. La description de ce brain trust dont tous les membres, plus arrivistes et opportunistes les uns que les autres, se bouffent le nez est franchement hilarante.

    Par Georges Rivière

    Comme on s’en doute, le séminaire ne va pas se dérouler comme prévu. Il est d’abord perturbé par un accident : un prototype vient de s’écraser, peut-être par suite d’un sabotage, peut-être tout simplement parce que la maison a voulu économiser sur les matériaux. Puis le bruit court que certains de ces dirigeants détournent des fonds pour acheter des fonctionnaires d’État et Jack Landry se voit confier la tâche de les démasquer par la nouvelle PDG. Enfin, des intrus armés débarquent au milieu des réjouissances et les réactions des patrons placés dans ces circonstances imprévues ne manquent pas de saveur.

    L’auteur s’attarde peu sur les questions sociales mais rappelle que les salariés sont « jetables » pour ces gens qui n’ont à la bouche que « rentabilité », « management » et « plan de carrière ». Le roman est de la catégorie des « business thriller ». Suspens rythmé, du genre d’un bon scénario de film noir, série B. Mais il vaut surtout par le regard lucide que le jeune héros et narrateur pose sur ce beau linge. Des séquences franchement réjouissantes.

    Power Play de Joseph Finder, Albin Michel, 446 p. 21,50 €

    Cet article est initialement paru dans la revue française Convergences révolutionnaires

  • Droit de grève menacé : Un rapport international épingle la Belgique

    La Confédération syndicale internationale (CSI) vient de publier son rapport 2008 sur la situation des droits syndicaux dans le monde. Elle tire la sonnette d’alarme: si la situation des syndicats n’est pas aussi précaire que dans d’autres régions du monde, les attaques contre les droits fondamentaux de l’action syndicale se sont intensifiées en Belgique aussi.

    Par Simon Hupkens

    Lorsque l’on parle de la situation des droits syndicaux dans le monde, on pense la plupart du temps aux pays du Sud et on a raison. Le rapport de la CSI indique que dans le monde néocolonial, on assiste à une intensification des attaques contre le droit fondamental des travailleurs à s’organiser collectivement. Ingérence des gouvernements locaux dans les activités syndicales ou licenciements pour faits de grève ne constituent que les plus lègères des atteintes au droits syndicaux. En Colombie, 49 meurtres de syndicalistes ont été recensés. 9 syndicalistes ont aussi été assassinés au Guatemala qui se hisse dans le peloton de tête de ce triste classement . Mais on dénombre des cas similaires dans toutes les parties du monde néocolonial.

    En Belgique, la situation n’atteint pas cette gravité mais des faits inquiétants sont relevés par la CSI. Le patronat belge s’organise de mieux en mieux pour réprimer les grèves et ce, malgré un accord informel signé avec les syndicats en 2002. Selon les termes de cet accord, les employeurs évitent le recours à des procédures juridiques tandis que les syndicats acceptent de respecter les périodes de préavis réclamés pour les grèves. Si les syndicats ont respecté leurs engagements, il n’en est pas de même pour le patronat.

    En 2008, les actions en justice visant à interdire les piquets de grève se sont multipliées. Tous les moyens de pression ont été utilisés pour disperser les piquets (huissiers de justice, astreintes,…) y compris, on s’en souviendra, l’intervention de la police comme lors des grèves à Carrefour. D’autres entreprises se sont engouffrées dans la brèche: Cytec, UCB, Elia et d’autres. En octobre 2008, c’est toute une vague de recours devant les tribunaux que le patronat a orchestrée pour interdire les piquets.

    Il est clair qu’en rendant de tels jugements, la justice belge entrave sèrieusement le droit de grève et se met en porte-à-faux avec la jurisprudence européenne en la matière.

    L’intimidation individuelle est aussi de mise. On constate de plus en plus de licenciements de délégués syndicaux au mépris des dispositions légales les protégeants. Les patrons préférent payer des amendes que de respecter les procédures. Du reste, on voit peu de réactions de la part des tribunaux du travail…

    Et de plus en plus de directions d’entreprise passent à la vitesse supérieure en licenciant pour «faute grave» les délégués et militants syndicaux les plus actifs. Ces méthodes se heurtent heureusement souvent à la solidarité des travailleurs des entreprises concernées par ces faits. Chez IAC (Italian Automotive Center, le distributeur de FIAT en Belgique) où la direction cherche à se débarrasser de 24 travailleurs remuants dont 12 délégués, des collègues des travailleurs menacés montrent une mobilisation importante. Ce lundi, une action de blocage de la circulation a eu lieu avec une soixantaine de travailleurs.

    La crise économique va évidemment faciliter la pression du patronat sur les droits syndicaux. La crainte de perdre son travail pèse lourdement sur les travailleurs et cette crainte se renforce de jour en jour. La meilleure garantie pour les droits syndicaux reste pourtant la mobilisation des travailleurs. Cette mobilisation est possible malgré le contexte peu favorable. Un plan d’action élargissant la solidarité au maximum devrait être mis en oeuvre par les organisations syndicales pour contrer la stratégie du patronat et réagir à chaque attaque. Sinon le patronat se sentira de plus en plus en confiance pour généraliser les atteintes aux droit syndicaux.

  • Tienanmen 1989 : Sept semaines qui ont ébranlé le monde

    Le 15 avril 1989, l’ancien secrétaire général déchu du Parti ‘Communiste’ Chinois Hu Yaobang décède d’une crise cardiaque. Cet événement anodin va donner le coup d’envoi d’un des plus grands mouvements de masse de l’histoire moderne, un mouvement qui déborde rapidement les espoirs les plus fous de ceux qui l’ont lancé et qui a été près de renverser le régime dictatorial du parti soi-disant ‘communiste’.

    Dossier de Vincent Kolo, Chinaworker.info

    Le 17 avril, environ 700 étudiants et professeurs partent vers la Place Tienanmen («la Place de la Paix céleste») dans le centre de la capitale chinoise, à 15 kilomètres de leur université. Ils crient «Longue vie à Hu Yaobang! Longue vie à la démocratie! Non à la corruption! Non à l’autocratie! » Ces slogans vont par la suite résonner dans le monde entier tandis que des millions de personnes prendront part à des manifestations à Pékin et dans plus de 110 autres villes chinoises.

    Un énorme mouvement de masse

    Cinq jours après cette modeste première manifestation, ce sont plus de 200.000 personnes qui participent à une manifestation interdite le jour de l’enterrement de Hu Yaobang. Une grève étudiante de durée indéterminée est annoncée dans plus de 20 universités et instituts supérieurs de Pékin tandis qu’une organisation se met en place pour coordonner le mouvement.

    A la mi-mai, les travailleurs commencent également à s’organiser et font les premiers pas vers la création de syndicats indépendants, ce que les dirigeants du pays craignent par dessus tout. Le révolutionnaire russe Léon Trotsky expliquait qu’une révolution arrive quand les masses commencent à créer elles-mêmes les événements et, ce faisant, commencent à sentir quel pouvoir est le leur. C’est effectivement ce qui s’est produit en 1989. Le régime chinois de Deng Xiaoping, félicité par les gouvernements occidentaux pour avoir intégré des éléments de capitalisme dans son « communisme », apparaît plongé dans la confusion et impuissant face au mouvement qui se développe. Le gouvernement et l’armée sont profondément divisés. Il leur faut plusieurs semaines pour décider d’une riposte.

    Dans la nuit du 3 au 4 juin, Deng Xiaoping et les partisans d’une ligne dure prennent la décision d’organiser un véritable carnage pour reprendre le contrôle de la situation. Plus de 200.000 soldats sont mobilisés pour envahir la capitale (presque autant que ce que les USA déploieront pour envahir l’Irak en 2003 !).

    Selon Amnesty International, les confrontations au centre-ville causent au moins un millier de morts. Dans les semaines et mois qui suivent plus de 40.000 personnes sont arrêtées, surtout des travailleurs qui sont tout particulièrement visés. Ceux qui ont organisé des grèves ou simplement tenté de le faire sont condamnés à de longues peines de prison, voire même exécutés. La Fédération Autonome des Travailleurs de Pékin à peine née, qui avait lancé un appel à une grève générale pour essayer de stopper la répression militaire, est accusée d’avoir projeté une révolte armée contre le gouvernement et interdite tandis que ses militants sont massivement arrêtés.

    Circulez, il n’y a rien à voir

    Depuis lors, plus de 20 ans maintenant, il est interdit de revenir sur les événements de « Liu Si » (le 4 juin). Seule la version officielle du régime peut être exposée, version selon laquelle il n’y a pas eu de morts sur la Place Tienanmen et Deng Xiaoping n’est intervenu que pour protéger la Chine du chaos social. Pour les dirigeants chinois (et leurs supporters à l’étranger), ce mouvement massif d’opposition populaire – où les participants chantaient l’Internationale et criaient des slogans en faveur du socialisme – n’était rien d’autre qu’une contre-révolution bourgeoise. La rapide croissance économique des années ‘90 et du début de ce siècle a servi de légitimation historique à l’intervention brutale du régime.

    Mais la répression de cette révolte n’a rien à voir avec la crainte d’une restauration du capitalisme en Chine. C’est le régime lui-même qui a appliqué une politique de plus en plus capitaliste néo-libérale combinées au renforcement d’un pouvoir autoritaire. Ceux pour qui le capitalisme et la démocratie vont de pair ont bien du mal à expliquer ce qui s’est passé en Chine et pourquoi le modèle chinois est si populaire auprès des multinationales occidentales.

    Cette année, le régime chinois était particulièrement sur ses gardes. Le 20e anniversaire de cette révolte a en effet pris place dans le contexte d’une crise économique sévère. Les commémorations du 4 juin n’étaient autorisées qu’à Hong Kong, où au moins 200.000 personnes ont participé. Dans le reste de la Chine, les mesures de sécurité ont été renforcées de même que la répression contre les militants pro-démocratie mais aussi contre ceux qui émettent des critiques de gauche et socialistes contre le régime

    Un moment-clé de la crise des régimes staliniens

    Le courage des étudiants et des travailleurs chinois et la brutale répression du mouvement par le régime a aggravé et accéléré la crise dans les autres pays à régime stalinien de parti unique, que ce soit en Europe de l’est ou en URSS même. Les pays staliniens ont été touchés par des crises persistantes et successives depuis la fin des années ‘70. L’industrialisation rapide des premières années – reposant sur la planification centrale de l’économie et de la propriété d’Etat des moyens de production – a cédé la place à une stagnation due au rôle de plus en plus parasitaire et étouffant de la bureaucratie. Faute d’implication active de la part des couches plus larges de la population dans l’organisation de la société et de l’économie, c’était inévitable.

    La combinaison de la crise économique, de la nature répressive des dictatures staliniennes et des attaques de la bureaucratie contre les acquis sociaux a conduit à une hostilité grandissante face au «socialisme» au nom duquel ces régimes prétendaient gouverner. Un grand nombre d’intellectuels et d’éléments de la bureaucratie ont commencé à se détourner du «socialisme».

    Dans tout le bloc stalinien, tant en Chine qu’en Hongrie, en Pologne ou en Yougoslavie, des parties de la bureaucratie ont commencé à considérer le capitalisme comme une bouée de sauvetage pour protéger leur propre pouvoir et leurs privilèges.

    En Chine, la défaite des dirigeants maoïstes de la «Bande des 4» et la prise de pouvoir de Deng Xiaoping en 1978 ont constitué un tournant crucial, même si on ne peut pas dire qu’il existait alors un plan pour réinstaurer le capitalisme en Chine. Il s’agissait plutôt d’une tentative «pragmatique» d’introduire nombre d’éléments capitalistes – des revenus plus élevés pour les managers, une moindre protection sociale pour les travailleurs, plus de marge pour les investissements privés et pour une accumulation de richesse – au sein d’une économie bureaucratiquement planifiée. Dans le courant des années ’80, une aile plus consciemment pro-capitaliste s’est développée au sein du régime chinois. Deng Xiaoping et Zhao Ziyang en ont été les figures de proue.

    Les changements économiques qui ont suivi ont été spectaculaires : privatisation de l’agriculture, développement accéléré des zones et des villes côtières par l’afflux de capitaux étrangers, liquidation de la plupart des protections sociales. C’est ainsi que les travailleurs chinois sont peu à peu devenus la main d’œuvre bon marché par excellence des multinationales étrangères.

  • La meilleure réponse à la crise : Un nouveau parti des travailleurs!

    Pendant la campagne électorale, c’est à peine si on a parlé de la crise économique. Chaque parti a fait ses promesses en prenant bien garde de ne pas parler de leur financement. Les partis les plus ouvertement libéraux, MR et Open VLD, ont été les grands perdants tandis que ceux qui prétendaient vouloir éviter tout bain de sang social ont pu limiter la casse. Mais en définitive, nous n’avions devant nous que des nuances du néolibéralisme.

    Par Bart Vandersteene

    Une politique de droite

    Plus que jamais, Ecolo et Groen se sont eux aussi inscrits dans la logique du libre marché. Tous deux se sont déclarés prêts à entrer dans des coalitions avec le MR et le CDH ou le VLD et le CD&V. Marcel Cheron (Ecolo) a d’ailleurs signifié que l’attitude de Didier Reynders avait été le principal obstacle à une alliance avec le MR, il n’est donc pas là question de programme! Le PS et le SP.a non plus n’ont pas de problèmes à participer à des gouvernements qui appliquent une politique néolibérale.

    Pas question pour tous ces gens-là de supprimer les mesures-cadeaux pour les entreprises: diminution de charges fiscales, déduction des intérêts notionnels, amnistie fiscale, etc. ont encore de beaux jours devant eux. Par contre, gare aux dépenses sociales et aux services publics.

    Au parlement, aucun parti ne se met résolument dans le camp des travailleurs. Il n’y a pas d’opposition de gauche électoralement significative, contrairement à ce qui se passe dans plusieurs autres pays européens. Nous avons absolument besoin d’une voix politique pour ceux qui ne sont pas responsables de la crise, mais à qui on veut quand même faire payer la note.

    La gauche et les élections

    Durant cette campagne, du côté francophone, la gauche était fortement divisée entre PTB, PC, CAP et LCR-PSL aux européennes, d’autres listes s’ajoutant encore aux régionales. Le PTB voulait clairement marquer des points. L’attention des médias (surtout en Flandre) et les réactions sur leur campagne « clownesque » avaient durant un temps fait rêver beaucoup de membres et de sympathisants du PTB.

    Mais la percée espérée n’a pas eu lieu. En Flandre le PTB (PVDA+) a seulement augmenté de 0,1% comparé à 2007 et dans quelques bastions électoraux, il y a même eu un léger recul (comme à Zelzate, Genk et Anvers). Du côté francophone, les choses se sont un peu mieux passées mais, là non plus, les résultats ne sont quand même pas à la hauteur des espérances. Le PTB est passé de 20.039 voix (0,79%) pour le Sénat en 2007 à 28.483 en 2009 (1,16%) pour les européennes. Le PTB a surestimé ses capacités et a fait de mauvais choix. Le discours stalinien est passé par-dessus bord, mais les critiques fondamentales sur le système capitaliste ont cédé la place à des idées populaires (‘stop au cirque politique’) qui sonnent bien mais ont bien peu de contenu. Nous ne savons pas quelles conclusions le PTB tire de ces résultats, mais nous craignons néanmoins que la route de l’électoralisme et des idées «pragmatiques» soit poursuivie avec au coin de l’œil les élections fédérales de 2011 et communales de 2012.

    De son côté, le Parti Communiste a perdu beaucoup de voix en Wallonie. A Bruxelles, la liste unitaire PC-PSL-LCR-PH aux régionales obtient 0,5%. De même, pour les européennes, la liste unitaire LCR-PSL a réalisé un score estimable (7.954 voix, soit 0,3%).

    Notre objectif n’était pas de réussir un « carton » électoral. Notre campagne reposait sur quelques dizaines de milliers de discussions, de tracts et d’affiches. Mais nous avons propagé nos idées socialistes et avons rencontré bien des personnes intéressées.

    Nous avons besoin d’un nouveau parti des travailleurs

    Un des éléments que nous avons également mis en avant est la question d’une représentation politique pour et par les travailleurs : un nouveau parti des travailleurs.

    Un tel parti ne pourra réellement se développer qu’après une cassure importante entre des parties du mouvement ouvrier organisé et les «partenaires privilégiés» des directions syndicales, c’est-à-dire le PS, le CDH, Ecolo, le CD&V et le SP.a. En attendant qu’une telle cassure puisse se faire, par exemple à l’occasion d’un mouvement général de lutte contre la politique antisociale menée par ces «partenaires privilégiés», le PSL appelle tous les militants syndicaux combatifs à mener la discussion sur la nécessité d’une nouvelle formation politique combative, dans les délégations syndicales, dans les centrales et les autres milieux syndicaux.

    Mais en attendant ce nouveau parti des travailleurs et son développement, un bloc électoral des forces de gauche existantes peut être d’une grande utilité pour faire entendre de manière plus large la voix et les revendications des travailleurs. Le premier pas dans cette direction a été posé par les listes unitaires PC-PSL-LCR-PH à Bruxelles et LCR-PSL aux européennes. Nous voulons continuer et élargir cette démarche à l’avenir.

  • Quelles perspectives pour l’Afrique?

    Ces deux dernières années, beaucoup de changements ont eu lieu dans la situation objective en Afrique. Il s’agit là de l’impact de la crise qui a créé un changement brusque avec le passage d’économies à croissance rapide à des économies pour le moins en récession. Le cas de l’Angola illustre la profondeur de ce virage : d’une croissance du PIB de 14,8% en 2008, le pays prévoit une contraction de son PIB de –3,6% en 2009.

    Rapport des discussions à l’école d’été du CIO-2009, par Baptiste (Wavre)

    Désastre pour les conditions de vie causé par les politiques néolibérales

    Néanmoins, la période de « boom économique » qui a précédé la crise n’a pas vu une hausse du niveau de vie de la population. La croissance néolibérale s’est ici aussi accompagnée au contraire d’une dégradation des conditions de vie, avec une augmentation du niveau de pauvreté comme règle générale. Et cet océan de misère et de pauvreté causé par les politiques néolibérales a été la toile de fond de émeutes de la faim du début de l’année 2008. La spéculation sur les denrées alimentaires et l’absence d’investissements publiques dans l’agriculture ont vraiment poussé à une extrême ce que le néolibéralisme pouvait représenter en terme de condition de vie pour les populations d’Afrique, mais aussi du reste du monde.

    Dès lors qu’une récession prend place, les conditions de travail se dégradent encore plus brutalement. Les illustrations de cela sont dramatiques. Dans certains états du Nigeria, les travailleurs ne sont plus payés depuis 7 mois, ce qui a amené certaines personnes à mourir de faim sur leur lieu de travail même. Au Zimbabwe, le chômage atteint 90%, et l’état sanitaire est tel qu’une épidémie de choléra fait rage. L’inflation a atteint en juillet 2008 un taux de 231 millions de pour cent, les fonctionnaires ne sont plus payés qu’en pitances et l’espérance de vie est tombée à 36 ans ! Ces deux exemples illustrent dans quel mesure la crise du capitalisme et sa nuisance pour des populations crée la base pour l’introduction d’éléments de barbarie dans la société.

    Désastre pour le développement économique causé par les politiques néolibérales

    Une caractéristique de cette crise est l’augmentation rapide d’un chômage de masse. Avec les conditions de sécurité sociale précaires quand elles ne sont pas inexistantes en Afrique, cela se traduits par des dizaines de milliers de travailleurs mis à la rue parfois même au sein d’un seul secteur. En Zambie, un quart des travailleurs dans les mines de cuivre ont perdu leur emploi ; or les mines de cuivre (privatisées) sont la principale réserve du pays et représente deux tiers des revenus des exportations pour ce pays. Au congo, plus de 360 000 travailleurs ont perdu leur emploi depuis le début de la crise pour le seul secteur minier !

    Le développement de la structure économique de la plupart des pays est tel que si un secteur, souvent de la matière première, est touché c’est toute la santé économique du pays qui est dans le rouge, car cet unique secteur a souvent un poids prédominant sur l’ensemble de l’économie. C’est là une conséquence désastreuse des politiques néolibérales que sont les ajustements structurels du Fonds Monétaire International. Les émeutes de la faim constituaient la premier signe du désastre humanitaire que sont ces politiques, et aujourd’hui cela se reflète aussi au niveau industriel avec la crise.

    Un autre exemple industriel du désastre des politiques néolibérales menées par les impérialistes est celui du Gabon. Alors que les ressources en hydrocarbures, qui pèsent pour la moitié du PIB, arrivent à épuisement pour 2020, rien n’a été fait en terme de reconversion industrielle, d’investissements publiques… Cela au moment où la mort d’Omar Bongo, un symbole de la Françafrique, rappelle les nombreux procès que celui-ci a sur le dos pour cause de détournement d’argent public.

    Désastre pour la situation écologique causé par les politiques néolibérales

    La situation écologique fait partie intégrante de ce panorama désastreux. Le seul changement climatique est un facteur d’instabilité dans un grand nombre de pays africains, car soit il cause des sécheresse, soit il cause des inondations, et donc des migrations de populations. De telles migrations sont rapidement des sources de tension sous le capitalisme. Cela s’illustre déjà par la politique de pression de la part de l’Union Européenne sur les pays méditerranéens en vue de contrer les migrations.

    Mais les migrations ne sont pas les seules conséquences de la crise écologique : les incapacités agricoles de sols vont augmenter, et l’impact de ceci sera d’autant plus grand en Afrique que le démantèlement (conséquence des politiques néolibérales « conseillées » par le FMI) des structures agricoles a été grand. Ainsi si en 1960 l’Afrique avait une production vivrière permettant une autosuffisance alimentaire, aujourd’hui plus de 25% des denrées alimentaires doivent être importées.

    On le voit bien, la crise écologique dans le secteur agricole est pieds et poings liés aux politiques néolibérales qui ont été menées ; et les émeutes de la faim de l’an passé l’illustre fortement. Faut il encore noter que cette crise de la faim, si elle ne donne plus lieu à des émeutes massives et généralisées aujourd’hui, continue de se développer : on recense dans le monde 1 milliard de personnes sous alimentées, un chiffre en augmentation et pour lequel l’Afrique contribue fortement.

    Parallèlement à la crise alimentaire, il faut mentionner la crise de l’eau qui a les mêmes racines que la crise de l’eau : les politiques néolibérales et leurs conséquences désastreuses sur les conditions de vie et sur l’environnement, et la dégradation de ce dernier ne fait qu’enfoncer le clou sur les dégradations des conditions de vie. Ainsi, les monocultures intensives ont sapé la fertilité générale des sols, ce qui provoque des défrichements pour augmenter la surface exploitable. Mais ce défrichement massif (aussi dans le but du commerce du bois) entraîne un épuisement des nappes phréatiques, ce qui accentue la difficulté d’accès à une eau potable.

    Un continent dominé par une dictature des impérialismes

    Les impérialistes ont systématiquement soutenu des dictateurs frauduleux, corrompus et qui protégeaient les intérêts de ces mêmes capitalistes. Historiquement, les impérialismes américains et européens ont été les principaux présents en Afrique, bien qu’aujourd’hui la Chine gagne de plus en plus d’influence avec une augmentation des investissements. Avec la crise et le changement dans les rapports de force entre grandes puissances qu’elle entraîne, la concurrence entre ces grandes puissances s’intensifie, ce qui intensifie par la même occasion la corruption et l’implantation militaire. Et quand cette présence impérialiste n’est pas directe, le FMI représente un moyen très profitable d’exploitation capitaliste de l’Afrique.

    L’actualité politique à Madagascar illustre la manière dont les différents impérialistes se disputent les ressources d’un pays, en l’absence d’une réponse d’un mouvement ouvrier organisé et indépendant des dirigeants capitalistes. Marc Ravalomanana, qui était arrivé au pouvoir avec le soutien de USA en est aujourd’hui chassé par Andry Rajoelina, soutenu lui par la France. Ravalomanana, au pouvoir depuis 2002, est complètement discrédité parmi la population à cause de sa politique ultra-libérale. Les écarts de revenus se creusent continuellement dans l’île et un mouvement de protestation a été déclenché après la révélation de la cession a une multinationale sud-coréenne, Daewoo Logistics, de 1,3 million de terres cultivables. Ainsi, Madagascar exportera pour la Corée du Sud du Maïs alors que le Programme alimentaire mondial fournit chaque années 600 000 tonnes de vivres, et que 50 des enfants de moins de 3 ans souffrent de carences alimentaires.

    Ces politiques néolibérales amorcent des mouvements de lutte, mais en l’absence d’un mouvement ouvrier organisé indépendant de la bourgeoisie, ces luttes sont récupérées pour les impérialistes qui se disputent les ressources des pays en Afrique.

    La présences des capitaliste chinois peut être perçue parfois comme un moindre mal à l’égard d’autres puissances. Cela est du à une approche moins méprisante par rapport à d’autres puissances qui considèrent l’Afrique comme une véritable poubelle pour déchets nucléaires. La Chine représenterait ainsi pour certains un « contrepoids » par rapport à ces autres impérialistes, en investissant dans le développement d’infrastructures comme les transports. Néanmoins, ces investissements ne sont pas le reflet d’une charité ou solidarité chinoise mais le reflet d’une approche des impérialistes chinois en concurrence avec les autres puissances, et ces investissements n’ont pas d’autre but que celui de faire du profit. A terme, le rôle de la Chine n’est pas celui d’une puissance progressiste, mais à travers sa concurrence avec les autres puissances la Chine aura aussi un rôle dans le développement des conflits.

    Une augmentation des conflits armés dont la source est la concurrence entre impérialistes

    Le rôle de ces impérialistes est central dans la responsabilité des conflits de ces dernières années, avec l’utilisation de la tactique du « diviser pour mieux régner ». Le conflit Hutu-Tutsi a démontré quelle dimension catastrophique les conséquences d’une telle présence impérialiste pouvait prendre. A travers les conflits ethniques apparents, il est question derrière cela d’une bataille pour le contrôle des ressources. Et cette bataille est bien souvent menée par les puissances impérialistes à travers des milices opposées.

    La dernière année a vu une remontée des luttes armées entre différents groupes dans la région du Congo. L’idée derrière chacun de ces groupes est d’occuper une partie de territoire pour pouvoir jouir de ses ressources. Nkunda a ainsi d’abord été soutenu par le Rwanda avant que celui-ci ne se retire finalement, sous pression des impérialistes en europe. Cela illustre à quel point ces groupes armés sont un relais du combat entre les impérialismes sur le terrain, où ce sont les travailleurs et la population civile en général qui en payent le plus lourd des dégâts. Ainsi la guerre au Kivu a tué près de 5,4 millions de personnes. En Somalie, 61 attaques de pirates sont recensées depuis le début de l’année 2009. La région est contrôlée dans la pratique par les milices islamistes, dont l’influence et le soutien sont renforcés avec l’intervention des impérialistes.

    Le continent africain est vraiment dominé par la dictature de l’impérialisme. Les déclarations de Sarkozy mentionnant que « le problème des africains est qu’ils n’arrivent pas à se projeter dans le futur » illustrent le caractère raciste du regards des dirigeants des différents impérialismes présents en Afrique. Un tel panorama indique un futur assez sombre pour l’Afrique, mais il ne faut sous-estimé la remontée des luttes et de la conscience qui s’amorce dans la période actuelle.

    L’issue en Afrique se trouve aussi dans la lutte des classes

    Cet élément qui est systématiquement sous estimée par les médias officiels est la lutte des classes en Afrique, livrant ainsi une Afrique caricaturée où la politique est constituée par les conflits ethniques et les prises de pouvoir par des présidents corrompus. Pourtant cette lutte des classes est bien présente, en atteste la lutte récente en Afrique du Sud où 300 000 ouvriers de la construction se sont mis en grève. Il n’y a pas que le secteur de la construction qui s’est mis en grève, les travailleurs de l’enseignements, les dockers et les employés du secteur public se sont mis en lutte. Ces 3 derniers secteurs sont d’ailleurs souvent concernés par des luttes actuellement pour toute l’Afrique.

    La situation générale du mouvement ouvrier aujourd’hui en Afrique est précaire. Par le passé, le stalinisme a eu une influence assez profonde en Afrique, à travers le soutien à tel ou tel pays. Ce soutien était l’application par les staliniens de leur théorie des 2 stades, parfois étendue à 3 stades pour le cas de l’Afrique du Sud. Ces 3 stades sont : fin de l’apartheid, développement d’un capitalisme « noir », et le socialisme qui arrive naturellement tel un nouveau-né après une gestation de 2 stades. Une telle stratégie politique a permis que le capitalisme soit maintenu avec la fin de l’apartheid, illustrant les effets dévastateurs pour le mouvement ouvrier qui ont suivi. Le déclin du stalinisme et l’augmentation corrélée des politiques néolibérales à partir des années ’90 n’ont fait que mettre en veilleuse la possibilité pour un mouvement ouvrier indépendant de se développer.

    Un impact du poids du stalinisme passé en Afrique est que les méthodes des coups d’état a supplanté celle d’un mouvement révolutionnaire lors des luttes d’indépendance. De plus les conditions de vie étant très difficiles, de nombreux mouvements de guérilla ont émergé, surtout sous l’influence des maoïstes. Néanmoins, la victoire de tels mouvements n’ont jamais abouti à ne serait-ce qu’à des gouvernements plus progressistes sur le long terme, ce qu’illustre de manière dramatique le Zimbabwe aujourd’hui. Lors de la victoire de tels mouvements, les organisations qui sont souvent purement militaires ne font que transférer leur appareil sur celui de l’état en place. Sous pression de la confrontation avec les impérialistes, ces gouvernements issus de la guérilla peuvent être amenés à durcir leur politique vers la gauche en nationalisant certains secteurs clefs de l’économie. Mais ces nationalisations sont réalisées par un appareil d’état en place, et les travailleurs n’y jouent aucun rôle ce qui développe une bureaucratie qui va défendre ses intérêts non dans le sens du socialisme mais dans le sens d’une gestion du capitalisme, ce dernier pouvant assurer les privilèges pour cette couche bureaucratique.

    Pas de révolution par étapes ou dans les maquis, seul le mouvement ouvrier a les moyens de proposer une alternative socialiste au capitalisme

    Lorsque le CIO revendique des nationalisations, nous lions de manière absolue cette revendication à celle d’un contrôle démocratique des travailleurs et des couches de la population concernées par l’entreprise en question. Cela est indispensable pour aboutir à une économie planifiée de manière démocratique. Au contraire, la gestion par une bureaucratie va se développer en frein pour la lutte vers le socialisme car cette caste bureaucratique trouvera ses intérêts immédiats des les compromis avec les bourgeoisies voisines, de manière à garantir ses privilèges. C’est pourquoi nous pensons aussi que le socialisme ne peut aboutir que sur le plan international.

    Cet internationalisme est à distingué de panafricanisme. Ce dernier ne représente pas une alternative au capitalisme pour les masses laborieuses, mais une réaction primaire à l’impérialisme. Nos camarades sur place ont à répondre sur ces différentes questions : impérialisme, tactique de la guérilla ou des 2 stades, panafricanisme… dans le but de construire un mouvement ouvrier organisé indépendant de la bourgeoisie pour lutter contre les politiques capitalistes.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière possède 2 sections clefs en Afrique : au Nigeria et en Afrique du Sud. L’Afrique du Sud est la puissance économique dominante, avec un PIB de loin le plus important d’Afrique devant l’Algérie et le Nigeria (la somme des PIB de l’Algérie et du Nigeria n’atteint pas celui de l’Afrique du Sud). La politique menée par l’ANC, le principal parti du pays et au pouvoir depuis 1994, est clairement désastreuse (la lutte récente en est une preuve) ; mais beaucoup d’illusions persistent vis-à-vis de ce parti bien que son soutien s’érode continuellement année après année. Les revendications augmentent d’ailleurs dans les syndicats pour une rupture des liens avec l’ANC.

    L’Afrique du Sud est un pays clef pour le continent

    De toutes les puissances émergentes, bon nombre d’économiste considèrent l’Afrique du Sud comme la plus vulnérable. Et cette instabilité politique croissante s’est illustrée avec la lutte pour le pouvoir à l’ANC entre Jacob Zuma et Thabo Mbeki. Zuma a remporté cette bataille ainsi que les élections récentes malgré une absence d’un véritable programme, et les grèves actuelles et autres mouvements de lutte apparaissent vraiment comme un test pour lui.

    Cette absence de programme peut s’illustrer par ces déclarations récentes de Jacob Zuma : « Ceux qui étaient racistes en Afrique du Sud ne savaient pas ce qu’ils faisaient (…) la situation est assez positive et les médias sont trop critiques, j’appelle à plus de patriotisme de leur part ». L’ANC n’offre aucune perspective d’avenir pour les jeunes et les travailleurs. Cette déclaration illustre aussi le désastre pour le mouvement ouvrier que constitue la théorie stalinienne du socialisme par étapes.

    Parallèlement, Zuma se retrouve en face d’autres problèmes de taille : 1000 personnes meurent du sida chaque jour en Afrique du Sud et la situation économique est telle qu’il n’y a plus de matériel pour soigner les malades. Des opérations chirugicales sont annulées faute d’avoir du désinfectant ! Une telle situation dans les soins de santé a été la cause d’une grève dans ce secteur, qui a d’ailleurs été critiquée par Jacob Zuma. Les 14 000 médecins du secteur public réclamaient une hausse de salaire de 50%, et bien que la grève pour les médecins ne soit pas autorisée, 400 d’entre sont néanmoins parti en grève. Et c’est toute la fonction publique qui menace de faire une grève dans les mois qui viennent.

    Les luttes en Afrique du Sud ne datent pas d’hier, ces dernières années en ont vu d’autres d’ampleur. Ainsi, en juin 2007 a eu lieu la plus grosse grève de l’histoire de l’Afrique du Sud dans les services publiques ; et en août 2008 eut lieu une grève générale contre la faim. Inévitablement, la question d’une alternative politique va se poser et prendra le dessus sur les illusions envers l’ANC.

    Les syndicat et le PC ne mettent aucune alternative en avant, avec des revendications comme celle d’une baisse du taux d’intérêt. Une conséquence d’un manque d’alternative politique de masse s’illustre avec le basculement des tensions sociales sur le terrain communautaires. Ainsi, suite à des attaques racistes qui ont causé 60 morts, 150 000 zimbabwéens ont été déplacés. Il n’existe pas de soutien pour ces attaques parmi les travailleurs en Afrique du Sud, mais c’est le résultat d’une politique de diviser pour mieux régner et l’absence d’une alternative pour les masses face à ça.

    Un potentiel pour un nouveau parti des travailleurs au Nigeria

    Au Nigeria, l’instabilité caractérise la dernière période. En 2007 eut lieu une grève très soutenue, mais les directions syndicales ont été incapables de la développer et ont suivi une logique de concertation avec le gouvernement. Ce gouvernement à déclaré une hausse des dépenses pour son budget de 2009. Néanmoins, celui-ci présente en réalité une séries de coupes : diminution d’un tiers dans le budget à l’éducation, de 20% pour le budget alloué aux soins de santé et de 66% pour les transports !

    Le pétrole est une ressource clef pour le Nigeria, la production pétrolière représente jusqu’à 90% de ses recettes. La privatisation annoncée de ce secteur et la manière dont la gestion de l’exploitation pollue le delta a ravivé les tensions dans le delta du Niger sur la question du partage des revenus du pétrole. L’exploitation pétrolière dans le delta du Niger est entravée par des attaques sur les pipe-line ; la production passant d’une rythme habituel de 3 millions de barils par jour à 1,5 millions de barils par jour. La responsabilité de ces attaques est revendiquée par le Mouvement pour l’Emancipation du Delta du Niger. Le gouvernement a ainsi lancé une offensive militaire d’ampleur dans la région, avec comme objectif déclaré « la lutte contre les terroristes », mais dans la pratique les conséquences de cette offensive se font surtout ressentir par la population civile.

    Nos camarades au Nigeria (DSM) dénoncent les méthodes de terrorisme de cette organisation, les travailleurs de la région payant finalement le prix de l’offensive du gouvernement à côté du fait que les prises d’otages et les explosions de bombes cassent les mobilisations parmi les travailleurs. De plus, l’argument de la reconstruction des infrastructures peut être utilisé par le gouvernement pour promouvoir la privatisation. Bien qu’un tel argument ne soit pas fondé, il illustre que la destruction des infrastructures ouvre une porte au gouvernement pour l’instrumentaliser contre les intérêts des travailleurs et créer la division au sein de ceux-ci.

    Cela ne signifie pas pour autant que le DSM soutient la politique du gouvernement. Que du contraire, nos camarades militent pour une société socialiste et avance des revendications pour un contrôle démocratique, par les travailleurs et la population des ressources de la région, à l’opposé d’un contrôle par une élite que celle-ci soit une société privée ou issue d’une milice armée. De plus, nos revendications contre la privatisation est accompagnée d’une revendication pour un salaire minimum équivalent à 350€/mois. Parallèlement, nos camarades du Nigeria mènent une campagne pour un Nouveau Parti des Travailleurs, un tel parti de masse serait une arme pour les travailleurs pour répondre aux politiques néolibérales et avancer toutes ces revendication sur une échelle plus large.

    Le potentiel pour un nouveau parti des travailleurs est très grands au Nigeria, bien que la construction d’un squelette à travers le développements des mouvements parmi les travailleurs reste un défi. En Afrique du Sud, une telle construction est déjà plus avancée, comparable à la situation d’autres continents. De plus, l’Afrique du Sud, par sa position économique, a un rôle à jouer pour le reste de l’Afrique mais cela ne signifie pas qu’il n’est pas nécessaire de construire un mouvement ouvrier organisé et indépendant de la bourgeoisie dans le reste de l’Afrique, que du contraire !

    La lutte pour le socialisme en Afrique est un défi, mais cette lutte est la seule alternative pour sortir de la misère capitaliste

    La faiblesse que constitue un mouvement ouvrier faible s’est reflété lors des manifestations contre la faim, où il n’y avait pas de liaison avec des revendications plus larges pour la classe des travailleurs, ce qui se traduit par l’éparpillement de luttes isolées les unes des autres. Néanmoins, un mouvement est d’autant plus fort et des acquis d’autant plus arrachés que les liens parmi les différentes couches sont forts. Inversement, l’isolation des luttes est une brèche pour la classe dirigeante pour mener sa tactique de « diviser pour mieux régner ». Il est important de considérer les revendication autour des travailleurs comme centrales, bien que la classe ouvrière de certains pays soit numériquement faible. De par la position dans la production qu’elle occupe la classe ouvrière a le rôle central, moteur dans la lutte pour une société socialiste, et les intérêts des masses pauvres doivent être liées à ce mouvement ouvrier.

    Des luttes de masses vont émerger du fait de la crise. Mais une différence par rapport à un continent comme l’Europe, c’est la « facilité » avec laquelle des organisations indépendantes du mouvement ouvrier peuvent voir le jour de manière officielle. Nous ne cautionnons pas la méthode de guérilla comme un moteur pour la révolution, tout comme nous ne pensons pas non plus qu’un soutien extérieur va régler le sort des populations en Afrique. L’établissement de noyaux durs dans de grandes villes est un premier pas, les premiers os du squelette pour un mouvement ouvrier organisé indépendant et proposer aux masses l’alternative socialiste à la place de la misère proposée par le capitalisme. Le CIO a pour objectif de renforcer ses forces dans tout le continent de l’Afrique en se livrant à toutes les luttes des travailleurs, des pauvres et des jeunes.

  • Action de protestation contre la répression des occupants de l’agence Thomas Cook à Dublin

    Ce mardi après-midi des militants du PSL ont mené une petite action devant l’un des bureaux de l’agence touristique « Thomas Cook » rue de Brouckère, en solidarité avec les travailleurs irlandais qui se sont faits déloger par les forces anti-émeutes ce matin à Dublin alors qu’ils menaient une occupation de leur agence depuis samedi pour protester contre leurs licenciements.

    Nos tracts et nos affiches mentionnaient entre autres les profits et les bonus plantureux accaparés par la direction de Thomas Cook comparés aux cacahuètes offertes en guise de prime aux travailleurs licenciés.

    La responsable du bureau, une fois informée des raisons de notre présence, s’est montrée réceptive et, par solidarité avec ses collègues irlandais, nous a laissé apposer notre stand. Nous avons collés des affiches sur la vitrine de l’agence et discuté avec la clientèle et les passants de cette rue commerçante. L’argument avancé par nos militants comme quoi « s’ils l’ont fait là-bas, ils peuvent le faire ici aussi» n’y est sans doute pas pour rien.

    Plus d’une réaction des personnes que nous interpellions dans la rue attestaient de ce sentiment que personne n’est à l’abri d’une telle situation, aucun secteur n’étant épargné par la crise et son lot de licenciements et de fermetures d’entreprises. Le nombre de passants et de clients de l’agence ayant refusé le tract que nous leur tendions était en effet très peu nombreux.

    Il est clair que des situations telles que ce qui se passe en Irlande se reproduiront encore. Deux passants d’origine irlandaise insistaient en particulier sur la brutalité de la crise en Irlande et affirmaient à juste titre que des plans de licenciements du même type se développent un peu partout dans le pays. L’intervention policière à Dublin et les mesures judiciaires prises à l’encontre des grévistes visent clairement à intimider et à dissuader tous ceux qui à l’avenir voudraient se lever et se battre pour défendre leurs emplois. A chaque fois que l’occasion se présentera, nous nous lèverons, nous aussi, pour défendre ces camarades et construire la solidarité internationale autour de leurs luttes.

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