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  • Critique: ‘Comment les riches détruisent la planète’, par Hervé Kempf

    Le lecteur de www.socialisme.be pourrait penser qu’avec un titre pareil, ce petit livre de 125 pages aura fait notre bonheur. En un sens oui, car il part d’un constat correct, celui d’associer la crise sociale et la crise écologique en pointant directement le capitalisme comme responsable. Mais Hervé Kempf reste toutefois très fortement marqué par les délires de l’idéologie dominante concernant la ‘nature humaine’ compétitive par essence ou encore ‘l’idéal d’universalité de l’Europe’.

    Par Nicolas Croes

    Comme le dit l’auteur, le constat est brutal: «Si rien ne bouge alors que nous entrons dans une crise écologique d’une gravité historique, c’est parce que les puissants de ce monde le veulent». Il dit encore qu’il est nécessaire de «comprendre que crise écologique et crise sociale sont les deux facettes d’un même désastre. Et que ce désastre est mis en œuvre par un système de pouvoir qui n’a pour fin que le maintien des privilèges des classes dirigeantes.»

    Nous rejoignons Hervé Kempf dans le constat, fort étaillé, qu’il tire du monde inégalitaire dans lequel nous vivons. Un monde où le pourcent le plus riche possède 183 fois ce que possèdent les 20% les plus pauvres. Un monde où un milliard de citadins (un tiers de la population urbaine mondiale) vit dans des bidonvilles. Un monde où un revenu de moins d’un million de dollars fait de vous «le plancton à la base de la chaîne alimentaire», pour reprendre les termes du Financial Times.

    Une grille d’analyse farfelue, des solutions qui le sont tout autant

    Mais notre accord s’arrête à ce constat – pour lequel il ne suffit du reste que de savoir ouvrir les yeux honnêtement. En guise d’analyse, pour expliquer comment nous en sommes arrivés à une pareille situation, Hervé Kempf se base essentiellement sur les travaux d’un économiste de la fin du XIXe siècle, Thorstein Veblen. Pour ce dernier, l’économie est dominée par un principe fondamental: «La tendance à rivaliser – à se comparer à autrui pour le rabaisser – est d’origine immémoriale : c’est un des traits les plus indélébiles de la nature humaine». Pour Vleben, donc, le principal moteur de la vie sociale est une rivalité ostentatoire, une concurrence basée sur l’exhibition d’une prospérité supérieure à celle de son entourage directement sortie des profondeurs de la nature humaine.

    Depuis lors, de nombreuses recherches anthropologiques ont permis de tordre le cou à de nombreuses conceptions de la prétendue ‘nature humaine’, de la pensée de Vleben au darwinisme social.

    On connait ainsi bien mieux maintenant la manière dont les humains étaient organisés et ont pu vivre pendant des millions d’années. Les sociétés nomades de chasseurs-cueilleurs égalitaires primitives étaient basées sur la coopération et non sur la compétition. Ce n’est qu’après la révolution agraire, une fois les nomades devenus cultivateurs, qu’un surplus de richesse est apparu, base matérielle pour l’émergence d’une classe dirigeante et pour une modification profonde des rapports sociaux. Toujours est-il que des millions d’années durant, les êtres humains seraient allés à l’encontre de leur ‘nature humaine’…

    Dans beaucoup de sociétés, la notion de compétion existait à peine. Par exemple, aux Etats-Unis, quand des chercheurs ont voulu faire passer des tests de QI à des Sioux, les Amérindiens n’arrivaient pas à comprendre pour quelle raison ils ne devaient pas s’entraider pour répondre aux questions. Leur société était basée sur une intense coopération.

    Cette ‘nature humaine naturellement portée à la compétition’ sert en fait de prétexte pour ne pas chercher à modifier radicalement le système de production capitaliste. De nombreux penseurs sont tombés dans ce piège, et Hervé Kempf lui-même a sauté dedans à pieds joints. S’il fait par exemple le parallèle entre le développement des services collectifs et celui d’une société égalitaire, il refuse de pousser cette logique jusqu’au bout. Il ne parle dans son chapitre consacré aux solutions que d’un plafonnement de la consommation par une limite imposée aux revenus. Sur base de l’exemple ainsi donné par les super-riches, les autres couches de la société suivraient par mimétisme. Au-delà de cette ‘solution’ au réalisme ténu, reste encore à savoir comment plafonner ces revenus. Demander gentillement ne suffira très probablement pas…

    Pour Hervé Kempf, le ‘mouvement social’ (concept plutôt vague: que représente ce spectre et sur quelles forces est-il basé?) ne pourra l’emporter seul et devra s’unir aux classes moyennes et à une partie de l’élite dirigeante qui prendrait le parti «des libertés publiques et du bien commun». Les médias, encore, ont un rôle à jouer car «la corporation des journalistes n’est pas encore totalement asservie et pourrait se réveiller autour de l’idéal de liberté». Il y a aussi «la gauche», qui devra unir la lutte contre les inégalités et pour l’écologie.

    Sortir de l’idéalisme

    Hervé Kempf espère qu’il arrivera un jour une prise de conscience quasiment spontannée qui toucherait une partie des classes dirigeantes et des médias. Il consacre pourtant de nombreuses pages à expliquer à quel point cela va à l’encontre de leurs intérêts. Et ce n’est pas la seule contradiction de son travail.

    Alors qu’il dénonce très justement l’élargissement du fossé entre riches et pauvres et les conséquences des politiques néolibérales, notamment en Europe, il enscence un des principaux instrument et prétexte de la casse sociale dans nos pays, l’Union Européenne. Des phrases comme: «L’Europe porte encore en elle un idéal d’universalité dont elle démontre la validité par sa capacité à unir, malgré les difficultés, des Etats et des cultures très différents» ne semblent pas à leur place dans un livre qui a pour titre «Comment les riches détruisent la planète»

    On peut encore critiquer un certain anti-américainisme primaire (le qualificatif de «puissance obèse» et d’autres termes suintent l’arrogance envers un peuple américain qui souffre lui aussi de son gouvernement) et, de façon générale, l’idée de l’existence d’une forme de communauté d’intérêts au sein d’un même pays. Encore une fois, un joli paradoxe après des pages qui expliquent correctement comment la richesse des capitalistes repose uniquement sur l’exploitation des travailleurs, quelle que soit leur nationalité.

    Pour critiquer ceux qui ne voient pas la responsabilité écrasante des capitalistes et le lien entre la crise écologique et la crise sociale, Hervé Kampf écrit un moment: «Si l’on veut être écologiste, il faut arrêter d’être bénêt.» Ce n’est pas faux, et nous l’invitons d’ailleurs à suivre son propre conseil.

    La force fondamentale sur laquelle nous devons compter est le mouvement ouvrier organisé, seul capable à prendre les moyens de production entre ses mains pour les faire fonctionner dans le bien de tous. Tant que les leviers de l’économie restent sous le contrôle du privé, l’intérêt collectif – dont la question environnementale – restera négligeable sur les profits qui peuvent être accumulés. D’autre part, une gestion responsable des ressources de la planète nécessite d’aller au-delà d’incitant à une moindre consommation : il faut planifier centralement l’économie en fonction des ressources disponibles et pour la satisfaction des besoins de tous.

    Nous pouvons bien comprendre que certains amalgament toujours le stalinisme et le socialisme, le véritable pouvoir des travailleurs. Le contrôle démocratique de la collectivité est un point fondamental pour une société planifiée, comme l’effondrement des dictatures bureaucratiques des pays de l’Est l’ont démontré. Cette lutte pour une société démocratiquement planifiée sous le contrôle des travailleurs est la seule qui soit une solution globale face aux crises écologique et sociale.


  • La crise épargne t’elle le secteur public? Réponse à l’administrateur délégué de l’AFSCA

    L’Agence Alimentaire est un parastatale (agence publique non rattachée à un ministère). Actuellement, la Ministre responsable est Sabine Laruelle Ministre de l’Agriculture, de la Politique scientifique, des PME et des Indépendants. Auparavant, la responsabilité politique de l’Agence était confiée au Ministre de la Santé Publique. La mission de l’Agence Alimentaire est d’assurer la sécurité de la chaine alimentaire et l’innocuité des produits destinés à la consommation humaine, animale ainsi que la santé et la protection des végétaux.

    Par Alain Mandiki, laborantin à l’Afsca

    L’AFSCA est l’acronyme de : Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaine Alimentaire. Elle a été crée en 2000, suite à l’affaire de la dioxine qui a consacré la faillite totale de la politique de contrôle et de traçabilité d’alors. Ce parastatale comptait, en 2006, 1700 équivalents temps pleins répartis en Unité provinciale de contrôle, laboratoire et service centraux.

    Dans le dernier numéro du Foodnote «le journal du personnel de l’Agence Alimentaire», l’administrateur délégué, Monsieur Gil Houins, a tenu des propos qui méritent d’être mis en perspectives.

    Tout d’abord ceux-ci: «Les préoccupations des médias et des citoyens se sont déplacées vers la ‘crise’ financière et la ‘crise’ économique née dans le prolongement. Ce n’est plus la santé du consommateur qui est menacée mais son porte-monnaie! Ces circonstances ont réveillé certains lobbies dans l’agro-alimentaire qui avaient adopté un profil bas au cours des dernières années. Sous prétexte que les sociétés souffrent déjà sur le plan économique, nous devrions être plus coulants, voire laxistes, sur les problèmes de contamination de denrée et les conditions de fabrication. Cette thèse a même été distillée à haut niveau au sein de la Commission européenne…»

    Ceci confirme bien ce que l’on pensaient depuis longtemps, à savoir que la logique de profit ne peut apporter aucune garantie en matière de sécurité et de santé publique. Mais le citoyen peut-être rassuré car Monsieur l’administrateur délégué veille au grain :

    «Je m’élève contre cette tentative de faire passer la sécurité alimentaire au second plan à l’occasion des problèmes économiques».

    On peut donc dormir sur nos deux oreilles… Malgré moi, je persiste cependant à penser qu’il faut renforcer les contrôles afin d’assurer que la nourriture avec lesquelles les gens s’alimentent soit exempte de tout danger. Cela ne peut se faire qu’avec des agents publics bien formés et en nombre suffisants. Il faut aussi que la production la transformation de nourriture sorte de la logique froide du capital, sans cela on ne sortira pas de l’impasse de l’agriculture intensive et on ne jugulera pas les dégâts provoqués par les intrants et les extrants nécessaires et issus de celle-ci. De plus en plus d’étude montre aujourd’hui l’impact des produits chimiques notamment utilisé dans l’agro-industrie sur la santé humaine mais aussi dans la pollution des eaux et des terres en général.

    La deuxième partie de son intervention vaut son pesant d’or. En peu de mot, on a le parangon de la ‘pensée-type’ du top manager dans le secteur public. On voit à quelle point les hauts-fonctionnaires de l’Etat ont assimilé la pensée libérale et comment ils contribuent à faire passer les intérêts du patronat dans le secteur public.

    Pour Monsieur Houins, la crise a épargné le secteur public: «Lorsque l’on tend l’oreille dans les lieux publics, on constate que le climat est à la morosité… C’est à ce moment que la stabilité de l’emploi dont vous jouissez (en parlant des fonctionnaires: NDA) prend tout son sens. Ce n’est pas un hasard si une enquête récente plaçait les ‘services publics’ en deuxième choix parmi plusieurs dizaines soumis à de futurs diplômés… Ne vous laissez donc pas influencer par le climat ambiant: votre pouvoir d’achat est resté intact et votre avenir est assuré dans une organisation moderne et reconnue. Pensez-y lorsque votre journée commence…»

    Cette déclaration est soit du cynisme soit de la provocation. En effet, en Mai 2008, ce même monsieur avait annoncé dans un show en grande pompe devant tout ses agents, la distribution de chèque-repas au personnel de l’agence. Ce qui tombait à pic lors de la flambée des produits alimentaire. Jusqu’à aujourd’hui, pas un seul chèque repas n’a été distribué, la restriction budgétaire due à la crise étant sans doute passer par là!

    Quelques petites précisions semblent à ce stade nécessaires. Il faut en finir une bonne foi pour toute avec la mauvaise foi libérale, lorsque Monsieur Houins affirme péremptoirement que le pouvoir d’achat des fonctionnaires est resté intact, il dit exactement le contraire de la réalité. Dans ses perspectives 2009-2014 le Bureau Fédéral du Plan, qui n’est pas connu pour être un repère de marxistes, dit ceci :

    «Après deux années consécutives de croissance soutenue (2.6% par an en moyenne), le pouvoir d’achat des particuliers belges a stagné en 2008, et ce en dépit de la progression sensible de l’emploi. La hausse nominale du revenu disponible des ménages a en effet été complètement annulée par la forte augmentation des prix en général (l’indice national des prix à la consommation a enregistré sa croissance la plus forte depuis 1985, à savoir 4.5%) et des prix de l’énergie en particulier. Or, ces derniers ne sont que partiellement intégrés dans l’indice santé. En conséquence, l’indice santé à progresser moins vite (4.2%) que l’inflation totale. De plus, l’indexation intervient avec un certain retard par rapport à l’évolution de l’indice santé… deux mois dans le cas des salaires publics (dont l’indexation à atteint 3.0% en 2008)… ». (Perspectives économiques 2009-2014, Bureau fédéral du Plan)

    Les travailleurs du secteur privé et du secteur public n’ont donc pas rêvé l’augmentation du coup de la vie! Ils ont d’ailleurs réagit massivement lorsque l’occasion leur a été donnée. Quand à savoir si ‘notre avenir est assuré’, avec un déficit de 7% du PIB en chiffre plus ou moins 20 milliards, une croissance pour 2009 évaluée a -4% et les scénarios d’austérité ‘absolue’ qui circulent actuellement. Aucun secteur public ne sera épargné (selon les mots même du ministre du budget).

    Ce genre de déclaration vise à paralyser l’action des travailleurs par la peur de perdre leur avantage si d’aventure ils entraient en lutte. C’est aussi une manière de diviser les travailleur en secteur soi disant privilégié public et l’autre le privé où, il est vrai, les contrats précaires sont légions.

    Seule l’unité la plus large de la classe salarié avec ou sans emploi avec ou sans papier nous fera éviter l’appauvrissement collectif que nous prépare les gouvernement et ses relais ‘toutous’, tous les Gil Houins de la fonction public.

  • NON au plan Moreau!

    Le 13 août, le Conseil d’administration de Tecteo a voté un plan de 22 millions d’économies sur le dos des travailleurs, en s’asseyant sur votre opposition, exprimée par l’assemblée de la CSC et par la délégation CGSP.

    Tract du PSL

    Ce plan est un recul social énorme pour les travailleurs de Tecteo. L’addition des différentes mesures – 38 heures au lieu de 36, report de 58 à 60 ans de l’âge auquel il est possible d’obtenir un congé préalable à la pension, modification des échelles de fin de carrière (avec rabotage des augmentations salariales), suppression de primes, instauration d’un système d’évaluation annuelle permettant aussi de supprimer des primes – tout cela représente une perte moyenne de 4.400 euros brut par an pour chaque travailleur!

    Et, en plus de la grosse perte salariale, c’est la remise en cause « par la bande » du statut d’agent nommé, par le biais des évaluations annelles et de la possibilité de virer des gens en leur collant des blâmes.

    Ce plan est une catastrophe pour les travailleurs de Tecteo. Mais pas seulement pour vous. C’est aussi un message envoyé aux autres patrons, d’abord ceux des intercommunales, puis aussi à ceux de tous les services publics et des entreprises du privé. Demain ils pourront dire à leur personnel «Regardez, chez Tecteo, une entreprises publique avec des syndicats forts, ils ont été raisonnables, ils ont accepté des concessions. Alors, chez nous aussi, pour faire face à la concurrence, vous devrez travailler plus pour gagner moins.»

    Fin juin, vous avez réagi avec détermination, en faisant grève et en sortant en ville avec les véhicules. Aujourd’hui aussi, il faut réagir.

    Nous ne voulons évidemment pas vous dicter ce que vous devez faire, mais nous pensons que, pour bloquer ce plan inacceptable, il faut aller plus loin que des communiqués de presse et des actions symboliques. Une vraie mobilisation organisée par les délégations syndicales pourra certainement faire réfléchir Moreau & C°, si elle :

    • frappe la direction de Tecteo au portefeuille, entre autres par de vraies actions de grève;
    • appelle à la solidarité les autres travailleurs de la région, parce qu’il est clair que le plan imposé chez Tecteo servira d’exemple pour imposer des mesures semblables ailleurs;
    • et dénonce publiquement ces managers et ces actionnaires qui se prétendent «socialistes» mais qui se comportent comme de vulgaires patrons de privé.

    Et vous, Mr. Moreau, ils sont où vos sacrifices?

    Moreau utilise tous les moyens pour faire passer son plan de rabotage salarial. Mais, lui, il est bien à l’abri.

    Stéphane Moreau touche 70.000 EUR brut par mois. A lui seul, il gagne autant que la moitié du gouvernement wallon ! Il détient 16 mandats, parmi lesquels bourgmestre faisant fonction d’Ans, directeur de Tecteo et de ses filiales (notamment Voo), directeur du Palais des Congrès de Liège, administrateur à l’Association liégeoise du Gaz (ALG), à la Compagnie intercommunale liégeoise de l’Eau (CILE),… Plus les divers avantages en nature liés à ces fonctions. Et lui, on peut être sûr que personne ne vient lui raboter ses primes et ses jetons de présence…

    A ce tarif là, qui peut encore voir une différence entre un président PS d’intercommunale et un patron MR du privé ?


  • TECTEO : La direction n’aime pas le tract du PSL

    Hier matin, des membres du PSL ont distribué un tract (voir ci-dessous) devant les deux principaux sièges de l’intercommunale Tecteo à Liège et Ans. Les réactions ont été nombreuses, diverses et étonnantes.

    Par Jean Peltier

    En rappelant comment la direction de Tecteo a imposé récemment un plan d’économies de 22 millions d’économie sur le dos des travailleurs (et malgré leur opposition générale), le tract expliquait que ce plan représente un recul social énorme pour les travailleurs de Tecteo mais est aussi une invitation aux autres directions d’intercommunales et d’entreprises à faire la même chose chez elles. Il se terminait en expliquant que, pour bloquer ce plan inacceptable, une mobilisation syndicale décidée était nécessaire… et urgente.

    Ce tract a eu un effet bien plus fort que nous ne l’avions espéré. Plusieurs travailleurs et militants syndicaux nous ont téléphoné pour nous dire qu’ils étaient vraiment contents de ce que nous avions écrit et de ce qu’on s’intéresse à ce qui se passe chez Tecteo au-delà des murs de l’entreprise. Des dizaines de visites ont eu lieu sur notre site internet et les divers articles consacrés à Tecteo abondamment téléchargés.

    Tout le monde n’a pourtant pas éprouvé la même joie. La direction de Tecteo s’est sentie obligée de se fendre d’un communiqué envoyé par intranet à tout le personnel. En voici le texte.

    "Avis au personnel

    "Il a été constaté ce mercredi 26 août 2009 la distribution devant l’entrée du siège social d’un tract à caractère diffamatoire émanant d’un parti politique d’extrême-gauche à l’égard notamment de la direction générale."

    "Les informations qu’il contient sont mensongères, fantaisistes et nuisibles à l’image de notre intercommunale. La direction ne peut dissimuler son vif étonnement devant la méthode utilisée et déplore fermement ce type d‘initiative à caractère strictement politique."

    "Par ailleurs, dans le but d’informer objectivement les travailleurs de notre intercommunale sur le nouveau règlement de travail et le contexte sectoriel dans lequel Tecteo évolue désormais, une information personnelle sera organisée dans le courant du 31 août au 4 septembre prochain."

    "Liège, le 26 août 2009"

    "La direction"

    Voilà donc que le simple rappel de mesures du plan d’économies et de leur effet désastreux sur les revenus et le statut des agents met la direction en émoi. A moins que ce ne soit notre question «Et vous, Mr. Moreau, ils sont où vos sacrifices?» (où nous rappelions que le directeur de Tecteo est aussi un multi-mandataire dans des entreprises de la région et au PS, disposant de revenus plus que confortables) qui ait mis un peu d’ambiance dans les bureaux de la direction…

    Tout le monde attend en tout cas avec impatience les « explications objectives » de la direction. Espérons surtout qu’elles donneront aux délégations syndicales l’occasion de mettre en avant les intérêts des travailleurs et de préparer une réponse décidée au recul social énorme que la direction veut imposer chez Tecteo.

    Vous trouverez aussi des vidéos sur les actions menées cet été par les travailleurs de Tecteo dans la région liégeoise sur Youtube.



  • Le programme de transition aujourd’hui – Développer les idées et le programme socialistes

    Lors de l’Ecole d’Eté Européenne du Comité pour une Internationale Ouvrière, une commission a été consacrée au thème: «Le programme de transition et son intérêt de nos jours» A l’ouverture de cette commission, Niall Mulholland, du Secrétariat International du CIO, a mentionné le fait que le programme de transition a été écrit dans une période de crise économique profonde, sous la menace d’une guerre interimpérialiste imminente. Beaucoup de ces caractéristiques sont aussi répandues aujourd’hui qu’elles l’étaient en 1938, quand le programme a été écrit en tant que document crucial pour la Conférence de fondation de la Quatrième Internationale. Cette fondation avait été rendue nécessaire par la dégénérescence de l’Internationale Communiste stalinienne.

    Cillian Gillespie, Socialist Party (CIO-Irlande)

    La principale fonction du programme de transition est d’amener les expériences de la classe des travailleurs à la conclusion de la nécessité de la lutte pour le socialisme. Des réformes peuvent être gagnées par des luttes massives des travailleurs, mais le programme de transition met aussi en évidence de manière cruciale comment faire en sorte que ces réformes soient durables, et comment remporter un changement fondamental, par une société socialiste.

    En 1848 dans le Manifeste du Parti Communiste, Marx et Engels ont formulé des revendications pour le jeune mouvement ouvrier en Europe. Celui-ci contrastait avec la méthode et le programme adopté par les partis sociaux-démocrates de la fin du 19ème siècle. Le programme social-démocrate d’Erfurt avait été adopté dans une période de croissance générale du capitalisme, ce qui avait eu une énorme influence sur les perspectives des dirigeants sociaux-démocrates. Le «programme maximal» mettait en avant l’idée du socialisme, qui serait graduellement mis en place à un certain moment, quelque part dans un futur indéterminé. En même temps, le programme d’Erfurt appelait à des réformes minimales dans le cadre des contraintes du système capitalisme.

    Toutefois, avec le développement de l’impérialisme et l’éclatement de la Première Guerre Mondiale, la nécessité d’un programme transitoire qui permette aux travailleurs de mettre un terme à la crise profonde du capitalisme est devenue urgente. Les bolchéviks avaient développé des revendications, y compris les très importantes «Thèses d’avril» de Lénine en 1917, qui appelaient la classe ouvrière à se battre pour le pouvoir en Russie. La victoire de la révolution socialiste d’octobre a mené à la construction de l’Internationale Communiste et de son programme de revendications pour la classe ouvrière internationale. Mais par la suite, la dégénérescence stalinienne de la Révolution russe (principalement due à son isolation et à l’échec des autres révolutions sur le plan international) a mené l’Internationale Communiste à abandonner son programme de transition pour le changement socialiste.

    Dans les années 30, Trotsky avait mis en avant des revendications «immédiates» quotidiennes (c-à-d qui concernent les conditions de travail et des conditions sociales), des revendications «démocratiques» et des revendications «transitoires», qui tendaient vers le besoin d’un changement de société. Ces revendications sont liées les unes aux autres et, à divers moments, certaines prennent plus d’importance que d’autres, en fonction des circonstances et des luttes et aspirations de la classe ouvrière.

    Alors que certaines des revendications du programme de transition de 1938 ne sont plus aussi pertinentes aujourd’hui, ou ont été remises à jour ou remplacées, de nombreuses revendications de Trotsky gardent de façon flagrante toute leur validité, même si on les considère à la lueur de la crise économique actuelle. Certaines de ces revendications incluent l’appel à «l’ouverture des livres de comptes» des entreprises qui licencient et qui font des coupes salariales, et l’appel à la nationalisation des industries sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs. Le programme doit être continuellement examiné et mis à jour à chaque fois que c’est nécessaire, en prenant en compte la conscience du moment et les conditions et enjeux modernes auxquels sont confrontés les travailleurs. Certains enjeux qui n’étaient pas mentionnés en 1938, ou seulement partiellement, du au fait que cette période était différente, sont maintenant repris de manière énergique par les socialistes, tels que la crise environnementale, l’industrie nucléaire, et les droits de diverses minorités.

    Le programme de Transition


    Le conflit de Lindsey – le programme en action

    Au cours de l’excellente discussion de la commission, les camarades de différents pays ont donné d’importants exemples pratiques de la manière dont les sections du CIO utilisent les revendications transitoires pour donner une réponse à la crise économique et dans les luttes réelles de la classe ouvrière. Alistair Tice, d’Angleterre, a parlé de l’excellent rôle joué par le Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles) lors de la grève à la raffinerie pétrolière de Lindsey. Le Socialist Party a aidé à contrer le slogan «Des emplois britanniques pour les travailleurs britanniques» grâce à des revendications qui appelaient à la syndicalisation et au respect des conventions syndicales pour tous les travailleurs, immigrés ou non, et au contrôle démocratique de l’embauche par le syndicat. Virginie, de France, a parlé de la récente grève générale en Guadeloupe, et des revendications qui y ont proposées par le CIO afin de faire progresser ce mouvement exaltant de la classe ouvrière.

    D’autres orateurs se sont étendus sur l’importance cruciale du programme de transition. Nikolaj, de Suède, a expliqué quel genre de revendications nous mettons en avant pour répondre à l’enjeu de la crise environnementale, tels que la mise en place d’un système de transports publics massifs et gratuits, et l’utilisation des ressources de l’ensemble de la société pour investir dans les énergies renouvelables. Rob Jones, de Russie, a décrit comment les membres du CIO ont mis en avant une alternative socialiste en opposition à la guerre russo-géorgienne de l’an passé.

    En guise de conclusion, Alec Thraves, du Royaume-Uni, a affirmé que le Programme de Transition de 1938 était une excellente brochure que tous les socialistes devraient étudier, et qui constitue un guide général pour l’action. La tâche cruciale du CIO est d’utiliser la méthode transitoire lors des discussions avec les travailleurs. Ceci implique la mise en avant d’une analyse, d’idées et de revendications qui puissent constituer un pont entre la conscience de la classe ouvrière et la nécessité d’une société socialiste. Les gauchistes et sectaires qui parlent du socialisme en mettant en avant des revendications et des ultimatums abstraits ne font que faire sauter ce pont ! Au contraire, comme l’a souligné l’excellente discussion au cours de cette commission, le CIO cherche à gagner l’attention des travailleurs de manière concrète, afin de faire passer les idées socialistes et les propositions d’action à autant de gens que possible.

    Week-end socialisme 2009

    Ces 24 et 25 octobre se déroulera le wwek-end de discussion Socialisme 2009. Le programme complet du week-end est en train d’être finalisé, mais nous pouvons dors et déjà annoncer un débat syndical très intéressant où nous aurons le plaisir d’accueillir Keith Gibson, un des dirigeants de la grève de Lindsay


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Protestations de masse contre l’homophobie en Israël

    Le 1er août, deux gays et une lesbienne ont étés tués à Tel-Aviv. Ce tir aveugle, l’attaque homophobe la plus sérieuse jamais commise en Israël, a également fait de nombreux blessés. Une vague de protestations a de suite suivi à laquelle a activment participé notre organisation-soeur en Israël, Maavak Sozialisti.

    Une manifestation spontanée, où les militants de Maavak Sozialisti et du Hadesh (le front autour du Parti Communiste) ont joué un rôle moteur, a réuni 1.000 personnes. Par la suite, les actions ont continué jusqu’à une manifestation historique de 70.000 personnes à Tel-Aviv. Des manifestations de solidarité ont aussi eu lieu aux Etats-Unis et en Europe occidentale.

    L’ampleur des protestations a forcé les politiciens traditionnels à condamner la violence, qui ont tout de même essayé d’affaiblir les actions de protestations en parlant juste d’un règlement de compte personnel, le même argument n’est pas utilisé pour les attaques palestiniennes en Israël…

    Les politiciens traditionnels stimulent l’homophobie, la discrimination et le soutien à l’extrême-droite. L’homophobie foisonne au parti Kadima, dont les membres sont à la base des mesures anti-démocratique qui ont dans le passé interdit les Gay Pride.

    Lors de la plus grande manifestation, Maavak Sozialisti avait notamment une banderole proclamant: “les détenteurs du pouvoir homophobes sont responsables“. Le quotidien Haaretz a fait remarquer à juste titre que ce slogan illustrait clairement la position du président Peres, qui a du mal à se détacher de ses prises de positions homophobes passées.

    Quelques photos

    Banderole du CIO-Israël: "Les détenteurs du pouvoir homophobes sont responsables"

    Militants de Maavak Sozialisti


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Japon: Les électeurs réclament la fin du règne des libéraux-démocrates

    Mais l’alternative capitaliste du Parti Démocrate n’offre pas de certitude d’avenir pour les jeunes et les travailleurs

    Dans une semaine, il est probable que le Parti Démocrate du Japon sorte victorieux des élections générales sur base du gigantesque mécontentement qui tonne contre le long règne des Libéraux Démocrates. La crise économique frappe durement les travailleurs et les jeunes, et le premier ministre actuel, Taro Aso, est très impopulaires, y compris dans son propre parti.

    Kokusai Rentai, CIO-Japon

    Selon les derniers sondages d’opinion, le Parti Démocrate devrait obtenir 300 des 480 sièges au Parlement japonais. Son dirigeant, Yukio Hatoyama, a annoncé que quelque soit l’ampleur de sa victoire, il voudrait faire une coalition avec le petit parti des Sociaux-Démocrates ainsi que le parti populiste de droite Nouveau Parti du Peuple. Les travailleurs, qu’ils soient jeunes ou vieux, n’ont à attendre que des excuses de leur part pour ne pas avoir résolu leurs problèmes.

    Un article détaillé qui développe une analyse et un programme socialistes peut être trouvé (en japonais) sur le site internet de Kokusai Rentai (CIO-Japon).

  • La recette de vacances réussies : un polar par semaine (6)

    La recette de vacances réussies : un polar par semaine (6)

    A l’heure où les médias font frémir la planète à la perspective des ravages que provoquerait une pandémie de la grippe A(H1N1), voici un polar hautement recommandable.

    Jean Peltier

    À la veille d’une échéance décisive, les dirigeants du laboratoire pharmaceutique Santaz emmènent tous leurs cadres en Thaïlande pour la grand-messe annuelle de leur séminaire de « motivation ». Sur le sable blanc, près de la piscine, entre les persiennes des bungalows de l’hôtel, se préparent à la fois le lancement d’un nouveau médicament, le Zépam, qui inquiète même ses inventeurs, et le rachat imminent de la société par le géant Planchett Ltd, laboratoire australien de renommée internationale.

    Ces incertitudes plombent un peu toutes ces réjouissances exotiques. D’autant que le remaniement, inévitable, de l’équipe dirigeante préoccupe davantage les esprits que l’innocuité non garantie du nouveau traitement et les tâtonnements de l’industrie du médicament. C’est alors que les rancoeurs s’exacerbent, que les rivalités s’attisent, que les manipulations se planifient, et que Verbois, un cadre supérieur, après avoir été brutalement viré, disparaît…

    Dans le jeu de massacre qui s’annonce, chacun va chercher par tous les moyens à gagner du galon ou à sauver sa peau.

    La description du comportement des cadres du labo, de leurs relations avec leurs patrons, les « communicants » et la population locale est hilarante. Mais, féroce satire du monde du travail à l’heure de la mondialisation et roman noir de l’arrivisme débridé, Chères Toxines est aussi, et même surtout, une enquête minutieuse sur le lobby pharmaceutique et ses pratiques réelles. Car Jean-Paul Jody a réuni une documentation serrée sur son sujet et son bouquin est aussi un réquisitoire terrible qui met en accusation tous les profiteurs du monde de la santé, du médecin au ministre en passant par les labos.

    Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Jody a choisi un labo comme point central de son roman, car c’est sans doute l’endroit où se dévoile le plus clairement toute l’histoire de la marchandisation de la santé.

    Son laboratoire Santaz a en effet d’abord été une affaire familiale – peuplée d’employés idéalistes dont le but principal étaient tout de même de produire des substances à même de servir le bien-être et la santé de la population – avant de devenir une société florissante et cotée en bourse, peuplée de directeurs, de commerciaux, de communicateurs et de visiteurs médicaux. Et, en chemin, l’objectif de la boîte a radicalement changé : désormais il ne s’agit plus de fabriquer des médicaments mais bien des molécules qu’il faut faire breveter au plus vite afin qu’elles puissent être utilisées le plus longtemps possible dans des médicaments « nobles » – et chers – avant de tomber dans le domaine beaucoup moins rentable des « génériques ». Car c’est là le véritable objectif d’un laboratoire pharmaceutique aujourd’hui : chasser la molécule et la garder pour soi parce que tant qu’elle nous appartient, on en fixe nous-mêmes le prix. Et qu’importe le malade, qu’importe le système de santé qui rembourse aux frais de la princesse, qu’importent les pandémies qui ravagent le tiers-monde, qu’importent les souffrances de ceux qui ne peuvent pas se payer un traitement. L’important, c’est la cote en Bourse et le paquet de pognon qu’on peut palper en fin d’année.

    Un très bon thriller donc, doublé d’une solide mise en accusation de la logique du profit. De quoi donc amorcer en souplesse le passage des vacances qui se terminent à une rentrée sociale et politique qui s’annonce mouvementée…

    Jean-Paul Jody, Chères toxines

    Editions du Seuil, 356 pages, environ 20 EUR.

  • TECTEO: Quand le PS met une intercommunale à l’école du privé…

    Le mécontentement continue chez Tecteo contre le plan de 22 millions d’économies que la direction de cette intercommunale a voté et qui implique le passage de la semaine de travail de 36 à 38 heures (payées 36 !), la réduction ou la suppression pure et simple de primes, l’instauration d’un système d’évaluation calqué sur le privé,… Ce plan représente en fait une véritable attaque contre le statut des agents d’un service public. En arrière-fond, il montre aussi la volonté continue de managers – qui sont par ailleurs des mandataires PS influents – de transformer un service public en entreprise performante fonctionnant comme une boîte privée. Ce qui justifie bien un retour un peu détaillé sur ce qui se passe chez Tecteo depuis deux ans.

    Par Jean Peltier

    Tecteo n’est rien d’autre que la nouvelle formule élargie de l’ancienne Association Liégeoise d’Electricité (ALE), qui était l’intercommunale dominante du secteur électrique dans la région liégeoise. Ayant «avalé» ces dernières années huit autres intercommunales locales un peu partout en Wallonie, Tecteo, resté basé à Liège, est désormais une intercommunale qui pèse aujourd’hui environ 2,2 milliards d’euros, emploie près de 2.000 travailleurs et a comme actionnaire principal (70%) la Province de Liège. En conséquence de quoi, Tecteo est, tout comme auparavant l’ALE, un véritable bastion du PS liégeois: les deux hommes forts de Tecteo sont des multi-mandataires «socialistes» omniprésents dans la région : André Gilles, député provincial, comme président et Stéphane Moreau, bourgmestre faisant fonction d’Ans (à la place de Papa Daerden) comme directeur général.

    Tecteo est structuré en quatre pôles dont les deux plus importants sont Résa, un gestionnaire de réseau de distribution électrique actif dans 54 communes de la province de Liège, et Voo, un fournisseur d’accès multimédia (téléphonie, internet, câblo-distribution) qui a élargi ses ambitions au niveau de toute la Wallonie et de Bruxelles (via une alliance avec Brutélé) et compte 1,2 million de clients.

    229 licenciements ou…

    Tecteo a voulu augmenter ses tarifs pour 2009 «suite à des coûts plus élevés». Mais il est tombé sur un os. La Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG), l’organe officiel et fédéral chargé de réguler le marché et les prix du secteur de l’énergie, a non seulement bloqué les tarifs mais aussi exigé de Tecteo qu’il diminue le coût de distribution de l’électricité. En réponse, Tecteo a annoncé que, pour réduire ses coûts de 13 millions d’euros (devenus par la suite 20 millions!), il allait réduire le nombre de ses sites d’exploitation (22 actuellement) et imposer aux 750 employés qui travaillent dans son secteur énergétique un plan d’économies. Et il a commandé un audit sur le sujet au bureau McKinsey (célèbre pour le nombre d’entreprises dont il a déjà orienté des restructurations sanglantes pour l’emploi, à commencer par la sidérurgie).

    Quelques semaines plus tard, le résultat attendu tombe: pour McKinsey, il y aurait 229 travailleurs en trop (sur 700) dans le secteur «gestionnaire du réseau de distribution d’électricité» de Tecteo. Mais 229 personnes à virer dans une intercommunale où beaucoup de travailleurs ont toujours le statut de fonctionnaire nommé, cela promet d’être un sacré casse-tête pour les dirigeants de Tecteo. Ils claironnent donc qu’ils feront tout pour défendre l’emploi («on est socialiste quand même, hein…»), qu’ils ne veulent pas non plus imposer une diminution salariale uniforme de 15% pour tous les travailleurs et qu’ils vont faire des propositions alternatives.

    Et là, on voit jusqu’où pouvaient aller des mandataires socialistes «modernes et décomplexés»… Le «paquet» mis sur la table combine le passage de 36 à 38 heures (payées 36 évidemment), la suppression des facilités de départ à 58 ans, la modification des échelles de fin de carrière (ce qui entraîne le rabotage des augmentations salariales), la suppression de primes,… En échange, la direction promet «la garantie d’emploi, le maintien de l’intégrité des salaires et le maintien du statut des agents nommés jusqu’à la fin de leur carrière». Mais ce que ces petits cachottiers n’ont pas mis en avant, c’est qu’ils prévoient aussi l’introduction de nouveaux systèmes d’évaluation inspirés du privé qui permettent une série de sanctions allant jusqu’au licenciement… et la suppression de recours possibles pour les travailleurs en cas de mesures disciplinaires. Ce qui concrètement permet à la direction de se défaire d’agents statutaires et de détricoter «par la bande» le statut des agents nommés. Pour couronner le tout, la direction veut que les discussions avec les syndicats soient bouclées au pas de charge pour le 3 juillet!

    Des actions spectaculaires…

    Tout cela provoque la colère du personnel. Dès le 22 juin, les travailleurs du siège de Sprimont veulent commencer spontanément des actions. La FGTB ne veut pas reconnaître le mouvement tandis que la CSC propose des actions en dehors des heures de travail afin de ne pas créer des difficultés supplémentaires… (1)

    Malgré ce manque d’enthousiasme, la pression de la base finit par l’emporter: vendredi 24 juin, les travailleurs de Tecteo à Liège votent à 90% le départ en grève en Front commun syndical pour le lundi 27. Et les agents sortent le matériel pour se faire entendre. Le lundi, 300 camionnettes et camions oranges de Tecteo bloquent le rond-point à l’entrée du zoning des Hauts-Sarts, provoquant des heures de bouchons et de perturbations sur l’autoroute, avant de descendre en cortège «escargot» sur Herstal, puis sur Liège, bloquant la circulation dans ces deux villes. Le lendemain, c’est le tour de Huy et le mercredi, c’est la Place Saint-Lambert à Liège qui est bloquée, provoquant un fameux embouteillage toute la matinée (voir notre article et quelques photos à ce sujet).

    Parmi les manifestants, le mécontentement est profond. C’est bien sûr le plan d’économies qui rend les gens furieux mais ce n’est pas le seul aspect: les travailleurs dénoncent le recours de plus en plus systématique à des sous-traitants et des intérimaires, ce qui oblige à devoir réexpliquer le boulot à des gens qui changent régulièrement, le manque de matériel, en particulier informatique, le manque de la considération de la direction pour les agents, l’arrogance dont elle a fait preuve pour présenter les mesures qu’elle veut faire appliquer,…

    … mais un préaccord désastreux

    A ce stade, la direction accepte d’ouvrir dès le jeudi soir des négociations avec les syndicats. Lors de cette rencontre «sous haute tension» (2), la direction annonce qu’elle accepte de revoir ses positions sur plusieurs points, dont le statut et le recours des travailleurs en cas de blâme. Cela suffit aux syndicats pour faire voter le vendredi la suspension des actions durant la durée des négociations. Deux semaines après, celle-ci se clôture sur un préaccord signé par les syndicats… qui maintient l’essentiel des exigences patronales, en particulier le passage de 36 à 38 heures, le report du congé préalable à la pension de 58 à 60 ans et le système d’évaluation annuelle. Stéphane Moreau claironne son bonheur dans la presse: «Je pense que l’accord auquel nous sommes parvenus est vraiment un bon accord, qui constitue en outre une première pour une intercommunale wallonne. (…) Pour nous, c’était la seule manière de nous mettre au même niveau que nos concurrents dans le reste du pays, et de ne plus constituer l’exception qui était toujours montrée du doigt. (…) Il fallait donc s’adapter ou mourir, c’était aussi simple que cela.» (3)

    Ce chant de victoire de Moreau – justifié de son point de vue – illustre bien la volonté des managers socialistes de diriger leurs sociétés publiques à la manière du privé, en cassant le statut des travailleurs, en faisant régner l’insécurité et la division entre ceux-ci et en introduisant peu à peu les mêmes objectifs de rentabilité, de flexibilité et de précarité qu’ailleurs.

    Mais la signature de ce préaccord est aussi une capitulation inacceptable de la part des syndicats. L’argument pour justifier cet accord est prévisible: «On a le sentiment d’avoir limité la casse au maximum mais la négociation a vraiment été très dure», explique Emmanuel Marien, vice-président de la délégation CGSP, mettant en avant la création d’une procédure de recours en cas d’évaluation négative et la préservation d’acquis barémiques (4). Cela pèse pourtant bien peu face à ce qui est une véritable remise en cause du statut des travailleurs de ce qui est toujours censé être un service public.

    En acceptant ainsi que soit ouverte une brèche énorme dans le statut des agents nommés chez Tecteo, la signature de ce préaccord par les syndicats ouvre la voie à ce que la même opération se répète demain dans les autres intercommunales, après-demain dans l’ensemble des services publics et dans pas longtemps dans le reste des entreprises. Car le «cas Tecteo» fournit évidemment un argument en or massif aux patrons du privé pour imposer des mesures du même genre dans leurs entreprises. On devine sans peine ce qu’ils diront: «Vous voyez bien, chez Tecteo, une intercommunales de fonctionnaires qui ont le cul dans le beurre, ils ont compris qu’en temps de crise, on ne peut pas garder tous ses vieux privilèges. Même la FGTB, toujours prête à faire grève, s’est enfin montrée responsable. Alors, vous comprenez bien que, dans notre secteur, avec la crise, la concurrence, les Chinois, c’est encore pire. C’est pour cela que, la mort dans l’âme, pour sauver l’emploi, je me vois obligé de vous demander de passer dès le mois prochain de 36 à 40 heures…»

    La base rejette le préaccord

    Mais le chant de victoire de Moreau est un peu prématuré. Car il est prévu dans ce préaccord que les travailleurs pourront donner leur avis sur celui-ci – par un vote uniquement consultatif ! – le mardi 11 août, deux jours avant que le Conseil d’administration se réunisse pour prendre une décision définitive.

    Le 3août, les responsables de la CGSP, qui est largement majoritaire chez Tecteo, annoncent un report de leur assemblée au 7 septembre pour permettre à un maximum d’affiliés, en vacances en août, de participer au vote, «en espérant que la direction acceptera d’attendre le vote de cette assemblée importante» (5) (ce qu’elle ne fera évidemment pas). Mais, outre le fait qu’ils auraient pu deviner au moment de la signature du préaccord que les travailleurs seraient en vacances en juillet et en août, ce report de la consultation des affiliés est largement perçu comme un feu vert officieux à la direction pour qu’elle impose son plan avant la consultation. De plus en plus de travailleurs ne supportent plus cette «collaboration passive» de la direction de la CGSP avec la direction orchestrée dans le cadre du PS: des dizaines d’affiliés CGSP passent à la CSC durant l’été.

    Le 11 août, les assemblées de la CSC et du SLFP (libéral) votent unanimement contre le préaccord. Ce qui force la délégation de la CGSP à prendre elle aussi position avant même de tenir l’assemblée de ses affiliés. «La CGSP prendra ses responsabilités et refusera de signer cette réforme des statuts» (6) affirme Eric Jehin, président de la délégation CGSP. Christine Paulus, déléguée CGSP, confirme en déclarant: «Je pense que, là aussi, le vote sera négatif. Nous ne pouvons en effet accepter de voir ainsi remis en question notre statut. La confiance en la direction n’est plus présente. La question que nous nous posons désormais est de savoir ce qui, après ça, nous tombera sur la tête» (7). C’est une bonne question en effet. Malheureusement elle ne suffit pas à convaincre la CGSP de participer à l’action annoncée par la CSC devant l’entreprise le soir de la tenue du Conseil d’administration (voir notre article à ce sujet).

    La présence d’une petite centaine de travailleurs, majoritairement CSC, ne suffit pas à faire changer d’avis le Conseil d’administration, qui vote à l’unanimité le plan. La même nuit, les pneus d’une quarantaine de véhicules de la société garés dans un entrepôt à Sprimont sont crevés.

    De manière prévisible, la direction hurle au «scandale» et à la «prise en otage de la clientèle». La réponse syndicale est bien plus nuancée. “Je ne dirais pas que ces personnes ont bien fait de crever ces pneus. Mais je comprends leur désarroi”, déclare à juste titre Eric Jehin, président de la délégation syndicale CGSP. “Tous les membres du personnel sont dégoûtés. Ils sont tristes de voir que la direction fait passer, en force, un projet qui a été refusé par les travailleurs” (8). C’est bien vrai. Mais le désarroi et la tristesse du personnel, il est aussi du au fait que les syndicats ont suspendu les actions menées fin juin et accepté un «préaccord» qui donnait toute satisfaction à la direction. Que la CGSP, qui est largement majoritaire chez Tecteo, ne prévoyait de faire son assemblée d’affiliés que le 7 septembre (soit après le Conseil d’administration qui devait se prononcer sur le préaccord). Et que, si la CSC a déposé ce mardi un «préavis d’actions» (qui regroupe dans des actions collectives hors de l’entreprise – comme lors du passage du tour d’Espagne le 1er septembre ou lors de l’inauguration de la gare des Guillemins – que des actions décentralisées en petits groupes dans divers sites de la société , mais pas d’actions collectives dans l’entreprise !), la CGSP n’a toujours prévu ni mobilisation ni action pour les prochains jours.

    Il est encore possible de bloquer ce plan d’économies inacceptable mais, pour cela, il faut un véritable plan de mobilisation des travailleurs qui aille au-delà des communiqués de presse et des actions symboliques. La meilleure manière de procéder, c’est de frapper la direction de Tecteo au portefeuille, entre autres par de vraies actions de grève. D’appeler à la solidarité les autres travailleurs de la région, parce qu’il est clair que le plan imposé chez Tecteo servira d’exemple pour imposer des mesures semblables dans d’autres intercommunales. Et de dénoncer publiquement ces managers et ces actionnaires qui se prétendent «socialistes» mais qui se comportent comme de vulgaires patrons du privé.


    1. La Meuse, mardi 23 juin
    2. La Meuse, samedi 4 juillet
    3. La Meuse, vendredi 24 juillet
    4. Le Soir, jeudi 23 juillet
    5. Le Soir, mardi 4 août
    6. Le Soir, mercredi 12 août
    7. La Meuse, mercredi 12 août
    8. La Meuse, lundi 17 août
  • Kazakhstan: Le militant socialiste Ainur Kurmanov relâché après 15 jours d’emprisonnement

    Un message de solidarité et de remerciement à ceux qui l’ont soutenu à travers le monde

    Comme les lecteurs de socialisme.be le savent, un membre dirigeant de notre organization-soeur Résistance Socialiste Kazakhstan, Ainur Kurmanov, avait été condamné à 15 jours de detention administrative pour avoir “organisé le 22 juillet une réunion non autorisée dans le but de préparer un piquet afin de remettre une pétition au président du Kazakhstan, Nursultan Nazarbayev, exigeant la démission du gouvernement"

    Ainur Kurmanov, CIO-Kazakhstan

    Directement après avoir quitté la prison, Ainur a envoyé ce message à tous ceux qui ont mené campagne contre son arrestation et contre le régime du président Nazarbayev:

    “Chers Camarades,

    “Je veux, personnellement ainsi qu’au nom de Sotsialisticheskoe soprotivleniye Kazakhstan, chaudement remercier les camarades pour leur aide et leur soutien. Beaucoup de personnes étaient là pour m’acceuillir à ma sortie de prison. J’ai pris connaissance du travail considerable que le CIO a fait pour organizer une grande campagne de soutien – avec des douzaines de lettres de soutien de la part d’une trentaine de pays – Venezuela, Malaisie, Suède, France, Allemagne, Irlande, Grande-Bretagne et autres. Au cours de ces 15 jours d’emprisonnement, des piquets ont été tenus aux missions diplomatiques kazakhs à New York, Berlin, Tel Aviv, Moscou, Hong Kong! Je tiens aussi à mentionner la lettre du parlementaire européen Joe Higgins.

    “Salutations révolutionnaires, Ainur Kurmanov, CIO-Kazakhstan.”


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

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