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  • Politique budgétaire 2010-2011: Vous avez dit austérité?

    Les élections terminées, on a enfin commencé à parler des déficits budgétaires attendus pour 2009 : 19 milliards d’euros au fédéral, 250 millions pour la Région Wallonne, 362 pour Bruxelles, 500 pour la Communauté française, 1 milliard pour la Flandre… La situation est grave, mais les responsables affirment qu’il n’y aura pas d’opérations «sévères» d’austérité avant que l’économie ne recommence à croître – pas avant 2011 donc(1). Les travailleurs, les jeunes et les allocataires sociaux peuvent-ils alors dormir sur les deux oreilles? Pas du tout!

    Par Anja Deschoemacker

    Le “soutien nécessaire à l’économie pendant la crise” signifie que les gouvernements ne vont rien demander au patronat. Saint-Nicolas continuera même à passer par là. Qui payera donc alors? Comme d’hab’: travailleurs, chômeurs, pensionnés, jeunes, malades,… Ils verront d’ailleurs leurs rangs grandir avec tous les petits représentants des classes moyennes qui vont eux aussi subir les conséquences de la crise.

    Le gouvernement Van Rompuy prévoit des coupes budgétaires de 1.75 milliard d’euros pour le budget 2010 (en Belgique, tous niveaux confondus) et 2,6 milliards pour 2011. Pour la période 2012-2015 (avec un nouveau gouvernement fédéral) le rythme devrait alors être accéléré à 3,5 milliards par an! Ce qui est censé suffire à éliminer le “déficit structurel” de 5%.

    Traduction : les deux prochaines années, il faudra l’équivalent d’un Plan de Val Duchesse (1986), et ensuite, les quatre années suivantes, il faudra économiser un peu plus qu’avec le Plan Global (1993). Val Duchesse, c’était entre autres l’augmentation de l’âge pour accéder à une pension complète jusqu’à 65 ans pour tous ou encore des coupes brutales dans les services publics. De son côté, le Plan Global, c’était entre autres l’index-santé et la norme salariale. Que du plaisir…

    Ces deux plans ont mis à mal les conditions de vie des travailleurs et des allocataires et continuent encore à sévir aujourd’hui. Ces efforts supportés par la majorité de la population (puisque ces deux plans ont eu pour effet un plus grand essor des bénéfices des entreprises) doivent donc aujourd’hui être répétés sur une période de six ans… Difficile dès lors de parler de plans “modérés”…

    Il faudra encore attendre un peu pour voir comment les coupes budgétaires à venir vont se concrétiser et quelle sera leur répartition entre les différents niveaux de pouvoir. Les déficits des villes et communes(2) vont s’ajouter à ceux des gouvernements régionaux. Les communautés aussi devront “assainir”. Au fédéral, il faudra rogner sur la sécurité sociale et les services publics, une fois de plus.

    Il est clair que les attaques contre le statut des fonctionnaires et les réductions de personnel seront au rendez-vous. Les syndicats francophones de l’enseignement parlent de préparer les militants pour la rentrée : ce message devrait être celui de tous les services publics. Quant au secteur privé, la Banque Nationale prévoit beaucoup plus de pertes d’emplois en 2010 et 2011 qu’en 2009. Ici aussi, c’est une vraie lutte d’ensemble qu’il faut préparer.


    (1) Selon les dernières prévisions du Bureau de Plan la croissance économique restera négative en 2010 pour atteindre en 2011 de nouveau une croissance faible de 1,9% (2) Toutes les 19 communes bruxelloises, 42% des communes wallonnes et 57% des communes flamandes vont avoir des déficits en 2009


    • RETOUR VERS LE FUTUR: Val Duchesse et Plan Global
    • La crise grandit, les attaques s’annoncent
    • PLAN D’AUSTERITE: Ca va faire mal après les élections
    • Qui va profiter des "solutions" des partis traditionnels ?
  • Appel à la solidarité avec les travailleurs de Thomas Cook

    Action à 15.00 u: Thomas Cook Travel Shop – De Brouckèreplein 37, 1000 Bruxelles

    Depuis samedi, plus de 40 travailleurs de Thomas Cook occupent le magasin de Grafton Street à Dublin en Irlande en protestation contre la perte d’emplois et pour obtenir des primes de départ plus importantes. A 5h du matin, 50 agents anti-émeute sont rentrés dans le bâtiment après avoir écarté physiquement une trentaine de sympathisants de l’occupation qui s’étaient rassemblés devant le bâtiment. La police anti-émeute a cassé la vitrine afin d’accéder au bâtiment. Les travailleurs ont été emmenés un par un, y compris une femme enceinte de 8 mois.

    Matthew Waine (conseiller communal du Socialist Party, le parti soeur du Parti Socialiste de Lutte en Belgique) et Richard Boyd Barret (conseiller communal de “People Before Profit”) se trouvaient sur place au moment des faits et ont aussi été arrêtés.

    Matthew Waine raconte: “C’est une honte, les pouvoirs publics interviennent afin de faire le sale boulot pour une multinationale telle que Thomas Cook. Ces travailleurs ont voulu faire le point, pas seulement dans leur propre intérêt, mais pour tous les travailleurs du pays qui sont visés par le gouvernement et les patrons. J’appelle tous les travailleurs et les chômeurs à se réunir à 1 heure de l’après-midi devant le palais de justice afin de soutenir ces travailleurs.”

    Et encore: "Une travailleuse enceinte a été emmenée par les policiers. Sa demande d’être accompagnée de son mari lorsqu’une ambulance l’emmenait a été refusée. Comparez cette attitude avec celle réservée au patron de Thomas Cook, Manny Fontenla-Novoa. Celui-ci à empoché l’an passé un bonus de 7 million de £ pour liquidation d’emplois. Le gouvernement irlandais (une coalition des libéraux et des verts) illustre une fois de plus de quel côté il se trouve: du côté des banquiers et des millionnaires.

    LE COMITE DE SOLIDARITE AVEC LES TRAVAILLEURS DE THOMAS COOK EN IRLANDE APPELLE TOUS LES TRAVAILLEURS A SE MOBILISER DEVANT LES 4 MAISONS DE JUSTICE AUJOURD-HUI (MARDI)

    Le Parti Socialiste de Lutte et l’organisation internationale dont nous faisons partie, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) soutiendra aujourd’hui ces actions en menant l’action devant des sites de Thomas Cook en Belgique.

    + d’infos : www.socialisme.be ou www.socialistparty.net (Irlande)

    Thomas Cook est la seule partie profitable du grand groupe Allemand Arcandor qui s’est déclaré en faillite en juin. Depuis 2007, Arcandor détient 52.8% de Thomas Cook, une valeur de 1 milliard d’euro, mais les deux entreprises sont scissionnées sur le plan organisationnel et il est possible qu’Arcandor essaie de vendre Thomas Cook.

    Envoyez des e-mails de protestation à:

    Matthew Waine (conseiller communal du Socialist Party, le parti soeur du Parti Socialiste de Lutte en Belgique): un des personnes arrêtées

  • Automobile en crise: La chute des icones du capitalisme

    Fin juin, le PSL-Anvers a organisé un meeting sur le secteur automobile. Les participants ont pu écouter Thomas, un ancien travailleur temporaire à Opel-Anvers, et Brett Hoven, travailleur chez Ford à Minneapolis, aux Etats-Unis, et membre de Socialist Alternative, notre parti-frère aux USA. Le dossier suivant est basé sur leurs interventions.

    La crise touche très durement le secteur automobile. General Motors, la plus grande entreprise automobile au monde durant 77 ans, a ainsi dû passer sous le contrôle de l’Etat américain.

    Au cours des décennies passées, les entreprises automobiles étaient un peu les icones du capitalisme. Avec le «fordisme», la chaîne de montage a fait son entrée dans le processus de production. Avec le «toyotisme», l’organisation du travail et de la production a été marquée par une plus grande flexibilité avec une explosion de la sous-traitance, des horaires de travail de plus en plus flexibles et la production en just-in-time(1). Le fait que des termes comme fordisme et toyotisme ont été ensuite de plus en plus utilisés en économie montre bien le rôle central joué par le secteur automobile dans le système capitaliste.

    Surproduction

    La crise qui frappe aujourd’hui le secteur automobile n’est pas nouvelle. Ces dix dernières années, 11.000 emplois directs ont été perdus dans notre pays, et sans doute autant d’emplois indirects. La crise économique accélère une crise fondamentale de surproduction du secteur. Car la technologie fait qu’on peut toujours produire plus de voitures avec moins de travailleurs.

    Même quand 17 millions de voitures étaient vendues chaque année aux USA, il y avait surproduction et les entreprises automobiles procédaient à des restructurations et à des licenciements. Pour cette année, on s’attend à seulement 10 millions de voitures vendues. En plus, la crise financière limite les possibilités qu’ont les entreprises automobiles de trouver d’autres activités rentables sur les marchés financiers.

    C’est cela qui est à la base de la faillite de Chrysler et de GM ainsi que de leur reprise par l’Etat. Les moyens de la collectivité qui sont ainsi investis dans ce secteur ne vont pas servir à sauver les emplois, mais bien à organiser un bain de sang social. L’idée est «d’assainir» ces entreprises pour les rendre ensuite au privé.

    La Belgique aussi connaît une surproduction. Avant la crise, seuls 75% de la capacité de production étaient utilisés, chiffre qui est descendu maintenant à 60%. Pousser la flexibilité et la productivité vers le haut dans le secteur ne sert qu’à produire autant, voire plus, avec moins de travailleurs.

    Opel-Anvers a-t-il encore un avenir?

    Dans l’offre de reprise de Magna, il y a 2.500 licenciements en Allemagne et 8.500 dans le reste de l’Europe. Avec Sberbank, Magna dispose d’un partenaire russe influent. Les travailleurs russes et d’Europe de l’Est ne doivent sans doute pas craindre grand-chose dans l’immédiat. Par contre, les licenciements vont pleuvoir sur les 20.000 travailleurs d’Espagne, de Grande-Bretagne, de Belgique, de Suède et de France. Maintenant que la production de l’Astra arrive à sa fin, la fermeture d’Opel-Anvers, dont c’était la spécialité, est certainement une option sérieuse.

    Les licenciements ne doivent pas être le prétexte pour faire entrer les travailleurs mutuellement en concurrence en fonction des différentes filiales. Détourner les pertes d’emplois sur d’autres n’offre aucune solution face à la surproduction. La solidarité de la base est cruciale pour lutter contre chaque licenciement. Evidemment, une telle résistance contre les pertes d’emplois devrait être combinée à des propositions alternatives tant sur le plan de la manière de travailler que sur celui du type de production.

    Un programme de lutte offensif doit contenir des revendications pour une diminution radicale du temps de travail sans perte de salaires et pour le maintien de la prépension, couplées à d’autres exigences en matière d’élargissement des transports publics et de mobilité alternative.

    Pendant la Grande Dépression des années ’30, le syndicat américain AFL luttait déjà pour la semaine des 30 heures, cinq journées de travail de six heures. Cette revendication vieille de 65 ans va plus loin que ce qui est aujourd’hui revendiqué alors que depuis lors la productivité a largement augmenté. Une diminution radicale du temps de travail à 32 heures sans perte de salaire répartirait le travail disponible au lieu de laisser grandir la masse des chômeurs. A côté de cela, le maintien de la prépension est nécessaire en réponse au chômage des jeunes, qui augmente rapidement.

    Une stratégie syndicale doit contrer la logique de pertes d’emplois et de licenciements. Si GM-Europe ferme la filiale d’Anvers, il faut plaider pour une nationalisation liée à un plan de mobilité qui prenne également en compte les nécessités écologiques. On peut par exemple réorienter la production d’automobiles vers celle de moyens de transports publics.

    Nationaliser pour sauver les emplois

    Les nationalisations qui se déroulent pour l’instant aux Etats-Unis servent à organiser de véritables carnages sociaux qui vont sévèrement toucher des collectivités locales entières. Dans les anciens centres automobiles, comme Détroit ou Flint, des quartiers entiers sont maintenant devenus de véritables villes fantômes. Les moyens qui sont utilisés maintenant ne vont qu’agrandir le désert que le libéralisme laisse derrière lui.

    Pourquoi les travailleurs devraient-ils payer pour la crise? Le travail est déjà dur et souvent monotone dans le secteur automobile. Et puis, rogner nos salaires ne va pas arrêter les fermetures comme l’ont démontré toutes les concessions qui ont été faites au niveau de la flexibilité.

    Pour sauver nos emplois, il faut un programme offensif qui parte des réels besoins de la société et des travailleurs. Il faut des plans pour une production alternative qui mette plus l’accent sur le transport public et les technologies vertes. Une reconversion de tout le secteur automobile est nécessaire pour sauver les emplois, mais aussi pour des besoins écologiques.

    La technologie existante rend possible une reconversion rapide du secteur. Cela a d’ailleurs déjà été démontré dans le passé, dans d’autres circonstances et avec d’autres objectifs. Durant la seconde Guerre Mondiale, il n’a fallu que quelques mois pour reconvertir le secteur automobile américain à la production de chars d’assaut et d’autres matériels militaires.

    Mais cela nécessite une planification de la production qui entre en conflit avec la soif de profits aveugle des investisseurs privés qui continuent à dominer le secteur, même lorsqu’il y a des reprises par l’Etat. La reprise de GM et de Chrysler par le gouvernement et les syndicats américains aurait pu être utilisée pour faire de GM une entreprise publique. Un conseil d’administration public pourrait utiliser la connaissance et les capacités techniques de GM pour réorienter la production dans la perspective de développer un réseau de transport en commun sûr et écologique.

    Avec une nationalisation sous le contrôle de la collectivité, le contrôle des moyens techniques ou financiers ne serait pas laissé aux administrateurs privés, mais aux conseils de travailleurs de l’usine et à la collectivité. Les nécessités en termes d’emploi (de bonnes conditions de travail pour chacun), de mobilité (un transport accessible et de bonne qualité), d’écologie,… ne peuvent être satisfaites ensemble que sur base d’une planification nationale et même internationale.

    La nationalisation du secteur automobile est liée à une discussion plus large sur les besoins des travailleurs et leurs familles, et pas seulement dans le domaine de la mobilité. Actuellement, la surproduction dans des secteurs comme l’automobile cotoie l’insatisfaction de nombreux besoins sociaux. Le capitalisme est aujourd’hui un frein pour un futur développement de l’humanité. Chaque amélioration de la production est utilisée contre les travailleurs et la collectivité. Ce frein doit être supprimé. C’est pourquoi nous luttons pour une société socialiste, seule capable d’assurer une planification démocratique et de mettre fin au gaspillage de nos ressources.

    Ce ne peut être que le résultat d’une lutte des travailleurs, au départ des entreprises et des lieux de travail. Rien n’est garanti, mais si ceux qui luttent peuvent perdre, ceux qui refusent de lutter ont déjà perdu.


    (1) Just-In-Time : Méthode de gestion de la production qui consiste à minimiser les stocks et les en-cours de fabrication.

  • La recette de vacances réussies : un polar par semaine (3)

    Si le cœur bat encore de Aino Trosell

    Alors qu’une vague d’attentats néonazis secoue la Suède, Siv Dahlin, aide-soignante, trouve refuge dans la maison de sa tante, récemment décédée. Isolée dans ce village de campagne, elle espère ainsi pouvoir oublier ce décès brutal ainsi que la trahison de son mari dont elle vient de découvrir l’infidélité.

    par Jean Peltier

    Siv cherchait la quiétude ; elle va être rapidement déstabilisée. Très vite, ses voisins révèlent les dessous inquiétants de leur personnalité : tous semblent traîner un passé trouble et d’obscurs souvenirs de guerre. Et Siv imagine peu à peu que sa tante a peut-être fouillé sans le vouloir là où il ne fallait pas…

    De la chaleur étouffeur du Mexique la semaine dernière au froid glacial de l’hiver suédois, le contraste pourrait difficilement être plus marqué. Mais, ici comme là-bas, sous la surface des apparences se cachent bien d’autres choses. La Suède, pays à la neutralité reconnue depuis longtemps, n’a pas connu l’invasion et l’occupation allemande pendant la guerre. Ce qui n’a pas empêché les nazis locaux de préparer avec ferveur l’intégration future de leur pays dans le grand Reich aryen. Et la Suède, modèle d’Etat-providence social-démocrate, est aussi le pays d’Europe où s’agitent les néonazis les plus déclarés et les plus violents…

    Si le cœur bat encore, de Aino Trosell , Pocket policier n°13376, environ 7 EUR


  • Ecole d’Eté Européenne du CIO – 2009: Meeting Public : 1989 – Les conséquences et les leçons de la chute du Mur de Berlin (4)

    20 ans plus tard, il ne reste plus rien du triomphalisme capitaliste

    Tout comme l’année 1917, 1989 a été un des moments parmi les plus importants de l’Histoire. En 1917, il y a eu les 10 jours qui ébranlèrent le monde, selon le titre du livre de John Reed, 1989 a été l’année qui a fait reculer le monde. La contre-révolution sociale a réinstauré le capitalisme en Europe de l’Est et en URSS. Des commentateurs bourgeois ont déclaré que personne n’avait anticipé ces évènements, le Financial Times disait: il ne se passe rien en Europe de l’est, tout est calme, trois semaines seulement avant la chute du mur…

    L’intégralité du rapport de ce meeting est disponible en cliquant ici

    Mais un homme avait prédit ces évènements: Léon Trotsky, ainsi que le mouvement qu’il a créé. Il avait dit qu’une des possibilités de la situation était la restauration du capitalisme. L’autre possibilité était faite de révolutions politiques pour réinstaurer la démocratie ouvrière. Les évènements de 1989 contenaient des éléments politiques révolutionnaires: des grèves générales, des meetings de masse, etc. qui ne sont pas des éléments normaux de la démocratie bourgeoise. C’était une des choses que le CIO avait analysé.

    Au départ, nous ne pensions pas qu’une contre-révolution bourgeoise était à l’ordre du jour, mais quand nous avons envoyé des camarades en RDA et en Pologne, l’état des lieux n’était pas tel que nous l’imaginions. Tous les mouvements qui avaient eu lieu avant dans les régimes staliniens avaient des éléments réactionnaires. Malheureusement, nous avons sous-estimé ce qu’était devenu le cauchemar du stalinisme. La révolution est un élément moteur de l’Histoire et la contre-révolution est un frein. Si un tel mouvement s’était développé dans les années ‘30, la perspective de mouvements victorieux aurait été plus probable, car la mémoire de la Révolution Russe était encore fraîche. Mais en 1989, le stalinisme avait tout effacé.

    La bourgeoisie avait argumenté que le socialisme était tombé avec le mur de Berlin, mais Marx avait souligné que le développement des forces productives, de la science et de la technique étaient des éléments déterminants. Tant que les forces productives se développent, une société peut se maintenir, sauf si elle est renversée par une révolution. Le système capitaliste a toutefois déjà atteint ses limites, ce qui a été prouvé par l’horreur de la première guerre mondiale. On peut tracer un parallèle avec le stalinisme, mais le stalinisme a joué un rôle relativement progressiste à un énorme coût. Si la Russie avait été une vraie démocratie ouvrière, le pays aurait été beaucoup plus développé. Le taux de croissance a démontré le rôle de la planification, de la propriété publique des moyens de production. Aucune économie, sauf le Japon, n’a connu un tel taux de croissance. Cette règle s’applique aussi à la Chine d’après 1949. Le développement des forces productives est arrivé à sa limite quand la bureaucratie a pris les choses en main ; il est impossible de passer au socialisme authentique dans ce contexte. Les contradictions sont trop fortes.

    C’est le cas aujourd’hui au Venezuela. Nous soutenons chaque pas en avant, mais on atteint déjà des limites à cause du manque de démocratie. Sans démocratie ouvrière, on ne peut pas passer au socialisme, sans parler du socialisme lui même. L’élection de tous les responsables et la possibilité de les révoquer sont des points fondamentaux. La bourgeoisie a eu beaucoup de chance que les choses se passent dans un contexte où il y avait une relative croissance. Même avec ça, le mouvement initial des évènements se dirigeait vers la démocratie ouvrière.

    Il n’y a pas une seule organisation à part le CIO qui a vraiment compris ce que signifiait ces évènements. Les morénistes ont ainsi nié que la capitalisme avait été restauré en affirmant que le renversement du stalinisme était unilatéralement progressiste. Mais ce renversement a été effectué sur base de l’économie de marché, ce qui a déclenché une orgie de triomphalisme de la part de la classe capitaliste. A la fin de 1989, le Wall street journal titrait «We won» (nous avons gagné). L’effet sur les couches avancées des masses a été très profond. C’était avant tout une victoire idéologique de la part de la bourgeoisie. La restauration du capitalisme en Europe de l’Est a été un désastre économique, plus encore que la crise des années ‘30 aux USA. Aujourd’hui, la presse rapporte que la production industrielle en Russie a chuté de 10% au 1er semestre 2009. Il n’y a eu aucune amélioration. Mais la lutte des classes est loin d’être éteinte.

    Notre tâche est de reconstruire des partis de masses. Mais nous devons aussi aider la classe ouvrière à chasser les bureaucrates syndicaux, qui sont un frein au développement de leur conscience. Dans la situation actuelle, l’attitude de la classe ouvrière est plutôt de se tourner vers des syllogismes tels que «l’ennemi de mon ennemi est mon ami».

    Après la chute de l’Union Soviétique, la bourgeoisie a eu la meilleure occasion de prouver que le capitalisme était le meilleur système, mais elle a échoué. La bourgeoisie handicape la production de par la base même de son système. Elle a aggravé les conditions de vie des masses tout en augmentant l’exploitation, elle a multiplié les dettes. Mais nous, la classe ouvrière, nous disons: NON, ce n’est pas notre avenir!

    Nous connaîtrons des mouvements de masse dans la période à venir, des mouvements qui vont redonner vie aux idées de Marx et de Trotsky, parce que la classe ouvrière va être forcée d’entrer en lutte. Mais va-t-elle avoir la direction pour s’assurer la victoire? Pour garantir la victoire dans cette lutte révolutionnaire, il faut garantir la construction d’une force de masse.

    Le CIO a les meilleures analyses de ce qui s’est passé en 1989 et après. Nous n’avons cependant pas réponse à chaque question, nous apprenons des évènements. Tous nos militants doivent apprendre, y compris de nos erreurs. Mais nous sommes fiers de toutes nos réussites. Nous sommes fiers d’avoir notre euro-député Joe Higgins assis au fond de la salle. Nous chercherons à unifier toutes les forces du marxisme et du trotskysme à travers un programme clair. Le capitalisme a eu ses chances, et il a échoué. Il est temps de préparer un mouvement qui permettra d’instaurer la démocratie ouvrière et le socialisme!


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Ecole d’Eté Européenne du CIO – 2009: Meeting Public : 1989 – Les conséquences et les leçons de la chute du Mur de Berlin (3)

    Le massacre de Pékin

    Les évènements de 1989 en Chine ont été un point tournant, pas seulement pour la Chine mais aussi pour l’Europe de l’Est, l’URSS et le monde entier de façon générale. Il y a 30 ans, Thatcher a affirmé qu’il n’y avait pas d’alternative et le néolibéralisme s’est développé largement sur le globe. A la fin des années ‘70, la Chine a elle aussi rejoint la liste des pays qui faisaient des réformes pro-capitalistes. Le régime chinois a commencé son processus de réformes pour réinstaurer le capitalisme.

    L’intégralité du rapport de ce meeting est disponible en cliquant ici

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    Tiananmen -1989, les sept semaines qui ébranlèrent le monde – Un nouveau livre de chinaworker.info

    Ce livre (en anglais) de 96 pages republie le témoignage de Stephen Jolly, qui était présent lors des gigantesques manifestations estudiantines d’avril-juin 1989 contre l’autocratie et la corruption, et complété par de nouveaux articles de Vincent Kolo et de Chen Mo.

    • Chine : 58 000 «incidents de masse» au cours des trois premiers mois de 2009
    • Les autorités sont angoissées à l’approche du vingtième anniversaire du massacre de Tiananmen

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    La bureaucratie et les intellectuels du PCC sont devenus des fans de tristes individus comme Milton Friedman (le ‘pape’ du néo-libéralisme). Ils ont commencé par dissoudre les fermes collectives, privatiser l’industrie et déréguler le système des prix en entraînant ainsi une vague de corruption dans la bureaucratie. La spirale inflationniste, inconnue jusqu’alors, a atteint 32% en 88! Un vent de panique a soufflé sur le pays en conséquence.

    La crise sociale a commencé par des fissures au sommet de l’appareil. Toutes les dictatures essaient de garder le pouvoir à n’importe quel prix. A l’époque, les pro-capitalistes étaient majoritaires et les anciens maoïstes étaient plutôt insignifiants; la différence se situait au niveau de la vitesse à laquelle il fallait réformer. Le 17 avril, Hu Yaobang décéda, cela a été le commencement de manifestations de professeurs et d’étudiants qui ont marché à 700 sur Tiananmen. Le mouvement s’est vite développé, mais il était assez flou. Le 26 avril, le gouvernement a essayé de stopper le mouvement en menaçant les étudiants, mais le mouvement a continué à grossir, et de plus en plus de travailleurs ont commencé à le rejoindre.

    Le 17 et le 18 mai, 500.000, puis 1 million de personnes ont défilé à Pékin, dont une majorité de travailleurs. Le mouvement s’est ensuite étendu à 110 autres villes. Des organisations ouvrières indépendantes ont commencé à émerger. Le gouvernement a alors compris ce que les masses n’avaient pas encore appréhendé: le mouvement avait un potentiel révolutionnaire.

    Le 19 mai, la régime a déclaré la loi martiale mais, pendant 10 jours, des gens ordinaires sont restés dans les rues, ont mis en place des barricades, ont formé des chaînes humaines, et ont empêché l’armée de reprendre la ville. Des équipes de jeunes et de travailleurs organisaient la vie (le trafic routier, le ravitaillement,…), le taux de criminalité a fortement baissé et des criminels ont même déclaré qu’ils faisaient une grève du vol! Il y avait des éléments de ce que les marxistes appellent la situation de ‘double pouvoir’. Le gouvernement était coincé mais cela ne pouvait pas durer éternellement et l’espace a été laissé pour la réaction.

    La nuit du 3 au 4 juin, l’«armée populaire» est entrée avec des tanks pour nettoyer la place Tiananmen et les rues de Pékin. Il est possible que des milliers de personnes aient été tuées cette nuit. Les masses ont fait grève pour contre-attaquer, mais il était trop tard. Surtout, il y avait un manque énorme d’organisation, de direction et de stratégie pour prendre le pouvoir. Après ces événements, plus de 50.000 personnes ont été arrêtés, 40.000 peines de prison ont été déclarée et une centaine d’exécutions ont eu lieu (principalement des travailleurs, pas des jeunes).

    On peut décrire le mouvement de 1989 comme une révolution politique, mais à cause du manque d’organisation et de stratégie, ce mouvement a été vaincu. Après ça, les médias bourgeois ont prédit que la Chine retournerait à l’économie planifiée, mais le Comité pour une Internationale Ouvrière faisait partie des rares à dire qu’au contraire le processus vers le capitalisme continuerait. Aujourd’hui, le gouvernement chinois met en place une politique néolibérale des plus violentes: il y a 825.000 millionnaires dans la Chine actuelle, le nombre le plus élevé de la terre après les USA: la polarisation de la richesse est extrême.

    La Chine est à l’aube de nouveaux mouvements de masse et de mouvements révolutionnaires. Comme l’a dit Lénine, oublier l’Histoire c’est la trahir. Le CIO est intervenu cette année à la manifestation de 200.000 personnes à Hong Kong ce 4 juin dernier, nous sommes les seuls à dire que ce mouvement était bien un mouvement révolutionnaire et un mouvement de la classe ouvrière et pas seulement d’étudiants. Nous devons rappeler aux gens ce qui s’est passé, raison à la base de la publication de notre livre «Sept semaines qui ont changé le monde».

    Nous devons analyser ce qui s’est passé en 1989, avec une méthode marxiste et en tirer les conclusions pour la construction d’un parti révolutionnaire. En 1989, le CIO a d’ailleurs essayé d’intervenir pour clarifier les tactiques à adopter avec en particulier la courageuse visite en Chine de notre camarade australien Steve Jolly («Eye witness in China»). D’autres groupes veulent que la dictature change sa position officielle sur les évènements de 1989, mais nous réclamons la fin du régime de parti unique. La classe ouvrière est déterminante pour réaliser cette tâche, c’est elle qui peut changer les choses. La lutte pour des droits démocratiques est indissociable de la lutte contre le capitalisme.

  • Ecole d’Eté Européenne du CIO – 2009: Meeting Public : 1989 – Les conséquences et les leçons de la chute du Mur de Berlin (1)

    L’effondrement de la RDA et la création de comités

    Quand Gorbatchev en 86-87 a commencé à mettre en place certaines réformes en Union Soviétique (Glasnost et Perestroika), un grand espoir est né en RDA. Au cours des années ’80, il s’y étaient développés quelques groupes, notamment de jeunes, autour de thèmes comme la destruction de l’environnement et la corruption dans la bureaucratie. La société de RDA était très sombre, le taux de suicide y était d’ailleurs parmi les plus élevés sur la planète! Mais dans tous ces groupes, aucun – même à Berlin – ne voulait de retour au capitalisme.

    L’intégralité du rapport de ce meeting est disponible en cliquant ici

    C’est dans ce contexte que les dirigeants staliniens d’Allemagne de l’Est ont déclaré qu’il n’y aurait aucune réforme en RDA, la presse officielle affirmant de son côté que l’économie planifiée avait atteint ses objectifs à 150%. Par contre, les magasins étaient toujours complètement vides…

    A partir de 1989, une certaine effervescence s’est développée; des discussions avaient lieu partout. Les staliniens et surtout la Stasi (ministère de la Sécurité d’État, police politique est-allemande) savaient ce qui était en train de se développer dans la société, et ils ont donc décidé de truquer les élections du 7 mai. Le 8 mai, il ainsi été rendu public que la SED (le parti ‘communiste’ de RDA) avait remporté les élections avec 98% des suffrages.

    Beaucoup de travailleurs ont alors pensé que rien n’allait jamais changer en RDA et ils décidèrent de quitter le pays pour la Hongrie ou l’Autriche. Quand un des principaux dirigeants de RDA a publiquement soutenu les massacres de Tiananmen en Chine, des milliers de travailleurs ont fui vers la Hongrie. Mais, d’autre part, l’opposition a commencé à s’organiser dans le pays. A l’opposé des gens qui fuyaient le pays, l’opposition a décidé de lancer les slogans comme «wir bleiben hier» : nous restons ici, nous ne laisserons pas nos maisons et nos vies se laisser détruire par la bureaucratie stalinienne.

    En août, des opposants déployèrent une grande banderole avec ce slogan à Leipzig. Ils ont directement été arrêtés, mais des centaines de manifestants étaient là une semaine plus tard; des milliers la semaine suivante. Des manifestations ont aussi commencé à se développer dans le reste de la RDA. Le 2 octobre, plus de 20.000 manifestants s’étaient rassemblés à Leipzig et le 7 octobre, jour férié, une première manifestation a pris place à Berlin, avec 20.000 personnes. La police y a utilisé ses canons à eau, non seulement contre les manifestants, mais aussi contre les gens qui regardaient de leurs fenêtres. Mais la foule était telle que la police s’est retrouvée encerclée.

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    "Nous sommes innocents": inscriptions à Berlin sur le socle d’une statue de Marx et Engels.
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    Toutes sortes de petits évènements ont eu lieu, comme cette mère de famille qui est descendue dans la rue, s’est dirigée vers un officier de la Stasi et lui a dit que si il avait été son fils, elle lui aurait filé des claques. Pour seule réaction, l’officier est resté dans son camion. L’appareil d’Etat commençait à se fissurer.

    Tout le monde regardait Leipzig et se demandait ce qui allait se passer le lundi suivant. Des rumeurs circulaient, faisant état de tireurs embusqués dans la ville, mais cela n’a pas suffit à démobiliser les opposants. Le 16 octobre, 120.000 personnes ont manifesté dans les rues de la ville, sans que la police ne tire. Le premier ministre a ensuite été démis de ses fonctions. C’est là que la révolution a commencé.

    Le lundi suivant, 250.000 manifestants étaient présents à Leipzig. Les revendications parlaient de la fin de la corruption, de plus de démocratie, de l’obtention de droits démocratiques,… La plus grosse manifestation eu lieu à Berlin, 1 million de personnes étaient là, ensemble, ce qui a constitué le pic du mouvement. Le pouvoir était dans la rue, mais personne n’était là pour le prendre. Partout, des comités se créaient: dans les usines, sur les lieux de travail, et exigeaient des droits démocratiques et la fin de la corruption. Un de nos camarades, qui travaillait au zoo à ce moment, est devenu chef du comité du zoo! Il existait des comités étudiants, des comités lycéens,… Même l’appareil d’Etat n’était pas épargné! En janvier 1990, un comité s’est d’ailleurs formé dans l’armée. La police de Berlin-Est a elle aussi formé son comité, et a déclaré qu’elle ne travaillerait plus pour le gouvernement, qu’elle refusait d’utiliser la force contre les manifestants. Même les forces d’élite de la Stasi ont formé un conseil et ont commencé à neutraliser leurs propres chefs. L’appareil d’Etat commençait réellement à s’effondrer. A Rostock, le bourgmestre a été démis de ses fonctions par la force, mais ce fut le seul. Les dirigeants en place restaient au pouvoir.

    En RDA, le Comité pour une Internationale Ouvrière argumentait en faveur du développement de la coordination des conseils, ou comités, pour arriver à une production démocratiquement planifiée. Malheureusement, nos forces étaient trop petites. Les dirigeants du mouvement d’opposition n’avaient aucune idée de comment continuer la lutte, de comment instaurer un contrôle ouvrier ou une économie planifiée. Au contraire, ils ont commencé à participer aux tables rondes proposées par le gouvernement dont l’objectif était, par ces discussions, de neutraliser le mouvement.

    A l’époque, nous avions un groupe d’opposition constitué de jeunes, et nous avons décidé de venir manifester là où se déroulaient ces discussions. A l’opposé, un des groupes d’opposition les plus forts, d’influence mandéliste (c’est-à-dire se référant à Ernest Mandel), a commencé à dire que le gouvernement devait rester en place pour le moment, au moins pour assurer la production de charbon…

    Quand, le 9 novembre, le mur est tombé, le mouvement a commencé à s’orienter vers le capitalisme. Aujourd’hui, avec la restauration du capitalisme en RDA, la pauvreté est énorme, les acquis sociaux ont été repris. Mais aujourd’hui, nous avons des camarades organisés en sections, des cadres, à Berlin, à Rostock,… et nous pouvons nous adresser à la classe ouvrière pour avancer l’idée de renouer avec les traditions du mouvement de 1989 et, cette fois, instaurer une authentique démocratie socialiste.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Pendant les vacances, les ventes militantes continuent!

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    Première et dernière page de l’édition d’été de l’Alternative Socialiste

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    Tout au long de l’année, vous pouvez trouver des militants du PSL proposer l’Alternative Socialiste aux portes de certaines entreprises, aux gares, aux universités et hautes écoles, lors de conférences ou tout simplement en rue. Et la période des vacances ne déroge pas à la règle… Ce mercredi, 3 camarades de Liège avaient prévu de faire une vente militante au centre-ville, vente bien vite écourtée… faute de stock! En moins d’une heure, les camarades présents avaient diffusé pas moins de 25 exemplaires de l’Alternative Socialiste…

    A côté du simple «chiffre» de cette vente, de nombreuses discussions, parfois assez longues, ont eu lieu. Jeunes, moins jeunes, travailleurs, chômeurs, étudiants,… ont réagi et se sont arrêtés en entendant des slogans tels que: «Stop à l’avidité des patrons et des actionnaires, ce n’est pas à nous de payer pour leur crise!», «Luttons ensemble contre la crise du capitalisme!», «Pour une opposition de gauche contre la politique antisociale!»,…

    En entendant un militant expliquer le contenu du journal et le vendre à quelqu’un, une autre dame est spontanément venue prendre le sien, son euro en main, tandis qu’un jeune, tout juste après avoir acheté son exemplaire, en a offert un autre à un passant également intéressé! Bien évidemment, pareil écho fait plaisir et renforce l’ardeur militante, mais c’est également une manière de vérifier l’ouverture grandissante pour nos idées dans la société.

    Nos interventions ne sont ainsi pas seulement des occasions de faire connaître les idées du PSL, mais aussi des «opérations-thermomètres» comme le disait un camarade, pour permettre de prendre la température dans la société, en quelques sortes. Nous avons déjà pu remarquer lors des festivals des Ardentes ou de Dour, ou lors d’autres interventions, qu’il existe un grand regain d’intérêt pour les idées du marxisme, pour des discussions sur ce que peut être une société socialiste, une économie démocratiquement planifiée,… Nous voulons bien entendu stimuler ces discussions et engageons les lecteurs de notre journal ou de socialisme.be à prendre un abonnement ou, mieux encore, à contacter le PSL pour avoir une discussion avec nos militants et être tenus au courant de nos activités.


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  • Kazakhstan: Appel urgent à la solidarité !

    Le dirigeant de Résistance Socialiste, Ainur Kurmanov, menacé!

    À 14.30 aujourd’hui, alors qu’Ainur marchait en rue à Almaty, il a été arrêté par la police qui lui a remis une convocation pour paraître demain à la Cour, apparemment sous la charge prévue par la clause 373 du code administratif du Kazakhstan pour avoir «organisé le 22 juillet une réunion non autorisée dans le but de préparer un piquet afin de remettre une pétition au président du Kazakhstan, Nursultan Nazarbayev, exigeant la démission du gouvernement»!

    Résistance Socialiste (CIO-Kazakhstan)

    Pour avoir participé à cette protestation paisible, qui a eu lieu sans effusion, Ainur est menacé de devoir faire 15 jours de prison. Le gouvernement essaye ainsi d’effrayer les militants des mouvements sociaux et ouvrier. Il ne réussira pas.

    Nous nous attendons à une grande participation demain en défense d’Ainur. Envoyez SVP vos messages de solidarité à :kri_ainur@mail.ru

    avec une copie à Robert.cwi@gmail.com

    Vous pouvez aussi envoyer des messages de protestation à gp-rk@mail.online.kz


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Ecole d’été européenne du CIO – 2009: Le capitalisme dans la pire crise depuis les années ‘30

    L’année 2009 constitue un moment critique et signifie beaucoup de tâches nouvelles pour toutes les sections du CIO. Le développement de cette crise du capitalisme nous confronte à de nouvelles questions. A titre d’exemple, cette année déjà, nous avons connu des grèves industrielles victorieuses en Angleterre, comme à Visteon, le mouvement de masse de la jeunesse allemande, d’innombrables luttes en France ou en Irlande, mais aussi des situations très graves comme au Sri Lanka ou encore au Pakistan. Là où nous sommes présents, nos camarades ont participé activement à ces luttes. Il s’ouvre une nouvelle ère dans la lutte des classes un véritable point tournant ; tant pour la classe ouvrière que pour notre internationale.

    Rapport de la discussion

    La crise économique la plus profonde depuis les années ‘30

    La situation actuelle a des éléments de celle des années ‘80, quand nous sommes passés du statut d’observateurs à celui de facteur éventuellement décisif. D’un point de vue objectif, cette situation actuelle est encore plus favorable : le capitalisme est confronté à une crise mortelle. Les commentateurs bourgeois se confortent en se disant qu’ils ne sont pas confrontés à des résistances massives de la part de la classe des travailleurs, mais les commentateurs les plus sérieux comme Obama, reconnaissent le danger.

    Ainsi, quand les banquiers se sont plaint des mesures d’Obama, il a répondu de façon intelligente: «entre vous et les fourches, il n’y a plus rien d’autre que moi». Le soi disant paradigme des années ‘90 qui a suivi la chute du mur, la fin de l’histoire, est parti à jamais. Les racines de la crise en font une crise organique du capitalisme. Les économistes bourgeois discutent de la forme que va prendre la récession : en L, en U, en W,… Mais ils sont en tout cas d’accord pour dire que la situation est mauvaise. Les keynesiens disent que ce n’est pas une dépression, mais une grande récession, tandis que Nouriel Roubini dit que c’est une quasi-récession. Mais en termes de dureté envers la classe ouvrière, on peut dire que cela va être comme dans les années ‘30.

    Depuis trois ans, le capitalisme mondial est frappé de la pire crise qu’il ait connu depuis les années ‘30. Depuis le pic rencontré au 2ème trimestre 2008, la contraction de l’économie mondiale est d’environ -3% (chiffre à comparer aux +5% connus durant les 5 années qui ont précédé la crise). Par rapport à la crise des années ’30, cette crise est plus complexe et plus difficile à appréhender et anticiper à cause de la complexité de l’économie mondiale. Mais il ne s’agit pas que d’une crise économique, c’est aussi une crise sociale et une crise politique pour le capitalisme. Elle s’accompagne du développement d’un chômage de masse qui va encore s’amplifier. Ces dernières semaines, nous avons assisté à des soulèvements de masse dans certains pays. En Iran, il y a eu un soulèvement révolutionnaire en protestation contre les fraudes électorales. En Chine, au Xinjiang, on a vu des affrontements entre Hans et Ouïgours, immédiatement suivis par une forte répression.

    Le coup d’Etat au Honduras est un signe de l’approfondissement de la crise politique en Amérique Latine. En Afrique du Sud, les grèves dans le secteur de la construction constituent un premier test pour le gouvernement Zuma. Le continent africain, même avant que la crise ne se développe complètement, avait déjà connu des émeutes de la faim dans 12 pays. Lors d’une rencontre internationale, le président de la Jamaïque a déclaré qu’il pouvait y avoir des mouvements de masse et révolutionnaires.

    Des mouvements de masse et des grèves générales ont aussi eu lieu en Europe, notamment en France et en Grèce. En Grande-Bretagne, les luttes et les grèves avec occupation et blocages illégaux, notamment parmi les travailleurs de la construction, sont un signe des changements actuellement en cours. Ces mouvements vont avoir des effets sur la conscience des travailleurs, y compris dans les pays où des mouvements particuliers ne se sont pas développés. Cette crise met en péril la légitimité du capitalisme, même pour ses dirigeants.

    Ces derneirs temps a eu lieu une explosion au grand jour de la corruption dans les grandes compagnies, notamment bancaires et d’assurance, avec par exemple l’affaire Madoff, qui a été condamné à 150 ans de prison suite à l’escrocrie de plus de 50 miolliards de dollars avec un système pyramidal. Cette affaire a fait grand bruit, mais les banques et les compagnies connaissent des dizaines de systèmes similaires, à la limite de la légalité. L’année dernière, des protestations ont eu lieu aux USA contre le renflouement des banques, les contribuables ne voulaient pas que leur argent aille sauver les banquiers.

    Il est difficile encore de voir la profondeur et l’ampleur réels de la crise, même avec des chiffres. L’année dernière, plus de 50 mille milliards de dollars (¼ de la capitalisation mondiale…) ont été perdus, mais énormément de pertes sont encore cachées. Les pertes financière sont équivalentes à une année de production industrielle mondiale.

    Les conséquences sont dramatiques pour des millions de travailleurs et pour leur famille, plongés dans la pauvreté ou la misère. Pour les commentateurs, cela est en premier lieu dû aux erreurs de crédit bon marché ou à la malhonnêteté de certains spéculateurs et dirigeants. Ces éléments ont pu jouer un rôle, mais c’est bien l’entièreté du système qui est responsable. Depuis Reagan et Thatcher, le capitalisme a quitté l’investissement industriel productif pour se réfugier dans l’investissement financier. Depuis cette époque, l’économie a été tirée par des bulles financières du genre de celle de l’immobilier, des nouvelles technologies,… Le poids de ces bulles spéculatives est visible quand on regarde la part de profits dus à l’activité financière. Avant les années ‘80, il s’agissait de 16%; pour monter jusqu’à atteindre les 41%. A côté de cela, les politiques néo-libérales ont conduit à un accroissement des inégalités sociales et économiques dans les pays mais aussi entre eux tandis que les capitalistes se sont eux mêmes illusionnés en affirmant qu’ils avaient éliminé les risques des marchés financiers et que s’ouvrait une période de profits sans fin. En définitive, la spéculation sur les dérivés financiers s’est avérée être la plus dangereuse, celle qui pouvait mener le plus rapidement au crash.

    Cette situation ne va pas durer éternellement, le capitalisme va pouvoir retrouver des forces pour faire redémarrer l’économie, mais quel type de reprise pourrait-il y avoir? On ne peut qu’esquisser les différents scénarios possibles.

    Avant 2007, la question qui se posait était celle de la profondeur de la crise. A l’époque, il était impossible de répondre précisément, mais les tendances génréales qui se sont exprimées ont été telles que nous l’avions dit. Maintenant, nous pouvons dire qu’il y aura pas de reprise rapide; ce ne sera pas une crise en V ou en U, même les dirigeants des multinationales disent plutôt que ce sera une crise en L, voire en W.

    Tous les gouvernements d’Europe, des Etats-Unis, de Chine, du Japon, passent leur temps à injecter des milliards dans l’économie pour la soutenir, et ces mesures peuvent amortir ou ralentir les effets de la crise. Mais en conséquence, le déficit des USA va certainement atteindre 12% du PIB cette année, soit 13 mille milliards de dollars, ce qui représente 80% de son PIB annuel. Les taux d’intérêts seront de 500 milliards de dollars par an, ce qui représente 4% de son PIB annuel. Maintenant, nous sommes à plus de 700 milliards de dollars de plans de relance, sans que cela ait un effet réel sur l’économie.

    Dans Union Européenne, le déficit va atteindre les 7,3% du PIB contre 1% en 2007. Les effets réels des plans de relance sont encore incertains et même si des mesures «sociales» sont prises pour amortir les effets de la crise sociale, aucun signe de retour à la normale n’est visible, notamment dans les secteur du prêt. Il n’y a pas non plus d’indice d’un redémarrage de l’investissement industriel par les grandes entreprises. La classe capitaliste n’a aucune idée claire sur la manière de sortir de la crise, elle réagit au coup par coup, selon les évènements.

    Le début des années ‘80 avait été marqué par un passage conscient d’une orientation économique keynesienne, avec interventions d’Etats, à une orientation basée sur le monétarisme de Milton Friedman (comme l’ont appliqué Reagan, Pinochet, Thatcher,…). Ici, ils sont obligés de combiner les deux. Dans la plupart des pays, le taux d’intérêt avoisine 0%, pafois même sous 0%. Cela est dû à un recours massif à la ‘planche à billets’, ce qui crée une dévaluation monétaire. Un écroulement encore plus grave du système monétaire et financier a pu ainsi être évité, mais cela conduit au risque d’un développement massif de l’inflation, ce qui arrive toujours lors d’une impression massives de billets. Pour l’instant, cet effet est compensé par le fait que les banques gardent encore beaucoup de liquidités dans leurs coffres et par le fait que la surproduction garde les prix à un niveau relativement bas, pour l’instant on observe même plutôt une tendance déflationniste. Mais très rapidement, ces facteurs ne vont plus jouer et arrivera alors une inflation importante. La classe capitaliste n’a pas les moyens de maîtriser la situation, très certainement en ce qui concerne les mouvements qui peuvent se développer. En cas de forte inflation, il y aurait de suite une réaction de masse des travailleurs pour défendre leur niveau de vie.

    Aucun pays capitalistes avancés n’aura une croissance cette année. Le Japon est confronté à une situation désastreuse, pire que dans les années ‘90. La contraction des exportations s’y élève à 41%. La surcapacité présente dans tous les pays capitalistes est une autre preuve que le capitalisme est incapable de développer les forces de production.

    Ce qui est encore plus important pour l’avenir est l’augmentation exponentielle des dettes. La bourgeoisie est confrontée au choix : déflation ou inflation. Pour le moment ils pompent de l’argent dans l’économie, aux dépends de la dette énorme qui se crée et du risque inflationnel qui augmente. Cela signifie que partout la bourgeoisie sera obligée d’attaquer les services publics (services & salaires), l’Etat providence qui avait été construit pour adoucir les contradictions de classes va être brisé. Il y aura une guerre civile contre les services publics et les travailleurs des services publics.

    Le CIO doit néanmoins discuter de toutes les variations possibles, et accepter le fait que la bourgeoisie peut avoir un effet avec ses mesures ; mais en compilant des problèmes encore plus grands pour le futur. On parle maintenant de la possibilité d’une reprise ; on parle de ‘croissance verte’. C’est possible qu’il y ait une certaine croissance, mais incomparable en tout cas avec la situation d’avant la crise.

    Et évidemment, puisque le capitalisme est basé sur le profit, le travail non rémunéré des travailleurs, les capitalistes sont obligés de prendre des mesures contradictoires. Même le Financial Times reconnaît que la crise est provoquée par des contradictions entre l’offre et la demande, mais s’ils veulent reconstruire la profitabilité des entreprises pour se préparer à une nouvelle période de croissance, ils sont obligés d’attaquer les travailleurs. Cela va radicaliser les masses. On peut même aller encore plus loin et dire qu’il y a des éléments de révolution et de contre-révolution. S’il y avait des partis de masse de la classe ouvrière ça serait certainement le cas de manière plus visible.

    Chine

    En Chine, les mesures prises par le gouvernement ont permis d’amortir les effets de la crise, notamment la chute gigantesque des exportations. Mais cela a reposé sur un énorme investissement public avec en conséquence une pression sur les finances publiques et les banques, qui ont dû multiplier les prêts. L’investissement public aurait augmenté de quelques 49%. Même si ce chiffre officiel est un peu exagéré, même un chiffre de 20%, plus probable, resterait fort important. L’augmentation de l’investissement industriel serait de 44% contre 18% aux USA. Les prévisions de croissance parlent de 7,2% pour cette année en Chine, ce qui est une diminution non négligeable comparée aux 12% de croissance que les dernières années ont connu. De novembre à juin derniers, la balance commerciale de la Chine n’a pas cessé de baisser. Sur les 6 premiers mois de l’année uniquement, les importations ont chuté de -26%, les exportations de -21%, et le commerce global de -20%. Des mesures protectionnistes assez fortes ont été instaurées, comme contre l’importation de poulet américains (qui représentaient 60% des importations de poulets en Chine). En même temps, les prix du pétrole et des matières premières n’ont pas cessé d’augmenter depuis quelques mois. Il n’y a plus d’embauches du tout dans toute une série de secteurs industriels, et il y a encore une surcapacité de 40%.

    Le gouvernement affirme que 60% des universitaires ont trouvé un emploi en quittant leur université, un chiffre identique à celui de l’an dernier, ce qui est impossible. Dans certaines régions, cela n’atteint que 10%. Selon la CCTV, 90% des PME chinoises ont des difficultés et 40% ont déjà fermé. Le plan de relance du gouvernement n’a pas été consacré à l’industrie réelle. Il y a toujours 20 millions de travailleurs migrants qui n’ont pas de travail et, à Shanghai uniquement, 700.000 employés de bureau sont maintenant au chômage. Si la croissance serait de 7,5% pour 2009, avec une certaine reprise économique, cela est du à une augmentation de l’investissement, mais pas de la demande. Il n’y a aucune chance pour que celle-ci augmente.

    La part de l’investissement dans le PIB sera de 63% en 2009 (contre 57% en 2008). En fait, c’est 700 milliards de dolalrs qui ont été investis par l’Etat, largement plus que ce qui avait été annoncé initiallement, et cela demande une sortie monétaire très importante des réserves chinoises. La majorité de cet argent a été plongé dans l’économie spéculative, avec des investissements dans la bourse et notamment dans le secteur immobilier. L’indice boursier a grimpé de 72%, ce qui illustre bien que la Chine s’oriente vers une économie spéculative. Soit il va y avoir une augmentation de l’inflation, soit la bulle spéculative va éclater à un moment donné.

    La question aujourd’hui n’est pas de se demander si la Chine va atteindre les 8% de croissance pour 2009, mais plutôt comment ils veulent atteindre ce chiffre. Là, l’orientation est vers une augmentation de l’investissement et pas du niveau de vie des travailleurs et des paysans. La polarisation de classe est de plus en plus forte; 0,4% de la population possède 70% de la richesse, et 15% de la population représente 80% de la consommation. A peu près 1/5 de la population chinoise (soit 300 millions de personnes) vit en dessous du seuil absolu de pauvreté (avec moins de 1,25 dollar par jour).

    La crise est beaucoup plus forte en Chine qu’aux USA ou en Europe alors que le pays ne fait que rentrer en crise. La Chine montre les limites du schéma keynesien puisque l’économie chinoise est basée sur la super-exploitation et ne permet donc pas de créer de la demande.

    A côté de cela, il serait faux d’affirmer qu’il y a pas eu de développements sociaux et politiques importants cette année. Des millions de travailleurs migrants, notamment, ont été virés du jour au lendemain et contraints de vivre dans la rue des grandes villes ou de retourner à la campagne, sans rien en poche, les salaires connu de fortes baisses, les conventions collectives de travail ou encore les accords de protection ne sont pas respectés, etc.

    La crise économique qui a lieu est une des pires menaces auxquelles la dictature du parti ‘communiste’ chinois a eu à faire face depuis 20 ans. Mais la situation n’est pas la même car, en 1989, le régime était confronté à un mouvement révolutionnaire.

    Les évènements du Xinjiang en sont un produit. Tout a démarré d’un événement qui s’est déroulé sur la côte est de la Chine, où un viol a été commis. La première manifestation a exigé que le gouvernement enquête sur cette affaire, des confrontations entre les Ouïgours et Hans ont suivi. C’est un reflet de la manière dont l’Etat chinois est intervenu dans le Xinjiang, en opprimant les Ouïgours et en favorisant les Hans. Le caractère interethnique de ce conflit illustre l’absence cruelle d’un mouvement ouvrier indépendant.

    Crise révolutionnaire en Iran

    En Iran, au départ, des informations circulaient selon lesquelles Ahmadinejad pourraient échouer aux élections. Ensuite, il a semblé que Moussavi ait gagné du soutien et risquait vraiment de prendre la place d’Ahmadinejad. Les 63% obtenus par ce dernier sont clairement le fait de fraudes électorales ; ce qui a de suite déclenché une crise avec des manifestations de masse. Mais Moussavi est un leader accidentel du mouvement, sans direction à lui proposer. Sa candidature était basée sur quelques réformes réclamées par des fractions un peu plus libérales du clergé, dont la principale était de parvenir à trouver un compromis avec les USA. De suite, le mouvement a été bien au delà de la question électorale et a mis une pression énorme sur Moussavi. Sans programme apte à répondre aux attentes des masses, il a essayé de calmer le jeu. Les masses manquaient d’organisation et de direction claire.

    C’était une sorte de révolution populaire. Si les travailleurs étaient bien présents, c’était sans base de classe claire et distincte. Ahmadinejad a accumulé un soutien énorme et un pouvoir gigantesque au sein de l’Etat tant au sein du clergé que dans la police. Il a aussi utilisé la répression énorme comme un coup d’Etat interne à l’appareil. On peut dire que le régime va survivre, mais qu’il s’agira d’un régime de crise, avec un recours systématique à la répression pour calmer tous les mouvements de masse. Les revendications sociales vont être le moteur de futurs mouvements.

    L’impérialisme américain : d’un bourbier à l’autre

    Aux USA, Obama fait face à de sérieux problèmes et il a bien du mal à voir comment les résoudre. Il bénéficie toujours d’un soutien assez fort à l’intérieur du pays et de bonnes relations avec la plupart des dirigeants mondiaux ; mais cela va s’estomper petit à petit.

    Sur la question de l’Iran, il a essayé de trouver un compromis avec Ahmadinejad concernant le nucléaire, mais les derniers évènements ont sapé la légitimité d’Ahmadinejad. Vis-à-vis de l’Irak, il apparaît qu’Obama tient ses promesses de retrait des troupes; mais la situation est loin d’être stable. Tous des scénarios restent possibles, y compris celui d’une guerre civile entre les Kurdes, les Chiites et les Sunnites. Le nord du pays a connu une augmentation des conflits, notamment sur la question de l’indépendance de la région kurde. Aucun accords n’existe entre les dirigeants locaux sur la manière de répartir les revenus du pétrole.

    Mais le sujet le plus compliqué et brûlant pour l’administration Obama est la situation en Afghanistan, qui ne peut d’ailleurs être dissociée de celle du Pakistan. En fait, Obama retire des troupes du bourbier irakien pour les envoyer dans un autre, le bourbier afghan. Au Pakistan, la situation est explosive ; il est possible que le gouvernement tombe. On a vu les conséquences de l’offensive des Talibans dans la région de Swat a entraîné 1,5 million de réfugiés. Il semble que leur position ne soit pas du tout affaiblie.

    Pour l’instant Obama surfe encore sur une vague de popularité (60% d’opinion positives au début de son mandat), essentiellement parce qu’il est pas Bush, qu’il n’est pas républicain et qu’il avait fait des promesses qui paraissaient déterminées. Sa popularité est toutefois passée à un peu moins de 50% du fait direct de l’absence de résultats de sa politique. Malgré les quelques déclarations qu’il a pu faire, il reste dépendant de Wall Street. Si son plan de relance a un peu ralenti l’approfondissement de la crise dans l’économie américaine, il n’a pas du tout réduit le chômage, ni empêché la réduction des effectifs, dans le secteur automobile par exemple.

    Des mesures ont été prises pour tenter d’empêcher les expulsions de foyers, sans pour l’instant avoir d’effets. Pour la sécurité sociale, il avait fait des promesses (d’autant plus qu’un certain nombre de démocrates sont pour un système universel garanti par l’Etat) ; et même s’il a reculé sur l’idée du système du single-payer, il prône maintenant un système qui maintiendrait le système des assurances privées. Les syndicats avaient soutenu massivement la campagne en espérant pouvoir obtenir plus de droits, mais ce n’est vraiment pas une priorité pour lui. Aussi sur la question des droits des LGBT, Obama a refusé de défendre l’idée du mariage gay.

    En même temps, il serait erroné de dire que les illusions qu’il a entretenues vont disparaître du jour au lendemain ; d’autant qu’existe la jusitification de la crise. Mais, peu à peu, faute d’avoir des solutions à apporter, la désillusion va toucher un nombre grandissant de personnes. Selon une étude menée en avril par Rasmussen, 37% des Américains de moins de 30 ans préfèrent le capitalisme; 30% le socialisme. Dans toute la population, selon les sondés, 53% soutiennent le capitalisme contre 20% qui affirment qu’ils soutiennent le socialisme. Ce qu’ils entendent par ‘socialisme’ n’est bien entendu pas clair, mais cela illustre le potentiel gigantesque qui existe pour les luttes contre les capitalistes et le capitalisme.

    Impact de la crise aux Etats-Unis

    Suite à l’écroulement du marché du crédit, des millions de personnes ont perdu leur maison, et on s’attend encore à 7 millions de personnes supplémentaires. D’après les estimations, 6,5 millions d’emplois ont été détruits depuis le début de la crise, soit le nombre d’emplois qui avaient été créés pendant le dernier boom. A titre d’exemple, une offre d’emploi à Washigton a donné lieu à une file de quelques 800 personnes…

    C’est encore plus clair dans l’industrie automobile, la première et la plus violemment touchée par la crise. Depuis la crise, la chute des ventes a été de 20 à 30%, ce qui a conduit des entreprises comme Chrysler à la faillite. Le cas le plus exemplaire est celui de General Motors, symbole du capitalisme américain par excellence durant des années, et maintenant symbole de la crise économique.

    Au cours des dix dernières années, unn tiers de l’emloi industriel et manufacturier a disparu, avec un effet désastreux sur la classe des travailleurs, sur les villes ouvrières,… Ces derniers mois, des milliers de suppressions d’emplois et de multiples fermetures d’usines ont eu lieu, mais il y a encore eu des attaques contre les conditions de travail et de salaires ainsi que contre les retraites. En réponse à la crise, l’Etat a pris 60% de participation de General Motors et, à Chrysler, c’est le syndicat des travailleurs (UAW) qui a pris 50% du capital. C’est une défaite pour les travailleurs car cela s’est déroulé au prix de l’assurance santé des travailleurs et des retraités. Maintenant, c’est le syndicat qui va devoir payer pour ça et faire des coupes dans la protection maladie. Dans l’accord de prise de participation de l’Etat à GM, il y a un nouveau plan de suppressions d’emplois qui s’élève à 20.000, à ajouter aux 20.000 pertes d’emplois de l’an dernier, en plus de la fermeture de 15 usines. Ceux qui resteront auront des conditions de travail encore plus mauvaises.

    Malgré tout, la droite continue à dire que ce plan est trop favorable aux travailleurs et trop ‘socialiste’, que la manière dont les choses ont été gérées a été en faveur de l’UAW, toujours liée au parti démocrate. Du coup, dans la société, le renflouement du secteur automobile est vu comme favorable aux travailleurs. Nous devons expliquer ce que veut dire une véritable nationalisation et un véritable contrôle des travailleurs. Dans l’industrie automobile, nous devons expliquer ce que l’on ferait si les travailleurs contrôlaient les entreprises. Il y aurait déjà beaucoup à faire concernant l’environnement (voitures électriques, train,…). Les milliards qui sont allés vers ce secteur devraient favoriser la réorganiser du mode de production. La question de la reconversion industrielle ne doit pas être séparée de la question des conditions de travail des travailleurs et de leur niveau de vie.

    La faillite des directions syndicales permet de voir plus clairement qui sont ceux les plus à même de diriger les luttes. Les luttes de Visteon ou de Lindsey en Grande-Bretagne démontre ce dont sont capables les travailleurs quand ils sont vraiment attaqués. Mais il leur faut une direction. C’est dans ce contexte que l’on peut voir comment nos forces peuvent jouer, notamment dans le cas de Lindsey. Parfois, le fait que notre organisation soit présente dans ces entreprises peut être complètement décisif. La question fondamentale est aussi comment on lie ces luttes à la perspective du socialisme.

    La propriété privée des moyens de production est dépassée

    L’ensemble des capitalistes se sont mis d’accord pour nationaliser complètement ou partiellement certains secteurs durant la période de la crise, pour évidemment les reprivatiser par la suite. Toutes les pertes ont été socialisées dans l’attente que les gains puissent à nouveau être réservés au privé. Mais ces nationalisations sont cependant significatives. Marx & Engels avaient déclaré que la moindre nationalisation à elle toute seule illustre déjà que la propriété capitaliste est une forme dépassée de production.

    La tendance générale est à une propriété d’Etat pour de plus en plus de secteurs parce qu’il y a la recherche d’une forme plus progressiste d’économie. Nous devons mettre en avant de manière transitoire la question de la nationalisation sous contrôle ouvrier et celle de la gestion démocratiques de ces moyens de production nationalisés. Ce que nous proposons n’a rien à voir avec le centralisme bureaucratique des économies staliniennes et correspond à un plan international.

    La question environnementale peut être un argument en ce sens, pour aller vers une gestion raisonable des ressources naturelles. Les perspectives sont également sombres sur ce point : 300.000 personnes meurent chaque année du fait des changements climatiques, selon l’ONU, notamment avec l’apparition de nouvelles maladies. La température a augmenté de 0,7° depuis le début de la période d’industrialisation. Le G8 s’est fixé comme objectif que l’augmentation de la température ne doit pas dépasser les 2° d’ici 2050, seuil que les scienfitiques disent crucial, sans quoi les changements seraient irrémédiables. Mais le G8 n’a pas décidé d’une stratégie, d’un plan, pour atteindre ce but et même pas pour essayer d’atteindre un objectif intermédiaire en 2020. Les différentes puissances sont dans une situation de confrontation et de concurrence telle qu’ils négligent complètement cette question environnementale.

    Comment ce système arrive-t-il à survivre? A moins qu’il n’y ait vraiment la mise en avant d’une alternative au capitalisme et l’existence de forces capable de réaliser l’arrivée de cette alternative, le capitalisme trouvera toujours un moyen de sortir de ses crises. Des luttes massives vont se développer. Si une relance de l’économie se produit, beaucoup de luttes peuvent surgir très vite. Marx n’a jamais développé de déterminisme économique; la société ne change pas toute seule, il n’existe pas de crise finale du capitalisme. Nous devons construire des forces capables de changer la société, et la classe des travailleurs est la clé de la constitution de cette force. La transformation de la société nécéssite une organisation de masse et la construction de partis révolutionnaires. La classe des travailleurs doit avoir une conscience socialiste de la transformation économique, formulée en un programme, et aussi une direction profondément implantée en elle. Au nombre des tâches des militants figure aussi l’étude de la théorie et de l’histoire pour permettre cette transformation.

    La crise économique de 74-75, qui était d’un niveau inférieur, a provoqué des mouvements révolutionnaires partout dans le monde: révolution des oeillets au Portugal en ‘74, révolution contre le régime des colonels en Grèce,… même si la crise était pas aussi forte. Elle avait énormément nui aux capitalistes et à leurs idées. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de contrôle sur les banques, une nouvelle chute banquière est d’ailleurs à l’ordre du jour. Tout ceci va conduire à une explosion de la colère de la classe ouvrière. Il y a des mouvements de caractère semi-conscients déjà, reflété par exemple par des émeutes comme en France.

    Nous devons nous souvenir de ce que Trotsky et Lénine disaient de la montée des mouvements révolutionnaires après la première guerre mondiale : ils se demandaient si la classe ouvrière pourrait prendre le pouvoir sans parti révolutionnaire. La pratique leur a démontré que cela ne l’était pas. Nous on a une tâche différente. Sur la routes de la construction de partis révolutionnaires de masse se trouve la création de nouveaux partis des travailleurs, mais ce n’est pas notre seule tâche. En Grande-Bretagne, les luttes de Lindsey, par exemple, ont illustré comment notre parti peut devenir un point d’attraction pour différentes couches.

    Nous allons vers une période similaire aux années ‘30; nous sommes au début du processus de la crise, un processus qui sera très étalé dans le temps, une crise économique mais aussi sociale et politique, qui mettra en péril les institutions de la bourgeoisie. Ce n’est jamais facile de pouvoir capter le mouvement dans un pays avec de petites forces. Mais tous nos cadres doivent être conscients du changement dans la situation et des nouvelles possibilités qui s’offrent à nous. Cette crise s’est développée à un rythme qui a surpris la bourgeoisie, mais nous aussi, nous pouvons être surpris par le rythme de développement de notre internationale.

    L’effet initial de l’écroulement financier a été le choc et la peur. Dans certains pays des protestations ont eu lieu très rapidement, dans d’autres, la classe ouvrière et la classe moyenne ont été choquées et étourdies par la situation.

    La chute de la richesse disponible va aggraver la bataille pour l’appropriation de cette richesse, c’est le contexte de cette offensive contre les travailleurs et les services publics. Nous ne devons pas purement et simplement nous opposer aux renflouements des banques, aux bail out, etc. Nous disons qu’il faut des bail out pour les travailleurs et leur famille, pas pour les banquiers. De la même manière, nous ne devons pas dire que nous sommes contre les nationalisations capitalistes, mais pour de véritables nationalisations, sous contrôle ouvrier. C’est aussi pourquoi il est crucial d’analyser et d’expliquer les fondements de cette crise et d’expliquer pourquoi les coupes budgétaires et les attaques sociales vont continuer. Si les gouvernements savent présenter leurs mesures de manière sociale, il reste encore un peu d’illusions sur les effets qu’elles peuvent avoir et leurs buts.

    Il faut engager le dialogue avec ces travailleurs et ces jeunes qui ont encore des espoirs sur les politiques des gouvernements. Nous pouvons avoir des revendications de base envers ces gouvernement, mais tout en développant la question de la nécessité d’un mouvement ouvrier indépendant organisé, contre le simple lobbying. Cette crise ne déconsidère pas complètement et immédiatement le système capitaliste, la période des années ‘90 pèse encore lourdement sur la conscience des masses.

    Dans beaucoup de pays, il y a eu des grèves et des mouvements pour dire ‘qu’on ne paiera pas leur crise’, ce qui est un bon point de départ pour une riposte face aux conséquences de la crise. Mais il n’y a pas encore eu d’opposition au système capitaliste en lui-même, pas encore eu de slogans à l’échelle de masse qui exprimaient un rejet du système capitaliste et pour une alternative socialiste. Mais cette faiblesse du niveau de conscience n’empêche pas le développement de luttes. La question est de savoir comment le mouvement et la conscience socialistes peuvent être reconstruits : par les déductions que les travailleurs et la jeunesse vont tirer des mouvements auxquels ils vont participer. Mais nous aussi devons être un facteur dans cette évolution. La radicalisation politique pourrait par exemple venir d’une situation où on aurait une petite reprise mais avec un niveau de chômage maintenu très haut.

    Dans les pays où il n’y a pas d’alternative ouvrière massive, ces complications pourraient devenir des éléments très dangereux (des conflits interethniques par exemple). Ces dangers ne dépendent pas seulement de la situation objective, ça dépend de ce que fait ou ne fait pas le mouvement ouvrier, s’il existe. Le Sri Lanka, par exemple, était le pays qui avait le mouvement trotskyste le plus puissant au monde. Mais à cause de ces erreurs, on se retrouve là-bas dans une situation complètement dramatique. Il ne suffit pas de participer aux luttes, il faut avancer des perspectives et un programme corrects. La crise, si elle peut développer la lutte des classes, peut aussi développer des éléments très négatifs (le racisme,…).

    Il s’agit d’une crise internationale. C’est pour ça que le G8 a fait une déclaration commune pour une autorité internationale de régulation. La crise demande une réponse mondiale, c’est l’argument qu’utilisent les dirigeants capitalistes. C’est aussi le point que nous utilisons pour mettre en avant notre internationalisme et la nécessité de construire le mouvement internationalement mais aussi le Comité pour une Internationale Ouvrière, en mettant en avant ce qu’il pourrait permettre en terme de luttes dans les différents pays où il est présent. Nous pouvons jouer un rôle dans le changement du monde, pour le débarrasser de l’impérialisme et du capitalisme.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

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