Blog

  • Liberté d’expression à Hasselt ? La campagne Blokbuster réprimée au Pukkelpop !

    Ce jeudi, la campagne antifasciste Blokbuster (Résistance Internationale du côté francophone) était présente au festival Pukkelpop avec des autocollants et des tracts antiracistes. Les réactions des festivaliers étaient extrêmement positives, comme cela avait déjà été le cas pour des campagnes similaires à Dour ou encore aux Ardentes. Mais après une demi-heure, les organisateurs du Pukkelpop et la police locale nous ont fait savoir que nous serions arrêtés en cas de poursuite de notre campagne. Le droit de mener des campagnes politiques sur la voie publique a pourtant déjà été confirmé plusieurs fois, entre autres par le Conseil d’État.

    Communiqué de presse de Blokbuster

    Malgré différentes demandes de notre part, nous n’avons pas obtenu de stand au Pukkelpop, on nous a même répondu qu’il n’y en aurait aucun cette année. D’autres organisations telles que les Magasins du Monde et la FGTB-Jeunes ont toutefois bien obtenu un stand au camping du festival. La campagne antiraciste Blokbuster est-elle considérée comme indésirable parce qu’elle ose faire le lien entre la croissance de l’extrême-droite et la politique des partis traditionnels?

    Cette violation du droit à la libre expression se fait en marge d’un festival organisé par un parlementaire du SP.a (Chokri Mahasinne), dans une ville dirigée par le SP.a. Une coïncidence?

    Nous nous opposons bien entendu à cet arbitraire et voulons lutter pour le droit de diffuser notre opinion. Ce samedi, nous mènerons à nouveau campagne dans le voisinage du Pukkelpop. Si les organisateurs souhaitent s’exprimer contre Blokbuster, nous nous laisserons arrêter. Nous mènerons alors campagne pour le droit à la libre expression à côté d’une procédure juridique.

    Blokbuster et Résistance Internationale

    Blokbuster est une campagne antiraciste qui mène depuis déjà plusieurs années, et de façon conséquente, le combat contre le racisme et l’extrême-droite. Son pendant francophone est Résistance Internationale. Cette campagne a différents terrains d’actions tant nationalement qu’internationalement. Nous organisons des actions de protestation contre le Vlaams Belang, le Front National et leurs alliés, nous réagissons contre la violence néo-fasciste et témoignons notre solidarité avec des actions internationales. L’an dernier, nous avons ainsi participé avec une septentaine de jeunes belges à un bloccage antifasciste à Cologne contre le congrès européen anti-islam européen, auquel le Vlaams Belang avait notamment participé.

    Nous mobilisons pour des actions et des campagnes non-violentes. A d’innombrables festivals, nous diffusons nos autocollants et nos tracts parmi les participants et demandons une contribution libre pour financer nos actions. Grâce à cela, nous pouvons organiser des actions en étant indépendant des subventions, des entreprises,…. Avec de telles campagnes, nous pouvons aussi élargir notre soutien parmi les jeunes.

    Nous avons à nouveau voulu mener campagne au camping du Pukkelpop, tout comme les années précédentes et tout comme à d’innombrables autres festivals. Nous avons fait plusieurs demandes, mais il nous a été répondu que plus aucun stand n’était dorénavant admis. C’est regrettable, car il ne s’agit pas seulement que de musique et de commerce à un festival, il y a aussi une fonction sociale plus large. Si un grand groupe de jeunes se réunit, cela offre la possibilité d’aborder des thèmes sociaux, et la campagne Blokbuster a très certainement sa place dans ce cadre.

  • Afghanistan: Le Vietnam d’Obama?

    Des pertes de plus en plus grandes pour une guerre impossible à gagner

    Les chefs militaires américains et britanniques se sont empressés de crier «victoire» après leur offensive de juillet contre les Talibans dans le Sud-Est de l’Afghanistan. Mais, en réalité, la principale conséquence des opérations «Griffe de Panthère» (GB) et «Coup d’épée» (US) a été de recentrer l’attention d’un public de plus en plus sceptique sur le bourbier militaire et l’impasse politique que constitue l’Afghanistan actuel.

    Peter Hadden, Socialist Party (CIO-Irlande du Nord)

    Il est vrai que les Talibans ont, pour l’instant, été poussés en-dehors de certaines zones de leur bastion du Helmand. Cette retraite est principalement due à un changement de stratégie de leur part : ils ont abandonné la confrontation directe contre une puissance de feu supérieure pour se concentrer sur des attaques de guérilla (comme poser des bombes en bord de route). Pour reprendre les mots d’un certain analyste, l’offensive «Coup d’épée» pourrait plutôt être décrite comme une opération «Coup dans l’eau».

    Le coût en un mois de cette double offensive en termes de pertes humaines pour les forces d’occupation américaines et britanniques a été le plus élevé depuis le début de l’invasion, en 2001. 75 soldats US et OTAN ont été tués en juillet et le mois d’août suit la même tendance avec 6 pertes uniquement les deux premiers jours du mois.

    L’ampleur de la lutte actuelle illustre très clairement à quel point les huit années d’occupation n’ont quasi servi à rien, malgré les 170 milliards de dollars dépensés par les Etats-Unis et les 12 milliards dépensés par le Royaume-Uni tout au long de cette guerre impossible à gagner et malgré les 750 soldats américains et les près de 200 soldats britanniques qui ont déjà péri.

    Pour le peuple d’Afghanistan, la facture a inévitablement été bien plus salée. Tout comme en Irak, aucune des forces d’occupation ne se soucie de tenir le décompte précis des combattants et civils afghans qui ont perdu la vie. Le journal britannique The Independant a récemment estimé à 30.000 le nombre de morts en Afghanistan. Mais sans données réelles, chacun est libre de faire ses propres estimations. En attendant, 3,7 millions d’Afghans ont fui le pays, se dirigeant pour la plupart en Iran ou au Pakistan.

    Une stratégie erronée

    La nouvelle offensive et le changement de tactique maintenant tenté par l’administration Obama sont autant de reconnaissances de l’échec de la stratégie suivie jusqu’ici. Un rapport du Centre d’Etudes Stratégiques et Internationales (CSIS – Centre for Stategic and International Studies) a averti du danger que l’Afghanistan devienne «le Vietnam d’Obama», et conclut que «la situation s’est détériorée en une crise, dans laquelle les Talibans et les autres groupes djihadistes sont maintenant en train de gagner».

    Jusqu’à présent, la stratégie des puissances occupantes a été de tenter d’écraser les Talibans et de faire respecter par la voie militaire le règne du gouvernement fantoche de Karzaï. Les Etats-Unis se sont surtout basés sur des frappes aériennes, des tirs de mortier et des raids nocturnes pour tenter de repousser les Talibans et d’étendre l’aire d’autorité de Kaboul. Ils ont aussi entrepris un programme d’éradication en vue de détruire la culture du pavot, qui compte pour 60% de l’économie afghane et fournit aux Talibans la plupart de leur revenu.

    Au cours des campagnes des deux derniers étés, les bombardiers américains ont largué chaque mois quelques 22 tonnes de munitions sur le Helmand. Avec de tels assauts «à la Cambodgienne», il ne faut pas s’étonner si l’on estime que deux-tiers des personnes tuées par les forces pro-gouvernementales sont mortes des suites de raids aériens.

    Une misère impitoyable

    En attendant, la vie quotidienne de la majorité de la population ne vaut guère mieux que sous les Talibans. Huit ans après l’invasion, 77% des gens n’ont toujours pas accès à l’eau potable. A la campagne, cinq personnes sur six n’ont pas d’accès au réseau électrique. Et pour ceux qui y sont connectés, y compris à Kaboul, l’électricité n’est disponible qu’à des voltages fluctuants et pour quelques heures par jour seulement. Le taux d’alphabétisation des femmes – qui vaut 18% – ne s’est que très peu amélioré par rapport à ce qu’il était sous le régime réactionnaire des Talibans. Avec 42% de la population contrainte de survivre avec moins d’1$ par jour, la vie de la plupart des Afghans est une vie de misère permanente.

    Lorsqu’il sont arrivés au pouvoir pour la première fois, les Talibans étaient essentiellement constitués de combattants entraînés par l’armée pakistanaise et qui recrutaient parmi la population exilée. Ayant grandi dans les camps de réfugiés de la Province Frontalière du Nord-Ouest (North West Frontier Province – NWFP) et dans d’autres endroits du Pakistan, ils avaient peu de racines sociales et une très petite base dans la société afghane.

    Les méthodes utilisées par les puissances occupantes – combinées à l’échec total du gouvernement Karzaï corrompu quant à l’amélioration de la vie des gens – n’ont servi qu’à élargir la base de l’insurrection, tandis que des tribus locales et de jeunes afghans rebelles se préparent à rejoindre la lutte.

    Au moment où Obama a prêté serment – et avec les élections présidentielles afghanes prévues pour le 20 août – les Talibans étaient aux portes de Kaboul, avec sous leur contrôle une grande partie des provinces pachtounes du sud et de l’est. L’autorité du gouvernement ne s’étendait guère plus loin que la capitale. La plupart du territoire officiellement sous son contrôle est en réalité dirigé par des seigneurs de guerre tadjiks, ouzbeks, hazaras et autres, qui prétendent servir le gouvernement tout en continuant à diriger eux-mêmes leur propre territoire et à s’enrichir personnellement.

    Des montagnes d’opium

    En ce qui concerne l’éradication de l’opium, la réalité est que depuis 2005, l’Afghanistan – et surtout dans le Helmand – produit le double de l’offre mondiale. La plupart de la production est entreposée par les Talibans afin de maintenir les prix à la hausse et de s’assurer d’un revenu annuel de 3 milliards de dollars grâce.

    La réponse d’Obama face à cette situation a été de remanier l’état-major et de changer de stratégie. Selon cette nouvelle stratégie, il faut moins se baser sur la puissance aérienne, et bien plus sur les troupes au sol. L’objectif militaire est de conquérir des zones, puis de tenter de les tenir et d’y construire un soutien parmi la population locale. Le nombre de troupes doit être augmenté de 100.000 effectifs. Mais plus de troupes sur le terrain et moins de frappes aériennes signifie inévitablement plus de pertes. Et au fur et à mesure que des soldats seront rapatriés dans des cercueils et que l’opposition aux Etats-Unis montera face à ce conflit futile, le danger est que la guerre ne soit pas perdue dans le Helmand, mais bien dans les rues des villes américaines et britanniques.

    Les gouvernements US et britannique ont été forcés de reconnaître qu’il ne peut y avoir aucune victoire purement militaire. Leur objectif est de porter un coup décisif aux Talibans, tout en cherchant une sorte d’arrangement politique qui pourrait «donner un visage afghan à la suite des événements». Ils espèrent ainsi que – à un certain moment dans le futur – une stratégie de sortie prendra forme petit à petit.

    Ceci peut sembler très joli dans les salles de wargame du Pentagone, mais la mise en œuvre d’un tel scénario en Afghanistan même sera une toute autre histoire. Le seul «visage afghan» disponible en ce moment est celui du gouvernement Karzaï, et les chances que celui-ci gagne en crédibilité auprès de la majorité des Afghans sont très minces. Malgré le fait que son soutien ne s’élève qu’à 15% dans le dernier sondage d’opinion, il est probable que Karzaï remporte les prochaines élections – mais seulement grâce à l’absence totale d’un candidat alternatif.

    Les espoirs placés dans un éventuel nouveau gouvernement Karzaï, moins corrompu et moins inapte que l’actuel, ont été battus en brèche par sa décision de nommer Mohammad Fahim, un seigneur de guerre notoire, en tant que son coéquipier pour les élections.

    Selon le rapport du CSIS, pour maintenir son contrôle, il faudrait au gouvernement de Kaboul une armée de 240.000 hommes et une force de police de 160.000. Jusqu’à présent, les efforts entrepris par la Coalition pour amener en trois ans les effectifs de police et de l’armée à 134.000 hommes ont échoué. Le gouvernement de Kaboul est une fiction, le pouvoir se trouvant en réalité entre les mains des seigneurs de guerre, et le pays est en réalité fracturé selon les lignes nationales ou tribales. L’idée que ce gouvernement puisse un jour acquérir l’autorité nécessaire que pour pouvoir commander une force de 400.000 hommes ne paraît être qu’un fantasme.

    Comme l’a écrit Max Hastings dans le Financial Times, «si l’Occident est vaincu, ce sera pour les mêmes raisons que les Etats-Unis ont perdu au Vietnam: «nos» Afghans pourraient se révéler n’être guère plus fiables que «nos» Vietnamiens».

    La “déferlante”

    La “déferlante” de George Bush en Irak n’était rien de plus qu’une déferlante d’argent offerte à ses anciens ennemis. Dans la région d’Anbar en Irak, les Etats-Unis ont payé un salaire de 300$ par mois à 100.000 insurgés sunnites afin de les recruter dans une force de maintien de la paix. Maintenant, selon certains rapports, l’administration Obama, dans sa tentative de créer des scissions chez les Talibans, considère le versement de 150$ par mois à jusque 250.000 combattants actuels s’ils acceptent de changer de camp.

    L’initiative d’Anbar a fonctionné tout un temps en Irak, mais au coût de possibles conflits futurs entre les forces sunnites et les forces gouvernementales dominées par des chiites. En Afghanistan, la situation a beaucoup moins de chances de se dérouler selon le plan. Le gouvernement pakistanais a établi un précédent avec toute une série d’accords avec les Talibans et d’autres militants islamiques. Tous ont échoué – l’effondrement en février de l’accord signé avec les Talibans dans la vallée du Swat n’en est que l’exemple le plus récent.

    Le Pakistan

    Ce qui nous amène à ce qui est sans doute le principal obstacle dans le chemin de l’administration américaine – la situation au Pakistan. L’intervention impérialiste dans cette région au cours des dernières décennies – depuis le soutien accordé via l’armée pakistanaise aux groupes de moudjahiddines qui combattaient les Russes – a régionalisé le conflit.

    La frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan est une ligne dessinée en 1983 par un Anglais, Sir Mortimer Durand, afin de marquer les limites de l’avancée militaire britannique, sans aucun souci des différences entre les peuples de cette zone. Maintenant, les zones pachtounes des deux côtés de la frontière sont en révolte. L’armée pakistanaise, sous pression des Etats-Unis, mène une offensive brutale contre les Talibans pakistanais et d’autres groupes islamiques – les mêmes qu’ils armaient et entraînaient encore il y a peu.

    L’offensive récente dans la vallée du Swat a impliqué 40.000 soldats, et a eu pour conséquence la déportation de 2 millions de gens. Ces méthodes, si elles sont utilisées dans d’autres bastions talibans dans les régions tribales, menacent de créer un second Afghanistan au Pakistan même. Tout en se concentrant sur une «déferlante» limitée dans le Helmand, Obama pourrait se retrouver confronté à une bien plus grande insurrection qui pourrait amener la question non seulement de la scission de l’Afghanistan, mais aussi celle du Pakistan.

    Le bourbier qui s’approfondit est l’héritage de décennies d’intervention impérialiste dans la région. Ce sont les populations d’Afghanistan et du Pakistan qui en payent maintenant le prix. A l’heure actuelle, ils n’ont le choix qu’entre l’oppression militaire par le gouvernement ou les troupes étrangères, et la domination par des seigneurs de guerre ou des fanatiques religieux réactionnaires.

    Une alternative est nécessaire. Toutes les troupes étrangères doivent immédiatement être retirées de la région. C’est à la population de la région de trouver une issue. La classe des travailleurs, en particulier celle du Pakistan, a un rôle crucial à jouer dans la lutte pour une alternative socialiste qui unirait tous les opprimés au-delà des frontières tribales, nationales et religieuses.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Magistrature et corruption: l’absence de contrôle démocratique

    Place Poelaert, le majestueux Palais de justice de Bruxelles domine le reste de la ville comme pour illustrer ses rapports avec le reste de la population. Du haut de leur haute tour d’ivoire, certains magistrats s’estiment au-dessus de tout. Il est vrai que les juges n’ont aucune légitimité démocratique et aucun compte à rendre face à la collectivité…

    Apparemment, cela faisait déjà quelques années qu’il était connu qu’un grave problème existait au sein du Palais de justice de Bruxelles. Une perquisition menée en 2004 a permis de découvrir chez un avocat non seulement des preuves d’escroquerie mais aussi des jugements sur lesquels la première magistrate du Tribunal de commerce de Bruxelles, Francine De Tandt, devait encore s’exprimer. L’enquête a été freinée par le parquet-général, qui craignait les dégâts que le tribunal aurait à subir en conséquence. Le directeur de la police judiciaire fédérale de Bruxelles, Glenn Audenaert, a passé le dossier au parquet général de la Cour de Cassation, mais là non plus le feu vert n’est pas arrivé pour que l’enquête puisse avancer.

    Alors que nous, le peuple ordinaire, sommes de suite condamnés à des amendes à la moindre erreur, d’autres règles sont de mise pour le sommet du système judiciaire. Là, c’est à peine si il y a eu des interventions contre la corruption. Bien au contraire, le tribunal a lui-même collaboré.

    L’avocat Robert Peeters a fait chanter des chefs d’entreprise qui avaient de l’argent sale. Pour son chantage, cet avocat a reçu l’aide de différents juges et membres de la Cour d’Appel qui décident des jugements et des arrêtés. La juge De Tandt, impliquée dans l’affaire, est même devenue présidente du tribunal de commerce! L’enquête disciplinaire pour accéder à cette fonction n’a pas constitué de problème, elle était aux mains du juge Paul Blondeel, également nommé dans le dossier de chantage. Il est soupçonné de corruption et également d’avoir participer aux chantages.

    La manière dont la magistrature semble être séparée de la société et placée au-dessus d’elle soulève naturellement énormément de questions, notamment sur son rôle à l’heure actuelle. Les syndicalistes combatifs savent à quel point ces derniers mois les tribunaux se sont systématiquement orientés en faveur du patronat en appuyant les requêtes unilatérales des avocats patronaux. Que cela ait été fait au mépris de plusieurs lois n’a pas constitué de problème, les juges n’ont pas hésité à leur marcher dessus (voir notre dossier : Des huissiers employés pour casser les piquets de grève).

    Les juges sont nommés par la Haute Cour de Justice, composée de magistrats et d’externes nommés par le Sénat (principalement des avocats, des professeurs et d’autres personnalités du monde juridique). Il n’est aucunement question de contrôle démocratique. Alors que les tribunaux doivent officiellement préserver les intérêts de la collectivité, celle-ci n’a aucun contrôle sur eux et n’a pas son mot à dire. Pourquoi les juges ne sont-ils pas élus par la collectivité et révocables en permanence?

    On nous bassine les oreilles avec la soi-disante ‘séparation des pouvoirs’ entre le pouvoir qui fait les lois (législatif), celui qui les applique (exécutif) et celui qui les fait respecter (judiciaire). Cette division n’existe pas, nous parlons ici d’un même monde aux connections internes innombrables, le monde de l’élite, un monde sérieusement déconnecté de la majorité de la société. Si des divisions apparaissent de temps à autres au sein de cette élite dirigeante, comme maintenant, une base commune les soude ensemble: leur pouvoir est basé sur l’exploitation des travailleurs et sur l’absence de contrôle démocratique.

    Le PSL lutte pour la forme la plus extensible, la plus large possible, de démocratie. Mais à partir du moment où l’on se place du point de vue de la classe des travailleurs, il n’existe aucune forme «parfaite» de démocratie dans le cadre du capitalisme, et ce à quelque niveau que ce soit.

  • TECTEO : La colère monte, il faut d’urgence un plan de mobilisation syndicale

    «Conservons notre Statut et notre Carrière». C’est le calicot qui accueillait les membres du Conseil d’Administration de Tecteo qui se réunissaient ce jeudi 13 août pour voter un plan destiné à réaliser 20 millions d’euros d’économies sur le dos du personnel. Derrière le calicot, une petite centaine de travailleurs, majoritairement CSC, qui dénonçaient la casse de leur statut et l’arrogance de la direction de cette intercommunale, chasse gardée du PS liégeois.

    Par Jean Peltier

    Passage de 36 à 38 heures (payées 36 évidemment), report de 58 à 60 ans de l’âge auquel il est possible d’obtenir un congé préalable à la pension, modification des échelles de fin de carrière (ce qui entraîne le rabotage des augmentations salariales), suppression de primes, instauration d’un système d’évaluation annuelle des agents inspiré du privé (un blâme entraîne la suppression de la prime de fin d’année sans recours possible, deux blâmes signifient la mise à pied – avec un recours possible…),… Voilà ce que la direction de Tecteo, l’intercommunale liégeoise s’occupant notamment de la gestion de la distribution d’électricité, veut imposer à son personnel.

    Ces propositions avaient provoqué une première fois la colère des travailleurs qui avaient fait une semaine de grève fin juin et début juillet (voir notre article à ce sujet). Mais les syndicats avaient par la suite accepté un préaccord qui entérinait ces propositions. Les travailleurs n’ont, eux, pas apprécié: les assemblées des affiliés de la CSC et du SLFP (libéral) ont rejeté ce préaccord le 13 août tandis que la CGSP, qui n’avait prévu de consulter ses affiliés que le 7 septembre, annonçait en fin de compte elle aussi son opposition, sans annoncer pour autant d’actions.

    C’est donc la CSC qui a pris la responsabilité du «piquet d’accueil» des administrateurs de Tecteo. «Ces mesures remettent en cause le statut du personnel d’une manière inacceptable», explique Jean-Marie Kaddes, le délégué CSC. «Le mécontentement du personnel est grand, c’est d’autant plus dommage que la CGSP ne s’associe pas à cette action. Pour notre part, l’affaire n’est pas terminée. Même si le Conseil d’Administration vote ce plan, nous poursuivrons les actions, en justice comme sur le terrain, pour empêcher leur application.»

    Colère au piquet

    Parmi les manifestants, on sent en effet que la colère est grande. Un militant explique l’ampleur du recul social que représente ce paquet de mesures. «En moyenne, chaque agent va perdre 4.400 euros brut par an. C’est énorme, cela va faire mal à tout le monde et surtout à ceux qui ont les plus bas salaires. Mais pour la direction, ce sont juste des chiffres d’économie. Le passage de 36 à 38 heures, cela représente 6% de la masse salariale en moins. Les rabotages et suppressions de primes et la modification d’un des échelons salariaux, c’est 2,8 milliards d’euros qui sautent. Tout ce qu’ils ont pu trouver pour raboter, ils l’ont fait, même les trucs les plus mesquins : ils ont rogné sur les primes de participation, sur l’assurance hospitalisation, sur les primes de repas,… Sur les heures supplémentaires aussi : plus moyen de les faire payer, on va être obligés de les prendre en récupération, pas plus d’un jour à la fois et uniquement quand ça arrange la direction. Ils ont même décidé de supprimer les primes versées chaque année aux pensionnés de l’entreprise. Eux, ils vont perdre en moyenne 750 euros net par an.»

    Un autre insiste sur l’arbitraire qui règne de plus en plus dans les décisions «Les examens vont être supprimés. Avant, ils permettaient de constituer une réserve de gens dans laquelle on recrutait quand il fallait accorder une promotion ou remplacer un responsable qui s’en allait. Maintenant, la direction pourra décider seule de qui elle engage et à qui elle donne une promotion».

    Et ces attaques sont encore plus insupportables quand on voit qui les prend : «Stéphane Moreau, lui, il ne compte pas y aller de sa poche.» explique un militant qui entreprend de faire le détail des revenus et des mandats de Monsieur-le-Directeur-de-Tecteo. «Il touche 70.000 euros brut par mois. A lui seul, il gagne autant que la moitié du gouvernement wallon! Il détient 16 mandats, parmi lesquels bourgmestre faisant fonction d’Ans, directeur de Tecteo et de ses filiales (notamment Voo), directeur du Palais des Congrès de Liège, administrateur à l’Association liégeoise du Gaz (ALG), à la Compagnie intercommunale liégeoise de l’Eau (CILE), même chez les pompiers. Plus les divers avantages en nature liés à ces fonctions. Tu peux être sûr que, lui, on ne lui rabote pas ses primes et ses jetons de présence…».

    «Ces gens-là, ils se disent socialistes, mais cela ne veut plus rien dire, ils se comportent exactement comme des patrons du privé», cet avis fait très certainement l’unanimité au piquet.

    Un plan de mobilisation, d’urgence!

    La colère dans le personnel, on pouvait la sentir au piquet. Mais elle s’est aussi manifestée cette nuit-là quand les pneus d’une quarantaine de véhicules de Tecteo garés dans un entrepôt à Sprimont ont été crevés. “Je ne dirais pas que ces personnes ont bien fait de crever ces pneus. Mais je comprends leur désarroi”, a déclaré à juste titre Eric Jehin, président de la délégation syndicale CGSP. “Tous les membres du personnel sont dégoûtés. Ils sont tristes de voir que la direction fait passer, en force, un projet qui a été refusé par les travailleurs”. C’est bien vrai. Mais le désarroi et la tristesse du personnel, il est aussi du au fait que les syndicats ont suspendu les actions menées fin juin et accepté un «préaccord» qui donnait toute satisfaction à la direction. Que la CGSP, qui est largement majoritaire chez Tecteo, ne prévoyait de faire son assemblée d’affiliés que le 7 septembre (soit après le Conseil d’administration qui devait se prononcer sur le préaccord). Et que, si la CSC a déposé ce mardi un «préavis d’action», la CGSP n’a toujours prévu ni mobilisation ni action pour les prochains jours.

    Il est encore possible de bloquer ce plan d’économies inacceptable mais, pour cela, il faut un véritable plan de mobilisation des travailleurs qui aille au-delà des communiqués de presse et des actions symboliques. La meilleure manière de procéder, c’est de frapper la direction de Tecteo au portefeuille, entre autres par de vraies actions de grève. D’appeler à la solidarité les autres travailleurs de la région, parce qu’il est clair que le plan imposé chez Tecteo servira d’exemple pour imposer des mesures semblables dans d’autres intercommunales. Et de dénoncer publiquement ces managers et ces actionnaires qui se prétendent «socialistes» mais qui se comportent comme de vulgaires patrons de privé.

  • Protestations contre la pollution en Chine

    Des centaines de villageois de Shaanxi ont forcé l’entrée de l’usine qui a empoisonné plus de 600 enfants

    Ce lundi 17 août, des protestataires ont pénétré par effraction dans une usine de fonte responsable de centaines d’empoisonnements d’enfants. Selon l’agence de presse d’Etat Xinhua, des camions ont été détruits et les barrières renversées tandis qu’environ 100 policiers étaient envoyés sur place et que le maire de la ville voisine de Baoji a lancé un appel au calme. Dongling Lead and Zinc melting Co, au nord-ouest de la province de Shaanxi, est dénoncée comme source de taux élevés et dangereux de pollution atmosphérique, même par les fonctionnaire officiels. Cette pollution a été désastreuse pour la santé des enfants de la communauté. Le scandale de l’empoisonnement a éclaté la semaine dernière après que des parents inquiets aient emmenés leurs enfants pour effectuer des tests médicaux.

    chinaworker.info

    Toutes les familles affectées vivent près du parc industriel de Changqing, dans la province de Shaanxi. En 2006, les fonctionnaires avaient promis d’aider les villageois vivant tout près à être replacés ailleurs, mais le plan est depuis lors resté au point mort. Les évènements de ce lundi ont survenu après que des recherches aient démontré qu’au moins 615 des 731 enfants qui vivent dans deux villages près de l’usine de fonte ont un niveau de produits toxiques excessif dans leur sang. Jusqu’ici, 166 enfants ont été admis à l’hôpital, le gouvernement local aillant accepté de couvrir les dépenses médicales. Mais pour les parents et les militants des environs, ce n’est pas assez. Le gouvernement n’a payé que les recherches sur les enfants de moins de 14 ans et aucune recherche n’a été effectuée pour vérifier si les adultes étaient eux aussi touchés. Les villageois se plaignent également du fait que les nouvelles maisons mises en vente ne sont pas assez éloignées de l’usine pour empêcher leurs enfants de connaître la même pollution. Les protestations de ce lundi ont été déclenchées par l’annonce d’une tentative de suicide d’un étudiant de 19 ans contaminé, selon l’agence Xinhua.

    Cette manifestation est la deuxième de ce type à faire la une des journaux en peu de temps. Les militants de la ville de Liuyang, dans la province de Hunan, ont eux aussi manifesté en exigeant des compensations suite à des fuites non traitée d’une usine de zinc qui ont tué au moins cinq personnes. Ces mouvements de protestations sont symptomatiques de l’augmentation de l’inquiétude et de l’activisme vis-à-vis de l’environnement, ce qui reflète la terrible situation qui existe particulièrement dans les régions rurales où les «villages de cancer», selon l’expression notoire, ont pris naissance en conséquence de la pollution industrielle massive et non contrôlée.

    Le taux de plomb dans le sang des enfants qui vivent à proximité de l’usine de Dongling est passé de 100 milligrammes à plus de 500 milligrammes par litre, alors que plus de 200 milligrammes est déjà un niveau considéré comme dangereux. Les enfants sont plus vulnérables que des adultes à l’empoisonnement par plomb qui touche le système nerveux. Les rapports font état de niveaux de plomb normaux dans l’eau, le sol et les déchets de l’usine, tandis que la teneur en plomb dans l’air était plus de six fois supérieure au niveau trouvé quelques centaines de mètres plus loin. La fonderie est maintenant fermée.


    Faits sur la pollution en Chine:

    • Selon un rapport D’Oriental Outlook Weekly, 10 millions d’hectares de terres cultivables, soit 10 pour cent de toutes les terres arables du pays, ont été polluées par les eaux usées, les déchets toxiques et d’autres polluants.
    • Approximativement 300 millions de personnes n’ont aucun accès à l’eau potable en Chine. En outre, plus de 700 millions de Chinois boivent de l’eau croupie sous les normes de l’OMS
    • Seul 1% de la population citadine du pays respire de l’air considéré comme sûr par les normes de l’Union européenne. Les maladies liées à la pollution atmosphérique sont la principale cause de décès en Chine
    • Environ 70 pour cent des ordinateurs jetés et du matériel électronique du monde finissent en Chine, où les pièces utilisables sont récupérées tandis que le reste est abandonné en polluant le sol et les eaux souterraines de métaux toxiques.

  • Irak/Iran: NON aux attaques contre les réfugiés iraniens!

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière a publié le texte suivant ce 11 août 2009 et demande que des lettres de protestations soient envoyées aux ambassades irakiennes ainsi qu’au ministre irakien des Droits de l’Homme, Wajdan Mikhail Salam, à: minister@ humanrights.gov.iq

    Socialistworld.net

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière condamne la récente attaque du gouvernement irakien contre le camp de réfugié d’Ashraf, qui comprend des membres de l’opposition iranienne de l’Organisation des Moudjahiddines du peuple iranien (OMPI), dans la province de Diyala. Cette attaque, commise les 28 et 29 juillet, a tué au moins 9 personnes et en a blessé plus de 400, tandis que 38 prisonniers sont toujours détenus par les autorités irakiennes. Depuis lors, un grand nombre d’Iraniens d’Ashraf ont entamé une grève de la faim.

    Nous pensons que cet assaut est un produit à la fois des rivalités entre élites irakiennes concurrentes et de la lutte qui se mène entre différentes puissances pour augmenter leur influence et leur contrôle dans la région. L’armée américaine avait faite, pour ses propres raisons, des ‘promesses’ selon lesquelles les exilés iraniens seraient traités de ‘façon humaine’, mais elle voulait en même temps éviter d’arriver à un conflit frontal avec le gouvernement irakien. Le gouvernement des Etats-Unis tolère les exilés iraniens en Irak en les voyant comme des instruments contre le régime iranien mais, en même temps, essaye d’obtenir un compromis avec Téhéran vis-à-vis de l’Irak et de la région. Tout cela signifie que Washington et le gouvernement Malaki en Irak veulent garder les exilés iraniens sous un contrôle serré.

    Le CIO exige que les assauts perpétrés contre le camp d’Ashraf s’arrêtent et que tous les détenus soient immédiatement libérés. Le CIO réclame internationalement le traitement décent et la libre circulation de tous les exilés et réfugiés qu’ils soient en Irak, au Sri Lanka ou ailleurs. Nous invitons le mouvement ouvrier à soutenir internationalement ces revendications pour en finir avec les attaques contre Ashraf.

    Pour le CIO, cet assaut contre le camp d’Ashraf est encore un exemple qui illustre pourquoi les travailleurs, la jeunesse et les pauvres ne peuvent faire reposer leurs espoirs sur une confiance envers un gouvernement capitaliste ou un organisme international capitaliste. Ce n’est que par la construction d’un mouvement socialiste que les travailleurs et la jeunesse du Moyen-Orient pourra effectivement lutter pour se libérer totalement de l’oppression et de la misère. Cela apporterait apporterait une véritable liberté, non seulement pour les millions de réfugiés dans la région – Iraniens, Palestiniens, Irakiens, Kurdes ou autres – mais aussi pour la classe des travailleurs dans son ensemble.

  • Nous ne sommes rien, soyons tout de Valerio Evangelisti

    La recette de vacances réussies : un polar par semaine (5)

    Valerio Evangelisti fait vivre les luttes des dockers et marins de San Francisco lors de la dépression des années ‘30, en suivant Eddie Lombardo, un petit truand italo-américain piteux qui se met au service des patrons et des bureaucrates syndicaux. Ceux-ci vont l’utiliser sans scrupule contre les communistes et les militants les plus combatifs. Eddie poursuit son ascension dans la bureaucratie syndicale jusqu’aux années ’50, où il essaie encore de se rendre utile dans la chasse aux rouges menée par les maccarthystes. Mais ses maîtres n’hésitent pas à en faire un bouc émissaire lorsqu’il devient trop encombrant.

    Par Jean Peltier

    Depuis la fin du 19e siècle, les Etats-Unis ont connu, plusieurs immenses vagues de grèves ouvrières qui ont mis en jeu des centaines de milliers, voire des millions de travailleurs, suscitant les pires craintes de la grande bourgeoisie. Les Lombardo, des immigrés italiens installés à New York, sont des syndicalistes très combatifs. Sauf Eddie Lombardo, qui ne veut pas ressembler à son père ni à son frère, des dockers, des syndicalistes qui resteront toujours des gagne-petit, des « communistes ». Lui veut réussir à tout prix. D’abord comme proxénète, puis en se servant de ce qu’il connaît bien – ses anciens compagnons, travailleurs sur les quais – pour devenir un informateur appointé du FBI et jouer les mouchards au service du patronat.

    Violent, totalement dépourvu de morale, Eddie – qui se fait appeler Florio pour rompre avec sa famille ” communiste ” – gravit rapidement les échelons de l’International Longshoremen’s Association, organisation du port de New York bien connue pour ménager les intérêts des armateurs plutôt que ceux des dockers. Maître ès chantage et extorsion, aussi doué pour déclencher une grève que pour y mettre fin, il n’hésite jamais à rendre “service” à ses puissants protecteurs mafieux ni à utiliser les femmes pour satisfaire ses pulsions perverses, quitte à s’en débarrasser ensuite le plus cyniquement du monde. Car dans ces milieux corrompus où bonzes syndicaux et dirigeants de compagnies participent aux mêmes partouzes, les ouvriers et les femmes ne sont pas à la fête.

    Peu à peu, Florio est aspiré par la mafia, très implantée dans les syndicats de dockers. Dans l’Amérique de la Grande Dépression des années ‘30, Eddie fait ainsi fortune, rendant service sans états d’âme, tuant ceux qui lui barrent le chemin. Mais avec la guerre, l’Amérique change, et le syndicat du crime avec elle. Eddie a beau avoir passé sa vie à étouffer les “rouges”, le délire maccarthyste au début des années ’50 ne le sert pas. Devenu encombrant, trop voyant du fait de ses mœurs effrayantes, il perd la confiance des parrains. Or dans ce monde-là, mieux vaut ne pas se retrouver seul…

    Avec Nous ne sommes rien, soyons tout, Valerio Evangelisti réalise un polar remarquable sur l’ascension et la chute d’un odieux second couteau de la mafia, renouant avec les grands thèmes du roman noir américain : l’Amérique de la Dépression, du syndicalisme gangrené, des politiciens véreux et des immigrés qui feront le lit du gangstérisme. A sa façon inimitable, il rend également un hommage aux grands précurseurs du roman noir américain, Hammett en tête.

    Mais ce livre est en même temps une extraordinaire fresque qui retrace plusieurs décennies de luttes sociales.

    Le récit est émaillé de grèves dures, où l’on voit à l’œuvre les méthodes des grandes compagnies maritimes qui ne lésinent pas sur les moyens pour lutter contre les militants les plus combatifs. Ces derniers cherchent à organiser leurs camarades et à s’opposer à la volonté patronale d’imposer, par exemple, des augmentations de cadences (le « speed-up »). La répression policière est souvent féroce. Mais la grève, parfois, se généralise, au grand dam de certains syndicats qui pèsent également de tout leur poids (comme c’est souvent le cas de la plus grande confédération syndicale américaine, l’American Federation of Labour, AFL) pour endiguer les colères ouvrières. La violence et parfois le meurtre font partie de leurs méthodes de résolution des conflits !

    Certaines directions syndicales se montrent totalement corrompues. Elles jouent aussi de leur influence sur les travailleurs pour faire monter les enchères patronales et déclenchent parfois des grèves « sauvages » pour rappeler aux armateurs le danger qu’il y aurait à ne pas s’entendre avec elles.

    L’AFL a alors pour ennemi les communistes qui se montrent, dans les années 1930, très combatifs (notamment dans le nouveau syndicat CIO), mais qui seront, pendant la Seconde Guerre mondiale, et sur ordre de Staline, de véritables complices du grand patronat dans la mise en œuvre de l’économie de guerre. Toute grève sera alors interdite et les militants communistes se montreront les plus acharnés à lutter contre les revendications des travailleurs qui voient leurs conditions d’existence se détériorer rapidement.

    Enfin, on découvre encore dans ce livre qu’à l’époque de McCarthy, la lutte contre les communistes (et tous les progressistes en général) se double d’une volonté de débarrasser les ports de la mafia, dont le poids finit par gêner les compagnies. Elles refusent de subir le dictat de cet échelon intermédiaire entre elles et la masse des dockers. Mais l’épuration se limite à quelques têtes… tandis que les communistes feront l’objet d’une chasse systématique.


    Nous ne sommes rien, soyons tout

    de Valerio Evangelisti

    Rivages Thriller, 385 pages, 23 €

    Si vous avez aimé le sujet et l’auteur…

    Valerio Evangelisti est déjà l’auteur d’Anthracite, un roman social traité à la manière d’un western, qui se déroule à l’époque de la révolution industrielle dans les mines de Pennsylvanie et qui montre le rôle du crime dans la naissance de l’Amérique. Anthracite, vient d’être réédité en poche (Rivages Noir, 10 €).

    Si vous voulez en savoir plus sur le sujet…

    Pour résister intelligemment aux assauts de la propagande pro-US sur le « rêve américain » (mais aussi pour en finir avec quelques idées toutes faites et bien fausses sur la classe ouvrière US qui aurait été de tous temps embourgeoisée, apathique et conservatrice), le meilleur antidote est le livre « Une histoire populaire des Etats-Unis, de 1492 à nos jours » de Howard Zinn (Agone, environ 28 EUR). Sur l’histoire du mouvement ouvrier américain, le bouquin de référence en français reste Le mouvement ouvrier américain (1867-1967) de Daniel Guérin (Maspero). Sur la répression anticommuniste, on peut lire les Mémoires d’un rouge de Howard Fast (Rivages Noir, environ 10 EUR), qui est par ailleurs l’auteur de l’inoubliable Spartacus. Et pour avoir une vue marxiste sur l’ensemble des luttes ouvrières, syndicales et politiques des années ’30, la lecture de Histoire du trotskysme américain, 1928-1938 de James Cannon (Pathfinder, environ 20 EUR, disponible au PSL) reste un must.

    Si vous avez aimé l’auteur…

    Valerio Evangelisti, écrivain italien né en 1952 à Bologne, est plus connu des amateurs de science-fiction et de fantastique que de polar, grâce aux « aventures » de l’inquisiteur espagnol Nicolas Eymerich. Celui-ci – qui est par ailleurs un personnage historique authentique, auteur du manuel de référence de l’Inquisition – est l’inquisiteur général d’Aragon au 14e siècle. Proche d’un Sherlock Holmes par le physique et le caractère, mais au service d’une Église qu’il sert avec une rigidité cadavérique (au vu du nombre de victimes brisées par la torture et de morts qu’il laisse derrière lui), obéissant strictement aux règles édictées, il traque les hérétiques de tous poils dans le sud de l’Europe et particulièrement en France. Appréciant peu la compagnie de ses semblables, il est impitoyable pour ses adversaires.

    Mais cet inquisiteur doit faire face à des manifestations troublantes, apparemment surnaturelles. Et c’est là que joue le talent d’Evangelisti. En effet, l’écrivain déroule généralement sa trame en trois récits parallèles (différents lieux, différentes époques – passé avec Eymerich, présent, et futur désastreux – et différents personnages) chacun plein de mystères, qui à l’issue du roman se résolvent les uns les autres à l’aide d’explications scientifiques mêlées de théologie.

    • Nicolas Eymerich, inquisiteur (Payot & Rivage 1998, Pocket, 1999 e 2004).
    • Les Chaînes d’Eymerich (Payot & Rivages 1998, Pocket 1999, 2004 (éd. intégr.)).
    • Le Corps et le sang d’Eymerich (Payot & Rivages 1999, Pocket 2000).
    • Le Mystère de l’inquisiteur Eymerich (Payot & Rivages 1999, Pocket 2001).
    • Cherudek (Payot & Rivages 2000).
    • Picatrix : l’échelle pour l’enfer (Payot & Rivages 2002).

    Une adaptation de la série en bande dessinée existe également, chez Delcour.

    Evangelisti a aussi écrit deux autres cycles, Métal Hurlant et le Roman de Nostradamus (trois volumes chacun) des nouvelles et des romans policiers. Il est aussi correspondant du Monde Diplomatique et président de l’Archive Historique de la Nouvelle Gauche “Marco Pezzi” de Bologne.

  • Anticapitaliste…Oui, et après ?

    C’est un peu normal quand un système se casse la gueule comme le fait le capitalisme aujourd’hui que de plus en plus de gens se disent anticapitalistes. Mais quand on a dit ça, on n’a encore rien dit… Car on n’a rien dit ni sur le contenu de ce qu’on propose de mettre à la place, ni sur les méthodes pour y arriver. C’est déjà un très bon premier pas, reste à voir comment faire les autres, et pour aller où.

    Le monde est dans un état lamentable : crise économique et crise écologique se confondent et nous offrent un avenir très assombri. Pourtant, les choses pourraient être bien différentes. Chacun a bien une petite idée, même très vague, d’une autre société. Qu’elle soit faite de petites communautés fonctionnant sur base de troc ou de grandes villes construites toutes en verre et recourant à tout le potentiel scientifique et technique dans le respect de la nature, ce ne sont pas les idées qui manquent. Maintenant, qu’il y a-t-il réellement derrière ? De quelle façon arriver à une société plus humaine ?

    Le capitalisme est-il dans la nature de l’homme?

    La classe dirigeante aimerait nous faire croire que le capitalisme ou la société de classes sont le résultat inévitable de notre nature humaine. Mais, si la biologie détermine bien certains aspects de notre comportement, la nature humaine n’est pas une chose permanente et invariable tombée du ciel comme par magie. La manière dont nous agissons et dont les relations se construisent entre les hommes ainsi qu’entre eux et le monde qui les entoure n’a rien de fixe : elle évolue en réponse aux conditions matérielles changeantes de la société et de notre relation avec la planète.

    Pendant des millions d’années, les gens ont vécu dans des sociétés nomades et égalitaires de chasseurs-cueilleurs. La nourriture et ce qui était nécessaire à la survie étaient partagés équitablement dans toute la société, parce que la survie de chacun était la condition de la survie de tous. Ce n’est qu’il y a quelques milliers d’années, après la révolution agricole, quand les tribus nomades se sont sédentarisées pour cultiver, qu’un excédent de richesses a pu être dégagé durablement, que la lutte pour le contrôle de ces surplus a commencé et que des classes dirigeantes stables ont pu surgir pour la première fois dans l’histoire.

    Les classes dirigeantes qui se sont succédées depuis lors ont proclamé que c’était «dans la nature humaine» qu’une personne en possède une autre comme esclave, ou qu’il y ait un monarque nommé par Dieu pour diriger au-dessus de tous ou qu’un patron gagne cent fois le salaire de ses ouvriers.

    Tout comme les systèmes esclavagistes et féodaux qui l’ont précédé, le capitalisme, la propriété privée des moyens de production et la course au profit n’ont rien d’éternels. Une autre organisation de la société – le socialisme – reposant sur la propriété collective des grandes entreprises et sur une planification démocratique de la production, est parfaitement possible. En utilisant la technologie moderne pour pourvoir aux besoins de chacun, le socialisme créerait la base matérielle pour que la culture humaine change de la manière la plus fondamentale. Au lieu d’une société qui récompense le plus égoïste et le plus cupide, une société socialiste développerait une nouvelle culture basée sur l’égalité et la justice.

    Les décisions seraient prises démocratiquement et non plus tous les quatre ans comme aujourd’hui en élisant l’un ou l’autre politicien respectueux du pouvoir de la bourgeoisie. Les travailleurs prendraient des décisions eux-mêmes au travers d’assemblées régulières sur leurs lieux de travail et de vie. Les délégués qui y seraient élus à des postes politiques, tout comme les responsables administratifs et économiques, seraient révocables en cours de mandat par ceux qui les ont élus et payés au salaire moyen des personnes qu’ils représentent.

    La semaine de travail serait réduite, le travail disponible partagé avec les chômeurs sans perte de salaire, et les besoins fondamentaux de chacun seraient assurés, ce qui libérerait les femmes et les hommes pour prendre le contrôle de leurs vies et pour poursuivre toutes formes d’efforts créateurs et intellectuels, ouvrant ainsi enfin la porte au potentiel créateur de toute l’humanité.

    Comment y arriver ?

    Chaque grève, chaque mouvement de lutte contient en lui la contestation d’une parcelle du pouvoir capitaliste. Un piquet de grève, par exemple, peut contester au patron le pouvoir de faire entrer qui il veut dans “son” entreprise, de même qu’il remet en question l’idéologie bourgeoise selon laquelle seuls le travail pour un patron et l’acceptation quotidienne de l’exploitation permettent de vivre. Qu’une grève prenne de l’ampleur (d’une grève démarrant dans une entreprise à une grève locale ou nationale, de grèves d’un jour à une grève à durée indéterminée,…) et la force de cette contestation augmente d’autant, jusqu’à poser la question cruciale : qui est le maître à l’usine, dans l’économie et dans l’Etat : les travailleurs ou la bourgeoisie ?

    Et ce qui se développe dans ce processus, ce n’est pas « simplement » la préparation d’un affrontement avec le pouvoir capitaliste ; c’est une nouvelle société qui est, elle aussi, en germe dans ces luttes. Au fur et à mesure que s’approfondit le conflit social, les tâches des comités de grève se développent pour arriver véritablement à une situation de double pouvoir, une situation où à côté de l’Etat bourgeois surgit un embryon de nouvel Etat, basé sur les assemblées de travailleurs et leur action. C’est de la victoire de ce dernier que pourra naître une société enfin débarrassée de l’exploitation et de l’oppression, une société socialiste démocratiquement planifiée et basée sur l’auto-organisation des travailleurs et de la population.


    Oui mais en Russie…

    Les monstrueuses dictatures bureaucratiques en Russie, en Chine, en Europe de l’Est et ailleurs étaient une négation complète du véritable socialisme démocratique. Mais il est crucial que les socialistes d’aujourd’hui étudient l’expérience de la Révolution russe afin d’expliquer les raisons qui expliquent sa dégénérescence bureaucratique, car celle-ci trouve ses racines dans des conditions historiques spécifiques et non dans la nature humaine.

    La Révolution russe de 1917 a été la première où la classe ouvrière a renversé le capitalisme et a commencé à établir une nouvelle société socialiste. L’Union Soviétique des premiers temps était le gouvernement le plus démocratique que le monde ait jamais connu: les ouvriers et les paysans ont exercé le pouvoir démocratiquement par l’intermédiaire des Conseils (c’est-à-dire, en russe, des soviets). C’est le premier Etat au monde à avoir donné aux femmes la totalité des droits légaux, comme le droit de vote et le droit d’avorter. L’Union Soviétique avait aussi légalisé l’homosexualité.

    Lénine et Trotsky, les dirigeants de cette révolution, ont toujours expliqué qu’il était impossible de construire le socialisme dans un seul pays, et plus particulièrement dans les conditions semi-féodales de la Russie de l’époque. Pour eux, la Révolution russe ne pourrait arriver à survivre et à se développer que si elle parvenait à s’étendre aux puissants pays capitalistes d’Europe occidentale.

    Les principales puissances impérialistes ont elles-mêmes compris que la Révolution russe n’était pas une affaire purement locale, mais que le capitalisme était menacé internationalement. Elles ont donc participé à une sanglante guerre civile aux côtés des capitalistes et des propriétaires terriens russes dépossédés par la révolution, afin de renverser le nouveau gouvernement soviétique. Les armées de 21 pays, parmi lesquels les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, ont envahi la Russie pour soutenir la contre-révolution.

    Dans la victoire des révolutionnaires russes au cours de la guerre civile (1918-1921), la vague de révolutions dans toute l’Europe a été décisive. La Révolution en Russie et l’appel des révolutionnaires russes aux travailleurs du monde entier pour qu’ils se soulèvent contre la guerre et le capitalisme a mis le feu aux poudres. Les révolutions en Hongrie et en Allemagne en 1918-19, puis les soulèvements ouvriers à travers l’Europe ont conduit la guerre à sa fin et ont forcé les bourgeoisies à retirer leurs troupes hors de Russie afin d’éviter d’autres bouleversements dans les pays capitalistes.

    Malheureusement, ces révolutions n’ont pas réussi à renverser le capitalisme. A la différence de la Russie, il n’existait aucun parti révolutionnaire de masse disposé à mener les révolutions jusqu’à leur terme. Les partis ouvriers de masse en Europe étaient dominés par des dirigeants réformistes qui ont joué un rôle décisif pour sauver l’économie capitaliste et le pouvoir de la bourgeoisie.

    Ainsi, alors que la jeune république d’Union Soviétique a réussi à défaire la contre-révolution, elle est restée dans l’isolement. La sanglante guerre civile a laissé le pays dans un terrible état de désordre avec des masses épuisées, souvent réduites au chômage et affamées et des Soviets désertés et peu à peu vidés de tout débat et de tout pouvoir politiques. Cela a permis l’accession au pouvoir d’une caste bureaucratique autour de Staline, qui a concentré le pouvoir dans ses mains au cours des années ’20 et ’30, démoli les droits démocratiques que la classe ouvrière russe avait réussi à obtenir et imposé, au nom du socialisme, un pouvoir dictatorial sur les travailleurs et les paysans.

  • Afrique: Élites corrompues, seigneurs de guerres et propriétaires terriens combattus par la classe ouvrière et les pauvres.

    Après une période de croissance économique rapide, l’Afrique a été sévèrement frappée par la crise économique. Le pronostic du FMI pour l’Afrique en 2009 est une croissance économique de 2%. Il s’agit d’un important ralentissement d’un taux de croissance de 5,2% en 2008 et représente une sévère récession dans de nombreux pays africains. En Afrique du Sud, une des plus grande économies et des plus développées du continent, avec 5% de croissance annuelle depuis 2004, est maintenant en recul de 1,8% pour le premier trimestre 2009. l’Angola représente le changement le plus radical, avec un taux de croissance de 14,8% en 2008 et maintenant réduit à -3,6%.

    Par-Ake Westerlund, Rattvisepartiet Socialisterna (CIO – Suède)

    La crise a plongé les États à travers le continent, après quelques années de surplus, à une augmentation rapide du déficit du compte courant et du du budget de l’État. Le changement dans la situation économique, avec une récession dans la production économique a intensifié les attaques sur les emplois. Dans le secteur minier, 360 000 emplois ont été perdus en République Démocratique du Congo. Dans le premier trimestre 2009, 25 000 mineurs ont perdu leur emploi en Afrique du Sud. Des luttes éclatent dans les ports, comme les dockers en Algérie, au Ghana et en Cote d’Ivoire qui se battent pour leurs emplois et leurs conditions. Des mouvements de chômeurs commencent à s’organiser notamment en Namibie et en RD Congo.

    C’est un massacre pour les emplois dans le secteur public puisque le gouvernement fait des coupes dans une tentative désespérée dans les dépenses et augmentent les privatisations.

    La récente visite d’Obama au Ghana visait à présenter un tableau optimiste de l’avenir du pays qui a nouvellement découvert la richesse pétrolière et la stabilité politique. Ce point de vue n’est pas partagé par les travailleurs et les jeunes, qui ont récemment manifesté contre le gel du recrutement dans le secteur public.

    Les travailleurs du secteur public, dont les infirmière namibiennes, les enseignants au Gabon, les travailleurs des soins de santé en Afrique du Sud, et les académiques universitaires au Nigeria ont pris des action de grève contre les attaques sur les salaires et les conditions, les privatisations et les pertes d’emploi.

    Arrogance, mentalité coloniale

    Les contributions à la discussion sur l’Afrique ont mis en avant la nécessité de mettre derrière soi la mentalité coloniale et l’arrogance des média capitalistes, qui présentent l’Afrique comme un panier sans espoir avec des problèmes auto-infligés. Les conditions auxquelles font face la plupart des pauvres et de la classe ouvrière du continent sont barbares; le capitalisme est incapable de pousser la société en avant et de fournir un niveau décent de vie pour la majorité.

    Dans des économiques comme celle du Nigeria, la société recule. Les routes de Lagos sont diminuées pendant la saison des pluie apportant le chaos du trafic comme elles ne sont pas maintenues. Les fonctionnaires dans les État fédérés n’ont pas vu leur salaire payé depuis plusieurs mois et les rapports des syndicats indiquent que 50 travailleurs sont morts de faim.

    La crise du SIDA est catastrophique pour l’Afrique, avec 40% de la population adulte du Botswana infectée et 1000 personnes mourant chaque jour en Afrique du Sud. La crise climatique cause famine, inondations et déplacements de millions de gens. La rareté de l’eau, du carburant, de la nourriture et d’autres besoins basiques conduisent aux tensions entre communautés.

    La situations désespérée conduit beaucoup à chercher une sortie individuelle au cauchemar de l’existence. L’année dernière, 67 000 migrants « illégaux » ont traversé d’Afrique vers l’Europe à travers la Méditerranée.

    Dans des pays comme la Somalie, le Soudan, la RD Congo, les groupes armés et les milices remplissent le vide politique. Beaucoup de ces groupes sont supportés par des gouvernements corrompus ou reflètent le soutien pour le fondamentalisme religieux. Les forces capitalistes utilisent ces conflits comme une opportunité pour exploiter les ressources naturelles et vendre des armes. Les groupes armés misent sur le chômage, la frustration et le désespoir des jeunes, augmentés par les tensions ethniques et religieuses.

    La force du mouvement ouvrier varie d’un pays à l’autre mais l’assaut des patrons, des élites politiques corrompues, des seigneurs de guerre et des propriétaires terriers soutenus par les puissances capitalistes et les multinationales, est combattu par la classe ouvrière et les pauvres.

    Grève de 70 000 ouvriers de la construction en Afrique du Sud.

    En Afrique du Sud, qui a une riche tradition de lutte ouvrière, commence la riposte. La semaine dernière (par rapport au 13/07/09, NDT), 70 000 ouvriers de la construction travaillant sur les stades de la prochaine Coupe du Monde sont partis en grève revendiquant une augmentation de 13% de leur salaire. La presse mondiale s’est focalisée sur le danger que la construction pourrait ne pas être terminée pour la proche Coupe du Monde.

    L’Afrique a longtemps été le champ de bataille des puissances concurrentes comme la France, les États-Unis, la Grande Bretagne et anciennement l’Union soviétique. La Chine cherche désormais a augmenter son influence, étant dépendante à hauteur de 33% pour son approvisionnement en pétrole. La Chine est vue par certains comme un partenaire amical, vu son investissement dans les infrastructures, la ré-ouverture des usines et des mines et la construction de palais pour les gouvernements en échange de contrats lucratifs et de l’accès à la terre. Toutefois, pour les masses, elle sera considérée comme une puissance d’exploitation, comme l’ont montré les attaques contre les fonctionnaires chinois et les manifestations contre les patrons.

    Alex Rouillard de la Gauche Révolutionnaire (CIO en France), résumait la discussion, mettant en avant la nécessité d’apprendre des échecs et des erreurs des partis communistes staliniens et des mouvements de libération nationale qui ont été incapables de renverser l’impérialisme et le capitalisme dans la région et dont les leaders, un fois au pouvoir, sont devenus des marionnettes des puissances principales. Cela a été vu avec la direction de l’ANC (African National Congress, parti de Nelson Mandela, Tabo Mbeki, etc.) en Afrique du Sud qui a conduit les politiques néo-libérales et s’est enrichie sur le dos du combat contre l’apartheid. Alex a aussi pointé l’échec des méthodes de guérilla au Congo et dans les autres pays africains.

    Il y a la nécessité de construire des organisation de masses, des syndicats et des partis politiques qui sont capables de mener des combats unifiés des travailleurs et des pauvres contre le capitalisme et l’impérialisme. Cette tâche est embrassée par les sections du CIO au Nigeria et en Afrique du Sud. Au Nigeria, le Democratic Socialist Movement (Mouvement Socialiste Démocratique) pousse les dirigeants des syndicats à décider des actions contre le gouvernement et le patronat. Malgré une série de grèves générales depuis 2000, qui ont mobilisées les masses, les dirigeants syndicaux sont réticents à défier le capitalisme. Les camarades du DSM jouent un rôle dirigeant dans la Education Rights Campaign (Campagne des Droits de l’Enseignement), qui a été l’épine dorsale des étudiants pour les actions de solidarité, les grèves dans les universités conduisant à l’arrestation de militants CIO. Le CIO a pour but de renforcer ses forces de tout le continent africain en se livrant à toutes les luttes des travailleurs, des pauvres et des jeunes.

  • Guerre en Afghanistan, armes en Libye,… Une Belgique «éthique» ?

    Récemment, un groupe de militaires belges chargés de former l’armée régulière afghane a été pris en embuscade aux alentours de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan. L’incident n’a fait aucune victime du côté belge, tandis qu’un soldat afghan a payé de sa vie cet affrontement éclair (une heure de combat). Si cet événement n’a donc pas de conséquences directe pour nos soldats, il soulève une nouvelle fois la question de la présence militaire belge en Afghanistan.

    Par Damien (Liège)

    L’intervention occidentale, à laquelle la Belgique a pris part, était motivée par la volonté de balayer les talibans du pouvoir et d’aider à la reconstruction du pays selon des valeurs plus démocratiques. Si les talibans ont effectivement été repoussés du pouvoir, on constate actuellement une nouvelle poussée d’extrémisme, qui se marque par une augmentation significative des actions talibans. Quand à la reconstruction, elle n’en est nulle part, les forces “libératrices” sont embourbées, sans soutien de masse dans la population.

    Les 70.000 soldats étrangers présents, qui vont bientôt être rejoints par 21.000 soldats américains, ne sont parvenus à rien. La drogue est devenue une gigantesque source de revenu dans ce pays détruit : la seule province d’Helmand représente plus de 90% de la production mondiale d’opium…

    Toutefois, aucun de ces points n’est soulevé par l’opposition dans notre pays. Nos politiciens cherchent avant tout à protéger nos soldats… mais assurément pas à dénoncer quoi que ce soit au niveau des résultats et des conséquences de cette guerre.

    De même, la vente d’armes de la FN à la Libye n’a pas suscité beaucoup de vagues. Il faut dire que Rudy Dette a rendu publique cette décision le 8 juin, au lendemain des élections, les médias étant attirés par tout autre chose.

    Certains politiciens (Ecolo) y voient – avec raison – un soutien à un régime autoritaire… Mais cette question hautement éthique n’aurait assurément pas été soulevée si la transaction avait eu lieu avec un quelconque pays “civilisé”. A croire que ces derniers ont découvert une autre utilisation de l’armement, plus… pacifique ? Les Etats-Unis font-ils meilleur usage de leurs armes? Ou la police mexicaine?

    Il semble que personne n’ait envisagé de cesser la vente d’armes au profit d’une reconversion de la FN permettant d’assurer l’emploi de tous les travailleurs de l’entreprise. Par le passé, la FN a produit des motos, des pièces pour trolleybus, etc. Bref, il est évident que la technologie actuellement focalisée autour de l’armement pourrait être employée à quelque chose qui bénéficierait au social et à la collectivité.

    Nous pouvons comprendre la méfiance des travailleurs face à des “reconversions” qui liquident l’emploi et rognent sur les salaires et les conditions de travail. C’est pourquoi une véritable reconversion doit se faire sous le contrôle des travailleurs.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop