Poursuivons la lutte avec un plan d’action crescendo !
L’actuel mouvement dans l’enseignement francophone est l’expression d’un mal-être profond, qui se traduit par la plus forte mobilisation du secteur depuis les années 90. Les problèmes ne sont d’ailleurs pas différents dans l’enseignement flamand, où l’on estime la pénurie d’enseignant.e.s à 10.000 temps pleins. Là aussi, le manque de moyens perturbe le programme d’études et met en péril la qualité de l’enseignement. Si tous les métiers du secteur entraient en lutte ensemble par-delà les frontières communautaires, nous n’en serions que plus renforcé.e.s !
De l’argent, il en faut… Rien que pour la rénovation ou la construction d’infrastructures décentes, la facture est estimée à 8 milliards d’euros et l’aide prévue ne sera qu’un à deux milliards. Et c’est sans parler de nos autres revendications, qui impliquent toutes un refinancement massif:
Un refinancement public massif du secteur afin d’avoir un enseignement réellement gratuit et de qualité!
L’abandon immédiat du dispositif d’évaluation des personnels qui vise à licencier plus facilement!
Le retrait immédiat de toutes les réformes managériales qui mettent en concurrence les écoles entre elles et ajoutent des tâches de plus en plus importantes sur le dos des enseignants!
Un enseignement de qualité dans un environnement sain: 15 élèves maximum par classe!
L’engagement massif de personnel!
Tout augmente, mais nos salaires ne suivent pas! Alignement des barèmes les plus faibles sur les barèmes les plus élevés et fin des contrats précaires!
Des infrastructures de qualité et salubres: pour la construction de nouvelles écoles et la rénovation des écoles existantes!
De l’argent, il y en a !
La dette de la FWB est élevée? C’est une dette dont nous ne sommes pas responsables, remboursée aux spéculateurs. Financer l’enseignement à hauteur de ce qui est nécessaire est possible, pour autant que nous allions chercher les fonds là où ils sont: pour exemple, le bénéfice net de BNP Paribas a progressé de 7,5% en 2022 pour atteindre le niveau record 10,2 milliards d’euros! Les dividendes aux actionnaires devraient croître de plus de 12 % pendant quatre ans!
Nous comprenons l’importance d’une taxe sur les millionnaires, mais nous devons être conscients du risque de fuite des capitaux. Cette mesure n’est donc pas suffisante! Pour financer nos écoles structurellement, luttons pour la nationalisation de tout le secteur financier, ce qui permettra de mobiliser les moyens nécessaires au financement de nos services publics, sous gestion et contrôle du personnel, des syndicats et de la collectivité. Cela exige l’implication active de la classe travailleuse à chaque étape dans le cadre d’une planification rationnelle et écologique de l’économie. C’est pourquoi il faut absolument changer de système: luttons pour une société socialiste démocratique!
Le piquet était déjà bien fourni et (très) dynamique ce matin, peu après 7h, quand nous arrivons aux portes de la crèche publique de Herstal. Pas mal de crèches de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont été touchées par des actions de grève et des arrêts de travail ce mercredi 26 avril. Partout, c’est le même constat : un métier qui pour beaucoup est avant tout une vocation devient méconnaissable. Les gens craquent face au manque de moyen et de collègues.
Une telle mobilisation du secteur de la petite enfance est inédite et, en région liégeoise, elle se situe dans le prolongement de la mémorable grève des services publics du vendredi 10 mars. Les crèches publiques y avaient alors été fermées durant toute la semaine ! De mémoire de puéricultrice, on n’avait jamais vu ça.
C’est ce que souligne Huberte, qui a derrière elle 40 ans de carrière dans le secteur. « La charge est de plus en plus lourde, ça fait longtemps que les choses empirent. Mais il faut se rendre compte que le personnel est prisonnier d’une sorte de chantage affectif : on doit tout accepter « pour le bien-être des enfants, des familles ». Et on se laisse prendre au jeu. Alors on tire sur la corde. Et on se retrouve à gérer une multitude de fonctions sans les moyens qui vont avec. On ne peut tout simplement pas réaliser tout ce qu’on nous demande. » Suzanne, technicienne de surface solidaire résume les choses ainsi : « On devrait être des pieuvres, avoir 8 bras et aller partout. Plus on avance, plus on nous demande. Il faut alléger la charge de travail. » Une puéricultrice dénonce : « On a déjà des jeunes qui ont des problèmes de dos, c’est impossible de tenir. » Et quand quelqu’un tombe en arrêt maladie, le personnel manque encore plus. Un cercle vicieux.
Pour Valérie, déléguée FGTB, la pandémie a constitué un véritable point tournant. « Le covid a illustré tous les manquement, la mobilisation vient aussi de là. D’ailleurs, on a été parmi les premières à coudre des masques en tissu. » L’entrée en action collective s’est inscrite logiquement dans la foulée de cette initiative solidaire.
Un métier essentiel
Quasiment toutes les puéricultrices en grève avec lesquelles nous avons discuté parlent du manque de reconnaissance du métier. Huberte développe un exemple concret : « On doit gérer un goûter. Si un ou une veut aller aux toilettes, on doit délaisser tout le groupe d’enfants et si un parent arrive, on doit s’en occuper aussi. On est dans l’éclatement permanent des tâches, toute la journée. C’est stressant, et viennent encore s’ajouter les pleurs et l’activité des enfants. C’est un métier très lourd qui est fort méconnu. »
Mais l’essentiel de la reconnaissance bien entendu doit venir des autorités : « On veut plus de reconnaissance de manière globale. On n’écoute pas assez les gens de terrain. Quand l’ONE ou la FWB débarquent, c’est pour discuter avec la direction. Qu’ils viennent gérer 9 enfants en étant seul, on verra bien sur quelle base on discute après ! » Car si l’actuelle norme d’encadrement dans les crèches est d’une personne pour 7 enfants, il est question de passer à un ratio de 1 pour 9. Sur le piquet, les avis sont unanimes, c’est tout simplement se moquer du personnel et des enfants. « On est un service public, pas un asservissement public », synthétise Huberte.
Luttons tous ensemble !
Antonia, jeune militante syndicale fraichement devenue déléguée souligne aussi les pensions et l’absence de solutions pour aménager les fins de carrière. On pense de suite à la France et au combat contre la réforme des retraites qui a été capable d’attirer dans la lutte de larges couches de la société. « On ne sait pas s’ils vont gagner, mais on devrait faire comme là. » Sa camarade Valérie renchérit : « Lors des formations syndicales de la FAR (Form’action André Renard, centre de formation liégeois de la FGTB, NDLR), on échange avec les autres délégués, on se rend bien compte que le manque de moyens, il est partout. » D’ailleurs, comme pour souligner le potentiel d’une lutte commune, les CPAS étaient en action hier, la petite enfance aujourd’hui et l’enseignement francophone demain. Les points communs ? Le manque de moyens, le manque de collègue et la surcharge de travail.
Il nous faudrait un bon plan d’action discuté à la base pour regrouper les différentes initiatives et leur donner une perspective de victoire. C’est vrai, les échéances électorales de 2024 approchent, et certains peuvent avoir l’impression qu’il faut attendre ce que les urnes vont donner. Mais simplement attendre sans rien faire serait une erreur : la meilleure manière d’imposer nos inquiétudes et nos revendications au centre du débat public, c’est une action collective audacieuse, avec des revendications claires, pour construire le rapport de force capable d’aller chercher l’argent là où il est.
Qu’est-ce qu’une grève « sauvage » ? Il s’agit d’une grève qui n’a pas été déclenchée par un syndicat. Il peut également s’agir d’une grève qui rompt la paix sociale résultant d’une convention collective. Ou une combinaison des deux, bien sûr.
Basé sur un article de Per Olsson, de Rättvisepartiet Socialisterna (Suède)
La paix sociale enchaîne surtout les travailleurs
La loi interdit aux syndicats et aux employeurs de prendre des mesures tant qu’un accord est en vigueur. Mais cela n’a jamais empêché ces derniers de détériorer les conditions alors que les syndicats étaient liés par la paix sociale, d’attaquer les travailleurs en lutte (comme les éboueurs de Stockholm en 2017), voire de violer purement et simplement un accord.
Les « sauvages », ce sont la MTR et ses partisans politiques
À plusieurs reprises, la MTR a préféré enfreindre la loi plutôt que de négocier et a pris pour argent comptant les amendes qui en ont découlé.
Le Seko Pendelklubbens a demandé des consultations des dizaines de fois au cours du premier semestre 2022 sur un large éventail de questions : des dossiers individuels des membres aux violations de la convention collective.
Après que la MTR, le SL et les politiciens régionaux aient commencé à supprimer les accompagnateurs de train, il ne restait plus que l’arme de la grève. Mais le droit de grève s’est érodé et a été affaibli au fil des ans, avec le soutien des dirigeants syndicaux.
Il n’y a donc pas eu de revendication du jour au lendemain de la part des conducteurs de train. Si quelqu’un doit être qualifié de « sauvage », c’est bien la MTR et les politiciens locaux qui s’attaquent aux conditions de travail, aux services, à la sécurité et à l’emploi des conducteurs de train pour augmenter leurs profits.
Les employeurs « sauvages » de Svensk Näringsliv (SN) – la FEB suédoise – ont avant-hier, par la voix de leur vice-président Mattias Dahl, qualifié la grève des conducteurs de train de « sabotage ». Alors que c’est la classe qu’il représente, avec la MTR à sa tête, qui sabote le service des trains de banlieue en augmentant ses profits au détriment des travailleurs et des voyageurs.
C’est contre ce sabotage que les conducteurs de train font grève, avec un soutien massif de la population.
Reconquérir le droit de grève en l’utilisant
C’est par la grève que le droit de grève peut être reconquis. C’est également avec cette arme que les travailleurs ont initialement imposé le droit de s’organiser et de conclure des conventions collectives.
Un exemple récent est la victoire historique du Hamnarbetarförbundet, qui a obtenu le droit de conclure ses propres conventions en 2019 après une longue lutte et de multiples grèves.
L’arme de la grève est l’outil le plus efficace dont dispose la classe ouvrière pour arrêter l’ensemble de l’économie et frapper les capitalistes dans leurs profits. Elle montre qui fait fonctionner la société, produit de la valeur et détient réellement le pouvoir.
C’est la vague de grèves dites sauvages des années 1970 qui a renforcé les syndicats, déplacé le débat social vers la gauche et conduit à une nouvelle législation sur le droit du travail et à la loi sur les conditions de travail. Il n’en a pas été autrement en Belgique.
Érosion du droit de grève
Dès le début, les employeurs ont tenté de prendre des mesures de rétorsion à l’encontre de cette législation du travail, tout en se félicitant des dispositions anti-grève qu’elle contenait. En fait, ces dispositions étaient spécifiquement dirigées contre les syndicats en grève.
Selon la loi, un syndicat ne peut exprimer son soutien à une grève « sauvage » et doit contribuer à mettre fin à la grève, ce que les dirigeants syndicaux ont utilisé comme excuse pour se joindre aux employeurs afin d’attaquer non seulement les grèves, mais aussi leurs revendications.
Des syndicats démocratiques et combatifs, une nécessité
Le fait que le pouvoir au sein des syndicats soit passé à un groupe de plus en plus restreint de représentants élus et de travailleurs ayant peu ou pas confiance dans la lutte et dans leurs propres membres – qui, en 2018 et 2019, semblaient même prêts à coécrire une nouvelle loi anti-grève – souligne l’importance d’une révolte de la base syndicale en faveur de syndicats de lutte démocratiques dotés d’une nouvelle direction et d’une nouvelle politique.
Cette législation est hostile au monde du travail et est à la botte d’une classe sociale qui n’est pas la nôtre. Ces lois signifient qu’une grève « sauvage » doit être organisée en dehors du syndicat ET par la base.
Les syndicalistes du côté des travailleurs ne peuvent donc pas exprimer leur soutien et participer à la grève, même s’ils sont du côté des membres et soutiennent les revendications.
Les participants à une grève « sauvage » peuvent se voir infliger une amende si les employeurs portent la grève devant le tribunal du travail, voire être licenciés s’ils maintiennent leur position après une interdiction de grève prononcée par le tribunal. Mais la solidarité et le soutien aux grévistes font que les employeurs osent rarement aller plus loin que la menace de licenciement. À propos, la MTR réclame une amende de 6 000 couronnes, soit 528 euros, par gréviste. L’entreprise est décidément très remontée contre les grévistes, car le montant habituel est deux fois moins élevé.
Matérialiser la solidarité
La solidarité active avec les grévistes est une ligne de défense contre la répression à laquelle les travailleurs qui utilisent l’arme de la grève continuent de faire face. En ce sens, l’appel lancé cet après-midi par le comité de grève pour que la grève de 72 heures de ce soir (qui se termine à 23h59 comme prévu) se termine par une large manifestation de solidarité est une bonne chose.
Quelle sera la suite ?
Le Seko ferait bien de tenir compte du soutien massif à cette grève et d’annoncer une grève pendant les négociations actuelles de la convention collective pour le maintien des accompagnateurs de train. Ainsi, la grève pourra commencer immédiatement après l’expiration de la convention collective actuelle, le 30 avril, et les syndicats ne seront plus liés par l’interdiction légale de grève.
Hier, 2.500 militant.e.s et travailleur.euse.s du secteur de la distribution s’étaient rassemblé.e.s pour défendre leurs conditions de travail et de salaire. La lutte contre la franchisation chez Delhaize était bien sûr au centre des préoccupations, mais le mécontentement dans le secteur est bien plus large que ça. La charge de travail devient partout insupportable, comme chez Lidl où la grève a frappé différents magasins, et la dégradation des conditions de salaire et de travail du personnel est généralisée. Soyons d’ailleurs clairs à ce sujet, si jamais la franchisation passe chez Delhaize, la dégringolade de ces conditions sera encore plus marquée non seulement dans le secteur de la distribution, mais également au-delà.
L’opposition des syndicats et du personnel dure depuis près de sept semaines, ce qui en fait déjà une lutte historique. Mais l’extension du conflit pour stopper le plan de la direction reste une urgente nécessité. Accepter la franchisation, n’arrêtera pas la spirale infernale, cela ne fera que l’encourager. La lutte doit s’intensifier. Le 7 avril, une manifestation locale à Liège à l’initiative de la CSC avait illustré le potentiel qui existe pour élargir la lutte et transformer en action la large solidarité présente dans la société.
Hier, le rassemblement gare du Midi à Bruxelles est devenu manifestation, avec une atmosphère très combative. Tout au long du parcours, les manifestant.e.s ont reçu des marques de soutien des fenêtres et des trottoirs. Cette manifestation spontanée était tirée par des militant.e.s de la CNE. On y trouvait également quelques militant.e.s rouges, notamment de la CGSP-ALR à Bruxelles et de syndicalistes SETCa des magasins Albert Heijn.
La manifestation s’est dirigée vers les bureaux de la FEB, l’organisation patronale belge. Les attaques que subissent les travailleur.euse.s de Delhaize font en effet partie d’une offensive généralisée pour plus de flexibilité et des salaires (encore) plus bas. Le modèle de société qui se cache derrière ce projet, c’est un monde où un seul job est insuffisant pour s’en sortir et où jongler avec plusieurs emplois précaires et mal payé devient la norme.
A la FEB, la police a arrêté des manifestants et a même utilisé des gaz lacrymogènes, sans lésiner sur les efforts pour défendre les intérêts des actionnaires d’Ahold-Delhaize. Les patrons aiment se plaindre lorsque des grévistes bloquent un magasin ou un dépôt, mais ils n’ont aucun souci à eux-mêmes organiser le blocage de leurs locaux par la police fédérale pour harceler si c’est pour harceler des activistes syndicaux.
Cette mobilisation combative a démontré qu’il existe une volonté de poursuivre la lutte et de l’intensifier. Imaginons ce que donnerait une grève de l’ensemble du secteur de la distribution couplée à des manifestations locales !
Concernant les revendications, il faut coupler l’exigence du retrait pur et simple du plan de franchisation de la direction de Delhaize à la défense de meilleures conditions de travail et de salaire pour l’ensemble du secteur. Le personnel de ces magasins était considéré comme essentiel au plus fort de la pandémie et a bénéficié du respect général de la population et de ses applaudissements. Mais les directions des différentes enseignes n’ont pas économisé leurs gifles par le biais de restructurations qui ont plombé les salaires et augmenté la flexibilité et la charge de travail. La colère dit être consolidée par une stratégie dont l’objectif est de complètement stopper cette logique, avec l’ensemble du secteur et de la société.
Communiqué signé par : Union Syndicale Étudiante (USE), CNE Commerce, CGSP ALR Bruxelles, FGTB Bruxelles, FGTB Wallonne, Jeunes CSC Bruxelles, Gauches Anticapitaliste, Parti Socialiste de Lutte (PSL)
Après une quarantaine de jours de grève chez Delhaize et en vue des négociations dans le secteur du commerce de détail, les syndicats ont organisé une action devant le SPF emploi rassemblant plus de 2500 travailleur-ses pour s’opposer au dumping social entre les travailleur-ses des magasins intégrés et celles et ceux des magasins franchisés.
A la fin du rassemblement, les travailleur-ses, sont partis en manifestation spontanée vers les bureaux de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB). Là-bas, la police protégeait le patronat belge et attaquait les travailleur-ses à coup de gaz au poivre, de matraques et de boucliers.
Après la manifestation, alors qu’une majorité des participant-es étaient déjà partis, et que les dernier-es étaient sur le départ, la police a attaqué, sans prévenir et pour aucune raison apparente, plusieurs manifestant-es qui rentraient chez eux. Deux d’entre eux, un militant de l’Union Syndicale Étudiante et des Jeunes FGTB et un militant des Jeunes Anticapitalistes, ont été plaqués à terre et violemment arrêtés. L’un d’eux est encore en arrestation judiciaire et accusé d’avoir frappé un policier. Selon les images diffusées dans les médias et les informations que nous avons, cela est totalement faux.
Ce n’est pas la première fois que l’Etat – à travers la police ou la justice – réprime l’action syndicale ; et les violences policières et antisyndicales contre le mouvement social deviennent une réalité courante. Rien que ces dernières semaines, la direction de Delhaize a fait appel de nombreuses fois à la police et aux huissiers pour briser les piquets de grève et les blocages. Ce climat de répression et de criminalisation des mouvements sociaux est tout à fait interpellant. Nous ne pouvons tolérer de tels agissements alors que les travailleur-ses luttent contre la dégradation de leurs conditions de travail.
Nous demandons la libération immédiate du dernier camarade arrêté et l’annulation des poursuites à son encontre.
Contact presse: Matthis D. (USE): +32494642845 ou info@use.be
Ce jeudi 6 avril était une nouvelle journée de mobilisation en France contre la réforme des retraites de Macron. C’est connu, le personnel des raffineries est particulièrement engagé dans ce combat qui dépasse largement le simple cadre de cette réforme antisociale et est devenu le plus important mouvement social dans le pays depuis Mai ’68. Le gouvernement français, tout comme c’était déjà le cas à l’automne dernier, tente par tous les moyens de briser la grève des raffineurs pour éviter les pénuries, y compris par la réquisition de personnel. Mais il est aussi question aujourd’hui de l’approvisionnement des stations-essence avec du carburant venus d’ailleurs, notamment de Belgique.
La FGTB a donc décidé de bloquer un dépôt Total à Anvers car le syndicat n’accepte pas ces “tactiques de briseurs de grève et de concurrence déloyale en approvisionnant le marché français à partir de la Belgique. Ce qui n’arrive jamais d’habitude.”
« Comme annoncé, nous avons dressé un piquet de solidarité au dépôt pétrolier de TotalEnergies à #Anvers sur le coup de 6h du matin. Notre objectif est d’empêcher la multinationale de livrer du carburant vers la #France où les raffineurs sont en grève depuis plusieurs semaines contre la réforme des retraites. Aucun camion ne circule alors qu’ils sont généralement au nombre de 200 par jour. Les travailleurs belges ne veulent pas être utilisés comme briseurs de grève !. » Une délégation du syndicat français CGT était également présente.
Il s’agit d’une très importante action de solidarité de classe par-delà les frontières et d’une méthode concrète d’assister l’important combat des grévistes en France. Soyons clairs : une victoire arrachée là-bas serait aussi une victoire ici !
Malgré un bénéfice record de 2,5 milliards d’euros, Ahold Delhaize – qui ferait mieux de s’appeler Holdup-Delhaize – s’attaque à ses travailleurs et travailleuses pour encore augmenter ses profits d’un milliard d’euros. Par le biais de la franchisation, Delhaize veut se débarrasser de 9.000 employés. Cela représente 13% des 70.000 personnes employées dans la distribution alimentaire.
Par Wouter (Gand), article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste
Le prétexte est de gagner plus rapidement une meilleure part de marché. Le résultat escompté n’est pas du tout certain: 25 % des magasins franchisés sont aujourd’hui en difficulté. Il y a tout simplement trop de concurrence entre magasins en Belgique. L’an dernier, 75 supermarchés ont été créés.
Ces chaînes négligent les salaires de leurs travailleurs pour se battre contre leurs concurrents. La croissance de l’une se fait au détriment d’une autre. C’est très clairement néfaste au personnel mais ceux qui osent dire que c’est à l’avantage des clients ne sont certainement pas allés faire des courses par eux-mêmes depuis longtemps. En un an, le prix d’un caddie de supermarché a augmenté de près de 20%.
Conditions de travail et de salaire plombées
L’arrivée récente des magasins Albert Heijn et Jumbo a accéléré la course vers le bas. Ces chaînes ne paient par exemple aucune prime pour le travail du dimanche. Cela fait pression sur les autres chaînes. Makro a déjà fait faillite. Ailleurs, les conditions de travail et les salaires sont sous pression. Si les plans de Delhaize et d’Intermarché passent, la seule question sera de savoir qui sera le suivant.
Les magasins franchisés exercent une pression sur les conditions de travail et les salaires parce qu’ils relèvent d’une sous-commission différente. Bien sûr, il existe des magasins franchisés où les conditions sont acceptables, mais les conditions de base sont bien pires: des grilles salariales jusqu’à 25 % inférieures, pas de compensation obligatoire pour les trajets domicile-travail, pas de salaire supplémentaire le dimanche et les jours fériés, pas de chèques-repas… Les syndicats n’auraient jamais dû accepter la création d’une sous-commission pour les magasins franchisés en 1999. Le combat d’aujourd’hui est compliqué par la défaite d’alors.
Les 25 dernières années ont été marquées par une vague de franchisations. On présente les franchises comme de petits opérateurs indépendants, mais c’est souvent loin d’être le cas. Sur les 50 magasins franchisés Albert Heijn, 35 sont exploités par de grandes entreprises. Peeters-Govers, par exemple, exploite 14 magasins de ce type. Non, il ne s’agit pas d’un ancrage local. Il s’agit d’une attaque orchestrée contre les conditions de travail !
Chez Albert Heijn, les « frais de personnel » sont moins élevés. Comment est-ce possible ? Koen Roosen, secrétaire de la CSC, expliquait dans Het Nieuwsblad : « Ils paient le minimum. Ils ne donnent pas d’extras. Les travailleurs ne sont là que depuis une dizaine d’années, ils ont donc beaucoup moins d’ancienneté. Ils travaillent beaucoup avec des intérimaires, des étudiants et des contrats à temps partiel. 30 % de leurs employés sont des intérimaires. Dans les magasins des autres chaînes, ce n’est guère le cas. La politique salariale d’Albert Heijn entraîne un taux de rotation élevé, mais ils n’en ont rien à faire. Dans certains magasins, la terreur règne, personne n’ose bouger. »
D’une manière générale une politique est consciemment mise en œuvre pour créer une société où au moins deux emplois sont nécessaires pour tenir le coup. C’est déjà le cas aujourd’hui avec la prolifération des emplois flexibles. De nombreux travailleurs d’autres secteurs à bas salaires acceptent un emploi flexible dans la distribution. Il en va de même pour les étudiants obligés de travailler pour payer leurs études. Dans certains supermarchés néerlandais, il n’y a pratiquement plus que des étudiants qui travaillent, y compris des jeunes de 16 ans qui gagnent à peine 6 euros de l’heure. Bref, la porte est ouverte pour augmenter radicalement le nombre de travailleurs pauvres et aboutir à une société où un seul emploi ne suffit plus.
Le secteur de la distribution est connu depuis longtemps pour ses bas salaires. Les travailleurs du secteur étaient en première ligne pendant la pandémie et reconnus comme essentiels. Aujourd’hui, ils sont bradés. Le contraste est saisissant avec ce que les émoluments que la direction s’accorde. Le PDG d’Ahold-Delhaize a vu sa rémunération annuelle passer à 6,5 millions d’euros. Les propriétaires d’Aldi et de Lidl figurent parmi les dix Européens les plus riches.
Cette bataille nous concerne tous et toutes
Si le personnel de Delhaize perd ce combat, d’autres suivront. Pourquoi Colruyt, Aldi ou Lidl devraient-ils continuer à payer des salaires plus élevés ou rester fermés le dimanche ? Une fois cette nouvelle norme établie, d’autres secteurs suivront. Si un secteur peut imposer une flexibilité maximale, pourquoi s’en priver ailleurs ? La bataille chez Delhaize concerne tout le monde.
Par le biais de la franchisation, les syndicats sont écartés car chaque magasin est censé être une entreprise distincte. Bien entendu, ce n’est pas le cas : toutes les décisions importantes sont prises à un niveau supérieur dans une structure unique. L’élimination des syndicats est un tremplin vers la dégradation des conditions de travail. Avec les syndicats les travailleurs sont plus forts ensemble. Diviser pour régner et faire plus de profit, telle est la politique des patrons.
Les critiques de droite au Parlement et dans les médias prétendent que la position « rigide » des syndicats empêcherait la flexibilité nécessaire dans un marché en mutation. Si le secteur connaît des problèmes, ce n’est pas à cause du personnel, mais à cause d’une concurrence impitoyable motivée par la soif de profit. Ce ne sont pas les syndicats, mais les actionnaires qui posent problème. Ahold-Delhaize a annoncé fin novembre qu’elle offrait un milliard d’euros à ses actionnaires par le biais de rachats d’actions. Cette annonce a été suivie quelques mois plus tard par l’annonce d’une réduction d’un milliard d’euros des effectifs.
Le personnel en place est censé conserver ses conditions actuelles lors de la transition vers une franchise. Bien sûr, ce n’est que temporaire : les nouveaux employés auront de moins bonnes conditions et les anciens seront chassés. Les conséquences de la franchisation sont apparues clairement lors d’une inspection d’un AD Delhaize situé boulevard Anspach à Bruxelles. Huit des 20 employés contrôlés n’étaient même pas déclarés ! La police a mis le magasin sous scellés, mais la direction a brisé les scellés, ce qui a obligé la police à revenir à nouveau sur les lieux. Comment la protection sociale sera-t-elle respectée dans de telles conditions ?
Comment gagner ?
Il n’est évidemment pas question de cesser le combat. Poser des conditions à la franchise ne nous aide pas non plus, c’est en accepter le principe. Nous devons mener le combat ensemble. Il existe une grande solidarité au sein du personnel de Delhaize, mais aussi dans le reste du secteur et au sein de la population en général.
La direction s’est préparée à cette bataille. Nous ne pouvons pas laisser le personnel de Delhaize se battre seul, magasin par magasin. Une attaque contre eux est une attaque contre nous tous. Il y a eu des grèves spontanées, des actions au conseil d’entreprise et des blocages d’entrepôts. Il y a eu une manifestation commune avec les collègues d’Intermarché. Il s’agit d’un bon premier pas sur lequel on peut s’appuyer pour aller plus loin.
De grands piquets de grève pourraient être formés autour des magasins dans chaque ville le samedi, en appelant les clients, les voisins et les travailleurs d’autres secteurs à se joindre à eux. Ces actions locales peuvent servir de point de départ à des manifestations régionales. La solidarité et la mobilisation de tous les secteurs sont nécessaires pour que ces actions soient couronnées de succès.
Ces actions peuvent faire l’objet d’une mobilisation au moyen de pétitions, de tracts et de banderoles dans chaque magasin. Des affiches de solidarité peuvent être distribuées. Nous pouvons collecter des fonds pour les grévistes. Les 128 magasins peuvent devenir un centre de résistance autour duquel s’organise la solidarité.
Cela peut déboucher sur des manifestations régionales et nationales réunissant des dizaines de milliers de personnes, ce qui en ferait une lutte de toute la société. Transformer la solidarité en une lutte active couperait l’herbe sous le pied de la propagande des politiciens traditionnels et des médias à leur solde. Si Delhaize ne cède pas, nous devrons prendre la chaîne en main pour sauver les emplois. Cela signifierait prendre collectivement le contrôle et la direction des mains des actionnaires qui ont déjà suffisamment profité de la situation. Cela ouvrirait également la porte à une planification démocratique à partir des besoins du personnel et des clients.
Motions de solidarité avec la lutte chez Delhaize
La lutte chez Delhaize concerne tout le monde. Certaines délégations syndicales ont adopté des motions de solidarité, un bon exemple que nous invitons à suivre ! En voici quelques exemples.
FGTB Audi-Bruxelles : « En prenant la décision de franchiser tous ses magasins, il est évident que Delhaize veut se débarrasser de ses obligations d’employeur tout en gardant les avantages financiers de ceux-ci. Son intention est aussi d’affaiblir au maximum la défense syndicale que vous avez. Votre combat est juste ! En vous battant vous menez un combat qui va bien au-delà de vos magasins. Nous sommes attentifs à toutes les demandes de soutien qui pourraient nous parvenir et auxquelles nous répondrons présents. »
CGSP-ALR (Administrations locales et régionales) Bruxelles : « Nos collègues des supermarchés ont été en première ligne pendant la pandémie à l’instar des soignants et d’autres catégories professionnelles. Voilà la manière dont la direction de Delhaize a décidé de les remercier. Il est très loin le temps des applaudissements ! (…) Alors que nos conditions de travail et salariales ne font que se dégrader, si la direction de Delhaize arrive à imposer son plan, ce sont d’autres enseignes et ensuite d’autres secteurs qui seront les victimes de la voracité des grandes entreprises. La CGSP ALR Bruxelles s’engage donc à informer, sensibiliser et mobiliser en solidarité avec les travailleur.euse.s de Delhaize. Tenez bon les camarades, nous sommes à vos côtés !»
Participez à nos journées de discussion “Socialisme 2023” !
La communication publicitaire de tous les supermarchés repose sur leurs prétendues préoccupations vis-à-vis du pouvoir d’achat. Cela ne s’applique visiblement pas à leur personnel. Delhaize veut « franchiser » ses 128 magasins, ce qui concerne plus de 9.000 travailleurs. La mesure s’imposerait afin d’assurer un « avenir durable »… Pour les actionnaires, peut-être bien ! Mais l’avenir déjà incertain du personnel s’est brutalement assombri plus fortement encore.
L’offensive lancée chez Delhaize ne s’arrêtera pas à ses portes. Récemment, le groupe Mestdagh a annoncé qu’il vendait 51 Carrefours employant 2.000 personnes à Intermarché, qui souhaite également les transformer en franchises. Si Delhaize ou Intermarché parviennent à leurs fins, c’est l’ensemble du secteur qui connaîtra une pression à la baisse accrue sur les salaires et les conditions de travail.
Ce secteur est déjà caractérisé par une extrême flexibilité, le travail à temps partiel et les bas salaires. Même quand on travaille à temps plein, on n’atteint souvent pas les 2.300 euros bruts par mois ! Soyons clairs : cette attaque en règle des droits des travailleurs ne concerne pas que le secteur de la distribution. D’autres patrons sont impatients d’utiliser le précédent pour étendre au maximum la flexibilité, les bas salaires et l’absence de représentation syndicale.
L’enjeu de ce qui se passe chez Delhaize est de savoir quel marché du travail va devenir dominant. Nous dirigeons-nous vers le modèle américain du travailleur pauvre, où deux voire trois emplois flexibles mal payés sont nécessaires pour garder la tête hors de l’eau ? Ou alors allons-nous défendre des emplois décents et des salaires décents ? Le débat sur cette question n’est pas neuf, les capitalistes n’ont pas été avares d’escarmouches.
Faire de chaque magasin un quartier général pour organiser la lutte
Notre classe sociale, la classe travailleuse, doit riposter à la hauteur de l’agression. Le personnel de Delhaize a spontanément fait preuve d’une grande combativité. L’opinion publique le soutient largement. Selon un sondage réalisé par Het Laatste Nieuws, 70 % des personnes interrogées soutiennent les grévistes. Les piquets de grève ont bénéficié d’une grande solidarité. Ne laissons pas le personnel de Delhaize mener seul cette bataille ! Il nous faut un plan d’action pour organiser et étendre la lutte à l’ensemble du secteur de la distribution et au-delà.
Repousser l’agression patronale exige d’organiser sérieusement notre colère. Celui qui tente s’en prend à l’un d’entre nous s’en prend à nous tous ! Réagissons ensemble, voilà où réside notre force ! Utilisons nos lieux de travail pour organiser la lutte, impliquer nos collègues et nos clients et transformer le large soutien existant en actions d’envergure. Des banderoles peuvent être accrochées aux magasins, des pétitions peuvent circuler dans les magasins, des piquets de grève réguliers peuvent mobiliser vers des actions de protestations, y compris des manifestations locales et nationales.
1 milliard d’euros de plus pour les actionnaires,1 milliard d’euros d’économies sur le personnel
Delhaize ne manque pas d’air. L’entreprise est rentable sur le marché belge et Ahold-Delhaize a enregistré l’année dernière un bénéfice international record de 2,5 milliards d’euros. Le PDG a immédiatement été augmenté à un salaire annuel de 6,5 millions d’euros, soit plus de 2 000 euros de l’heure ! Lors de l’annonce du bénéfice record, Ahold-Delhaize a annoncé qu’elle allait racheter ses propres actions à hauteur d’1 milliard d’euros. Il s’agit d’un cadeau supplémentaire pour les actionnaires. Le groupe prévoit maintenant d’économiser 1 milliard d’euros à cet effet, ce dans quoi cadre l’attaque contre le personnel.
Les actionnaires et PDG de ce monde n’en ont jamais assez. Et tant pis s’ils doivent briser les perspectives déjà fragiles de milliers de travailleurs. Ce sont eux les véritables voleurs à la tire, au détriment du prix de nos caddies et du personnel.
Le capitalisme n’a rien à offrir au personnel de Delhaize, d’Intermarché et du reste du secteur du commerce de détail en Belgique et dans le monde, si ce n’est davantage de charge de travail et de misère. Il ne s’agit de rien d’autre que d’une guerre de classe dans laquelle nous devons riposter avec tous les travailleurs pour stopper et même inverser cette spirale infernale.
Ce système nous oblige à nous battre encore et encore pour chaque conquête sociale passée : la semaine des cinq jours, la majoration salariale pour le travail du dimanche ou la représentation syndicale sur le lieu de travail sont à nouveau remises en question. Pourquoi s’arrêter à la simple défense de nos droits ? Nous ferions mieux de nous débarrasser d’un coup de ce système complètement pourri où le profit règne en maître, pour le remplacer par un système où la satisfaction de nos besoins sera centrale.
Personnel de Delhaize attaqué : nous sommes tous touchés !
Ils n’en ont jamais assez ! En dépit d’un bénéfice record de 2,5 milliards d’euros, Ahold Delhaize – ou plutôt Holdup-Delhaize – lance une offensive contre les travailleurs pour augmenter ses profits d’1 milliard d’euros. Avec la mise sous franchise, Delhaize se sépare de plus de 9000 travailleurs : 13% de l’ensemble du personnel de la distribution alimentaire ! Inacceptable ! Avec deux semaines de grève, le personnel de Delhaize a démontré sa détermination pour se battre. Ne laissons pas le champ libre à la direction ! Mais son attitude exprime qu’elle ne cèdera pas facilement. Son plan implique une spirale infernale pour les conditions de travail et les salaires de tout le secteur. Beaucoup d’autres plans suivront après celui-ci. Soutenons tous ensemble les travailleurs de Delhaize et amplifions la résistance dès maintenant !
Stop à la mise sous franchise !
Le prétexte de la direction est de gagner plus rapidement une meilleure part de marché. C’est toutefois très incertain : 25 % des magasins franchisés sont en difficultés. Il y a tout simplement trop de concurrence entre magasins en Belgique. Une chaîne progresse au détriment d’une autre, avec des conséquences négatives pour le personnel et les clients. Il faut sortir de cette logique.
Que signifie de passer sous franchise ? Des salaires plus bas. Moins de personnel pour une charge de travail accrue. Moins de primes pour le travail du week-end. Pas de contrats à durée indéterminée et/ou à temps plein. Des horaires variables. Des ouvertures plus fréquentes le dimanche. L’utilisation de flexijobs. Etc. Qui va accepter ça ? La direction veut repousser le personnel dans une plus mauvaise commission paritaire afin de se débarrasser définitivement des conquêtes sociales passées et des syndicats. La distribution est pourtant déjà un secteur à bas salaires. Les travailleurs qui ont continué à travailler en 1ère ligne pendant la pandémie sont aujourd’hui sacrifiés sur l’autel du profit.
Tout le monde est concerné !
Cette offensive représente une attaque contre l’ensemble du mouvement ouvrier. Si la mise sous franchise est victorieuse, les syndicats seront mis sur la touche et cette forme de travail flexible et précaire deviendra la nouvelle norme. Il y a donc une volonté délibérée d’évoluer vers une société où au moins deux emplois sont nécessaires pour survivre. L’augmentation des flexijobs nous a déjà engagés sur cette voie.
En raison des mauvaises conditions de travail et du coût élevé de la vie, nombre de travailleurs issus d’autres secteurs à bas salaires acceptent un autre emploi flexible dans la distribution. Pareil pour les étudiants qui veulent payer leurs études. Bref, la porte est ouverte pour changer radicalement la société : on parle bien de travailleurs pauvres et d’une société où un seul emploi ne suffit plus !
Si cela réussit chez Delhaize, pourquoi Colruyt, Aldi ou Lidl devraient-ils encore payer des salaires plus élevés ou rester fermés le dimanche ? Une fois cette nouvelle norme établie, d’autres secteurs suivront. Si un secteur peut abuser de la flexibilité et des bas salaires, pourquoi pas les autres ? C’est maintenant que nous devons construire le rapport de force capable d’arrêter la direction de Delhaize. Développons davantage la solidarité pour faire front commun contre les capitalistes !
Chaque magasin Delhaize comme base de mobilisation pour des manifs régionales !
Des blocage de dépôts sont utiles, mais faudra bien plus pour gagner. Dans chaque ville, l’organisation de piquets massif autour d’un Delhaize le samedi – avec appel à rejoindre lancé aux clients, aux voisins et aux travailleurs d’autres secteurs – peut servir de première action locale en vue d’une manifestation régionale dans toutes les villes. La solidarité et la mobilisation de tous les secteurs est nécessaire pour en faire un succès.
Les grèves se poursuivent dans nombre de magasins. Le soutien des clients et de l’opinion publique est acquis. Ne gaspillons pas ça en donnant l’impression que le conflit est déjà réglé dans les magasins qui ont réouvert. Nous pourrions utiliser la pétition et distribuer des tracts avec cet appel à chaque caisse et au piquet de grève, ainsi que demander un soutien financier pour constituer une caisse de grève. Les 128 magasins peuvent devenir des quartiers généraux de la résistance autour desquels organiser la solidarité.
Les premières manifestations régionales devront s’inscrire dans la perspective d’un plan d’action crescendo, en escalade, pour obtenir le retrait du plan de la direction. Si celle-ci s’entête, nous devons mettre sur la table la nationalisation de Delhaize pour sauver l’emploi et les conditions de travail. Reprenons collectivement le contrôle et la gestion des magasins et mettons à la porte les actionnaires qui s’en sont suffisamment mis plein les poches.
Rejoignez le PSL !
Le Parti Socialiste de Lutte (Linkse Socialistische Partij en Flandre) est un parti national qui organise travailleurs, jeunes et féministes pour renverser le capitalisme et changer de société. Le capitalisme repose sur notre exploitation accrue par les entreprises afin de maximiser leurs profits et leur pouvoir sur le marché. Si elles ne suivent pas cette logique, la concurrence des autres les mettra à mort. En finir avec la dictature des marchés est une absolue priorité ! Nous défendons la nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, énergie, industrie pharmaceutique, distribution et production alimentaire, etc.) afin de parvenir à une société socialiste démocratique où la barbarie des marchés sera remplacée par une économie rationnelle planifiée démocratiquement pour répondre aux besoins de la collectivité tout en respectant la planète. Cette lutte est par nature internationale, c’est pourquoi nous sommes organisés sur tous les continents à travers un parti mondial : Alternative Socialiste Internationale (ASI).
Contactez-nous : info@socialisme.be ou 0472436075 (Michael)
Campagne ROSA : pour l’unité dans la lutte !
La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression le sexisme et l’austérité) soutient la grève chez Delhaize : c’est un combat féministe. Le secteur de la distribution emploie de nombreuses femmes. Les bas salaires et le travail flexible se combinent souvent au travail non rémunéré à la maison. L’écart salarial et d’autres formes d’oppression économique assurent que les femmes sont davantage victimes de violence. Elles sont plus susceptibles d’être victimes d’une position de dépendance financière. Le combat féministe est une lutte sociale qui concerne des salaires décents, de bonnes conditions de travail et des services publics de qualité ! La Campagne ROSA veut renforcer la lutte du mouvement syndical contre toutes les formes d’oppression, car en divisant la classe travailleuse, on facilite l’exploitation capitaliste.
Socialisme 2023
Participez à la commission « L’attaque contre le personnel de Delhaize ? Une attaque contre nous tou.te.s ! » avec Thomas Baeyens, délégué SETCA chez Albert Heijn, le 15 avril à11h. A l’occasion des journées « Socialisme 2023 » du PSL/LSP les 14 et 15 avril au Pianofabriek, 35 rue du Fort 1060 Bruxelles.
Il y a quelques jours, à la veille de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, la direction du groupe Delhaize a annoncé un plan qui vise à franchiser les 128 magasins du groupe en Belgique. Les plus de 8.000 collègues de Delhaize sont sous le choc de cette annonce qui va frapper tout d’abord très durement les travailleur.euse.s de l’enseigne.
Par la CGSP-ALR Bruxelles
Les arguments utilisés par la Direction et certains éditorialistes sont très clairs : la franchise sera plus rentable. Avec l’objectif assumé de se débarrasser du carcan des conquis sociaux des dernières décennies, il est évident que l’aggravation des conditions de travail et de salaire ne profitera qu’à certains, les actionnaires du groupe. Cette décision est d’autant plus honteuse alors que le groupe a versé en 2021 plus de 47 millions de dividendes à ses actionnaires.
Nos collègues des supermarchés ont été en première ligne pendant la pandémie à l’instar des soignants et d’autres catégories professionnelles. Voilà la manière dont la direction de Delhaize a décidé de les remercier. Il est très loin le temps des applaudissements !
Les travailleur.euse.s et leurs organisations syndicales ont fait savoir qu’ils ne se laisseraient pas faire. Le lendemain de l’annonce, ce ne sont pas moins de 100 magasins qui étaient en grève partout dans le pays.
Un plan d’action est en discussion et par cette motion, la CGSP ALR Bruxelles adresse sa plus sincère solidarité à tous les collègues du groupe Delhaize. Ce combat ne doit pas rester le seul combat des travailleurs du groupe Delhaize. Alors que nos conditions de travail et salariales ne font que se dégrader, si la direction de Delhaize arrive à imposer son plan, ce sont d’autres enseignes et ensuite d’autres secteurs qui seront les victimes de la voracité des grandes entreprises.
La CGSP ALR Bruxelles s’engage donc à informer, sensibiliser et mobiliser en solidarité avec les travailleur.euse.s de Delhaize. Tenez bon les camarades, nous sommes à vos côtés !