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Category: Pétrochimie
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Blocage d’un dépôt pétrolier de Total à Anvers en solidarité avec le mouvement de masse contre la réforme des retraites en France
Ce jeudi 6 avril était une nouvelle journée de mobilisation en France contre la réforme des retraites de Macron. C’est connu, le personnel des raffineries est particulièrement engagé dans ce combat qui dépasse largement le simple cadre de cette réforme antisociale et est devenu le plus important mouvement social dans le pays depuis Mai ’68. Le gouvernement français, tout comme c’était déjà le cas à l’automne dernier, tente par tous les moyens de briser la grève des raffineurs pour éviter les pénuries, y compris par la réquisition de personnel. Mais il est aussi question aujourd’hui de l’approvisionnement des stations-essence avec du carburant venus d’ailleurs, notamment de Belgique.

La FGTB a donc décidé de bloquer un dépôt Total à Anvers car le syndicat n’accepte pas ces “tactiques de briseurs de grève et de concurrence déloyale en approvisionnant le marché français à partir de la Belgique. Ce qui n’arrive jamais d’habitude.”
« Comme annoncé, nous avons dressé un piquet de solidarité au dépôt pétrolier de TotalEnergies à #Anvers sur le coup de 6h du matin. Notre objectif est d’empêcher la multinationale de livrer du carburant vers la #France où les raffineurs sont en grève depuis plusieurs semaines contre la réforme des retraites. Aucun camion ne circule alors qu’ils sont généralement au nombre de 200 par jour. Les travailleurs belges ne veulent pas être utilisés comme briseurs de grève !. » Une délégation du syndicat français CGT était également présente.
Il s’agit d’une très importante action de solidarité de classe par-delà les frontières et d’une méthode concrète d’assister l’important combat des grévistes en France. Soyons clairs : une victoire arrachée là-bas serait aussi une victoire ici !










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Ashland (Doel) : les fêtes de fin d’année au piquet de grève

Début décembre, la direction d’Ashland a annoncé que 39 des 167 emplois allaient disparaître et que les heures de travail des travailleurs restants seraient augmentées sans compensation. L’entreprise est pourtant bien rentable et ses résultats étaient très positifs pour cette année, en partie parce que l’un de ses produits est utilisé dans le gel hydroalcoolique. L’annonce de la direction a été immédiatement suivie d’une grève. Demain, la grève entrera dans sa troisième semaine. (voir notre article précédent sur Ashland)
Après tout ce temps, il n’y a toujours pas de sérieuse volonté de consultation de la part de la direction. Le personnel poursuit courageusement la grève, même en ces jours de fête. La participation au piquet de grève est tout à fait remarquable. Ce matin, presque toute l’équipe du matin était présente. Beaucoup de jeunes travailleurs sont activement impliqués. La grève est énormément soutenue par le personnel. Quoi que la direction prévoie, elle ne pourra pas l’ignorer.
La ligne dure adoptée par la direction, peut-être à la demande de la direction centrale aux États-Unis, signifie que cette grève se déroule pendant les vacances. “Merci pour nos fêtes”, est-il écrit sur une banderole du piquet de grève, auquel on trouve également diverses décorations de Noël. Bien sûr, personne ne veut faire grève si longtemps, surtout pas dans cette période. Mais l’attitude arrogante de la direction ne laisse pas d’autre choix au personnel.
La prochaine consultation n’est prévue qu’en janvier. Il est possible que la direction compte sur l’épuisement des grévistes, mais ce pourrait être une erreur. La solidarité entre membres du personnel est et reste très forte. De l’extérieur, la solidarité arrive également, mais en période de coronavirus, il n’est pas facile d’organiser des actions de solidarité plus importantes. Il est important de maintenir ce soutien. Ce qui se passe à Ashland est important pour l’ensemble du secteur. Si l’extension des heures de travail passe ici, d’autres entreprises suivront.
Montrez votre solidarité aux grévistes et rendez-vous au piquet de grève (à partir de 6h30 du matin) à l’adresse suivante : Geslecht 2 à Doel.



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Arrêt de travail chez GSK
Ce lundi 26 novembre, dès 6h du matin, un arrêt de travail de 24h a pris place chez GlaxoSmithKline, le plus gros employeur privé de Belgique. Des tractages ont été organisés aux entrées de l’usine, la moitié des salariés n’ont pas pris leur poste de travail et les salles accueillant les AG étaient pleines à craquer.Par un travailleur de GSK
Malgré les bons résultats actuels de l’entreprise, la concurrence interne et externe est forte selon la direction. Cela pousse cette dernière à attaquer le modèle d’entreprise intégré du site belge. Une série de métiers et d’activités considérés comme “ne faisant pas partie du corps business” – entendez par là “apportant moins de valeur ajoutée” – risque d’être sous-traitée. La direction a ainsi dans son viseur tout ce qui ne concerne pas la production à proprement parler : nettoyage, transfert du matériel, montage, maintenance, test qualité, secrétariat… Autant de travailleurs mis sur la sellette…
En plus de casser l’emploi, les conditions de travail et salariales (etc.), un tel changement de modèle d’entreprise signifie aussi qu’une partie des opérations ne seront plus suivies par le système qualité GSK. C’est donc aussi la qualité des produits qui peut également en pâtir.
Les assemblées syndicales sur les sites de Wavre et Rixensart ont rassemblé les populations ouvrières, employées et cadres ; c’est historique dans l’histoire de l’entreprise. En plus de discuter de la sous-traitance, les syndicats ont expliqué comment les ouvriers sont systématiquement lésés dans l’obtention de primes de type “award” pour lesquels ils ne peuvent pas postuler.
L’arrêt de travail de 24h vise à construire un rapport de force et mener les discussions sur le long terme concernant le modèle d’entreprise à développer pour le futur. La logique de marché qui sous-tend la décision de la direction doit être combattue au sein de l’entreprise avec des délégations syndicales qui stimulent la combativité des travailleurs. La tenue régulière AG, telle que ce lundi, est essentielle pour informer les travailleurs et construire démocratiquement leur lutte pour des emplois de qualité.
Il est toutefois également clair que, seuls, les travailleurs de GSK ne peuvent combattre la logique de fond du capitalisme. C’est pourquoi le mouvement ouvrier doit combattre avec ces deux bras : à côté des luttes industrielles, il est nécessaire d’établir un parti qui ambitionne de contester globalement la logique du marché. C’est ce type d’organisation que le PSL veut construire.
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Lanxess : Le juge rejette l’action en justice de l’employeur
Chez Lanxess à Zwijndrecht, cela fait déjà des semaines qu’une grève est en cours contre une proposition de C.C.T. inacceptable de la part de la direction. Cette direction y va fort, arrogance et intimidation vont de pair. Ce n’était donc pas étonnant qu’elle en réfère rapidement à la justice pour interdire les piquets de grève. Six ouvriers, tous délégués, ont été pris au hasard et ont dû comparaîre devant le juge.
Le jugement du 31 mars n’a pas donné raison à la direction. Le juge souligne qu’une décision peut être prise mais qu’un juge ne peut concilier un conflit collectif. La compétence du juge est limitée aux “faits” qui ne sont pas propres à l’exercice normal du droit de grève, la violence, par exemple. Il a également été mis en avant que l’argument du droit au travail de ceux qui voulaient travailler ne peut être invoqué par l’employeur. Ce droit ne revient qu’aux travailleurs individuellement, considère le juge anversois.
De façon plus fondamentale, le jugement stipule qu’une intervention judiciaire doit avoir lieu avec la circonspection nécessaire parce que le droit de grève est un droit fondamental. “Une intervention de la justice ne sera justifiée que lorsqu’il sera suffisamment prouvé que les limites normales et usuelles de l’exercice de l’action de grève seront manifestement dépassées”, selon le jugement.
Le juge d’Anvers considère que le droit de grève est un droit fondamental et qu’il est propre à ce droit que “son exercice aille de pair avec des désagréments pour l’entreprise.” Mais encore : “Le droit à l’action collective est sans valeur s’il était immédiatement neutralisé par un recours au droit de propriété ou au droit d’entreprendre.” Un piquet de grève pacifique est permis selon le jugement et rentre dans les limites normales du droit de grève s’il se limite “à l’entreprise où le conflit se déroule”. Mais qu’en est-il d’un piquet de grève qui bloque tout un terrain industriel ?
Le jugement confirme le droit de grève et indirectement aussi que l’ampleur de ce droit de grève dépend des rapports de force sur le terrain. Il nous appartient, nous mouvement ouvrier, de déterminer ce qu’est un “exercice normal et usuel” du droit de grève. Sur base de solidarité et d’action déterminées, nous devons imposer nos droits !
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Près de deux mois après la tragédie chez Total, beaucoup de questions subsistent
Entretien avec un proche d’une des victimes
Le 19 novembre 2013, une explosion se produisait sur le site de Total dans la zone portuaire d’Anvers. La catastrophe a fait deux morts. Cela a immédiatement suscité des questions : qu’en est-il de la sécurité des ouvriers des sous-traitants ? Et plus généralement, pourquoi la sécurité sur le lieu de travail ne constitue-t-elle pas une plus grande priorité ? Quelques semaines plus tard, ces questions restent entières et d’autres s’y rajoutent.
Par Geert Cool
Juste après Noël, notre rédaction a reçu un appel de l’un des parents des ouvriers décédés. J’ai rencontré, chez lui, un homme brisé et une famille brisée. L’énorme souffrance due à ce décès prématuré est encore accentuée par l’incertitude, les questions sans réponse et le manque d’accompagnement. Guido, le père de l’une des victimes, est lui-même délégué LBC (la CNE néerlandophone) et combine son processus de deuil au combat pour une transparence totale et la clarté sur ce qui s’est vraiment passé et pour plus de justice lors du ‘règlement’ d’accidents de travail mortels.
Depuis l’accident, il n’a rien appris ni de l’enquête, ni de la part de Total. Il se demande vraiment si les normes de sécurité ont été correctement respectées. Le permis de travail des deux personnes concernait un endroit qui se trouvait un peu plus loin que le lieu où l’accident s’est produit. “Pourquoi l’endroit de l’accident a été considéré comme ”à faible risque” ?”, se demande-t-il. L’incertitude fait mal et laisse place à toutes sortes d’insinuations qui reviennent finalement à chercher la responsabilité de l’accident chez les deux victimes elles-mêmes. “C’était des bosseurs qui connaissaient leur métier”, assure Guido. Pas des fêtards, mais des gars qui, comme beaucoup d’ouvriers, travaillent dur pour leur famille.
Après l’accident, une enquête a été ouverte mais la famille n’en a aucun écho. En justice, on ne donne pas d’information avant que l’enquête ne soit terminée. Du côté de Total, c’est silence complet, il n’y a même pas eu d’excuses. Ce n’est que grâce aux contacts syndicaux qu’on sait qu’une enquête est en cours chez Total aussi. Pour Guido, l’attente est longue et le silence meurtrier. Cela lui fait craindre qu’on ne cherche des boucs émissaires ou que l’enquête sur la catastrophe ne soit étouffée.
Les deux victimes travaillaient pour un sous-traitant de Total. Ils dépendaient du secteur métallurgique et avaient des salaires inférieurs à ceux de la pétrochimie. De plus, ils n’avaient pas d’assurance-groupe, avec, par exemple, une couverture en cas de décès. Les famille des ouvriers décédés en sont pour leurs frais. Elles perdent un revenu pour la famille et risquent, en plus de la souffrance humaine, de devoir faire face à des soucis financiers.
Les victimes d’un accident de travail chez un sous-traitant ne peuvent pas demander des comptes comme ça à l’entreprise où ils travaillaient. En cas de faute éventuelle de la part de Total, l’entreprise peut être mise en cause, mais il appartient aux proches des victimes de prouver que Total a commis une faute par négligence. Le silence complet de la justice et de Total ne facilite pas les choses pour les proches.
Guido estime que l’assurance contre les accidents doit changer. “Si une multinationale emploie des sous-traitants, elle doit en prendre l’entière responsabilité morale et civile”, dit-il. Ce n’est pas possible que les proches aient à subir des années de procès. De plus, l’assurance est particulièrement limitée. Le fils de Guido était revenu habiter chez ses parents après son divorce. Son ex-femme ne reçoit rien parce qu’ils n’avaient qu’un contrat de cohabitation. Les parents de la victime ne reçoivent pas d’indemnité non plus. Pour les frais de funérailles, il y avait un forfait de 3.200 euros, une somme insuffisante. Est-ce ainsi qu’on traite les proches des victimes ?
Le combat que Guido mène est courageux et juste. Lui et sa famille ne sont malheureusement pas les premiers à perdre un membre de leur famille lors d’un accident de travail au port d’Anvers. Les grandes multinationales comme Total font de plantureux bénéfices mais refusent d’investir suffisamment dans le personnel et la sécurité au travail. Dans une entreprise où il y a d’énormes risques, cela devrait pourtant être la norme. Toutes les tentatives pour rejeter la responsabilité de cet accident mortel doivent être réprouvées. Si des entreprises arrivent à s’en tirer, il ne restera plus qu’à attendre la prochaine tragédie.
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TOTAL-Anvers : Deux morts dans un accident qui devait arriver
L’enquête concernant cet incident survenu dans un système à vapeur d’une unité de production d’essence et qui a coûté la vie à deux travailleurs d’un sous-traitant n’a pas encore débuté. Mais l’on peut, sans exagérer, parler d’une véritable ‘‘bombe à retardement’’ dans cette affaire. Si l’accident a eu lieu dans la raffinerie de la multinationale Total, il aurait tout aussi bien pu prendre place dans chaque grosse entreprise pétrochimique d’Anvers. Les autres entreprises (BASF, Bayer, Evonik Degussa, Monsanto, Exxon Mobil,…) fonctionnent de manière similaire en termes de production et de maintenance.
Par un correspondant
Une bonne part des risques actuellement présents dans l’industrie pétrochimique n’existent que pour des raisons de gains financiers, les salaires inférieurs des travailleurs des sous-traitants étant fortement attractifs pour les patrons. Dans l’entretien et les départements techniques des grandes entreprises pétrochimiques se trouvent aujourd’hui presque autant que d’employés que dans la production. Mais ces services ont été externalisés et/ou relégués à des sous-traitants.
Les grands arrêts de production pour l’entretien et le travail quotidien d’entretien sont chaque jour effectués par des milliers de travailleurs sous-traitants parce que ‘‘le temps, c’est de l’argent.’’ Les employeurs du secteur pétrolier ne considèrent plus l’expertise, la connaissance des produits chimiques, l’expérience des travailleurs et la sécurité; tout cela passe à la trappe pour obtenir le coût le plus bas possible pour les arrêts et l’entretien.
Des gens viennent du Portugal, de Pologne, de Roumanie,… afin de travailler ici pour une bouchée de pain. Ils logent dans des parcs à bungalows ou même dans des voitures et des caravanes garées sur le parking des entreprises chimiques. Ces situations sont monnaie courante. Souvent, ces employés ne font que ‘‘voyager’’ de site en site. A chaque fois, ils doivent travailler de longues heures dans un stress permanent, car un jour de boulot supplémentaire signifie une perte qui se calcule en millions pour les patrons. Concernant la sécurité, les délégations syndicales du secteur pétrochimique pointent du doigt depuis longtemps déjà le manque de connaissance des produits ou du système de production, mais aussi de la langue. Cela conduit inévitablement à des incidents et des accidents. Les services d’inspection Seveso (du nom d’un accident industriel survenu près de Seveso, en Italie, en 1976) ont d’ailleurs été contactés par les syndicats à plusieurs reprises sur cette question.
Pour les travailleurs de TOTAL et des sous-traitants, ces décès sont pénibles à double titre, car les avertissements des syndicats n’ont pas manqué concernant l’inéluctabilité d’accidents si les investissements nécessaires n’étaient pas consacrés à la sécurité.
Il faut aussi parler de l’impasse actuelle dans les négociations pour une convention collective de travail, la direction voulant imposer une proposition unilatéralement pro-patronale qui offense les travailleurs et ne leur permet en aucune manière de toucher aux milliards de profits de TOTAL.
L’explosion le 19 novembre a fait deux morts. Nous exprimons nos condoléances aux familles, aux amis et aux collègues des victimes.
Pour un contrôle sur la sous-traitance !
Actuellement, le contrôle est extrêmement limité concernant la sous-traitance, ce qui ouvre grand la porte aux fautes professionnelles et à la croissance d’accidents. En France, un contrôle plus structuré est dorénavant obligatoire pour la sous-traitance mais, pour parvenir à ce résultat, il a fallu la catastrophe de l’explosion de l’usine chimique AZF à Toulouse en 2001. Après ce désastre, le parlement français avait même brièvement débattu de l’interdiction pure et simple de la sous-traitance dans les entreprises à risque. Pour assurer la sécurité, le Comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT) doit être en mesure de contrôler les sous-traitants. Un organe de consultation réunissant les syndicats de l’entreprise-mère et des sous-traitants constituerait un pas en avant bien utile, et cela renforcerait également l’unité sur les lieux de travail.
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Tessenderlo Chemie : Le conflit social se durcit
Rapport d’une visite de solidarité au piquet de grève
Tessenderlo Chemie, à Ham (Limbourg), connaît une grève depuis deux semaines contre les plans de la direction qui prévoient de faire passer à la trappe 170 des 506 emplois du site, tout en externalisant, notamment, les activités de nettoyage et logistiques. La direction fait tout pour monter les divers groupes de travailleurs les uns contre les autres, mais il est très clair que ces groupes de travailleurs seront attaqués les uns après les autres. Si la lutte est menée séparément, elle est perdue d’avance. Ensemble, par contre, il existe alors une chance de remporter la victoire.
L’incertitude est encore grande au sujet du contenu précis des projets de la direction. Il est à craindre que cette dernière s’efforce tout d’abord de concentrer son tir sur les ouvriers, pour ensuite se tourner vers les employés. Pour l’instant, 120 des 170 emplois menacés sont des ouvriers mais, au piquet de grève, un travailleur nous explique qu’il n’est absolument pas logique qu’il n’y ait ‘‘que’’ 50 employés menacés pour une telle perte d’emplois chez les ouvriers. Il s’agit très probablement d’une manœuvre de la direction visant à diviser la résistance du personnel et à affaiblir les actions. La direction dispose certainement d’une planification élaborée de qui doit partir, et à quel moment.
Le piquet de grève que nous avons visité était essentiellement composé d’ouvriers, nous n’y avons pas vu beaucoup d’employés. La direction a accordé deux jours de congé aux employés, et a tout fait pour leur enfoncer dans le crâne qu’ils étaient victimes de l’action de grève des ouvriers. La direction a même accusé ces derniers de ‘‘prendre en otage’’ les employés ! Il semble pourtant bien que ce qui les menace directement, c’est le véritable carnage social prévu par la direction, et non les actions de résistance des autres travailleurs.
Si une partie des employés rejoignait les ouvriers en lutte, sera représenterait une étape importante, car ils ne pas épargnés par la direction. L’irritation et la frustration des travailleurs sont compréhensibles, mais la direction parvient malheureusement à jouer sur certains très légers débordements pour tenter de criminaliser la grève et pour s’en servir de prétexte afin de stopper les négociations.
Le 4 novembre, des travailleurs de l’usine Ford de Genk se sont rendus au piquet en solidarité, ce qui constitue un élément important. Dans la région, plusieurs fermetures ont récemment été annoncées (Ford, Dow Chemical) et des menaces de licenciements pèsent sur d’autres (comme à Mediahuis, le groupe autour des journaux Het Belang van Limbourg, Gazet van Antwerpen, De Standaard et Het Nieuwsblad). L’idée que le scénario de Tessenderlo Chemie peut se produire n’importe où est très largement présente chez les travailleurs de la région. Voilà qui doit être utilisé pour construire une solidarité et un soutien actifs avec les travailleurs d’autres entreprises ainsi qu’avec la population des environs.
Il faut briser l’arme de la division utilisée par la direction, seule l’unité d’action nous permettra de construire ensemble un meilleur avenir.
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Alors comme ça il n’y a pas de moyens ? L’exemple de Bayer
On entend souvent l’argument selon lequel nous avons tous à faire notre part d’effort pour nous extirper des difficultés économiques, et donc accepter les économies sur nos salaires, sur nos acquis sociaux et nos pensions. Mais toute cette rhétorique basée sur le manque de moyens n’a aucune base concrète. Voici un exemple révélateur. (*)
L’entreprise chimique Bayer a fait connaître ses résultats pour l’année 2012, nouvelle année record en termes de ventes et de profits. A qui cela profite-t-il ? Tout d’abord aux actionnaires. Ces six dernières années, ils ont pu empocher une bonne part du bénéfice total après impôt de 14,07 milliards : pas moins de 7,4 milliards d’euros (soit un dividende correspondant à 53% des bénéfices). Pour l’année 2012, il s’agit de 1,571 milliard d’euros. Le dividende par action est passé de 1,65 euro à 1,9 euro, une hausse de 15%.
Le dirigeant de Bayer Dekkers Marijn a déclaré : ‘’Une fois de plus, nous voulons que nos actionnaires profitent de l’évolution positive au cours de l’année écoulée.’’ Les travailleurs de Bayer pourront-ils eux aussi profiter de ce succès, ou cela est-il réservé aux actionnaires ?
Les dirigeants de l’entreprise sont aussi passés à la caisse. Dekkers Marijn reçoit un salaire annuel de 5 millions d’euros. La FGTB a calculé que cela revient à 2.063,35 euros par heure, soit 88 fois plus que le travailleur moyen (en 2010, ce n’était encore “que” 80 fois plus). Quatre dirigeants reçoivent ensemble 13 millions d’euros par an !
Il ne s’agit pas d’un exemple isolé. De nombreuses grandes entreprises réalisent des profits record puis font passer ces richesses aux actionnaires et dirigeants de haut vol. Rien n’est laissé aux travailleurs pour un meilleur salaire, de meilleures conditions de travail ou pour investir dans une nouvelle production. Les entreprises européennes cotées en Bourse sont assises sur une montagne de cash de 788 milliards d’euros qu’elles refusent d’investir. Pourquoi est-ce à nous de payer pour la crise ?
* Ce tract de la FGTB Bayer peut être trouvé sur le lien suivant (en néerlandais) http://www.roodoor.info/images/pdf/bayer_jaarcijfers_2012.pdf
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Action de solidarité à Clariant
Ce mercredi 17 juillet au matin, une action syndicale avait lieu devant les grilles fermées de l’usine de chimie Clariant à Louvain-La-Neuve. Les ouvriers y organisent un piquet de grève suite au licenciement, fin juillet, des deux délégués syndicaux de l’entreprise. La direction évoque le motif de ‘‘rupture de confiance’’ pour justifier sa décision. Pourtant, au vu du soutien reçu de la part des ouvriers de l’usine, tout ce que pouvait reprocher la direction de Clariant aux deux délégués était qu’ils faisaient leur boulot : défendre les conditions de travail de leurs collègues. Ces licenciements ont été effectués la vieille des congés annuels, ce qui démontre que la direction devait se douter qu’elle déclencherait la colère des travailleurs du site.
Par Baptiste (Wavre)
Alors que le personnel a exigé la réintégration des deux délégués, la direction a pour le moment refusé de négocier et a mis en avant qu’elle pourrait recourir aux astreintes des huissiers pour casser le piquet. A l’heure actuelle, le piquet est toujours de mise et les ouvriers sont déterminés à lutter pour la réintégration de leurs deux délégués Mohamed et Kamel.
L’action de soutien que la FGTB a organisé au piquet de grève a rassemblé quelques 200 militants syndicaux. Différents orateurs, dont Anne Demelenne, Thierry Bodson et un représentant de l’ICEM (Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l’énergie, des mines et des industries diverses) ont notamment pris la parole pour pointer du doigt que ces licenciements représentaient une attaque contre les conditions de travail. Finalement, Clariant tente par là de faire payer la crise aux travailleurs.
Un des deux délégués nous expliquait que la direction avait pris pour habitude de vouloir faire appliquer des méthodes de travail qui sont pourtant illégales, comme le non respect des plages de récupération (surtout pour des intérimaires qui ont un horaire à pauses) ou encore le non respect des normes de sécurité relatives au stockage de produits dangereux et fortement odorants. Si à l’heure actuelle 5 ouvriers sont en arrêt maladie pour raison de douleurs dorsales, ce n’est pas le fruit du hasard puisque la direction n’hésite pas à contraindre les travailleurs à porter des charges qui dépassent les limites légales.
Au moment où la direction s’attaque à la tête de l’organisation syndicale dans l’entreprise, il n’y a aucun doute à avoir sur ses intentions. Les syndicats doivent se préparer à poursuivre la lutte pour la réintégration des deux délégués. Des victoires obtenues comme celle à BRC Anvers doivent être des références sur chaque lieu de travail où la direction s’attaque aux libertés syndicales. A BRC, la direction a finalement du réintégrer les deux délégués qu’elle avait licenciés une fois qu’elle a été confrontée à la lutte des travailleurs. En outre, l’action de soutien réalisée est une bonne chose pour les travailleurs en grève. Un plan d’action syndical démocratiquement élaboré permettrait de faire un pas supplémentaire pour contre-attaquer et empêcher les licenciements de délégués.
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Délégués licenciés à Clariant, Louvain-La-Neuve
Fin juillet, deux délégués de Clariant Benelux SA, une entreprise chimique suisse, ont été remerciés. C’est lors d’une réunion convoquée par le président de la commission paritaire que la direction a, totalement à l’improviste, mis à la porte deux délégués de la Centrale Générale (FGTB), à deux jours de la fermeture de l’entreprise pour les congés annuels.
Clariant est installé dans le parc scientifique Fleming à Louvain-La-Neuve. La direction de l’entreprise, qui n’a pas le moins du monde respecté la procédure de licenciement, invoque simplement une ‘‘rupture de confiance’’… La réalité est bien entendu différente, car derrière ces licenciements se trouve le fait que ces deux délégués ont effectué un travail syndical particulièrement remarquable dans cette petite entreprise. Ces derniers s’étaient à plusieurs reprises opposés au mépris de la législation du travail par la direction. C’est pour cette raison qu’elle a voulu leur clouer.
L’entreprise emploie environ 45 ouvriers et quelque 80 employés, dont beaucoup d’origine marocaine. Plus tôt déjà, six travailleurs ont été licenciés. Les deux délégués, Kamal et Mohamed, travaillaient depuis des années dans l’entreprise et, fin juillet, des actions ont été organisées contre leur licenciement, jusqu’au 15 août, une journée de congé collectif. La direction espère que les protestations en resteront là.
Lors d’une réunion de réconciliation de la commission paritaire de la chimie, la direction a refusé de négocier en raison de la présence des deux délégués renvoyés. De son côté, le personnel exige la réintégration des deux délégués. Récemment, les actions à l’entreprise pétrolière BRC, à Anvers, ont très clairement illustré que des actions fermes et résolues peuvent forcer une direction à lâcher des concessions. Deux délégués avaient été réintégrés après différentes actions.
Les syndicats doivent se préparer à poursuivre la lutte après le 16 août avec une revendication claire : la réintégration des deux délégués. Le personnel de la société y a bien entendu tout intérêt : sans délégué, il est plus que probable que d’autres licenciements suivront, à nouveau sans respecter la législation prévue. Mais cette problématique dépasse largement le cadre de l’entreprise ; le mouvement des travailleurs dans son entièreté a intérêt à repousser ce type d’attaque. Après l’obtention par la lutte de la réintégration des délégués à BRC, il est temps de poursuivre les actions et la lutte pour mettre fin au licenciement de délégués !