Category: Syndical

  • Pour vaincre : de l’audace, de l’audace, encore et toujours de l’audace… et un programme

    Le 9 novembre dernier, plus de 800 piquets de grève recouvraient un pays à l’arrêt. Une belle réussite, en dépit des réticences de certains, dans les hautes sphères syndicales, qui « nous mobilisent avec le frein à main », comme nous l’écrivions dans notre tract. Le constat était partagé sur les dizaines de piquets visités par nos équipes militantes.

    https://fr.socialisme.be/94505/toutes-et-tous-dans-la-rue-le-16-12-nous-pouvons-gagner-avec-un-plan-daction-crescendo
    https://fr.socialisme.be/94497/evaluation-de-la-greve-generale-en-prevision-des-prochaines

    Quel aurait été l’effet d’entraînement si les 80.000 personnes qui avaient répondu à l’appel du front commun syndical pour manifester à Bruxelles le 20 juin étaient retournées auprès de leurs collègues et de leurs proches avec la date d’une grève générale et du matériel de mobilisation ? Malgré tout, le 21 septembre, un rassemblement syndical qui se voulait symbolique est devenu sous la pression des affiliés une manifestation de 20.000 personnes. A la tribune, c’est la mention de la grève générale qui a suscité l’enthousiasme. Mais même alors, les hésitations ne manquaient pas chez les dirigeants syndicaux. Finalement, la grève générale était passée de 15 jours lorsque la manifestation nationale de décembre a été annoncée par la FGTB, tandis que les secteurs partaient déjà à la bataille en ordre dispersé. La mobilisation hoquette, et cette irrégularité sans perspectives claires nourrit l’exaspération.

    Canaliser la colère ?

    Au sein des équipes gouvernementales et dans les milieux patronaux, on espère avant tout que les syndicats soient en mesure de canaliser la colère et de jouer un rôle de digue contre les « dérapages sociaux ». L’intention est partagée dans les sommets syndicaux, comme l’exprime ouvertement Marie-Hélène Ska (Secrétaire Générale de la CSC): « Notre rôle est de ne pas hurler à tort et à travers. Nous sommes les premiers à dire que les réponses à apporter à la crise actuelle ne sont pas simples. Et nous savons qu’il est faux de dire que rien n’a été fait. »

    Tant dans l’appareil dirigeant de la CSC que dans celui de la FGTB, la tendance est à la répétition du scénario de la pandémie : se montrer « responsable » vis-à-vis des autorités en attendant le « retour à la normale ». Sans ouvertement empêcher la prise d’initiative par des délégations ou des secteurs, les structures évitent soigneusement de les coordonner et de les stimuler pour construire un véritable rapport de force offensif. La peur panique du retour d’un gouvernement de droite dure conduit les dirigeants syndicaux à l’acceptation résignée des limites étroites de la logique du marché et à un soutien officieux au gouvernement fédéral.

    Un programme à hauteur des enjeux

    « Pour vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace », disait Danton à l’époque de la Révolution française. L’audace d’agir, mais aussi d’exiger. La meilleure manière de prendre le pouls de la situation, d’impliquer le plus de monde possible dans l’action et dans les décisions et de consolider la dynamique de lutte à chaque étape, c’est de généraliser les assemblées du personnel et de défendre une démocratie de combat. De cette manière, les spécificités et besoins de chaque secteur pourraient également être pris en compte et intégrés dans le programme plus large du mouvement.

    Un programme n’est pas figé, il vit et se développe au fur et à mesure de la lutte. Il déclenche celle-ci, mais s’y adapte aussi pour ne laisser aucun chantage patronal sans riposte. Quand nous parlons d’augmentation de salaire – 2 euros de plus de l’heure pour tout le monde et un salaire minimum de 15 euros, ce n’est quand même pas trop demander – les patrons crient qu’ils ont la corde au cou. Des (petites) entreprises et des indépendants étouffent, essentiellement parce que l’énergie coûte trop cher. Mais leur désarroi est cyniquement instrumentalisé par les fédérations patronales pour attaquer nos salaires et dévier l’attention des bénéfices record ailleurs.

    Quand des entreprises alertent de leurs difficultés, exigeons l’ouverture de leur comptabilité pour vérifier si leurs comptes sont bien à sec et si les actionnaires n’ont pas été dorlotés au lieu de constituer des réserves. Et si des entreprises menacent de licencier, il faut les nationaliser sans rachat ni indemnité (sauf sur base d’un besoin avéré) et les placer sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et de la collectivité. Nous devons d’ailleurs directement le faire pour des secteurs clés de l’économie tels que l’énergie et la finance.

    La crise du capitalisme réduit le réformisme à l’impuissance

    Une des raisons des hésitations dans les sommets syndicaux est d’ordre politique. On y craint qu’un mouvement social fasse tomber le gouvernement fédéral déjà faible et divisé, car il serait remplacé par un gouvernement appliquant les mêmes politiques si ce n’est encore pire. Gardons en tête que tout gouvernement arrivé au pouvoir une fois son prédécesseur dégagé par le mouvement ouvrier aurait une ardeur antisociale sérieusement refroidie. Et quelle confiance cela donnerait à la base militante !

    Une autre raison est d’ordre économique. Selon la Commission européenne, la Belgique devrait entrer officiellement en récession (deux trimestres de croissance négative consécutifs) à la fin de l’année, à l’instar de la zone euro. Cela aura un impact sur les finances des autorités publiques ou encore sur le taux de chômage. Pour combien de temps ? « L’incertitude reste exceptionnellement élevée », dit la Commission. Incertitude partagée dans les sommets syndicaux.

    En substance, ces doutes proviennent du manque d’alternative et de l’impasse du réformisme. Si l’on ne réfléchit qu’en fonction de ce que permet la camisole de force d’un système capitaliste qui plonge d’une crise à l’autre sans sortir de la précédente (récession, climat, guerre, inégalités…), on ne peut pas aller bien loin. D’où l’écho syndical en faveur de la proposition de primes pour certaines catégories de travailleurs, ou la vieille prière pour « plus de justice fiscale ».

    De plus en plus de gens comprennent bien qu’il n’y a plus d’autre choix que d’envoyer ce système à la poubelle, sans savoir par où le prendre ni dans quelle direction aller. De là un découragement qui explique que certains cherchent un réconfort dans de petites mesures progressistes, ou considérées comme telles, qui existent à l’étranger et expliquant que l’on peut avancer centimètre par centimètre alors que la catastrophe nous fonce dessus. Nous devons explicitement et audacieusement lier les inquiétudes du quotidien au type de société socialiste démocratique dont nous avons besoin en alternative à la barbarie capitaliste. En faire l’économie peut sembler plus facile, mais cette pente conduit à une dangereuse impasse.

    Défendre une telle alternative, cela donne de plus un objectif ambitieux de nature à renforcer l’enthousiasme pour construire un puissant rapport de force. N’oublions pas non plus que nous ne sommes pas seuls. Notre combat s’inscrit dans un contexte de renaissance des luttes ouvrières à travers l’Europe. Au lieu de laisser les patrons nous monter les uns contre les autres au nom de la « compétitivité », nous avons besoin d’une coordination de lutte internationale. Le capitalisme est un système international, notre organisation doit l’être également. C’est pourquoi le PSL/LSP fait partie d’une organisation socialiste révolutionnaire mondiale, Alternative Socialiste Internationale. Votre place vous attend à nos côtés.

  • Toutes et tous dans la rue le 16/12! Nous pouvons gagner avec un plan d’action crescendo

    Augmentons TOUS les salaires de 2€/h (330€/mois)!

    Nationalisons TOUT le secteur de l’énergie!

    Des marges bénéficiaires inédites pour les entreprises, des dividendes somptueux pour les actionnaires. Et nous devrions nous contenter d’une aumône avec d’un chèque unique de consommation de 500 ou 750 euros à négocier ? C’est une insulte, et encore plus après avoir tout fait fonctionner pendant la pandémie ! Les primes uniques ne stoppent pas l’appauvrissement. Elles ne contribuent pas au financement des pensions ou de la sécurité sociale et n’ont aucune proportion avec les importantes marges bénéficiaires.

    https://fr.socialisme.be/94486/les-primes-ne-sortiront-personne-de-la-misere-organisons-et-generalisons-la-lutte
    https://fr.socialisme.be/94497/evaluation-de-la-greve-generale-en-prevision-des-prochaines
    https://fr.socialisme.be/94501/poursuivre-le-combat-avec-un-plan-daction-decide-et-vote-a-la-base
    https://fr.socialisme.be/94266/pourquoi-la-greve-generale-est-elle-si-importante-dans-larsenal-du-mouvement-ouvrier

    Aucune confiance dans ce gouvernement ! Augmentons tous les salaires !

    Les Métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB ont calculé qu’une prime de 750€ représente à peine 1,95% des 6 milliards d’euros de dividendes versés ces deux dernières années aux actionnaires du secteur de fabrications métalliques ! A eux le gâteau, à nous les miettes. Mais les patrons n’en ont jamais assez : ils préparent le terrain pour un nouveau saut d’index.

    Les patrons cherchent par tous les moyens à nous opposer aux travailleuses et travailleurs des pays voisins et à organiser ainsi une spirale infernale qui tire les salaires vers le bas. Mais en France, la restauration de l’indexation automatique (supprimée en 1983 sous Mitterrand) est revenue au coeur des revendications syndicales. Arracher des augmentations de salaire au-delà de l’indexation en Belgique, cela nous aidera à inverser la tendance dans les pays voisins et dans toute l’Europe. Cela pourrait ouvrir la voie à une véritable grève générale européenne.

    Toute cette histoire d’une spirale prix-salaire n’est qu’une blague. Une augmentation générale des salaires peut signifier une baisse du taux de profit, sans affecter les prix des marchandises. En bref, des hausses de salaire sont susceptibles de réduire la part des revenus dédiée aux bénéfices pour la transférer vers le pouvoir d’achat des ménages. Il suffit de regarder à son caddie après avoir payé ou encore les factures d’énergie (que les aides ne rendent qu’à peine moins absurdes) pour se rendre à l’évidence : riposter est indispensable.

    Les secteurs syndicalement les plus forts doivent embarquer avec eux les plus faibles. Repoussons les tentatives de nous diviser en exigeant une augmentation de TOUS les salaires de 2 euros de l’heure (330 euros par mois) et l’instauration d’un salaire minimum de 15€/h. Si des entreprises se disent incapables de se le permettre et/ou menacent de licencier, que leur comptabilité soit ouverte pour que les travailleurs puissent vérifier si c’est vrai. Aux patrons d’expliquer pourquoi aucune réserve n’a été constituée pour des temps plus difficiles ! Si nécessaire, ces entreprises doivent être nationalisées sans rachat ni indemnité et sous contrôle et gestion des travailleurs pour sauver l’emploi.

    Bloquer les prix = Nationaliser

    Bloquer les prix, nos voisins l’ont fait ? Ce sont essentiellement des subsides d’Etat qui payent au privé la différence entre les prix du marché et ceux destinés aux entreprises et aux ménages, sans toucher aux profits. Tôt ou tard, ce sera à la collectivité d’en payer le prix alors que le manque de moyens publics est déjà insoutenable partout. Les grèves dans les chemins de fer, l’enseignement, les soins de santé et chez les fonctionnaires fédéraux ou locaux illustrent toute la colère face à la charge de travail intenable et à la profonde dégradation des services due au sous-investissement chronique.

    Bloquer les prix exige de nationaliser. Concrètement, cela signifie la prise en charge de l’ensemble du secteur de l’énergie (production, distribution, recherche) par la collectivité. Cela ouvrirait la voie à des prix abordables et une transition verte rapide. Une nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et travailleuses, c’est totalement différent du rachat à des actionnaires privés, comme l’a fait le gouvernement français concernant EDF. Les capitalistes se sont déjà suffisamment amusés, il ne saurait être question ni de rachat ni d’indemnité pour les actionnaires. Des exceptions peuvent être considérées pour de petits actionnaires sur base de besoins prouvés, nous ne voulons mettre personne sur la paille.

    Pour éliminer la spéculation et mobiliser les moyens pour refinancer la santé, l’enseignement, les transports publics,… il faut de suite y combiner la nationalisation de l’ensemble du secteur financier. Pour éviter de fonctionner comme dans le privé et répondre aux besoins sociaux, une entreprise ou un secteur nationalisé doit être géré à la fois par le personnel, les syndicats et la collectivité. Cela exige l’implication active de la classe travailleuse à chaque étape dans le cadre d’une planification rationnelle et écologique de l’économie.

    Un plan d’action clair pour le 16 décembre afin d’impliquer tout le monde !

    La grève générale du 9 novembre a illustré notre force, mais bien plus était possible. La préparation n’était pas optimale pour impliquer tous les collègues. Les actions sont plus puissantes lorsqu’elles s’inscrivent dans un plan d’action ambitieux avec de futures étapes connues à l’avance et sur base desquelles construire un élan. Si on y ajoute une grande « Opération vérité » qui fait connaître la réalité des bénéfices des patrons et répond à leurs mensonges, cela peut dissiper les doutes à la base (tant à la CSC qu’à la FGTB, tant à Bruxelles, qu’en Flandre et en Wallonie) et assurer une généralisation de notre lutte. Avec un tel élan, il est possible de rallier tout le monde à notre cause : les jeunes, les pensionnés, les chômeurs, voire les indépendants et les petites entreprises.

    Nous voulons inclure tout le monde. Une évaluation collective avec des réunions du personnel (éventuellement liées à des arrêts de travail) et des réunions interprofessionnelles démocratiques sont cruciales pour discuter efficacement des forces et des faiblesses du mouvement, intégrer les demandes spécifiques à chaque secteur dans le paquet de revendications et voter démocratiquement ensemble sur la manière de poursuivre la lutte.

    Pour gagner, nous avons besoin d’un plan d’action clair avant le 16 décembre, et non pas une semaine après, pour poursuivre et intensifier la lutte dès janvier vers une grève générale en février préparée et précédée par des grèves provinciales tournantes. Nous pouvons nous inspirer des grèves des raffineries en France, qui était reconductibles en assemblées jours après jours par les grévistes eux-mêmes. Il est essentiel de montrer qui fait tourner l’économie, et de permettre aux travailleuses et travailleurs de faire l’expérience de ce que cela peut représenter la prise de contrôle de l’économie et les rênes de la société. Les délégués et militant syndicaux pourraient ainsi se saisir de la manifestation pour construire une véritable relation de force sur leur lieu de travail et dans la société.

    La Campagne ROSA : pour l’unité dans la lutte ! La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) soutient les revendications des syndicats contre la réforme des pensions sexiste qui va précariser encore plus les travailleuses à temps partiel, contre l’expansion des flexi-jobs dans la santé (une véritable gifle à celles et ceux qui ont été en première ligne face au Covid et qui exigent plus de personnel pour tenir le coup) et contre les restrictions du crédit-temps qui rendra plus difficile de combiner travail et vie de famille. Combattre la violence faite aux femmes, cela implique de lutter pour leur indépendance financière, alors que la crise du coût de la vie frappe plus durement les femmes et tout particulièrement les mères isolées. La Campagne ROSA veut renforcer la lutte du mouvement ouvrier contre toutes les oppressions, car celles-ci facilitent l’exploitation capitaliste en divisant la classe travailleuse. La journée d’action du 8 mars doit être saisie par les syndicats pour lutter contre le sexisme et la vie chère.

    ORGANISEZ-VOUS ! REJOIGNEZ LE PSL/LSP

    Le PSL/LSP est un parti national qui organise des travailleuses et travailleurs, des jeunes, des féministes… pour renverser le capitalisme et changer de société. Le capitalisme ne nous réserve que plus de guerres, de misère et d’exploitation, c’est pourquoi nous luttons pour une société socialiste démocratique où la barbarie de l’économie de marché est remplacée par une économie rationnelle démocratiquement planifiée pour répondre aux besoins de la collectivité dans le respect de la planète. Ce combat est par nature un combat international, c’est la raison pour laquelle nous sommes organisés sur tous les continents grâce à un parti mondial : Alternative Socialiste Internationale (ASI).

  • Poursuivre le combat avec un plan d’action décidé et voté à la base

    Dans notre tract distribué dans tout le pays à l’occasion de la grève générale du 9 novembre nous écrivions : « Il faut un plan d’action crescendo, en escalade. Si nous voulons convaincre et tirer toute la société derrière le mouvement ouvrier, il faut une véritable démonstration de force. La manifestation du 6 novembre 2014 (150.000 personnes) était la plus grande manifestation syndicale depuis 1986. Personne ne doutait plus ensuite du véritable dirigeant de la nation. Une nouvelle manifestation de masse doit nous permettre de regrouper jeunes, pensionnés, chômeurs et même indépendants et petits commerces (des appels à la solidarité avec la grève du 9/11 ont été lancés par des commerçants de Liège et de Bruxelles) autour de la classe ouvrière et d’aider à construire l’élan vers de nouvelles journées de grève nationales, précédées de grèves provinciales. »

    https://fr.socialisme.be/94497/evaluation-de-la-greve-generale-en-prevision-des-prochaines
    https://fr.socialisme.be/94486/les-primes-ne-sortiront-personne-de-la-misere-organisons-et-generalisons-la-lutte
    https://fr.socialisme.be/94266/pourquoi-la-greve-generale-est-elle-si-importante-dans-larsenal-du-mouvement-ouvrier

    Finalement, à la veille de la manifestation contre les violences faites aux femmes, la FGTB a annoncé une manifestation nationale couverte par un préavis de grève à la mi-décembre, en essayant d’y impliquer la CSC, tandis qu’un plan d’action devait être annoncé début décembre pour de nouvelles actions début 2023.

    La nécessité s’imposait. Dans le sillage de la grève générale du 9 novembre, de nombreux secteurs n’avaient pas attendu. En novembre les travailleurs sociaux des CPAS bruxellois, les fonctionnaires locaux à Anvers, les cheminots et les fonctionnaires fédéraux ont fait grève. Une action en front commun syndical a été menée contre la réforme des pensions du gouvernement fédéral et pour l’égalité des genres. En décembre, d’autres actions étaient déjà prévues de certains de ces secteurs tandis que le non marchand, les pompiers bruxellois et encore d’autres devaient s’y ajouter. A côté de ça, il y avait encore la mobilisation de « Trop is te veel » le 4 décembre (lire ci-contre) pour plus de pouvoir d’achat et une énergie publique.

    Le grand point faible du lendemain de la grève générale, c’est l’absence de dynamique d’évaluation avec réunions du personnel sur le lieu de travail, arrêts de travail et assemblées interprofessionnelles démocratiques. Quelle autre façon d’efficacement discuter des points forts et des points faibles de la grève, d’intégrer au cahier de revendication global des revendications spécifiques aux différents secteurs et de voter démocratiquement ensemble la manière de poursuivre le combat ?

    C’est d’ailleurs une leçon à tirer du combat dans les raffineries en France et de la pratique de la grève reconductible, où les grévistes évaluent ensemble la situation après chaque journée afin de procéder à un vote démocratique concernant la marche à suivre pour la suite. De cette manière, même la fin d’une grève permet d’envisager directement ensemble ce qui est à renforcer pour le combat syndical. De même, la grève des travailleurs sociaux des CPAS de la région bruxelloise du 16 novembre s’est terminée par une assemblée générale où les 200 grévistes réunis ont décidé démocratiquement de continuer la mobilisation avec une prochaine date : le 15 décembre, en cherchant également à élargir la participation aux travailleurs sociaux des CPAS de Flandre et de Wallonie.

    Cette pratique de démocratie syndicale est essentielle pour informer et mobiliser les collègues, mais aussi pour former des militantes et militants syndicaux, qu’ils soient chevronnés ou non. Ce sont aussi des premiers pas à poser dans la perspective de la prise du contrôle de l’économie par les travailleuses et travailleurs eux-mêmes et du renversement du capitalisme.

    La manifestation de mi-décembre et les prochaines dates de mobilisations seront idéales pour que les délégations syndicales combatives puissent se rencontrer et tisser des liens à la base. De même, lors des multiples actions à venir, mettre sur pied des délégations de solidarité pour se rendre aux piquets et rassemblements d’autres secteurs, ou simplement soumettre au vote des motions de solidarité, sera fondamental pour renforcer la dynamique de lutte à la base et peut-être à terme assurer la naissance d’un réseau de syndicalistes de combat.

  • Evaluation de la grève générale… en prévision des prochaines !

    La grève générale du 9 novembre faisait figure de test: quelle serait la force du mouvement ? Une chose est claire : ni le patronat, ni le gouvernement, ni mêmes les dirigeants syndicaux ne s’attendaient à ce que la grève soit aussi solide.

    Par Wouter (Gand), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    https://fr.socialisme.be/94486/les-primes-ne-sortiront-personne-de-la-misere-organisons-et-generalisons-la-lutte
    https://fr.socialisme.be/94266/pourquoi-la-greve-generale-est-elle-si-importante-dans-larsenal-du-mouvement-ouvrier

    Il était d’ailleurs déjà possible d’aller plus loin. Pas mal de gens n’ont compris qu’il y aurait une grève que quelques jours avant sa tenue. Et même là où l’appel à la grève était connu, le manque de préparation était flagrant. A Liège, une de nos équipes militantes a rencontré un petit groupe d’enseignantes motivées par la lutte dans l’enseignement francophone (13.000 personnes encore à Namur en octobre !) qui cherchaient où se rendre pour renforcer les piquets faute d’en avoir devant leur école. Après avoir tenté de contacter le siège de la FGTB durant une semaine, elles se sont rendues au matin sur un zoning industriel en espérant y trouver des piquets. Leur enthousiasme était contagieux ! Mais combien d’autres, très certainement là où la délégation syndicale est plus jeune ou moins implantée, sont-ils restés chez eux alors qu’ils auraient volontiers rejoint un piquet ?

    Ce manque de coordination et le temps perdu dans la mobilisation s’est surtout remarqué aux piquets, moins nombreux (plus de 800 tout de même) et moins étoffés qu’en d’autres moments. Malgré tout, la grève a été bien suivie. Dans les ports de Gand et d’Anvers, dans les zonings industriels de Liège, de Charleroi et du Brabant wallon, dans les zonings commerciaux du pays, dans les transports en commun, dans les plus grandes entreprises du pays, tout était à l’arrêt, ou presque. A Bruxelles et en Wallonie, 2 hôpitaux sur 3 sont passés en service minimum. Moins d’un train sur quatre circulait et moins de la moitié des bus et des trams étaient encore en circulation. Une fois de plus, l’action collective des travailleuses et des travailleurs a montré que celles et ceux qui font tourner l’économie, ce ne sont ni les actionnaires ni les PDG. Et que quand ils et elles s’arrêtent, tout s’arrête.

    Eviter le piège de la division

    Dans le secteur chimique, le bilan de la grève est par exemple plus mitigé. Dans certaines entreprises, on caressait l’espoir d’un accord avec la direction pour une augmentation de salaire en dépit de la « loi-cadenas » sur les salaires de 1996. Évitons le piège de la division et regardons comment les secteurs à la pointe de la lutte peuvent soutenir les autres avec leur force de frappe. C’est tout l’intérêt de revendications générales telles qu’une augmentation immédiate de 2 euros de l’heure pour tout le monde (ou 330 euros par mois) et qu’un salaire minimum de 15 euros de l’heure. Cela permet de consolider le mouvement autour d’un objectif clair et de ne pas laisser seuls les secteurs où l’implantation syndicale est pour l’instant moins forte ou moins militante.

    À Gand, les grévistes d’entreprises comme Volvo Cars, Volvo Trucks, Arcelor et du port se sont réunis pour organiser un piquet commun et bloquer le port. De telles grèves sont l’occasion de réunir les forces pour compenser les faiblesses. Lors de la grève générale contre le Plan global en 1993, l’innovation de l’époque était le blocage des zones industrielles. Durant les grèves contre le Pacte dit « des Générations » en 2005, des piquets de grève communs aux grands axes routiers donnant accès aux villes ont été expérimentés.

    Ce sentiment de solidarité et la volonté de consolider la lutte générale grâce aux secteurs les plus forts, nos équipes militantes les ont rencontrés aux quatre coins du pays. Un délégué FGTB de chez Volvo Trucks à Gand nous expliquait ainsi que « Celui qui prépare mon sandwich chez Panos a autant besoin de cette augmentation de salaire, voire plus ». La nécessité de l’unité dans la lutte est largement comprise.

    La peur et la colère ne sont pas fondamentalement différentes en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. S’il existe une différence de dynamique, c’est en partie dû au paysage politique et au débat public qui l’accompagne. Le plan d’action de 2014 (avec coup sur coup une manifestation nationale, une tournée de grèves régionales et une puissante grève générale nationale) avait démontré comment le mouvement ouvrier peut retourner l’opinion publique à son avantage. Ce n’est que l’absence de deuxième plan d’action à cette hauteur qui avait sauvé le gouvernement Michel. La situation n’est pas moins sérieuse aujourd’hui.

    La force d’une grève se mesure aussi par son contenu

    L’exaspération contre les profits des grandes entreprises et les bas salaires était palpable partout. L’idée d’une prime unique dans les entreprises où les caisses se portent bien était le plus souvent considérée comme une insulte et vivement rejetée parmi les grévistes.

    Notre revendication d’une augmentation de 2 euros de l’heure pour tous les salaires bénéficiait d’un bon écho, de même que la question de la nationalisation de la totalité du secteur de l’énergie. Le marché ne fonctionne pas à notre avantage, cela ne fait aucun doute, et cela ne fait que donner encore plus de poids à la demande d’investissements publics massifs dans nos services publics, qui craquent de partout.

    Il faut aller encore plus loin : dans pas mal de petites entreprises, la grève a été peu suivie, souvent par manque d’information, mais aussi en raison de la crainte de mettre son lieu de travail à mal. Nous ne devons pas laisser ces inquiétudes sans réponse et défendre l’ouverture des livres de compte des entreprises pour révéler le montant des bénéfices et la manière dont ils peuvent être affectés aux salaires. Et en cas de menace de licenciement collectif, de fermeture ou de délocalisation, nous devons défendre l’expropriation sans rachat ni indemnité (sauf sur base de besoins avérés) et la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques.

  • Les primes ne sortiront personne de la misère. Organisons et généralisons la lutte!

    Avant même que l’hiver ne commence, une soixantaine de personnes avaient déjà perdu la vie en Belgique à cause du monoxyde de carbone. Le double des autres années. Le verdict du Centre antipoisons belge est clair : quand les prix du chauffage flambent, le risque d’intoxication aussi. Avec la crainte des factures, on aère moins ou on économise sur l’entretien des appareils. Quel sera le décompte macabre à la fin de l’hiver ?

    Par un délégué FGTB

    Avec l’hiver, la Belgique entrera aussi officiellement en récession (deux trimestres de suite de croissance économique négative). Les estimations les plus optimistes des institutions internationales pour l’année 2023 tablent sur une fragile stagnation économique (0,5% de croissance pour l’OCDE, 0,2% pour la Commission européenne). Nous savons bien ce que signifient ces chiffres pour le grand patronat et les gouvernements : pertes d’emploi, attaques sur les salaires, réduction de budgets.

    Tout le monde ne sera pas logé à la même enseigne. Les actionnaires ont fait des provisions lors du premier semestre de 2022 où les marges des entreprises ont été historiquement hautes. Ceci leur permettra de passer cette période de manière confortable. Pour la grande majorité d’entre nous, c’est déjà la catastrophe, et ça ne va faire qu’empirer. À moins d’imposer un changement de politique économique.

    Le gouvernement estime qu’il en a fait assez avec son « paquet énergie à prix réduit » pour 5 mois. Pendant ce temps, les actionnaires du secteur de l’énergie empochent des sommes folles. L’appel à la nationalisation du secteur se fait de plus en plus entendre, c’est la seule manière d’avoir des factures abordables et d’assurer la transition énergétique, mais le gouvernement joue au chien de garde des actionnaires. Pareil pour les salaires. Le gouvernement entend bien défendre bec et ongles la camisole de force sur nos salaires que constitue la loi de 1996. Il veut empêcher toute hausse des salaires pour ces prochaines années. Le gouvernement espère qu’une prime de quelques centaines d’euros dans les entreprises où les travailleurs seront capables de l’arracher achètera la paix sociale. C’est aussi avec une prime de 100 euros qu’on a tenté de bloquer la grève du rail fin novembre. Suivons l’exemple des cheminotes et cheminots : il nous faut des solutions structurelles, luttons pour les obtenir !

    Généraliser la lutte et lutter pour gagner

    La grève générale du 9 novembre était une bonne démonstration de force. Mais des démonstrations de force ponctuelles ne suffiront pas et finiront par épuiser. Arracher un changement exige un combat de longue haleine, où chaque date de mobilisation est pleinement saisie pour élargir la lutte et poser le pas suivant en état plus fort. Dans des occasions comme la manifestation de décembre, les multiples délégations pourraient diffuser leur propre tract détaillant leurs revendications spécifiques et ce qu’ils estiment nécessaire d’organiser pour les obtenir.

    Différentes délégations du métal ont fait des communiqués de presse en faveur de la nationalisation du secteur de l’énergie. Pourquoi ne pas publier massivement ce tract lors des manifestations et par des visites sur les piquets de grève ? Le débat concernant l’évolution du mouvement doit sortir du cadre étroit des directions syndicales. C’est notre combat, nous avons notre mot à dire ! Une décision prise après une discussion démocratique en assemblée générale sur le lieu de travail et en réunion interprofessionnelle liée à un plan d’action qui n’est pas de la poudre aux yeux est la meilleure façon de répondre aux doutes des collègues pour les impliquer et approfondir la lutte.

    Le gouvernement ne changera pas de cap avec des mobilisations ponctuelles. Il nous faut un plan d’action sérieux, avec plusieurs grèves générales, discuté et décidé par la base syndicale. Rien n’est plus efficace qu’un blocage de toute l’économie soigneusement préparé sur le terrain, très certainement s’il prépare le terrain à la reprise en mains des leviers centraux de l’économie et des richesses de la société par les travailleuses et travailleurs. Nous ne pourrons sortir des multiples crises du capitalisme qu’en le renversant et en remplaçant le chaos destructeur de la dictature des marchés par une planification rationnelle de l’économie.

  • Après une grève du rail bien suivie, il faut un plan d’action !

    Pour la troisième fois en deux mois, les cheminotes et cheminots sont partis en grève. Le 5 octobre, une première grève a eu lieu contre le manque de moyens. Ensuite, le personnel du rail a activement participé à la grève générale du 9 novembre et, maintenant, une autre grève a pris place car les négociations budgétaires n’ont livré aucune réponse à la demande de moyens structurels supplémentaires. Le ministre Gilkinet (ECOLO) peut bien parler d’investissements, il ne s’agit que d’argent pour un avenir lointain alors que de nouvelles coupes budgétaires seraient opérées au cours des deux prochaines années. Les conséquences pour le service sont évidentes : plus de trains supprimés, encore moins de wagons, encore moins de ponctualité. La frustration est grande et se développe tant parmi le personnel que parmi les voyageurs.

    La grève était bien suivie. Seul un quart des trains circulaient hier. Chez les conducteurs de train d’Anvers, par exemple, 73% du personnel était en grève, soit à peu près autant que le 5 octobre et presque autant que le 9 novembre. Le mécontentement est profond et dure depuis longtemps. La pénurie frappe tous les domaines, il est impossible de prendre du repos et par-dessus le tout, la direction ne loupe pas une occasion de faire preuve de manque de respect à l’égard des travailleuses et travailleurs. Il est absolument nécessaire d’avoir plus de personnel, mais leur nombre continue de diminuer, aucun moyen ne vient rendre les fonctions plus attractives. Ça ne peut pas continuer comme ça !

    Une question s’imposait aux 4 coins du pays : comment continuer ? Il est nécessaire d’établir un sérieux plan d’action pour donner une perspective à la lutte. Des actions ponctuelles seront insuffisantes. C’est à ce titre qu’il est important de se souvenir du plan d’action de 2014 : les différentes grèves se sont renforcées à chaque fois car elles étaient encadrées dans un plan d’action allant crescendo, aux dates connues à l’avance, avec une manifestation nationale directement suivie d’une série de grèves provinciales suivies d’une grève générale nationale la semaine suivante. Le gouvernement était fortement ébranlé et n’est resté en place que faute d’un deuxième plan d’action plus puissant encore. Un tel type de plan d’action en escalade laisserait plus d’espace pour impliquer les collègues, mais aussi pour élaborer des campagnes spécifiques à l’intention des voyageurs et des collègues d’autres secteurs, notamment dans les autres transports publics. L’insuffisance du service et la forte hausse des billets à venir offrent des arguments suffisants pour embarquer les voyageurs à bord de la lutte. Autour de tout cela, il est nécessaire de discuter davantage entre collègues, ce pour quoi les assemblées du personnel sont importantes.

    En outre, nous ne devons pas nous contenter d’identifier ce qui ne va pas, il est nécessaire de formuler des revendications claires qui indiquent comment y faire face. Davantage de moyens pour les transports publics, revenir sur les réductions de personnel de ces dernières années (5.000 emplois ont disparu en cinq ans, alors que la productivité a augmenté de 20 %), des investissements substantiels dans les infrastructures, la réduction de la charge de travail par la diminution des heures de travail sans perte de salaire, ce qui permettrait des horaires de travail sains… Tout cela serait un tremplin pour élargir l’offre actuelle, ce qui est nécessaire dans un contexte de crise climatique et de problèmes de mobilité.

    Piquet de grève à Anvers Berchem
    Gand
    Ostende
    Les cheminots de Liège et Verviers avaient fait un piquet commun à Verviers.
    Bruxelles
  • SNCB. Stoppons la casse ! Moins de charge de travail, plus de collègues !

    De l’argent, il y en a : dans les poches du patronat !

    Trop, c’est trop ! Le conclave budgétaire d’octobre représente des économies de 550 millions d’euros au cours des deux prochaines années. Infrabel menace à nouveau de fermer certaines lignes. Alors que nous avons grand besoin de transports publics sûrs, écologiques et fluides, ce gouvernement veut continuer la casse du service ! Le mois d’octobre marquait la ponctualité la plus mauvaise depuis quatre ans. En deux ans, le nombre de trains supprimés a augmenté de 40 %. Mais le prix des billets augmentera encore de 8 à 10 % en février, principalement en raison des frais d’énergie. Et la SNCB a annoncé que le nombre de trains sera réduit à partir du 11 décembre. Comment peut-on justifier ça auprès des voyageurs ?

    Nous devons déjà nous débattre avec le manque chronique de personnel et les multiples mesures imposées ces dernières années pour augmenter la productivité. La charge de travail est insoutenable et l’offre repose sur des fondations très fragiles qui menacent de s’effondrer à tout moment. Une seule conclusion s’impose : « faire plus avec moins », ça ne marche tout simplement pas. Par contre, le nombre de cadres a presque doublé en cinq ans. La grève du 29 novembre de la CGSP, de la CSC-transcom et du SLFB ainsi que la grève supplémentaire du SACT les 30 novembre et 1er décembre, dans le prolongement des grèves précédentes, indiquent clairement que le personnel en a assez !

    La direction des chemins de fer a tenté de repousser la grève avec une prime unique de 100 euros. C’est une insulte ! La direction a pu cacher certains problèmes sous le tapis pendant des années, mais tout remonte à la surface maintenant. Même le ministre Gilkinet doit admettre que ses ambitions doivent être revues à la baisse. Il défend pourtant son bilan. C’est vrai, certains investissements ont été réalisés au début de la législature, principalement dans les infrastructures. Mais c’est de la gnognotte face au manque de moyens. Ce gouvernement a notamment soigneusement évité de revenir sur les mesures adoptées par le gouvernement Michel et ses plus de 2,1 milliards d’euros de coupes budgétaires dans le rail.

    Personnel et voyageurs sont d’accord : il faut un véritable refinancement public. Ce n’est pas l’argent qui manque : regardons les énormes bénéfices des entreprises du secteur de l’énergie. En fait, les plus grandes entreprises ont vu leurs marges bénéficiaires dépasser les 45 % au deuxième trimestre de cette année.

    L’unité dans la lutte avec les autres secteurs pour des services publics renforcés

    En nous regroupant avec d’autres secteurs, nous pouvons garantir que les profits soient utilisés pour le bien commun et qu’ils ne disparaissent pas dans les poches des actionnaires. Le succès de la grève générale du 9 novembre démontre que la colère existe partout. Les réunions du personnel pour mobiliser et évaluer la lutte sont cruciales. Un plan d’action qui combine des actions sectorielles et intersectorielles peut nous permettre de remporter de véritables victoires. La manifestation annoncée dans la semaine du 12 décembre est un premier pas, mais il faut plus encore pour gagner !

    Lions les revendications du rail à celles du mouvement général !

    • La charge de travail doit être réduite : pour la semaine des 30 heures sans perte de salaire avec recrutement compensatoire, un accord social qui prévoit des mesures pour un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée (par exemple, des horaires de travail sains),…
    • Pour un environnement de travail sûr : des investissements massifs dans des infrastructures décentes et un personnel suffisant pour assurer la sécurité de toutes et tous.
    • Une augmentation significative des salaires pour faire face à la crise : 330 euros de plus par mois pour tout le monde, il y a assez d’argent pour ça !
    • Nationalisation de l’ensemble du secteur de l’énergie sous contrôle démocratique pour des factures abordables et la transition verte.
    • L’expansion de l’offre de trains pour répondre aux besoins de la société et à la crise climatique, grâce à des investissements massifs dans un secteur public des transports en commun.
  • Echos de la grève générale

    Une grève et des actions ont eu lieu aujourd’hui dans tout le pays contre l’explosion des prix et en défense de nos conditions de vie. Les piquets de grève se comptaient par centaines et la volonté d’agir était remarquable, même si le manque d’organisation était palpable en divers endroits.

    Le tract que nos militant.e.s ont distribué aux piquets et aux actions a été fort bien accueilli. Nos équipes ont eu d’innombrables discussions concernant la nécessité de nationaliser l’ensemble du secteur de l’énergie (sous contrôle et gestion des travailleuses et travailleurs) mais aussi vis-à-vis de la manière de progresser dans la construction efficace d’un rapport de force.

    Notre tract revenait sur les hésitations des sommets syndicaux avant cette grève, certains dirigeants syndicaux mobilisant clairement avec le frein à main. Le travail ne manque pas pour assurer de généraliser la contestation grâce à un plan d’action et un programme de revendications qui offre de réelles perspectives et qui organise une offensive visant à gagner.

    Un plan d’action avec grèves générales/régionales lancé par une manifestation de masse nationale pourrait donner l’impulsion nécessaire. Cette préparation doit se faire le plus tôt possible, notamment par le biais de réunions du personnel et de militant.e.s sur tous les lieux de travail, dans tous les secteurs et dans toutes les régions. Ce serait l’occasion idéale d’évaluer cette grève ainsi que de débattre et de voter les prochaines étapes du combat.

    Voici ci-dessous quelques rapports et photos de nos militant.e.s provenant de différentes parties du pays afin de donner un aperçu de cette importante journée de mobilisation.

    https://fr.socialisme.be/94252/intensifier-la-lutte-avec-un-plan-daction-crescendo
    Piquet de grève à TotalEnergies

    Anvers

    Des piquets de grève ont été organisés dans les entreprises pétrochimiques du port d’Anvers, mais il y a également eu des actions dans le secteur social, une concentration du personnel des services publics et d’autres actions.

    Des équipes militantes du PSL complétées par des jeunes des Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA) ont visité les piquets de grève du port, aux côtés de quelques cheminot.e.s et d’activistes pour le climat. À ExxonMobil, nous avons entendu comment cette entreprise qui réalise des milliards d’euros de bénéfices force son personnel à prester des heures supplémentaires faute de collègues en suffisance. Chez Total, un drapeau du syndicat français CGT a rappelé les luttes menées récemment en France dans les raffineries. Chez BASF, le piquet de grève était impressionnant et comportait nombre de militant.e.s et de délégué.e.s. On y constatait une préparation minutieuse de la journée de grève. Nous sommes également passés devant le piquet de grève d’Evonik.

    Dans le centre-ville, sur la place Astrid, un rassemblement réunissait essentiellement des membres de la CGSP (Chemins de fer, enseignement et autres). Il y avait peut-être environ 250 personnes présentes. En même temps, les travailleurs sociaux ont visité certains endroits de la ville. Des membres du PSL y étaient également présents.

    Cliquez ici pour une série de photos d’Anvers

    Gand

    Des dizaines de militant.e.s du PSL étaient présent.e.s au piquet de grève de leur délégation syndicale ou ont effectué des visites de solidarité à d’autres piquets. De Bombardier à Bruges, en passant par Eastman à Gand, jusqu’à Tupperware à Alost. Nous avons eu des centaines de conversations intéressantes. Les blocages dans le port, les piquets de grève collectifs au parc industriel de Gent Zuid,… La grève a été bien suivie !

    Une délégation de jeunes d’EGA et de la Campagne ROSA en visite de solidarité

    La nationalisation du secteur de l’énergie était évidente pour la plupart des grévistes. Nous avons souvent entendu dire qu’il fallait briser la loi antisociale sur les salaires de 1996 pour imposer des salaires plus élevés. Les entreprises réalisent de juteux bénéfices tandis que les travailleurs se retrouvent dans la précarité. Bien sûr, nous avons également eu des conversations avec des militants syndicaux sur les luttes menées dans des entreprises comme Tupperware ou à la SNCB. Les jeunes Etudiant.e.s de Gauche en Action, de la Campagne ROSA et d’Alternative Socialiste Internationale ont organisé une tournée de solidarité des piquets de grève à vélo.

    Il est clair que la lutte doit se poursuivre. Nous devons imposer une augmentation des salaires et la nationalisation du secteur de l’énergie si nous ne voulons pas appauvrir tout le monde. Tout le monde s’accorde à dire qu’il faut poursuivre la lutte ! En route vers un mouvement de grève coordonné et de longue durée !

    Cliquez ici pour des photos des piquets de grève à Gand

    Bruxelles

    A Bruxelles, nos camarades ont organisé une impressionnante intervention de 8 équipes, avec 32 camarades, et plus de 40 interventions aux piquets et actions, chez H&M Basilix, à l’hôpital Delta, au Colruyt d’Uccle, au Shopping Krainem, au zoning industriel de Braine, au rassemblement des cheminots et de travailleuses et travailleurs des services publics devant le cabinet du ministre Gilkinet (ECOLO), à l’aéroport de Zaventem, chez BMW, à l’hôtel Radison, chez Axa, à l’ULB, chez Mercedes, chez GSK Wavre, à l’atelier SNCB de Scaerbeek et de Forest, au zoning de Vilvorde, chez Audi, devant ENGIE, à Bpost,…

    Cliquez ici pour les photos des piquets de grève à Bruxelles

    Aéroport de Zaventem
    Piquet de grève à l’hôtel Radison à Bruxelles

    Alost

    Nous avons constitué un piquet volant avec des militant.e.s/délégué.e.s de différents secteurs pour visiter et renforcer les piquets suivants à Alost : Tereos, Tupperware, KTA et à la concentration militante sur le Hopmarkt.

    Mons

    A Mons, la tournée de visites de solidarité de notre équipe militante est passée par le zoning de Ghlin-Baudour, principalement chez Aisin Europe, Air Liquide, NGK Ceramics, H&M Logistics, puis par le blocage routier à Quaregnon organisé par la régionale FGTB avec des délégations de maisons de repos et entreprises de nettoyage etc. C’est surtout la revendication de la nationalisation du secteur de l’énergie sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité qui a été l’objet de discussions animées et enthousiastes.

    Cliquez ici pour les photos de Mons

    Liège

    En région liégeoise, les piquets de grève ont bloqué l’accès à plusieurs parcs industriels (Hauts-Sarts à Herstal, etc.) tandis que les grandes entreprises étaient à l’arrêt et les grévistes mobilisés aux portes de leurs lieux de travail ou en renforts en d’autres endroits (FN Herstal, Safran Aero Boosters, ABInbev, Prayon, etc.). Les centres commerciaux de Belle-Île, de Médiacité, les shoppings de Hognoul et de Herstal étaient également parsemés de piquets de grève, tout comme les entrées de la plupart des Carrefour, Lidl, Delhaize et autres Aldi. Nos équipes militantes ont notamment rencontré en plusieurs endroits des enseignantes et enseignants dynamisés par la lutte en cours dans l’enseignement francophone et qui étaient à la recherche active de lieux à renforcer.

    Il a beaucoup été question du type de plan d’action nécessaire pour la suite dans nos discussions, et de la façon dont il serait possible de lier les différents secteurs à la pointe de la lutte entre eux afin d’en tirer d’autres dans l’action. Nous avons pu constater une grande soif d’action, mais aussi de débats et de décisions démocratiques concernant la stratégie à adopter.

    Cliquez ici pour les photos de Liège

  • Pourquoi la grève générale est-elle si importante dans l’arsenal du mouvement ouvrier ?

    Le changement socialiste expliqué

    Dans le cadre de la préparation de la grève générale du 9 novembre, nous avons interrogé un véritable vétéran des luttes ouvrières en Belgique : Gustave Dache. Syndicaliste révolutionnaire durant des décennies, délégué FGTB à Caterpillar et à Citroën, il a également très activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61, sujet de son livre La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960/61.

    « La lutte de classe n’est pas tous les jours combats de rue, dépavages, arbres abattus, dynamitages, confrontations entre bulldozers et autopompes de la police… C’est surtout un combat au sein même de la classe ouvrière dans les assemblées politiques et syndicales, afin de convaincre les hésitants que la lutte est une lutte continue. A 86 ans, comme pensionné FGTB, je vais toujours aux assemblées interprofessionnelles à Charleroi et j’y interviens toujours pour défendre les méthodes et l’héritage des anciens vétérans trotskystes de Charleroi qui s’étaient illustrés dans les années ’30.

    « La grève générale, c’est l’arme principale de la classe ouvrière, avec ses piquets de grève et le blocage total de toute l’économie. Une vraie grève générale, c’est un engagement dans une lutte sans merci. Mais à l’heure actuelle, on fait des grèves générales sans lendemain, j’appelle ça des grèves d’escarmouche.

    « Si on veut arracher des victoires comme dans le passé, il faut paralyser toute l’économie du pays, mais pas de façon limitée à 24 heures. Il faut un plan d’action jusqu’à la grève générale reconductible jour après jour par la base, jusqu’à satisfaction, quand on a obtenu gain de cause et pas à mi-chemin, avec des compromis boiteux discutés dans le dos des travailleurs. Et si le système capitaliste est incapable de nous fournir le minimum décent que nous exigeons aujourd’hui, c’est qu’il est plongé dans une multitude de crises, de l’énergie à l’économie en passant par le climat. Ce ne sont pas des crises passagères, c’est une crise fondamentale du système lui-même. Il ne peut être régénéré, il doit être mis aux oubliettes de l’histoire.

    « Quand une telle grève générale commence, on ne sait jamais quand elle va se terminer. J’ai toujours constaté que, généralement, ce sont les travailleurs qui veulent la grève générale. Les appareils syndicaux freinent et jouent le rôle d’une soupape de sécurité pour éviter que ça ne débouche sur des mouvements insurrectionnels et révolutionnaires. D’où l’importance de comités de grève démocratiques qui jouent le rôle de direction de combat. Les comités de grève sont toujours importants dans une grève générale, contrairement à ce qu’on pourrait nous faire croire. Ça permet le contrôle d’en-bas contre les réticences et les hésitations d’en-haut.

    « Une grève générale qui paralyse toute l’économie pose la question : « qui est maître dans le pays ». Et en même temps, toute grève générale pose la question du pouvoir. Beaucoup de gens veulent un changement de société, sans savoir comment faire. La clé, c’est la grève générale. Qui peut bloquer toute l’économie peut décider de la relancer, mais cette fois sous gestion et contrôle des travailleurs. C’est ça, la vraie démocratie ! »

  • Quelques vérités face aux mensonges du patronat

    Dans notre dernière édition, nous avons répondu à certains mensonges patronaux sur le pouvoir d’achat et l’état de l’économie. Cela a été apprécié par nos lecteurs, nous continuons donc sur cette lancée. Après tout, ce ne sont pas les mensonges qui ont manqué ces dernières semaines… Les employeurs déforment les chiffres et utilisent des arguments fallacieux pour obtenir des cadeaux supplémentaires et accumuler ainsi plus de profit. Le gouvernement s’en accommode, les médias traditionnels ne parviennent pas à les réfuter. C’est au mouvement ouvrier de réagir.

    Par Geert Cool

    Le système d’indexation n’est pas viable car il fait peser le coût de l’inflation sur les entreprises.

    C’est ce qu’a déclaré Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque Nationale, dans l’émission « Zevende Dag » du 9 octobre. Ce membre bien connu du MR a été présenté comme un observateur « neutre ». Et ce qu’il a dit n’a aucun sens. Les entreprises sont en partie à l’origine de l’inflation et elles se posent aujourd’hui en victimes, n’hésitant pas à profiter de ceux – pour la plupart des petites entreprises et des indépendants – qui risquent de faire faillite à cause des prix de l’énergie.

    Les causes de l’inflation sont ancrées dans le système capitaliste. Il y a bien sûr les effets des tensions interimpérialistes et de la guerre en Ukraine, mais le changement climatique, la pandémie, la crise de la dette, les monopoles… jouent également un rôle. Tout ceci est étroitement lié à la quête de toujours plus de profits.

    De nombreuses entreprises ont fortement augmenté leurs prix dans la période post-Corona, sans raison valable. La Banque centrale européenne a déclaré : « De nombreuses entreprises ont réussi à augmenter leurs prix plus fortement que la hausse des salaires et, dans de nombreux cas, que la hausse des coûts énergétiques. » Un mécanisme dans lequel s’est notamment distingué Unilever, la multinationale utilisant sa position dominante pour augmenter les prix sans raison.

    Il y a de la spéculation sur les marchés pétroliers. Thijs Van de Graaf, spécialiste de l’énergie à l’UGent, parle d’un « commerce excessif de barils de pétrole en papier » : des spéculateurs tels que Goldman Sachs et d’autres sociétés d’investissement achètent des stocks de pétrole et de gaz, pour les revendre à un prix plus élevé à un autre moment. Parfois, ils achètent même des réserves de gaz qui n’ont pas encore été exploitées, car ils supposent que le prix qu’ils pourront en tirer plus tard sera encore plus élevé. Les « vrais » consommateurs de pétrole et de gaz sont donc en concurrence avec les spéculateurs qui achètent des actions uniquement pour les revendre en faisant au passage un bénéfice élevé. C’est l’une des conséquences perverses de la libéralisation du marché de l’énergie.

    Entre-temps, le taux de profit des entreprises reste très élevé, surtout en Belgique. La marge bénéficiaire brute des sociétés non financières était de 46% au deuxième trimestre : sur un investissement de 100 euros, une entreprise belge moyenne réalise donc un bénéfice de 46 euros après déduction de tous les coûts salariaux et autres ! Ce chiffre est nettement plus élevé que dans les pays voisins. La Belgique reste également un paradis du profit au niveau international. Les distributions de dividendes aux actionnaires sont également en hausse en Belgique : pas moins de 25,1 % l’an dernier ! Sur la même période, les salaires ont augmenté de quelque 5,9 % en moyenne, en raison de l’indexation.

    En outre, aucun lien ne peut être établi entre l’indexation des salaires et la hausse de l’inflation. Aux Pays-Bas, par exemple, l’inflation est beaucoup plus élevée malgré le fait qu’il n’y ait pas d’indexation automatique des salaires. Pierre Wunsch ment !

    Il n’y a qu’un seul groupe dans la société qui devient de plus en plus riche pendant la crise : les grandes entreprises et les grands actionnaires. Bien sûr, la rentabilité des entreprises est mal répartie : les petites entreprises et les indépendants en particulier rencontrent parfois d’importantes difficultés. Mais il existe un club restreint de capitalistes qui réalisent d’incroyables profits, notamment par la spéculation.

    Les entreprises peinent à garder la tête hors de l’eau

    Le chef de la FEB, Timmermans, s’est exprimé en ces termes dans De Tijd (2 septembre) : « Le drame pour le débat public est que les chiffres sur la rentabilité actuelle des entreprises ne seront pas disponibles avant l’année prochaine. » D’autres porte-parole du patronat affirment également que la rentabilité des entreprises est sous pression. Ils soulignent également la forte baisse de la production industrielle, sans trop s’attarder sur le rôle majeur qu’y jouent les exportations de vaccins corona.

    Depuis 2000, les salaires ont à peu près doublé en termes absolus (c’est-à-dire sans tenir compte de l’inflation). Sur la même période, les bénéfices des entreprises ont triplé. C’est ce que révèlent les chiffres du groupe de réflexion Minerva (voir graphique).

    L’économiste de la fédération patronale VOKA Bart Van Craeynest a fait remarquer dans De Tijd le 12 octobre que les entreprises répercutent une grande partie de la hausse des coûts sur leurs prix de vente, mais que le reste menace leurs marges bénéficiaires. « Les dernières prévisions du Bureau du Plan indiquent que la marge bénéficiaire moyenne en 2023 retombera à la moyenne des 25 dernières années. D’ici 2024, cette marge devrait tomber bien en dessous de cette moyenne. »

    Les bénéfices ont connu une hausse rapide ces dernières années, certains secteurs comme l’énergie ont même enregistré des bénéfices record sans précédent. Cela rend les employeurs trop confiants. Toute menace de baisse des marges bénéficiaires est combattue avec acharnement. Dans Le Capital, Marx fait référence à une déclaration de la Quarterly Review sur la cupidité des employeurs. « Le capital, dit la Quarterly Review, fuit le tumulte et les disputes et est timide par nature. Cela est très vrai, mais ce n’est pas pourtant toute la vérité. Le capital abhorre l’absence de profit ou un profit minime, comme la nature a horreur du vide. Que le profit soit convenable, et le capital devient courageux : 10 % d’assurés, et on peut l’employer partout; 20 %, il s’échauffe !, 50 %, il est d’une témérité folle; à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines; 300 %, et il n’est pas de crime qu’il n’ose commettre, même au risque de la potence. » (1)

    Les grands patrons n’ont pas peine à tenir la tête hors de l’eau. Les marges bénéficiaires risquent juste de retomber à la moyenne des 25 dernières années. Les patrons ne l’acceptent pas, c’est pourquoi ils veulent s’en prendre au niveau de vie des travailleurs. Pour les petites entreprises et les travailleurs indépendants qui sont effectivement en difficulté, ce sont les bénéfices des grandes entreprises qu’il faut viser, et non les revenus des salariés. Si les salariés perdent leur pouvoir d’achat, cela se répercute immédiatement sur les dépenses auprès des indépendants et petites entreprises locales. Ce qui revient aux travailleurs ne s’envole pas immédiatement dans la spéculation ou les paradis fiscaux.

    Nous payons les impôts les plus élevés et n’obtenons pratiquement rien en retour.

    « Nous payons les impôts sur le travail les plus élevés du monde et nous n’obtenons pratiquement rien en retour. » C’est ce qu’a déclaré Bart De Wever sur VTM News. Bien sûr, la question est de savoir qui fait partie de ce « nous ». Les travailleurs qui se retrouvent sur des listes d’attente pour à peu près tous les services publics peuvent imaginer une chose : payer beaucoup d’impôts et ne recevoir en retour que des listes d’attente toujours plus longues. Mais la situation pour les entreprises, c’est autre chose : elles reçoivent de plus en plus de subventions et de cadeaux.

    Quelques chiffres : selon le Bureau du Plan, d’ici 2027, les entreprises paieront 16,7 milliards d’euros de cotisations sociales en moins que ce qu’elles paieraient sans les cadeaux qu’elles ont reçus. Les subventions aux entreprises sont proportionnellement 44 fois plus élevées en Belgique qu’en Allemagne. Cependant, cela n’est pas mentionné lorsque la N-VA parle de la charge fiscale ou lorsque les employeurs parlent de compétitivité. Plus précisément, ces milliards de subventions ne sont délibérément pas pris en compte dans le calcul de ce fameux « handicap salarial ». Avec ce genre de calcul, on peut réellement prouver n’importe quoi.  

    Les nombreuses subventions et réductions d’impôts accordées aux entreprises exercent une pression sur la sécurité sociale et les recettes publiques. Une part plus faible de la richesse produite sert à rémunérer la force de travail, une part croissante sert à rémunérer le capital. Il s’agit d’un transfert d’un milliard de dollars dont la N-VA ne parle jamais.  

    En janvier, les salaires augmentent de 10 %.

    Pour beaucoup, ce sera une déception, mais en janvier, les salaires n’augmenteront pas de 10 %. Un ajustement d’indexation n’est d’ailleurs pas une augmentation de salaire, mais un ajustement retardé et incomplet des salaires vis-à-vis de la hausse des prix.

    Pour seulement 44% des travailleurs, une indexation automatique a lieu immédiatement après le dépassement de l’indice pivot, pour le reste l’indexation a lieu à intervalles fixes : tous les trois mois, tous les six mois ou même seulement une fois par an. Pour les cols blancs de la commission paritaire 200, soit environ un tiers de tous les cols blancs de notre pays, l’indexation n’a lieu qu’en janvier.

    Cela signifie que le retard des salaires sur la hausse des prix dépasse 10 % à ce moment-là. Ceux qui se trouvent dans ce cas devront donc faire face à la hausse des prix pendant des mois avec un revenu non adapté. La CSC a calculé qu’une personne dont le salaire médian n’est indexé qu’en janvier a perdu environ 3.400 euros de pouvoir d’achat au cours des deux dernières années.

    1) voir : Le Capital – Livre premier, Le développement de la production capitaliste, VIII° section : L’accumulation primitive, Chapitre XXXI : Genèse du capitaliste industriel.

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