Category: Ecologie

  • Le mouvement climatique Ă  un carrefour : qui sont nos alliĂ©s naturels ?

    Depuis la marche historique pour le climat du 2 dĂ©cembre 2018 et, surtout, depuis le dĂ©but des grĂšves scolaires pour le climat le 10 janvier 2019, un mouvement historique et inĂ©dit s’est dĂ©veloppĂ© dans notre pays. La Belgique s’est retrouvĂ©e en toute premiĂšre ligne des mobilisations internationales pour le climat et l’environnement. Parmi les manifestants et leurs sympathisants, un consensus semble rĂ©gner : celui de transformer la sociĂ©tĂ© pour qu’elle respecte notre planĂšte mais aussi tous ses habitants, dont les plus vulnĂ©rables. ‘‘Pas de justice climatique sans justice sociale’’ a-t-on pu rĂ©guliĂšrement entendre. La vague pour le climat a le potentiel de devenir un tsunami qui pourrait balayer ces pratiques par lesquelles la planĂšte bleue est sacrifiĂ©e au profit du billet vert.

    Par Nicolas Croes

    L’unitĂ© la plus large possible
 mais Ă  quel prix ?

    Le 5 fĂ©vrier, une campagne appelant Ă  une politique climatique forte en Belgique a Ă©tĂ© lancĂ©e en grande pompe. En une semaine Ă  peine, sa pĂ©tition ‘‘Sign for my future’’ avait dĂ©jĂ  rĂ©coltĂ© 100.000 signatures. La coalition Ă  la base du projet estimait Ă  juste titre qu’il s’agissait d’un ‘‘signal fort qui dĂ©montre que cette thĂ©matique fait partie des prĂ©occupations de la population’’. AprĂšs les dizaines de manifestations de la jeunesse et les grandes marches pour le climat du 2 dĂ©cembre et du 27 janvier, c’était dĂ©jĂ  Ă©vident.

    La coalition se targue d’ĂȘtre la plus vaste mise sur pied pour ‘‘faire pression sur les Ă©lus’’ en matiĂšre climatique. Elle rĂ©unit des collectifs (Bruxsel’air, Youth For Climate,…), des ONG (CNCD, WWF, Unicef, MĂ©decins du Monde,…), des universitĂ©s (UMons, UGent,…), des mĂ©dias (Roularta, RTL, IPM,…), mais aussi la fĂ©dĂ©ration patronale Agoria, la Chambre de commerce et d’industrie de Bruxelles et enfin des entreprises telles que BNP Paribas, KBC, ING, bpost, Colruyt, Ikea, Proximus ou encore Solvay.

    Disons-le clairement : l’opĂ©ration vise Ă  brouiller les pistes en masquant la responsabilitĂ© des grands pollueurs. Il est Ă  dĂ©plorer que diverses ONG et collectifs se soient laissĂ©s ainsi prendre au piĂšge ou, pire encore, soient convaincues que l’urgence climatique implique de trouver des compromis avec des banques qui investissent dans les Ă©nergies fossiles !

    Il n’y a pas si longtemps, dĂ©but 2017, le CNCD 11.11.11 (coupole d’ONG et associations belges francophones et germanophones engagĂ©es dans la solidaritĂ© internationale) a publiĂ© un rapport sur les investissements dans vingt sociĂ©tĂ©s miniĂšres controversĂ©es, notamment des mines de charbon. De celui-ci ressortait que BNP Paribas, ING Bank et KBC Bank ont respectivement investi 448 millions, 399,5 millions et 111 millions d’euros dans les sociĂ©tĂ©s miniĂšres Glencore, Vale et BHP Billiton en 2017.(1)

    Les gĂ©ants miniers Vale et BHP Billiton sont directement impliquĂ©s dans le ‘‘Fukushima brĂ©silien’’ la pire catastrophe Ă©cologique du BrĂ©sil survenue en 2015. Une vingtaine de personnes y ont trouvĂ© la mort, des dĂ©chets toxiques miniers ont parcouru 600 kilomĂštres Ă  travers le Rio Doce et la population s’est retrouvĂ©e sans moyens de subsistance. Les recherches de la police fĂ©dĂ©rale ont montrĂ© que Samarco, l’entreprise responsable (une coentreprise des multinationales Vale et BHP Billiton) Ă©tait consciente du risque du barrage et qu’elle en faisait trop peu pour Ă©viter la catastrophe.

    Comment le CNCD – organisation qui a participĂ© Ă  la divulgation de ces faits – peut-il aujourd’hui accepter de se retrouver cĂŽte-Ă -cĂŽte avec de telles banques ?! Et Ă  cĂŽtĂ© de Nathalie Guillaume, Corporate Affairs Director de la multinationale agroalimentaire Danone, multinationale qui a fait pression sur plusieurs États membres de l’Union europĂ©enne pour rejeter une proposition imposant des normes plus strictes pour les emballages en plastique ? De Solvay, membre du groupe de lobbying PlasticsEurope ? De JCDecaux et ses panneaux publicitaires digitaux Ă©nergivores ? D’EDF Luminus ? Sans surprise, ‘‘Sign for my future’’ soutient d’ailleurs le marchĂ© du carbone europĂ©en, un instrument qui permet aux entreprises les plus polluantes de continuer Ă  Ă©mettre des gaz Ă  effet de serre sans trop dĂ©penser d’argent.

    En grĂšve pour le climat !

    Si le CNCD avait dĂ©noncĂ© cette opĂ©ration de greenwashing, il y a fort Ă  parier que Youth for Climate ne se serait pas non plus retrouvĂ© embarquĂ© dans cette galĂšre. Bien heureusement, cela n’a pas empĂȘchĂ© Youth for Climate d’appeler les syndicats Ă  rejoindre la grĂšve mondiale pour le climat prĂ©vue pour le 15 mars. Au moment d’écrire ces lignes, le prĂ©sident de la CSC Marc Leemans avait dĂ©clarĂ© : ‘‘Nous soutenons la mobilisation et appelons mĂȘme Ă  y participer. Mais nous n’introduirons pas de prĂ©avis de grĂšve’’. Quant Ă  la FGTB, elle soutient le mouvement mais laisse la dĂ©cision aux centrales professionnelles. La Centrale GĂ©nĂ©rale (qui compte plus de 430.000 membres) a dĂ©jĂ  fait savoir qu’elle dĂ©poserait un prĂ©avis de grĂšve. Nous espĂ©rons qu’une pression suffisante permettra au plus grand nombre de travailleurs de rejoindre la grĂšve pour le climat.

    Le 20 fĂ©vrier, 300 chercheurs de France et de Belgique ont appelĂ© Ă  participer Ă  la grĂšve climatique mondiale en dĂ©nonçant ‘‘les actuels dĂ©tenteurs du pouvoir Ă©conomique, ceux pour qui seul compte de vendre plus, quel que soit ce qui est vendu et ses consĂ©quences ; ceux qui maintiennent des procĂ©dures biaisĂ©es d’évaluation du risque des pesticides et autres substances dangereuses ; ceux qui proposent des investissements juteux dans les produits fossiles’’ et ceux qui ‘‘signent des accords commerciaux multilatĂ©raux assortis d’une justice fĂ©odale Ă  la solde de gĂ©ants industriels ; ceux qui orientent la colĂšre des foules vers des cibles trompeuses ou secondaires.’’(2) Ils disent comprendre la radicalitĂ© des activistes ‘‘bien faible face Ă  celle de ceux qui veulent nous faire survivre hors sol, ou nous promettent de nous conduire sur Mars, c’est-Ă -dire sur une planĂšte morte, aprĂšs avoir rendu la nĂŽtre impropre Ă  la vie !’’

    Comment parvenir au ‘‘grand basculement’’ ?

    Selon un sondage rĂ©alisĂ© pour Le Soir, RTL-TVi, VTM et Het Laatste Nieuws par Ipsos, plus de huit personnes interrogĂ©es sur dix se disent ‘‘trĂšs inquiĂštes’’ ou ‘‘plutĂŽt inquiĂštes’’ vis-Ă -vis du climat en Belgique. L’humanitĂ© fait face Ă  un tournant crucial, peu nombreux sont ceux qui osent encore contester cela. Pour l’establishment, le capitalisme est le seul systĂšme de sociĂ©tĂ© qui fonctionne. La noblesse fĂ©odale et les esclavagistes avant elle prĂ©tendaient de mĂȘme Ă  leur Ă©poque concernant leurs systĂšmes. Chaque systĂšme fonctionne, sinon il n’existerait pas. Il rĂ©pond toujours Ă  un certain degrĂ© de dĂ©veloppement de nos capacitĂ©s productives. DĂšs qu’un systĂšme de sociĂ©tĂ© devient un frein au progrĂšs scientifique et technique, il provoque le chaos plutĂŽt que le progrĂšs. C’est alors que le moteur de l’histoire se dĂ©clenche; la lutte des classes.

    La classe des travailleurs – tous ceux qui crĂ©ent de la richesse en vendant leur force de travail contre un salaire et qui sont source de valeur ajoutĂ©e – reprĂ©sente aujourd’hui la majoritĂ© de la population mondiale. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), cela concerne pas moins de 3,4 milliards de personnes. Sans cette main-d’Ɠuvre, les capitalistes ne peuvent pas faire de profits. Leur systĂšme ne fonctionne pas sans notre travail. Toute la richesse provient de notre travail et de la nature. Le capitalisme sape les deux sources de richesse, comme le disait dĂ©jĂ  Marx en son temps.

    C’est cette rĂ©alitĂ© qui Ă©clate au grand jour dans une grĂšve, par le blocage de l’économie. Il n’existe pas de moyen plus puissant pour affronter le capitalisme et poser la question d’une rĂ©elle dĂ©mocratie, c’est-Ă -dire un systĂšme oĂč ceux qui produisent les richesses dĂ©cideraient de la maniĂšre de les produire et de les utiliser ensuite. Bien entendu, une grĂšve, mĂȘme gĂ©nĂ©rale, d’une seule journĂ©e sera insuffisante pour dĂ©livrer un changement vĂ©ritable. Mais l’appel pour le 15 mars constitue un pas audacieux sur la voie Ă  suivre pour construire un puissant mouvement capable de renverser l’économie capitaliste pour instaurer une vĂ©ritable transition Ă©cologique grĂące Ă  la planification dĂ©mocratique de l’économie et Ă  l’appropriation collective des secteurs d’activitĂ© stratĂ©giques. C’est ce que nous appelons le socialisme.

    (1) https://bankwijzer.be/fr/actualit%C3%A9s/2018/investissements-dans-les-sci%C3%A9t%C3%A9s-mini%C3%A8res-controvers%C3%A9es/
    (2) https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/20/nous-scientifiques-ferons-aussi-la-greve-scolaire-du-15-mars_5425917_3232.html

  • Fin du mois et fin du monde : mĂȘmes coupables! Tous en grĂšve le 15 mars!

    La jeunesse a submergĂ© les rues de Bruxelles et d’autres villes du pays plusieurs semaines de suite dans un mouvement inĂ©dit et historique pour le climat. Il y est naturellement question de changement de comportements individuels, mais la grande majoritĂ© des manifestants dĂ©fend des solutions collectives et mĂȘme l’idĂ©e d’un ‘‘changement de sociĂ©té’’. La jeune Ă©coliĂšre suĂ©doise Greta Thunberg Ă  l’origine de la mobilisation internationale Ă©tait Ă  la manifestation de Bruxelles le jeudi 21 fĂ©vrier. Juste avant, elle dĂ©clarait Ă  la presse : ‘‘Si vous pensez que nous devrions ĂȘtre en classe, faites grĂšve, vous !’’ Le 15 mars nous offre l’opportunitĂ© d’ĂȘtre en grĂšve pour le climat au cĂŽtĂ© de la jeunesse.

    Par Celia, enseignante, Bruxelles

    C’est la puissance du mouvement qui a contraint la ministre flamande de l’environnement Joke Schauvliege Ă  dĂ©missionner. L’an dernier, Theo Francken Ă©tait restĂ© en place aprĂšs la mort de la petite Mawda, abattue par le tir d’un policier. Il faut remonter Ă  la dĂ©mission de Louis Tobback en 1998 – aprĂšs que Semira Adamu ait Ă©tĂ© Ă©touffĂ©e par des gendarmes – pour retrouver pareille dĂ©mission, lĂ  aussi sous l’impact d’une colĂšre qui avait balayĂ© les rues. PremiĂšre victoire !

    Un appel Ă  une grĂšve internationale pour le climat a Ă©tĂ© lancĂ© pour le 15 mars. Ce jour-lĂ , il devrait y avoir des mobilisations en France, au QuĂ©bec, au Royaume-Uni,
 Cela pourrait ĂȘtre la plus grande journĂ©e de mobilisation internationale depuis le mouvement anti-guerre en 2003 !

    Le capitalisme exploite toutes les sources de richesse

    L’impact des grĂšves scolaires a dĂ©passĂ© le cadre de la dĂ©mission d’une ministre. Un contexte de lutte a Ă©tĂ© créé qui, couplĂ© Ă  l’atmosphĂšre de colĂšre face au pouvoir d’achat qu’illustrent les Gilets Jaunes, a sĂ©rieusement aidĂ© Ă  ce que la grĂšve nationale en front commun syndical du 13 fĂ©vrier soit organisĂ©e et rencontre le succĂšs. Pour rappel : aucun avion n’a volĂ© ce jour-lĂ  ! Le 13 fĂ©vrier, selon la CSC, il y avait plus de cent piquets rien qu’à Bruxelles, avec plus de cent personnes dans certaines entreprises comme Proximus ou Audi.

    Les syndicats ont Ă©tĂ© poussĂ©s par leur base Ă  mobiliser le plus massivement possible pour crĂ©er un rapport de force contre un gouvernement des patrons qui fixe la norme salariale Ă  0,8%. Certains secteurs syndicaux ont aussi dĂ©posĂ© un prĂ©avis de grĂšve pour le 8 mars, dans le cadre de la journĂ©e internationale de lutte pour les droits de la femme. C’est Ă©galement le cas concernant le 15 mars : un prĂ©avis de grĂšve a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© par la Centrale gĂ©nĂ©rale de la FGTB. L’action collective est la meilleure riposte contre les tentatives visant Ă  monter le mouvement pour le climat contre celui pour notre pouvoir d’achat. Marx faisait dĂ©jĂ  remarquer que le capitalisme exploite Ă  la fois la nature et le travail, les deux sources de toute richesse. Le climat et le pouvoir d’achat font face au mĂȘme problĂšme : la soif de profit inhĂ©rente au capitalisme.

    Luttons ensemble !

    Quel coup dur pour la N-VA qui voulait se rendre aux Ă©lections rĂ©gionales, fĂ©dĂ©rales et europĂ©ennes en jouant sur la peur des rĂ©fugiĂ©s et des migrants ! C’est loin d’ĂȘtre ce qui focalise aujourd’hui l’attention. Les mobilisations de la jeunesse et des travailleurs ont imposĂ© leurs agendas : le climat et le pouvoir d’achat.

    Le PSL soutient les revendications syndicales pour plus de pouvoir d’achat, un salaire minimum de 14€/h, une pension minimale de 1.500€ et une vĂ©ritable justice climatique ! Ces revendications sont des rĂ©ponses concrĂštes aux dĂ©gĂąts sociaux provoquĂ©s par ces annĂ©es de crise Ă©conomique. Elles nous permettent aussi de partir du vĂ©cu quotidien pour remettre en cause tout le systĂšme capitaliste.

    C’est le moment de passer Ă  l’offensive ! AprĂšs la grĂšve nationale du 13 fĂ©vrier, un plan de lutte tel que celui de 2014 peut nous permettre de poursuivre le combat tout en l’amplifiant. Une journĂ©e d’action commune avec les jeunes le 15 mars permettrait de faire la jonction entre l’énergie enthousiaste des militants du climat Ă  la force Ă©conomique des travailleurs. Avec cela, nous pouvons faire trembler le systĂšme sur ses fondations !

  • Manifestation pour le climat Ă  Bruxelles avec Greta Thunberg

    Pour la septiÚme semaine consécutive, des milliers de jeunes sont descendus dans la rue en faveur de sérieuses mesures pour le climat. Mercredi, 1.500 jeunes avaient manifesté dans les rues de Bruges. Le jeudi, plus de 3.000 manifestants étaient à Gand. Des manifestations ont encore eu lieu à Genk, Ciney et Turnhout, entre autres.

    Mais la mobilisation que tous les mĂ©dias attendaient avec impatience Ă©tait celle de Bruxelles oĂč se trouvait Greta Thunberg en compagnie de 7.500 manifestants. Greta est respectĂ©e Ă  juste titre, mais ce mouvement de la jeunesse ne se limite pas Ă  une ou plusieurs figures. Au total, plus de 15.000 jeunes ont participĂ© aux actions de cette semaine. Un dĂ©fi majeur Ă©merge progressivement : comment assurer que ce mouvement ne s’arrĂȘte pas, mais qu’il s’amplifie ? Nous avons essayĂ© de rĂ©pondre Ă  cette question avec le tract distribuĂ© par les Etudiants de Gauche Actifs.

    Quelques photos de la manifestation de Bruxelles :

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  • Notre avenir sur cette planĂšte exige de changer de systĂšme !

    Quelques manifestants de la mobilisation de Bruxelles ce jeudi 14 février.

    Pour une alternative socialiste contre la pollution capitaliste

    Ce journal paraĂźt juste Ă  temps pour la marche pour le climat du 27 janvier. A peine deux mois aprĂšs la marche climatique historique du 2 dĂ©cembre 2018, ce sera un nouveau moment fort dans la lutte pour notre planĂšte. Jusqu’au 27 janvier, l’irruption spontanĂ©e de milliers d’élĂšves du secondaire dans les rues trois jeudis d’affilĂ©e a constituĂ© un facteur dĂ©cisif dans la mobilisation. Leurs actions de grĂšve ont confortĂ© le sentiment d’urgence sur la question climatique et stimulĂ© le dĂ©bat public. Ce cris de colĂšre appelle un changement radical et les jeunes ont compris qu’il ne tombera pas du ciel en restant Ă  l’Ă©cole.

    Par Michael Bouchez

    La politique ne rĂ©pond pas Ă  l’urgence de la situation

    Ce n’est pas seulement la gĂ©nĂ©ration actuelle d’écoliers qui est concernĂ©e. Le changement climatique et les questions environnementales font partie de la vie de l’ensemble de la population active. Les Ă©tĂ©s exceptionnellement chauds, les Ă©vĂ©nements mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes, les avertissements alarmistes des scientifiques deviennent font de plus en plus partie du quotidien. Mais ce qui caractĂ©rise surtout la jeunesse actuelle, c’est qu’elle a grandi au beau milieu des mesures palliatives et des vagues promesses que l’establishment dĂ©fend encore aujourd’hui. Les jeunes savent que la catastrophe climatique menace de leur tomber dessus et ils voient bien que les ‘‘solutions’’ existantes sont totalement inadĂ©quates. C’est prĂ©cisĂ©ment la raison pour laquelle ces actions de grĂšve et ces manifestations de masse sont si importantes : elles donnent un visage Ă  une multitude d’inquiĂ©tudes individuelles.

    Depuis la reconnaissance officielle par la communautĂ© scientifique du lien entre le rĂ©chauffement climatique et les Ă©missions de CO2 en 1988, l’Ă©lite politique nĂ©olibĂ©rale a tout fait contenir la lutte contre le rĂ©chauffement climatique dans les limites de la responsabilisation individuelle, de la culpabilisation des consommateurs et de la promotion du libre marchĂ© ‘‘vert’’. Rien n’a Ă©tĂ© fait pour se mettre en travers de la route des grands pollueurs sous prĂ©texte de sauvegarder la ‘‘libertĂ© d’entreprise’’. En consĂ©quence, 100 multinationales sont responsables Ă  elles seules de 71 % des Ă©missions globales de gaz Ă  effet de serre depuis 1988. Le ‘‘marchĂ© libre’’ fera payer la facture Ă  la planĂšte et Ă  la population.

    Le libre marchĂ© et le capitalisme font donc obstacle Ă  une vĂ©ritable solution. Les multinationales agroalimentaires, le secteur chimique, les gĂ©ants de l’Ă©lectronique, etc. se moquent des coĂ»ts Ă©cologiques. Tant que qu’on laissera les multinationales pĂ©troliĂšres s’adonner Ă  leur soif de profits, elles iront chercher chaque goutte de pĂ©trole. Il en ira de mĂȘme pour le maintien des centrales nuclĂ©aires. MĂȘme lorsqu’il y a des rĂ©glementations, elles sont contournĂ©es sans incidence, comme l’a illustrĂ© l’exemple le ‘‘dieselgate’’ de Volkswagen qui a dĂ©montrĂ© que l’entreprise trichait lors des tests d’homologation au sujet de ses Ă©missions polluantes.

    Allons de l’avant avec des revendications offensives !

    La jeunesse a un rĂŽle crucial Ă  jouer dans la lutte. On les a moins habituĂ©s Ă  ĂȘtre freinĂ© par ce qui est ‘‘rĂ©aliste’’ ou non. Ils peuvent en ainsi inciter d’autres couches de la population Ă  se battre. Ce sera nĂ©cessaire. Il nous faut des revendications collectives pour instaurer des changements structurels en visant la production et non uniquement la consommation. Cela implique de mener la lutte jusqu’au cƓur des entreprises et de services publics tels que les transports en commun.

    A cet Ă©gard, le rĂŽle que peuvent jouer les syndicats est crucial. Dans ce systĂšme, la classe des travailleurs est la force sociale qui dĂ©tient les clĂ©s de l’Ă©conomie : elle peut tout stopper en faisant grĂšve ! Si le mouvement climatique se joint au mouvement organisĂ© des travailleurs, cela peut constituer une force mobilisatrice sans prĂ©cĂ©dent. Le tout est de voir sur quelle base.

    Le programme de revendications que nous jugeons nĂ©cessaire ne dĂ©marre pas de ce qui est ‘‘acceptable’’ dans ce systĂšme polluant, mais de ce qui est nĂ©cessaire. Pour les politiciens traditionnels, mĂȘme des transports en communs plus efficaces et gratuits sont de trop ! Il s’agit pourtant d’une rĂ©ponse trĂšs concrĂšte Ă  la pollution atmosphĂ©rique urbaine et aux Ă©missions de CO2. Mais, au lieu de cela, leur projet politique est fait d’économies supplĂ©mentaires sur les transports publics, de libĂ©ralisation et finalement de privatisation du secteur. Nous devons nous opposer Ă  tout projet de libĂ©ralisation et de privatisation de la SNCB, des TEC, de la STIB ou de De Lijn.

    Le transport ferroviaire de marchandises (le fret) doit redevenir propriĂ©tĂ© publique afin de rĂ©duire le trafic routier de marchandises. La libĂ©ralisation a rĂ©duit la part du rail dans l’ensemble du transport de fret de 10% en 2000 Ă  7% en 2015. La part des camions est passĂ©e de 75% Ă  80%. En bref, il y a beaucoup plus de camions sur les routes et des travailleurs aux bons salaires et aux bonnes conditions de travail ont fait place Ă  des conducteurs des pays de l’Est exploitĂ©s pour des salaires de misĂšre.

    Le secteur de l’Ă©nergie est de loin le secteur le plus polluant. Soumis Ă  la logique du privĂ©, les factures deviennent impayables et tout contrĂŽle de la collectivitĂ© sur la production est impossible. Si ce secteur est nationalisĂ© et placĂ©e sous le contrĂŽle et la gestion dĂ©mocratiques de la communautĂ© et des travailleurs, les investissements nĂ©cessaires pourront ĂȘtre libĂ©rĂ©s en faveur d’énergies renouvelables et de la sortie du nuclĂ©aire.

    La propriĂ©tĂ© et le contrĂŽle publics de la recherche scientifique et technologique sont indispensables pour une transition verte rapide. Ce ne sont pourtant pas les connaissances qui manquent. Le problĂšme vient des multinationales qui achĂštent littĂ©ralement les recherches, les placent sous brevets et les planquent dans leurs coffres forts. Leur maniĂšre de voir la technologie, c’est de la pervertir pour un maximum de profits. L’obsolescence programmĂ©e laisse derriĂšre elle des montagnes de dĂ©chets toxiques parce que les entreprises prĂ©fĂšrent vendre des produits plutĂŽt que de permettre leur rĂ©paration ou d’assurer leur longĂ©vitĂ©.

    Ces revendications ne reprĂ©sentent qu’une partie de ce que nous dĂ©fendons. Elles sont loin d’ĂȘtre folles, mais elles se heurtent Ă  la base du systĂšme Ă©conomique : le profit. Garantir notre avenir signifie d’entrer en conflit avec elle. Et la meilleure maniĂšre de le faire, c’est de s’organiser autour de la classe des travailleurs, celle qui crĂ©e les richesses, pour instaurer une sociĂ©tĂ© oĂč les secteurs clĂ©s de l’économie seraient gĂ©rĂ©s et contrĂŽlĂ©s par la communautĂ© dans le cadre d’une planification Ă©conomique rationnelle et dĂ©mocratique. La richesse produite servirait Ă  investir dans la production Ă©cologique, dans la recherche scientifique, etc. C’est ce que nous appelons une sociĂ©tĂ© socialiste.

  • Le problĂšme, c’est le capitalisme. La rĂ©ponse, c’est le socialisme !

    Les efforts de nombreuses personnes pour rĂ©duire leur empreinte Ă©cologique ne suffisent pas, c’est ce qui ressort des rapports dĂ©sastreux du GIEC. Les vrais responsables de ce systĂšme ne sont pas prĂȘts Ă  faire des efforts similaires. Les capitalistes veulent Ă  tout prix sĂ©curiser leurs profits, et tant pis pour la planĂšte.

    Marx note dans ‘‘Le Capital’’ que le capitalisme Ă©puise ‘‘simultanĂ©ment les deux sources d’oĂč jaillit toute richesse : la terre et le travailleur’’ Dans un autre ouvrage, il Ă©crit : ‘‘La nature est tout autant la source des valeurs d’usage (qui sont bien, tout de mĂȘme, la richesse rĂ©elle !) que le travail, qui n’est lui-mĂȘme que l’expression d’une force naturelle, la force de travail de l’homme.’’ L’exploitation de toutes les sources de richesse, tant les travailleurs que la nature, est inhĂ©rente au capitalisme, au coeur duquel se trouve la recherche maximale de profit pour une infime Ă©lite.

    Le marxisme ne se limite toutefois pas Ă  la dĂ©nonciation, il s’agit de ‘‘comprendre le monde pour le changer’’. Le systĂšme capitaliste repose sur la propriĂ©tĂ© privĂ©e des moyens de production. Les capitalistes, aujourd’hui principalement des fonds d’investissement dominĂ©s par les intĂ©rĂȘts financiers d’une poignĂ©e d’ultra-riches, contrĂŽlent une grande partie de la production et dĂ©terminent ainsi ce qui est produit et de quelle maniĂšre. Des recherches menĂ©es en 2011 ont montrĂ© que la grande majoritĂ© du commerce mondial est aux mains d’à peine 147 entreprises ! Ces sociĂ©tĂ©s sont Ă©troitement imbriquĂ©es les unes aux autres. Le ‘‘libre marché’’, c’est la dictature des ultra-riches.

    Le capitalisme vise Ă  accroĂźtre le pouvoir de ces ultra-riches. Cela ne peut se faire qu’en Ă©puisant systĂ©matiquement plus les deux sources de richesse: les travailleurs et la nature. La grande majoritĂ© de la population mondiale est obligĂ©e de vendre son travail en Ă©change d’un salaire, c’est de lĂ  que proviennent les profits des capitalistes. Mais cela crĂ©e aussi une force sociale qui peut bloquer toute la machine de ce systĂšme. Sans notre travail, plus rien ne se passe ! De plus, le travail dans le cadre de ce systĂšme est gĂ©nĂ©ralement une oeuvre collective qui entraine logiquement Ă  sa suite l’organisation et la lutte commune pour des intĂ©rĂȘts communs. Le capitalisme a lui-mĂȘme engendrĂ© la force sociale capable de mettre un terme Ă  ce systĂšme. C’est pourquoi la classe des travailleurs joue selon nous un rĂŽle central dans la lutte pour renverser le capitalisme.

    À quoi pourrait ressembler un systĂšme diffĂ©rent ? La suppression de la propriĂ©tĂ© privĂ©e des moyens de production et leur remplacement par la propriĂ©tĂ© et la gestion collectives de l’industrie et des services permettrait d’utiliser les moyens existant pour satisfaire les prioritĂ©s sociales et environnementales. Cela permettrait d’utiliser les ressources disponibles de maniĂšre rationnelle et planifiĂ©e, en fonction des besoins de l’ĂȘtre humain et de la planĂšte. La planification dĂ©mocratique de l’économie est un Ă©lĂ©ment essentiel de l’alternative socialiste au capitalisme.

  • “Marxisme et climat” : Deux meetings des Etudiants de Gauche Actifs Ă  l’ULB et l’ULg

    SYSTEM CHANGE NOT CLIMATE CHANGE – SAVE OUR PLANET FROM CAPITALISM

    • Bruxelles : Mardi 19 fĂ©vrier, 19h, ULB Solbosch – auditoire H1301 – Sur Facebook
    • LiĂšge : Jeudi 28 fĂ©vrier, 18h30, place du XX AoĂ»t, salle du Petit Physique – Sur Facebook

    Le changement climatique nĂ©cessite des rĂ©ponses urgentes. Les politiciens capitalistes ne vont pas au-delĂ  des mesures symboliques ou des Ă©cotaxes : ils font payer les familles ordinaires. Ils refusent de s’en prendre aux multinationales ; ils dĂ©fendent les profits des ces grands pollueurs qui exploitent l’humain et la nature. Marx avait raison : le capitalisme est incompatible avec les intĂ©rĂȘts de l’humanitĂ© et de la planĂšte.

    Si la production Ă©tait gĂ©rĂ©e dĂ©mocratiquement, les dĂ©cisions seraient prises dans leurs intĂ©rĂȘts, et non dans le but de faire des profits. Nous avons besoin d’une Ă©conomie rationnellement planifiĂ©e pour s’attaquer aux gaspillages et Ă  la pollution. C’est ce que nous appelons le socialisme.

    Comment en finir avec le systĂšme capitaliste ? À quoi ressemblerait une sociĂ©tĂ© socialiste ? Et pourquoi est-ce indispensable pour notre environnement ?

    L’histoire montre que la lutte de la classe des travailleurs est cruciale pour parvenir Ă  un changement social majeur. Ce ne sont pas les capitalistes, mais les travailleurs qui font tourner l’économie. C’est avec cette lutte que nous avons arrachĂ© nos conquĂȘtes Ă©conomiques et sociales. C’est pourquoi les Étudiants de Gauche Actifs recherchent le soutien actif et la coopĂ©ration du mouvement des travailleurs et que nous les appelons Ă  lutter ensemble pour une sociĂ©tĂ© socialiste dĂ©mocratique !

    De cette façon, les ressources pourraient ĂȘtre utilisĂ©es dans l’intĂ©rĂȘt de tous les jeunes, des travailleurs et de la planĂšte.

    AGENDA :

    • Mercredi 13/02 : grĂšve nationale pour le pouvoir d’achat.
    • Jeudi 14/02 : grĂšves des jeunes et manifestations pour le climat.
    • Vendredi 15/03 : journĂ©e internationale de grĂšves et de manifestations des jeunes.
  • Le mouvement de masse pour le climat conduit Ă  la dĂ©mission d’une ministre

    Manifestation du 27 janvier. Photo : Liesbeth.

    Il est possible de pousser des ministres vers la porte grĂące Ă  des mobilisations soutenues. C’est ce qu’a illustrĂ© le mouvement des jeunes pour le climat. AprĂšs deux mois de manifestations, la ministre flamande de l’environnement Joke Schauvliege (CD&V) a dĂ» dĂ©missionner. Elle Ă©tait allĂ©e trop loin en indiquant que les marches pour le climat Ă©taient le fruit d’un complot. Ses prĂ©cĂ©dents faux pas avaient encore pu ĂȘtre camouflĂ©s, mais il est bien plus difficile de procĂ©der de la sorte Ă  l’occasion d’un mouvement de masse.

    Par Kenzo (Gand)

    Depuis le 2 dĂ©cembre, la lutte contre le changement climatique est sur le devant de la scĂšne. La premiĂšre manifestation de masse du 2 dĂ©cembre a Ă©tĂ© historique : des dizaines de milliers de personnes sont passĂ©es par Bruxelles. Mais la ministre fĂ©dĂ©rale de l’environnement Marie-Christine Marghem (MR) a s’est moquĂ©e des inquiĂ©tudes sur le climat par un “njet” au sommet sur le climat de Katowice. AprĂšs les examens puis les vacances de NoĂ«l, les mobilisations des Ă©tudiants du secondaire ont commencĂ© : d’abord 3.500, puis 15.000 et ensuite 35.000 Ă©lĂšves ont ainsi manifestĂ© Ă  Bruxelles. Le dimanche 27 janvier, une nouvelle manifestation nationale a eu lieu et a rĂ©uni jusqu’Ă  100.000 personnes. La semaine derniĂšre, 15.000 Ă©tudiants ont encore manifestĂ© Ă  Bruxelles, autant Ă  LiĂšge et 3.000 Ă  Louvain, entre autres. Des Ă©tudiants du supĂ©rieur Ă©taient dĂ©jĂ  prĂ©sents aux mobilisations mais, le 14 fĂ©vrier, ils y participeront pour la premiĂšre fois en masse.

    Joke Schauvliege (CD&V) est la ministre flamande de l’Environnement, de la Nature et de la Culture depuis 2009. A partir de 2014, l’Agriculture et l’AmĂ©nagement du Territoire lui ont Ă©tĂ© ajoutĂ©s. Elle Ă©tait auparavant faite connue pour des dĂ©clarations bizarres telles que : “Un arbre a toujours eu la fonction d’ĂȘtre abattu” ou encore : “En tant que ministre de la Culture, vous n’avez pas besoin d’ĂȘtre un expert culturel.’’ Mais tout a systĂ©matiquement Ă©tĂ© couvert, elle obtenait aprĂšs tout pas mal de voix et est tout de mĂȘme vice-prĂ©sidente du CD&V. Mais la mobilisation de masse a rendu sa position intenable. En raison de la politique menĂ©e et de ses rĂ©actions maladroites face aux protestations de la jeunesse, les critiques se sont faites plus nombreuses et plus caustiques. ‘‘What a joke (quelle blague)’’, pouvait-on ainsi lire sur les pancartes d’élĂšves prĂ©sents aux marches pour le climat.

    Les rires ont accueillis ses dĂ©clarations selon lesquelles elle se sentait poussĂ©e dans le dos pour poursuivre sa politique grĂące aux mobilisations de jeunes. Sa proposition visant Ă  augmenter les taxes sur les vols Ă©tait une tentative Ă©vidente de faire porter la responsabilitĂ© du problĂšme sur des couches plus larges et sur la jeunesse. La fĂ©dĂ©ration patronale FEB a immĂ©diatement pris le train en marche en rĂ©clamant l’abolition de l’indexation des salaires avec l’idĂ©e que les mesures pour le climat entrent automatiquement en conflit avec le pouvoir d’achat ! L’appel Ă  la gratuitĂ© et des transports publics et Ă  leur extension n’a bien entendu pas Ă©tĂ© repris par la ministre ou les patrons. Enfin, elle a voulu apaiser les protestations avec des sĂ©ances d’information des Ă©lĂšves des 5e et 6e annĂ©es sur la politique climatique et les mĂ©rites de cette politique. Les applaudissements n’ont pas Ă©tĂ© nombreux.

    La rĂ©cupĂ©ration ayant Ă©chouĂ©, elle a essayĂ© de criminaliser la mobilisation en prĂ©tendant qu’il s’agissait d’une conspiration du lobby Ă©colo. Selon elle, cette conspiration aurait mĂȘme Ă©tĂ© confirmĂ©e par la sĂ»retĂ© d’État ! D’oĂč provenait le complot ? Selon elle, il s’agissait d’une vengeance suite aux manifestations agricoles qui avaient conduit Ă  la dĂ©mission de Vera Dua (ministre flamande Agalev, aujourd’hui Groen) en 2003. Certains manifestants n’étaient mĂȘme pas nĂ©s ! Ces dĂ©clarations bizarres ont Ă©tĂ© suivies d’excuses : Schauvliege a dĂ» reconnaĂźtre que la sĂ»retĂ© de l’Etat n’avait rien signalĂ©. Elle n’aurait rien pu faire d’autre : la sĂ»retĂ© d’État a elle-mĂȘme rĂ©futĂ© les allĂ©gations. Quelques heures plus tard, l’inĂ©vitable dĂ©mission a suivi. Schauvliege Ă©tait devenue un obstacle trop important pour toute tentative de rĂ©cupĂ©ration moins visible, par exemple via des groupes de rĂ©flexion financĂ©s par de grandes entreprises mais avec la participation d’organisations Ă©cologistes. Sa dĂ©mission est un coup dur pour le gouvernement flamand qui, jusqu’Ă  prĂ©sent, a toujours Ă©tĂ© relativement stable.

    Cette dĂ©mission est une premiĂšre victoire du mouvement, mĂȘme si la bataille ne fait encore que commencer. Il ne s’agit pas d’une victoire concrĂšte contre le changement climatique, mais d’une indication que la lutte porte ses fruits. Il est temps maintenant de passer Ă  la vitesse supĂ©rieure ! L’appel Ă  une grĂšve internationale Ă©coliĂšre le 15 mars pourrait jouer un rĂŽle crucial Ă  cet Ă©gard. Surtout si les syndicats profitent de la dynamique des jeunes pour se joindre Ă  eux et dĂ©clencher une grĂšve de toute la sociĂ©tĂ© pour le climat. C’est la meilleure rĂ©ponse aux politiciens et aux patrons qui opposent climat et pouvoir d’achat pour Ă©viter d’ĂȘtre placĂ©s face Ă  leurs responsabilitĂ©s.

    Cette dĂ©mission renforcera la confiance du mouvement. L’establishment espĂšre Ă©loigner la discussion de la rue le plus tĂŽt possible, il espĂšre que les mobilisations deviendront moins fortes et que toutes sortes d’experts, financĂ©s ou non par de grandes entreprises, mettront la main sur le dĂ©bat. Le lobbying en faveur d’une loi sur le climat pourra alors ĂȘtre opposĂ© aux mobilisations de la rue. Le mouvement doit en ĂȘtre conscient et s’organiser pour prĂ©parer les Ă©tapes suivantes avec un plan d’action crescendo et des discussions sur des revendications qui feront vraiment la diffĂ©rence. Les syndicats peuvent jouer un rĂŽle majeur Ă  cet Ă©gard en s’ouvrant aux jeunes et, par exemple, en aidant Ă  dĂ©fendre de maniĂšre offensive la revendication de transports publics gratuits et plus nombreux. Il s’agit d’une revendication qui allie pouvoir d’achat, meilleure mobilitĂ© et air de qualitĂ©.

    La protestation contagieuse de la jeunesse montre que des actions dĂ©terminĂ©es qui ne sont pas apaisĂ©es par des promesses tiĂšdes peuvent changer l’ordre du jour politique. Alors que la crise gouvernementale de dĂ©cembre a attirĂ© toute l’attention sur la migration et que la N-VA Ă©tait dĂ©jĂ  prĂȘte Ă  y ajouter le confĂ©dĂ©ralisme, le dĂ©bat public porte aujourd’hui sur le climat. Nous pouvons y ajouter le pouvoir d’achat : la grĂšve nationale du 13 fĂ©vrier offre cette opportunitĂ©. Nous serons plus forts en associant pouvoir d’achat et climat, en alliant l’enthousiasme des jeunes et la puissance Ă©conomique du mouvement des travailleurs.

  • RĂ©sistance internationale contre la pollution du capital !

    ‘‘A quoi ça sert un diplĂŽme si nous n’avons pas d’avenir ?’’ VoilĂ  qui rĂ©sume parfaitement l’état d’esprit qui dominait lors des actions de grĂšve Ă©coliĂšre massives et spontanĂ©es pour le climat ! Le jeudi 11 janvier, 3.500 Ă©lĂšves du secondaire avaient sĂ©chĂ© leurs cours pour venir manifester Ă  Bruxelles. Le jeudi suivant, ils Ă©taient 14.000 !

    La ministre flamande de l’Enseignement, Hilde Crevits (CD&V), a tweetĂ© que mĂȘme si elle salue le geste ‘‘brosser les cours n’est pas la bonne mĂ©thode’’. C’est quoi la ‘‘bonne mĂ©thode’’? Pour la ministre fĂ©dĂ©rale de l’environnement Marghem (MR), qui a twittĂ© – sans rire – qu’elle se sentait ‘‘encouragĂ©e’’ dans son action par les Ă©lĂšves en lutte, cela se rĂ©sume Ă  peu de choses : une tournĂ©e dans les Ă©coles de douze ‘‘coachs climat’’, six francophones et six nĂ©erlandophones, et un site internet, My2050.be, oĂč on peut obtenir des conseils pour rĂ©duire son empreinte Ă©cologique. Ce n’est pas comme ça qu’on sera tirĂ©s d’affaire


    Le média flamand indépendant DeWereldMorgen a publié une interview de notre camarade Mai, élÚve du secondaire et membre des Etudiants de Gauche Actifs à Gand. En voici quelques extraits :
    ‘‘Le thĂšme du climat est une Ă©norme bombe Ă  retardement. Chaque jour, les jeunes voient apparaĂźtre dans les mĂ©dias des articles dans lesquels les scientifiques appellent Ă  un changement radical, comme ils l’ont encore fait en octobre avec le nouveau rapport du GIEC [Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat]. Il leur est trĂšs Ă©trange que les politiciens n’agissent pas en consĂ©quence.
    ‘‘On explique sans cesse aux jeunes comment ils peuvent adapter leur mode de vie pour avoir un moindre impact sur le climat. On peut devenir vĂ©gĂ©tarien, acheter d’occasion et utiliser le moins de plastique possible, mais les grandes entreprises ont pendant ce temps le droit de dĂ©truire notre planĂšte avec l’accord des politiciens traditionnels.

    ‘‘Le monde ne tourne pas rond. AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, un accord symbolique sur le climat est rĂ©digĂ©, mais il ne s’agit que de belles paroles. Cela crĂ©e un Ă©norme sentiment d’impuissance. Je suis allĂ© Ă  la marche pour le climat du 2 dĂ©cembre 2018 Ă  Bruxelles, qui Ă©tait gigantesque. Mais la maniĂšre dont le gouvernement belge a ensuite rĂ©agi lors du sommet sur le climat de Katowice deux jours plus tard illustre que nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que les dirigeants politiques agissent. Nous devrons nous-mĂȘmes, collectivement, construire un mouvement Ă  partir de la base pour ne pas rester impuissants. Pour transformer notre frustration en actions. Parce qu’on en a dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin.

    ‘‘La seule maniĂšre d’élargir et d’accroĂźtre l’action climatique est de l’organiser et de la coordonner encore mieux. C’est pourquoi nous appelons tous les Ă©lĂšves Ă  mettre sur pied des comitĂ©s d’action dans leur Ă©cole, au sein duquel ils pourront discuter ensemble de ce que pourrait ĂȘtre l’alternative du mouvement climatique, de la maniĂšre de l’aider Ă  progresser et de ce que nous, les jeunes, pouvons faire pour y contribuer. Nous pouvons aussi discuter de quelle façon faire appel aux autres et diffuser le mouvement. Si nous voulons contribuer Ă  construire le mouvement climatique Ă  partir de la base, nous devons Ă©galement lui donner une expression structurelle et formuler des revendications concrĂštes. De cette maniĂšre, notre lutte peut devenir trĂšs concrĂšte. C’est pourquoi les Etudiants de Gauche Actifs dĂ©fendent des revendications telles que la gratuitĂ© et l’amĂ©lioration des transports publics ou le dĂ©veloppement d’une Ă©nergie verte abordable pour les mĂ©nages Ă  partir de la reprise en mains publiques du secteur de l’énergie.

    ‘‘Nous voulons construire le mouvement sur cet Ă©lan vers la grĂšve scolaire internationale du 15 mars. Ce ne serait pas mal que toutes les Ă©coles de Belgique soient vidĂ©es ! Mais on ne doit pas seulement rester entre Ă©lĂšves, nous voulons aussi renforcer la solidaritĂ© et attirer les travailleurs dans la rue. Un engagement syndical en faveur de cette journĂ©e de grĂšve Ă©coliĂšre enverrait un signal fort. Par leur situation Ă©conomique, ils peuvent exercer beaucoup plus de pression pour obtenir de rĂ©els changements.’’

  • 31/01 : Nouvelle grĂšve des jeunes pour le climat rĂ©ussie!

    Combinons l’enthousiasme de la jeunesse à la force de frappe des travailleurs !

    Hier, c’était la quatriĂšme grĂšve des jeunes pour le climat. Selon la police, nous Ă©tions 12.500 Ă  Bruxelles, 15.000 Ă  LiĂšge. 3500 jeunes se sont Ă©galement rĂ©uni Ă  Louvain, 1500 Ă  Charleroi, 550 Ă  Chimay et une bonne centaine de jeunes ont Ă©tĂ© rĂ©veiller la ministre de l’Environnement Margem Ă  Tournai. Nous pensons que nous Ă©tions nettement plus dans les rues, certainement Ă  Bruxelles : la police sous Ă©value rĂ©guliĂšrement le nombre de manifestants. Lors de la manifestation pour le climat du dimanche 27 janvier, elle comptĂ© 70.000 manifestants et 65.000 le 2 dĂ©cembre. Mais selon Proximus, 97.000 GSM sont passĂ© devant son antenne de transmission.

    Rapport de Kenzo (Gand)

    L’enthousiasme des Ă©tudiants est Ă©norme et ne fait que se renforcer. Joke Schauvliege (la ministre flamande de l’Environnement) peut y voir beaucoup de choses mais certainement pas du soutien. De plus en plus d’écoles commencent Ă  mettre en place des comitĂ©s d’action, ce qui constitue une bonne base pour l’expansion de la lutte pour un systĂšme social et environnementale soutenable. La volontĂ© de continuer la lutte est bien lĂ  !

    C’est sur cette base que nous pouvons nous prĂ©parer Ă  une grĂšve internationale des jeunes le 15 mars et Ă©galement y associer les travailleurs.

    L’opinion publique est favorable aux actions de la jeunesse, ils ont une importante base de soutien dans la sociĂ©tĂ©, au grand dĂ©sespoir des cyniques et grincheux tels que Rik Torfs (ex-recteur de la KUL) ou des trolls de Schild&Vrienden (groupe nĂ©o-nazis). Schild&Vrienden a une fois de plus essayĂ© de nous provoquer en participant Ă  la manifestation en dĂ©fendant l’énergie nuclĂ©aire. Ils ont Ă  nouveau Ă©tĂ© expulsĂ©s de la manifestation. Avec leur message haineux, nous ne construisons pas un monde meilleur et plus sain. Il est important que nos actions suscitent un dĂ©bat public sur le climat. Cela frustrera certainement la N-VA : ce parti veut mettre la peur des rĂ©fugiĂ©s et des migrants au cƓur de la campagne Ă©lectorale. Bart De Wever est hypocrite lorsqu’il demande aux gens de ne pas songer Ă  des scĂ©narios apocalyptiques : son parti a laissĂ© tomber le gouvernement autour d’un pacte non contraignant sur la politique d’asile.

    Le pouvoir des mobilisations pousse les partis traditionnels sur la défensive. Mais pour forcer un véritable changement, il faudra encore plus. Nous devons à présent formuler des demandes concrÚtes pour mieux organiser la lutte. Il y a une grande ouverture vis-à-vis de la revendication de transports publics gratuits et plus nombreux. Sur la base de la lutte, nous pouvons conquérir et faire appliquer cette revendication.

    La grĂšve gĂ©nĂ©rale syndicale du 13 fĂ©vrier prochain augmentera encore la pression sur le gouvernement et l’establishment. Elle met la problĂ©matique du pouvoir d’achat Ă  l’ordre du jour. Si les jeunes soutiennent les piquets de grĂšve et demandent aux travailleurs de se joindre Ă  la rĂ©volution climatique, il est possible de faire en sorte que la lutte pour le climat et le pouvoir d’achat ne s’opposent pas, mais au contraire se rejoignent.

    En outre, des actions locales dans les Ă©coles ou au centre-ville sont une bonne mĂ©thode pour populariser une demande de transports publics plus nombreux et gratuits. Il est difficile de venir Ă  Bruxelles chaque semaine. Si vous avez des interros importantes et des matiĂšres de cours pas faciles le jeudi, ce n’est pas Ă©vident d’ĂȘtre absent Ă  chaque fois. La politique nĂ©olibĂ©rale antisociale signifie aussi qu’un trajet en train chaque semaine est trop cher.

    Adoptons un plan d’action crescendo pour renforcer davantage notre rapport de force. D’autres actions, aussi au niveau local, en vue de se prĂ©parer Ă  la grĂšve internationale des jeunes du 15 mars, sont importantes Ă  cet Ă©gard. Avec les groupes jeunes et toutes les personnes impliquĂ©es dans la lutte environnementale, nous pouvons Ă©galement exprimer notre solidaritĂ© avec la grĂšve syndicale du 13 fĂ©vrier, par exemple vis-Ă -vis du personnel des transports publics. C’est lĂ  que nous pourrons discuter de la maniĂšre dont nous pouvons lutter ensemble pour un changement social et Ă©cologique.

    Ce sont les travailleurs qui peuvent, grĂące Ă  leur place dans Ă©conomie dans la sociĂ©tĂ©, paralyser le pays et frapper le gouvernement et les plus grands pollueurs lĂ  oĂč ça fait rĂ©ellement mal : dans leur portefeuille. Lier l’enthousiasme des jeunes Ă  la force de frappe des travailleurs nous renforcerait grandement dans tous les domaines. Ce sera la base d’un changement rĂ©el et de la fin d’une sociĂ©tĂ© au service des profits privĂ©. De cette maniĂšre, nous pouvons Ɠuvrer pour une sociĂ©tĂ© oĂč les intĂ©rĂȘts de la population et de la nature sont au centre de nos prĂ©occupations.

    Enkele foto’s van Els:
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  • Sommet sur le climat Ă  Katowice : on a brassĂ© beaucoup d’air

    Avec le rapport du GIEC Ă  l’esprit, la confĂ©rence sur le climat de 2018 Ă  Katowice devait devenir une affaire ambitieuse. L’intention Ă©tait de dĂ©cider Ă  cette COP 24 de la maniĂšre dont l’accord de Paris sur le climat de 2015 serait mis en Ɠuvre. L’objectif de la confĂ©rence Ă©tait de parvenir Ă  un accord qui maintiendrait l’augmentation de la tempĂ©rature ‘‘bien en dessous’’ de 2°C. Les promesses faites Ă  l’époque sont toutefois loin d’ĂȘtre suffisantes. La politique climatique prĂ©citĂ©e, qui pourrait conduire Ă  une augmentation de 3°C, suppose le respect de l’accord. Et de nombreux pays n’ont pas encore pris la moindre mesure pour tenir ces promesses.

    Selon d’éminents climatologues, le rĂ©chauffement de la planĂšte atteindra Ă  un moment donnĂ© un point de basculement qui ne permettra plus de retour en arriĂšre. Ce point est probablement en dessous de l’objectif de 2°C. Enfin, l’accord de Paris sur le climat n’a aucun caractĂšre contraignant et ne constitue donc en soi qu’une dĂ©claration de bonnes intentions.

    A la COP 24, la question principale Ă©tait de savoir comment rendre compte des rĂ©sultats. Compte tenu de la gravitĂ© de la question, on s’attendrait aussi Ă  ce que d’autres objectifs soient fixĂ©s. Toutefois, ces questions n’ont guĂšre Ă©tĂ© abordĂ©es. Rien ne sera introduit avant 2020. L’urgence n’a apparemment pas Ă©tĂ© ressentie en Pologne. Quant Ă  la dĂ©lĂ©gation des autoritĂ©s belges elle a refusĂ© de soutenir le texte pourtant excessivement limitĂ© de la confĂ©rence, en dĂ©pit de la manifestation de masse qui avait eu lieu Ă  Bruxelles l’avant-veille.

    Alors que l’eau est presque littĂ©ralement Ă  nos portes, nos politiciens semblent s’en moquer. Les dons de plusieurs pays et grandes entreprises Ă  un fond visant Ă  prĂ©parer les pays pauvres aux catastrophes naturelles Ă  venir sont risibles.

    On assiste mĂȘme Ă  un certain retour du scepticisme climatique. Les États-Unis Ă©taient en premiĂšre ligne pour ignorer les conclusions du GIEC. Le nouveau prĂ©sident brĂ©silien raciste et climato-sceptique Jair Bolsonaro s’est opposĂ© Ă  ce que la prochaine confĂ©rence de l’ONU sur le climat se tienne dans son pays, comme cela Ă©tait prĂ©vu. Il souhaite Ă©galement que le BrĂ©sil reçoive des droits d’émission supplĂ©mentaires parce qu’il possĂšde une grande partie de la forĂȘt amazonienne Ă  l’intĂ©rieur de ses frontiĂšres. Il dit pourtant que la forĂȘt amazonienne devrait ĂȘtre ouverte Ă  l’exploitation des multinationales. Plusieurs petits pays en dĂ©veloppement se sont engagĂ©s Ă  atteindre l’objectif de 1,5°C. Ce sera hĂ©las insuffisant.

    L’écoliĂšre suĂ©doise Greta Thunberg a Ă©tĂ© le seul point positif Ă  Katowice. En reprochant aux dirigeants du monde de ne pas ĂȘtre ‘‘assez mĂ»rs’’, elle a mis le doigt sur la blessure : ‘‘Notre civilisation est sacrifiĂ©e pour la capacitĂ© d’un trĂšs petit nombre de personnes de continuer Ă  gagner une Ă©norme somme d’argent’’. Elle est parvenue Ă  une conclusion importante, partagĂ©e par des milliers de jeunes : ‘‘Si des solutions ne peuvent ĂȘtre trouvĂ©es dans le systĂšme existant, nous devrons peut-ĂȘtre changer le systĂšme lui-mĂȘme’’.

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