Category: Ecologie

  • Trump déclare la guerre à l’environnement

    L’année 2016 fut, pour la troisième année de suite, la plus chaude jamais enregistrée. Les calottes glaciaires fondent à des vitesses toujours plus rapides, les tempêtes et la destruction des écosystèmes deviennent la norme. Les scientifiques exigent que des mesures soient prises, telles que se débarrasser des combustibles fossiles et investir dans l’énergie verte et durable. La question de l’impact humain sur l’environnement ne fait plus débat, 97% des scientifiques conviennent que le changement climatique mondial est dû à l’activité humaine. Mais la science, pour le président Donald Trump, ce n’est pas si important. Pour lui, le changement climatique n’est qu’un canular. L’homme au gouvernail du pays qui produit environ 25% des émissions mondiales de CO2 estime que ces gaz toxiques n’ont pas d’impact négatif sur notre climat.

    Par Toya Chester, Socialist Alternative. Article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Même la personne placée par Trump à la tête de l’agence gouvernementale de protection de l’environnement (EPA), Scott Pruitt, ne fait pas confiance à 97% des scientifiques! Lorsqu’il était procureur général de l’Oklahoma il avait d’ailleurs poursuivi à plusieurs reprises l’EPA. Toute sa carrière a été dévouée à l’industrie des combustibles fossiles.

    Sans doute que Trump annoncera-t-il bientôt l’abandon de toute tentative d’atteindre les objectifs auxquels les États-Unis s’étaient engagés à Paris lors de la COP21 en 2015 (réduire les émissions de carbone de 26% par rapport au niveau de 2005 d’ici 2025). Notons que ces restrictions d’émission sont largement inférieures à ce dont nous avons besoin pour prévenir des changements climatiques catastrophiques.

    Trump demandera à Pruitt d’abandonner le Clean Power Plan visant à fermer des centaines de centrales au charbon fortement polluantes. Tout en proposant de réduire le budget de l’EPA de 31%, Trump et Pruitt chercheront également à abandonner les normes standards d’émissions installées sous Obama. Bon nombre de ces propositions seront contestées devant les tribunaux fédéraux, mais leur impact sur les efforts que consentirons à faire les gouvernements capitalistes pour lutter contre le changement climatique sera dévastateur.

    Trump et les républicains sont prêts à s’en prendre frontalement à leur propre base électorale, cela a notamment été démontré dans le domaine des soins de santé. La déréglementation de la protection de l’environnement nuira également aux travailleurs qu’ils prétendent représenter. Sous prétexte de permettre à l’industrie du charbon de créer plus d’emplois, Trump propose d’en finir avec la réglementation de l’eau potable ! Les sociétés minières pourraient ainsi déverser leurs déchets dans des cours d’eau traversant souvent les zones rurales d’où viennent les anciens mineurs. Ces zones pourraient s’assécher pour de longues périodes.

    L’industrie du charbon est hautement automatisée (comme beaucoup d’emplois de nos jours) et a de moins en moins besoin de mineurs. Ce ne sont pas les lois écologiques qui ont éliminé les dizaines de milliers d’emplois du secteur, c’est le progrès technologique instrumentalisé par l’élite qui a mis les gens sur la paille.

    De la poêle à frire au feu

    Face au mépris de Donald Trump, l’administration Obama paraîtrait presque exemplaire. En général, les gens ne pensent pas à la production de pétrole en pensant aux années Obama. Pourtant, pendant ses mandats, les États-Unis ont augmenté leur extraction quotidienne de barils de pétrole de plus de 70%, y compris grâce à la technique de la fracturation hydraulique responsable.

    Cette méthode d’extraction de pétrole et de gaz met les agriculteurs en concurrence avec les compagnies pétrolières pour l’approvisionnement en eau, celle utilisée dans la fracturation hydraulique est empoisonnée et rendue inutilisable. Non seulement cette méthode intoxique environ 53 milliards de litres d’eau par an, mais elle ruine aussi le cycle naturel de l’eau, ce qui étend les zones de sécheresses. La fracturation hydraulique libère également du méthane qui est plus de 80 fois plus efficace pour piéger la chaleur que le CO2. Cela accélérera inévitablement ce processus !

    Seules de petites tentatives ont été mises en place pendant la présidence d’Obama pour tenter d’atténuer les émanations de CO2 dans l’atmosphère. Obama a bloqué la construction du pipeline Keystone XL et, dans les derniers jours de son administration, a également bloqué la construction du pipeline Dakota Access, mais uniquement à la suite d’une lutte extrêmement déterminée et acharnée impliquant notamment des milliers d’Amérindiens. Trump est tragiquement revenu sur ces décisions.

    La résistance permanente

    En 2014, près d’un demi-million de personnes ont manifesté à New-York pour le climat. Cette année, il y a déjà eu la Marche pour la science du 22 avril à Washington qui a rassemblé quelques dizaines de milliers de personnes et la Marche pour le climat du 29 avril, toujours à Washington, avec plus de 200.000 manifestants.

    Le mouvement écologiste a besoin du soutien du mouvement ouvrier pour lutter contre les tentatives de l’industrie des combustibles fossiles d’opposer l’emploi à l’environnement. La bataille doit être gagnée au sein du mouvement syndical pour soutenir l’appel à un vaste programme d’investissement dans des infrastructures vertes pour une transition énergétique rapide et offrir des emplois de qualité à tous ceux qui travaillent actuellement dans le secteur des combustibles fossiles.

  • Sortons l’énergie de l’emprise mortelle de la cupidité !

    Il y a six ans, le 11 mars 2011, le Japon était frappé par un tsunami qui a entraîné l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima. Les conséquences de cette catastrophe nucléaire se font encore sentir aujourd’hui. Le constat s’impose une fois de plus : l’énergie nucléaire sûre, ça n’existe pas. Pourtant, en Belgique, le gouvernement Michel a décidé une nouvelle fois de reporter la sortie du nucléaire.

    Par Jarmo (Anvers)

    Fukushima a montré que la menace d’une catastrophe nucléaire à l’échelle de celle de Tchernobyl en 1986 est toujours réelle. Aujourd’hui, les niveaux de radiation dans la centrale nucléaire se mesurent à 530 sieverts de l’heure. L’exposition à ces rayonnements conduit immédiatement à la mort ; ce qui n’est pas surprenant dès lors que l’on sait que 10 sieverts est une exposition létale. Le gouvernement japonais avait assuré que des mesures de sécurité assez fortes avaient été prises lors de la construction de la centrale nucléaire de Fukushima. Les dégâts ont donc été moins grands. Mais cette sécurité ne se trouve pas partout…

    Les centrales belges de Doel et de Tihange font l’objet de débats depuis des décennies. Le gouvernement Verhofstadt I a décidé en 2003 d’éliminer progressivement l’énergie nucléaire en Belgique, avec une sortie du nucléaire complète comme objectif ultime. Dans la pratique, les centrales de Doel et de Tihange qui devaient être fermées sont toujours en activité. La sortie du nucléaire a été reportée (jusqu’en 2025) en 2009, lorsque le ministre de l’énergie Paul Magnette (PS) a grossièrement admis qu’une sortie était impossible en 2015, puisque quasiment aucune véritable recherche n’avait été menée pour des sources d’énergie alternatives.

    Certaines centrales devaient rester ouvertes tandis que d’autres devaient être fermées, mais elles sont toutes encore actives. De cette façon, une sortie du nucléaire reste un objectif inaccessible. Aujourd’hui le gouvernement Michel utilise le fait qu’une sortie du nucléaire pousserait vers le haut les prix de l’énergie. C’est vrai. Le coût de la production annuelle d’énergie en Belgique augmenterait de 4,38 milliards en 2030. Pendant ce temps, Electrabel, qui gère les centrales nucléaires, reçoit de juteux avantage fiscaux : l’impôt à payer par Electrabel a chuté de 500 millions d’euros à un impôt variable autour de 150 millions d’euros. Mais les particuliers constatent que leurs factures augmentent.

    Le gouvernement et Electrabel veulent faire porter la responsabilité de futures augmentations du prix de l’énergie sur ceux qui s’opposent à l’énergie nucléaire. C’est tout à fait faux. L’énergie nucléaire sûre n’existe pas: négocier avec Electrabel d’énormes quantités de profit au détriment de la sécurité et de la santé de la population, voilà ce dont se préoccupe le gouvernement Michel. Il est possible d’évoluer vers une énergie à la fois sûre et propre tout en maintenant les prix sous contrôle. Pour cela, il faut que le secteur de l’énergie soit entièrement nationalisé et placé sous le contrôle démocratique de la population. Ainsi, nous pourrons nous assurer que quelque chose d’aussi important que la génération et la distribution d’énergie ne soit pas soumis à la cupidité aveugle et que la recherche de réelles solutions alternatives soit financée.

  • La moitié de la nourriture produite aux USA jetée à la poubelle

    Logique capitaliste et gaspillage alimentaire

    Photo: Sigurdas (via Wikicommons)
    Photo: Sigurdas (via Wikicommons)

    De nouvelles données indiquent que la moitié des aliments produits aux États-Unis est tout simplement jetée. Cela ramène sur le devant de la scène le gaspillage intrinsèque au mode de production capitaliste. 60 millions de tonnes de produits alimentaires, d’une valeur de 160 milliards $, sont balancées aux ordures chaque année. Il s’agit la principale catégorie de déchets envoyés aux sites d’enfouissement et incinérateurs des États-Unis.

    Par Iain Dalton, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en ANgleterre et au Pays de Galles)

    Tout cela n’est encore que ce qui est jeté par les supermarchés et à partir des foyers. Le rapport suggère, à partir de données de campagnes contre les déchets alimentaires aux États-Unis, qu’un cinquième de tous les fruits et légumes produits sont gaspillées à la source même car il ne répond pas aux normes de perfection.

    Au Royaume Uni, des groupes tels que The Real Junk Food Project ont développé des cafés à prix libres qui fonctionnent uniquement sur base de déchets alimentaires des supermarchés encore comestibles. Ces structures procurent ainsi de la nourriture à bons prix.

    Dans certaines régions, ce fut une grande aide pour les personnes confrontées à la précarité croissante du travail ou à la pauvreté. Cependant, à Sheffield par exemple, ce groupe s’est révélé incapable de faire face à la quantité de certains déchets alimentaires, suspendant ainsi tout récemment les collectes de pain.

    Bien que ces projets puissent faire une importante différence dans la vie des gens, ils mettent également en évidence que le gaspillage du capitalisme ne peut être surmonté sans remettre en cause la logique du système. Cette logique, c’est celle de la course aux profits. Les pertes et le gaspillage dans les supermarchés en vaut la peine pour autant que cela retire des ventes et des profits des concurrents.

    La production et la distribution doivent être retirées des mains des profiteurs capitalistes en nationalisant les secteurs clés de l’économie sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs. L’économie pourrait alors être intégrée dans un plan démocratique de production en fonction des besoins de la société dans son ensemble.

    => Lire le dossier du journal The Guardian

  • Lampiris: En attendant Godot… les illusions du capitalisme vert

    lampirisLampiris est l’enfant prodige autoproclamé du marché de l’énergie belge. En 6 ans, il est devenu le deuxième fournisseur de gaz de Wallonie et en 13 ans, le quatrième acteur sur le marché belge en terme de nombre de raccordements. Autoproclamé parce qu’il se profilait comme fournisseur vert exclusif et donc comme l’avenir du marché de l’énergie. Dans cette opération, le marketing était central. Logo vert, site vert pas très recherché, mais efficace. Il était d’ailleurs également actif comme sponsors d’évènements comme des courses à pied, festivals (Dranouter, Couleur Café, Fête des Solidarités…) et même d’organisations environnementales comme Natuurpunt, Natagora et un projet visant à protéger les abeilles. Il a fait étalage d’investissements dans des parcs d’éoliennes afin de devenir producteur en plus de fournisseur. Sur leur site, ils promettaient de tout faire pour rendre le marché de l’énergie plus vert.

    Par Michael (Gand)

    L’autre réalité derrière le marketing

    Le conte de fée s’arrête là. Prétendre acheter chaque kWh auprès de plus petits producteurs locaux d’énergie renouvelable n’était que poudre aux yeux. Selon Greenpeace, cela ne concernait, en 2011, que 65 %. Toujours selon cette ONG, en 2013, seuls 37 % des achats étaient encore réellement renouvelables, 21 % provenait de l’énergie atomique, 20 % de l’énergie fossile et 10 % de la combustion de déchets. Tout ceci était naturellement couvert du manteau de la progression verte sur le libre marché. Greenpeace a déclaré qu’ils jouaient ‘‘un rôle très positif sur le marché’’. Selon cette logique, ils auraient, en effet, pu devenir complètement verts et même investir dans la production verte au fur et à mesure qu’ils grandiraient, fidéliseraient plus de clients et feraient plus de bénéfices. Voici donc le mantra de l’écocapitalisme.

    Mais la logique du capitalisme est assez simple. Ce qui rapporte le plus, l’emporte sur le reste. Dès que le taux de profit d’un concept ne peut plus être tenu, il doit être réformé ou vendu. Des investissements par milliards pendant des décennies dans l’exploitation des carburants fossiles font que le taux de profit est toujours plus élevé dans les énergies fossiles que dans l’énergie renouvelable. Pour les grands magnats du pétrole comme pour les plus petits acteurs, les investissements qui doivent être réalisés dans l’énergie renouvelable sont beaucoup plus élevés pour être intéressants. Au-delà d’un marché de niche, les plus petites entreprises comme Lampiris ne savent pas tenir cette concurrence parce les investissements nécessaires ne rapportent plus assez.

    La logique de profit n’attend donc pas que le marché devienne vert. Cette logique vaut pour chaque entreprise et est finalement le ressort de tout grand actionnaire qui ne veut pas voir ses investissements partir en fumée. Les fondateurs Bruno Vanderschueren et Bruno Venanzi ont trouvé qu’il était temps d’empocher les actions. Les entrepreneurs verts s’avèrent être des hommes d’affaires ordinaires.

    Total y a vu une belle opportunité de se faire une place sur le marché de la fourniture d’énergie aux particuliers. Cela lui permet en même temps d’avoir une entrée sur le ‘‘marché vert’’, la technique de vente du moment, et c’est bien joué. Personne ne croit vraiment au virage vert de Total, derrière lequel les vendeurs chez Lampiris se cachent également. Total prend financièrement part aux forages de Gazprom au Pôle Nord et exploite même le gaz de schiste et le sable bitumeux en Alberta, Canada.

    L’indignation des clients de Lampiris est compréhensible, mais il ne faut pas nous étonner non plus. Les labels et certificats verts ont déjà été percés à jour et démasqués à plus d’une occasion pour ce qu’ils sont : des sornettes de vente. De Monsanto à Lampiris, en passant par Volkswagen, tous instrumentalisent les préoccupations écologiques légitimes de la majorité de la population.

    Pour un contrôle démocratique du secteur de l’énergie et de ses profits

    Les cinq plus grandes entreprises pétrolières et de l’énergie ont fait, en 2012, un chiffre d’affaires de 2.000 milliards de dollars. Une infime partie de ces bénéfices ont été investis dans l’énergie renouvelable pour donner l’illusion d’une volonté de rendre l’énergie verte. Les bénéfices combinés de plus de 110 milliards vont aux actionnaires.

    Pour certains, des coopératives dans lesquelles les actions ne sont pas aux mains de quelques actionnaires, mais réparties entre les clients semblent être une solution. Elles permettraient d’éviter un tel scénario dans lequel deux actionnaires décident de la trajectoire de l’entreprise. Mais des coopératives ne sont pas en mesure casser les lobbies pétroliers et de l’énergie dominés par le big business. Finalement, elles font partie de la logique de marché, sans pouvoir concurrencer les prix, le chiffre d’affaires et l’influence des entreprises pétrolières établies.

    Au cours de la vague de grèves de ces derniers mois contre la nouvelle loi travail en France, des raffineries et des dépôts de carburant de Total, entre autres, ont été bloqués. Bien que ce ne soit pas leur première préoccupation, l’énergie renouvelable devrait pouvoir faire partie des discussions au sein des comités de grève et d’usine créés pendant les blocages. Cela donnerait un argument supplémentaire pour retirer les groupes énergétiques et leurs profits des mains des actionnaires et des CEO en les nationalisant sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. Ce ne serait alors plus les profits, mais les besoins des travailleurs, de la population et de la planète qui dirigeraient les investissements.

    Chaque fois que nous étreindrons la logique du libre marché vert, nous rencontrerons des désillusions. C’est comme attendre Godot, mais avec des conséquences dramatiques. Nous perdons systématiquement un temps et de l’énergie précieux. Du temps et de l’énergie qu’il vaudrait mieux investir dans la construction d’un mouvement de masse qui revendique des solutions collectives et une planification rationnelle de la production énergétique.

  • 30 ans après, le souvenir de Tchernobyl reste un enjeu pour la classe capitaliste

    Tchernobyl

    Ce mois d’avril marque le 30e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. Le 26 avril 1986, une explosion dans le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl éventre le toit de celui-ci et projette violemment dans l’atmosphère une quantité énorme d’éléments radioactifs. S’ensuit un terrible incendie alors que le cœur du réacteur reste en fusion à l’air libre, provoquant encore d’importants rejets jusqu’au 5 mai.

    Par Clément (Liège)

    Au total, l’explosion et l’exposition du réacteur libéreront 50 millions de curies d’isotopes radioactifs(1) avec un taux de radiation 200 fois supérieur à celui de la bombe d’Hiroshima(2). Jusqu’à la catastrophe de Fukushima en 2011, Tchernobyl fut le seul accident nucléaire classé comme ‘‘accident majeur’’ sur l’échelle internationale de classification des évènements nucléaires (INES), ce type d’accident est caractérisé par des ‘‘effets considérables sur la santé et l’environnement’’.(3)
    Dans les années qui suivirent ce désastre, 346.000 personnes furent déplacées par les autorités dont 116.000 immédiatement après l’accident.(4) Plus de 600.000 ‘‘liquidateurs’’ auront participé aux activités de confinement et de décontamination, s’exposant à des taux de radiation bien supérieurs à la normale.(5) Aujourd’hui, entre 5 et 8 millions de personnes vivent encore dans des zones contaminées.(6)

    Les conséquences de la catastrophe minimisées par le lobby du nucléaire

    Les chiffres les plus souvent repris quant à l’impact sur la santé et l’environnement proviennent d’une étude coordonnée par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), dont un des objectifs est de ‘‘hâter et d’accroître la contribution de l’énergie atomique à la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier.’’(7) Intitulé ‘‘Tchernobyl : l’ampleur réelle de l’accident’’(8), le rapport de cette étude ‘‘donne des réponses définitives et des moyens de reconstruire des vies’’… en minimisant l’impact de l’accident sur la santé et la vie des victimes ! On y annonce que 4 000 personnes au maximum pourraient décéder des suites d’une exposition aux radiations ; et qu’à l’exception des enfants touchés au moment de l’explosion, il n’y a pas eu d’augmentation remarquable de cancers, leucémies et autres maladies. Le caractère orienté de l’étude, les liens étroits qu’entretiennent plusieurs acteurs avec l’industrie nucléaire, et l’approche restrictive dans la définition même de l’impact de l’accident furent plusieurs fois dénoncés, de même que le manque de représentation des scientifiques issus des pays les plus touchés.

    Un tout autre son de cloche émane d’ailleurs de plusieurs autres rapports dont ceux publiés par Greenpeace en 2006(9) et par l’Academy of Science de New-York en 2009(10) Ces deux études, conduites par des scientifiques issus des pays directement touchés (Ukraine, Biélorussie, Russie) se basent sur les enregistrements de données médicales des centres hospitaliers des zones contaminées, sur des données de terrain fournies par de nombreux professionnels locaux, etc. Ces études font état de 200.000 cas de surmortalité liés à la catastrophe de Tchernobyl uniquement pour les trois pays les plus touchés, ainsi que d’une augmentation significative du nombre de cancers, de leucémies et de maladies cardio-vasculaires. La seconde étude rapporte également un vieillissement prématuré, l’âge biologique des Ukrainiens vivant dans les zones contaminées dépassant de 7 à 9 ans leur âge réel, cette différence pouvant atteindre 15 ans chez les liquidateurs.

    Le nucléaire, une alternative écologique ?

    Pour la classe capitaliste, la question de l’impact concret d’un évènement comme la catastrophe de Tchernobyl n’est évidemment pas neutre. Dans un contexte ou l’impact du réchauffement climatique ne peut plus être nié et où de larges couches de la population sont prêtes à se mobiliser sur cette question – ce qui fut par exemple illustré par les fortes mobilisations autour de la COP21 en dépit des difficultés posées par l’état d’urgence -, on assiste à de nombreuses tentatives de présenter l’énergie nucléaire comme un alternative écologique produisant relativement peu de CO2, dans le cadre d’un ‘‘développement durable’’. À cet effet, minimiser les risques et le potentiel destructeur de l’énergie nucléaire civile est indispensable.

    Lorsque la classe dominante souhaite se lancer dans des opérations de propagande, elle sait s’en donner les moyens. Déjà en 1959, un accord référencé ‘‘Wha 12-40’’ liait l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Dans l’article 1, paragraphe trois, on peut notamment lire ‘‘chaque fois que l’une des parties se propose d’entreprendre un programme ou une activité dans un domaine qui présente ou peut présenter un intérêt majeur pour l’autre partie, la première consulte la seconde en vue de parvenir à une harmonisation des vues par un commun accord.’’(11) En 1999, l’AIEA obtint de l’OMS qu’elle ne prenne jamais de position publique qui puisse lui nuire.(12) Dans les faits, cela conduit l’OMS à presque systématiquement reprendre les chiffres fournis par l’AIEA, laquelle est par ailleurs historiquement liée au Groupe des Fournisseurs Nucléaires (GFN) qui rassemble des représentants des 46 plus gros fournisseurs de matières fissiles(13) et plus généralement au lobby nucléaire. Ces collusions refirent d’ailleurs surface suite à l’accident de Fukushima lorsque le rapport de l’OMS fut encore une fois remis en cause par Greenpeace ainsi que par l’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire français (IRSN).(14)

    Les effets continuent à se faire sentir

    Au-delà de l’aspect sanitaire, les conséquences sociales de l’accident de Tchernobyl n’ont pas encore fini de faire sentir leurs effets. Des centaines de milliers de déplacés ont tout perdu suite à la catastrophe. Pour les populations ayant été affectées par l’exposition aux radiations, trouver un emploi relève de la gageure tant les patrons sont réticents à les embaucher en raison des nombreuses maladies dont ils sont victimes et des jours d’arrêt de travail qui en découlent. Si une allocation est effectivement versée à environ 7 millions de personnes(15), celle-ci n’a pas augmenté depuis 1996 et reste bien inférieure au manque à gagner consécutif aux difficultés de trouver un emploi, au coût des médicaments dont le prix a explosé, etc. Ces difficultés spécifiques s’ajoutent à l’exploitation brutale dont sont victimes les travailleurs de l’ex bloc soviétique ; aux pénuries dans les logements sociaux, dans le secteur de la santé, etc. (16)

    Parce qu’elle repose sur des technologies connues de longue date, la fission nucléaire est une source d’énergie au coût de production relativement faible et a donc la faveur de la bourgeoisie capitaliste. La question de la sécurité, la difficile gestion des déchets radioactifs et les coûts indirects colossaux (qu’il s’agisse du coût engendré par une future catastrophe ou de celui du démantèlement et de la décontamination d’installations devenues obsolètes) sont balayés au nom du profit immédiat.

    Le discours dominant sur Tchernobyl ne cesse d’accabler la catastrophique gestion du nucléaire par les autorités soviétiques dont la bureaucratie, poussée par de profonds problèmes économiques, exerça une pression énorme sur des techniciens travaillant sur un réacteur de mauvaise facture. Si l’on y regarde de plus près, on constatera cependant que l’approche capitaliste du nucléaire n’est pas bien différente. La récente actualité belge est à cet égard éclairante. 55% de l’électricité belge provient du nucléaire, secteur entièrement contrôlé par le secteur privé (EDF et Engie) et qui a connu en 2011 des réductions d’emplois chez les agents de sécurité.(17) Les réacteurs de Doel 1 et 2 mis en service en 1975 et dont la durée de vie était estimée à 40 ans, ont été prolongés de 10 ans par un simple vote et en infraction avec les conventions internationales. Les réacteurs de Doel 3 et Tihange 3 ont été arrêtés et relancés à deux reprises suite à la découverte de microfissures dans les cuves, suscitant l’inquiétude de la population belge, mais aussi de celle des pays limitrophes. Lors du dernier redémarrage, plusieurs incidents se sont déclarés. Par ailleurs, aucun système de ventilation filtrée (permettant d’empêcher l’air contaminé de sortir en cas de fusion dans un réacteur) n’est encore installé sur les centrales nucléaires belges. La majorité des centrales devraient en être équipées dans le courant 2017 à l’exception des deux centrales obsolètes qui devront attendre 2019 en raison des incertitudes qui pesaient sur leur avenir avant que le gouvernement ne prolonge leur durée de vie d’un coup de baguette magique.

    Nous ne sommes pas à l’abri d’incidents majeurs et, parce qu’une transition vers une production électrique basée sur les énergies renouvelables irait à l’encontre de ses intérêts économiques à court terme(18), la classe capitaliste est incapable de nous proposer une alternative aux dangers du nucléaire. Pour garantir tant la sécurité que l’approvisionnement énergétique des travailleurs, il est primordial de créer un secteur nationalisé de l’énergie, seul à même de gérer une sortie du nucléaire et une réorientation de la production énergétique vers des sources non fossiles sans pertes d’emplois.

    Notes
    1. https://www.iaea.org/sites/default/files/infcirc519_fr.pdf
    2. http://www.futura-sciences.com/magazines/matiere/infos/dossiers/d/physique-tchernobyl-consequences-catastrophe-251/page/2/
    3. http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/La_surete_Nucleaire/echelle-ines/Pages/1-criteres-classement.aspx?dId=8a15297f-e5f9-42cd-9765-ed2049203773&dwId=a1de7c68-6d78-4537-9e6a-e2faebed3900
    4. http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs303/fr/
    5. idem
    6. http://www.chernobyl-day.org/IMG/pdf/rapport-greenpeace2006.pdf p.9
    7. https://www.iaea.org/about/statute Article 2 : objectifs
    8. http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2005/pr38/fr/
    9. http://www.chernobyl-day.org/IMG/pdf/rapport-greenpeace2006.pdf
    10. http://www.strahlentelex.de/Yablokov_Chernobyl_book.pdf
    11. http://www.criirad.org/actualites/dossiers%202007/accord_oms-aiea/Accord%20OMS-AIEA.pdf
    12. https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique1-2006-1-page-17.htm
    13. http://www.monde-diplomatique.fr/2012/12/SINAI/48507
    14. http://www.facsc.ulg.ac.be/cms/c_1502451/fr/le-rapport-de-l-oms-sur-la-catastrophe-de-fukushima-deplait
    15. http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/heritage-sovietique/tchernobyl.shtml
    16. http://www.socialisme.be/fr/4923/tchernobyl
    17. http://www.socialisme.be/fr/15223/le-nucleaire-et-ses-petites-miseres-ne-laissons-pas-le-prive-jouer-avec-nos-vies
    18. À ce titre, voir : http://www.socialisme.be/fr/11741/les-forces-du-marche-freinent-lenergie-renouvelable

  • Manifestation anti-nucléaire à Liège

    Ce week-end fut chargé à Liège ! A côté de Nuit Debout et des activités liées à la Journée internationale des luttes paysannes, il y eut la traditionnelle manifestation contre le centre fermé de Vottem le samedi et, le dimanche, une manifestation anti-nucléaire revendiquant plus particulièrement la fermeture immédiate et définitive des “vieux réacteurs” de Tihange 1, Doel 1 et Doel 2. L’attention a également été attirée sur les centrales de Tihange 2 et de Doel 3, extrêmement dangereuses en raison de la présence de microfissures.

    Plusieurs centaines de personnes avaient répondu à l’appel de l’association Nucléaire Stop Kernenergie. La mobilisation venue d’Allemagne était particulièrement impressionnante, mais l’on trouvait aussi des manifestants hollandais ou encore de Flandre.

    Selon le PSL, défendre une production d’électricité bon marché, accessible à tous, basée sur les sources d’énergie saines et renouvelables tout en garantissant l’emploi des travailleurs du secteur des énergies non-renouvelable exige d’exproprier le secteur de l’énergie, production et distribution, pour le collectiviser démocratiquement.

    Manifestation anti-nucléaire à Liège 17/04/16

  • [VIDEO] Kshama Sawant : Unissons nous contre la crise climatique

    Aux côtés de l'activiste écologiste Bill McKibben, notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative) défend une stratégie socialiste pour le mouvement en contre la crise climatique. Ce meeting intitulé “Uniting Against the Climate Crisis: The Way Forward for the Climate Justice Movement” s'est déroulé à Seattle (vidéo et sous-titres en anglais).

  • Le nucléaire et ses petites misères : ne laissons pas le privé jouer avec nos vies !

    doel_anversEn Belgique, environ 55 % de l’électricité provient du nucléaire, à partir de deux centrales : Doel (quatre réacteurs) et Tihange (trois réacteurs). Tous ces réacteurs ont été construits dans les années ‘70 et mis en service entre 1975 et 1985. Ces centrales vétustes sont exploitées par le secteur privé, EDF (qui possède 50 % de Tihange 1) et Engie (anciennement GDF Suez, qui possède tout le reste via sa filiale belge Electrabel).

    Commentant l’impact de la privatisation du nucléaire belge concernant la sécurité, Jean Marc Pirotton (vice-président fédéral de Gazelco et délégué FGTB-Gazelco à la centrale nucléaire de Tihange), nous expliquait ceci dans une interview accordée à Lutte Socialiste en 2011 : ‘‘Je ne vais pas me prononcer sur l’infrastructure, mais il est certain qu’il faut dénoncer l’organisation du travail mise en place au début des années 2000. Par exemple, avant, il y avait un agent de sécurité de la radioprotection qui travaillait à chaque pause, dans chaque tranche (Tihange I, Tihange II et Tihange III). Pour des raisons d’économies, on a réduit cela à un seul agent pour les trois tranches. Immanquablement, cela va entraîner des problèmes de sécurité. Même avec un incident minime, pour peu qu’il s’en produise sur deux tranches, il y a problème. L’agent ne saura pas se dédoubler…’’

    Depuis lors, les avertissements n’ont pas manqué concernant l’infrastructure. Deux réacteurs ont atteint leur limite d’âge. Malgré cela, le prolongement de Doel 1 et 2 a été voté, et ce sans consultation publique, ni étude d’impact environnemental, contrairement à ce qu’exigent les conventions internationales. Deux autres réacteurs ont dû être mis à l’arrêt pendant près de deux ans (Doel 3 et Tihange 2) après la découverte de milliers de fissures dans la paroi de leurs cuves en 2012. L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) a autorisé leur redémarrage cet automne, mais, dès décembre, les centrales ont connu nombre d’incidents (fuite d’eau dans un générateur, problème d’alternateur, incendie, pannes…).

    Deux associations de défense de l’environnement, Bond Beter Leefmilieu (BBL) et Inter-Environnement Wallonie (IEW), ont introduit début janvier un recours en annulation de la loi qui prévoit de prolonger les réacteurs de Doel 1 et 2. La ville allemande d’Aix-la-Chapelle a aussi envisagé une action en justice contre le redémarrage de la centrale de Tihange (distante de 60 km). Une action en référé a aussi été introduite par l’ASBL «Nucléaire Stop» pour contester la réouverture des réacteurs de Tihange 2 et Doel 3, et une autre encore par Vega.

    Ces recours ont raison de dénoncer le danger nucléaire en Belgique. Mais exiger simplement que les études sur la sécurité soient effectuées par des experts plus indépendants du lobby nucléaire ou s’opposer aux réouvertures de centrales par voie juridique n’est pas suffisant. Une pétition Avaaz intitulée ‘‘Quelques heures pour éviter un nouveau Tchernobyl ? ’’ a recueilli plus d’un million de signatures en moins d’un mois en février, mais les autorités ont déjà affirmé que cela ne changerait rien à l’approche du gouvernement. Seule la construction d’un rapport de forces conséquent nous permettra d’en finir avec le péril nucléaire, par la nationalisation de la totalité du secteur énergétique afin d’assurer la transition vers les énergies renouvelables.

  • ‘‘Les cheminots qui font grève sont les activistes climatiques du 21e siècle’’

    socialistchange_01La citation est de l’activiste bien connue Naomi Klein qui est l’auteure de quelques livres, le dernier étant consacré au changement climatique. Cette citation donne une idée des enjeux politiques de la lutte contre le changement climatique qui se sont péniblement heurtés aux maigres résultats de la COP21. Dans cet article, nous évaluerons l’accord de la COP21 et nous reviendrons sur les défis les plus importants pour le mouvement environnemental.

    Par Michael Bouchez, article issu du mensuel Lutte Socialiste

    Au bout du compte, l’acquis le plus important de la COP21 a été l’implication de milliers de personnes et d’organisations dans les protestations en marge du sommet. Ils ont une fois de plus illustré que les conséquences du changement climatique et du réchauffement de l’atmosphère préoccupent des millions de gens qui attendent des solutions réelles avec impatience. Cette nécessité et cette espérance pour une réponse radicale ont, malgré l’état d’urgence en France et à Bruxelles, attiré plus de 10.000 de manifestants à Ostende tandis que des centaines de milliers de manifestants se réunissaient dans d’autres pays et que plusieurs manifestations prenaient place à Paris.

    Contrairement aux politiciens et médias dominants et leurs messages de victoire, la plupart des activistes climatiques sont très réalistes : les gouvernements et les parties prenantes dans les pourparlers climatiques n’ont offert aucune réponse au changement climatique (voir ci-dessous). Beaucoup d’activistes ne sont plus surpris de le constater, mais cela ne doit pas conduire à la passivité ou à l’abattement. Au contraire, nous ferions mieux d’en tirer les conclusions pour armer le mouvement en lui donnant des revendications politiques puisqu’il s’est avéré pour la énième fois que les gouvernements n’arriveront pas à proposer de solutions qui vont à l’encontre du secteur pétrolier, des lobby nucléaires et des multinationales.

    Durant la COP21, le capitalisme vert a été promu par un grand nombre de lobbies, de multinationales pétrolières,… qui ont saisi l’occasion pour se parer d’un verni écolo. Entretemps, de nombreux exemples viennent constamment se rajouter à une longue liste illustrant les effets néfastes du marché libre sur l’environnement. Le scandale de fraude aux normes écologiques n’est plus limité à VW, la pratique semble également être partagée chez Opel et Renault. Il n’y a pas que le climat qui est compromis par l’appât du gain, il en va de même avec la santé publique. A Flint, dans l’Etat américain du Michigan, l’état d’urgence a été décrété à la suite des effets de l’austérité dans l’approvisionnement en eau de la ville. L’eau potable était infectée de concentrations de plomb dramatiquement élevées (voir ci-dessous).

    Notre propre gouvernement suit la même logique. La politique d’austérité dans les transports publics est à l’ordre du jour. La ministre Galant veut couper 3 milliards d’euros dans les chemins de fer d’ici 2019. Cela provoquerait la perte de 6.000 emplois chez Infrabel, la SNCB et HR-rail. L’idée est de préparer la SNCB à la privatisation. La formule est bien connue en Grande-Bretagne : les prix y sont parfois 5 fois plus élevés qu’en Belgique et les trains roulent beaucoup moins fréquemment. Comment cela pourrait-il stimuler les transports en commun ? Parallèlement à ça, bouchons et embouteillages provoquent énormément d’émissions de CO2, mais les voitures de société sont subventionnées à hauteur de 4 milliards d’euros. Y toucher est un tabou pour ce gouvernement de droite. Les dépenses pour ces subventions doivent apparemment être récupérées via les coupes budgétaires dans la SNCB. Du transport polluant est donc subventionné au détriment du transport collectif… À quelle logique avons-nous affaire ? Des investissements dans les transports en commun pourraient les rendre plus attractifs, efficaces et respectueux de l’environnement, mais les services publics n’offrent pas autant de bénéfices aux entreprises et ne présentent donc aucun intérêt pour notre gouvernement néolibéral.

    La question est donc de savoir comment le mouvement en défense de l’environnement pourrait coupler ses revendications à la défense des services publics comme la SNCB. Est-ce qu’on continuera à nous faire croire que le marché libre et ses représentants politiques sont capables d’offrir une réponse ? Seules des revendications liant l’écologie au contrôle démocratique des moyens de production et à des investissements dans les services publics sont capables d’unir les masses pour construire un large front dans lequel le mouvement des travailleurs aura à jouer un rôle central.

    Naomi Klein l’a déclaré sans ambiguïté : les cheminots en grève sont les activistes environnementaux du 21e siècle. En s’opposant à la casse des services, ils défendent des solutions respectueuses de l’environnement. Pourtant, la grève des cheminots a été condamnée par la majeure partie des journalistes, qui avaient visiblement rapidement oublié leur indignation lorsque les représentants belges se sont rendus à la COP21 sans qu’un accord n’ait été conclu entre les régions et donc sans contribution à formuler par le gouvernement fédéral. Les multiples dossiers concernant la COP21, les messages catastrophiques sur le changement climatique… n’étaient apparemment que du “remplissage”. Dès que les premières actions ont pris place autour de revendications qui pourraient réellement jouer un rôle contre les émissions de gaz polluants, les journalistes ont vite oublié ce qu’ils avaient précédemment écrit.

    Défendre notre environnement fait partie intégrante du combat pour un système centré sur les besoins et les intérêts de la majorité de la population plutôt que sur la soif de profits d’une élite sans cesse plus restreinte. Le mouvement écologiste doit soutenir la lutte des travailleurs des différents secteurs afin de construire des liens qui seront précieux pour les manifestations écologistes. De la même manière que nous avons arraché nos conquêtes sociales grâce à la mobilisation du mouvement des travailleurs, la lutte contre le capitalisme permettra d’obtenir une société plus saine pour la planète.


     

    COP21 : un accord historique ?

    Il faudrait beaucoup de bonne volonté de la part des activistes climatiques pour qualifier d’historique l’accord du sommet de Paris. Des recommandations existent bien, sans aucune proposition chiffrée ou obligatoire. On parle de ‘‘responsabilités communes mais différenciées’’ et de ‘‘capacités respectives’’, ce qui masque que les efforts sont subordonnés aux intérêts économiques de l’élite de l’un ou l’autre pays. L’accord “invite” les différentes parties ou “leur conseille” de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre les effets du réchauffement climatique “à leur propre discrétion” et en fonction de “leur propre potentiel”.

    La réalisation de cette responsabilité se produirait grâce à des objectifs de réductions plus élevés – qui ne sont par ailleurs pas mis en œuvre – et par une promesse de financement climat de 100 milliards de dollars pour aider les pays plus pauvres. Ce financement de 100 milliards est présenté comme une contribution énorme des pays riches. En réalité, il est loin en-dessous des besoins et fait pâle figure à côté des 498 milliards de dollars de subsides annuels pour les énergies fossiles (chiffres de 2013). À cause de la pression entre autres de l’Arabie Saoudite et de l’industrie pétrolière, on n’a rien dit sur les combustibles fossiles. Le commerce des droits d’émissions de carbone peut aussi tranquillement se poursuivre.

    Au sujet des décisions d’apparence radicale, comme la réduction du seuil critique concernant l’augmentation des températures pour 2050 à 1,5 degrés Celsius au lieu de 2 degrés, on constate juste que l’accord ne montre en aucune manière comment réaliser cet objectif plus contraignant. Au contraire, sur base des promesses d’efforts proposés à la COP21, des scientifiques ont estimé qu’on arrivera à une augmentation de 2,7 degrés pour 2050! La première évaluation est prévue en 2023, et aucune sanction n’est prévue pour les pays qui n’atteindraient pas leurs objectifs.


    Le saturnisme à Flint, Michigan

    A Flint, dans le Michigan, l’approvisionnement en eau a été réorganisé en 2014 afin de réduire les coûts, et s’est fait depuis la rivière à Flint plutôt qu’à partir de Detroit comme cela se faisait auparavant. Cependant, l’eau de la rivière était tellement corrosive qu’elle absorbait le plomb des conduites d’eau usées, qui finissait dans l’eau potable des ménages. Des tests ont démontré que l’eau contenait tellement de plomb qu’elle pouvait être considérée comme un déchet toxique. Résultat : 12.000 personnes ont un taux de plomb trop élevé dans leur sang, il y a eu une dizaine de morts et de nombreux malades.

    Une pollution pareille n’est pas insurmontable. C’est le résultat d’un choix politique guidé par la maximisation des profits plutôt que par le souci d’offrir le meilleur service aux citoyens en investissant dans un approvisionnement en eau correct. Pendant plusieurs mois, les plaintes des habitants ont été ignorées. Lorsqu’on s’attaque aux ‘‘coûts’’ des services publics, ce sont les moins riches qui en pâtissent les premiers. Le réalisateur Michael Moore, originaire de Flint, a déclaré à juste titre que ceci n’était pas simplement une crise de l’eau, mais surtout une crise de la pauvreté et une crise raciale. Flint est en effet l’une des villes les plus pauvres des États-Unis, au quatrième taux de chômage le plus élevé du pays, et 53 % de ceux qui en souffrent son afro-américains.

  • Action pour la fermeture de la centrale nucléaire de Doel

    doel_anversCe dimanche, une action a pris place à Anvers contre la centrale nucléaire de Doel suite à un appel lancé via Facebook sans que sa provenance n’ait été très claire. Peu de doutes existaient encore sur le lieu même de l’action, où l’on a pu retrouver la totalité de la direction locale du SP.a . Monica De Coninck, Yasmine Kherbache, Bart Martens, Kathleen Van Brempt, Stephanie Van Houtven,… étaient présents sous les drapeaux du parti. L’orateur était également membre du SP.a, mais présenté toutefois simplement comme un « citoyen inquiet ». De petites délégations d’autres partis et organisations étaient aussi présentes, parmi lesquels Groen et le PTB mais aussi le Mouvement du 11 Mars (une initiative visant à commémorer la catastrophe nucléaire de Fukushima) et quelques membres du PSL. Le rassemblement a crié quelque fois qu’il fallait fermer la centrale de Doel et tout le monde est retourné chez lui. Ce n’était pas une manifestation.

    D’autres actions antinucléaires sont prévues, comme le 12 mars sous le nom « Pas de Fukushima sur l’Escaut » et le 26 avril à Doel, à l’occasion des 30 ans de la catastrophe de Tchernobyl. Selon nous, le secteur énergétique doit être placé sous le contrôle et la gestion démocratiques de la collectivité. Ce secteur est trop dangereux et trop important que pour être laissé aux mains des vautours du privé!

    Quelques photos de Liesbeth:

    Doel, sluiten die boel // Foto's door Liesbeth

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